La brosse à dents qui rit
+13
Loupbleu
Sahkti
bertrand-môgendre
Charles
Marco
Manu(manisa06)
Yali
Arielle
mentor
apoutsiak
grieg
Lucy
kazar
17 participants
Page 1 sur 2
Page 1 sur 2 • 1, 2
La brosse à dents qui rit
Voilà le début d'un deuxième roman, à chaud. J'espère que ça donnera envie de lire la suite :-)
La version complète est en téléchargement ICI
À bien y réfléchir, abstraction faite de mon crâne qui bat, le réveil est une invention merveilleuse. Messager d’un monde gris, bruyant et dépressif, il y ramène les dormeurs —et par la peau du cul, s’il vous plaît !— comme pour les punir d’être trop rêveurs. Du genre : Bon, ça suffit ! Y’a bien moins joyeux et acceptable, là, dehors ! Qu’est-ce que tu crois ? Que tu peux en réchapper ? Oublier ? Allez ! Affronte !
C’est vrai, ça. Si cet amas de ferraille, de fils et de bidules en tout genre ne nous lâche pas, s’il cligne des yeux comme d’autres cligneraient de l’heure, s’il hurle sa mission matinale et rit de nous voir si vaseux, c’est que la vie doit en valoir la peine. Sérieux. En bon VRP, il nous vend sa came avec force envie, motivation pécuniaire et, pire, en nous prenant pour des cons. Peu importe ; on achète, on s’endette, ça nous pète dans les mains et l’on se rend compte, toujours trop tard, qu’il n’y a personne au service clientèle.
- Les réclamations, s’il vous plaît.
- Please, hold the line.
Moi ça fait longtemps que je ne leur téléphone plus. Y’en a certains, paraît-il, qui passent leur temps à ça. A prier —pour utiliser les bons mots. J’vous raconte pas la facture.
Donc, ce matin-là —et comme tous les autres— je m’étais levé au radar, dans un pull d’haleine, persuadé que la journée allait être belle, certain de pouvoir la rendre utile : c’est ma seule motivation après une nuit trop courte.
Voilà trois mois que Lola est partie, tiens. Jour pour jour. Ou peut-être jour plus un. Enfin. Trois mois que je suis boiteux, que je me surprends à tâter sa place dans le lit, que je regarde sa brosse à dents faner au milieu du gobelet rose sans être foutu de la renvoyer au pays des brosses à dents.
Putain de brosse à dents.
Je la revois encore dans sa bouche préférée, dansant, moussant, chantant. Et puis les yeux, juste au-dessus…Ah ! Quels yeux ! Ils me regardaient, et j’aimais ça. Parfois avec amour, comme deux grosses guimauves noisette, parfois avec colère, petites baïonnettes impitoyables, et parfois juste pour me regarder. Comme ça. Juste parce que je me trouvais sur leur chemin ; c’était ces fois-là, justement, où j’en étais fou.
Donc, ce matin-là —désolé, mon premier réflexe après la gueule béante de la cuvette en céramique fut d’allumer mon portable. Aucun appel, bien évidemment. Pas de message, non plus. A l’époque, j’espérais encore un signe de Lola ; elle a toujours aimé la nuit, y retrouvant l’usage de la parole et un penchant tout féminin aux divagations érotico-nostalgiques :
- Dis, Seb, tu m’aimes ?
Quelle question. Penser à la poser, à ce moment précis…ça doit être l’après-shampoing qui s’est infiltré, pas possible autrement.
- Ben oui, quelle question !
- Mais tu aimes ce que je t’apporte, ou tu aimes ce que je suis ?
Merde, où j’ai mis le manuel ?
- J’imagine un peu des deux.
Et voilà. De toute façon, même avec le manuel, j’aurais répondu à côté. C’est jamais la bonne réponse.
- Moi je t’aime pour ce que tu m’apportes.
Coquine.
- Et je m’en veux.
Elle m’était montée dessus, mon amazone, voulant probablement s’excuser de l’horreur dite juste avant. Je n’avais pas eu l’esprit assez clair pour tout comprendre à ce moment-là ; et à celui d’après, de toute façon, je dormais.
Ce matin-là fut donc, encore, silencieux de Lola. Le petit déjeuner ne m’en parut que toujours aussi fade. J’aurais aimé voir, dans les yeux de ma nouvelle compagne, un peu de joie. De la légèreté, un plein de gaieté à moins d’un euro cinquante le litre, des bombes à eau et des mines anti-dictateurs. Je ne sais pas si vous la connaissez, ma copine, mais une fois allumée, elle crise, épileptique, comme un stroboscope à déprime. Le chômage, les grèves, le pouvoir d’achat, la guerre, les politiques véreux, la bourse qui gonfle et dégonfle comme les miennes, les jingles des flashs infos et la manipulation orchestrée par tous ces mecs aux cheveux blancs et aux dents parfaites. Ou le contraire.
J’éteins la télé. La douche me rendit un peu du sourire oublié je ne sais où ; en frottant bien, on arrive à se dépêtrer de la glue ensommeillée. Rasé et pomponné, j’avais cherché quelque chose de décent à enfiler. Mais on eût dit que l’armoire était de mèche avec la brosse maudite : elle avait gardé, bien au chaud dans son ventre pervers, quelques fringues de fille comme autant de cadavres sur le champ de bataille. Il y avait ce petit débardeur bleu, tout simple, habillé d’une courte histoire —mini comme la jupe à côté :
- Oh, doudou, j’adore ce débardeur !
Oui, je vois bien !
- Tu me l’offres, dis ?
- Encore un ? Et en quel honneur ?
- Roh, j’en sais rien ! Bah voilà : pour rien ! Juste parce que je l’aime bien !
- Mais t’en as un paquebot entier, de ces morceaux de tissu !
- Et alors ? La vie est trop courte pour se priver, non ? Dans trente ans je pourrai plus en porter, des morceaux comme ça ! Et tu ne me regarderas plus ! Alors profite !
Si seulement j’avais pu être heureux encore trente ans avec elle.
Mais non, elle était partie —ou plutôt n’était pas rentrée— un soir, me laissant dénudé comme un fil sans son ampoule, avec un simple SMS comme générique de fin. Pas glorieux, certes, mais ça nous a évité une discussion interminable sertie de cris et de pleurs.
J’ai besoin d’un peu d’air, elle avait écrit.
Respire, j’avais pensé.
La version complète est en téléchargement ICI
*********************************************************
À bien y réfléchir, abstraction faite de mon crâne qui bat, le réveil est une invention merveilleuse. Messager d’un monde gris, bruyant et dépressif, il y ramène les dormeurs —et par la peau du cul, s’il vous plaît !— comme pour les punir d’être trop rêveurs. Du genre : Bon, ça suffit ! Y’a bien moins joyeux et acceptable, là, dehors ! Qu’est-ce que tu crois ? Que tu peux en réchapper ? Oublier ? Allez ! Affronte !
C’est vrai, ça. Si cet amas de ferraille, de fils et de bidules en tout genre ne nous lâche pas, s’il cligne des yeux comme d’autres cligneraient de l’heure, s’il hurle sa mission matinale et rit de nous voir si vaseux, c’est que la vie doit en valoir la peine. Sérieux. En bon VRP, il nous vend sa came avec force envie, motivation pécuniaire et, pire, en nous prenant pour des cons. Peu importe ; on achète, on s’endette, ça nous pète dans les mains et l’on se rend compte, toujours trop tard, qu’il n’y a personne au service clientèle.
- Les réclamations, s’il vous plaît.
- Please, hold the line.
Moi ça fait longtemps que je ne leur téléphone plus. Y’en a certains, paraît-il, qui passent leur temps à ça. A prier —pour utiliser les bons mots. J’vous raconte pas la facture.
Donc, ce matin-là —et comme tous les autres— je m’étais levé au radar, dans un pull d’haleine, persuadé que la journée allait être belle, certain de pouvoir la rendre utile : c’est ma seule motivation après une nuit trop courte.
Voilà trois mois que Lola est partie, tiens. Jour pour jour. Ou peut-être jour plus un. Enfin. Trois mois que je suis boiteux, que je me surprends à tâter sa place dans le lit, que je regarde sa brosse à dents faner au milieu du gobelet rose sans être foutu de la renvoyer au pays des brosses à dents.
Putain de brosse à dents.
Je la revois encore dans sa bouche préférée, dansant, moussant, chantant. Et puis les yeux, juste au-dessus…Ah ! Quels yeux ! Ils me regardaient, et j’aimais ça. Parfois avec amour, comme deux grosses guimauves noisette, parfois avec colère, petites baïonnettes impitoyables, et parfois juste pour me regarder. Comme ça. Juste parce que je me trouvais sur leur chemin ; c’était ces fois-là, justement, où j’en étais fou.
Donc, ce matin-là —désolé, mon premier réflexe après la gueule béante de la cuvette en céramique fut d’allumer mon portable. Aucun appel, bien évidemment. Pas de message, non plus. A l’époque, j’espérais encore un signe de Lola ; elle a toujours aimé la nuit, y retrouvant l’usage de la parole et un penchant tout féminin aux divagations érotico-nostalgiques :
- Dis, Seb, tu m’aimes ?
Quelle question. Penser à la poser, à ce moment précis…ça doit être l’après-shampoing qui s’est infiltré, pas possible autrement.
- Ben oui, quelle question !
- Mais tu aimes ce que je t’apporte, ou tu aimes ce que je suis ?
Merde, où j’ai mis le manuel ?
- J’imagine un peu des deux.
Et voilà. De toute façon, même avec le manuel, j’aurais répondu à côté. C’est jamais la bonne réponse.
- Moi je t’aime pour ce que tu m’apportes.
Coquine.
- Et je m’en veux.
Elle m’était montée dessus, mon amazone, voulant probablement s’excuser de l’horreur dite juste avant. Je n’avais pas eu l’esprit assez clair pour tout comprendre à ce moment-là ; et à celui d’après, de toute façon, je dormais.
Ce matin-là fut donc, encore, silencieux de Lola. Le petit déjeuner ne m’en parut que toujours aussi fade. J’aurais aimé voir, dans les yeux de ma nouvelle compagne, un peu de joie. De la légèreté, un plein de gaieté à moins d’un euro cinquante le litre, des bombes à eau et des mines anti-dictateurs. Je ne sais pas si vous la connaissez, ma copine, mais une fois allumée, elle crise, épileptique, comme un stroboscope à déprime. Le chômage, les grèves, le pouvoir d’achat, la guerre, les politiques véreux, la bourse qui gonfle et dégonfle comme les miennes, les jingles des flashs infos et la manipulation orchestrée par tous ces mecs aux cheveux blancs et aux dents parfaites. Ou le contraire.
J’éteins la télé. La douche me rendit un peu du sourire oublié je ne sais où ; en frottant bien, on arrive à se dépêtrer de la glue ensommeillée. Rasé et pomponné, j’avais cherché quelque chose de décent à enfiler. Mais on eût dit que l’armoire était de mèche avec la brosse maudite : elle avait gardé, bien au chaud dans son ventre pervers, quelques fringues de fille comme autant de cadavres sur le champ de bataille. Il y avait ce petit débardeur bleu, tout simple, habillé d’une courte histoire —mini comme la jupe à côté :
- Oh, doudou, j’adore ce débardeur !
Oui, je vois bien !
- Tu me l’offres, dis ?
- Encore un ? Et en quel honneur ?
- Roh, j’en sais rien ! Bah voilà : pour rien ! Juste parce que je l’aime bien !
- Mais t’en as un paquebot entier, de ces morceaux de tissu !
- Et alors ? La vie est trop courte pour se priver, non ? Dans trente ans je pourrai plus en porter, des morceaux comme ça ! Et tu ne me regarderas plus ! Alors profite !
Si seulement j’avais pu être heureux encore trente ans avec elle.
Mais non, elle était partie —ou plutôt n’était pas rentrée— un soir, me laissant dénudé comme un fil sans son ampoule, avec un simple SMS comme générique de fin. Pas glorieux, certes, mais ça nous a évité une discussion interminable sertie de cris et de pleurs.
J’ai besoin d’un peu d’air, elle avait écrit.
Respire, j’avais pensé.
Re: La brosse à dents qui rit
Le titre de ton début de roman m'a attiré : c'est rigolo. ^^
Bon, passons aux choses sérieuses, à présent.
Voilà pour ce qui fâche ( je suis une peau de vache ! ^^ )
Maintenant, j'ai aimé le ton, l'humour décalé, la facilité avec laquelle tu nous plonges dans l'histoire de " Séb ". La fin d'une histoire et les réactions qui suivent cette période de solitude durant laquelle il faut se réadapter et retrouver ses repères. Bravo pour tout ça !
Mention spéciale pour :
Vu le ton employé par sa dulcinée, on n'a aucune peine à penser qu'il pourra trouver bien mieux, vite fait. Une histoire qui s'annonce menée tambour battant tout en nous amenant un sourire sur le visage.
Bon courage pour la suite !
Bon, passons aux choses sérieuses, à présent.
Pas clair ! Je n'avais pas compris le début de ta phrase. L'idée c'est que le gars est passé par les toilettes avant d'allumer son téléphone ? mon premier réflexe après un passage par la gueule béante de la cuvette en céramique.... C'est pas raffiné mais plus clair. Je ne sais pas si c'est l'idée. Sinon, ne fais pas attention...mon premier réflexe après la gueule béante de la cuvette en céramique fut d’allumer mon portable.
C'est la classe " roh " mais je le vois pas dans un texte comme celui-là. J'ai l'impression de lire un commentaire de forum. L'autre truc c'est que c'est à la mode en ce moment mais que ça ne le sera peut-être plus un jour et que ça pourrait paraître keten. Un peu comme " c'est bath ! " Encore une fois, avis perso.Roh, j’en sais rien !
