Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

Elu par cette crapule

+3
jeanne75
elea
Bouli
7 participants

Aller en bas

Elu par cette crapule Empty Elu par cette crapule

Message  Bouli Mer 9 Mar 2011 - 13:07

Voici un texte un peu long. C'est l'incipit d'un roman. Ma principale inquiétude est qu'il soit... incompréhensible (c'est la principale difficulté de l'écriture je trouve) !! J'aurais donc aimé avoir votre avis. Merci et bonne lecture !

Ca a fini comme ça. Il jouerait désormais, ça lui avait si bien réussit à lui. C’est possible. Actuellement. Surtout. Tous des crapules ! Et une crapule en élit une autre. La roue tourne.

Vêt se tenait prêt à l’accueillir, on l’avait choisi et ce n’était pas pour rien selon lui. Sélectionné pour sa disponibilité, « merci vie plate ! » aurait-il dû se dire. Or il préférait se donner de l’importance, croire en des qualités et compétences enfouies en lui, mais bien évidemment pas trop enfouies pour être repérables et repérées ! « Merci paradoxes qui sauvent l’estime que j’ai de ma vie – plate ! ». Vêt l’aperçut arriver, avec son gilet jaune, comme prévu, et son tour-du-cou où était mise la bonne dose de médicaments pour la journée. « Vous devez être La, laissez-moi vous aider, donnez-moi ça » proposa Vêt. C’est ainsi que La put marcher sans bagage et éviter une fatigue inutile. « Je suis Vêt, et je vais veiller sur vous jusqu’à votre complète autonomie, je vous prie de croire en ma bienveillance et en mon dévouement. Sachez que…
- Où allons nous ?, l’interrompit La.
- Chez vous, votre nouveau chez vous.., répondit Vêt, l’air gêné soudain.
- Chez moi…
- Un pauvre mot, hein ? C’est dur, je le sais, vous êtes perturbé et c’est normal… Mais je ferai tout mon possible… Vous ferez tout votre possible… Que dis-je ? Nous, ensemble, car nous sommes désormais une équipe, une équipe à votre service, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous redonner un peu de bonheur ! Car le bout du tunnel n’est peut-être pas si loin. »
Vêt avait osé. Ce discours, il l’avait préparé en mangeant des chips. Il était stressé, il mangeait, écrivait, rayait, mangeait, beaucoup, écrivait, pleurait, mangeait, tremblait. Mais c’était fait. Certes, il se sent mieux, il est tout fier, « je l’ai fait ! » pense sa grosse tête difforme ; mais en même temps, il a un peu peur ; car que peut-il connaître au bonheur ? Et à la souffrance dont était empli La ? Il pouvait compatir, être bienveillant et gentil, mais pouvait-il seulement comprendre ? Revivre ? Multiplier les expériences par l’imagination ? Il pensait qu’il ne pensait pas ; mais pourquoi, que diable !, pensait-il ne jamais lire ou entendre d’histoires ? Se mettre dans l’autre, c’est difficile, mais on peut faire croire que ; telle était sa conviction. Conviction seulement, car son cœur n’était pas persuadé pour autant (qu’il est scolaire !), et il ne peut s’empêcher au moment où il finit son discours, de ressentir son imposture. Il n’est rien après tout, il ne connaît pas le bonheur, ni le malheur, il ne sait rien faire d’exceptionnel, mais il parle. Car c’est sa mission, raconter ce qu’il sait, accompagner, réconforter. Il doit combler la défaillance mnésique de La. Car La est maintenant amnésique. Drôlement, La a subi un évènement mystérieusement tragique qui lui a originalement fait perdre une partie de ses capacités mémorielles. Mais sur cet événement, vous ne saurez pas tout tout de suite. Contentez-vous pour l’instant d’une lecture attentive et fluide, ce sera déjà bien. Activement et subtilement. Et le pire c’est que personne n’est venu chercher La à l’hôpital psychiatrique. Rien, ou presque, La ne sait plus rien de sa personne, ou presque. Alors La n’est plus tellement adapté au monde et à la vie en société, donc La a besoin d’aide. C’est pourquoi Vêt est là, et gagnera 1078 euros par mois, nourriture et logement compris. S’il voulait, il pourrait même faire des lessives, et allègrement pomper les budgets énormes qui lui ont été attribués pour La. Il n’avait plus les chiffres en tête, mais les amnésiques étaient bien pris en charge par la Sécu, dis-donc !
Les deux firent routes vers le nouveau chez La qui se trouvait à côté d’un cabaret pour vieux transsexuels où se produisait chaque soir une chanteuse qui attirait les foules. Vêt était quelque peu économe : le budget était peut-être grand mais ce n’était pas une raison pour le dilapider dans le luxe. Le quartier n’était peut-être pas prisé, mais oui mais oui la vie d’avant de La était finie, La n’avait plus le choix, c’était Vêt le chef en quelque sorte, La devra le suivre, où il ira La ira, fidèle comme une ombre.
Les petites rues sombres du quartier Saint-Leu donnaient une goutte de réconfort à La. Ca sentait la vie et le léger, il en avait besoin ; en fait ça sentait le Moyen-âge et Amsterdam un peu, c’était légèrement humide, avec un soupçon de froid, pavé, un cours d’eau, charmant. Des gens ivres faisaient la fête, des baisers, des bouteilles, des bonnets, des bancs, des gens au loin qui s’entraînaient à parler allemand. « Ich habe Lust dein wursch zu grillen – hein ? ». Des cris tonitruants, des spots vibrants, de la danse, des restaurants. Au moins, le quartier était vivant. De la vie. De la fête. Des apparences. La se dit que Vêt n’était peut-être pas si bête, il avait pensé à ses envies les plus profondes, celles qui végètent en nous, il avait pensé à ce qu’on n’ose pas dire, mais que l’on rêve, à ce que l’on se plait à être le temps d’une soirée, ou tout le temps, en filigrane. Vêt avait su deviner que La avait besoin de vie et de légèreté ; emménager dans ce quartier était donc une bonne idée. « Vêt doit être très humain et délicat », s’enjoua La. Vêt est économe. Ils entrèrent dans la maison. Une étroite maison construite en hauteur. Porte d’entrée, couloir, escaliers. Piliers. A gauche derrière l’escalier, petit débarras. A droite en entrant, un salon, une cuisine. Au demi-étage, une salle de bain et un wc. Au premier étage une chambre. Au deuxième étage une chambre. « Voilà pour la visite, tu peux prendre l’étage que tu veux, proposa Vêt.
- Je ne sais pas trop…, dit La presque en larmes, larmes de soulagement (Vêt n’était peut-être pas si abruti qu’il en avait l’air) et larmes de dégoût (car voilà à quoi se résumerait son choix désormais : premier ou deuxième étage...)
- On pourra changer si tu n’es pas satisfait, réconforta Vêt. »
Ensuite La va lui répondre. Mais Vêt a un mauvais caractère, il manque de confiance en lui, ne sait pas réfléchir, se croit supérieur, et surtout est très susceptible. Et il est là sur le point d’être vexé par La qui va bientôt lui répondre. Vêt est méchant. Très méchant. Ses paroles sont dictées par la colère, la blessure personnelle : « Vous ne pouvez plus compter ! Combien vous avez d’argent ? Ah, on ignore ça ! On oublie les lettres aussi. Vous oubliez tout, alors ne venez pas critiquer ! Voulez-vous que je vous rappelle trois lettres ? S, O, T ! C’est la chose la plus lamentable des être humains de critiquer comme ça et de ne pas se satisfaire simplement du nécessaire ! »

