La brosse à dents... (nouvelle)
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La brosse à dents... (nouvelle)
Cette nouvelle fait partie d'un recueil "Pas de deux"... Des rencontres, qui finissent tantôt bien, tantôt mal... De ces rencontres qui arrivent comme ça, sur internet, en répondant à une petite annonce, ou dans la vie, au hasard d'une balade, d'une réunion entre amis...
L’aéroport est en vue, la voix rassurante du pilote énumère les recommandations de circonstance. Ongles ancrés aux accoudoirs, elle serre les dents. Toujours le même petit pincement au creux de l’estomac alors que l’avion amorce la descente. C’est au décollage et à l’atterrissage qu’il y a le plus de risque lors d’un vol… Cette affirmation entendue, un jour, au hasard d’une conversation, vient la titiller à chaque fois qu’elle opte pour ce moyen de transport.
D’ordinaire, elle préfère le train, mais dans le cas présent, il y avait urgence.
Bien la première fois d’ailleurs qu’elle regrette demeurer dans l’un de ces villages accrochés aux flancs des Pyrénées. Charmants, mais tellement loin de toutes commodités !
Cependant, elle n’est pas mécontente de cette inquiétude qui la distrait de celle qui la mine depuis quelques jours.
Depuis qu’elle a pris cette décision complètement folle de rencontrer X !
Mais il leur fallait bien sauter le pas un jour ou l’autre !
Après ces longs mois d’échanges pas emails, SMS et téléphone, avec ce sentiment qui, peu à peu, s’est insinué en eux, il ne pouvait en aller autrement ! C’était inévitable ! Inéluctable !
Elle ne sait plus comment elle s’est retrouvée, un soir, à consulter, via Internet, les tarifs et horaires des vols en direction de Paris. Ni à comparer les prix des hôtels de la capitale. Elle a encore du mal à comprendre comment elle a pu - elle ! Et « en ligne » de surcroît - acheter ses billets d’avion et, plus encore, retenir une chambre double à l’hôtel du quai Voltaire. « Avec un grand lit ! » a-t-elle même eu l’audace de préciser dans son message ! Elle se voit encore écrire « avec vue sur la mer ! » au lieu de « la Seine » La personne qui s’est occupée de sa réservation a dû bien rire à ses dépens ! Quand elle y pense, elle en rougit encore de confusion !
Comment décrire son trouble tandis qu’elle lui annonçait qu’elle arrivait ? Et l’émotion qu’il a montrée, lui !
Et combien elle a regretté très vite cette démonstration d’une témérité jusqu’alors insoupçonnée chez elle !
Combien également les jours d’attente lui ont paru aussi longs que passer trop vite !
Mais les dés sont jetés. Les roues effleurent la piste, s’y accrochent. L’oiseau blanc s’est posé et bientôt expulsera ses passagers. Elle et les autres !
Quelques secondes devant elle pour se défaire d’un reste d’irrésolution.
Et ensuite tout s’enchaîne très vite. Elle suit le mouvement, se lève, réajuste jupe et pull et retend ses bas. Insatisfaite du résultat, elle se résigne néanmoins à récupérer son manteau dans la soute au-dessus de sa tête et tâtonne un peu pour atteindre son sac. À peine un pied posé dans la travée centrale qu’elle est entraînée par les uns et les autres, qui la guident vers le sas, la poussent à traverser une passerelle, la déposent sur un sol ferme.
Noyée dans un flot d’inconnus aveugles à son désarroi, elle se laisse emporter par un tapis roulant tout droit vers la sortie.
Là, elle hésite. Taxi ou RER ? Elle n’est pas pressée ! Il est tout juste 17h30 ! Lui, il ne sera libre que vers 19 heures. Le temps de fermer boutique, de traverser Paris… et… et…
Elle se décide pour le RER. Histoire d’occuper les minutes, de meubler une attente. De l’aéroport d’Orly au Quai Voltaire, il suffit d’un changement de ligne, son bagage est léger, et de plus, avoir du monde autour d’elle ne pourra que la distraire des questions qui lui taraudent l’esprit.
La distraire ? Y croit-elle seulement alors que dans sa tête des images se bousculent, se chevauchent, dénoncent!
Une folie ! Totale ! Que connaît-elle de cet homme vers lequel un train indifférent l’emporte ? Des mots ? Quelques photos ? Et cette émotion qu’il a su éveiller dans son cœur endormi depuis des années !
Se retrouver à des centaines de kilomètres de chez elle, à cause d’un message ! Un banal message dans sa boîte email. Presque invisible, noyé dans ces dizaines de spam qu’elle supprime, de deux clics de souris, chaque matin.
Quelques mots d’une tristesse infinie, pour la remercier de la douceur apaisante d’un commentaire qu’elle avait posté elle ne saurait plus dire où, ni à propos de quoi.
Auxquels, émue, elle avait répondu.
Un geste spontané qui n’attendait nul retour.
Et retour il y eût.
Jour après jour, nuit après nuit.
Nuit après nuit, d’abord. Toutes les nuits devant un écran… des clics et des clics pour actualiser une boite à lettres virtuelles… pour des mots à s’écrire et à lire. Des pages et des pages de mots.
Jour après jour ensuite. À cause d’une panne d’Internet qui les avait séparés durant des heures, ils échangèrent leurs numéros de téléphone et les SMS fleurirent sur d’autres écrans. Des « coucou »… pour faire ces jours plus courts. Une attente tolérable. Un lien constant.
Des semaines durant.
Et puis, un soir… une vibration incongrue sur le plan de travail, alors qu’elle préparait le dîner, qu’elle plaisantait avec Pierre, son mari. Devant le regard interrogateur de ce dernier, elle avait hésité, troublée, déjà coupable. Ce fut entre deux tours de cuillère que, comme distraitement, elle avait jeté un œil. Sur la petite fenêtre lumineuse… trois mots et elle le rouge au front.
"Vous avez écrit : « Je vous aime » ! …
Je ne m’attendais pas à cela… je l’avoue… vraiment pas ! « Baiser » ou « caresse » en lieu de bisou… un simple pas… un tout petit pas.
Je ne pensais pas… je n’ai jamais pensé que vous en viendriez à cela… Et me voilà tremblante comme si j’avais exécuté un exercice périlleux au-dessus d’un triple filet de protection alors que de filet, il n’y avait plus. Quoique… la chute a été douce et belle… Un peu vertigineuse mais… Belle ! Il n’y a donc rien à regretter. Et puis… si c’est arrivé c’est que cela devait être !
J’ai l’émotion au fil des lèvres, à ras le cœur… au bout des doigts.
Tellement que j’en ai l’esprit engourdi.
Et il nous faut être prudents et retenus… pas pour les autres, ils ne savent pas… ils sont si loin de tout cela… Et il n’est nul besoin qu’ils sachent. Il ne faut absolument pas qu’ils sachent. Mais pour ne pas bousculer une paix, une sérénité, tellement fragiles qu’un simple regard interrogateur, inquiet, inamical, suffirait à les fissurer, suffirait à tiédir une chaleur réconfortante, suffirait à ternir une lumière encore timide.
Prudents et retenus pour nous… Pour ne rien abîmer…
Et parce que… parce que l’amour est affaire d’esprit, d’âme… mais aussi d’épiderme, oui…de grain de peau ! Et d’odeur, de saveur… une curieuse alchimie… Nous en apprécions, nous en savourons l’un des ingrédients, sans doute le plus précieux puisqu’il est le plus tenace, le plus… le plus… mmmmmmmmm…Les autres n’étant qu’éphémères. Mais ces autres comptent aussi au début… et nous en sommes… non, nous n’en sommes pas au début. Nous avons commencé par l’aboutissement…
Demain nous le dira. Un jour…
Oui…un jour… un jour, vous lirez au hasard d’un message : « je serai au Champ de Mars entre telle et telle heure »… ou ailleurs. Un lieu que vous ne choisirez pas, parce qu’il faudra que vous veniez jusqu’à moi… Cette rencontre, cela fait tellement longtemps que je la décris, que je me contente de la vivre en rêve… de ne faire qu’en rêver… de n’accepter que d’en rêver… vous n’allez pas me priver des meilleures pages que j’écris à l’encre invisible sur les ombres de la nuit.
Ce n’est pas pour demain, ni même dans un mois… Nous avons le temps de voir venir… d’y réfléchir. Je ne vous en parlerai plus… à moins qu'un rugissement de fauve me pousse à sauter dans le premier train en partance vers Paris...
Oh ! Mon téléphone… il a vibré et sonné et durant un instant j’ai cru ou espéré… mais non… mon fils… seulement mon fils… j’aurais dû savoir que ce ne pouvait être vous… je vous ai attribué une sonnerie bien à part… un groupe à vous tout seul !»
Un pas hors de la zone abritée et une bourrasque glacée la cueille. Que ce mois de décembre est froid ! Elle aurait dû attendre les beaux jours ! Comment envisager des promenades nocturnes et romantiques sur les quais de la Seine sous de telles températures ? Cette fausse fourrure dans laquelle elle s’emmitoufle ne sera pas de trop ! Elle en remonte le col, cale la bandoulière de son sac sur son épaule et glisse les mains dans les manches dont elle fait un chaud manchon.
Le panneau d’affichage lui signale 6 minutes d’attente.
Six minutes après six mois de dialogues !
Fin juin pour le premier signe… début septembre, le « je vous aime »… et là, mi-décembre pour un presque aboutissement.
Bien à l’abri, au cœur de son grand sac, dans une petite pochette de toile expressément réalisée pour eux, trois livres reliés artisanalement. Leurs messages, qu’elle a imprimés et assemblés en « saisons » et une couleur différente pour la couverture de chacune.
La première est d’un jaune aussi lumineux et chaud qu’une amitié naissante. La seconde s’est vue attribuer un vert de bourgeon aussi frais et fragile qu’une espérance.
Pour cette troisième… combien elle a hésité ! Elle a balancé entre le rouge et le rose, et le rose l’a remporté. Un rose d’émoi d’adolescente, réservant ainsi le rouge sang, le rouge brûlure, le rouge intense, à la passion.
Et maintenant ?
Maintenant j’ai l’impression d’aborder une troisième saison. Et je lorgne mon recueil à la couverture verte… me demandant s’il n’est pas temps d’en ouvrir un autre.
Que diriez-vous de… orange ? Un bel orange éclatant ? Je ne sais pas…Quoique ! Ceci m’évoque un beau fruit à déguster quartier après quartier… chacun aussi juteux et sucré que le précédent…
Bleu ? Un bleu de ciel sans nuage ? Non ! Ce serait justement le défier… Si l’azur venait à être jaloux de notre si parfaite uniformité, ne nous enverrait-il pas quelques cumulus nimbus pour la troubler ?
Pas violet, ni noir, ni gris… trop… trop… je ne sais pas… non… pas ces trois-là !
Arc-en-ciel ? Je devrais pouvoir en trouver… quitte à le peindre moi-même ! Suis-je bête de ne pas y avoir pensé plus tôt avec tous ces tubes et bâtons de couleur qui dorment dans une boîte presque oubliée !
Et Rose ? Oui… ça fait fille, je sais ! Et puis vous m’avez dit un jour que, pour vous, il évoque tendresse, douceur… (ce serait après le rouge, non ?) Mais… mais vous aviez écrit également volupté ! Et ça, ça me plait bien !
Parce que le rouge… non… pas encore… pas déjà…
Que dois-je faire ? Que feriez-vous, vous ! Je sais… mais je voudrais que vous me le disiez…
Sur le seuil de l’hôtel, à l’instant d’en pousser la porte, voilà que sa gorge se serre. Et qu’elle se surprend à jeter des regards furtifs à droite, à gauche. Femme respectable sur le point de déchoir adultère. Image qui fait fleurir un sourire sur ses lèvres.
Pas d’hésitation cependant. Après tout, rien n’est consommé encore. Elle s’entend donner son nom. De jeune fille. L’épouse, ici, n’a rien à faire.
Elle demande à régler d’avance. En espèces. Aucune trace.
La chambre est au troisième étage. Un grand lit dans un décor banal. Un petit bureau, une armoire, un guéridon, deux fauteuils. Une salle de bains fonctionnelle. Mais la fenêtre ouvre au-dessus de la Seine, face au Musée du Louvre et au Jardin des tuileries. Exactement ce qu’elle espérait. Juste un regard pour satisfaire à l’attente de l’hôtelier, le temps de lui assurer que « tout est parfait »Elle est pressée surtout de s’en défaire.
Enfin seule, elle se déleste de son bagage, fouille son sac à main, en extrait son petit téléphone portable, compose un sms. « Je suis arrivée à l’hôtel ! »
Elle frissonne un peu en appuyant sur la touche « envoyer»
Et elle est déjà à la porte, la franchit, dédaigne un ascenseur qu’elle devrait attendre, dévale les escaliers, confie la clé à l’accueil et déboule sur le trottoir.
Paris… Paris… Paris ! Combien elle aime cette ville ! Elle n’en aurait pas souhaité une autre pour y renaître ainsi.
Un pas et le petit appareil à coque rouge, celui qu’elle ne lâche plus depuis des semaines, celui avec lequel elle s’endort chaque nuit, vibre entre ses doigts.
Elle regarde, un peu interloquée, la minuscule enveloppe qui s’est affichée sur l’écran. Un sms ?
« Je ferme le magasin ! »
Il sera là bientôt ! Elle a juste le temps de prendre un peu d’avance.
Elle l’imagine, maladroit de trop d’urgence, ranger un peu, éteindre, baisser le rideau métallique. Y a-t-il un rideau ? Forcément ! Tous les magasins en ont un ! Il fait un froid atroce, qui lui mord cruellement les mains, les joues, le nez.
Et elle tremble.
********************************************************
L’aéroport est en vue, la voix rassurante du pilote énumère les recommandations de circonstance. Ongles ancrés aux accoudoirs, elle serre les dents. Toujours le même petit pincement au creux de l’estomac alors que l’avion amorce la descente. C’est au décollage et à l’atterrissage qu’il y a le plus de risque lors d’un vol… Cette affirmation entendue, un jour, au hasard d’une conversation, vient la titiller à chaque fois qu’elle opte pour ce moyen de transport.
D’ordinaire, elle préfère le train, mais dans le cas présent, il y avait urgence.
Bien la première fois d’ailleurs qu’elle regrette demeurer dans l’un de ces villages accrochés aux flancs des Pyrénées. Charmants, mais tellement loin de toutes commodités !
Cependant, elle n’est pas mécontente de cette inquiétude qui la distrait de celle qui la mine depuis quelques jours.
Depuis qu’elle a pris cette décision complètement folle de rencontrer X !
Mais il leur fallait bien sauter le pas un jour ou l’autre !
Après ces longs mois d’échanges pas emails, SMS et téléphone, avec ce sentiment qui, peu à peu, s’est insinué en eux, il ne pouvait en aller autrement ! C’était inévitable ! Inéluctable !
Elle ne sait plus comment elle s’est retrouvée, un soir, à consulter, via Internet, les tarifs et horaires des vols en direction de Paris. Ni à comparer les prix des hôtels de la capitale. Elle a encore du mal à comprendre comment elle a pu - elle ! Et « en ligne » de surcroît - acheter ses billets d’avion et, plus encore, retenir une chambre double à l’hôtel du quai Voltaire. « Avec un grand lit ! » a-t-elle même eu l’audace de préciser dans son message ! Elle se voit encore écrire « avec vue sur la mer ! » au lieu de « la Seine » La personne qui s’est occupée de sa réservation a dû bien rire à ses dépens ! Quand elle y pense, elle en rougit encore de confusion !
Comment décrire son trouble tandis qu’elle lui annonçait qu’elle arrivait ? Et l’émotion qu’il a montrée, lui !
Et combien elle a regretté très vite cette démonstration d’une témérité jusqu’alors insoupçonnée chez elle !
Combien également les jours d’attente lui ont paru aussi longs que passer trop vite !
Mais les dés sont jetés. Les roues effleurent la piste, s’y accrochent. L’oiseau blanc s’est posé et bientôt expulsera ses passagers. Elle et les autres !
Quelques secondes devant elle pour se défaire d’un reste d’irrésolution.
Et ensuite tout s’enchaîne très vite. Elle suit le mouvement, se lève, réajuste jupe et pull et retend ses bas. Insatisfaite du résultat, elle se résigne néanmoins à récupérer son manteau dans la soute au-dessus de sa tête et tâtonne un peu pour atteindre son sac. À peine un pied posé dans la travée centrale qu’elle est entraînée par les uns et les autres, qui la guident vers le sas, la poussent à traverser une passerelle, la déposent sur un sol ferme.