Voilà pour ce qui fâche ( je suis une peau de vache ! ^^ )
Maintenant, j'ai aimé le ton, l'humour décalé, la facilité avec laquelle tu nous plonges dans l'histoire de " Séb ". La fin d'une histoire et les réactions qui suivent cette période de solitude durant laquelle il faut se réadapter et retrouver ses repères. Bravo pour tout ça !
Mention spéciale pour :
et :je m’étais levé au radar, dans un pull d’haleine, persuadé que la journée allait être belle
J'ai adoré la trouvaille et le final : éclatant.J’ai besoin d’un peu d’air, elle avait écrit.
Respire, j’avais pensé.
Vu le ton employé par sa dulcinée, on n'a aucune peine à penser qu'il pourra trouver bien mieux, vite fait. Une histoire qui s'annonce menée tambour battant tout en nous amenant un sourire sur le visage.
Bon courage pour la suite !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: La brosse à dents qui rit
Si, c'est bien l'idée :-) Je vais la retourner (la phrase)Lucy a écrit:Pas clair ! Je n'avais pas compris le début de ta phrase. L'idée c'est que le gars est passé par les toilettes avant d'allumer son téléphone ? mon premier réflexe après un passage par la gueule béante de la cuvette en céramique.... C'est pas raffiné mais plus clair. Je ne sais pas si c'est l'idée. Sinon, ne fais pas attention...Kazar a écrit:mon premier réflexe après la gueule béante de la cuvette en céramique fut d’allumer mon portable.
Ah ah ah c'est OK, c'est bath, c'est in ! Oui, si ça vieillit aussi mal...Un peu comme " c'est bath ! "
Voilà pour ce qui fâche ( je suis une peau de vache ! ^^ )
Maintenant, j'ai aimé le ton, l'humour décalé, la facilité avec laquelle tu nous plonges dans l'histoire de " Séb ". La fin d'une histoire et les réactions qui suivent cette période de solitude durant laquelle il faut se réadapter et retrouver ses repères. Bravo pour tout ça !
Mention spéciale pour :
et :je m’étais levé au radar, dans un pull d’haleine, persuadé que la journée allait être belle
Je te remercierai à chaque fois.Bon courage pour la suite !
PS : j'aime quand tu es peau de vache :-))
Re: La brosse à dents qui rit
La démonstration du paragraphe d'introduction me semble un peu longuette, mais sûrement nécessaire, et puis elle donne le ton à ce qui suit. Ton qui me plaît bien, nerveux, drôle, grinçant. N'empêche que, et contrairement à Lucy, je ne suis pas trop fan de
Pour ce qui est des guimauves noisettes, permets-moi d'être dubitative.
Mais ce ne sont là que des détails dans un tout qui démarre fort. A quand la suite ?
même si le jeu de mots est justifié, il sonne un peu trop forcé...dans un pull d’haleine
Pour ce qui est des guimauves noisettes, permets-moi d'être dubitative.
Mais ce ne sont là que des détails dans un tout qui démarre fort. A quand la suite ?
Invité- Invité
Re: La brosse à dents qui rit
avis partagé sur ce texte.
Le rythme, le style sont là; rien à dire, mais, ils me semblent parfois comme un peu forcés.
te dire ça m'ennuie d'autant plus que j'aime assez,
juste qu'il me manque un truc pour aimer à fond.
mériterait peut-être un petit brossage pour oter les morceaux coincés et redonner leurs blancheur aux perles
Le rythme, le style sont là; rien à dire, mais, ils me semblent parfois comme un peu forcés.
te dire ça m'ennuie d'autant plus que j'aime assez,
juste qu'il me manque un truc pour aimer à fond.
mériterait peut-être un petit brossage pour oter les morceaux coincés et redonner leurs blancheur aux perles
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: La brosse à dents qui rit
Pareil que Killgrieg, partagé, ambiance coquette, il manque quoi pour aimer à fond ? Peut-être aussi que les pulls d'haleine et autres guimauves noisettes participent de cette hésitation. Peut-être aussi cette femme femme trop télégénique, trop story machin, je ne me souviens plus de ce truc qui marche en ce moment à la TV. La brosse à dents, tiens, commence par-là. Non ? Fais de la brosse à dents une héroïne au caractère encore plus trempé, plus dingue, de ce premier morceau. Non ?
Re: La brosse à dents qui rit
Ce qui m'ennuie, c'est que ça fait plusieurs fois qu'on me dit que mon style est forcé. Pourtant, je ne force rien du tout. Et vraiment, vraiment, ça m'ennuie. D'autant plus que ça vient de gens que j'estime. Flûte.killgrieg a écrit:avis partagé sur ce texte.
Le rythme, le style sont là; rien à dire, mais, ils me semblent parfois comme un peu forcés.
te dire ça m'ennuie d'autant plus que j'aime assez,
juste qu'il me manque un truc pour aimer à fond.
mériterait peut-être un petit brossage pour oter les morceaux coincés et redonner leurs blancheur aux perles
Kill, tu pourrais m'éclairer et illustrer ta proposition finale ?
Ah, re-flûte ! Oui, va pour les guimauves qui ne seront plus noisette du tout. Le pull d'haleine, bah...j'ai rigolé en le trouvant, alors...Je crois que je vais le garder. Ce qui ne m'empêchera pas d'élaguer un peu.apoutsiak a écrit:Pareil que Killgrieg, partagé, ambiance coquette, il manque quoi pour aimer à fond ? Peut-être aussi que les pulls d'haleine et autres guimauves noisettes participent de cette hésitation. Peut-être aussi cette femme femme trop télégénique, trop story machin, je ne me souviens plus de ce truc qui marche en ce moment à la TV. La brosse à dents, tiens, commence par-là. Non ? Fais de la brosse à dents une héroïne au caractère encore plus trempé, plus dingue, de ce premier morceau. Non ?
La brosse à dents va prendre de la place au fur et à mesure. Comme j'ai voulu donner un rythme plutôt rapide, je n'ai pas voulu m'éterniser dessus.
Ah, et puis je dois vous avouer : j'écris sans vraiment réfléchir au pourquoi du comment. J'ai une trame, je la suis, et plus je la suis, plus elle m'embarque.
Bon, merci de vos lectures ! Pour les chapitres suivants, je vais pas trop forcer ;-)
Re: La brosse à dents qui rit
les politiques véreux, la bourse qui gonfle et dégonfle comme les miennes...
:-)))
ça, ça m'a fait penser à un super titre en haut de la page du site leséchos.fr ce matin tôt :
"Le sauvetage de Fannie Mae et Freddie Mac réconforte les Bourses"
et j'ai pensé : pas les miennes :-))
sinon ? ben j'ai bien ri, au moins autant que la brosse
ça donne envie d'en savoir plus, aucun doute, c'est plein de fantaisie et pourtant de drame potentiel tout ça
je saurai patienter ;-)
:-)))
ça, ça m'a fait penser à un super titre en haut de la page du site leséchos.fr ce matin tôt :
"Le sauvetage de Fannie Mae et Freddie Mac réconforte les Bourses"
et j'ai pensé : pas les miennes :-))
sinon ? ben j'ai bien ri, au moins autant que la brosse
ça donne envie d'en savoir plus, aucun doute, c'est plein de fantaisie et pourtant de drame potentiel tout ça
je saurai patienter ;-)
Re: La brosse à dents qui rit
non, je ne peux pas.kazar a écrit:Kill, tu pourrais m'éclairer et illustrer ta proposition finale ?
t'as un style bien trop perso pour qu'on puisse conseiller, retrancher ou ajouter.
ça voulait juste dire: relis, fais un peu de ménage. ya plein de trucs dans ton texte, un potentiel, mais c'est du brut.
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: La brosse à dents qui rit
D'ac, j'avais pas encore vu ta brosse à dents, Kasar ! Et t'as bien fait d'attirer mon attention là-dessus, parce que l'hygiène, hein, c'est ptêt la seule valeur sûre qui nous reste, du moins tant qu'elle est pas cotée en Bourse !!
Alors : j'aime beaucoup. Je te préfère dans ce genre plutôt que dans le conte philosophique. C'est drôle, ça claque, on sent le tendre en dessous, c'est tout ce qui me plait !
Le début est un tout petit peu long.
Et y'a un truc qui m'a rendue toute triste : t'as été obligé de t'endetter pour acheter ton réveil ? Je vais lancer une collecte....
Le pull d'haleine... suis partagée. A la fois ça ne passe pas inaperçu, j'ai relu deux ou trois fois pour être bien sûre que j'avais pas inventé autre chose que ce qui était écrit, ça m'a fait sourire, je me suis dit "c'est bien trouvé" et immédiatement après "c'est tiré par les cheveux". Et un peu beurk. Mais finalement, j'aime assez !
Ta nana...si on l'invite, c'est parce que tu l'aimes, sinon ...! Mais ça va peut-être changer.
Bon. Ma petite cocotte (Seb)j'ai plus grand chose à te dire, là. Sinon que j'attends la suite.
Pffffffffff, je m'améliore pas, moi !
Alors : j'aime beaucoup. Je te préfère dans ce genre plutôt que dans le conte philosophique. C'est drôle, ça claque, on sent le tendre en dessous, c'est tout ce qui me plait !
Le début est un tout petit peu long.
Et y'a un truc qui m'a rendue toute triste : t'as été obligé de t'endetter pour acheter ton réveil ? Je vais lancer une collecte....
Le pull d'haleine... suis partagée. A la fois ça ne passe pas inaperçu, j'ai relu deux ou trois fois pour être bien sûre que j'avais pas inventé autre chose que ce qui était écrit, ça m'a fait sourire, je me suis dit "c'est bien trouvé" et immédiatement après "c'est tiré par les cheveux". Et un peu beurk. Mais finalement, j'aime assez !
Ta nana...si on l'invite, c'est parce que tu l'aimes, sinon ...! Mais ça va peut-être changer.
Bon. Ma petite cocotte (Seb)j'ai plus grand chose à te dire, là. Sinon que j'attends la suite.
Pffffffffff, je m'améliore pas, moi !
Invité- Invité
Re: La brosse à dents qui rit
Heu, j'ai oublié au moins deux trucs : "éteignis" la télé. Et J'adooooooooooore le ventre pervers de l'armoire .
Invité- Invité
Re: La brosse à dents qui rit
Je suis assez d'accord avec les remarques de mes petits camarades Kasar. Le début un peu longuet, mais le style qu'on reconnait comme le tien, le rythme qui s'installe bien, les sourires qui naissent d'une trouvaille... A propos, je verrais bien ce pull d'haleine frileux Le gars tout nu, se levant dans le petit matin frisquet, s'enveloppant dans la buée de son haleine, je l'imagine comme si j'y étais ;-) ce serait dommage d'y renoncer
J'adore, moi aussi, le ventre pervers de l'armoire;
Bref, je ne fais que répéter après les autres : j'attends la suite!
J'adore, moi aussi, le ventre pervers de l'armoire;
Bref, je ne fais que répéter après les autres : j'attends la suite!
Re: La brosse à dents qui rit
Coucou Arielle. Me fait bien plaisir, que tu commentes ! Bon, je vais faire comme si c'était fait exprès, m'appuyer sur l'argument d'Island : le début est nécessaire :-)
Voilà le deuxième chapitre, avec le premier (un peu) retouché. J'ai frotté, Kill, mais peut-être pas assez ?
Entre autre, j'ai rhabillé la pépette : elle sonnait, effectivement, trop peroxydée.
Merci de votre aide.
Et j'en profite pour le dire ici (ça fait un peu moins déballage stupide que dans Des Babils&Co), mais qu'est-ce que j'aime VE ! Je vous adore.
P.S : Coline, ce que vend le réveil, c'est la vie. C'est pour elle que je m'endette.
À bien y réfléchir, abstraction faite de mon crâne douloureux, le réveil est une invention merveilleuse. Messager d’un monde gris, bruyant et dépressif, il y ramène les dormeurs —et par la peau du cul, s’il vous plaît !— comme pour les punir d’être trop rêveurs. Du genre : Bon, ça suffit ! Y’a bien moins joyeux et acceptable, là, dehors ! Qu’est-ce que tu crois ? Que tu peux en réchapper ? Oublier ? Allez ! Affronte !
C’est vrai, ça. Si cet amas de ferraille, de fils et de bidules en tout genre ne nous lâche pas, s’il cligne des yeux comme d’autres cligneraient de l’heure, s’il hurle sa mission matinale et rit de nous voir si vaseux, c’est que la vie doit en valoir la peine. Sérieux. En bon VRP, il nous vend sa came avec force envie, motivation pécuniaire et, pire, en nous prenant pour des cons. Peu importe ; on achète, on s’endette, ça nous pète dans les mains et l’on se rend compte, toujours trop tard, qu’il n’y a personne au service clientèle.
- Les réclamations, s’il vous plaît.
- Please, hold the line.
Moi ça fait longtemps que je ne leur téléphone plus. Y’en a certains, paraît-il, qui passent leur temps à ça. A prier —pour utiliser les bons mots. J’vous raconte pas la facture.
Donc, ce matin-là —comme souvent— je m’étais levé au radar, couvert d'un simple pull d’haleine, persuadé que la journée allait être belle, certain de pouvoir la rendre utile : c’est ma seule motivation après une nuit trop courte.
Voilà trois mois que Lola est partie, tiens. Jour pour jour. Ou peut-être jour plus un. Enfin. Trois mois que je suis boiteux, que je me surprends à tâter sa place dans le lit, que je regarde sa brosse à dents faner au milieu du gobelet rose sans être foutu de la renvoyer au pays des brosses à dents. Et pourtant, elle le mériterait.