*

« Encore un gentil petit moralisateur humaniste de gauche qui critique la mauvaise nature humaine capitaliste, le délabrement du système éducatif et le diktat de l’argent ! » pesta Al en passant devant cette maison aux volets violets et aux briques rouges de la classe populaire ou moyenne. « Tous les mêmes, trop de morale ! » est sa conclusion. Al aperçoit ses amis, assis sur les pavés d’un pont, en train de jouer au caps et se joint à eux. Voici ce qu’ils font : bière, chants, bière, bière, vomis, cheveux, zizi, bière, bière, plongeon pour habiller le bonhomme de la rivière, vomi, guitare, voilà ce qu’ils font. Arrive une voiture, elle veut passer mais le cercle d’amis l’en empêche. Elle klaxonne et fait mine d’accélérer. C’était au tour d’Al de jouer. Tout d’abord Al ordonna au conducteur de la voiture de s’arrêter et faire demi-tour, parce que les bouteilles tombaient sur le passage de la voiture. Le gars, qui était une racaille, ne l’écouta pas et continua d’avancer. Alors les autres jeunes s’écartèrent : mais Al se jeta la face contre terre devant les roues et, à plat ventre tout de long, cria : « Passe maintenant, si tu veux. » Alors le conducteur, effrayé, tira sa voiture en arrière. Les spectateurs de cette scène, épouvantés, poussèrent des cris et accoururent vers Al.

*

« Les belles lettres que tu me dis là… » se vit rétorquer Vêt après son méchant « sot ! » balancé vilainement à La. La savait encore lire et écrire et n’avait vraiment pas apprécié que Vêt s’énerve autant et lui balance des paroles si blessantes. Surtout que, puisque sa mémoire était vide, elle sautait et ressassait le premier souvenir possible, le premier vécu émotionnel fort ; et c’en était un !
La lui a dit : Vous avez loué une maison très… petite. Il voulait tirer un trait dessus.
Vêt répondit : Petite ?
– Oui…
- C’est tout ? Vous auriez pu dire, ô dieux, bien des choses en sommes. Mais petite !
« Chuuuuuuut, pense à autre chose, propose-lui d’aller boire un verre, tu n’aurais pas dû critiquer la maison qu’il nous a loué, rattrape-moi, établis un lien avec lui. » se dit La.
- Ca vous dirait d’aller boire un verre Vêt ?
- Disons que le docteur…
- Oui je sais, le docteur… S’il vous plaît j’en ai besoin. Si j’ai bien compris, on va devoir vivre ensemble. Vous allez devoir m’aider. Aidez-moi en acceptant.
- D’accord, mais l’alcool vous est interdit, et puis vous n’avez pas beaucoup d’argent, il faudra se limiter à deux verres… Moi je n’en prendrai qu’un.
- Il n’y a pas un arabe d’ouvert ? Ce sera moins cher.
- Un épicier de quartier vous voulez dire ?
- C’est moi qui ai perdu la mémoire…
- Ah, euh… Oui oui, mais vous ne devez pas être ivre…
- Au risque que demain je ne me souvienne plus de ce que j’ai fait, Vêt ?
La avait gêné Vêt, c’était donc une réussite, Vêt allait céder ! Ils sortent, achètent du vin rouge, se bourrent la gueule et vont faire le tour des bars, vers le quai Bélu ! Sur le passage, ils aperçoivent quelqu’un ressemblant étrangement à La. Mais en moins propre, puisque cette personne à la face toute sale semble mouillée. En tout cas, cette personne est ivre et entourée de plein de gens. La s’en souviendra. La chance d’être si intégré et surtout si populaire. Quant à sa beauté physique, il n’y a sans doute rien à en dire. Plût au ciel que cette heureuse nature et cette excellente constitution physique fût la mienne ! Quant à sa manière de parler, je trouve que même son défaut de prononciation lui sied et prête à son langage une grâce qui contribue à la séduction. Sa marche se déroule avec nonchalance affectée et son manteau traîne. Sa nuque est penchée, sa bouche s’exprime en blésant. La était sous le charme et sous l’émotion – donc sous l’enregistrement mémoriel.
Ils entrent dans un premier bar, le « TruquavanMandéla ». Un lieu où le champagne orange coule à flot. Il y a une soirée karaoké. Une personne, qui chante faux, va dans les aigus pour rendre compte de « égaré dans la vallée infernale, le héros s’appelle Bob Morane ». L’aigüe perturbe La qui n’arrive pas à savoir pourquoi cette chanson provoque dans son corps une légère folie ventrale, une envie de consommer des corps et de l’alcool. Une espèce de folie sensuelle, la volonté d’être sous l’emprise de quelqu’un, de se laisser porter, d’avoir le second rôle. La peur part au fur et à mesure que le second rôle devient routine. C’est facile. C’est appréciable. Il suffit d’être dans l’aura positif de quelqu’un qui prend de la place, et tout est facile et coule de source. Il suffit de passer pour un binôme, de faire croire que, sans public, le commandant est le second rôle, et la dignité est toujours là pour ce second rôle. C’est facile. C’est confortable. Du coup la sensualité s’arrête de danser, la folie de caresser. La réfléchit et se déhanche un peu mais sans entrain maintenant que la chanson est finie. Surtout parce que Vêt s’y est mis aussi. Vêt parle à La, en dansant, coupant La dans ses pas de danse, ses réflexions, ses pensées, ses émotions, ses tentatives de souvenir. Vêt s’approche tout le temps, il pue de la gueule, avec sa tête qui bouge, c’est pénible. La en a marre. Du coup La ne peut bouger comme sa volonté le voudrait avec ce boulet et ne peut pas lancer des regards allumeurs au « chanteur » – si l’expression n’est pas trop exagérée. La demande à Vêt pour commander ; Vêt hausse les épaules en décalant ses yeux en haut à droite, tordu du dos, s’affaissant encore plus, et répond : « Si tu veux ». La prend l’argent, réclamé !, et s’en va vers le bar. Vêt allait suivre, « sinon réserve une place » se débarrassa La. Au bar, un serveur s’approche et lance un regard avancé à La et les paroles que voici : « Un lait menthe au Get 27 Coco ?
- Euh… un lait menthe au Get 27 ?
- Ok !
- Non mais… et puis aussi un whisky coca s’il vous plaît !
- Ah, toujours autant de manières en toi !
- Comment ça ?
- Je te rejoins après, là j’ai du boulot ! Tiens, c’est offert pour toi et le boulet social dont tu t’occupes !
- Vêt ?
- Ouais, bouche de babouin ! T’as vraiment rien à faire pour traîner avec lui. Bref, allez, à t’à l’heure ! »
Ce serveur avait paru à La drôle et complètement à la mode. Une personne un peu superficielle, mais qui faisait bien passer le temps. Quelqu’un d’intégré, normal et sociable. Léger. Qui fait du bien. Il venait juste de rompre, mangeait des cachets qui lui permettaient de ne pas vomir ce qu’il avalait. Il avait été trompé alors qu’il était à Haïti parti porter secours. Il devenait dépressif et dégoûté du monde. Légèrement et de façon très enfouie misanthrope. Il avait abandonné ses études pour travailler. Survivre. Et oublier sa misère. Remettre les pieds à la fac était impossible, depuis que la personne qui lui avait piqué sa copine avait couché avec lui. Cette personne, pour l’écarter, l’avait pris en photo pendant leurs ébats, particulièrement lorsqu’il était soumis et qu’il éjaculait sur la photo de ses professeurs d’université et les léchait ensuite. Ces photographies avaient été diffusées dans tous les bâtiments du campus, tout le monde avait dû le voir ou en entendre parler. Depuis, cette personne est leader de l’UNEF et n’a plus la concurrence que ce serveur lui faisait. La honte surplombait sa rage, il ne parvenait pas à trouver une vengeance aussi immonde et assez haineuse. Il était traumatisé. La revint donc heureux vers Vêt qui l’attendait, moche, l’air un peu amorphe. La parla à Vêt du serveur, et lui refila le lait au Get 27, lui expliquant que c’était une spécialité de la maison, se gardant bien de lui parler de la gratuité, et gardant donc l’argent. Ils trinquent, Vêt crache, « c’est dégueulasse ! ». La parla à Vêt du serveur, de sa bonne humeur. Vêt l’avait déjà vu à la piscine du Coliséum. Il nageait vite et bien. Vêt se sentait bête et le détestait. Un pauvre type qui se muscle pour plaire, c’est bidon. Le serveur nageait pour oublier, se dépenser pour se décharger et se recharger. « Un qui doit faire des soirées bitures et coucher avec n’importe qui » avait pensé Vêt. Vêt ne pouvait quand même s’empêcher de le suivre. Même si ce type le gênait, lui rappelait qu’il était moche et mal habillé, même en maillot de bain-lunettes-bonnet de bain ! Un comble ! Vêt expliqua à La qu’il l’avait aussi déjà croisé un jour sur le campus, il devait être étudiant. Staps peut-être. « En tout cas il n’a pas l’air bien palpitant, jugea Vêt
- Tu dis toujours ça des gens, répondit La.
- Bah ouais mais tu as vu comment il est, il n’a pas l’air non plus… Voilà quoi.
- Il faut avoir les moyens de porter le dédain.
- Ca veut dire quoi ?
- Que tu te prends pour quelqu’un de… intéressant ! Non mais tu t’es vu !, ria La.
- Je t’emmerde, dit doucement Vêt vexé.
- Non mais c’est lourd, tu te demandes pourquoi tu n’as pas d’amis ; faut dire que tu es difficile et bizarre aussi, c’est pour toi que je dis ça. »
Vêt était plus que vexé, il ronchonnait en prenant un air très juvénile, le ridicule d’un gamin mauvais joueur. « Et toi avec ta vie à deux balles ! » cria Vêt à La.