Noyée dans un flot d’inconnus aveugles à son désarroi, elle se laisse emporter par un tapis roulant tout droit vers la sortie.
Là, elle hésite. Taxi ou RER ? Elle n’est pas pressée ! Il est tout juste 17h30 ! Lui, il ne sera libre que vers 19 heures. Le temps de fermer boutique, de traverser Paris… et… et…
Elle se décide pour le RER. Histoire d’occuper les minutes, de meubler une attente. De l’aéroport d’Orly au Quai Voltaire, il suffit d’un changement de ligne, son bagage est léger, et de plus, avoir du monde autour d’elle ne pourra que la distraire des questions qui lui taraudent l’esprit.
La distraire ? Y croit-elle seulement alors que dans sa tête des images se bousculent, se chevauchent, dénoncent!
Une folie ! Totale ! Que connaît-elle de cet homme vers lequel un train indifférent l’emporte ? Des mots ? Quelques photos ? Et cette émotion qu’il a su éveiller dans son cœur endormi depuis des années !
Se retrouver à des centaines de kilomètres de chez elle, à cause d’un message ! Un banal message dans sa boîte email. Presque invisible, noyé dans ces dizaines de spam qu’elle supprime, de deux clics de souris, chaque matin.
Quelques mots d’une tristesse infinie, pour la remercier de la douceur apaisante d’un commentaire qu’elle avait posté elle ne saurait plus dire où, ni à propos de quoi.
Auxquels, émue, elle avait répondu.
Un geste spontané qui n’attendait nul retour.
Et retour il y eût.
Jour après jour, nuit après nuit.
Nuit après nuit, d’abord. Toutes les nuits devant un écran… des clics et des clics pour actualiser une boite à lettres virtuelles… pour des mots à s’écrire et à lire. Des pages et des pages de mots.
Jour après jour ensuite. À cause d’une panne d’Internet qui les avait séparés durant des heures, ils échangèrent leurs numéros de téléphone et les SMS fleurirent sur d’autres écrans. Des « coucou »… pour faire ces jours plus courts. Une attente tolérable. Un lien constant.
Des semaines durant.
Et puis, un soir… une vibration incongrue sur le plan de travail, alors qu’elle préparait le dîner, qu’elle plaisantait avec Pierre, son mari. Devant le regard interrogateur de ce dernier, elle avait hésité, troublée, déjà coupable. Ce fut entre deux tours de cuillère que, comme distraitement, elle avait jeté un œil. Sur la petite fenêtre lumineuse… trois mots et elle le rouge au front.
"Vous avez écrit : « Je vous aime » ! …
Je ne m’attendais pas à cela… je l’avoue… vraiment pas ! « Baiser » ou « caresse » en lieu de bisou… un simple pas… un tout petit pas.
Je ne pensais pas… je n’ai jamais pensé que vous en viendriez à cela… Et me voilà tremblante comme si j’avais exécuté un exercice périlleux au-dessus d’un triple filet de protection alors que de filet, il n’y avait plus. Quoique… la chute a été douce et belle… Un peu vertigineuse mais… Belle ! Il n’y a donc rien à regretter. Et puis… si c’est arrivé c’est que cela devait être !
J’ai l’émotion au fil des lèvres, à ras le cœur… au bout des doigts.
Tellement que j’en ai l’esprit engourdi.
Et il nous faut être prudents et retenus… pas pour les autres, ils ne savent pas… ils sont si loin de tout cela… Et il n’est nul besoin qu’ils sachent. Il ne faut absolument pas qu’ils sachent. Mais pour ne pas bousculer une paix, une sérénité, tellement fragiles qu’un simple regard interrogateur, inquiet, inamical, suffirait à les fissurer, suffirait à tiédir une chaleur réconfortante, suffirait à ternir une lumière encore timide.
Prudents et retenus pour nous… Pour ne rien abîmer…
Et parce que… parce que l’amour est affaire d’esprit, d’âme… mais aussi d’épiderme, oui…de grain de peau ! Et d’odeur, de saveur… une curieuse alchimie… Nous en apprécions, nous en savourons l’un des ingrédients, sans doute le plus précieux puisqu’il est le plus tenace, le plus… le plus… mmmmmmmmm…Les autres n’étant qu’éphémères. Mais ces autres comptent aussi au début… et nous en sommes… non, nous n’en sommes pas au début. Nous avons commencé par l’aboutissement…
Demain nous le dira. Un jour…
Oui…un jour… un jour, vous lirez au hasard d’un message : « je serai au Champ de Mars entre telle et telle heure »… ou ailleurs. Un lieu que vous ne choisirez pas, parce qu’il faudra que vous veniez jusqu’à moi… Cette rencontre, cela fait tellement longtemps que je la décris, que je me contente de la vivre en rêve… de ne faire qu’en rêver… de n’accepter que d’en rêver… vous n’allez pas me priver des meilleures pages que j’écris à l’encre invisible sur les ombres de la nuit.
Ce n’est pas pour demain, ni même dans un mois… Nous avons le temps de voir venir… d’y réfléchir. Je ne vous en parlerai plus… à moins qu'un rugissement de fauve me pousse à sauter dans le premier train en partance vers Paris...
Oh ! Mon téléphone… il a vibré et sonné et durant un instant j’ai cru ou espéré… mais non… mon fils… seulement mon fils… j’aurais dû savoir que ce ne pouvait être vous… je vous ai attribué une sonnerie bien à part… un groupe à vous tout seul !»
Un pas hors de la zone abritée et une bourrasque glacée la cueille. Que ce mois de décembre est froid ! Elle aurait dû attendre les beaux jours ! Comment envisager des promenades nocturnes et romantiques sur les quais de la Seine sous de telles températures ? Cette fausse fourrure dans laquelle elle s’emmitoufle ne sera pas de trop ! Elle en remonte le col, cale la bandoulière de son sac sur son épaule et glisse les mains dans les manches dont elle fait un chaud manchon.
Le panneau d’affichage lui signale 6 minutes d’attente.
Six minutes après six mois de dialogues !
Fin juin pour le premier signe… début septembre, le « je vous aime »… et là, mi-décembre pour un presque aboutissement.
Bien à l’abri, au cœur de son grand sac, dans une petite pochette de toile expressément réalisée pour eux, trois livres reliés artisanalement. Leurs messages, qu’elle a imprimés et assemblés en « saisons » et une couleur différente pour la couverture de chacune.
La première est d’un jaune aussi lumineux et chaud qu’une amitié naissante. La seconde s’est vue attribuer un vert de bourgeon aussi frais et fragile qu’une espérance.
Pour cette troisième… combien elle a hésité ! Elle a balancé entre le rouge et le rose, et le rose l’a remporté. Un rose d’émoi d’adolescente, réservant ainsi le rouge sang, le rouge brûlure, le rouge intense, à la passion.
Et maintenant ?
Maintenant j’ai l’impression d’aborder une troisième saison. Et je lorgne mon recueil à la couverture verte… me demandant s’il n’est pas temps d’en ouvrir un autre.
Que diriez-vous de… orange ? Un bel orange éclatant ? Je ne sais pas…Quoique ! Ceci m’évoque un beau fruit à déguster quartier après quartier… chacun aussi juteux et sucré que le précédent…
Bleu ? Un bleu de ciel sans nuage ? Non ! Ce serait justement le défier… Si l’azur venait à être jaloux de notre si parfaite uniformité, ne nous enverrait-il pas quelques cumulus nimbus pour la troubler ?
Pas violet, ni noir, ni gris… trop… trop… je ne sais pas… non… pas ces trois-là !
Arc-en-ciel ? Je devrais pouvoir en trouver… quitte à le peindre moi-même ! Suis-je bête de ne pas y avoir pensé plus tôt avec tous ces tubes et bâtons de couleur qui dorment dans une boîte presque oubliée !
Et Rose ? Oui… ça fait fille, je sais ! Et puis vous m’avez dit un jour que, pour vous, il évoque tendresse, douceur… (ce serait après le rouge, non ?) Mais… mais vous aviez écrit également volupté ! Et ça, ça me plait bien !
Parce que le rouge… non… pas encore… pas déjà…
Que dois-je faire ? Que feriez-vous, vous ! Je sais… mais je voudrais que vous me le disiez…
Sur le seuil de l’hôtel, à l’instant d’en pousser la porte, voilà que sa gorge se serre. Et qu’elle se surprend à jeter des regards furtifs à droite, à gauche. Femme respectable sur le point de déchoir adultère. Image qui fait fleurir un sourire sur ses lèvres.
Pas d’hésitation cependant. Après tout, rien n’est consommé encore. Elle s’entend donner son nom. De jeune fille. L’épouse, ici, n’a rien à faire.
Elle demande à régler d’avance. En espèces. Aucune trace.
La chambre est au troisième étage. Un grand lit dans un décor banal. Un petit bureau, une armoire, un guéridon, deux fauteuils. Une salle de bains fonctionnelle. Mais la fenêtre ouvre au-dessus de la Seine, face au Musée du Louvre et au Jardin des tuileries. Exactement ce qu’elle espérait. Juste un regard pour satisfaire à l’attente de l’hôtelier, le temps de lui assurer que « tout est parfait »Elle est pressée surtout de s’en défaire.
Enfin seule, elle se déleste de son bagage, fouille son sac à main, en extrait son petit téléphone portable, compose un sms. « Je suis arrivée à l’hôtel ! »
Elle frissonne un peu en appuyant sur la touche « envoyer»
Et elle est déjà à la porte, la franchit, dédaigne un ascenseur qu’elle devrait attendre, dévale les escaliers, confie la clé à l’accueil et déboule sur le trottoir.
Paris… Paris… Paris ! Combien elle aime cette ville ! Elle n’en aurait pas souhaité une autre pour y renaître ainsi.
Un pas et le petit appareil à coque rouge, celui qu’elle ne lâche plus depuis des semaines, celui avec lequel elle s’endort chaque nuit, vibre entre ses doigts.
Elle regarde, un peu interloquée, la minuscule enveloppe qui s’est affichée sur l’écran. Un sms ?
« Je ferme le magasin ! »
Il sera là bientôt ! Elle a juste le temps de prendre un peu d’avance.
Elle l’imagine, maladroit de trop d’urgence, ranger un peu, éteindre, baisser le rideau métallique. Y a-t-il un rideau ? Forcément ! Tous les magasins en ont un ! Il fait un froid atroce, qui lui mord cruellement les mains, les joues, le nez.
Et elle tremble.
Reginelle- Nombre de messages : 1753
Age : 74
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
C’est difficile… de retrouver un ton léger alors que… et pour la première fois depuis bien longtemps c’est moi qui n’ose plus… qui retiens mes doigts. Qu’ils n’aillent pas taper n’importe quoi sur un clavier n’ayant pas plus de cervelle qu’un moucheron !
Vous avez écrit «Il faut qu’elle sache, je ne peux plus garder ça pour moi et en même temps je me le suis avoué »…
Je me suis trompée alors. Car je pensais que vous le saviez déjà et que vous ne vouliez seulement rien m’en dire…
Êtes-vous certain de ne pas vous tromper ? De ne pas aimer seulement un… personnage… un être idéalisé au fil d’une correspondance ? Est-ce bien moi que vous voyez ?
Non… je ne veux pas savoir ! Il sera bien assez tôt pour cela !
Vous n’avez rien bousculé… vous me connaissez si peu au fond… « la lente évolution que j’aime tant »… oui… parce que vous êtes loin… mais si vous étiez là… j’aime être bousculée, assaillie… oui… prise d’assaut… presque par surprise… non… totalement par surprise. Dans l’urgence.
Comme un manque à satisfaire coûte que coûte. J’aime les deux… un cheminement tranquille côte à côte et aussi… aussi…
Ne soyez pas jaloux du tout… ou alors soyez-le férocement. Cessez de vous brider… d’être ce que chacun attend que vous soyez.. Votre voix, ce que vous écrivez, ce que vous laissez fuir de vous, ligne après ligne… cela ne ressemble pas à ce que vous dites être souvent.
Et si vous croyez être de trop, battez-vous… soyez conquérant. Vous pouvez l’être
Et il est vrai qu’il n’est jamais trop tard… pour personne. D’être ce qu’il est, de vivre comme il l’entend… et de plus c’est l’apanage de l’âge : ne plus rien avoir à prouver, faire ce que l’on a envie, et se moquer éperdument du qu’en dira-t-on ! Alors… soyez exigeant, soyez possessif, accordez-vous le droit d’être enfin ! Mais pas timide, pas… résigné… jamais !
Vous parler ? Croyez-vous que cela soit facile pour moi ? Alors qu’il me suffit de vous écouter respirer ? De vous sentir là, presque à portée… tout proche… au creux de mon oreille ? Oui.. vous m’avez conquise… mot après mot… sensation après sensation… et vous pourriez être petit, borgne et bossu, je ne vous en aimerais pas moins…
C’est grave docteur ? Pardon ! pas docteur, j’oubliai… c’est grave « monsieur » le professeur… très grave…
« Ne le savez vous déjà………Je vous aime »… je suis restée paralysée devant l’écran de mon petit téléphone rouge… Et je me demande si je ne le suis pas devenue autant que lui… de surprise… d’émotion contenue… de… et le « oh » a été longtemps seulement ce que j’ai été capable d’écrire alors que mon cerveau (encore lui !) s’efforçait désespérément d’organiser des lettres en mots et des mots en phrases…
Vous parler du temps ! Alors que je voudrais vous dire tellement…
Si je pouvais trouver l’audace de les « dire »… de les prononcer… de vous les glisser à l’oreille…
C’est si simple… tellement naturel de vous les écrire… « je vous aime »
« Je vous aime ». Combien de fois les a-t-elle dits, ces mots ? Bien davantage ces dernières semaines que durant toute une vie.
Col remonté jusqu’aux oreilles, elle se hâte vers le quartier Saint-Michel, vers l’île de la Cité. Elle veut mettre un maximum de distance entre elle et l’hôtel. Elle se veut proie, elle se veut objet de désir, elle se veut quête. Et lui, elle le veut chasseur opiniâtre, elle le veut amant vorace, elle le veut conquérant ardent.
« As-tu déjà un programme ? Nous ? Peut-être une envie particulière ? »
Un programme ? Non… et des envies… j’en ai des tas… ou une seule finalement qui se décompose en une infinité d’autres… non…perdu ! Pas seulement « ça »… pas essentiellement cela… il y a aussi tout le reste… les gestes, les regards, les rires, les retenues, les errances… oui… errer ensemble, n’importe où, sans aucune urgence… au hasard des rues… des haltes… des escales… et puis « ça » aussi… Sois patient… sois tendre… ou alors cède à l’urgence… empêche-moi de trop réfléchir…
ffffff !!! Je ne sais plus ce que je veux… ce que je souhaite… ce que je préfèrerais… et je ne veux rien vouloir, ni rien souhaiter, ni rien préférer… trop peur de certaines de mes réactions… suis très stupide parfois, vois-tu…
Non… n’écris pas ça ! Bon sang… assez ! Trop c’est trop… arrête ! tu ne sais pas… tu ne sais pas ce que tu fais, là… et j’aime… c’est toi… c’est moi… nous quelque part… et cela me fait peur aussi… peur que toutes ces sensations, tellement… non… n’arrête pas… continue…
Je dois penser à autre chose… à n’importe quoi… à quoi ? A ta peau contre la mienne ? A tes mains sur moi ? je les voudrais déjà… je les ressens déjà… je ferme les yeux et tu es là… presque là… pas tout à fait mais bien assez … oui continue… n’arrête pas… et cette sensation… je la garde… la savoure… je l’entretiens… j’attise cette faim…
Je voudrais tellement que tu ressentes la même… et qu’elle ne t’abandonne pas quand… quand…
Si tu savais combien cela n’est pas que « sexuel »… que cette faim est une faim de tout… une faim de silences, de mots et de rires, une faim d’errances et de repos, une faim de ton contact et de toi en moi, une faim de complicité et de… de… « résonance »…
J’arrête là pour ce soir… n’en peux plus… n’ai plus les idées claires… voudrais comprimer l’espace, faire ces deux foutues villes mitoyennes… tendre la main et te toucher… comprimer le temps… réduire des mois en secondes… ouvrir les yeux et t’avoir là… déjà là… Et tu me demandes d’être sage… comme si je pouvais d’un simple haussement d’épaule me débarrasser de tout cela… et je n’ai pas envie de m’en débarrasser… pas envie du tout de me refuser cela… et je n’y peux rien… cela passera… ce corps autant têtu qu’indépendant finira par se calmer… par se rasséréner de lui-même…. En attendant demain… accorde-moi… autorise-moi au moins cela…
Beaucoup de monde autour de Notre Dame. Des haut-parleurs diffusent des chants de Noêl. Un petit air de veille de nativité flotte. Où est-il ? Dans le métro ? Penché sur les manettes de sa moto, se faufilant avec adresse entre des véhicules importuns ? Dans la chambre ? Jetant un coup d’œil attendri au désordre qu’elle y a laissé ?
