Les Poèmes Mièvres
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Les Poèmes Mièvres
I)
Où l’on apprend que le Printemps est taciturne,
Car ayant versé le contenu de ses urnes
Dans le cœur patient de notre bon Monsieur,
Les fiacres du temps écrasent leurs lourds essieux
Sans que l’Adorée soit présente au Rendez-vous.
Le Monsieur tourne en rond, il a peur, devient fou,
S’inquiète, examine sa montre à gousset,
Et l’ajuste à la grande horloge du Marché,
L’horloge tourne, on allume les becs de gaz,
Mademoiselle n’est qu’un songe sous la gaze,
Mais la voilà qui arrive, -d’un air sévère-,
Elle trotte jusqu’à lui, l’ignorée des feux verts,
Elle explique sa course effrénée par la ville,
Changeant deux, trois incidents en pur vaudeville.
II)
Elle explique sa course effrénée par la ville,
Changeant deux, trois incidents en pur vaudeville,
Le Monsieur la calme en lui tapotant la main,
Puis la félicite du choix de son parfum
Qui jure avec l’odeur des gaz d’échappement,
Comme Mexico jure avec les Caïmans.
Elle parait se calmer, lui veut parler d’amour,
Mais son estomac s’improvise troubadour.
Et l’on voit notre Monsieur au costume gris
Courir lui acheter deux ou trois gâteries,
Elle secoue son aile avide, un peu aigrie,
Lui serre son cœur qui saigne tout contre lui.
Il la flatte sur sa mine, son appétit,
Elle n’a pas l’air de goûter la plaisanterie.
III)
Il la flatte sur sa mine, son appétit,
Elle n’a pas l’air de goûter la plaisanterie.
Il cherche les bons mots qui plaisent à l’oreille,
Quelques fois leurs regards se croisent, ô merveille !
Mais il comprend qu’elle fixait derrière lui
La vitrine d’une boutique La City.
Toutefois flattée des hommages qu’il lui rend
Elle se dit : « Prenons un air indifférent »,
Et lui cache ses joues derrière l’éventail,
Monsieur en déduit qu’il a une haleine d’ail,
Et désirerait être transporté ailleurs,
Mais il est subjugué par les petites fleurs
Parant la dentelle de son corsage blanc,
Qui parait accrocher la lumière à son flanc.
IV)
Toutefois flattée des hommages qu’il lui rend
Elle se dit : « Prenons un air indifférent »,
Et lui cache ses joues derrière l’éventail,
Monsieur en déduit qu’il a une haleine d’ail.
Le Monsieur la calme en lui tapotant la main,
Puis la félicite du choix de son parfum
Le ciel est une boite à musique acajou
Ouverte, dont le mécanisme en fer rejoue
Telle mélodie connue de son remontoir,
Derrière son aile blanche elle cache ses joues.
Le ciel est une boite à musique acajou
Où il voit un couple d’amoureux automates
Danser devant les vagues vertes de la mer mate,
Ils se chuchotent dans l’oreille des histoires.
V)
Lui : « Marchons tous deux ! » Elle « Je suis fatiguée ».
« Et notre promenade derrière le gué ? »
« Il se fait tard, mon cher. » « Mais… » « S’il vous plait, rentrons. »
« Voyons, il fait jour encore ! » « Nous attendrons ».
Il rêvait de baisers tendres, et de tendrons,
De jeunes filles blondes qui dansent en rond,
Il rêvait, vain manadier de ses sentiments,
Selon l’élan de ces rapides chevaux blancs.
L’homme soupire à cause de ses sentiments
Entêtés tels des étalons, sauvagement
Entêtés. Il regarde le ciel, et espère
Qu’un rayon viendra le frapper de sa lumière,
Comme la dentelle de son corsage blanc,
L'a frappé ! - Un ange passe au-dessus du banc.-
Printemps 2009
Où l’on apprend que le Printemps est taciturne,
Car ayant versé le contenu de ses urnes
Dans le cœur patient de notre bon Monsieur,
Les fiacres du temps écrasent leurs lourds essieux
Sans que l’Adorée soit présente au Rendez-vous.
Le Monsieur tourne en rond, il a peur, devient fou,
S’inquiète, examine sa montre à gousset,
Et l’ajuste à la grande horloge du Marché,
L’horloge tourne, on allume les becs de gaz,
Mademoiselle n’est qu’un songe sous la gaze,
Mais la voilà qui arrive, -d’un air sévère-,
Elle trotte jusqu’à lui, l’ignorée des feux verts,
Elle explique sa course effrénée par la ville,
Changeant deux, trois incidents en pur vaudeville.
II)
Elle explique sa course effrénée par la ville,
Changeant deux, trois incidents en pur vaudeville,
Le Monsieur la calme en lui tapotant la main,
Puis la félicite du choix de son parfum
Qui jure avec l’odeur des gaz d’échappement,
Comme Mexico jure avec les Caïmans.
Elle parait se calmer, lui veut parler d’amour,
Mais son estomac s’improvise troubadour.
Et l’on voit notre Monsieur au costume gris
Courir lui acheter deux ou trois gâteries,
Elle secoue son aile avide, un peu aigrie,
Lui serre son cœur qui saigne tout contre lui.