Putain de brosse à dents.
Je la revois encore dans sa bouche préférée, dansant, moussant, chantant. Et puis les yeux, juste au-dessus…Ah ! Quels yeux ! Ils me regardaient et j’aimais ça. Parfois avec amour, comme deux grosses guimauves, parfois avec colère, petites baïonnettes impitoyables, et parfois juste pour me regarder. Comme ça. Juste parce que je me trouvais sur leur chemin ; c’était ces fois-là, justement, où j’en étais fou.
Donc, ce matin-là —désolé, après un tête-à-tête avec la gueule béante de la cuvette en céramique, mon premier réflexe fut d’allumer mon portable. Aucun appel, bien évidemment. Pas de message non plus. A l’époque, j’espérais encore un signe de Lola ; elle a toujours aimé la nuit, y retrouvant l’usage de la parole et un penchant tout féminin aux divagations érotico-nostalgiques :
- Dis, Seb, tu m’aimes ?
Quelle question. Penser à la poser, à ce moment précis…ça doit être l’après-shampoing qui s’est infiltré, pas possible autrement.
- Ben oui, quelle question !
- Mais tu aimes ce que je t’apporte, ou tu aimes ce que je suis ?
Merde, où j’ai mis le manuel ?
- J’imagine un peu des deux.
Et voilà. De toute façon, même avec le manuel, j’aurais répondu à côté. C’est jamais la bonne réponse.
- Moi je t’aime pour ce que tu m’apportes.
Coquine.
- Et je m’en veux.
Elle m’était montée dessus, mon amazone, voulant probablement s’excuser de cet affront. Je n’avais pas eu l’esprit assez clair pour tout comprendre à ce moment-là ; et à celui d’après, de toute façon, je dormais.
Ce matin-là fut donc, encore une fois, silencieux de ma Lola. Et le petit déjeuner toujours aussi fade. J’aurais aimé voir, dans les yeux de ma nouvelle compagne —la remplaçante incapable, un peu de joie. De la légèreté, un plein de gaieté à moins d’un euro cinquante le litre, des bombes à eau et des mines anti-dictateurs. Je ne sais pas si vous la connaissez, ma copine, mais une fois allumée, elle crise, épileptique, comme un stroboscope à déprime. Le chômage, les grèves, le pouvoir d’achat, la guerre, les politiques véreux, la bourse qui gonfle et dégonfle comme les miennes, les jingles des flashs infos et la manipulation orchestrée par tous ces mecs aux cheveux blancs et aux dents parfaites. Ou le contraire.
J’éteignis la télé. La douche me rendit un peu du sourire oublié je ne sais où ; en frottant bien, on arrive toujours à se dépêtrer du sommeil qui colle. Rasé et pomponné, j’avais cherché quelque chose de décent à enfiler. Mais l’armoire était de mèche avec la brosse maudite : elle avait gardé, bien au chaud dans son ventre pervers, quelques fringues de fille comme autant de cadavres sur le champ de bataille. Il y avait ce petit débardeur bleu, tout simple, habillé d’une courte histoire —mini comme la jupe à côté :
- Regarde, il est sympa !
Bof.
- T’en penses quoi ? J’ai envie de le prendre.
- Encore un ? Pourquoi, t’en as besoin ?
- Non, mais je l’aime bien.
- Mais t’en as un paquebot entier, de ces morceaux de tissu !
- Et alors ? Si on devait s’arrêter aux besoins, on rigolerait pas tous les jours. Dans trente ans je pourrai plus en porter, des morceaux comme ça ! Et tu ne me regarderas plus…Alors faut profiter !
Si seulement j’avais pu être heureux encore trente ans avec elle.
Mais non, elle était partie —ou plutôt n’était pas rentrée— un soir, me laissant dénudé comme un fil sans son ampoule, avec un simple SMS comme générique de fin. Pas glorieux, certes, mais ça nous a évité une discussion interminable sertie de pleurs.
J’ai besoin d’un peu d’air, elle avait écrit.
Respire, j’avais pensé.
J’étais en retard ; la monotonie prend parfois de faux airs de rush matinal. Je jetai ma veste sur mes épaules —qu’il me faudrait étoffer— et tentai, par la seule force de l’esprit, de stopper la trotteuse. L’effrontée ! A l’abri derrière le verre de ma montre, elle se faisait plus mesquine que jamais. Attends que je t’attrape, un de ces quatre. Tu vas tournicoter pour quelque chose.
C’est dingue, quand j’y pense. Faut toujours qu’il y en ait un qui se foute de moi. Tenez, pas plus tard que tout à l’heure, un type mal rasé me demande de l’aide : téléphone à plat. Pas bégueule, je lui prête le mien. Qui s’en va en courant. Dans la poche du barbu.
D’accord, c’est pire qu’une aiguille moqueuse. Toujours est-il qu’il est bien plus facile de se venger d’un petit bout de plastique que d’un grand barbu mastoc.
Quoi, vous rigolez ?
J’étais en retard et énervé. Tic-tac-tic-tac : Ça va, j’ai compris. Tu vas voir. Ça va se régler entre toi et moi. Et pas à l’amiable.
Puisqu’il fallait bien que quelqu’un paye, je violai mes chaussures en guise de sanction ; elles gémissaient encore dans l’escalier, que je dévalai comme si ma vie en dépendait. Ma porte avait claqué, start-pistol qui s’ignore, lançant une course effrénée. Haletante, je dirais. J’avais des braises dans la gorge, des cascades sur le front et des enclumes accrochées à mes cuisses. Mais pas question de perdre la face —ni le sprint ; flik-flak allait déchanter.
Le couloir 5 a pris un départ du tonnerre ! Son adversaire s’arrache la moindre calorie pour recoller, grimace, surchauffe ! L’avance se creuse, le numéro 5 déroule ! Il tourne au coin de la rue, traverse l’avenue comme le vent, acclamé par un concert de klaxons déchaînés ! Tous exultent, encouragent l’homme et le poussent à l’exploit ! C’est incroyable ! Attendez ! Non ! Le record lui échappe ! Impossible !
La course était terminée, remportée par un homme seul, incapable de battre le temps. Oui, j’avais mis deux ou trois tours à la trotteuse. Mais c’était insuffisant : je restai là, essoufflé —que dis-je, essoufflé ! Lessivé, oui !— et en nage, mains sur les genoux, à regarder le bus s’enfuir. Et je vous le donne dans le mille : il me sourit de tout son pare-chocs.
Hilare, le machin.
Et merde.
J’allais encore arriver au boulot sous l’œil rigolard de mes collègues et celui, pas jovial pour deux sous, de mon chef bien-aimé.
Monsieur Girot —grands dieux, ne vous avisez jamais de l’appeler Philippe— me semblait s’être extirpé d’une mauvaise BD, tant son être parodiait honteusement le premier chefaillon venu. Trompé par sa femme dépensière et insulté par son fils —dealer de shit, Girot vivait gris. Gris lorsqu’il rentrait chez lui, n’y trouvant que les restes puants d’une famille éclatée, gris quand il se couchait à côté de celle qui lui tournait le dos, gris au réveil, ravagé par la nuit et ses angoisses viscérales ; gris dans cette vieille maison qu’il aura fini de payer dans dix ans, gris dans sa grosse voiture et les embouteillages, et gris —enfin— dans son bureau cru, sans vie, où les champignons poussent comme des ordinateurs.
J’allais avoir droit à un de ses discours moralisateurs durant lequel il me regarderait de haut et agiterait sa tête en signe de consternation ; il prendrait l’air insupportable de celui qui s’accroche à ses petits moments d’autorité.
Connard.
Bon, je m’emporte. Recentrons.
L’abribus m’aida à reprendre mon souffle. Dingue ce que j’avais chaud. Un coup d’œil aux horaires plus tard, j’étais crucifié. Quinze minutes d’attente. Et la mamie qui relançait :
- On dirait qu’il vous a manqué vingt petites secondes !
Elle avait des cheveux gonflés, tout violet, et une petite gabardine toute verte. L’image d’Epinal était presque parfaite : dans son cabas écossais poussaient des poireaux et une baguette de pain. Ne manquaient que les bas de contention, maquillés en collants élégants.
- J’aurais dû me coucher plus tôt !
Elle rit ; et ça me fit penser à ma grand-mère. Marrant ça. J’aurais pu remarquer ses manières retenues, ses souliers confortables, son vernis à ongles, mais non ; juste un rire, et me voilà nostalgique.
Ma grand-mère ? Un petit bout de femme que la vie a cognée, pour sûr. Soyons succincts —parce que d’autres ont déjà fait équivalent avant moi, en bien mieux !— et tenons nous-en aux faits : la guerre, la vie sans informatique ni pilule, la lutte pour l’égalité des sexes, pour le droit à disposer de son propre corps, contre la maladie de mon grand-père et la mort qu’elle a laissée derrière elle.
Mamie avait une petite baraque, dans la campagne Orléanaise, et passait la plupart de son temps à bichonner ses fleurs. Elle nous faisait des tartes aux pommes, aussi, à mon frère et moi. Et on s’amusait sous les arbres. C’était le bon temps, comme dirait l’autre !
Avec l’âge, je suis devenu con. Comme tout le monde, me direz-vous. Mais moi, plus. Les filles, la vie de grand, le boulot et l’argent, tout ça fait oublier un peu trop vite d’où l’on vient. Et où habite ma grand-mère.
Faudrait que je passe la voir un de ces jours.
J’allais quand même pas attendre un quart d’heure comme d’autres attendent un signe. J’oubliai les belles résolutions écolo et retournai chez moi : ma voiture allait enfin servir. Je la trouvai endormie dans son box. Il me fallut lui faire les yeux doux et lui parler avec douceur ; elle est si capricieuse, des fois !
La route à peine reprise, un coup d’œil furtif à mon téléphone me coûta une aile avant droite et un moteur.
Vivre un accident, c’est fou. Ça cogne fort, ça secoue encore plus, le bruit ne blague pas et on se retrouve sonné, à contresens, profitant du silence d’après pour évaluer les dégâts :
J’ai pas mal. Je sens mes jambes. Je respire.
J’ai un peu mal, en fait, si je me pince.
- Hey, connard, tu peux pas regarder où tu vas ?
J’ai pas envie de me battre !
Je sors pas.
Je vais faire le mort.
Voilà le deuxième chapitre, avec le premier (un peu) retouché. J'ai frotté, Kill, mais peut-être pas assez ?
Entre autre, j'ai rhabillé la pépette : elle sonnait, effectivement, trop peroxydée.
Merci de votre aide.
Et j'en profite pour le dire ici (ça fait un peu moins déballage stupide que dans Des Babils&Co), mais qu'est-ce que j'aime VE ! Je vous adore.
P.S : Coline, ce que vend le réveil, c'est la vie. C'est pour elle que je m'endette.
/////////////////////////////////////////////////////////////
À bien y réfléchir, abstraction faite de mon crâne douloureux, le réveil est une invention merveilleuse. Messager d’un monde gris, bruyant et dépressif, il y ramène les dormeurs —et par la peau du cul, s’il vous plaît !— comme pour les punir d’être trop rêveurs. Du genre : Bon, ça suffit ! Y’a bien moins joyeux et acceptable, là, dehors ! Qu’est-ce que tu crois ? Que tu peux en réchapper ? Oublier ? Allez ! Affronte !
C’est vrai, ça. Si cet amas de ferraille, de fils et de bidules en tout genre ne nous lâche pas, s’il cligne des yeux comme d’autres cligneraient de l’heure, s’il hurle sa mission matinale et rit de nous voir si vaseux, c’est que la vie doit en valoir la peine. Sérieux. En bon VRP, il nous vend sa came avec force envie, motivation pécuniaire et, pire, en nous prenant pour des cons. Peu importe ; on achète, on s’endette, ça nous pète dans les mains et l’on se rend compte, toujours trop tard, qu’il n’y a personne au service clientèle.
- Les réclamations, s’il vous plaît.
- Please, hold the line.
Moi ça fait longtemps que je ne leur téléphone plus. Y’en a certains, paraît-il, qui passent leur temps à ça. A prier —pour utiliser les bons mots. J’vous raconte pas la facture.
Donc, ce matin-là —comme souvent— je m’étais levé au radar, couvert d'un simple pull d’haleine, persuadé que la journée allait être belle, certain de pouvoir la rendre utile : c’est ma seule motivation après une nuit trop courte.
Voilà trois mois que Lola est partie, tiens. Jour pour jour. Ou peut-être jour plus un. Enfin. Trois mois que je suis boiteux, que je me surprends à tâter sa place dans le lit, que je regarde sa brosse à dents faner au milieu du gobelet rose sans être foutu de la renvoyer au pays des brosses à dents. Et pourtant, elle le mériterait.
Putain de brosse à dents.
Je la revois encore dans sa bouche préférée, dansant, moussant, chantant. Et puis les yeux, juste au-dessus…Ah ! Quels yeux ! Ils me regardaient et j’aimais ça. Parfois avec amour, comme deux grosses guimauves, parfois avec colère, petites baïonnettes impitoyables, et parfois juste pour me regarder. Comme ça. Juste parce que je me trouvais sur leur chemin ; c’était ces fois-là, justement, où j’en étais fou.
Donc, ce matin-là —désolé, après un tête-à-tête avec la gueule béante de la cuvette en céramique, mon premier réflexe fut d’allumer mon portable. Aucun appel, bien évidemment. Pas de message non plus. A l’époque, j’espérais encore un signe de Lola ; elle a toujours aimé la nuit, y retrouvant l’usage de la parole et un penchant tout féminin aux divagations érotico-nostalgiques :
- Dis, Seb, tu m’aimes ?