Un sac ouvert sur des vêtements rangés pêle mêle… une paire de chaussures… sa trousse de toilette et des fards éparpillés… leurs recueils d’émotions … Elle aura bien le temps de s’en soucier !
Un autre sms ! « Je suis à l’hôtel ! »
Gagné ! Et elle sourit aux passants, à la nuit, aux étoiles, à la buée qui s’échappe de ses lèvres entrouvertes.
Juste opter pour « appeler »… quelques secondes de patience à suivre les bip bip bip… et sa voix glisse en elle. Et elle lui décrit la place, les gens, la musique, elle lui raconte le froid auquel elle ne s’attendait pas, et la douce tiédeur d’une ambiance, les regards croisés. Elle rit, le bonheur au fil des mots.
« Où es-tu ? »
De surprise, elle en détache l’appareil de son oreille, le regarde comme s’il était le misérable responsable d’une telle incompréhension.
« Mais… à Notre Dame ! » Précise-t-elle enfin.
« J’arrive ! »
Et si, de nouveau, nous calmions un peu le jeu ?
Je te sens si triste quelquefois… tellement tendu !
Il ne nous reste qu’un tout petit mois… moins encore… nous sommes déjà le 20 novembre ! Les jours passent ! Aucun ne nous fera l’affront de s’attarder… Sois certain aussi que pas un lundi… ni un mardi… ni n’importe quel autre jour quel que soit le nom qu’il porte, ne possède assez de force pour arrêter les aiguilles de l’horloge céleste. Chronos veille à ce que les secondes s’ordonnent dociles et diligentes… ne les entends-tu pas ? Tic-tac font-elles… tic-tac égrennent-elles… Laisse-les te bercer, assoupir en toi toute impatience.
Que faire d’autre d’ailleurs, car, aussi fort que nous puissions le désirer, ni toi ni moi ne saurions accélérer le rythme des heures ! Autant nous en faire une raison et mettre à profit le temps à venir pour… nous rasséréner autant que possible.
Quant à nous… mets-nous en veilleuse… oui… ne fronce-pas les sourcils ! Place-nous, bien au chaud dans un coin de ton cœur…
Et puis… lorsque tu en auras fini des heures laborieuses, lorsque livres, enfants, foot et musique ne sauront plus te distraire… Rêve… oui, rêve !
Laisse-la courir, ton imagination… finalement ce n’est pas plus mal… non… non… pas sur toi et moi… pas à propos de ce que nous allons ressentir… seulement sur ce que tu pourrais avoir envie de faire… ne nous enferme pas dans une chambre d’hôtel… ne nous fige pas dans un lieu… dans le temps…
Toutes ces heures qui nous attendent, remplis-les de sons, d’images, de lieux… remplis-les de promenades, de chocolats chauds et de thés brûlants… ou de ce que tu voudras… au gré de tables de bistrots et autres cafés pourquoi pas philosophiques ! Habille-les de lumières… anime-les de bousculades et de courses… égaie-les de rires et de chants…
Etire-les sur un quai de Seine, pose-les un instant aux pieds d’une scintillante Tour d’acier… promène-les sous le ciel de Paris…
Le ciel ! Fais-le jaune et bleu et gris et parme et souffre… Fais-le de soleil et de vent et de bruine et de pluie… fais-le même de neige !
Fais les heures froides pour que nous nous serrions davantage l’un contre l’autre… fais-les sereines pour que nous sachions en apprendre le plus possible l’un sur l’autre… fais-les longues pour nous remplir autant que possible l’un de l’autre…
Fixe une heure… un lieu… quand et où nous retrouver… Fixe-nous dans le temps, dans un cadre… fais-le… Je crois que le moment est venu de le faire… Tu as tous ces jours encore devant toi, pour y réfléchir…
Je n’ordonne pas… je n’exige rien… mais je sens tout cela au fond de moi comme une totale nécessité… très fort… je pense qu’il n’y a qu’ainsi que nous pourrons nous préserver…
Tu te fais du mal… toute cette attente te brise… je le sens… à moins que je ne me trompe… j’aimerais tellement me tromper !
De quoi as-tu peur ? Que devrions-nous craindre ?
Cet instant-là… celui de notre rencontre… ces jours qui viennent… ceux que nous allons vivre ensemble… ils sont inévitables. Les dés en sont jetés… c’est bien ainsi que l’on dit ?
Ce qu’ils vont nous apporter… de bonheur ou de déception… nous n’y pouvons plus rien. Ils seront ce qu’ils doivent être…
Et même… si déception il devait y avoir, je ne crois pas que nous ne saurons pas la surmonter… Au-delà de cet impalpable doute qui plane au-dessus de nous, et ainsi, quoique nous fassions pour le nier, jusqu’à la toute dernière seconde… jusqu’à ce que nos yeux se posent l’un sur l’autre, se croisent, jusqu’à ce que nos peaux se touchent… jusqu’à ce que nous sachions enfin si nos corps se reconnaissent ou se repoussent…. Oui… au-delà de ce doute, j’aime trop ce que tu es pour accepter l’idée de te perdre tout à fait…
Hier… alors que nous plaisantions… que je te proposais Fanny… que tu répondais « vamos »… je t’ai écrit, tout en riant encore, « on reste amis quand même ?»… et aussitôt j’ai ressenti que si je peux accepter l’idée de te déplaire, il m’est difficile de concevoir perdre aussi le reste… Et j’ai réalisé que c’était pour cela que depuis des jours et des jours, je nous imagine ailleurs, hors de cette chambre… je nous fais heureux, curieux, rieurs…
Comme des amants satisfaits, bien assez repus l’un de l’autre pour pouvoir s’autoriser enfin à être aussi amis complices…
Et je nous fais vieilles connaissances qui papotent sur tout et sur rien… parce que nous sommes vraiment de vieilles connaissances… oui… de vrais « intimes »… pour en savoir davantage l’un sur l’autre que tous ceux qui nous entourent, que nos familles ou amis…
Oui, je nous fais légers et rieurs… je nous fais amis…
De ces amis bien assez complices pour pouvoir s’autoriser enfin à être aussi amants…
Je t’aime… profondément… j’aime ce que tu me montres être… et je te veux heureux… Je voudrais pour toi que ces jours à venir soient pleins d’espérance et de sérénité.
Je t’aime, mon doux cœur, ma vie, mon âme… et si le silence s’installe un peu trop longuement entre nous… si nos voix ne se mêlent pas… cela n’enlève rien à ce que je ressens pour toi.
Oui… rien ne m’empêche de te porter en moi, sans cesse… même en remplissant le lave-vaisselle, en étendant du linge ou en repassant… une chemise qui n’est pas tienne !
Je suis bien, calme… même si je n’ai pas de totale certitude sur cette « terrible » première seconde à deux… elle sera ce que nous voudrons bien en faire… J’ai peur encore… cela m’arrive… comme toi sans doute… mais… c’est comme un accouchement : quand le moment est venu, il ne sert à rien de serrer les cuisses… Il faut y passer !
Euh… l’image n’est peut-être pas la plus indiquée dans ce cas…
Quoique… (ben quoi… je ne vais pas perdre tout sens de l’humour !)
Laisse s’écouler le temps, à son gré… et… demain est presque là…
Je t’aime très fort… et ce qui est mieux encore, je t’aime d’amour et d’amitié…
Tu es le seul homme à qui j’ai eu envie de dire cela… le seul pour qui cela soit possible…
Je t’aime, te porte, te garde… ris… ris doucement à mon oreille… murmure-moi tout ce que tu veux… et même que je suis folle… je m’en moque… j’aime ma folie… elle est chaude et douce… elle porte ton nom…
A demain, ma vie, mon cœur, mon âme…
Je suis toute à toi…
Vous avez écrit «Il faut qu’elle sache, je ne peux plus garder ça pour moi et en même temps je me le suis avoué »…
Je me suis trompée alors. Car je pensais que vous le saviez déjà et que vous ne vouliez seulement rien m’en dire…
Êtes-vous certain de ne pas vous tromper ? De ne pas aimer seulement un… personnage… un être idéalisé au fil d’une correspondance ? Est-ce bien moi que vous voyez ?
Non… je ne veux pas savoir ! Il sera bien assez tôt pour cela !
Vous n’avez rien bousculé… vous me connaissez si peu au fond… « la lente évolution que j’aime tant »… oui… parce que vous êtes loin… mais si vous étiez là… j’aime être bousculée, assaillie… oui… prise d’assaut… presque par surprise… non… totalement par surprise. Dans l’urgence.
Comme un manque à satisfaire coûte que coûte. J’aime les deux… un cheminement tranquille côte à côte et aussi… aussi…
Ne soyez pas jaloux du tout… ou alors soyez-le férocement. Cessez de vous brider… d’être ce que chacun attend que vous soyez.. Votre voix, ce que vous écrivez, ce que vous laissez fuir de vous, ligne après ligne… cela ne ressemble pas à ce que vous dites être souvent.
Et si vous croyez être de trop, battez-vous… soyez conquérant. Vous pouvez l’être
Et il est vrai qu’il n’est jamais trop tard… pour personne. D’être ce qu’il est, de vivre comme il l’entend… et de plus c’est l’apanage de l’âge : ne plus rien avoir à prouver, faire ce que l’on a envie, et se moquer éperdument du qu’en dira-t-on ! Alors… soyez exigeant, soyez possessif, accordez-vous le droit d’être enfin ! Mais pas timide, pas… résigné… jamais !
Vous parler ? Croyez-vous que cela soit facile pour moi ? Alors qu’il me suffit de vous écouter respirer ? De vous sentir là, presque à portée… tout proche… au creux de mon oreille ? Oui.. vous m’avez conquise… mot après mot… sensation après sensation… et vous pourriez être petit, borgne et bossu, je ne vous en aimerais pas moins…
C’est grave docteur ? Pardon ! pas docteur, j’oubliai… c’est grave « monsieur » le professeur… très grave…
« Ne le savez vous déjà………Je vous aime »… je suis restée paralysée devant l’écran de mon petit téléphone rouge… Et je me demande si je ne le suis pas devenue autant que lui… de surprise… d’émotion contenue… de… et le « oh » a été longtemps seulement ce que j’ai été capable d’écrire alors que mon cerveau (encore lui !) s’efforçait désespérément d’organiser des lettres en mots et des mots en phrases…
Vous parler du temps ! Alors que je voudrais vous dire tellement…
Si je pouvais trouver l’audace de les « dire »… de les prononcer… de vous les glisser à l’oreille…
C’est si simple… tellement naturel de vous les écrire… « je vous aime »
« Je vous aime ». Combien de fois les a-t-elle dits, ces mots ? Bien davantage ces dernières semaines que durant toute une vie.
Col remonté jusqu’aux oreilles, elle se hâte vers le quartier Saint-Michel, vers l’île de la Cité. Elle veut mettre un maximum de distance entre elle et l’hôtel. Elle se veut proie, elle se veut objet de désir, elle se veut quête. Et lui, elle le veut chasseur opiniâtre, elle le veut amant vorace, elle le veut conquérant ardent.
« As-tu déjà un programme ? Nous ? Peut-être une envie particulière ? »
Un programme ? Non… et des envies… j’en ai des tas… ou une seule finalement qui se décompose en une infinité d’autres… non…perdu ! Pas seulement « ça »… pas essentiellement cela… il y a aussi tout le reste… les gestes, les regards, les rires, les retenues, les errances… oui… errer ensemble, n’importe où, sans aucune urgence… au hasard des rues… des haltes… des escales… et puis « ça » aussi… Sois patient… sois tendre… ou alors cède à l’urgence… empêche-moi de trop réfléchir…
ffffff !!! Je ne sais plus ce que je veux… ce que je souhaite… ce que je préfèrerais… et je ne veux rien vouloir, ni rien souhaiter, ni rien préférer… trop peur de certaines de mes réactions… suis très stupide parfois, vois-tu…
Non… n’écris pas ça ! Bon sang… assez ! Trop c’est trop… arrête ! tu ne sais pas… tu ne sais pas ce que tu fais, là… et j’aime… c’est toi… c’est moi… nous quelque part… et cela me fait peur aussi… peur que toutes ces sensations, tellement… non… n’arrête pas… continue…
Je dois penser à autre chose… à n’importe quoi… à quoi ? A ta peau contre la mienne ? A tes mains sur moi ? je les voudrais déjà… je les ressens déjà… je ferme les yeux et tu es là… presque là… pas tout à fait mais bien assez … oui continue… n’arrête pas… et cette sensation… je la garde… la savoure… je l’entretiens… j’attise cette faim…
Je voudrais tellement que tu ressentes la même… et qu’elle ne t’abandonne pas quand… quand…
Si tu savais combien cela n’est pas que « sexuel »… que cette faim est une faim de tout… une faim de silences, de mots et de rires, une faim d’errances et de repos, une faim de ton contact et de toi en moi, une faim de complicité et de… de… « résonance »…
J’arrête là pour ce soir… n’en peux plus… n’ai plus les idées claires… voudrais comprimer l’espace, faire ces deux foutues villes mitoyennes… tendre la main et te toucher… comprimer le temps… réduire des mois en secondes… ouvrir les yeux et t’avoir là… déjà là… Et tu me demandes d’être sage… comme si je pouvais d’un simple haussement d’épaule me débarrasser de tout cela… et je n’ai pas envie de m’en débarrasser… pas envie du tout de me refuser cela… et je n’y peux rien… cela passera… ce corps autant têtu qu’indépendant finira par se calmer… par se rasséréner de lui-même…. En attendant demain… accorde-moi… autorise-moi au moins cela…
Beaucoup de monde autour de Notre Dame. Des haut-parleurs diffusent des chants de Noêl. Un petit air de veille de nativité flotte. Où est-il ? Dans le métro ? Penché sur les manettes de sa moto, se faufilant avec adresse entre des véhicules importuns ? Dans la chambre ? Jetant un coup d’œil attendri au désordre qu’elle y a laissé ?
Un sac ouvert sur des vêtements rangés pêle mêle… une paire de chaussures… sa trousse de toilette et des fards éparpillés… leurs recueils d’émotions … Elle aura bien le temps de s’en soucier !
Un autre sms ! « Je suis à l’hôtel ! »
Gagné ! Et elle sourit aux passants, à la nuit, aux étoiles, à la buée qui s’échappe de ses lèvres entrouvertes.
Juste opter pour « appeler »… quelques secondes de patience à suivre les bip bip bip… et sa voix glisse en elle. Et elle lui décrit la place, les gens, la musique, elle lui raconte le froid auquel elle ne s’attendait pas, et la douce tiédeur d’une ambiance, les regards croisés. Elle rit, le bonheur au fil des mots.
« Où es-tu ? »
De surprise, elle en détache l’appareil de son oreille, le regarde comme s’il était le misérable responsable d’une telle incompréhension.
« Mais… à Notre Dame ! » Précise-t-elle enfin.
« J’arrive ! »
Et si, de nouveau, nous calmions un peu le jeu ?
Je te sens si triste quelquefois… tellement tendu !
Il ne nous reste qu’un tout petit mois… moins encore… nous sommes déjà le 20 novembre ! Les jours passent ! Aucun ne nous fera l’affront de s’attarder… Sois certain aussi que pas un lundi… ni un mardi… ni n’importe quel autre jour quel que soit le nom qu’il porte, ne possède assez de force pour arrêter les aiguilles de l’horloge céleste. Chronos veille à ce que les secondes s’ordonnent dociles et diligentes… ne les entends-tu pas ? Tic-tac font-elles… tic-tac égrennent-elles… Laisse-les te bercer, assoupir en toi toute impatience.
Que faire d’autre d’ailleurs, car, aussi fort que nous puissions le désirer, ni toi ni moi ne saurions accélérer le rythme des heures ! Autant nous en faire une raison et mettre à profit le temps à venir pour… nous rasséréner autant que possible.