*

Al entrait en chantant « du rhum des femmes de la bière nom de dieu ! De l’accordéon, pour danser tant qu’on veut ! ». « Tais-toi, vas-y, tebê, Al ! », Al entend cette phrase de plomb et provocatrice, se retourne, voit un pauvre type mal habillé venant de finir de crier cette phrase. Il lui sauta dessus. Vêt ne se battait pas si mal que ça. Un peu en hurlant et criant et pleurant et devenant rouge et ridiculement, mais il arrivait à prendre le dessus sur Al. Al amena donc jusqu’à sa bouche les bras qui l’étreignaient et fit mine de les dévorer. Vêt lâcha prise en s’écriant bêtement : « Tu mors comme les femmes, t’façon !
- Non, dit Al, mais comme les lions ! Puceau ! »
Et Al continuait ses chants, avant de rejoindre ses amis, commander des verres, dégager des gens assis qui prenaient une table sans verre.

*

La était encore sous le charme. Tant de violence et de charisme. C’était formidable.
Bouli
Bouli

Nombre de messages : 25
Age : 56
Date d'inscription : 09/03/2011

Revenir en haut Aller en bas

Elu par cette crapule Empty Re: Elu par cette crapule

Message  elea Mer 9 Mar 2011 - 21:42

Ma principale inquiétude est qu'il soit... incompréhensible (c'est la principale difficulté de l'écriture je trouve)
Joli lapsus je pense, révélateur de l’inquiétude :-)

Je ne sais pas trop où va l’histoire mais je pense qu’il y a des idées intéressantes.
J’ai trouvé ce début accrocheur sur le fond, mais partant un peu dans tous les sens et parfois un peu difficile à suivre parce que touffu.
Je n’ai pas trop aimé le passage clin d’œil au lecteur. Je crois qu’il n’est pas nécessaire de préciser que le suspens sera encore préservé et qu’il ne saura pas de suite pourquoi La est amnésique. De la même manière, je préfère sentir la méchanceté dans une réplique que de lire que la réplique est méchante. Le texte regorge de détails laissant peu de place à l’imagination du lecteur, notamment sur la psychologie des personnages. Un autre exemple sur ce que peut ressentir La dans le fait d’être amnésique, c’est trop explicite je trouve.
En revanche j’ai aimé les passages avec Al, ça découpe le texte et la narration et renforce l’intrigue et l’envie d’en savoir plus.
Pour le style, les phrases courtes donnent du rythme et c’est assez bavard, c’est peut-être d’ailleurs ce qui m’a donné l’impression que cela partait dans tous les sens par moments.