Quelle question. Penser à la poser, à ce moment précis…ça doit être l’après-shampoing qui s’est infiltré, pas possible autrement.
- Ben oui, quelle question !
- Mais tu aimes ce que je t’apporte, ou tu aimes ce que je suis ?
Merde, où j’ai mis le manuel ?
- J’imagine un peu des deux.
Et voilà. De toute façon, même avec le manuel, j’aurais répondu à côté. C’est jamais la bonne réponse.
- Moi je t’aime pour ce que tu m’apportes.
Coquine.
- Et je m’en veux.
Elle m’était montée dessus, mon amazone, voulant probablement s’excuser de cet affront. Je n’avais pas eu l’esprit assez clair pour tout comprendre à ce moment-là ; et à celui d’après, de toute façon, je dormais.
Ce matin-là fut donc, encore une fois, silencieux de ma Lola. Et le petit déjeuner toujours aussi fade. J’aurais aimé voir, dans les yeux de ma nouvelle compagne —la remplaçante incapable, un peu de joie. De la légèreté, un plein de gaieté à moins d’un euro cinquante le litre, des bombes à eau et des mines anti-dictateurs. Je ne sais pas si vous la connaissez, ma copine, mais une fois allumée, elle crise, épileptique, comme un stroboscope à déprime. Le chômage, les grèves, le pouvoir d’achat, la guerre, les politiques véreux, la bourse qui gonfle et dégonfle comme les miennes, les jingles des flashs infos et la manipulation orchestrée par tous ces mecs aux cheveux blancs et aux dents parfaites. Ou le contraire.
J’éteignis la télé. La douche me rendit un peu du sourire oublié je ne sais où ; en frottant bien, on arrive toujours à se dépêtrer du sommeil qui colle. Rasé et pomponné, j’avais cherché quelque chose de décent à enfiler. Mais l’armoire était de mèche avec la brosse maudite : elle avait gardé, bien au chaud dans son ventre pervers, quelques fringues de fille comme autant de cadavres sur le champ de bataille. Il y avait ce petit débardeur bleu, tout simple, habillé d’une courte histoire —mini comme la jupe à côté :
- Regarde, il est sympa !
Bof.
- T’en penses quoi ? J’ai envie de le prendre.
- Encore un ? Pourquoi, t’en as besoin ?
- Non, mais je l’aime bien.
- Mais t’en as un paquebot entier, de ces morceaux de tissu !
- Et alors ? Si on devait s’arrêter aux besoins, on rigolerait pas tous les jours. Dans trente ans je pourrai plus en porter, des morceaux comme ça ! Et tu ne me regarderas plus…Alors faut profiter !
Si seulement j’avais pu être heureux encore trente ans avec elle.
Mais non, elle était partie —ou plutôt n’était pas rentrée— un soir, me laissant dénudé comme un fil sans son ampoule, avec un simple SMS comme générique de fin. Pas glorieux, certes, mais ça nous a évité une discussion interminable sertie de pleurs.
J’ai besoin d’un peu d’air, elle avait écrit.
Respire, j’avais pensé.
¤
J’étais en retard ; la monotonie prend parfois de faux airs de rush matinal. Je jetai ma veste sur mes épaules —qu’il me faudrait étoffer— et tentai, par la seule force de l’esprit, de stopper la trotteuse. L’effrontée ! A l’abri derrière le verre de ma montre, elle se faisait plus mesquine que jamais. Attends que je t’attrape, un de ces quatre. Tu vas tournicoter pour quelque chose.
C’est dingue, quand j’y pense. Faut toujours qu’il y en ait un qui se foute de moi. Tenez, pas plus tard que tout à l’heure, un type mal rasé me demande de l’aide : téléphone à plat. Pas bégueule, je lui prête le mien. Qui s’en va en courant. Dans la poche du barbu.
D’accord, c’est pire qu’une aiguille moqueuse. Toujours est-il qu’il est bien plus facile de se venger d’un petit bout de plastique que d’un grand barbu mastoc.
Quoi, vous rigolez ?
J’étais en retard et énervé. Tic-tac-tic-tac : Ça va, j’ai compris. Tu vas voir. Ça va se régler entre toi et moi. Et pas à l’amiable.
Puisqu’il fallait bien que quelqu’un paye, je violai mes chaussures en guise de sanction ; elles gémissaient encore dans l’escalier, que je dévalai comme si ma vie en dépendait. Ma porte avait claqué, start-pistol qui s’ignore, lançant une course effrénée. Haletante, je dirais. J’avais des braises dans la gorge, des cascades sur le front et des enclumes accrochées à mes cuisses. Mais pas question de perdre la face —ni le sprint ; flik-flak allait déchanter.
Le couloir 5 a pris un départ du tonnerre ! Son adversaire s’arrache la moindre calorie pour recoller, grimace, surchauffe ! L’avance se creuse, le numéro 5 déroule ! Il tourne au coin de la rue, traverse l’avenue comme le vent, acclamé par un concert de klaxons déchaînés ! Tous exultent, encouragent l’homme et le poussent à l’exploit ! C’est incroyable ! Attendez ! Non ! Le record lui échappe ! Impossible !
La course était terminée, remportée par un homme seul, incapable de battre le temps. Oui, j’avais mis deux ou trois tours à la trotteuse. Mais c’était insuffisant : je restai là, essoufflé —que dis-je, essoufflé ! Lessivé, oui !— et en nage, mains sur les genoux, à regarder le bus s’enfuir. Et je vous le donne dans le mille : il me sourit de tout son pare-chocs.
Hilare, le machin.
Et merde.
J’allais encore arriver au boulot sous l’œil rigolard de mes collègues et celui, pas jovial pour deux sous, de mon chef bien-aimé.
Monsieur Girot —grands dieux, ne vous avisez jamais de l’appeler Philippe— me semblait s’être extirpé d’une mauvaise BD, tant son être parodiait honteusement le premier chefaillon venu. Trompé par sa femme dépensière et insulté par son fils —dealer de shit, Girot vivait gris. Gris lorsqu’il rentrait chez lui, n’y trouvant que les restes puants d’une famille éclatée, gris quand il se couchait à côté de celle qui lui tournait le dos, gris au réveil, ravagé par la nuit et ses angoisses viscérales ; gris dans cette vieille maison qu’il aura fini de payer dans dix ans, gris dans sa grosse voiture et les embouteillages, et gris —enfin— dans son bureau cru, sans vie, où les champignons poussent comme des ordinateurs.
J’allais avoir droit à un de ses discours moralisateurs durant lequel il me regarderait de haut et agiterait sa tête en signe de consternation ; il prendrait l’air insupportable de celui qui s’accroche à ses petits moments d’autorité.
Connard.
Bon, je m’emporte. Recentrons.
L’abribus m’aida à reprendre mon souffle. Dingue ce que j’avais chaud. Un coup d’œil aux horaires plus tard, j’étais crucifié. Quinze minutes d’attente. Et la mamie qui relançait :
- On dirait qu’il vous a manqué vingt petites secondes !
Elle avait des cheveux gonflés, tout violet, et une petite gabardine toute verte. L’image d’Epinal était presque parfaite : dans son cabas écossais poussaient des poireaux et une baguette de pain. Ne manquaient que les bas de contention, maquillés en collants élégants.
- J’aurais dû me coucher plus tôt !
Elle rit ; et ça me fit penser à ma grand-mère. Marrant ça. J’aurais pu remarquer ses manières retenues, ses souliers confortables, son vernis à ongles, mais non ; juste un rire, et me voilà nostalgique.
Ma grand-mère ? Un petit bout de femme que la vie a cognée, pour sûr. Soyons succincts —parce que d’autres ont déjà fait équivalent avant moi, en bien mieux !— et tenons nous-en aux faits : la guerre, la vie sans informatique ni pilule, la lutte pour l’égalité des sexes, pour le droit à disposer de son propre corps, contre la maladie de mon grand-père et la mort qu’elle a laissée derrière elle.
Mamie avait une petite baraque, dans la campagne Orléanaise, et passait la plupart de son temps à bichonner ses fleurs. Elle nous faisait des tartes aux pommes, aussi, à mon frère et moi. Et on s’amusait sous les arbres. C’était le bon temps, comme dirait l’autre !
Avec l’âge, je suis devenu con. Comme tout le monde, me direz-vous. Mais moi, plus. Les filles, la vie de grand, le boulot et l’argent, tout ça fait oublier un peu trop vite d’où l’on vient. Et où habite ma grand-mère.
Faudrait que je passe la voir un de ces jours.
J’allais quand même pas attendre un quart d’heure comme d’autres attendent un signe. J’oubliai les belles résolutions écolo et retournai chez moi : ma voiture allait enfin servir. Je la trouvai endormie dans son box. Il me fallut lui faire les yeux doux et lui parler avec douceur ; elle est si capricieuse, des fois !
La route à peine reprise, un coup d’œil furtif à mon téléphone me coûta une aile avant droite et un moteur.
Vivre un accident, c’est fou. Ça cogne fort, ça secoue encore plus, le bruit ne blague pas et on se retrouve sonné, à contresens, profitant du silence d’après pour évaluer les dégâts :
J’ai pas mal. Je sens mes jambes. Je respire.
J’ai un peu mal, en fait, si je me pince.
- Hey, connard, tu peux pas regarder où tu vas ?
J’ai pas envie de me battre !
Je sors pas.
Je vais faire le mort.
Re: La brosse à dents qui rit
un coup d’œil furtif à mon téléphone
je croyais qu'on venait de lui voler, un gros barbu, non ?
Pas mal, encore, cette suite.
Sauf un truc qui me gêne (un peu) : le narrateur, qui dit je, donc, comment peut-il aussi bien décrire la vie "intime" de son chef ? Qu'il se l'imagine, ok, mais là il décrit tout comme s'il savait vraiment, ce qui ne va pas trop, à mon avis
faudrait plus de... détachement ? adopter un autre angle ?
à voir
sinon ça continue dans le même style vif et humoristique, oui tu as déjà un style je trouve, et c'est énorme
je croyais qu'on venait de lui voler, un gros barbu, non ?
Pas mal, encore, cette suite.
Sauf un truc qui me gêne (un peu) : le narrateur, qui dit je, donc, comment peut-il aussi bien décrire la vie "intime" de son chef ? Qu'il se l'imagine, ok, mais là il décrit tout comme s'il savait vraiment, ce qui ne va pas trop, à mon avis
faudrait plus de... détachement ? adopter un autre angle ?
à voir
sinon ça continue dans le même style vif et humoristique, oui tu as déjà un style je trouve, et c'est énorme
Re: La brosse à dents qui rit
Merci Mentor.mentor a écrit:un coup d’œil furtif à mon téléphone
je croyais qu'on venait de lui voler, un gros barbu, non ?
Pas mal, encore, cette suite.
Sauf un truc qui me gêne (un peu) : le narrateur, qui dit je, donc, comment peut-il aussi bien décrire la vie "intime" de son chef ? Qu'il se l'imagine, ok, mais là il décrit tout comme s'il savait vraiment, ce qui ne va pas trop, à mon avis
faudrait plus de... détachement ? adopter un autre angle ?
à voir
sinon ça continue dans le même style vif et humoristique, oui tu as déjà un style je trouve, et c'est énorme
Pour le téléphone, non, au moment de l'accident, il l'avait encore. En fait, j'espère le faire comprendre au fur et à mesure, il y a enchevêtrement des temps de narration. Là, en fait, il se trouve à un endroit (qu'on découvrira plus tard), et raconte ce qui s'est passé quelques jours (semaines ?) avant.
On lui vole le téléphone le jour où il raconte. Pas la journée qu'il raconte.
Pour ce qui est du boss, il l'imagine. Le narrateur est imaginatif, un peu mythomane, filou. Il imagine son boss comme ça. Il extrapole. Va falloir que je taille d'un autre angle alors.
Ouah...merci ;-)
Re: La brosse à dents qui rit
Pas mal cette suite, jeune homme !
Mince, j'avais noté autre chose mais une mauvaise manip' me l'a fait perdre.
Bref, j'aime toujours. Je te suis dans tes pérégrinations. Enfin, je suis ton protagoniste, disons.
Ouille ! J'ai eu mal. Je sais pas.je violai mes chaussures en guise de sanction
Mince, j'avais noté autre chose mais une mauvaise manip' me l'a fait perdre.
Bref, j'aime toujours. Je te suis dans tes pérégrinations. Enfin, je suis ton protagoniste, disons.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: La brosse à dents qui rit
C'est plein de bonne choses, et plein de mauvaises, t'as pas l'art du triage Kazar. Ça sonne vrai et ça sonne faux, l'auteur s'emporte avec son plaisir d'écrire : c'est là où ça sonne faux, mais vrai que la pudeur souvent pousse la forme à dépasser le fond. Sauf qu'elle est pas là pour ça, juste là pour le sublimer. Et puis, pour ce qui est des images et parce que la vie, s'aimer c'est pas constater que l'autre à laissé sa brosse à dent dans un verre rose, (vu que c'était une fille) non — ça évoque déjà une séparation de corps — c'est juste s'interroger sur la sienne parce que s'aimer c'est partager la même. S'interroger sur une seule brosse à dents c'est plus difficile, mais, les choses sont posées sans autre discours.
Je note juste les points qui me dérangent et aime aussi cette façon d'écrire, impulsive et intelligente
Je note juste les points qui me dérangent et aime aussi cette façon d'écrire, impulsive et intelligente
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: La brosse à dents qui rit
Allez je me force à commenter sans lire les commentaires.