Quant à nous… mets-nous en veilleuse… oui… ne fronce-pas les sourcils ! Place-nous, bien au chaud dans un coin de ton cœur…
Et puis… lorsque tu en auras fini des heures laborieuses, lorsque livres, enfants, foot et musique ne sauront plus te distraire… Rêve… oui, rêve !
Laisse-la courir, ton imagination… finalement ce n’est pas plus mal… non… non… pas sur toi et moi… pas à propos de ce que nous allons ressentir… seulement sur ce que tu pourrais avoir envie de faire… ne nous enferme pas dans une chambre d’hôtel… ne nous fige pas dans un lieu… dans le temps…
Toutes ces heures qui nous attendent, remplis-les de sons, d’images, de lieux… remplis-les de promenades, de chocolats chauds et de thés brûlants… ou de ce que tu voudras… au gré de tables de bistrots et autres cafés pourquoi pas philosophiques ! Habille-les de lumières… anime-les de bousculades et de courses… égaie-les de rires et de chants…
Etire-les sur un quai de Seine, pose-les un instant aux pieds d’une scintillante Tour d’acier… promène-les sous le ciel de Paris…
Le ciel ! Fais-le jaune et bleu et gris et parme et souffre… Fais-le de soleil et de vent et de bruine et de pluie… fais-le même de neige !
Fais les heures froides pour que nous nous serrions davantage l’un contre l’autre… fais-les sereines pour que nous sachions en apprendre le plus possible l’un sur l’autre… fais-les longues pour nous remplir autant que possible l’un de l’autre…
Fixe une heure… un lieu… quand et où nous retrouver… Fixe-nous dans le temps, dans un cadre… fais-le… Je crois que le moment est venu de le faire… Tu as tous ces jours encore devant toi, pour y réfléchir…
Je n’ordonne pas… je n’exige rien… mais je sens tout cela au fond de moi comme une totale nécessité… très fort… je pense qu’il n’y a qu’ainsi que nous pourrons nous préserver…
Tu te fais du mal… toute cette attente te brise… je le sens… à moins que je ne me trompe… j’aimerais tellement me tromper !
De quoi as-tu peur ? Que devrions-nous craindre ?
Cet instant-là… celui de notre rencontre… ces jours qui viennent… ceux que nous allons vivre ensemble… ils sont inévitables. Les dés en sont jetés… c’est bien ainsi que l’on dit ?
Ce qu’ils vont nous apporter… de bonheur ou de déception… nous n’y pouvons plus rien. Ils seront ce qu’ils doivent être…
Et même… si déception il devait y avoir, je ne crois pas que nous ne saurons pas la surmonter… Au-delà de cet impalpable doute qui plane au-dessus de nous, et ainsi, quoique nous fassions pour le nier, jusqu’à la toute dernière seconde… jusqu’à ce que nos yeux se posent l’un sur l’autre, se croisent, jusqu’à ce que nos peaux se touchent… jusqu’à ce que nous sachions enfin si nos corps se reconnaissent ou se repoussent…. Oui… au-delà de ce doute, j’aime trop ce que tu es pour accepter l’idée de te perdre tout à fait…
Hier… alors que nous plaisantions… que je te proposais Fanny… que tu répondais « vamos »… je t’ai écrit, tout en riant encore, « on reste amis quand même ?»… et aussitôt j’ai ressenti que si je peux accepter l’idée de te déplaire, il m’est difficile de concevoir perdre aussi le reste… Et j’ai réalisé que c’était pour cela que depuis des jours et des jours, je nous imagine ailleurs, hors de cette chambre… je nous fais heureux, curieux, rieurs…
Comme des amants satisfaits, bien assez repus l’un de l’autre pour pouvoir s’autoriser enfin à être aussi amis complices…
Et je nous fais vieilles connaissances qui papotent sur tout et sur rien… parce que nous sommes vraiment de vieilles connaissances… oui… de vrais « intimes »… pour en savoir davantage l’un sur l’autre que tous ceux qui nous entourent, que nos familles ou amis…
Oui, je nous fais légers et rieurs… je nous fais amis…
De ces amis bien assez complices pour pouvoir s’autoriser enfin à être aussi amants…
Je t’aime… profondément… j’aime ce que tu me montres être… et je te veux heureux… Je voudrais pour toi que ces jours à venir soient pleins d’espérance et de sérénité.
Je t’aime, mon doux cœur, ma vie, mon âme… et si le silence s’installe un peu trop longuement entre nous… si nos voix ne se mêlent pas… cela n’enlève rien à ce que je ressens pour toi.
Oui… rien ne m’empêche de te porter en moi, sans cesse… même en remplissant le lave-vaisselle, en étendant du linge ou en repassant… une chemise qui n’est pas tienne !
Je suis bien, calme… même si je n’ai pas de totale certitude sur cette « terrible » première seconde à deux… elle sera ce que nous voudrons bien en faire… J’ai peur encore… cela m’arrive… comme toi sans doute… mais… c’est comme un accouchement : quand le moment est venu, il ne sert à rien de serrer les cuisses… Il faut y passer !
Euh… l’image n’est peut-être pas la plus indiquée dans ce cas…
Quoique… (ben quoi… je ne vais pas perdre tout sens de l’humour !)
Laisse s’écouler le temps, à son gré… et… demain est presque là…
Je t’aime très fort… et ce qui est mieux encore, je t’aime d’amour et d’amitié…
Tu es le seul homme à qui j’ai eu envie de dire cela… le seul pour qui cela soit possible…
Je t’aime, te porte, te garde… ris… ris doucement à mon oreille… murmure-moi tout ce que tu veux… et même que je suis folle… je m’en moque… j’aime ma folie… elle est chaude et douce… elle porte ton nom…
A demain, ma vie, mon cœur, mon âme…
Je suis toute à toi…
Reginelle- Nombre de messages : 1753
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Date d'inscription : 07/03/2008
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
« Je suis toute à toi »… Combien de fois le lui a-t-elle écrit, et murmuré ? Ils en étaient presque à la fin de la saison rose. Ils avaient encore tout un mois devant eux. Combien elle a aimé et redouté cette attente mâtinée d’impatience ! Tous ces jours qui n’en finissaient pas de passer… et qui lui semblent, désormais, n’avoir duré que le temps d’un clin-d’œil.
Le vent lui fait le froid insoutenable. La transperce. Il arrive ! Combien de temps ? Celui de fumer une énième cigarette ? Deux ?
De quoi as-tu peur ? Que devrions-nous craindre ?
Rien ! Ils n’ont rien à craindre ! Murmure-t-elle. Quelle sotte elle fait ! De ne pas avoir sagement attendu dans la chaude tranquillité de leur chambre, de se laisser aller soudainement à avoir peur, d’envisager le pire !
Il arrive ! Et elle marche, avance sur le bd d’Arcole. Se pose un instant sur le pont Notre Dame. Fait demi tour, s’arrête devant un café,« Le Quasimodo » La tentation est grande d’y entrer, de se mettre à l’abri des morsures de glace d’un hiver agressif.
Et ce nom lui rappelle tant de choses. Ses taquineries à propos de son physique.
« Et si je ressemblais à Quasimodo ? »
« Toi… pourquoi te dis-tu possible Quasimodo ? Savais-tu que j’ai une profonde sympathie pour Quasimido, le seul personnage sincère et pur dans Notre Dame de Paris ?
Et voilà que je me surprends à imaginer une tenue qui pourrait convenir à une Esméralda d'aujourd'hui... à me demander quel haut pourrait bien aller avec ma longue jupe noire à volants... à chercher où je pourrais bien trouver un jupon aux couleurs vives pour l'égayer... au comment me composer une allure de "gitane"... »
Que le temps passe lentement ! Qu’il tarde à lui arriver ! Combien elle regrette aussi de ne pas s’être laissée aller à toute une fantaisie ! Elle ne résiste plus dans une bise glaciale qui lui fait cette attente inhumaine.
Elle reprend le téléphone, appuie sur la touche « rappel ». Très vite, son souffle, un peu haletant. Il se hâte ? C’est bien !
« Encore moi ! Fait trop froid, je me mets à l’abri ! Je t’attends au Quasimodo. C’est sur la rue d’Arcole ! »
« Oui… je connais ! Je n’en suis pas loin. »
Elle raccroche. Pensive. Pas loin ? Est-elle prête, vraiment prête ? La salle est « quasi » déserte. Un sourire pour un demi jeu de mots. Deux bonhshommes assis sur la gauche, un couple sur la droite.
Elle préfère une table tout près de l’entrée, bien dans l’angle. Elle s’installe, dos à la vitre givrée.
Le garçon enregistre sa prière d’un thé « bien bien » chaud d’un sourire qu’elle décide complice.
Oh non ! Son nez la chatouille ! Bien le moment ! Pas de crise d’éternuements ! Pitié ! Pas ça ! Dans quelques secondes il sera là, devant elle, et elle n’aura que ça à lui offrir ! Un nez rouge et, pis encore, qui goutte ! Pas de mouchoir ! Elle n’en a jamais ! La petite serviette de papier fera l’affaire. Il arrive et voilà qu’elle a le désir étrange de repousser « cette seconde inévitable » Juste le temps de… de quoi ?
"Besoin tout à coup d'un moment d'isolement ? »
M'isoler... un besoin qui me taraude depuis des jours... Mais du fait qu’il m'est évidemment impossible de me "transplaner" sur une île déserte, je me contente de me re-installer dans une routine sécurisante, au centre de repères bien connus. Je me calfeutre dans un environnement que je sais sans remous.
La maison brille comme un sou neuf, je "tarte" à tout va. Je vais de gauche à droite, souvent sans but précis. Et je m'efforce de ne penser à rien qui nous concerne.
« J'aurais préféré que nos mails ne s'arrêtent pas trop... »
Et moi j'avais besoin qu'ils viennent de toi... comme ce soir... Peut-être parce que j'avais besoin de sentir qu'ils te sont vraiment nécessaires... indispensables... Suis compliquée, tu vois...
« Les eaux ne sont pas toujours accueillantes ni calmes. »
Un lac sombre, sans fond... dans lequel j'ai la sensation de me noyer souvent.
Et là aussi, comme toi... je n'ai pas envie d'en dire davantage.
Parce que j'ai peur de ce que je pourrais me laisser aller à écrire.
C'est maintenant que tu dois te montrer fort pour nous deux. Ne pas me permettre de... de… douter
Tu vois... ce n'est pas facile même de l'écrire.
Oui… j’ai moins écrit… beaucoup moins… Mais il me fallait connaître ta propre angoisse, en prendre la mesure.
Ces jours à venir, ces derniers jours...
Ton message... combien je voudrais que tu l'aies écrit parce que tu as senti... que tu as deviné ce trouble en moi...
Ne me lâche pas maintenant... et sois plus fort que mes silences...
T'embrasse aussi tendrement...
Le thé est fade, trop léger, davantage encore qu’elle ne s’y attendait.
La voix de Nina Simone... "Isn’t It a Pity "... Est-ce bien ce titre-là ? L'histoire d'un amour désespéré. Pourquoi justement ce morceau-là et pas un autre ? Elle frissonne.
Elle est toute crispée de l’intérieur, douloureusement crispée. Elle s'applique à canaliser ses émotions, à penser à autre chose, et surtout à briser ce tempo lancinant qui martèle son coeur. Elle se déh-anche sur la tangente d'un harmonique, elle swingue modérato, mais pas trop. Au coeur de l'armure, elle cherche la clé. En hauteur, sans forcer l'allure, elle est équilibriste et glisse allegro sur le fil d'une gamme chromatique. Esclave d'un plectre qui se dit médiator, elle va crescendo de silence en soupir, de ton en demi-ton, et elle timbre et nuance les degrés des « piano » et « fortissimo » d’une mélodie abstraite. Sur l’arpège d’un accord, elle croche un intervalle, à portée d’une mesure, elle traque un comma, sur un contrepoint, elle tempère une tierce majeure... presque… presque… elle se modulerait blues.
Du blues au jazz… Il aime le jazz et elle aussi. Où va-t-il l’emmener ?
Quel bonheur lui a-t-il programmé ?
Elle a fini son thé, allume une autre cigarette. Lui ne fume pas !
Il tarde !
Combien de coups d’œil jetés sur sa droite. Vers une porte qui ne s’ouvre sur personne. Il ne lui a pas dit s’il était à pied ou en moto et chaque vrombissement de moteur lui vrille le ventre.
Non… à pied ! Il est forcément à pied ! Il lui semble avoir lu, quelque part, que l’utilisation des deux roues devenait délicate. Les chaussées glissantes de pluie verglacée. Elle a bien plus froid ici que dans la neige, chez elle. Où il lui arrive très souvent de sortir dans un jardin blanc sans même se soucier d’enfiler une veste.
Et…
La porte… une main… un bras…Un blouson.
Il est là et elle s’effrite, se décompose.
Tu ne vas pas m’ennuyer… crois-tu que je ne sais pas que les premiers instants seront très difficiles… que nous allons nous retrouver comme deux idiots… paralysés et empruntés autant l’un que l’autre et ne sachant débiter que des platitudes…
Peut-être devrions-nous seulement nous prendre par la main et marcher en silence… ou tout bonnement nous asseoir sur le premier banc libre (il ne pleuvra pas, jure-moi que le ciel ne nous fera pas ça ! Et puis, je m’en moque, qu’il pleuve ou pas ce sera pareil… et nous ferons avec !
Nous pourrions nous tenir ainsi, assis côte à côte, et aussi ton bras autour de moi, et moi appuyée contre toi… en silence… heureux simplement d’être… de nous sentir, nous ressentir, nous respirer… nous entendre respirer de près… d’être enfin ensemble… nous nous en sommes tellement dit, nous nous en disons encore tant… et il nous reste tant et tant à dire encore… des choses sensées, des bêtises, des platitudes, des taquineries… nous pourrons bien nous en dispenser pour ces premiers instants...
- Tu vas bien ?
Bien ? Oui, à demi-étranglée d’émotion, la bouche aussi sèche qu’un désert de sable.
- Euh… oui, bien sûr, je vais bien.
Un baiser… sur la joue ? A cause d’une non-solitude ? Elle le devine tendu… ou déçu ?
Assis face à elle, un inconnu, un total inconnu. Qu’il parle, qu’il dise vite ces mots qui le relieront à celui qu’elle attendait !
Il nous faudra bien discipliner nos émotions, les toutes premières… ne pas leur permettre de nous faire mal pour nous pousser à aller trop vite…
Il nous faudra bien discipliner nos urgences… à moins que ce ne soit elles qui, de l’être trop (urgentes) s’autoparalysent… tu sais comme ces douleurs très fortes… tellement que de l’être trop elles anesthésient le nerf qui les véhicule jusqu’au cerveau…
Il commande un thé. Indique avec moult précisions ses préférences au garçon. Revient à elle. Lui demande si elle a eu bon vol. Lui assure avoir trouvé l’hôtel parfait, la chambre très correcte.
« Correcte ? » Un peu étourdie, elle se rassemble, entre deux acquiessements. Elle se recompose une façade confiante et souriante.
Voilà… c’est passé… le premier choc est contrôlé, absorbé. Mais la chambre… « correcte ? » Elle serait incapable d’en décrire le papier des murs ou même affirmer s’il y a papier ou pas !
Tu ne seras pas ridicule… pour le moins un peu gauche et emprunté… de cette maladresse qui sait si bien me faire fondre comme neige au soleil… et peut-être que je te taquinerai un peu… ou alors serai espiègle pour te faire rire… ou encore c’est moi qui le serai tant - et gauche et inquiète – que toi, malheureux de me voir ainsi, tu éprouveras si fort le besoin de me rassurer que tu en oublieras tout le reste…
Ce n’est rien… rien de plus que le trouble d’un premier instant. Et elle aurait dû prendre le temps de rectifier un maquillage, le rafraîchir. Faire l’effort de… de quoi ? Deviendrait-elle sotte ? Toute cette façade devrait bientôt se trouver bousculée et effacée par des doigts, des lèvres. Elle sera nue. D’une nudité sans fards.
Mais… pas encore… pas déjà… pas ainsi. Plus maintenant. Au premier regard, oui. Une main tendue immédiatement, et elle se serait levée, s’y serait accrochée, se serait laissée emporter. En une fraction de seconde l’union aurait été totale, absolue… consommable !
« Consommable ? » Du cynisme, en elle ?
Je nous imagine, je nous vis de tellement de manières… mais jamais décontractés, légers, et décidés… je crois que ça… ce ne serait pas bon signe !
Je t’aime !