elea

Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010

Revenir en haut Aller en bas

Elu par cette crapule Empty Re: Elu par cette crapule

Message  Bouli Mer 6 Avr 2011 - 17:42

Merci pour ton avis !
Bouli
Bouli

Nombre de messages : 25
Age : 56
Date d'inscription : 09/03/2011

Revenir en haut Aller en bas

Elu par cette crapule Empty Re: Elu par cette crapule

Message  jeanne75 Jeu 7 Avr 2011 - 8:03

Bonjour Bouli
je dois dire que j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire. au contraire d'Eléa, ce sont les premières phrases (les 2 premières lignes) qui m'ont d'emblée déplues. quand je commence à lire, j'ai besoin d'une accroche claire, qui me situe rapidement l'action, les personnages. et peu m'importe si ce n'est pas immédiatement original. Enfin, j'imagine que cette impression dépend du genre de livre qu'on aime.
l'extrait m'a paru également touffu, mais peut être est ce simplement à cause de sa longueur. Sinon, je pense aussi qu'il y a des idées intéressantes dans ton histoire. voilà pour mon avis!

jeanne75

Nombre de messages : 40
Age : 46
Date d'inscription : 24/03/2011

Revenir en haut Aller en bas

Elu par cette crapule Empty Re: Elu par cette crapule

Message  mentor Jeu 7 Avr 2011 - 21:28

J'ai pas lu.
Pas encore.
Mais déjà une question : le titre en palindrome a-t-il un rapport avec le texte ? Je veux dire : le fait que ce soit un palindrome ?

mentor

Nombre de messages : 20248
Age : 45
Localisation : œ Œ ç Ç à À é É è È æ Æ ù Ù â  ê Ê î Î ô Ô û Û ä Ä ë Ë ï Ï ö Ö ü Ü – — -
Date d'inscription : 12/12/2005

http://www.vosecrits.com

Revenir en haut Aller en bas

Elu par cette crapule Empty palindrome

Message  Bouli Lun 11 Avr 2011 - 21:07

Oui, Al et La sont deux personnages de l'histoire, personnages qui se ressembleront et qui se croisent sans cesse ! Al est une crapule. La va être élu.
Bouli
Bouli

Nombre de messages : 25
Age : 56
Date d'inscription : 09/03/2011

Revenir en haut Aller en bas

Elu par cette crapule Empty Re: Elu par cette crapule

Message  mentor Mar 12 Avr 2011 - 19:22

Ah d'accord. Merci !
;-)

mentor

Nombre de messages : 20248
Age : 45
Localisation : œ Œ ç Ç à À é É è È æ Æ ù Ù â  ê Ê î Î ô Ô û Û ä Ä ë Ë ï Ï ö Ö ü Ü – — -
Date d'inscription : 12/12/2005

http://www.vosecrits.com

Revenir en haut Aller en bas

Elu par cette crapule Empty Modification prolongement, questions !!

Message  Bouli Mar 19 Avr 2011 - 13:54

Voici une modification qui tient compte de plusieurs remarques. Et aussi une suite !
Si vous avez le courage de lire (je sais, c'est long, et pas très adapté à un forum de partage...) pouvez-vous me dire sur ce que vous pensez du sexe de La ? Et de Al ? Et de Vêt ? Et du serveur ? Et de la chanteuse ? Merci :-)
[b]

Ca a fini comme ça. Elle jouerait désormais, ça lui avait si bien réussit à elle. C’est possible. Actuellement. Surtout. Tous des crapules ! Et une crapule en élit une autre. La roue tourne.

1.