Il la flatte sur sa mine, son appétit,
Elle n’a pas l’air de goûter la plaisanterie.
III)
Il la flatte sur sa mine, son appétit,
Elle n’a pas l’air de goûter la plaisanterie.
Il cherche les bons mots qui plaisent à l’oreille,
Quelques fois leurs regards se croisent, ô merveille !
Mais il comprend qu’elle fixait derrière lui
La vitrine d’une boutique La City.
Toutefois flattée des hommages qu’il lui rend
Elle se dit : « Prenons un air indifférent »,
Et lui cache ses joues derrière l’éventail,
Monsieur en déduit qu’il a une haleine d’ail,
Et désirerait être transporté ailleurs,
Mais il est subjugué par les petites fleurs
Parant la dentelle de son corsage blanc,
Qui parait accrocher la lumière à son flanc.
IV)
Toutefois flattée des hommages qu’il lui rend
Elle se dit : « Prenons un air indifférent »,
Et lui cache ses joues derrière l’éventail,
Monsieur en déduit qu’il a une haleine d’ail.
Le Monsieur la calme en lui tapotant la main,
Puis la félicite du choix de son parfum
Le ciel est une boite à musique acajou
Ouverte, dont le mécanisme en fer rejoue
Telle mélodie connue de son remontoir,
Derrière son aile blanche elle cache ses joues.
Le ciel est une boite à musique acajou
Où il voit un couple d’amoureux automates
Danser devant les vagues vertes de la mer mate,
Ils se chuchotent dans l’oreille des histoires.
V)
Lui : « Marchons tous deux ! » Elle « Je suis fatiguée ».
« Et notre promenade derrière le gué ? »
« Il se fait tard, mon cher. » « Mais… » « S’il vous plait, rentrons. »
« Voyons, il fait jour encore ! » « Nous attendrons ».
Il rêvait de baisers tendres, et de tendrons,
De jeunes filles blondes qui dansent en rond,
Il rêvait, vain manadier de ses sentiments,
Selon l’élan de ces rapides chevaux blancs.
L’homme soupire à cause de ses sentiments
Entêtés tels des étalons, sauvagement
Entêtés. Il regarde le ciel, et espère
Qu’un rayon viendra le frapper de sa lumière,
Comme la dentelle de son corsage blanc,
L'a frappé ! - Un ange passe au-dessus du banc.-
Printemps 2009
Nathanaël Zenou- Nombre de messages : 206
Age : 44
Date d'inscription : 02/05/2010
Re: Les Poèmes Mièvres
.... J'ai bien aimé ce texte et comprends mal qu'il ait si peu de lectures (32!).
... J'adore cet aspect un peu décalé qui vous mène côté Haut de forme et XIXè siècle tout en introduisant de petits indices décalatoires (fiacres mais ensuite gaz d’échappement;le Bon Marché ou le corsage et le Monsieur / la Demoiselle puis ensuite "une boutique La City"). Il n'y a que "manadier" qui ne m'ait pas plu (voir là : http://www.cnrtl.fr/definition/manadier ), donc "manadier" des sentiments ça ne colle pas ou alors ça fait un peu trop brutalement maquignon...
.. Incuriosito je m'en vais voir les schizzi.
Marvejols
... J'adore cet aspect un peu décalé qui vous mène côté Haut de forme et XIXè siècle tout en introduisant de petits indices décalatoires (fiacres mais ensuite gaz d’échappement;le Bon Marché ou le corsage et le Monsieur / la Demoiselle puis ensuite "une boutique La City"). Il n'y a que "manadier" qui ne m'ait pas plu (voir là : http://www.cnrtl.fr/definition/manadier ), donc "manadier" des sentiments ça ne colle pas ou alors ça fait un peu trop brutalement maquignon...
.. Incuriosito je m'en vais voir les schizzi.
Marvejols
Re: Les Poèmes Mièvres
j'aime bien ce petit court métrage poétique. On imagine , oui, une séquence tournée par Renoir avec ces deux personnages, Place de l'opéra ou sur quelque grand boulevard. De l'humour de la grace et un procédé qui fait un peu lanterne magique.
Manadier me plait bien à moi, qui fait de l'homme le gardien de ses sentiments impétueux comme des chevaux sauvages.
Manadier me plait bien à moi, qui fait de l'homme le gardien de ses sentiments impétueux comme des chevaux sauvages.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Les Poèmes Mièvres
"Le ciel est une boite à musique acajou"
Comme les pendules du temps, on remonte cette histoire ;-)
Comme les pendules du temps, on remonte cette histoire ;-)
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Les Poèmes Mièvres
Je regrette de ne pas savoir faire de commentaire précis sur ce genre d'écrit, mais pour moi ces Poèmes Mièvres ont un charme certain. Je les ai lus avec plaisir. Merci Nathanaël Zenou et merci à Marvejols de les avoir signalés sur un autre fil.
Invité- Invité
Re: Les Poèmes Mièvres
Une narration en vers. Mais qu'apportent les vers à cette narration ? Et inversement.
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 54
Date d'inscription : 03/09/2010
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