Je viens… j’arrive, me glisse dans ton sommeil à défaut de trouver le mien…
Parce que j’en perds aussi le sommeil…
Après toutes ces nuits presque blanches, je vais t’arriver fripée comme une pomme rainette… faudra me laisser dormir au moins quarante-huit heures pour réparer tout ça !
Manger ? Elle sursaute… A-t-elle émis tout haut ce « consommable » ? Non… il parle du dîner. Et dîner ? Oui, bien sûr ! Il est plus de vingt heures… Elle n’a pas faim mais peut admettre que pour lui, il n’en aille pas de même. Et puis cela leur donne du temps, du temps devant eux pour se ressaisir tout à fait. Et ainsi retrouver le ton, l’esprit, de tous leurs échanges passés.
Là… ça vient… il lui ouvre la porte, revient très vite se poster près d’elle, et un bras timide se hisse et se pose sur ses épaules. Elle se sent mieux. Où elle veut aller ? Nulle part en particulier ! Elle le lui a dit et répété, elle ne prendra aucune décision ! Lui, qui se plaint de n’avoir jamais pu être décideur de toute son existence, devra se charger de celles les concernant !
Elle, elle se contente de le suivre !
Le vent lui fait le froid insoutenable. La transperce. Il arrive ! Combien de temps ? Celui de fumer une énième cigarette ? Deux ?
De quoi as-tu peur ? Que devrions-nous craindre ?
Rien ! Ils n’ont rien à craindre ! Murmure-t-elle. Quelle sotte elle fait ! De ne pas avoir sagement attendu dans la chaude tranquillité de leur chambre, de se laisser aller soudainement à avoir peur, d’envisager le pire !
Il arrive ! Et elle marche, avance sur le bd d’Arcole. Se pose un instant sur le pont Notre Dame. Fait demi tour, s’arrête devant un café,« Le Quasimodo » La tentation est grande d’y entrer, de se mettre à l’abri des morsures de glace d’un hiver agressif.
Et ce nom lui rappelle tant de choses. Ses taquineries à propos de son physique.
« Et si je ressemblais à Quasimodo ? »
« Toi… pourquoi te dis-tu possible Quasimodo ? Savais-tu que j’ai une profonde sympathie pour Quasimido, le seul personnage sincère et pur dans Notre Dame de Paris ?
Et voilà que je me surprends à imaginer une tenue qui pourrait convenir à une Esméralda d'aujourd'hui... à me demander quel haut pourrait bien aller avec ma longue jupe noire à volants... à chercher où je pourrais bien trouver un jupon aux couleurs vives pour l'égayer... au comment me composer une allure de "gitane"... »
Que le temps passe lentement ! Qu’il tarde à lui arriver ! Combien elle regrette aussi de ne pas s’être laissée aller à toute une fantaisie ! Elle ne résiste plus dans une bise glaciale qui lui fait cette attente inhumaine.
Elle reprend le téléphone, appuie sur la touche « rappel ». Très vite, son souffle, un peu haletant. Il se hâte ? C’est bien !
« Encore moi ! Fait trop froid, je me mets à l’abri ! Je t’attends au Quasimodo. C’est sur la rue d’Arcole ! »
« Oui… je connais ! Je n’en suis pas loin. »
Elle raccroche. Pensive. Pas loin ? Est-elle prête, vraiment prête ? La salle est « quasi » déserte. Un sourire pour un demi jeu de mots. Deux bonhshommes assis sur la gauche, un couple sur la droite.
Elle préfère une table tout près de l’entrée, bien dans l’angle. Elle s’installe, dos à la vitre givrée.
Le garçon enregistre sa prière d’un thé « bien bien » chaud d’un sourire qu’elle décide complice.
Oh non ! Son nez la chatouille ! Bien le moment ! Pas de crise d’éternuements ! Pitié ! Pas ça ! Dans quelques secondes il sera là, devant elle, et elle n’aura que ça à lui offrir ! Un nez rouge et, pis encore, qui goutte ! Pas de mouchoir ! Elle n’en a jamais ! La petite serviette de papier fera l’affaire. Il arrive et voilà qu’elle a le désir étrange de repousser « cette seconde inévitable » Juste le temps de… de quoi ?
"Besoin tout à coup d'un moment d'isolement ? »
M'isoler... un besoin qui me taraude depuis des jours... Mais du fait qu’il m'est évidemment impossible de me "transplaner" sur une île déserte, je me contente de me re-installer dans une routine sécurisante, au centre de repères bien connus. Je me calfeutre dans un environnement que je sais sans remous.
La maison brille comme un sou neuf, je "tarte" à tout va. Je vais de gauche à droite, souvent sans but précis. Et je m'efforce de ne penser à rien qui nous concerne.
« J'aurais préféré que nos mails ne s'arrêtent pas trop... »
Et moi j'avais besoin qu'ils viennent de toi... comme ce soir... Peut-être parce que j'avais besoin de sentir qu'ils te sont vraiment nécessaires... indispensables... Suis compliquée, tu vois...
« Les eaux ne sont pas toujours accueillantes ni calmes. »
Un lac sombre, sans fond... dans lequel j'ai la sensation de me noyer souvent.
Et là aussi, comme toi... je n'ai pas envie d'en dire davantage.
Parce que j'ai peur de ce que je pourrais me laisser aller à écrire.
C'est maintenant que tu dois te montrer fort pour nous deux. Ne pas me permettre de... de… douter
Tu vois... ce n'est pas facile même de l'écrire.
Oui… j’ai moins écrit… beaucoup moins… Mais il me fallait connaître ta propre angoisse, en prendre la mesure.
Ces jours à venir, ces derniers jours...
Ton message... combien je voudrais que tu l'aies écrit parce que tu as senti... que tu as deviné ce trouble en moi...
Ne me lâche pas maintenant... et sois plus fort que mes silences...
T'embrasse aussi tendrement...
Le thé est fade, trop léger, davantage encore qu’elle ne s’y attendait.
La voix de Nina Simone... "Isn’t It a Pity "... Est-ce bien ce titre-là ? L'histoire d'un amour désespéré. Pourquoi justement ce morceau-là et pas un autre ? Elle frissonne.
Elle est toute crispée de l’intérieur, douloureusement crispée. Elle s'applique à canaliser ses émotions, à penser à autre chose, et surtout à briser ce tempo lancinant qui martèle son coeur. Elle se déh-anche sur la tangente d'un harmonique, elle swingue modérato, mais pas trop. Au coeur de l'armure, elle cherche la clé. En hauteur, sans forcer l'allure, elle est équilibriste et glisse allegro sur le fil d'une gamme chromatique. Esclave d'un plectre qui se dit médiator, elle va crescendo de silence en soupir, de ton en demi-ton, et elle timbre et nuance les degrés des « piano » et « fortissimo » d’une mélodie abstraite. Sur l’arpège d’un accord, elle croche un intervalle, à portée d’une mesure, elle traque un comma, sur un contrepoint, elle tempère une tierce majeure... presque… presque… elle se modulerait blues.
Du blues au jazz… Il aime le jazz et elle aussi. Où va-t-il l’emmener ?
Quel bonheur lui a-t-il programmé ?
Elle a fini son thé, allume une autre cigarette. Lui ne fume pas !
Il tarde !
Combien de coups d’œil jetés sur sa droite. Vers une porte qui ne s’ouvre sur personne. Il ne lui a pas dit s’il était à pied ou en moto et chaque vrombissement de moteur lui vrille le ventre.
Non… à pied ! Il est forcément à pied ! Il lui semble avoir lu, quelque part, que l’utilisation des deux roues devenait délicate. Les chaussées glissantes de pluie verglacée. Elle a bien plus froid ici que dans la neige, chez elle. Où il lui arrive très souvent de sortir dans un jardin blanc sans même se soucier d’enfiler une veste.
Et…
La porte… une main… un bras…Un blouson.
Il est là et elle s’effrite, se décompose.
Tu ne vas pas m’ennuyer… crois-tu que je ne sais pas que les premiers instants seront très difficiles… que nous allons nous retrouver comme deux idiots… paralysés et empruntés autant l’un que l’autre et ne sachant débiter que des platitudes…
Peut-être devrions-nous seulement nous prendre par la main et marcher en silence… ou tout bonnement nous asseoir sur le premier banc libre (il ne pleuvra pas, jure-moi que le ciel ne nous fera pas ça ! Et puis, je m’en moque, qu’il pleuve ou pas ce sera pareil… et nous ferons avec !
Nous pourrions nous tenir ainsi, assis côte à côte, et aussi ton bras autour de moi, et moi appuyée contre toi… en silence… heureux simplement d’être… de nous sentir, nous ressentir, nous respirer… nous entendre respirer de près… d’être enfin ensemble… nous nous en sommes tellement dit, nous nous en disons encore tant… et il nous reste tant et tant à dire encore… des choses sensées, des bêtises, des platitudes, des taquineries… nous pourrons bien nous en dispenser pour ces premiers instants...
- Tu vas bien ?
Bien ? Oui, à demi-étranglée d’émotion, la bouche aussi sèche qu’un désert de sable.
- Euh… oui, bien sûr, je vais bien.
Un baiser… sur la joue ? A cause d’une non-solitude ? Elle le devine tendu… ou déçu ?
Assis face à elle, un inconnu, un total inconnu. Qu’il parle, qu’il dise vite ces mots qui le relieront à celui qu’elle attendait !
Il nous faudra bien discipliner nos émotions, les toutes premières… ne pas leur permettre de nous faire mal pour nous pousser à aller trop vite…
Il nous faudra bien discipliner nos urgences… à moins que ce ne soit elles qui, de l’être trop (urgentes) s’autoparalysent… tu sais comme ces douleurs très fortes… tellement que de l’être trop elles anesthésient le nerf qui les véhicule jusqu’au cerveau…
Il commande un thé. Indique avec moult précisions ses préférences au garçon. Revient à elle. Lui demande si elle a eu bon vol. Lui assure avoir trouvé l’hôtel parfait, la chambre très correcte.
« Correcte ? » Un peu étourdie, elle se rassemble, entre deux acquiessements. Elle se recompose une façade confiante et souriante.
Voilà… c’est passé… le premier choc est contrôlé, absorbé. Mais la chambre… « correcte ? » Elle serait incapable d’en décrire le papier des murs ou même affirmer s’il y a papier ou pas !
Tu ne seras pas ridicule… pour le moins un peu gauche et emprunté… de cette maladresse qui sait si bien me faire fondre comme neige au soleil… et peut-être que je te taquinerai un peu… ou alors serai espiègle pour te faire rire… ou encore c’est moi qui le serai tant - et gauche et inquiète – que toi, malheureux de me voir ainsi, tu éprouveras si fort le besoin de me rassurer que tu en oublieras tout le reste…
Ce n’est rien… rien de plus que le trouble d’un premier instant. Et elle aurait dû prendre le temps de rectifier un maquillage, le rafraîchir. Faire l’effort de… de quoi ? Deviendrait-elle sotte ? Toute cette façade devrait bientôt se trouver bousculée et effacée par des doigts, des lèvres. Elle sera nue. D’une nudité sans fards.
Mais… pas encore… pas déjà… pas ainsi. Plus maintenant. Au premier regard, oui. Une main tendue immédiatement, et elle se serait levée, s’y serait accrochée, se serait laissée emporter. En une fraction de seconde l’union aurait été totale, absolue… consommable !
« Consommable ? » Du cynisme, en elle ?
Je nous imagine, je nous vis de tellement de manières… mais jamais décontractés, légers, et décidés… je crois que ça… ce ne serait pas bon signe !
Je t’aime !
Je viens… j’arrive, me glisse dans ton sommeil à défaut de trouver le mien…
Parce que j’en perds aussi le sommeil…
Après toutes ces nuits presque blanches, je vais t’arriver fripée comme une pomme rainette… faudra me laisser dormir au moins quarante-huit heures pour réparer tout ça !
Manger ? Elle sursaute… A-t-elle émis tout haut ce « consommable » ? Non… il parle du dîner. Et dîner ? Oui, bien sûr ! Il est plus de vingt heures… Elle n’a pas faim mais peut admettre que pour lui, il n’en aille pas de même. Et puis cela leur donne du temps, du temps devant eux pour se ressaisir tout à fait. Et ainsi retrouver le ton, l’esprit, de tous leurs échanges passés.
Là… ça vient… il lui ouvre la porte, revient très vite se poster près d’elle, et un bras timide se hisse et se pose sur ses épaules. Elle se sent mieux. Où elle veut aller ? Nulle part en particulier ! Elle le lui a dit et répété, elle ne prendra aucune décision ! Lui, qui se plaint de n’avoir jamais pu être décideur de toute son existence, devra se charger de celles les concernant !
Elle, elle se contente de le suivre !
Reginelle- Nombre de messages : 1753
Age : 74
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
« Tu es un curieux mélange de concret et de rêve, de force et de fragilité, de détermination et de renoncement. » Lui avait-il écrit un jour.
"Et moi, je voudrais n’être qu’une partie de toi !" Lui avait-elle répondu.
Il la guide vers Saint-Michel. Son bras libère parfois ses épaules pour que sa main vienne frôler la sienne et que ses doigts se nouent aux siens. Ils traversent le Petit Pont, le Quai St Michel, débouchent dans la rue de la Huchette. Ils passent devant le Caveau. Ils sourient d’y avoir, chacun, ses propres souvenirs et se promettent d’en construire très vite d’autres qu’ils partageront. La rue St Séverin, celle de la Harpe. Que préfère-t-elle ? Tout et n’importe quoi, elle aime toutes les cuisines.
Mexicaine ? Va pour mexicaine.
Un chili con carne pour lui, un guacamole pour elle. Elle adore ça et plus encore les petits triangles croustillants et épicés qui sont généralement servis avec. Et de toute façon, elle ne pourrait rien avaler de plus consistant. Une salle comble et surchauffée, deux guitaristes. L’idéal pour diluer un reste de gêne.
La chanson de Nougaro ?
«Sur l'écran noir de mes nuits blanches, Moi je me fais du cinéma Sans pognon et sans caméra, Bardot peut partir en vacances : Ma vedette, c'est toujours toi.
Pour te dire que je t'aime, rien à faire, je flanche : J'ai du cœur mais pas d'estomac C'est pourquoi je prends ma revanche Sur l'écran noir de mes nuits blanches
…
Où je me fais du cinéma. Je tourne tous les soirs, y compris le dimanche,
Parfois on sonne ; j'ouvre : c'est toi ! Vais-je te prendre par les hanches Comme sur l'écran de mes nuits blanches ? Non : je te dis "comment ça va ?"
Pourquoi celle-ci ? Pourquoi en cet instant ? Parce qu’il la lui a envoyée tant et tant de fois ?
« Te voilà déjà dans mes bras, Le lit arrive en avalanche... »
Dans ses bras, elle n’y est pas encore. Etrange comment son comportement change en fonction de l’environnement. Dans la rue, un zeste d’audace ! Petit… très petit, il est vrai… mais quand même ! Et ici, au milieu de tous ces gens, elle a l’impression d’être assise face à une relation professionnelle. Oublie-t-elle qu’il est timide ? Il lui a assuré être d’une timidité paralysante.
Il faut se calmer… redevenir sereine et confiante. Je n’ai, à vrai dire, pas envie de parler… enfin… parler c’est beaucoup dire…Non, je goûte ta peur… elle me fait du bien, elle me rassure quelque part. Je sais que tu comprends ce que je veux dire.
Le guacamole est délicieux, ce qu’elle a eu largement loisir d’apprécier. Le vin rugueux et charnu se révèle ardent. Ce qui lui convient tout à fait. Ses joues doivent d’ailleurs en témoigner. Elle se voudrait à la fois hors de ce lieu et faire durer l’instant à l’infini.
Comment ai-je désigné cela ? Ah oui… Une alchimie ! Et cette alchimie me paraissait tellement idéale à cause de tout ce que nous avons véhiculé d’émotions, de ressenti, de communion d’esprit jusqu’ici, que pas une seconde je n’ai supposé que nos corps puissent trahir cela…
Peut-être vaut-il mieux désirer qu’obtenir ? Ce dernier voile… une fois levé… que nous restera-t-il à découvrir ?
Mais le temps fuit, et les tables se désertent. Il faut se lever, reprendre le cours de la vie. Elle le regarde avec tendresse. Ainsi, aussi emprunté qu’elle l’imaginait, il lui redevient accessible, elle le reconnaît tout à fait. Elle lui offre un premier sourire, un vrai, grand, chaleureux. Et elle est ravie de voir naître le même chez lui. Un tout petit effort, d’autres grimaces heureuses et ils finiront bien pas dissiper cet agaçant malaise.
Tu as le trac… et moi je meurs de frousse.
Nous portons en nous la même peur du regard de l’autre.
C’est sur un accord de guitare, qu’ils sortent du restaurant, et bras-dessus, bras-dessous, qu’ils dérivent dans les rues. Elle se laisse aller contre son épaule. Légèrement grise. D’un excès de vin mais également d’un trouble naissant.
Elle en ferme presque les yeux, se laissant guider, pratiquement silencieuse. Elle savoure chaque frémissement qui naît dans des zones secrètes d'un corps qu’elle croyait endormi à jamais. Elle guette chacune des contractions qui brûlent ses reins en vagues successives. Elle suit la progression d’un plaisir presque oublié et qu’elle retrouve tout à fleur de peau. Une onde de chaleur enfle de son sexe à son ventre à ses seins, enflamme ses joues, son front. A en hurler de frustration. Elle avance, vibrante de l’intérieur au point de s’en mordre les lèvres.
Elle n’est qu’avide impatience… Et toutes ces portes-cochères… Tous ces antres sombres qui semblent les inviter, les appeler… lequel ? Dans lequel va-t-il enfin se décider à la pousser ? Dans lequel va-t-il enfin la plaquer contre un mur, ouvrir son manteau, remonter sa jupe sur ses hanches, passer les mains sous son pull… les poser enfin sur elle.
Elle avance, tendue de désir au point d’en tituber.
Il ne peut pas ne rien deviner... ne rien percevoir !
Là ? Ici ? Plus loin ? Elle a faim. Faim de sa peau contre la sienne, faim de son désir, de son urgence. Elle a faim de son poids, de sa force sur elle. Et elle a soif, de sa bouche, de sa langue, de ses doigts, sur elle, en elle. Elle veut gémir sous la morsure de ses dents, elle veut pleurer sous la douleur d’une déchirure, elle veut ployer sous ses assauts, elle veut… elle veut…
Ils arrivent sur le Quai Voltaire ! C’est fini… trop tard… Pour trop d éclairage… Et trop de circulation. Mais l’hôtel n’est pas loin.
Quelques pas… Elle défait la pression de ses ongles sur le cuir du blouson. Elle refoule pas après pas cette impulsion folle, presque indécente sous les projections lumineuses des vehicules qui passent.
Ils y sont ! Elle a repris la maîtrise de ses sens comme elle aurait remis de l’ordre dans sa tenue. Apportant le même soin à lisser son attente qu’elle en aurait eu pour l’étoffe de sa jupe.
C’est lui qui demande les clefs, lui qui les prend. Elle n’a plus aucun contrôle sur la situation.
L’ascenseur les emporte. Une cabine étroite, de celles que l’on trouve surtout dans ces vieux immeubles où aucun espace n’a été prévu pour en accueillir de plus confortables. Ils se tiennent à quelques centimètres l’un de l’autre. Il lui sourit. Elle lui offre en retour une mimique un peu crispée.
Trois étages. La porte. La chambre. Un simple tour de clé, un pas à l’intérieur et elle se raidit un peu de le sentir derrière elle.
Elle se défait de son manteau, le laisse tomber sur le premier fauteuil venu. Deux pas jusqu’à la fenêtre. Qu’elle ouvre. Elle se hisse sur le balcon, s’accoude à la rambarde. Il la suit. Ses mains, enfin, épousent l’arrondi de ses épaules.
- Tu n’as pas froid ?
Froid ? Alors qu’il y a peu elle était incendie, que des braises la consumment encore. Qu’un rien, un mot, un geste, suffirait à les raviver !
- Non… ça va… je vais fumer une cigarette. Ici. L’odeur ne te dérangera pas comme ça.
- D’accord… Je vais dans la salle de bains.
Quelques secondes, seule avec elle-même. Elle revient dans la chambre et s’arrête, saisie.
Devant le bureau, sur l’assise du fauteuil, repose un sac, entièrement vidé, et entre ses quatre pieds, des pantoufles sont soigneusement disposées côte à côte.
Elle n’a même pas pensé à prendre les siennes !
Quelques pas jusqu’à l’armoire.
Sur les étagères, des chaussettes, des slips. Pliés et empilés.
Elle regarde son bagage, pense à ses vêtements encore à l’intérieur. En boule.
Il faisait si froid dehors…alors qu’elle promenait son attente autour des murs de Notre Dame… Si froid ! Si horriblement froid !
Sur des cintres, pantalons et chemises affichent leurs plis impeccables.
Elle se tient ainsi, mains accrochées aux battants de bois. Et elle sourit. Un sourire un peu ironique.
Il faisait si froid dehors… alors qu’elle distrayait ses urgences de lui en évoquant les siennes d’elle ! Si froid ! Si cruellement froid !
Il est de retour, près d’elle. Il sent le savon, le propre.
Il la prend par la taille, et elle se laisse faire docile.
Te voilà dans mes bras, le lit arrive en avalanche.
Te voilà dans mes bras, le lit arrive en avalanche.
Te voilà dans mes bras, le lit arrive en avalanche.
Ces mots l'obsèdent. Notes lancinantes.
Elle n’est que marionnette soumise tandis qu’il remonte son pull, qu’il l’en défait. Il tire sur la fermeture éclair de sa jupe, la fait glisser le long de ses hanches et elle se redresse, machinalement, pour une aide inconsciente. Le crissement de l’étoffe sur le nylon de ses bas résonne dans sa tête.
Dehors… il faisait si froid ! Si cruellement froid !
Te voilà dans mes bras, le lit arrive en avalanche.
- Tu ne portes pas de culotte ?
- Aujourd’hui ? non… non, je… je… attends…
Pas ainsi ! Pas encore !
Elle se dégage doucement. Se redresse.
S’éloigner ! Elle doit mettre un peu de distance entre eux.
- Il… il faut que j’aille aussi à la salle de bains.
Elle s’y rend, toute droite, appuie machinalement sur l’interrupteur et la lumière crue la gifle. Si froidement qu’elle en cligne des paupières sur son regard de myope.
Et elle l’aperçoit. Légèrement penchée, en équilibre dans un verre de plastique. Tellement incongrue pour elle, qu’elle s’en approche.
Une brosse à dents ?
Elle l’imagine… elle le voit aussi nettement que si elle avait été à ses côtés. Vider son sac, plier et pendre son linge de rechange. Et ranger toutes ses petites affaires. Ici le rasoir, là, un flacon de déodorant.
Elle est là, toute l’urgence qu’il avait d’elle.
Et ça, qu’est ce que c’est ? Un tube de pommade ? Un soin pour la peau. Pour les petits boutons qui encombrent son front sans doute. Voilà le tube de dentifrice. Il est là ! Et il a même pris le temps de défaire un verre de son emballage de cellophane… et d’y placer sa brosse à dents.
Pas même neuve ! Pas même achetée pour l’occasion !
Sa hâte de la rejoindre : elle est là ! Elle en prend la pleine mesure. Elle la ressent dans toutes les fibres de son être. Au travers de toutes ces secondes, ces minutes occupées à satisfaire aux manies dignes d’un vieux garçon !
Elle quitte la petite pièce, traverse la chambre et ramasse au passage briquet et paquet de cigarettes, en allume une machinalement.
Il est debout devant elle et elle le contourne. Tout droit vers la fenêtre, toujours ouverte, et elle s’assoie à même le sol du balcon sans se soucier du froid qui mord sans scrupule la peau de ses fesses nues.
Il est déjà à ses genoux, ses mains glissent sur le nylon qui gaine ses jambes, remontent. Et elle serre les cuisses. Se ferme à lui.
- Je veux que tu t’en ailles, maintenant.
- Mais…
- Maintenant !
La Seine coule à quelques mètres. Indifférente.
Elle ne la voit pas, ses yeux dérivent vers ailleurs. Du côté de Notre Dame
Elle l’entend, enfant obéissant, s’activer à réunir ses objets personnels.
Quand elle regarde enfin vers l’intérieur, il se tient à quelques pas d’elle, déjà prêt, blouson boutonné jusqu’au menton, encore indécis.
Il faisait si froid dehors… alors qu’elle le supposait tellement… tellement… Il faisait si froid ! Si cruellement froid !!
- Pars, s’il te plait ! Va-t-en !
Il lui tourne le dos, s’éloigne…
- Et n’oublie pas ta brosse à dents ! Murmure-t-elle.
"Et moi, je voudrais n’être qu’une partie de toi !" Lui avait-elle répondu.
Il la guide vers Saint-Michel. Son bras libère parfois ses épaules pour que sa main vienne frôler la sienne et que ses doigts se nouent aux siens. Ils traversent le Petit Pont, le Quai St Michel, débouchent dans la rue de la Huchette. Ils passent devant le Caveau. Ils sourient d’y avoir, chacun, ses propres souvenirs et se promettent d’en construire très vite d’autres qu’ils partageront. La rue St Séverin, celle de la Harpe. Que préfère-t-elle ? Tout et n’importe quoi, elle aime toutes les cuisines.
Mexicaine ? Va pour mexicaine.
Un chili con carne pour lui, un guacamole pour elle. Elle adore ça et plus encore les petits triangles croustillants et épicés qui sont généralement servis avec. Et de toute façon, elle ne pourrait rien avaler de plus consistant. Une salle comble et surchauffée, deux guitaristes. L’idéal pour diluer un reste de gêne.
La chanson de Nougaro ?
«Sur l'écran noir de mes nuits blanches, Moi je me fais du cinéma Sans pognon et sans caméra, Bardot peut partir en vacances : Ma vedette, c'est toujours toi.
Pour te dire que je t'aime, rien à faire, je flanche : J'ai du cœur mais pas d'estomac C'est pourquoi je prends ma revanche Sur l'écran noir de mes nuits blanches
…
Où je me fais du cinéma. Je tourne tous les soirs, y compris le dimanche,
Parfois on sonne ; j'ouvre : c'est toi ! Vais-je te prendre par les hanches Comme sur l'écran de mes nuits blanches ? Non : je te dis "comment ça va ?"
Pourquoi celle-ci ? Pourquoi en cet instant ? Parce qu’il la lui a envoyée tant et tant de fois ?
« Te voilà déjà dans mes bras, Le lit arrive en avalanche... »
Dans ses bras, elle n’y est pas encore. Etrange comment son comportement change en fonction de l’environnement. Dans la rue, un zeste d’audace ! Petit… très petit, il est vrai… mais quand même ! Et ici, au milieu de tous ces gens, elle a l’impression d’être assise face à une relation professionnelle. Oublie-t-elle qu’il est timide ? Il lui a assuré être d’une timidité paralysante.
Il faut se calmer… redevenir sereine et confiante. Je n’ai, à vrai dire, pas envie de parler… enfin… parler c’est beaucoup dire…Non, je goûte ta peur… elle me fait du bien, elle me rassure quelque part. Je sais que tu comprends ce que je veux dire.
Le guacamole est délicieux, ce qu’elle a eu largement loisir d’apprécier. Le vin rugueux et charnu se révèle ardent. Ce qui lui convient tout à fait. Ses joues doivent d’ailleurs en témoigner. Elle se voudrait à la fois hors de ce lieu et faire durer l’instant à l’infini.
Comment ai-je désigné cela ? Ah oui… Une alchimie ! Et cette alchimie me paraissait tellement idéale à cause de tout ce que nous avons véhiculé d’émotions, de ressenti, de communion d’esprit jusqu’ici, que pas une seconde je n’ai supposé que nos corps puissent trahir cela…
Peut-être vaut-il mieux désirer qu’obtenir ? Ce dernier voile… une fois levé… que nous restera-t-il à découvrir ?
Mais le temps fuit, et les tables se désertent. Il faut se lever, reprendre le cours de la vie. Elle le regarde avec tendresse. Ainsi, aussi emprunté qu’elle l’imaginait, il lui redevient accessible, elle le reconnaît tout à fait. Elle lui offre un premier sourire, un vrai, grand, chaleureux. Et elle est ravie de voir naître le même chez lui. Un tout petit effort, d’autres grimaces heureuses et ils finiront bien pas dissiper cet agaçant malaise.
Tu as le trac… et moi je meurs de frousse.
Nous portons en nous la même peur du regard de l’autre.
C’est sur un accord de guitare, qu’ils sortent du restaurant, et bras-dessus, bras-dessous, qu’ils dérivent dans les rues. Elle se laisse aller contre son épaule. Légèrement grise. D’un excès de vin mais également d’un trouble naissant.
Elle en ferme presque les yeux, se laissant guider, pratiquement silencieuse. Elle savoure chaque frémissement qui naît dans des zones secrètes d'un corps qu’elle croyait endormi à jamais. Elle guette chacune des contractions qui brûlent ses reins en vagues successives. Elle suit la progression d’un plaisir presque oublié et qu’elle retrouve tout à fleur de peau. Une onde de chaleur enfle de son sexe à son ventre à ses seins, enflamme ses joues, son front. A en hurler de frustration. Elle avance, vibrante de l’intérieur au point de s’en mordre les lèvres.
Elle n’est qu’avide impatience… Et toutes ces portes-cochères… Tous ces antres sombres qui semblent les inviter, les appeler… lequel ? Dans lequel va-t-il enfin se décider à la pousser ? Dans lequel va-t-il enfin la plaquer contre un mur, ouvrir son manteau, remonter sa jupe sur ses hanches, passer les mains sous son pull… les poser enfin sur elle.
Elle avance, tendue de désir au point d’en tituber.
Il ne peut pas ne rien deviner... ne rien percevoir !
Là ? Ici ? Plus loin ? Elle a faim. Faim de sa peau contre la sienne, faim de son désir, de son urgence. Elle a faim de son poids, de sa force sur elle. Et elle a soif, de sa bouche, de sa langue, de ses doigts, sur elle, en elle. Elle veut gémir sous la morsure de ses dents, elle veut pleurer sous la douleur d’une déchirure, elle veut ployer sous ses assauts, elle veut… elle veut…
Ils arrivent sur le Quai Voltaire ! C’est fini… trop tard… Pour trop d éclairage… Et trop de circulation. Mais l’hôtel n’est pas loin.
Quelques pas… Elle défait la pression de ses ongles sur le cuir du blouson. Elle refoule pas après pas cette impulsion folle, presque indécente sous les projections lumineuses des vehicules qui passent.
Ils y sont ! Elle a repris la maîtrise de ses sens comme elle aurait remis de l’ordre dans sa tenue. Apportant le même soin à lisser son attente qu’elle en aurait eu pour l’étoffe de sa jupe.
C’est lui qui demande les clefs, lui qui les prend. Elle n’a plus aucun contrôle sur la situation.
L’ascenseur les emporte. Une cabine étroite, de celles que l’on trouve surtout dans ces vieux immeubles où aucun espace n’a été prévu pour en accueillir de plus confortables. Ils se tiennent à quelques centimètres l’un de l’autre. Il lui sourit. Elle lui offre en retour une mimique un peu crispée.
Trois étages. La porte. La chambre. Un simple tour de clé, un pas à l’intérieur et elle se raidit un peu de le sentir derrière elle.
Elle se défait de son manteau, le laisse tomber sur le premier fauteuil venu. Deux pas jusqu’à la fenêtre. Qu’elle ouvre. Elle se hisse sur le balcon, s’accoude à la rambarde. Il la suit. Ses mains, enfin, épousent l’arrondi de ses épaules.
- Tu n’as pas froid ?
Froid ? Alors qu’il y a peu elle était incendie, que des braises la consumment encore. Qu’un rien, un mot, un geste, suffirait à les raviver !
- Non… ça va… je vais fumer une cigarette. Ici. L’odeur ne te dérangera pas comme ça.
- D’accord… Je vais dans la salle de bains.
Quelques secondes, seule avec elle-même. Elle revient dans la chambre et s’arrête, saisie.
Devant le bureau, sur l’assise du fauteuil, repose un sac, entièrement vidé, et entre ses quatre pieds, des pantoufles sont soigneusement disposées côte à côte.
Elle n’a même pas pensé à prendre les siennes !
Quelques pas jusqu’à l’armoire.
Sur les étagères, des chaussettes, des slips. Pliés et empilés.
Elle regarde son bagage, pense à ses vêtements encore à l’intérieur. En boule.
Il faisait si froid dehors…alors qu’elle promenait son attente autour des murs de Notre Dame… Si froid ! Si horriblement froid !
Sur des cintres, pantalons et chemises affichent leurs plis impeccables.
Elle se tient ainsi, mains accrochées aux battants de bois. Et elle sourit. Un sourire un peu ironique.
Il faisait si froid dehors… alors qu’elle distrayait ses urgences de lui en évoquant les siennes d’elle ! Si froid ! Si cruellement froid !
Il est de retour, près d’elle. Il sent le savon, le propre.
Il la prend par la taille, et elle se laisse faire docile.
Te voilà dans mes bras, le lit arrive en avalanche.
Te voilà dans mes bras, le lit arrive en avalanche.
Te voilà dans mes bras, le lit arrive en avalanche.
Ces mots l'obsèdent. Notes lancinantes.
Elle n’est que marionnette soumise tandis qu’il remonte son pull, qu’il l’en défait. Il tire sur la fermeture éclair de sa jupe, la fait glisser le long de ses hanches et elle se redresse, machinalement, pour une aide inconsciente. Le crissement de l’étoffe sur le nylon de ses bas résonne dans sa tête.
Dehors… il faisait si froid ! Si cruellement froid !
Te voilà dans mes bras, le lit arrive en avalanche.
- Tu ne portes pas de culotte ?
- Aujourd’hui ? non… non, je… je… attends…
Pas ainsi ! Pas encore !
Elle se dégage doucement. Se redresse.
S’éloigner ! Elle doit mettre un peu de distance entre eux.
- Il… il faut que j’aille aussi à la salle de bains.
Elle s’y rend, toute droite, appuie machinalement sur l’interrupteur et la lumière crue la gifle. Si froidement qu’elle en cligne des paupières sur son regard de myope.
Et elle l’aperçoit. Légèrement penchée, en équilibre dans un verre de plastique. Tellement incongrue pour elle, qu’elle s’en approche.
Une brosse à dents ?
Elle l’imagine… elle le voit aussi nettement que si elle avait été à ses côtés. Vider son sac, plier et pendre son linge de rechange. Et ranger toutes ses petites affaires. Ici le rasoir, là, un flacon de déodorant.
Elle est là, toute l’urgence qu’il avait d’elle.
Et ça, qu’est ce que c’est ? Un tube de pommade ? Un soin pour la peau. Pour les petits boutons qui encombrent son front sans doute. Voilà le tube de dentifrice. Il est là ! Et il a même pris le temps de défaire un verre de son emballage de cellophane… et d’y placer sa brosse à dents.
Pas même neuve ! Pas même achetée pour l’occasion !
Sa hâte de la rejoindre : elle est là ! Elle en prend la pleine mesure. Elle la ressent dans toutes les fibres de son être. Au travers de toutes ces secondes, ces minutes occupées à satisfaire aux manies dignes d’un vieux garçon !
Elle quitte la petite pièce, traverse la chambre et ramasse au passage briquet et paquet de cigarettes, en allume une machinalement.
Il est debout devant elle et elle le contourne. Tout droit vers la fenêtre, toujours ouverte, et elle s’assoie à même le sol du balcon sans se soucier du froid qui mord sans scrupule la peau de ses fesses nues.
Il est déjà à ses genoux, ses mains glissent sur le nylon qui gaine ses jambes, remontent. Et elle serre les cuisses. Se ferme à lui.
- Je veux que tu t’en ailles, maintenant.
- Mais…
- Maintenant !
La Seine coule à quelques mètres. Indifférente.
Elle ne la voit pas, ses yeux dérivent vers ailleurs. Du côté de Notre Dame
Elle l’entend, enfant obéissant, s’activer à réunir ses objets personnels.
Quand elle regarde enfin vers l’intérieur, il se tient à quelques pas d’elle, déjà prêt, blouson boutonné jusqu’au menton, encore indécis.
Il faisait si froid dehors… alors qu’elle le supposait tellement… tellement… Il faisait si froid ! Si cruellement froid !!
- Pars, s’il te plait ! Va-t-en !
Il lui tourne le dos, s’éloigne…
- Et n’oublie pas ta brosse à dents ! Murmure-t-elle.
Reginelle- Nombre de messages : 1753
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Date d'inscription : 07/03/2008
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
ha ben ?!
tu dis que ce sont des petites histoires, qui se terminent bien ou mal, c'est selon, et celle-ci elle ne se termine pas ! Tu le fais exprès là ?
Moi je veux la suite !
et si elle est pas écrite, hébé t'as 2 heures ! hop ! :-)))
sympa cette petite aventure, j'ai juste été un peu surpris de l'existence du mari, mais bon, c'est la vie ;-)
et puisque la mode est à relever les fautes, une toute petite :
tu dis que ce sont des petites histoires, qui se terminent bien ou mal, c'est selon, et celle-ci elle ne se termine pas ! Tu le fais exprès là ?
Moi je veux la suite !
et si elle est pas écrite, hébé t'as 2 heures ! hop ! :-)))
sympa cette petite aventure, j'ai juste été un peu surpris de l'existence du mari, mais bon, c'est la vie ;-)
et puisque la mode est à relever les fautes, une toute petite :
pas de chapeau, c'est au prétéritEt retour il y eût
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
J'ANNULE CE POST ! Je répondais après le premier épisode !!! Navré
Je lis la suite, de suite ;-)
Je lis la suite, de suite ;-)
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
'tain, il est con ce type, pas d'autres mots ! :-))))
Super bien écrit, et original ce jeu des pensées, des retranscriptions de leurs échanges avec en alternance la narration du live
Tout cela est très réaliste et bien rendu
On ressent fortement la frustration, la déception de la jeune femme après ce premier contact tant rêvé, imaginé, idéalisé
Le coup du type qui s'installe au carré avant toute autre chose, ça tu l'as bien balancé, ça explique tout et c'est parfaitement rendu
Bravo pour cette nouvelle, Reginelle
Super bien écrit, et original ce jeu des pensées, des retranscriptions de leurs échanges avec en alternance la narration du live
Tout cela est très réaliste et bien rendu
On ressent fortement la frustration, la déception de la jeune femme après ce premier contact tant rêvé, imaginé, idéalisé
Le coup du type qui s'installe au carré avant toute autre chose, ça tu l'as bien balancé, ça explique tout et c'est parfaitement rendu
Bravo pour cette nouvelle, Reginelle
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
au passé simple !!! mes excuses ! :-)))mentor a écrit:et puisque la mode est à relever les fautes, une toute petite :pas de chapeau, c'est au prétéritEt retour il y eût
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
La voix de Nina Simone... "Isn’t It a Pity "... Est-ce bien ce titre-là ? L'histoire d'un amour désespéré. Pourquoi justement ce morceau-là et pas un autre ? Elle frissonne.
en copiant collant j'ai sauté cette phrase... elle va dans le 3e post
entre :
Le thé est fade, trop léger, davantage encore qu’elle ne s’y attendait.
et
Elle est toute crispée de l’intérieur, douloureusement crispée. Elle s'applique à canaliser ses émotions, à penser à autre chose, et surtout à briser ce tempo lancinant qui martèle son coeur. Elle se déh-anche sur la tangente d'un harmonique, elle swingue modérato, mais pas trop. Au coeur de l'armure, elle cherche la clé. En hauteur, sans forcer l'allure, elle est équilibriste et glisse allegro sur le fil d'une gamme chromatique. Esclave d'un plectre qui se dit médiator, elle va crescendo de silence en soupir, de ton en demi-ton, et elle timbre et nuance les degrés des « piano » et « fortissimo » d’une mélodie abstraite. Sur l’arpège d’un accord, elle croche un intervalle, à portée d’une mesure, elle traque un comma, sur un contrepoint, elle tempère une tierce majeure... presque… presque… elle se modulerait blues.
bon ce n'est pas essentiel à l'histoire... mais ça explique juste la dérive "musicale"...
si une bonne âme veut bien m'aider... merci !
Reginelle- Nombre de messages : 1753
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Date d'inscription : 07/03/2008
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
wahou... Mentor Speedy !!!!!!! merci pour le "^".... :-))) et pour le reste aussi (clin d'oeil)
Reginelle- Nombre de messages : 1753
Age : 74
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
j'ai rectifié en insérant le bout manquant, tu me diras s'il fallait mettre des interlignes ;-)Reginelle a écrit:wahou... Mentor Speedy !!!!!!! merci pour le "^".... :-))) et pour le reste aussi (clin d'oeil)
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
MERCI MENTOR !
pas important les interlignes... j'en mets systématiquement pour faciliter au maximum la lecture sur écran, mais là, juste sur quelques lignes, je ne pense pas que cela soit une gène...
pas important les interlignes... j'en mets systématiquement pour faciliter au maximum la lecture sur écran, mais là, juste sur quelques lignes, je ne pense pas que cela soit une gène...
Reginelle- Nombre de messages : 1753
Age : 74
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
Rhâââ ! C'est bien un truc de fille, ça, de faire passer le mec pour un con !
Un seul reproche, le titre.
Avec ce titre, tu nous donnes la fin, ça ne peut être que celle là, et de plus en plus au fil de la lecture.
Plus elle en met, plus elle ne peut être que déçue. Terriblement. Plus elle s'envole et plus elle ne peut qu'être brutalement ramenée au sol par le principe de réalité...
Mais tu vas fort quand même !
Moi c'est pantoufles qui m'auraient fait fuir.
...
Et puis... un boutiquier !
Quincaillier certainement !-)
Méchante, méchante, méchante.
Méchante.
Un seul reproche, le titre.
Avec ce titre, tu nous donnes la fin, ça ne peut être que celle là, et de plus en plus au fil de la lecture.
Plus elle en met, plus elle ne peut être que déçue. Terriblement. Plus elle s'envole et plus elle ne peut qu'être brutalement ramenée au sol par le principe de réalité...
Mais tu vas fort quand même !
Moi c'est pantoufles qui m'auraient fait fuir.
...
Et puis... un boutiquier !
Quincaillier certainement !-)
Méchante, méchante, méchante.
Méchante.
à tchaoum- Nombre de messages : 612
Age : 75
Date d'inscription : 06/05/2007
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
Méchante ? Moi ????
fffffffffff.... à peine !
fffffffffff.... à peine !
Reginelle- Nombre de messages : 1753
Age : 74
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
Belle écriture !
J'ai été emballée dès les premières lignes : à fond dedans !
Pourtant, j'ai tiqué dès que j'ai lu un mot : "mari".
Ne m'en veux pas, je suis ainsi faite que j'ai un peu de mal avec les amants adultères qui se retrouvent de cette manière. Du coup, je ne suis plus la même lectrice que l'instant d'avant.
Je me répète quant à la qualité de ton écriture que, décidément, j'apprécie énormément.
Je rejoins à tchaoum quant aux "pantoufles", monsieur prend le temps de ranger son linge et, l'inévitable brosse à dents... Peu mieux faire, l'ami des mots.
A travers les pensées de cette femme, on rejoint le processus de cristallisation développé par Stendhal et, évidemment, plus dure sera la chute ! Il est si difficile de vivre l'amour au quotidien, pas vrai ? Alors, on se berce de faux semblants et d'illusions. En gros, on se monte le bourrichon.
J'ai aimé ce portrait de femme et je te lirai, encore, avec le plus grand plaisir.
J'ai été emballée dès les premières lignes : à fond dedans !
Pourtant, j'ai tiqué dès que j'ai lu un mot : "mari".
Ne m'en veux pas, je suis ainsi faite que j'ai un peu de mal avec les amants adultères qui se retrouvent de cette manière. Du coup, je ne suis plus la même lectrice que l'instant d'avant.
Je me répète quant à la qualité de ton écriture que, décidément, j'apprécie énormément.
Je rejoins à tchaoum quant aux "pantoufles", monsieur prend le temps de ranger son linge et, l'inévitable brosse à dents... Peu mieux faire, l'ami des mots.
A travers les pensées de cette femme, on rejoint le processus de cristallisation développé par Stendhal et, évidemment, plus dure sera la chute ! Il est si difficile de vivre l'amour au quotidien, pas vrai ? Alors, on se berce de faux semblants et d'illusions. En gros, on se monte le bourrichon.
J'ai aimé ce portrait de femme et je te lirai, encore, avec le plus grand plaisir.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
Belle écriture, Réginelle.
J'aurais vu les passages en italiques plus courts, plus percutants, l'histoire s'y perd un peu.
Sinon quant à la psychologie du personnage féminin, j'ai un peu de mal parce qu'elle me parait "incohérente" mais c'est personnel. En effet, compte tenu du sentiment très puissant qui est le sien, je ne comprends ni qu'elle ne l'attende pas à l'hotel ni que l'ordre du bonhomme entraîne pareil rejet de sa part.
Quant on aime ainsi, et dieu sait si le virtuel peut exacerber les sentiments, on ne chasse pas l'autre pour si peu, même si on se sent "délaissée" au profit d'un rituel un peu maniaque, au profit d'objets. Ce rituel chez lui avait peut -être aussi pour but de le rassurer, de reporter l'échéance, de faire monter le désir ...
Donc voilà ce qui m'a empêché de "rentrer" dans l'histoire pour me tenir observatrice étonnée tout au bord.
J'aurais vu les passages en italiques plus courts, plus percutants, l'histoire s'y perd un peu.
Sinon quant à la psychologie du personnage féminin, j'ai un peu de mal parce qu'elle me parait "incohérente" mais c'est personnel. En effet, compte tenu du sentiment très puissant qui est le sien, je ne comprends ni qu'elle ne l'attende pas à l'hotel ni que l'ordre du bonhomme entraîne pareil rejet de sa part.
Quant on aime ainsi, et dieu sait si le virtuel peut exacerber les sentiments, on ne chasse pas l'autre pour si peu, même si on se sent "délaissée" au profit d'un rituel un peu maniaque, au profit d'objets. Ce rituel chez lui avait peut -être aussi pour but de le rassurer, de reporter l'échéance, de faire monter le désir ...
Donc voilà ce qui m'a empêché de "rentrer" dans l'histoire pour me tenir observatrice étonnée tout au bord.
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
.
Le rêve de cette femme, Zou, est si étranger, si contraire à la réalité de cet homme, que je comprends parfaitement son désir de fuite. Elle le fait même très calmement : elle pourrait nerveusement craquer.
J'ai beaucoup aimé la poésie de l'amour, chez cette femme, la poésie de l'attente, du désir, de l'espérance, de l'extraordinaire.
Ce qui m'étonne beaucoup, et qui me cause une grande frustration après cette lecture, c'est que cette femme, en lisant ou en écoutant les mots de cet homme pendant des mois, n'ait pas su le connaître. Je doute très, très fort qu'un tel être soit capable d'exprimer, comme cette femme, une attente puissante de l'amour, un pareil étonnement, un pareil vertige.
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Le rêve de cette femme, Zou, est si étranger, si contraire à la réalité de cet homme, que je comprends parfaitement son désir de fuite. Elle le fait même très calmement : elle pourrait nerveusement craquer.
J'ai beaucoup aimé la poésie de l'amour, chez cette femme, la poésie de l'attente, du désir, de l'espérance, de l'extraordinaire.
Ce qui m'étonne beaucoup, et qui me cause une grande frustration après cette lecture, c'est que cette femme, en lisant ou en écoutant les mots de cet homme pendant des mois, n'ait pas su le connaître. Je doute très, très fort qu'un tel être soit capable d'exprimer, comme cette femme, une attente puissante de l'amour, un pareil étonnement, un pareil vertige.
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Re: La brosse à dents... (nouvelle)
Je reviens à ton texte, Réginelle ! J'ai pas cessé d'y penser en préparant les chicons (endives, vous dites je crois) au gratin ... et ça c'est rare qu'on texte me suive.
Peut-être la réaction de ton héroïne face au type m'est apparue peu "plausible" parce qu'elle-même ne m'a pas semblé dotée de beaucoup de fantaisie. Peut-être parce qu'en dehors de cette relation virtuelle, l'on ne sait rien sur elle...
Sais pas ?
Et aussi je pensais, que ce serait chouette d'écrire en vis-à-vis l'histoire du point de vue du gars parce que c'est vrai l'on n'en sait pas beaucoup sur lui.
Pourquoi je veux à tout prix le réhabiliter lui ? ;-))))) Ah oui la veuve, l'orphelin et l'abondonné ;-)
Sigmund es-tu là ?
Est-elle publiée déjà cette nouvelle, Réginelle ?
Peut-être la réaction de ton héroïne face au type m'est apparue peu "plausible" parce qu'elle-même ne m'a pas semblé dotée de beaucoup de fantaisie. Peut-être parce qu'en dehors de cette relation virtuelle, l'on ne sait rien sur elle...
Sais pas ?
Et aussi je pensais, que ce serait chouette d'écrire en vis-à-vis l'histoire du point de vue du gars parce que c'est vrai l'on n'en sait pas beaucoup sur lui.
Pourquoi je veux à tout prix le réhabiliter lui ? ;-))))) Ah oui la veuve, l'orphelin et l'abondonné ;-)
Sigmund es-tu là ?
Est-elle publiée déjà cette nouvelle, Réginelle ?
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
apoutsiak a écrit:.
Ce qui m'étonne beaucoup, et qui me cause une grande frustration après cette lecture, c'est que cette femme, en lisant ou en écoutant les mots de cet homme pendant des mois, n'ait pas su le connaître.
.
Oui Apou, aussi, j'adhère.
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
Merci à vous deux, pour cette approche au plus juste...
Elle est pitoyable quelque part, cette femme. C'est elle qui "idéalise" cet homme jusqu'à l'insoutenable.
Les passages en italique sont très importants. Elle se raccroche à leurs échanges tout du long de son attente, mais en même temps, déjà, dedans, il y a l'évidence.
Ce type est... un type tout à fait banal, un homme comme plein d'autres. Il le dit, qu'il est timide, qu'il ne prend jamais de décision, qu'il est jaloux aussi... et c'est elle qui se le dessine autrement... "ce que vous écrivez... ne ressemble pas à ce que vous dites être..." souligne-t-elle, elle lui dit aussi "si vous vous sentez de trop, battez-vous"... "soyez conquérant... soyez exigeant..."... "accordez-vous le droit d'être..."
Etre lui ? ou bien tel qu'elle le rêve ? Il dit tout cela... et ses réponses, à elle, montrent bien qu'elle n'entend rien, qu'elle ne veut rien entendre qui puisse ternir son rêve...
Et puis, c'est aussi une histoire d'adultère... ils sont mariés tous les deux, sinon ce n'est pas à l'hôtel qu'elle le rejoindrait, mais chez lui... Tromper son mari, avoir un nouvel amour dans sa vie... d'accord... mais alors il faut qu'il soit éblouissant... qu'il soit de fièvre et de passion.
Qu'il ne commence pas par une étreinte dans une quelconque chambre d'hôtel. Non... Elle le dit... elle se veut "proie"... elle veut être "objet de quête, de traque"... Elle se veut assaillie, prise par surprise... Et rien ne se passe... elle va de frustration en frustration... rien de ce qu'elle avait rêvé ne se passe...
Et elle le savait... elle le sentait, que cet homme-là ne serait pas à la hauteur de son attente. Elle l'a toujours su quelque part. Les peurs qu'elle lui donne, ce sont les siennes "Etes-vous certain de ne pas vous tromper... de ne pas idéaliser un personnage... "
Au fond, en le questionnant ainsi, n'est-ce pas sa peur, à elle, qu'elle exprime ?
La brosse à dents dans le verre, les pantoufles bien rangées... ce ne sont que les détails qui la ramènent à la réalité. Et de cette réalité-là, de cette réalité de liaison on ne peut plus banale : elle n'en veut pas... elle ne peut pas.
@ Zou : Merci pour ton interprétation du comportement de l'homme... tu es la première à la concevoir.
Il y a quelques mois, lors d'une discussion avec un lecteur, je lui avais donné cette même interprétation de ce besoin de "ranger" ses petites affaires... Juste pour retarder encore un peu une rencontre certainement redoutée. Comme un sursis avant d'affronter le "regard" de l'autre.
Au fond, cet homme... Peut-être est-il la victime ici ?!... rien ne dit qu'il n'était pas vraiment amoureux... Et qu'il s'est trouvé comme paralysé devant... devant une telle attente ! Ce doit être effrayant de sentir une telle "passion" et se penser incapable d'y satisfaire !
Merci à vous tous encore...
Elle est pitoyable quelque part, cette femme. C'est elle qui "idéalise" cet homme jusqu'à l'insoutenable.
Les passages en italique sont très importants. Elle se raccroche à leurs échanges tout du long de son attente, mais en même temps, déjà, dedans, il y a l'évidence.
Ce type est... un type tout à fait banal, un homme comme plein d'autres. Il le dit, qu'il est timide, qu'il ne prend jamais de décision, qu'il est jaloux aussi... et c'est elle qui se le dessine autrement... "ce que vous écrivez... ne ressemble pas à ce que vous dites être..." souligne-t-elle, elle lui dit aussi "si vous vous sentez de trop, battez-vous"... "soyez conquérant... soyez exigeant..."... "accordez-vous le droit d'être..."
Etre lui ? ou bien tel qu'elle le rêve ? Il dit tout cela... et ses réponses, à elle, montrent bien qu'elle n'entend rien, qu'elle ne veut rien entendre qui puisse ternir son rêve...
Et puis, c'est aussi une histoire d'adultère... ils sont mariés tous les deux, sinon ce n'est pas à l'hôtel qu'elle le rejoindrait, mais chez lui... Tromper son mari, avoir un nouvel amour dans sa vie... d'accord... mais alors il faut qu'il soit éblouissant... qu'il soit de fièvre et de passion.
Qu'il ne commence pas par une étreinte dans une quelconque chambre d'hôtel. Non... Elle le dit... elle se veut "proie"... elle veut être "objet de quête, de traque"... Elle se veut assaillie, prise par surprise... Et rien ne se passe... elle va de frustration en frustration... rien de ce qu'elle avait rêvé ne se passe...
Et elle le savait... elle le sentait, que cet homme-là ne serait pas à la hauteur de son attente. Elle l'a toujours su quelque part. Les peurs qu'elle lui donne, ce sont les siennes "Etes-vous certain de ne pas vous tromper... de ne pas idéaliser un personnage... "
Au fond, en le questionnant ainsi, n'est-ce pas sa peur, à elle, qu'elle exprime ?
La brosse à dents dans le verre, les pantoufles bien rangées... ce ne sont que les détails qui la ramènent à la réalité. Et de cette réalité-là, de cette réalité de liaison on ne peut plus banale : elle n'en veut pas... elle ne peut pas.
@ Zou : Merci pour ton interprétation du comportement de l'homme... tu es la première à la concevoir.
Il y a quelques mois, lors d'une discussion avec un lecteur, je lui avais donné cette même interprétation de ce besoin de "ranger" ses petites affaires... Juste pour retarder encore un peu une rencontre certainement redoutée. Comme un sursis avant d'affronter le "regard" de l'autre.
Au fond, cet homme... Peut-être est-il la victime ici ?!... rien ne dit qu'il n'était pas vraiment amoureux... Et qu'il s'est trouvé comme paralysé devant... devant une telle attente ! Ce doit être effrayant de sentir une telle "passion" et se penser incapable d'y satisfaire !
Merci à vous tous encore...
Reginelle- Nombre de messages : 1753
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Date d'inscription : 07/03/2008
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
Zou a écrit: je pensais, que ce serait chouette d'écrire en vis-à-vis l'histoire du point de vue du gars parce que c'est vrai l'on n'en sait pas beaucoup sur lui.
Est-elle publiée déjà cette nouvelle, Réginelle ?
là... c'est amusant, parce que, à un moment, j'ai aussi envisagé de faire le "point de vue masculin"... Mais c'est un recueil de plusieurs nouvelles et il y en a déjà une qui est écrite comme ça : version, "lui", et version "elle"... Et j'ai eu peur que ça fasse "redite"...
Pour "est-elle publiée ?" ... Non ! Et elle ne le sera sans doute jamais, mdrrrrrrr.... J'ai la tête dans les nuages, mais les pieds sur terre. J'écris et je m'y donne complètement, parce que... parce que... c'est un vrai besoin, une vraie passion... Si à quinze ans je rêvais de "révolutionner" la littérature, depuis j'ai pas mal grandi... et il faut aussi être lucide, la passion ne fait pas toujours "l'écrivain"... Faut dire qu'il y en a pas mal très très très bons devant moi ! (rires !)
scribouilleuse me va très bien et si certains prennent le même plaisir à me lire que celui que je prends en vous lisant, les uns et les autres... ben... c'est tout bonheur !
Reginelle- Nombre de messages : 1753
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Re: La brosse à dents... (nouvelle)
Pfiouuu, quelle nouvelle!
Un personnage de femme un peu incohérent par moments mais sans doute ses comportements étranges sont-ils dictés par cette passion qui l'anime.
J'aime le contraste entre ce qu'elle pense, ce qu'elle croit et ce qu'elle imagine. Cette manière d'idéaliser à distance et puis de se trouver face aux chaussettes sales et à une brosse à dents dans la réalité du quotidien. C'est vrai que ça peut paraître étonnant qu'elle ne le connaisse pas mieux, avec tous ces messages échangés, mais justement, ce ne sont que des messages, des projections de soi-même qu'on envoie et qui ne sont pas forcément conformes à ce qu'on est vraiment. C'est souvent ce qu'on aimerait être ou paraître, ce qu'on a envie de croire aussi, et je trouve que cette notion passe assez bien dans ton texte.
De temps à autre une longueur, des passages qui pourraient être élagués afin que le lecteur ne se perde pas trop dans les méandres de la pensée et de la correspondance. D'autant plus, mais c'est un avis perso, que je trouve que ces échanges finissent par prendre le dessus sur la psychologie des personnages dont on n'apprend finalement pas grand-chose. Mais ça laisse planer une ombre de mystère pas forcément négligeable...
Un super travail d'écriture de longue haleine en tout cas, chapeau!
Un personnage de femme un peu incohérent par moments mais sans doute ses comportements étranges sont-ils dictés par cette passion qui l'anime.
J'aime le contraste entre ce qu'elle pense, ce qu'elle croit et ce qu'elle imagine. Cette manière d'idéaliser à distance et puis de se trouver face aux chaussettes sales et à une brosse à dents dans la réalité du quotidien. C'est vrai que ça peut paraître étonnant qu'elle ne le connaisse pas mieux, avec tous ces messages échangés, mais justement, ce ne sont que des messages, des projections de soi-même qu'on envoie et qui ne sont pas forcément conformes à ce qu'on est vraiment. C'est souvent ce qu'on aimerait être ou paraître, ce qu'on a envie de croire aussi, et je trouve que cette notion passe assez bien dans ton texte.
De temps à autre une longueur, des passages qui pourraient être élagués afin que le lecteur ne se perde pas trop dans les méandres de la pensée et de la correspondance. D'autant plus, mais c'est un avis perso, que je trouve que ces échanges finissent par prendre le dessus sur la psychologie des personnages dont on n'apprend finalement pas grand-chose. Mais ça laisse planer une ombre de mystère pas forcément négligeable...
Un super travail d'écriture de longue haleine en tout cas, chapeau!
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
Une belle écriture, Réginelle, claire, vivante et qui emporte agréablement ton lecteur (ta lectrice?) malgré quelques longueurs au début, un peu trop de précisions, parfois. Une manière originale de mêler deux histoires qui, on le sent dès le départ, ne pourront pas se confondre en une seule parce-que tu le dis toi-même dans ton commentaire:
"elle n'entend rien, qu'elle ne veut rien entendre qui puisse ternir son rêve..." et plus loin "de cette réalité de liaison on ne peut plus banale : elle n'en veut pas... elle ne peut pas"
En fait, on imagine cette femme constamment en fuite. Elle fuit les réalités du mariage en se réfugiant dans une hypothétique relation amoureuse. Dès qu'elle arrive à l'hôtel elle fuit dans les rues pourtant inhospitalières de la capitale. Elle s'enfuit enfin, saisissant le moindre prétexte (une brosse à dents!), quand la réalité menace de la rattrapper. Je suis comme toi, je la trouve pitoyable cette petite bonne femme! J'ai envie de lui dire: Arrête, arrête, pose-toi! regarde autour de toi! La réalité n'est pas qu'une cage trop étroite où les rêves se cassent le bec contre des barreaux... Enfin, bref, tu as créé, là, un vrai personnage attachant, frémissant qu'on a envie de secouer un peu. C'est signe qu'il est convainquant, non? ;-)
"elle n'entend rien, qu'elle ne veut rien entendre qui puisse ternir son rêve..." et plus loin "de cette réalité de liaison on ne peut plus banale : elle n'en veut pas... elle ne peut pas"
En fait, on imagine cette femme constamment en fuite. Elle fuit les réalités du mariage en se réfugiant dans une hypothétique relation amoureuse. Dès qu'elle arrive à l'hôtel elle fuit dans les rues pourtant inhospitalières de la capitale. Elle s'enfuit enfin, saisissant le moindre prétexte (une brosse à dents!), quand la réalité menace de la rattrapper. Je suis comme toi, je la trouve pitoyable cette petite bonne femme! J'ai envie de lui dire: Arrête, arrête, pose-toi! regarde autour de toi! La réalité n'est pas qu'une cage trop étroite où les rêves se cassent le bec contre des barreaux... Enfin, bref, tu as créé, là, un vrai personnage attachant, frémissant qu'on a envie de secouer un peu. C'est signe qu'il est convainquant, non? ;-)
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
Bon, je ne vais pas écrire beaucoup de choses, et ne vais probablement pas te faire "avancer". Ta nouvelle est superbe. J'aime les différents états par lesquelles ton héroïne passe, et nous par la même occasion. Bravo...
ninananere- Nombre de messages : 1010
Age : 49
Localisation : A droite en haut des marches
Date d'inscription : 14/03/2007
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
Jusqu’à la fin j’ai espéré que ça capote. Ouf ! ça capote ! et je ne parle pas de préservatif.
Un fantasme doit-il rester intact, inassouvi, pour être sublime, sublimé ? Une relation épistolaire est trompeuse, mais une conversation téléphonique peut donner de la chair à une âme, non ? j’aurais préféré qu’ils n’aient pas d’échanges téléphoniques.
La morale vue de ma fenêtre : une femme ne veut pas retrouver dans la salle de bain de son amant la brosse à dents de son mari. ça lui coupe l'envie.
Un fantasme doit-il rester intact, inassouvi, pour être sublime, sublimé ? Une relation épistolaire est trompeuse, mais une conversation téléphonique peut donner de la chair à une âme, non ? j’aurais préféré qu’ils n’aient pas d’échanges téléphoniques.
La morale vue de ma fenêtre : une femme ne veut pas retrouver dans la salle de bain de son amant la brosse à dents de son mari. ça lui coupe l'envie.
souris- Nombre de messages : 64
Age : 32
Date d'inscription : 02/04/2008
Re: La brosse à dents... (nouvelle)
Pas facile d'évoquer ce type de rencontre, c'est devenu un poncif littéraire et trop de textes tombent dans la facilité. Le tien non, parce que ton héroïne a une réelle dimension même si elle est en permanence insaisissable.
Certes, son attitude et sa façon de réagir à la fin du texte peuvent sembler incohérentes mais ça ne m'a gênée et au contraire, je crois que j'aurais été davantage perturbée par le fait que tout se déroule logiquement, d'une façon attendue. Ça n'aurait pas collé avec le personnage et l'idée que je m'en fais.
Lui, par contre, est dépeint sans nuance, sans concession. Une brosse à dent et des chaussons, et paf, le garçon se voit coller une étiquette sur le dos ! Il y a un côté ridicule qui tranche complètement avec tout ce que tu as installé avant et ça déstabilise quand même un peu le lecteur.
Un petit bémol aussi concernant la correspondance et les passages en italique qui certes sont bien écrits mais qui retranscrivent l'émotion et les sentiments de ton personnage d'une façon trop explicite et parfois redondante. Et puis tous ces points de suspensions, c'est trop, même si ça te permet de rendre palpable la passion et l'émoi ton héroïne.
Il n'en reste pas moins vrai que j'ai passé un bon moment à te lire.
Certes, son attitude et sa façon de réagir à la fin du texte peuvent sembler incohérentes mais ça ne m'a gênée et au contraire, je crois que j'aurais été davantage perturbée par le fait que tout se déroule logiquement, d'une façon attendue. Ça n'aurait pas collé avec le personnage et l'idée que je m'en fais.
Lui, par contre, est dépeint sans nuance, sans concession. Une brosse à dent et des chaussons, et paf, le garçon se voit coller une étiquette sur le dos ! Il y a un côté ridicule qui tranche complètement avec tout ce que tu as installé avant et ça déstabilise quand même un peu le lecteur.
Un petit bémol aussi concernant la correspondance et les passages en italique qui certes sont bien écrits mais qui retranscrivent l'émotion et les sentiments de ton personnage d'une façon trop explicite et parfois redondante. Et puis tous ces points de suspensions, c'est trop, même si ça te permet de rendre palpable la passion et l'émoi ton héroïne.
Il n'en reste pas moins vrai que j'ai passé un bon moment à te lire.
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