Vêt l’aperçut arriver, avec son gilet jaune, comme prévu, et son tour-du-cou où était mise la bonne dose de médicaments pour la journée. « Vous devez être La, laissez-moi vous aider, donnez-moi ça » proposa Vêt. C’est ainsi que La put faire la fin du voyage sans bagage et éviter une fatigue inutile. « Je suis Vêt, et je vais veiller sur vous jusqu’à votre complète autonomie, je vous prie de croire en ma bienveillance et en mon dévouement. Sachez que…
- Où allons nous ?, l’interrompit La.
- Chez vous, votre nouveau chez vous.., répondit Vêt, l’air gêné soudain.
- Chez moi…
- Un pauvre mot, hein ? C’est dur, je le sais, et c’est normal… Mais je ferai tout mon possible… Vous ferez tout votre possible… Que dis-je ? Nous, ensemble, car nous sommes désormais une équipe, une équipe à votre service, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous redonner un peu de bonheur ! Car le bout du tunnel n’est peut-être pas si loin. »
Vêt avait osé. Ce discours, il l’avait préparé en mangeant des chips. Il était stressé, il mangeait, écrivait, rayait, mangeait, beaucoup, écrivait, pleurait, mangeait, tremblait. Mais c’était fait. Certes, sur le coup il se sentit mieux, il fut tout fier, « je l’ai fait ! » pensa sa grosse tête difforme ; mais en même temps, il avait un peu peur ; car que pouvait-il connaître au bonheur ? Et à la souffrance dont était empli La ? Il pouvait compatir, être bienveillant et gentil, mais pouvait-il seulement comprendre ? Revivre ? Multiplier les expériences par l’imagination ? Il pensait qu’il ne pensait pas ; mais pourquoi, que diable !, pensait-il ne jamais lire ou entendre d’histoires ? Se mettre dans l’autre, c’est difficile, mais on peut faire croire que ; telle était sa conviction. Conviction seulement, car son cœur n’était pas persuadé pour autant (qu’il est scolaire !), et il ne pouvait s’empêcher au moment où il finit son discours, de ressentir son imposture. Il n’était rien après tout, il ne connaissait pas le bonheur, ni le malheur, il ne savait rien faire d’exceptionnel, mais il parlait. Car c’était sa mission, raconter ce qu’il savait, accompagner, réconforter. Il devait combler la défaillance mnésique de La. Car La était désormais amnésique. Drôlement, La a subi un évènement mystérieusement tragique qui lui a originalement fait perdre une partie de ses capacités mémorielles. Et le pire c’est que personne n’est venu chercher La à l’hôpital psychiatrique. Rien, ou presque, La ne savait plus rien de sa personne, ou presque. Alors l’adaptation de La au monde et à la vie en société n’est plus très efficace, donc La avait besoin d’aide. C’est pourquoi Vêt était là, et gagnerait 1078 euros par mois, nourriture et logement compris. S’il le voulait, il pourrait même faire des lessives, et allègrement pomper les budgets énormes qui lui ont été attribués pour La. Il n’avait plus les chiffres en tête, mais les amnésiques étaient bien pris en charge par la Sécu, dis-donc !
Les deux firent routes vers le nouveau chez La qui se trouvait à côté d’un cabaret pour vieux transsexuels où se produisait chaque soir une chanteuse qui attirait les foules. La entendit sa voix douce, musicale et travaillée, une voix qui ne cherche pas à en mettre plein les yeux, qui chante presque uniquement pour soi, une voix qui travaille mais ne se représente pas, une voix juste, apaisante, comme quand un voisin inconnu joue un air de piano inconnu que l’on entr’entend à travers les murs et le bruit des pleurs du bébé de l’autre voisin. On s’échappe quelques secondes, on croit être différent en secret, et bien haut. Mais le regard de La était posé sur Vêt. Vêt était quelque peu économe : le budget était peut-être grand mais ce n’était pas une raison pour le dilapider dans le luxe. Le quartier n’était peut-être pas prisé, mais oui mais oui la vie d’avant de La était finie, La n’avait plus le choix, c’était Vêt le chef en quelque sorte, La devra le suivre, où il ira La ira, fidèle comme une ombre.
Les petites rues sombres du quartier Saint-Leu donnaient une goutte de réconfort à La. Ca sentait la vie et le léger, il en avait besoin ; en fait ça sentait le Moyen-âge et Amsterdam un peu, c’était légèrement humide, avec un soupçon de froid, pavés, un cours d’eau, charmant. Des gens ivres faisaient la fête, des baisers, des bouteilles, des bonnets, des bancs, des gens au loin qui s’entraînaient à parler allemand. « Ich habe Lust dein wursch zu grillen – hein ? ». Des cris tonitruants, des spots vibrants, de la danse, des restaurants. Au moins, le quartier était vivant. De la vie. De la fête. Des apparences. La se dit que Vêt n’était peut-être pas si bête, il avait pensé à ses envies les plus profondes, celles qui végètent en nous, il avait pensé à ce qu’on n’ose pas dire, mais que l’on rêve, à ce que l’on se plait à être le temps d’une soirée, ou tout le temps, en filigrane. Vêt avait su deviner que La avait besoin de vie et de légèreté ; emménager dans ce quartier était donc une bonne idée. « Vêt doit être très humain et délicat », s’enjoua La. Vêt était en fait juste économe. Ils entrèrent dans la maison. Une étroite maison construite en hauteur, une amiénoise typique. Au premier étage une chambre. Au deuxième étage une chambre. « Voilà pour la visite, tu peux prendre l’étage que tu veux, proposa Vêt.
- Je ne sais pas trop…, dit La presque en larmes, larmes de soulagement (Vêt n’était peut-être pas si abruti qu’il en avait l’air) et larmes de dégoût (car voilà à quoi se résumerait son choix désormais : premier ou deuxième étage...)
- On pourra changer si la satisfaction n’est pas au rendez-vous pour toi, réconforta Vêt. »
Ensuite La va lui répondre. Mais Vêt a un mauvais caractère, il manque de confiance en lui, ne sait pas réfléchir, se croit supérieur, et surtout est très susceptible. Et il est là sur le point d’être vexé par La qui va bientôt lui répondre. Vêt est méchant. Très méchant. Ses paroles sont dictées par la colère, la blessure personnelle : « Vous ne pouvez plus compter ! Combien vous avez d’argent ? Ah, on ignore ça ! On oublie les lettres aussi. Vous oubliez tout, alors ne venez pas critiquer ! Voulez-vous que je vous rappelle trois lettres ? S, O, T ! C’est la chose la plus lamentable des être humains de critiquer comme ça et de ne pas se satisfaire simplement du nécessaire ! »
*
« Encore un gentil petit moralisateur humaniste de gauche qui critique la mauvaise nature humaine capitaliste, le délabrement du système éducatif et le diktat de l’argent ! » pesta Al en passant devant cette maison aux volets violets et aux briques rouges de la classe populaire ou moyenne. « Tous les mêmes, trop de morale ! » est sa conclusion. Al aperçoit ses amis, assis sur les pavés d’un pont, en train de jouer au caps et se joint à eux. Voici ce qu’ils font : bière, chants, bière, bière, vomis, cheveux, zizi, bière, bière, plongeon pour habiller le bonhomme de la rivière, vomi, guitare, voilà ce qu’ils font. Arrive une voiture, elle veut passer mais le cercle d’amis l’en empêche. Elle klaxonne et fait mine d’accélérer. C’était au tour d’Al de jouer. Tout d’abord Al ordonna au conducteur de la voiture de s’arrêter et faire demi-tour, parce que les bouteilles tombaient sur le passage de la voiture. Le gars, qui était une racaille, ne l’écouta pas et continua d’avancer. Alors les autres jeunes s’écartèrent : mais Al se jeta la face contre terre devant les roues et, à plat ventre tout de long, cria : « Passe maintenant, si tu veux. » Alors le conducteur, effrayé, tira sa voiture en arrière. Les spectateurs de cette scène, épouvantés, poussèrent des cris et accoururent vers Al.
*
« Les belles lettres que tu me dis là… » se vit rétorquer Vêt après son méchant « sot ! » balancé vilainement à La. La savait encore lire et écrire et n’appréciait que Vêt s’énerve autant et lui balance des paroles si blessantes. Surtout que, puisque sa mémoire était vide, elle sautait sur et ressassait le premier souvenir possible, le premier vécu émotionnel fort ; et c’en était un ! La repense à ce bout de conversation qui a mis Vêt hors de lui…
La lui a dit : « Vous avez loué une maison très… petite. » La voulait tirer un trait dessus.
Vêt répondit : « Petite ?
– Oui…
- C’est tout ? Vous auriez pu dire, ô dieux, bien des choses en sommes. Mais petite ! » Vêt était tout bafouillant, rouge, ses dents de devant ressortaient, son rythme respiratoire était rapide.
« Chuuuuuuut, pense à autre chose, propose-lui d’aller boire un verre, tu n’aurais pas dû critiquer la maison qu’il nous a louée, rattrape-moi, établis un lien avec lui. » se dit La.
- Ca vous dirait d’aller boire un verre Vêt ?
- Disons que le docteur…
- Oui je sais, le docteur… S’il vous plaît j’en ai besoin. Si j’ai bien compris, on va devoir vivre ensemble. Vous allez devoir m’aider. Aidez-moi en acceptant.
- D’accord, mais l’alcool vous est interdit, et puis vous n’avez pas beaucoup d’argent, il faudra se limiter à deux verres… Moi je n’en prendrai qu’un.
- Il n’y a pas un arabe d’ouvert ? Ce sera moins cher.
- Un épicier de quartier vous voulez dire ?
- C’est moi qui ai perdu la mémoire…
- Ah, euh… Oui oui, mais vous ne devez pas être ivre, c’est déconseillé, ça pourrait…
- Au risque que demain je ne me souvienne plus de ce que j’ai fait, Vêt ?
La avait gêné Vêt, c’était donc une réussite, Vêt allait céder ! Ils sortent, achètent du vin rouge, se bourrent la gueule et vont faire le tour des bars, vers le quai Bélu ! Sur le passage, ils aperçurent quelqu’un ressemblant étrangement à La. Mais en moins propre, puisque cette personne avait la face toute sale semblait mouillée. En tout cas, cette personne était ivre et entourée de plein de gens. La s’en souviendrait. La chance pour cette personne d’être si intégrée et surtout si populaire. Quant à sa beauté physique, il n’y a sans doute rien à en dire. Plût au ciel que cette heureuse nature et cette excellente constitution physique fût la mienne ! Quant à sa manière de parler, je trouve que même son défaut de prononciation lui sied et prête à son langage une grâce qui contribue à la séduction. Sa marche se déroule avec nonchalance affectée et son manteau traîne. Sa nuque est penchée, sa bouche s’exprime en blésant. La était sous le charme et sous l’émotion – donc sous l’enregistrement mémoriel.
Ils entrent dans un premier bar, le « TruquavanMandéla ». Un lieu où le champagne orange coule à flot. Il y avait une soirée karaoké. Une personne, qui chante faux, va dans les aigus pour rendre compte de « égaré dans la vallée infernale, le héros s’appelle Bob Morane ». L’aigüe perturba La qui n’arrivait pas à savoir pourquoi cette chanson provoquait dans son corps une légère folie ventrale, une envie de consommer des corps et de l’alcool. Une espèce de folie sensuelle, la volonté d’être sous l’emprise de quelqu’un, de se laisser porter, d’avoir le second rôle. La peur part au fur et à mesure que le second rôle devient routine. C’est facile. C’est appréciable. Il suffit d’être dans l’aura positif de quelqu’un qui prend de la place, et tout est facile et coule de source. Il suffit de passer pour un binôme, de faire croire que, sans public, le commandant est le second rôle, et la dignité est toujours là pour ce second rôle. C’est facile. C’est confortable. Du coup la sensualité s’arrête de danser, la folie de caresser. Le schéma narratif d’un type de couple. La réfléchit et se déhancha un peu mais sans entrain puisque la chanson est finie. Surtout parce que Vêt s’y était mis aussi. Vêt parlait à La, en dansant, coupant La dans ses pas de danse, ses réflexions, ses pensées, ses émotions, ses tentatives de souvenir. Vêt s’approchait tout le temps, il puait de la gueule, avec sa tête qui gesticotait en souriant béatement quand il parlait, c’était pénible. La en avait marre. Du coup La ne pouvait bouger comme sa volonté le voulait avec ce boulet et ne pouvait pas lancer des regards allumeurs au « chanteur » – si l’expression n’est pas trop exagérée. La demanda à Vêt pour commander ; Vêt haussa les épaules en décalant ses yeux en haut à droite, tordu du dos, s’affaissant encore plus, et répondit : « Si tu veux ». La prit l’argent, réclamé !, et s’en va vers le bar. Vêt allait suivre, « sinon réserve une place » se débarrassa La. Bien évidemment, Vêt obéit. Au bar, un serveur s’approcha et lança un regard avancé à La et les paroles que voici : « Un lait menthe au Get 27, Cocol ?
- Euh… un lait menthe au Get 27 ?
- Ok !
- Non mais… et puis aussi un whisky coca s’il vous plaît !
- Ah, toujours autant de manières en toi !
- Comment ça ?
- Je te rejoins après, là j’ai du boulot ! Tiens, c’est offert pour toi et le boulet social dont tu t’occupes !
- Vêt ?
- Ouais, bouche de babouin ! T’as vraiment rien à faire pour traîner avec lui. Bref, allez, à t’à l’heure ! »
Ce serveur avait paru à La drôle et complètement à la mode. Une personne un peu superficielle, mais qui faisait bien passer le temps. Quelqu’un d’intégré, normal et sociable. Léger. Qui fait du bien. Il venait juste de rompre, mangeait des cachets qui lui permettaient de ne pas vomir ce qu’il avalait. Il avait été trompé alors qu’il était à Haïti, parti porter secours. Il devenait dépressif et dégoûté du monde. Légèrement et de façon très enfouie misanthrope. Il avait abandonné ses études pour travailler. Survivre. Et oublier sa misère. Remettre les pieds à la fac était impossible, depuis que la personne qui lui avait piqué sa copine avait couché avec lui. Cette personne, pour l’écarter, l’avait pris en photo pendant leurs ébats, particulièrement lorsqu’il était soumis et qu’il éjaculait sur les photos de ses professeurs d’université et les léchait ensuite. Ces photographies avaient été diffusées dans tous les bâtiments du campus, tout le monde avait dû le voir ou en entendre parler. C’était la victime, au sens fort. Du lynchage, pas physique, mais moral, pas en tapant, en immolant ou en tuant, mais en se moquant, en usant du ridicule. Il était à la fois comme les autres, un ancien étudiant de fac tout à fait ordinaire, et à la fois hors du commun parce que connu et ici, spécifiquement, ridicule et honteux après avoir été filmé, ici en l’occurrence photographié ; il était donc lynché, et réconciliateur, il unissait les autres étudiants, qui certes avaient au moins un sujet de conversation en commun mais c’était plus profond que cela. Alors qu’il était « doué et très intelligent, trop intelligent » disait-on. Depuis, cette personne – la méchante piqueuse de copine - est leader de l’UNEF et n’a plus la concurrence que ce serveur lui faisait. La honte surplombait sa rage, il ne parvenait pas à trouver une vengeance aussi immonde et assez haineuse. Il était traumatisé. La revint donc heureux vers Vêt qui l’attendait, moche, l’air un peu amorphe. La parla à Vêt du serveur, et lui refila le lait au Get 27, lui expliquant que c’était une spécialité de la maison, se gardant bien de lui parler de la gratuité, et gardant donc l’argent. Ils trinquent, Vêt crache, « c’est dégueulasse ! ». La parla à Vêt du serveur, de sa bonne humeur. Vêt l’avait déjà vu à la piscine du Coliséum. Il nageait vite et bien. Vêt se sentait bête et le détestait. Un pauvre type qui se musclait pour plaire, c’était bidon. Le serveur nageait pour oublier, se dépenser pour se décharger et se recharger. « Un qui doit faire des soirées bitures et coucher avec n’importe qui » avait pensé Vêt. Vêt ne pouvait quand même s’empêcher de le suivre. Même si ce type le gênait, lui rappelait qu’il était moche et mal habillé, même en maillot de bain-lunettes-bonnet de bain ! Un comble ! Vêt expliqua à La qu’il l’avait aussi déjà croisé un jour sur le campus, il devait être étudiant. Staps peut-être. « En tout cas il n’a pas l’air bien palpitant, jugea Vêt
- Tu dis toujours ça des gens, répondit La.
- Bah ouais mais tu as vu comment il est, il n’a pas l’air non plus… Voilà quoi.
- Il faut avoir les moyens de porter le dédain.
- Ca veut dire quoi ?
- Que tu te prends pour quelqu’un de… intéressant ! Non mais tu t’es vu !, ria La.
- Je t’emmerde, dit doucement Vêt vexé.
- Non mais c’est lourd, tu te demandes pourquoi tu n’as pas d’ami ; faut dire que tu es difficile et bizarre aussi, c’est pour toi que je dis ça. »
Vêt était plus que vexé, il ronchonnait en prenant un air très juvénile, le ridicule d’un gamin mauvais joueur. « Et toi avec ta vie à deux balles ! » cria Vêt à La.

*

Al entrait en chantant « du rhum des femmes de la bière nom de dieu ! De l’accordéon, pour danser tant qu’on veut ! ». « Tais-toi, vas-y, tebê, Al ! », Al entend cette phrase de plomb, sourde et provocatrice, se retourne, voit un pauvre type mal habillé venant de finir de crier cette phrase. Al lui sauta dessus. Vêt ne se battait pas si mal que ça. Un peu en hurlant et criant et pleurant et devenant rouge et ridiculement, mais il arrivait à prendre le dessus sur Al. Al amena donc jusqu’à sa bouche les bras qui l’étreignaient et fit mine de les dévorer. Vêt lâcha prise en s’écriant bêtement : « Tu mors comme les fifillettes, t’façon !
- Non, dit Al, mais comme les lions ou les tigresses ! Puceau ! »
Et Al continuait ses chants, avant de rejoindre ses amis, commander des verres, dégager des gens assis qui prenaient une table sans verre.

*

La était encore sous le charme. Tant de violence et de charisme. C’était formidable. Il regardait Al partir avec sa nonchalance affectée et laissant traîner derrière son manteau. Vêt était encore tout énervé, il voulait bien évidemment rentrer. Mais le patron du bar lui procura les soins nécessaires avant de fermer le bar et de virer tout le monde, dégoûté par l’attitude du monde qui aime les bagarres, qui regarde sans intervenir et est excité par cette forme de spectacle. Du coup, La convainc Vêt d’attendre la sortie du serveur-lait-menthe-get27 qui devait encore prendre quelques minutes avant de finir son service. Il sort enfin. La, souriant, forcé, affichant « oh, que d’événements ! Je me détache de la vie, elle m’amuse, je suis fun, mais perspicace puisque je prend da la distance, je me détache », salua le serveur d’un « re-bonsoir » sur-enjoué. S’il y avait eu quelqu’un d’autre que Vêt dans le groupe, le serveur aurait tout fait pour se rapprocher de cette troisième personne, moins bizarre que Vêt et plus naturelle que La. La aurait encore plus forcé le trait de son enthousiasme, ce qui aurait encore entériné le rapprochement entre cette troisième personne et le serveur. Le serveur était normal, il n’aimait pas trop l’enthousiasme et la folie. C’était à mettre de côté. Mais puisque La était « Cocol » et qu’il était heureux de cette rencontre inattendue et que Vêt était un cas, il resta avec La. « On va où alors ? », demanda le serveur. Son air froid et son regard un peu égaré, du genre « marchons, dirigeons-nous aussi vers un bar, comme tout le monde » surprit La. La proposa le bar d’à-côté, le « Nouvel aéroport ». Les deux autres acceptèrent. L’ambiance était largement moins chic que dans le « Truqavanmandéla ». Bien plus cool, rock, rebelle et bièreuse. La et le serveur commandèrent une bière, Vêt rien. Ils échangèrent tous trois des propos concernant le lieu, leur table, leur boisson, et autres banalités. Le serveur en arriva enfin à ce qui intéressait La mais en même temps l’effrayait :
« Alors quoi de neuf depuis le temps ? (Il ne l’appelait plus Cocol) Ca fait un bail ! (Il ne l’appelait toujours plus Cocol)
- Oui, c’est vrai…
- Mais qu’est-ce que tu fais alors maintenant ? Tu vis toujours là alors ?
- Oui je vis toujours alors… Départ, puis retour…
- Tu travailles là ?
- Oui, enfin, je cherche…
- Dans quoi ? »
C’était mécaniquement insoutenable. Rebondir au point d’interrogation avec des réponses évasives suscitait d’autres questions, c’était la panique dans les émotions de La. Expliquer son amnésie ? Ne pas le dire ? Si ne pas, que dire ? Flou, tout était flou, La fleuretait avec la curiosité et l’anxiété, La ne savait plus qui était cette personne, mais voulait le savoir.
« Dans un cabinet d’experts comptables…
- Wow, ça ne m’étonne pas !
- Et toi, tu fais quoi ?, demanda Vêt au serveur.
- A ton avis ?
- …
- Vêt est un peu éloigné parfois ! Serveur voyons, dit La en riant.
- Ah non, mais je voulais dire, euh, à côté quoi, » bafouilla Vêt.
Les deux autres sourirent. Le serveur reprit : « Moi j’ai arrêté mes études, marre de na pas gagner de tune. Et puis, la fac, on ne voit pas trop où ça nous mène… Sauf toi, ça ne m’étonne pas, tu es toujours pareil !
- Tu sais, je n’ai pas trop de souvenir de comment j’étais ou quoi, moi les souvenirs, j’ai dû mal à me les rappeler…
- Normal il faut en parler pour ça ! Je me rappelle quand on était parti en vacances ensemble : tu ne parlais pas ! Tu suivais comme ça ! Sauf le dernier jour, tu te faisais des potes et potesses et tu ne voulais plus partir ! Oh, et puis la chambre, tu rangeais tout le temps, tu m’engueulais parce que moi je foutais le bordel. Oh là là !
- Ah oui, c’est vrai, j’étais maniaque avant, feint La. Et tu te souviens de quoi d’autre ?
- Je sais pas, trop de trucs ! Quand on faisait des fêtes, tu occupais les gens avec des énigmes, des petits défis ou devinettes et tout ! Prof Tournesol on t’appelait. Mon dieu, toujours à ramener sa science !
- J’aime bien cette époque…
- Oui moi aussi ! Trop de bons souvenirs, jamais de soucis en ce temps !
- Et oui, tout change…
- Tu m’étonnes, » murmura le serveur, faisant une moue de la bouche.
La en avait appris un peu plus sur sa personne. Sur la façon dont sa personne était perçue devrait-on dire. La était donc sage, avec une certaine gentillesse apparemment, une personne un peu coincée, sérieuse. La se satisfaisait d’avoir eu des informations. Mais La vraiment avoir été cette personne ? La ne savait pas trop… Cette personne-La ancienne n’avait pas l’air mauvaise, juste un peu plate. Le serveur proposa d’aller danser un peu avant qu’il y allât. « En tout cas tu bouges un peu mieux qu’avant » dit-il à La. Puis ils se moquèrent de Vêt, de sa façon de se battre, de son allure. « D’ailleurs, tu la connais la personne qui l’a tapé ?, demanda La
- Ouais, RRRllloule les R pour me la péter ! Pfff bolos. Sa mère la pute !
- La vache, c’est quoi cette haine, tu as eu un problème avec ?
- Non mais laisse tomber, Al n’est pas réglo c’est tout. Moi je ne suis pas comme ça. »
- Al alors… Mais les gens l’aiment bien ?, demanda La
- Oui, c’est ça le pire ! Al a été élu président de l’UNEF. Non mais t’inquiète, ça va se payer !
- Al est à la fac ?
- Oui, Al se prend trop pour un prince. Al écoute assez bien la plupart de ses maîtres, sauf qu’Al refuse de faire la pratique du théâtre, alors que c’est un cours obligatoire ! Al considère cette pratique comme méprisable et indigne d’une personne géniale. « La lecture de tout autre texte, plus particulièrement la pratique d’un discours, dit Al, ne gâte rien à la figure et à l’aspect qui convient à une personne géniale. Mais quand quelqu’un se met à déclamer, à jouer un texte, comme il le faut, avec costumes, mimiques et intonations, ses familiers eux-mêmes ont grand peine à reconnaître ses traits. En outre, quand on prononce un discours devant un auditoire, on peut prendre de la distance avec celui-ci, rire, séduire, etc. Mais la pratique du théâtre obstrue tout, et je ne risque pas de coucher en pratiquant le théâtre. Laissons donc la pratique du théâtre aus cassos, a dit Al, car ils ne savent pas converser. Mais nous, gens normaux et bien, gens dans le coup, nous avons la tchatche et la séduction. La tchatche a jeté loin d’elle le silence théâtral valorisé et la séduction écorche le gros ventre de ceux qui pratiquent le théâtre ». Par de tels propos mi-plaisants, mi sérieux, Al se détourna de cette pratique et en détacha aussi ses camarades, car le bruit ne tarda pas à se répandre parmi les étudiants qu’Al avait horreur de la pratique théâtrale, et avec raison, et qu’Al raillait ceux qui l’apprenaient.
- Quel être étrange !, s’exclama La. Ce qui est drôle c’est que les gens de théâtre tchatchent beaucoup en fait… »
Sur ce, le serveur laissa à La son numéro et partit, fatigué, s’excusant et montrant son envie d’une nouvelle rencontre avec « Cocol » (il le redit). La rejoint Vêt, la tête appuyée sur son bras, qui lui dit, pliant le front, l’air abattu, moche : « je suis un peu claqué
- Ah bon ?
- Ouais… »
La proposa d’aller ailleurs. Ils changèrent de bar. Mais voyant que sortir avec Vêt était ennuyant au possible, La proposa de rentrer.
Avant d’aller se coucher Vêt vint voir La dans sa chambre, il voulait parler un peu, s’excuser pour toutes ses sautes d’humeur, parler de la difficulté de sa mission, de sa vie, de sa sociabilité, parler de leur première journée. Ils échangèrent quelques propos sur la découverte d’une partie du passé de La, sur ce qu’ils feraient demain, sur le ressenti de La, sur celui de Vêt. « Bonne nuit ».
La pensait à ce personnage, cet être que le serveur connaissait mieux que La-même, cet être qui autrefois était là, dans son corps, dans le corps de La. La pensait aussi à cet étrange personnage vu deux fois en une soirée, Al. La se posait des questions. La avait maintenant deux obsessions : sa personne passé et cette personne rencontrée. Qui étaient-elles ? La savait pourquoi son passé était mystérieux et attirant : La ne savait plus grand-chose de sa personnalité d’avant, hormis quelques ressentis, quelques résidus après avoir écouté une chanson, ou entendu quelques paroles ou après avoir vu quelqu’un de résonnant. Ces résidus étaient mystérieux, parce que peu clairs, et attirants parce que constitutifs de son être, même si la coupure ressentie par son amnésie était grande. Il devait savoir. C’est certainement la même force qui pousse les gens à retrouver leur famille biologique alors qu’ils ont une famille pleine et entière qui est la leur, même si la filiation n’est pas logique du point de vue des groupes sanguins. Il voulait savoir. C’est tout. Voilà pour lui. Mais pour l’étrange personnage alors ? Pour Al ? Quelle était la source du mystère ?
La voulait savoir quel était le moteur de cette nonchalance, l’individu semblait se formaliser de si peu ! Ce trait contribuait aussi au charme irrésistible qui s’en dégageait.


2.
Bouli
Bouli

Nombre de messages : 25
Age : 56
Date d'inscription : 09/03/2011

Revenir en haut Aller en bas

Elu par cette crapule Empty Re: Elu par cette crapule

Message  bertrand-môgendre Mer 20 Avr 2011 - 3:14

La avait gêné Vêt, c’était donc une réussite, Vêt allait céder ! Ils sortent, achètent du vin rouge, se bourrent la gueule et vont faire le tour des bars, vers le quai Bélu ! Sur le passage, ils aperçurent quelqu’un ressemblant étrangement à La. Mais en moins propre, puisque cette personne avait la face toute sale semblait mouillée. En tout cas, cette personne était ivre et entourée de plein de gens. La s’en souviendrait. Il y a un problème de temps ou je me trompe ? Et de quoi se souviendrait La ? Je ne comprends pas.
bertrand-môgendre
bertrand-môgendre

Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007

Revenir en haut Aller en bas

Elu par cette crapule Empty Re: Elu par cette crapule

Message  Crashtest kid Sam 23 Avr 2011 - 1:13

Même remarque que le post précédent... il y de gros problèmes de concordance de temps. Sinon le texte est bien.
Crashtest kid
Crashtest kid

Nombre de messages : 33
Age : 37
Localisation : NONDROGUéAUTEKNIVAL
Date d'inscription : 23/06/2009

Revenir en haut Aller en bas

Elu par cette crapule Empty Re: Elu par cette crapule

Message  Sahkti Mar 3 Mai 2011 - 2:45

Je crains que la longueur de ton texte n'en dissuade quelques-uns... sans compter ces avertissements et ces messages adressés au lecteur. C'est quelque chose qui aurait tendance à me repousser en général, je n'aime pas trop qu'on me suggère comment lire.

Ce détail mis de côté, je trouve que tu te perds dans beaucoup de détails et d'explications, ne laissant plus aucune place pour la magie de l'imagination. Que peut encore faire le lecteur dans un tel cas si ce n'est avaler le repas que tu lui prémâches sans te préoccuper de savoir si il n'aurait pas envie d'ajouter du sel ou du poivre. Tout ne me paraît pas utile, tu en dis beaucoup (trop) et ça me dissuade, ça me tient de côté et je lis la suite en spectatrice, totalement extérieure à ce qui se passe, sans émotion véritable; c'est dommage. Epure un peu, joue de la suggestion et du non-dit, je suis sûre que ce sera plus accrocheur.
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

Elu par cette crapule Empty Re: Elu par cette crapule

Message  Bouli Ven 10 Juin 2011 - 9:56

Merci pour ces conseils ! J'ai justement un peu modifié par rapport aux conseils précédents, j'avais posté en réponse.
Bouli
Bouli

Nombre de messages : 25
Age : 56
Date d'inscription : 09/03/2011

Revenir en haut Aller en bas

Elu par cette crapule Empty Re: Elu par cette crapule

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum