Croquer la vie à pleine dents

Lise mène sa vie à l’Américaine. Son but : éviter de réfléchir sur sa vie et jouir d’une aisance matérielle pour être heureuse. C’est tout simple. Tout simple. Un simple tout, tout calme. Calme, simple, tout. Calme comme un arrêt cardiaque. On ne sent rien venir, et puis quand vient notre dernier instant on souffre tout juste le temps de pleurer ses regrets. Lise le sait, mais elle s’en fout. Assez payé, maintenant on s’amuse. On s’amuse jusqu’à l’arrêt cardiaque, jusqu’à être écœuré de cette vie de faux semblant, jusqu’à la vomir. Après on verse une larme, on se lamente. Le compte à rebours a commencé. Lise le sait, alors elle décide manger encore des cochonneries sucrées avant l’infarct. Elle accumule soirées en boîte, voyages, bijoux, amants. Elle ingurgite tous ces plaisirs sucrés, les dévore. Elle croque sa vie, la digère comme on digère un fast-food. Ça fait un peu mal au ventre, mais on s’y fait. Elle se sent gonflée de tous ces bonheurs faciles. Elle est obèse de plaisir. Elle gonfle, gonfle. Bientôt elle explosera. Ca la fait rire. Tout le monde sera éclaboussé de son sang. Tout le monde aura un morceau de Lise, une parcelle d’elle-même qu’elle leur laissera. Elle sera partout, partout dans les souvenirs des gens, ils ne pourront plus se débarrasser d’elle. Ils parleront d’elle après sa mort. Les vieux la blâmeront. D’autre l’admireront. Elle s’en fout. Elle aurait voulu vivre dans les années 70. Là on l’aurait laissé s’autodétruire tranquillement. Allez, va encore pour une petite douceur. Elle prend un nouveau crédit à la banque et s’achète un billet d’avion pour Ibiza.

Hum... je crois que mon ordinateur a bugué ! Navrée -_-"

Bien aimé ce petit texte au ton désabusé et la trouvaille de l'explosion qui va la disperser comme mieux qu'elle ne se disperse elle-même...
Juste : elle décide manger ( tu as oublié un de)

Là on l’aurait laissé ( laissée) s’autodétruire tranquillement et je me demande ce qui te fait penser ça ? Dans les années soixante dix ( que j'ai intimement connues !!) on ne laissait pas plus les gens s'autodétruire qu'aujourd'hui ( ou pas moins, d'ailleurs !)

Pas comme mieux, seulement mieux
C'est mon cerveau qui bugue !

Je vois l'idée mais elle est exprimée de manière un peu incohérente à mon sens.
Un problème de chronologie dans les événements déjà :
"On s’amuse jusqu’à l’arrêt cardiaque, jusqu’à être écœuré de cette vie de faux semblant, jusqu’à la vomir. Après on verse une larme, on se lamente."

Après un arrêt cardiaque on n'est plus écoeuré et on ne peut plus vomir . Encore après on ne se lamente plus ni ne verse de larmes.

Sinon on peut digérer un hamburger mais un fast food, c'est le nom du resto qui les propose non ? J'entrevois en effet une digestion difficile :-)))

Tu dis qu'on ne sent rien venir mais après tu dis qu'on a mal au ventre.

Il faut que tu revoies ton texte pour qu'on ne soit pas gêné par ces contradictions et qu'on sente une progression implacable dans le mal-être à l'envers du bonheur tout simple dont elle rêve.
"Tout simple. Un simple tout, tout calme. Calme, simple, tout. Calme comme un arrêt cardiaque." J'ai beaucoup aimé ce petit passage.

Bonsoir,

C'est le texte qui a explosé ... on en a partout !
Un rêve américain : loin de Manhattan et de la Cinquième Avenue, on imagine une de ces nombreuses énormes paires de fesses dans un bermuda rose qui n'arrive pas à se glisser entre le banc graisseux et la table branlante d'un fast-food minable au bord d'une route du Mid-West écrasée de soleil ...
Alors, un arrêt cardiaque ... pourquoi pas ?
Janis Joplin, Brian Jones et Jimmy Hendrix ... trois porte-drapeau des Seventies qu'on a laissé s'auto-détruire tranquillement ?

Amicalement,
Midnightrambler

Bien aimé le thème, certaines phrases, notamment au début avec le jeu des tout simple, tout calme et le fait d’exploser de plaisirs et d’en éclabousser le monde, de laisser une trace.
Dans le traitement, c’est un peu fouillis pour moi, pas très structuré, peut-être que ça renforce cette boulimie de plaisirs, mais c’est moins coulant à la lecture.

Bonsoir !
Je ne reviens pas sur les petites incohérences relevées avant (fast-food, etc). C'est vrai, sur un texte aussi court, c'est dommage, parcequ'on bute forcément dessus. Sinon, j'ai bien aimé l'écriture, les associations d'idées, les phrases courtes et percutantes, et l'explosion finale. Moi aussi, je l'ai vu, le bermuda rose, et j'ai aimé le voir.

Bon texte, court et intense, avec des associations d'idées intéressantes et une manière de traiter le sujet assez vive.
On en arrive presque à comprendre l'héroïne dans ses actes, ça en devient légitime mais si à première vue, c'est une vision de la vie assez aberrante.
Les petites incohérences ne m'ont pas gênées à ma lecture, je mets ça sur le compte du désordre qui s'est emparée de l'esprit de ton personnage.

noirame a écrit:Lise mène sa vie à l’Américaine. Son but : éviter de réfléchir sur sa vie et jouir d’une aisance matérielle pour être heureuse. C’est tout simple. Tout simple. Un simple tout, tout calme. Calme, simple, tout. Calme comme un arrêt cardiaque. On ne sent rien venir, et puis quand vient notre dernier instant on souffre tout juste le temps de pleurer ses regrets. Lise le sait, mais elle s’en fout.

pfiouuu. joli.
moins emballé par la suite.

Bonsoir,

J'ai relu ce texte qui ne m'avait déjà pas laissé indifférent ...
"C'est tout simple ... Calme comme un arrêt cardiaque" Cette suite d'adjectifs qui se répètent est une trouvaille ! Tant sur le fond que dans sa forme qui me fait penser à une portée musicale !

Amicalement,
midnightrambler