J'aime le début.
Le milieu me séduit moins.
Mais j'adore la fin .
Les 2 dernières phrases, un régal.
Il y a un style , le tien sans doute et je sens l'écriture fluide mais quelques formules un peu trop vulgaires à retravailler dans l'esprit du texte.
Comme une mèche qui se consumme harmonieusement et de temps en temps un petit "pchiiit" qui dérange. (je sais, drôle de métaphore).
Je l'ai lu avec plaisir. Si j'aime pas , je stoppe à la 3ème ou 4ème phrase.
Là, je me suis dit "déja?".
Merci
J'aime le début.
Le milieu me séduit moins.
Mais j'adore la fin .
Les 2 dernières phrases, un régal.
Il y a un style , le tien sans doute et je sens l'écriture fluide mais quelques formules un peu trop vulgaires à retravailler dans l'esprit du texte.
Comme une mèche qui se consumme harmonieusement et de temps en temps un petit "pchiiit" qui dérange. (je sais, drôle de métaphore).
Je l'ai lu avec plaisir. Si j'aime pas , je stoppe à la 3ème ou 4ème phrase.
Là, je me suis dit "déja?".
Merci
Manu(manisa06)- Nombre de messages : 1928
Age : 54
Localisation : Côte d'usure
Date d'inscription : 11/04/2008
Re: La brosse à dents qui rit
J'ai oublié.
J'adore le prétexte de la brosse à dent pour évoquer la rupture.
J'adore le prétexte de la brosse à dent pour évoquer la rupture.
Manu(manisa06)- Nombre de messages : 1928
Age : 54
Localisation : Côte d'usure
Date d'inscription : 11/04/2008
Re: La brosse à dents qui rit
J'aime bien cette façon d'écrire chien fou ! Je te préfère de beaucoup quand tu rates le bus que quand tu fais naitre un dieu, Kasar ! (C'est vrai, c'est plus facile !^)
Mais j'ai un peu de mal avec ton explication temporelle. On lui a volé son téléphone quand ?
Mais j'ai un peu de mal avec ton explication temporelle. On lui a volé son téléphone quand ?
Invité- Invité
Re: La brosse à dents qui rit
(quote="Yali"]...[/quote]
Très intéressant ! Ca fait du bien de lire ce genre de trucs. J'écris en ressentant les choses, comme si je les vivais, je ne réfléchis pas autant. Peut-être (sûrement) est-ce là une grande faiblesse. Merci :-)
Ah, j'ai essayé de te dissimuler sous les traits d'un mec...mais non, tu as tout découvert !! :-))
Merci, manisa. Pourrais-tu pointer avec précision ces phrases dont tu parles ?
Coline, je t'adore ! :-)) Vrai.
Bon, pour le schéma temporel, ça m'ennuie de le dévoiler ici, mais pour faire simple, rien que pour toi, voilà :
-AUJOURD'HUI, Seb raconte cette histoire.
-Cette histoire (le lever, le bus, l'accident) s'est passée il y a quelque temps de ça. (La semaine dernière, par exemple)
-Donc, AUJOURD'HUI, tout à l'heure, on lui a piqué son téléphone.
-MAIS comme l'histoire qu'il raconte est arrivée la semaine dernière, il avait toujours son téléphone pour lui causer un accident.
-Et pour conclure, il va encore se passer quelque chose AUJOURD'HUI pour Seb. (donc ce sera raconté au présent, à ce moment-là).
C'est clair, ou je suis piètre explicateur ?
Très intéressant ! Ca fait du bien de lire ce genre de trucs. J'écris en ressentant les choses, comme si je les vivais, je ne réfléchis pas autant. Peut-être (sûrement) est-ce là une grande faiblesse. Merci :-)
Lucy a écrit:Enfin, je suis ton protagoniste, disons.
Ah, j'ai essayé de te dissimuler sous les traits d'un mec...mais non, tu as tout découvert !! :-))
Manisa06 a écrit:quelques formules un peu trop vulgaires à retravailler dans l'esprit du texte.
Comme une mèche qui se consumme harmonieusement et de temps en temps un petit "pchiiit" qui dérange. (je sais, drôle de métaphore).
Merci, manisa. Pourrais-tu pointer avec précision ces phrases dont tu parles ?
coline Dé a écrit:Mais j'ai un peu de mal avec ton explication temporelle. On lui a volé son téléphone quand ?
Coline, je t'adore ! :-)) Vrai.
Bon, pour le schéma temporel, ça m'ennuie de le dévoiler ici, mais pour faire simple, rien que pour toi, voilà :
-AUJOURD'HUI, Seb raconte cette histoire.
-Cette histoire (le lever, le bus, l'accident) s'est passée il y a quelque temps de ça. (La semaine dernière, par exemple)
-Donc, AUJOURD'HUI, tout à l'heure, on lui a piqué son téléphone.
-MAIS comme l'histoire qu'il raconte est arrivée la semaine dernière, il avait toujours son téléphone pour lui causer un accident.
-Et pour conclure, il va encore se passer quelque chose AUJOURD'HUI pour Seb. (donc ce sera raconté au présent, à ce moment-là).
C'est clair, ou je suis piètre explicateur ?
Re: La brosse à dents qui rit
lu la première partie.
Oui, encourageant.
Un d'enthousiasme qui parfois déborde mais qui t'en voudra?
En exemple cette phrase qui s'allonge:
Oui, encourageant.
Un d'enthousiasme qui parfois déborde mais qui t'en voudra?
En exemple cette phrase qui s'allonge:
alors qu'elle est simplement canon comme ça:Il y avait ce petit débardeur bleu, tout simple, habillé d’une courte histoire —mini comme la jupe à côté
C'est toi qui vois. je suis dans les grandes lignes plutôt d'accord avec le commentaire de Yali.Il y avait ce petit débardeur bleu, tout simple, habillé d’une courte histoire.
Invité- Invité
Re: La brosse à dents qui rit
.
Quasiment toutes les scènes sont réussies, drôles, tu sais bien donner vie aux objets, en particulier, et aussi rendre attachant ton héros (d'ailleurs la plupart de tes héros, en général, sont attachants). Mais je ne suis pas fan de la partie réveil, que ce soit la I ou la II (mêlée au barbu), où je trouve l'écriture un peu faible, pas aussi inventive qu'ailleurs.
Le texte m'est apparu comme une superposition de couches, façon sandwiche : réveil, brosse à dents, Lola, téléphone, course, chef, grand-mère, voiture. C'est peut-être cette impression de "spectacle à thèmes" qui m'a un (tout petit) peu gêné.
Au total, du plaisir, surtout, cher ami Quasar, alors je reste aux aguets pour la suite !
.
Quasiment toutes les scènes sont réussies, drôles, tu sais bien donner vie aux objets, en particulier, et aussi rendre attachant ton héros (d'ailleurs la plupart de tes héros, en général, sont attachants). Mais je ne suis pas fan de la partie réveil, que ce soit la I ou la II (mêlée au barbu), où je trouve l'écriture un peu faible, pas aussi inventive qu'ailleurs.
Le texte m'est apparu comme une superposition de couches, façon sandwiche : réveil, brosse à dents, Lola, téléphone, course, chef, grand-mère, voiture. C'est peut-être cette impression de "spectacle à thèmes" qui m'a un (tout petit) peu gêné.
Au total, du plaisir, surtout, cher ami Quasar, alors je reste aux aguets pour la suite !
.
Re: La brosse à dents qui rit
Mentor a dit :
Sauf un truc qui me gêne (un peu) : le narrateur, qui dit je, donc, comment peut-il aussi bien décrire la vie "intime" de son chef ?
Moi, j'ai une réponse. L'auteur dit :
"Monsieur Girot —grands dieux, ne vous avisez jamais de l’appeler Philippe— me semblait s’être extirpé d’une mauvaise BD, tant son être parodiait honteusement le premier chefaillon venu."
C'est donc le héros de BD dont le personnage dessine le portrait (qui plus est assez caricatural), qu'il imagine coller à la peau de Girot !
Sauf un truc qui me gêne (un peu) : le narrateur, qui dit je, donc, comment peut-il aussi bien décrire la vie "intime" de son chef ?
Moi, j'ai une réponse. L'auteur dit :
"Monsieur Girot —grands dieux, ne vous avisez jamais de l’appeler Philippe— me semblait s’être extirpé d’une mauvaise BD, tant son être parodiait honteusement le premier chefaillon venu."
C'est donc le héros de BD dont le personnage dessine le portrait (qui plus est assez caricatural), qu'il imagine coller à la peau de Girot !
Re: La brosse à dents qui rit
kazar a écrit: —et par la peau du cul, s’il vous plaît !— et de bidules . Sérieux. pour des cons. ça nous pète . J’vous raconte pas la facture.
sans être foutu-- putain de brosse à dents.
la gueule béante de la cuvette en céramique :
-
Merde, où j’ai mis le manuel ?
-
Elle m’était montée dessus,
à enfiler.
Mais t’en as un paquebot entier,
.
Voilà mon petit Kazar un petit reste des déchets succulents de ton texte comme un fromage pourri qu'on déguste sur un pain frais avec un petit "Baron de l'estac".
Désolé d'être vieux jeu mais ça me gène.
J'ai repris encore quand même un peu de ton texte en dessert.
Je sais ....mais quand on aime ...
Manu
Manu(manisa06)- Nombre de messages : 1928
Age : 54
Localisation : Côte d'usure
Date d'inscription : 11/04/2008
Re: La brosse à dents qui rit
Euh... je voulais dire que je suivais ton protagoniste. Pas que j'étais. J'aurais besoin d'un peu de muscu pour passer pour un Joe.Lucy a écrit:
Enfin, je suis ton protagoniste, disons.
Ah, j'ai essayé de te dissimuler sous les traits d'un mec...mais non, tu as tout découvert !! :-))
Snif ! Je ressemble à un mec...
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: La brosse à dents qui rit
Vous n'avez pas idée à quel point vous m'êtes utiles. Merci.
Je suis toujours très touché que vous preniez le temps de lire et de m'aider.
Manisa, j'ai compris que les grossièretés t'ennuyaient. Mais j'y tiens, parce que je voudrais ancrer mes personnages dans le réel, dans ce qu'on dit tous les jours. Et puis, je trouve ça pimenté. Désolé...
Apou, quand tu parles du réveil, c'est l'action, pas l'objet ? Le premier paragraphe est longuet. D'accord. L'intrusion de l'épisode barbu aussi ? Oui, la succession rapide est voulue. J'aimerais transmettre, par ce biais, le rythme et le bordel qui régissent la vie de Seb.
Lucy, désolé, j'avais pas compris ^^ Je pensais que tu t'identifiais. Marrant, les lectures orientées.
Bon, je poste de façon très impatiente, fougueuse et tout le toutim, les chapitres 3&4.
A l'intention d'un gentil modérateur, voici l'adresse du format .DOC téléchargeable : http://grimsli.free.fr/kazar/
Merci !!!!
Bien sûr, ça n’a pas marché. On n’apprend pas à faire les grimaces à un babouin, surtout quand c’est un vieux briscard moustachu. Je me demande encore si le rouge de ses joues était dû à l’énervement ou à la bibine. Passons. Il était sorti de sa boîte roulante comme un diablotin, en musique et en français dans le texte :
- Putain !
Je me demandais si j’étais crédible quand il ouvrit ma portière et continua, ignorant le grand blessé qui se mourait.
- Allez, sors de là ! J’ai pas que ça à faire !
Pendant qu’on remplissait le constat —et que je réalisais que Titine était foutue, je me ressaisissais. La brosse, le débardeur, le bus et maintenant le singe : c’était trop.
- Vous avez vu à quelle vitesse vous rouliez ?
- Cherche pas, ducon. Priorité à droite, c’est pour ta gueule.
Un homme charmant s’il en est. J’abandonnai toute tentative de communication : lui babouin pas content, moi gentil en retard. Je ris, un peu seulement, et il s’en aperçut. Il bava que j’étais fêlé et ne savait pas ce qui le retenait de m’en mettre une bonne.
- Le temps.
- Quoi ?
- Vous n’avez pas que ça à faire.
Sa BM redémarra et ne laissa derrière elle que quelques morceaux de phares autour de ma Titine agonisante. Je poussai la carcasse sur le trottoir et me demandai s’il n’était pas présomptueux d’espérer être au boulot avant la pause déjeuner. Qu’à cela ne tienne, j’allais me retrousser les manches : à moi la réunion de dix heures et son café imbuvable !
Finalement je me retrouvai assis au fond du bus —qui faisait moins le malin à présent. Les sièges étaient vieillots, usés par des pieds mal élevés et des culs trop pesants. Sur chaque morceau de plastique qui dépassait, des tags ringards pullulaient comme les épitaphes de crétins mononeuronaux. Neuf-quatre, ouaich. Avec une faute à quatre. Faut le faire !
La ville dansait derrière les grandes vitres dégueulasses, exposant ses dessous de femme impudique et désinvolte. Je lui reluquai les feux, les vélos, les voitures pressées, les scooters vifs comme des éclairs, les piétons fatigués ; et tout ça paraissait minuscule vu du châssis —haut comme un Himalaya et demi— où je me tenais. J’étais le scientifique derrière son microscope, examinant des artères et des globules agglutinés.
J’aime la ville. C’est une pomme grouillante où tout n’est que mouvement. Elle ne dort jamais, repoussant les étoiles de ses lampadaires bienveillants. Quand l’insomnie me grignote, quand je me mets à la fenêtre et observe, la cité me susurre qu’elle veille. Elle ronronne doucement pour ne pas réveiller mes voisins et je me sens protégé. Oui, ma belle scintillante, ma reine de joyaux, ma muse de béton : je t’aime.
Descendu au bon arrêt, il me restait encore dix grosses minutes de marche pour arriver au bureau. Je me mis donc en route, direction : le Service des Foudres Hiérarchiques. Je m’imaginais déjà affronter Girot. Il me fallait trouver une formule valable, une attitude franche, un air de chien battu ou que sais-je encore, pour limiter la casse. J’étais pas en état d’encaisser une tirade longue comme la Marne.
- Salut, Monsieur Je-Rappelle-Jamais !
- Noura !
Noura. Ça faisait longtemps. La jolie Noura. Depuis l’évaporation de Lola, cette petite brunette se faisait étonnamment plus présente : les femmes fécondes ont les instincts un peu trop nerveux.
- Je suis désolé, j’ai pas eu beaucoup de temps à moi et…
- Teuh-teuh-teuh ! À d’autres, mon p’tit père.
Elle avait levé sa main pour mieux me faire taire.
- Je sais que tu vas pas top, Seb, et j’en suis désolée. Mais faut te bouger, un peu ! Tu donnes plus signe de vie !
- Écoute, Noura, j’suis super en retard, on en reparle ce soir, d’ac’ ?
- Je t’appelle. Décroche cette fois !
Peut-être. Si j’en ai envie.
J’aime bien Noura. C’est une sacrée joueuse de volley. On l’a rencontrée à l’entraînement Loisirs du mercredi soir. La première à nous parler. D’accord, Lola et moi étions empotés. D’accord, tous les adhérents de l’asso étaient d’anciens joueurs poussés vers la sortie par la parentalité, la dépression, le boulot chronophage. Mais bon, tout le monde a droit à son volley du mercredi, non ?
On s’est très vite bien entendus, tous les trois. Qu’est-ce qu’on se marrait ! Noura est devenue une bonne copine, puis une amie. C’est fou la vie. Le hasard, tout ça. Je suis devenu comme cul et chemise avec une nana inconnue —et qui écoute du jazz, en plus ! Ç’eût été dommage de ne pas s’inscrire au volley-du-mercredi :
- J’en ai marre, j’ai envie de faire du sport !
C’était tombé comme un cheveu sur la soupe, entre deux lignes du bouquin que je lisais et deux ongles qu’elle se limait.
Lola, ma Lola. Où es-tu ?
- D’accord. Tout de suite, là maintenant, comme ça ?
Elle sourit.
- Obsédé. Non, en général. On vit comme des cons ! On se lève, fatigués, les cernes tirés, on bosse sans savoir après quoi on court, on rentre épuisés, on mange, on lit, on baise, on dort, on se relève. Et pendant ce temps-là, nos corps s’affaissent. Se ramollissent. Oublient de vivre. On survit, Seb. Et je grossis.
Bon sang, j’adorais quand elle parlait comme ça. Ma Lola.
- D’accord, ça me va. De l’athlétisme ?
- Non. J’aime pas courir. Un truc où on s’amuse. Avec une balle.
- Si je dis du foot, c’est une connerie ? (Elle ne répondit pas.) Du volley ? C’est bien, le volley !
- La dernière fois que j’y ai joué, c’était au lycée.
- Justement, on va apprendre !
- Quoi, toi non plus tu sais pas jouer ?
- Jeanne et Serge n’ont qu’à bien se tenir.
Même quand mes blagues étaient moyennes, elle, elle les trouvait hilarantes. A cause de mes mimiques, elle disait. Et ça la faisait fondre.
Lola ! Reviens !
Je fendis le nuage de fumeurs et entrai dans le bâtiment austère. La vie de bureau, c’est nul. Surtout quand le bureau est en blanc et gris et néons bruyants.
En montant les escaliers, j’envisageai de glisser furtivement à mon poste pour faire croire à une arrivée précoce. Ah tiens, t’es là, on t’avait pas vu !
Il fallait avant tout passer le Couloir De La Mort. Celui où tant d’employés se sont vus dévorés, mis en pièces par Girot-le-Dragon.
Un coup d’œil bien placé, un silence de ninja, je suis presque arrivé.
- Monsieur Bernier est bien matinal aujourd’hui !
Ben mon salaud, tu respires toujours autant la joie de vivre !
- Je peux vous voir une minute ?
Autant dire, l’éternité.
- T’es trop gentil.
- Peut-être.
- Pas peut-être ! C’est sûr ! Rentre-lui dedans, un peu ! Il fait caca comme toi !
- Je ne m’abaisse pas à ces pratiques puantes.
- Bah raison de plus ! Lui, si !
Elle avait raison. Elle avait toujours raison. Cette fois, j’allais suivre ses conseils :
- Bonjour, Monsieur.
- Asseyez-vous, Bernier. (Oh tu commences bien !) Bernier, je ne sais plus quoi faire de vous, mon vieux.
- J’suis pas votre vieux. (Tu devrais voir ta tronche !)
- Je vous demande pardon ?
- J’en ai marre que vous me parliez comme à un chien.
Impossible de retranscrire les bruits qu’il produisit à cet instant ; ça s’approchait de Beu-beu-beuuuu-beuu-beu.
- Je fais mon boulot. Je-je-je-je-
- Vous quoi ? Je ne suis ni votre gosse ni votre clébard. Je ne suis peut-être pas non plus très assidu matinalement parlant, mais je fais mon taf mieux que pas mal de monde ici. Et vous le savez bien. D’ailleurs il m’attend. Vous savez où me trouver.
Calme et Grand Seigneur, je sortis de son repère plus glauque qu’une chambre de Jésuite, où les seules traces de vie étaient accrochées sur un portemanteau bon marché. Craignant en vérité de me faire transpercer par la lance vengeresse du Girot enragé, je ne me retournai pas avant d’être assis devant mon ordinateur.
- Alors, il t’a mordu ?
- Il s’est pété les dents, ouais !
Et Marc rit. Il était encore plus mal coiffé que la veille. Était-ce physiquement possible ? Rien ne m’étonnait plus de sa part.
Tout en lui est contradictoire avec les lois établies : grand et maigre —plus que vous ne l’imaginez…non, plus !— et brun et pâle, avec un visage un peu tordu et un nez qui ne parvient pas à le redresser. Il est mal dans son corps, mais pas comme vous l’entendez : il est vraiment mal foutu. Les informations qui partent de son cerveau n’arrivent pas forcément à bon port. Et quand elles arrivent, c’est pas toujours au bon moment ; cela explique en grande partie son allure de caméléon poliopathe.
N’empêche, Marc, c’est un des rares collègues avec qui je m’entends bien ; et je ne dis pas ça parce que c’est mon voisin de bureau. Le monde de la banque n’est pas un repère à rigolos : il y a les pimbêches quinquagénaires, sûres de tout et même plus, les jeunes affamés qui ont à peine lâché leur tétine, les secrétaires volages et leurs patrons vicelards, et il y a Marc. Rien qu’à le voir, on a la banane.
- Tu me demandes pas comment c’était ?
Il essayait de prendre un air complice ; je dis bien « essayait » car, le pauvre ! il ne réussissait jamais rien.
- De quoi ?
Il vérifia que Christelle n’écoutait pas dans notre dos.
- Mon rendez-vous, Seb ! Putain t’es pas croyable !
- Ah oui ! Excuse, j’avais oublié !
Son rendez-vous ! Hier soir ! Avec une chose qu’on pouvait, avec diplomatie, rapprocher du genre féminin. Sortie du service de compta. Mince, c’était quelque chose !
- Pas grave.
- Bon, comment c’était ? Fais pas ton lourd, raconte !
J’avais envie de savoir ! Marc n’est pas séduisant, j’en conviens. Mais l’amour, c’est comme le Soleil : tout le monde y a droit. Même lui.
- Je suis passé la prendre chez elle, vers 19h30-19h35. (Le sens du détail, Marc : tu as le sens du détail.) Elle était belle, elle avait mis un joli tailleur et un gilet gris. (La bombe.) On était un peu tendus dans la voiture, alors j’ai mis de la musique. Elle adore Chérie FM.
L’incroyable avec ce type, c’est qu’il rend intéressant tout ce qu’il raconte, même quand il parle des brocolis. Il a une vision du monde totalement inédite, une façon de le ressentir et de l’expliquer qui m’épate à chaque fois ; il croit ce qu’il dit et ses yeux roulent comme bat son petit cœur. Alors je m’accroche à ses lèvres, je bois sa voix étrange et suis impatient comme un gosse.
Ils sont allés au restaurant. Un italien près du lac. Elle aime la danse. Il lui raconte sa passion pour le modélisme. Ils boivent un peu trop, parce qu’ils n’ont pas l’habitude. Ils s’esclaffent dans la rue, bras dessus bras dessous. Il a du mal à la raccompagner : farceurs, les ingénieurs des ponts et chaussées ont rajouté des virages entre-temps. Arrivés chez elle, les hormones chatouillent. Ils montent. En remettent une lichette.
- Et alors ?
J’étais pire qu’une concierge qui a entendu des bruits au-dessus.
- Mon pote, tout ce qui suit, c’est moins de dix-huit !
Sans ciller, il me décrit tout. Et je peux vous dire, j’aurais pas aimé voir ça. Je suis sûr qu’il a gardé ses chaussettes, le grand.
- On se revoit ce soir !
Super, Marc. Garde-m’en un peu pour demain.
Je suis toujours très touché que vous preniez le temps de lire et de m'aider.
Manisa, j'ai compris que les grossièretés t'ennuyaient. Mais j'y tiens, parce que je voudrais ancrer mes personnages dans le réel, dans ce qu'on dit tous les jours. Et puis, je trouve ça pimenté. Désolé...
Apou, quand tu parles du réveil, c'est l'action, pas l'objet ? Le premier paragraphe est longuet. D'accord. L'intrusion de l'épisode barbu aussi ? Oui, la succession rapide est voulue. J'aimerais transmettre, par ce biais, le rythme et le bordel qui régissent la vie de Seb.
Lucy, désolé, j'avais pas compris ^^ Je pensais que tu t'identifiais. Marrant, les lectures orientées.
Bon, je poste de façon très impatiente, fougueuse et tout le toutim, les chapitres 3&4.
A l'intention d'un gentil modérateur, voici l'adresse du format .DOC téléchargeable : http://grimsli.free.fr/kazar/
Merci !!!!
//////////////////////////////////////////////////////////////
¤
Bien sûr, ça n’a pas marché. On n’apprend pas à faire les grimaces à un babouin, surtout quand c’est un vieux briscard moustachu. Je me demande encore si le rouge de ses joues était dû à l’énervement ou à la bibine. Passons. Il était sorti de sa boîte roulante comme un diablotin, en musique et en français dans le texte :
- Putain !
Je me demandais si j’étais crédible quand il ouvrit ma portière et continua, ignorant le grand blessé qui se mourait.
- Allez, sors de là ! J’ai pas que ça à faire !
Pendant qu’on remplissait le constat —et que je réalisais que Titine était foutue, je me ressaisissais. La brosse, le débardeur, le bus et maintenant le singe : c’était trop.
- Vous avez vu à quelle vitesse vous rouliez ?
- Cherche pas, ducon. Priorité à droite, c’est pour ta gueule.
Un homme charmant s’il en est. J’abandonnai toute tentative de communication : lui babouin pas content, moi gentil en retard. Je ris, un peu seulement, et il s’en aperçut. Il bava que j’étais fêlé et ne savait pas ce qui le retenait de m’en mettre une bonne.
- Le temps.
- Quoi ?
- Vous n’avez pas que ça à faire.
Sa BM redémarra et ne laissa derrière elle que quelques morceaux de phares autour de ma Titine agonisante. Je poussai la carcasse sur le trottoir et me demandai s’il n’était pas présomptueux d’espérer être au boulot avant la pause déjeuner. Qu’à cela ne tienne, j’allais me retrousser les manches : à moi la réunion de dix heures et son café imbuvable !
Finalement je me retrouvai assis au fond du bus —qui faisait moins le malin à présent. Les sièges étaient vieillots, usés par des pieds mal élevés et des culs trop pesants. Sur chaque morceau de plastique qui dépassait, des tags ringards pullulaient comme les épitaphes de crétins mononeuronaux. Neuf-quatre, ouaich. Avec une faute à quatre. Faut le faire !
La ville dansait derrière les grandes vitres dégueulasses, exposant ses dessous de femme impudique et désinvolte. Je lui reluquai les feux, les vélos, les voitures pressées, les scooters vifs comme des éclairs, les piétons fatigués ; et tout ça paraissait minuscule vu du châssis —haut comme un Himalaya et demi— où je me tenais. J’étais le scientifique derrière son microscope, examinant des artères et des globules agglutinés.
J’aime la ville. C’est une pomme grouillante où tout n’est que mouvement. Elle ne dort jamais, repoussant les étoiles de ses lampadaires bienveillants. Quand l’insomnie me grignote, quand je me mets à la fenêtre et observe, la cité me susurre qu’elle veille. Elle ronronne doucement pour ne pas réveiller mes voisins et je me sens protégé. Oui, ma belle scintillante, ma reine de joyaux, ma muse de béton : je t’aime.
Descendu au bon arrêt, il me restait encore dix grosses minutes de marche pour arriver au bureau. Je me mis donc en route, direction : le Service des Foudres Hiérarchiques. Je m’imaginais déjà affronter Girot. Il me fallait trouver une formule valable, une attitude franche, un air de chien battu ou que sais-je encore, pour limiter la casse. J’étais pas en état d’encaisser une tirade longue comme la Marne.
- Salut, Monsieur Je-Rappelle-Jamais !
- Noura !
Noura. Ça faisait longtemps. La jolie Noura. Depuis l’évaporation de Lola, cette petite brunette se faisait étonnamment plus présente : les femmes fécondes ont les instincts un peu trop nerveux.
- Je suis désolé, j’ai pas eu beaucoup de temps à moi et…
- Teuh-teuh-teuh ! À d’autres, mon p’tit père.
Elle avait levé sa main pour mieux me faire taire.
- Je sais que tu vas pas top, Seb, et j’en suis désolée. Mais faut te bouger, un peu ! Tu donnes plus signe de vie !
- Écoute, Noura, j’suis super en retard, on en reparle ce soir, d’ac’ ?
- Je t’appelle. Décroche cette fois !
Peut-être. Si j’en ai envie.
J’aime bien Noura. C’est une sacrée joueuse de volley. On l’a rencontrée à l’entraînement Loisirs du mercredi soir. La première à nous parler. D’accord, Lola et moi étions empotés. D’accord, tous les adhérents de l’asso étaient d’anciens joueurs poussés vers la sortie par la parentalité, la dépression, le boulot chronophage. Mais bon, tout le monde a droit à son volley du mercredi, non ?
On s’est très vite bien entendus, tous les trois. Qu’est-ce qu’on se marrait ! Noura est devenue une bonne copine, puis une amie. C’est fou la vie. Le hasard, tout ça. Je suis devenu comme cul et chemise avec une nana inconnue —et qui écoute du jazz, en plus ! Ç’eût été dommage de ne pas s’inscrire au volley-du-mercredi :
- J’en ai marre, j’ai envie de faire du sport !
C’était tombé comme un cheveu sur la soupe, entre deux lignes du bouquin que je lisais et deux ongles qu’elle se limait.
Lola, ma Lola. Où es-tu ?
- D’accord. Tout de suite, là maintenant, comme ça ?
Elle sourit.
- Obsédé. Non, en général. On vit comme des cons ! On se lève, fatigués, les cernes tirés, on bosse sans savoir après quoi on court, on rentre épuisés, on mange, on lit, on baise, on dort, on se relève. Et pendant ce temps-là, nos corps s’affaissent. Se ramollissent. Oublient de vivre. On survit, Seb. Et je grossis.
Bon sang, j’adorais quand elle parlait comme ça. Ma Lola.
- D’accord, ça me va. De l’athlétisme ?
- Non. J’aime pas courir. Un truc où on s’amuse. Avec une balle.
- Si je dis du foot, c’est une connerie ? (Elle ne répondit pas.) Du volley ? C’est bien, le volley !
- La dernière fois que j’y ai joué, c’était au lycée.
- Justement, on va apprendre !
- Quoi, toi non plus tu sais pas jouer ?
- Jeanne et Serge n’ont qu’à bien se tenir.
Même quand mes blagues étaient moyennes, elle, elle les trouvait hilarantes. A cause de mes mimiques, elle disait. Et ça la faisait fondre.
Lola ! Reviens !
Je fendis le nuage de fumeurs et entrai dans le bâtiment austère. La vie de bureau, c’est nul. Surtout quand le bureau est en blanc et gris et néons bruyants.
En montant les escaliers, j’envisageai de glisser furtivement à mon poste pour faire croire à une arrivée précoce. Ah tiens, t’es là, on t’avait pas vu !
Il fallait avant tout passer le Couloir De La Mort. Celui où tant d’employés se sont vus dévorés, mis en pièces par Girot-le-Dragon.
Un coup d’œil bien placé, un silence de ninja, je suis presque arrivé.
- Monsieur Bernier est bien matinal aujourd’hui !
Ben mon salaud, tu respires toujours autant la joie de vivre !
- Je peux vous voir une minute ?
Autant dire, l’éternité.
¤
- T’es trop gentil.
- Peut-être.
- Pas peut-être ! C’est sûr ! Rentre-lui dedans, un peu ! Il fait caca comme toi !
- Je ne m’abaisse pas à ces pratiques puantes.
- Bah raison de plus ! Lui, si !
Elle avait raison. Elle avait toujours raison. Cette fois, j’allais suivre ses conseils :
- Bonjour, Monsieur.
- Asseyez-vous, Bernier. (Oh tu commences bien !) Bernier, je ne sais plus quoi faire de vous, mon vieux.
- J’suis pas votre vieux. (Tu devrais voir ta tronche !)
- Je vous demande pardon ?
- J’en ai marre que vous me parliez comme à un chien.
Impossible de retranscrire les bruits qu’il produisit à cet instant ; ça s’approchait de Beu-beu-beuuuu-beuu-beu.
- Je fais mon boulot. Je-je-je-je-
- Vous quoi ? Je ne suis ni votre gosse ni votre clébard. Je ne suis peut-être pas non plus très assidu matinalement parlant, mais je fais mon taf mieux que pas mal de monde ici. Et vous le savez bien. D’ailleurs il m’attend. Vous savez où me trouver.
Calme et Grand Seigneur, je sortis de son repère plus glauque qu’une chambre de Jésuite, où les seules traces de vie étaient accrochées sur un portemanteau bon marché. Craignant en vérité de me faire transpercer par la lance vengeresse du Girot enragé, je ne me retournai pas avant d’être assis devant mon ordinateur.
- Alors, il t’a mordu ?
- Il s’est pété les dents, ouais !
Et Marc rit. Il était encore plus mal coiffé que la veille. Était-ce physiquement possible ? Rien ne m’étonnait plus de sa part.
Tout en lui est contradictoire avec les lois établies : grand et maigre —plus que vous ne l’imaginez…non, plus !— et brun et pâle, avec un visage un peu tordu et un nez qui ne parvient pas à le redresser. Il est mal dans son corps, mais pas comme vous l’entendez : il est vraiment mal foutu. Les informations qui partent de son cerveau n’arrivent pas forcément à bon port. Et quand elles arrivent, c’est pas toujours au bon moment ; cela explique en grande partie son allure de caméléon poliopathe.
N’empêche, Marc, c’est un des rares collègues avec qui je m’entends bien ; et je ne dis pas ça parce que c’est mon voisin de bureau. Le monde de la banque n’est pas un repère à rigolos : il y a les pimbêches quinquagénaires, sûres de tout et même plus, les jeunes affamés qui ont à peine lâché leur tétine, les secrétaires volages et leurs patrons vicelards, et il y a Marc. Rien qu’à le voir, on a la banane.
- Tu me demandes pas comment c’était ?
Il essayait de prendre un air complice ; je dis bien « essayait » car, le pauvre ! il ne réussissait jamais rien.
- De quoi ?
Il vérifia que Christelle n’écoutait pas dans notre dos.
- Mon rendez-vous, Seb ! Putain t’es pas croyable !
- Ah oui ! Excuse, j’avais oublié !
Son rendez-vous ! Hier soir ! Avec une chose qu’on pouvait, avec diplomatie, rapprocher du genre féminin. Sortie du service de compta. Mince, c’était quelque chose !
- Pas grave.
- Bon, comment c’était ? Fais pas ton lourd, raconte !
J’avais envie de savoir ! Marc n’est pas séduisant, j’en conviens. Mais l’amour, c’est comme le Soleil : tout le monde y a droit. Même lui.
- Je suis passé la prendre chez elle, vers 19h30-19h35. (Le sens du détail, Marc : tu as le sens du détail.) Elle était belle, elle avait mis un joli tailleur et un gilet gris. (La bombe.) On était un peu tendus dans la voiture, alors j’ai mis de la musique. Elle adore Chérie FM.
L’incroyable avec ce type, c’est qu’il rend intéressant tout ce qu’il raconte, même quand il parle des brocolis. Il a une vision du monde totalement inédite, une façon de le ressentir et de l’expliquer qui m’épate à chaque fois ; il croit ce qu’il dit et ses yeux roulent comme bat son petit cœur. Alors je m’accroche à ses lèvres, je bois sa voix étrange et suis impatient comme un gosse.
Ils sont allés au restaurant. Un italien près du lac. Elle aime la danse. Il lui raconte sa passion pour le modélisme. Ils boivent un peu trop, parce qu’ils n’ont pas l’habitude. Ils s’esclaffent dans la rue, bras dessus bras dessous. Il a du mal à la raccompagner : farceurs, les ingénieurs des ponts et chaussées ont rajouté des virages entre-temps. Arrivés chez elle, les hormones chatouillent. Ils montent. En remettent une lichette.
- Et alors ?
J’étais pire qu’une concierge qui a entendu des bruits au-dessus.
- Mon pote, tout ce qui suit, c’est moins de dix-huit !
Sans ciller, il me décrit tout. Et je peux vous dire, j’aurais pas aimé voir ça. Je suis sûr qu’il a gardé ses chaussettes, le grand.
- On se revoit ce soir !
Super, Marc. Garde-m’en un peu pour demain.
Re: La brosse à dents qui rit
Kasar, j'aime.
J'ai adoré le passage " la ville dansait", c'est de la poésie !
Je crois que c'est tout à fait ça, ton style, fais juste gaffe à ne pas tomber dans la facilité, le relâché. Il vaut mieux supprimer un jeu de mot que de donner l'impression d'un laissé aller ( je sais, c'est dur, de pas dire la connerie qu'on a sur le bout de la langue et qui nous fait marrer, ça démange terriblement, j'ai l'expérience, je compatis !)
Mais ce que je te dis c'est plutôt à titre préventif.
J'ai repéré une fote : repaire
Bizatoi
J'ai adoré le passage " la ville dansait", c'est de la poésie !
Je crois que c'est tout à fait ça, ton style, fais juste gaffe à ne pas tomber dans la facilité, le relâché. Il vaut mieux supprimer un jeu de mot que de donner l'impression d'un laissé aller ( je sais, c'est dur, de pas dire la connerie qu'on a sur le bout de la langue et qui nous fait marrer, ça démange terriblement, j'ai l'expérience, je compatis !)
Mais ce que je te dis c'est plutôt à titre préventif.
J'ai repéré une fote : repaire
Bizatoi
Invité- Invité
Re: La brosse à dents qui rit
Avant de poursuivre ma lecture :
Merci Kazar ! ^^
Voilà que Chaplin chante et danse dans ma tête avec la chanson de Titine. Je sens que ça va durer toute la journée...je réalisais que Titine était foutue
Merci Kazar ! ^^
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: La brosse à dents qui rit
Elle se suit toujours aussi facilement, ton histoire.
Te voilà bien prolifique ! Ne délaisse pas La Jeune fille et la montagne, hein ?
Merci de ta visite et de ton gentil commentaire !
Te voilà bien prolifique ! Ne délaisse pas La Jeune fille et la montagne, hein ?
Merci de ta visite et de ton gentil commentaire !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: La brosse à dents qui rit
Kazar, je n'avais pas réalisé que tu avais posté la suite, je viens de tout lire d'un coup en Word.
Je ne sais pas ce qui s'est dit auparavant, aussi je te livre mes impressions en vrac.
D'abord, dans le 2e texte je trouve que tu forces trop ton écriture, jeux de mots, métaphores, et qu'il se passe vraiment beaucoup de choses en peu de temps : la brosse, le portable, le bus, la voiture, ça fait beaucoup pour un seul homme et ça enlève de la crédibilité au récit.
Ensuite, au bout de tout ça, je me demande quand même où on va ; il est malheureux Seb on l'a compris, mais ça commence à devenir pesant, on a l'impression d'être au bord de quelque chose qui ne se matérialise pas.
Du bon côté de la médaille, il y a une écriture inventive, dynamique, drôle, des personnages sympathiques (Seb et Marc) et bien rendus (y compris M. Girot), même si pour le moment je n'accroche pas à Noura et encore moins à Lola. Les passages plus lents, de réflexion, de retour sur soi, de nostalgie (la grand-mère) sont bienvenus, qui créent une rupture dans le rythme assez effréné et linéaire du récit. En tout cas, l'ensemble est vraiment plaisant, facile à lire, divertissant. J'essaie de ne pas rater la suite.
Je ne sais pas ce qui s'est dit auparavant, aussi je te livre mes impressions en vrac.
D'abord, dans le 2e texte je trouve que tu forces trop ton écriture, jeux de mots, métaphores, et qu'il se passe vraiment beaucoup de choses en peu de temps : la brosse, le portable, le bus, la voiture, ça fait beaucoup pour un seul homme et ça enlève de la crédibilité au récit.
Ensuite, au bout de tout ça, je me demande quand même où on va ; il est malheureux Seb on l'a compris, mais ça commence à devenir pesant, on a l'impression d'être au bord de quelque chose qui ne se matérialise pas.
Du bon côté de la médaille, il y a une écriture inventive, dynamique, drôle, des personnages sympathiques (Seb et Marc) et bien rendus (y compris M. Girot), même si pour le moment je n'accroche pas à Noura et encore moins à Lola. Les passages plus lents, de réflexion, de retour sur soi, de nostalgie (la grand-mère) sont bienvenus, qui créent une rupture dans le rythme assez effréné et linéaire du récit. En tout cas, l'ensemble est vraiment plaisant, facile à lire, divertissant. J'essaie de ne pas rater la suite.
Invité- Invité
Re: La brosse à dents qui rit
Il faut que je relise tout en entier (je suis toujours un peu long à la comprenette). A chaud :
- Le style suit de très près le langage parlé. C'est un genre dont je ne suis pas friand. A plusieurs endroits, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de mots pour pas grand-chose. Il y a du bon et du moins bon, selon moi, des images amusantes et d'autres faciles, un peu "frime" ou "mode".
- Le style suit de très près le langage parlé. C'est un genre dont je ne suis pas friand. A plusieurs endroits, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de mots pour pas grand-chose. Il y a du bon et du moins bon, selon moi, des images amusantes et d'autres faciles, un peu "frime" ou "mode".
Marco- Nombre de messages : 33
Age : 65
Date d'inscription : 07/09/2008
Re: La brosse à dents qui rit
Coucou à tous.
Bon, comme j'ai pas envie de remonter ce post trop souvent moi-même, je vous mets le lien pour le doc Word. J'écris presque un chapitre par jour, donc c'est réactualisé assez souvent.
Vous n'aurez qu'à taper mon pseudo (kazar) dans la barre de recherche...de pseudo. Et voilou.
Merci de vos lectures. Island, tout est noté, et enregistré avec soin.
Merci Marco ! Si tu as du mal avec ce style, jette donc un oeil à mon autre projet, "La jeune fille et la montagne" : tu le trouveras dans le ventre de VE.
Le lien : http://grimsli.free.fr/kazar/
Hop, motus !
P.S : si un gentil modo voulait bien remonter ce lien en tête de fil...Merci !
< C'est ok. Liens corrigés >
Bon, comme j'ai pas envie de remonter ce post trop souvent moi-même, je vous mets le lien pour le doc Word. J'écris presque un chapitre par jour, donc c'est réactualisé assez souvent.
Vous n'aurez qu'à taper mon pseudo (kazar) dans la barre de recherche...de pseudo. Et voilou.
Merci de vos lectures. Island, tout est noté, et enregistré avec soin.
Merci Marco ! Si tu as du mal avec ce style, jette donc un oeil à mon autre projet, "La jeune fille et la montagne" : tu le trouveras dans le ventre de VE.
Le lien : http://grimsli.free.fr/kazar/
Hop, motus !
P.S : si un gentil modo voulait bien remonter ce lien en tête de fil...Merci !
< C'est ok. Liens corrigés >
Re: La brosse à dents qui rit
bon, je n'ai pas lu les commentaires des autres vééliens mais j'ai aperçu quelques j'aime bien et autres avis positifs ... c'est cool, ça veut dire que c'est peut être moi qui n'ai pas su apprécié ton texte ...
ben oui, jusqu'à maintenant, j'étais plutôt "client" de ce que tu nous a proposé à lire mais cette fois, j'avoue que je ne suis pas conquis.
En vrac :
- ton premier paragraphe sur le réveil ... ne m'a pas accroché et ne m'a pas donné envie de poursuivre la lecture. je l'ai trouvé un peu forcé, un peu "je ne sais pas comment commencer mon récit alors ..."
- quelques jeux de mots ne m'ont pas semblé très heureux. (le pull d'haleine, les chaussures violées ... )
- au niveau du vocabulaire ou des références, je trouve que c'est un peu trop "situé". je veux dire par là qu'on sait tout de suite l'âge de l'auteur rien qu'en lisant les références à Jeanne et Serge, flick flack ... (soit dit en passant, suis pas sûr que quelqu'un ayant un âge un peu différent voit de quoi tu parles) et puis il y a aussi les "vend sa came", "ça nous pète dans les mains", "elle crise" ...
- j'aime bien la description de la vie de M.Girot, un peu moins celle de la grand-mère qui arrive comme un cheveu sur la soupe.
au final, je dirai que j'ai lu des choses bien meilleures sous ta plume. me semble ici, en tous cas à ce moment du récit, que tu nous proposes une énième auto-fiction, somme toute assez banale, presque clichetonneux par moment, avec un gars qui se réveille, il est seul, elle est partie, il essaie de se reconstruire, il vivote, des heurts à son boulot, l'accident de voiture, le bon copain de boulot, la bonne copine qui va finir dans son lit et qui va y rester même après le retour de Lola et les quelques hésitations du narrateur ... bref, ça manque d'une vraie originalité dans l'intrigue ou dans le style, me semble t'il.
ben oui, jusqu'à maintenant, j'étais plutôt "client" de ce que tu nous a proposé à lire mais cette fois, j'avoue que je ne suis pas conquis.
En vrac :
- ton premier paragraphe sur le réveil ... ne m'a pas accroché et ne m'a pas donné envie de poursuivre la lecture. je l'ai trouvé un peu forcé, un peu "je ne sais pas comment commencer mon récit alors ..."
- quelques jeux de mots ne m'ont pas semblé très heureux. (le pull d'haleine, les chaussures violées ... )
- au niveau du vocabulaire ou des références, je trouve que c'est un peu trop "situé". je veux dire par là qu'on sait tout de suite l'âge de l'auteur rien qu'en lisant les références à Jeanne et Serge, flick flack ... (soit dit en passant, suis pas sûr que quelqu'un ayant un âge un peu différent voit de quoi tu parles) et puis il y a aussi les "vend sa came", "ça nous pète dans les mains", "elle crise" ...
- j'aime bien la description de la vie de M.Girot, un peu moins celle de la grand-mère qui arrive comme un cheveu sur la soupe.
au final, je dirai que j'ai lu des choses bien meilleures sous ta plume. me semble ici, en tous cas à ce moment du récit, que tu nous proposes une énième auto-fiction, somme toute assez banale, presque clichetonneux par moment, avec un gars qui se réveille, il est seul, elle est partie, il essaie de se reconstruire, il vivote, des heurts à son boulot, l'accident de voiture, le bon copain de boulot, la bonne copine qui va finir dans son lit et qui va y rester même après le retour de Lola et les quelques hésitations du narrateur ... bref, ça manque d'une vraie originalité dans l'intrigue ou dans le style, me semble t'il.
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: La brosse à dents qui rit
le lien fonctionne bien Cette fois-çi. Le texte est plus facile à lire.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: La brosse à dents qui rit
'soir, kasar
Lu la suite. Et trouvé une certaine hétérogéneité dans le style, comme si c'était un plusieurs mains ...Ca doit être l'exo qui me travaille !!! La tirade sur les femmes ne s'accorde pas bien avec le reste, il y a aussi ce dialogue à une seule voix, un procédé amusant , mais qui fait un peu artificiel ; bref, je trouve que ça manque d'unité. (avec quand même quelques jolie trouvailles ! ) T'as un peu de ménage à faire, quoi !
Lu la suite. Et trouvé une certaine hétérogéneité dans le style, comme si c'était un plusieurs mains ...Ca doit être l'exo qui me travaille !!! La tirade sur les femmes ne s'accorde pas bien avec le reste, il y a aussi ce dialogue à une seule voix, un procédé amusant , mais qui fait un peu artificiel ; bref, je trouve que ça manque d'unité. (avec quand même quelques jolie trouvailles ! ) T'as un peu de ménage à faire, quoi !
Invité- Invité
Re: La brosse à dents qui rit
Beaucoup de choses que j'ai aimées, dans cette suite... et d'autres un peu moins. J'ai l'impression que tu as, un peu, changé de ton ( plus apitoyé, peut-être ) et j'ai peur d'un dénouement du genre Seb' se trouve une autre nana ( Noura, par exemple ) et il jette la brosse à dent ou il rencontre Lola avec un autre mec et il pète les plombs...
Je ne sais pas. J'imagine un élément perturbateur, quelque chose d'un peu barré qui pourrait lui tomber dessus là, maintenant, quand il se trouve dans le creux de la vague. Quelque chose qui ne soit pas sans évoquer le fantastique et qui briserait cet insupportable quotidien, qui lui ferait relativiser les choses.
Sinon, je voyais Lola blonde et elle vient de subir une métamorphose dans mon p'tit crâne. J'aime la manière dont son personnage évolue, la rendant plus intéressante qu'elle ne l'était au départ. Je trouve, du coup, un ton un tantinet plus mélancolique à ton histoire ( d'où mon impression de changement de couleur de ton écrit ). Bref, c'est pas simple tout ça.
Je continue à suivre, avec plaisir, cette histoire et je vois que tu avances bien. Faudra que je pense à consulter le lien plus souvent.
Bon courage pour la suite de l'aventure !
Je ne sais pas. J'imagine un élément perturbateur, quelque chose d'un peu barré qui pourrait lui tomber dessus là, maintenant, quand il se trouve dans le creux de la vague. Quelque chose qui ne soit pas sans évoquer le fantastique et qui briserait cet insupportable quotidien, qui lui ferait relativiser les choses.
Sinon, je voyais Lola blonde et elle vient de subir une métamorphose dans mon p'tit crâne. J'aime la manière dont son personnage évolue, la rendant plus intéressante qu'elle ne l'était au départ. Je trouve, du coup, un ton un tantinet plus mélancolique à ton histoire ( d'où mon impression de changement de couleur de ton écrit ). Bref, c'est pas simple tout ça.
Je continue à suivre, avec plaisir, cette histoire et je vois que tu avances bien. Faudra que je pense à consulter le lien plus souvent.
Bon courage pour la suite de l'aventure !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: La brosse à dents qui rit
Sur les pages 13 à 18 du doc Word :
Si on est moins dans le langage parlé ici (enfin je trouve) on conserve néanmoins un registre familier, ce qui fait que l'utilisation du passé simple ou du subjonctif imparfait a de quoi surprendre :
Maintenant, dans le détail :
Restent des bricoles côté orthographe, rien d'important.
La fin de ce passage est pleine de promesses, Seb va (enfin) passer à l'action !
J'oubliais, le très joli frisson de jupe !
Si on est moins dans le langage parlé ici (enfin je trouve) on conserve néanmoins un registre familier, ce qui fait que l'utilisation du passé simple ou du subjonctif imparfait a de quoi surprendre :
Autre chose : il y a dans 2 ou 3 passages ce tic qui consiste à avancer une idée et à la rétracter immédiatement, comme si le narrateur (Seb) s'observait penser et essayait d'une part de s'opposer l'argument contraire à ce qu'il vient d'avancer, et d'autre part voulait devancer le lecteur qui pourrait le contredir sur ses jugements à l'emporte-pièce de Seb, un peu comme s'il (Seb/le narrateur) cherchait à se dédouaner. Je te donne les 3 exemples que j'ai relevés :Pourvu qu’elle ne se plaignît pas !
Mais les langues furent vite alourdies
Tout puissants qu’ils sont parfois —je parle de la fonction— les hommes oublient que les femmes sont celles qui dirigent dans l’ombre. Qu’elles sont au-dessus de tout. Et elles en rigolent, croyez-moi !
Non, ça ne peut être un schéma absolu. L’absolu n’existe pas.
Il faut que je peaufine. Mais la trame est là, non ?
Elle parlait sans manière, sans cette distance insupportable derrière laquelle se cachent toujours les filles que j’aborde. Enfin, je n’en aborde pas tant que ça, mais j’aime bien faire des généralités
Cela me porte à penser que tu écris en pensant trop au lecteur, et que peut-être tu devrais essayer, tout en le gardant à l'esprit, de l'éloigner un peu et débarrasser ainsi le récit de ce procédé de valse-hésitation...Le mec était fait, achevé par la vodka dont il s’était imbibé. Je ne me souviens plus de son prénom. Non pas que j’avais suivis les amis de Noura —et Noura elle-même— dans leur beuverie idiote, mais
Maintenant, dans le détail :
Non ! Enfin pas là, après oui, on comprend qu'il ne trouve plus les clefs mais ça arrive un peu comme un cheveu sur la soupe.C’est ballot.
Moi aussi, je les oublie souvent. Et ça me rend dingue, vous voyez.
On vit dans un monde où le matériel nous aveugle. Sans valeur matérielle, pas de voleurs. Sans voleurs, pas de clés puisque pas de portes. Vous me suivez ?
je ne vois pas que ça est :-)Et puis, je ne vous cache pas que j’aime ça
je croyais qu'on réservait ça aux "vieilles" de 40 ans et +où sa beauté fanait
un sac qu'on tient d'une mainsac à mains
on est engoncé, on n'en a pas l'air ; coincé, tout bêtement ?mon air engoncé
pour qu'ils ne s'échappent pas, serait plus facile à dire ?Pour ne pas qu’ils s’échappent.
Restent des bricoles côté orthographe, rien d'important.
La fin de ce passage est pleine de promesses, Seb va (enfin) passer à l'action !
J'oubliais, le très joli frisson de jupe !
Invité- Invité
Re: La brosse à dents qui rit
Faire un bon mot, c'est bien. En faire deux, trois, ça peut être dangereux. Et quand ils se mutliplient, ça devient lassant. En gros, c'est un peu ce que je ressens, une impression de ton trop forcé, pour bien faire, pour que ça ait de l'effet, mais sur du long terme, ça épuise quelque peu l'attention et l'envie de poursuivre. Il y a pourtant de bonnes choses, notamment le rythme et aussi une certaine légèreté dans l'approche, mais ça sent le too much à mes yeux, donc j'adhère moyennement. Dommage, parce que le style kazar, au fur et à mesure, il prend forme, et ça serait bien qu'il se dégage de certains moules pour devenir soi, sans inspiration ni miroir. Qu'il reste naturel, quoi.
Alléger, donc. Souffler aussi. Ne pas en faire trop question enthousiasme, parce que ça déborde de partout. Y a du potentiel dans tout ça, c'est sûr, mais c'est à revoir à mes yeux.
Alléger, donc. Souffler aussi. Ne pas en faire trop question enthousiasme, parce que ça déborde de partout. Y a du potentiel dans tout ça, c'est sûr, mais c'est à revoir à mes yeux.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Page 1 sur 2 • 1, 2
Sujets similaires
» La brosse à dents... (nouvelle)
» Brosse Eliande
» Croquer la vie à pleine dents
» Les dents de Marie
» Réponses aux commentaires "Poésie"
» Brosse Eliande
» Croquer la vie à pleine dents
» Les dents de Marie
» Réponses aux commentaires "Poésie"
Page 1 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum