Sans objet
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Sans objet
Peut-être ne suis-je pas qu'un passant solitaire
Posant mon cul toujours entre deux chaises
Traînant de galère en galère, de traquenard en traquenard
Et sachant pertinemment que je moucherai du malaise
A la sortie
Quand on a bien rentré ses larmes dans sa glotte
Quand l'estime de soi ne dépasse pas celle des cailloux
Humides de rosée
Vos yeux
A six heures du matin sur ce parking abandonné
Et moi hurlant crachant m'écrasant comme un chat saisi de convulsions
Sous les miaulements incessants des zonards tétant leurs teilles
Et s'engluant dans le néant
Peut-être ne suis-je pas ce type un peu étrange que vous avez vu une fois ou deux, il y a longtemps
Et qui était là, assis sur un muret, et qui vous a serré la main ou fait la bise en vous prenant pour son membre fantôme, son frère, sa mère
Peut-être que je ne suis même pas un caractère, une entité
Que je n'ai pas de consistance
Que mes pensées vont trop vite pour être vertes
Simplement pourrissantes et passagères
Peut-être ne suis-je qu'un messager, au fond, qui deviendrait peu à peu son message
Totalement vierge
Votre liaison imaginaire
Votre miroir le plus poli
Je ne retiens rien
Pas même la pluie, pas même les parties d'amitié sous les néons
Je ne suis là que pour m'insinuer en vous
Vous renvoyant une image toujours changeante
Vous cajolant dans l'intranquilité des nuits lestées de solitudes
Ne croyez pas que je vous aime, que je vous aide, que je vous soutiens
Lorsque je suis proche de vous, c'est toujours votre peau
Qui caresse ma main
Posant mon cul toujours entre deux chaises
Traînant de galère en galère, de traquenard en traquenard
Et sachant pertinemment que je moucherai du malaise
A la sortie
Quand on a bien rentré ses larmes dans sa glotte
Quand l'estime de soi ne dépasse pas celle des cailloux
Humides de rosée
Vos yeux
A six heures du matin sur ce parking abandonné
Et moi hurlant crachant m'écrasant comme un chat saisi de convulsions
Sous les miaulements incessants des zonards tétant leurs teilles
Et s'engluant dans le néant
Peut-être ne suis-je pas ce type un peu étrange que vous avez vu une fois ou deux, il y a longtemps
Et qui était là, assis sur un muret, et qui vous a serré la main ou fait la bise en vous prenant pour son membre fantôme, son frère, sa mère
Peut-être que je ne suis même pas un caractère, une entité
Que je n'ai pas de consistance
Que mes pensées vont trop vite pour être vertes
Simplement pourrissantes et passagères
Peut-être ne suis-je qu'un messager, au fond, qui deviendrait peu à peu son message
Totalement vierge
Votre liaison imaginaire
Votre miroir le plus poli
Je ne retiens rien
Pas même la pluie, pas même les parties d'amitié sous les néons
Je ne suis là que pour m'insinuer en vous
Vous renvoyant une image toujours changeante
Vous cajolant dans l'intranquilité des nuits lestées de solitudes
Ne croyez pas que je vous aime, que je vous aide, que je vous soutiens
Lorsque je suis proche de vous, c'est toujours votre peau
Qui caresse ma main
Re: Sans objet
Un poème particulier, avec ce "vous" ambigu, qui semble chopper le lecteur au passage, l'entrainer, le prendre comme témoin : il y a là quelque chose de difficile à commenter, parce qu'on peut tout simplement de pas l'apprécier, ce "vous" dont le "je" semble avoir besoin pour se définir, tout en marquant clairement sa différence, voir une forme de rejet, vis à vis de lui.
Cette définition du "je" par la négative, qui ne permet pas vraiment d'atteindre quoique ce soit, juste de poser les contours d'une inquiétude, d'une angoisse sous-jacente, est assez déstabilisante. La patte de l'auteur est sensible, une voix se dessine. C'est loin d'être sans intérêt, mais difficile (du moins pour moi) de donner un avis, ou même de dire si j'ai vraiment aimé : en tout cas, je sens une forme de révolte face au monde, d'ironie du sort et de cynisme qui, alliés à une vision acérée de la réalité, ne me laissent pas indifférente.
J'ai vraiment aimé ce passage :
Cette définition du "je" par la négative, qui ne permet pas vraiment d'atteindre quoique ce soit, juste de poser les contours d'une inquiétude, d'une angoisse sous-jacente, est assez déstabilisante. La patte de l'auteur est sensible, une voix se dessine. C'est loin d'être sans intérêt, mais difficile (du moins pour moi) de donner un avis, ou même de dire si j'ai vraiment aimé : en tout cas, je sens une forme de révolte face au monde, d'ironie du sort et de cynisme qui, alliés à une vision acérée de la réalité, ne me laissent pas indifférente.
J'ai vraiment aimé ce passage :
Quand on a bien rentré ses larmes dans sa glotte
Quand l'estime de soi ne dépasse pas celle des cailloux
Humides de rosée
Vos yeux
A six heures du matin sur ce parking abandonné
Et moi hurlant crachant m'écrasant comme un chat saisi de convulsions
Sous les miaulements incessants des zonards tétant leurs teilles
Et s'engluant dans le néant
Peut-être ne suis-je pas ce type un peu étrange que vous avez vu une fois ou deux, il y a longtemps
Et qui était là, assis sur un muret, et qui vous a serré la main ou fait la bise en vous prenant pour son membre fantôme, son frère, sa mère
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 35
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: Sans objet
Une atmosphère qui me plaît, un homme désabusé, peut-être, mais qui ne s'avoue pas vaincu.
Voilà ce que ton ( votre) poème m'a inspiré.
Juste par chicanerie : intranquillité
Voilà ce que ton ( votre) poème m'a inspiré.
Juste par chicanerie : intranquillité
Clarisse- Nombre de messages : 227
Age : 72
Date d'inscription : 10/03/2011
Re: Sans objet
Sans doute trop de "je" et de vous, à mon goût.
Sans doute un éloignement trop grand pour que je sois à même de juger et/ou apprécier.
Sans doute un éloignement trop grand pour que je sois à même de juger et/ou apprécier.
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 54
Date d'inscription : 03/09/2010
Re: Sans objet
Poème assez étrange, en effet. Le sujet y colle assez bien : je serais incapable de pondre un commentaire vraiment construit. On voit un contour, sans plonger dedans. Sans pouvoir. Impression étrange.
(à part ça, et totalement sans rapport : ta photo de profil me fait sourire parce que j'avais exactement la même coiffure quand j'ai posé mes valises sur VE... bienvenue jeune loup poète !)
(à part ça, et totalement sans rapport : ta photo de profil me fait sourire parce que j'avais exactement la même coiffure quand j'ai posé mes valises sur VE... bienvenue jeune loup poète !)
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Sans objet
j'aime bien le rythme de ce poème, sur le premier paragraphe on se dit que le "Je" est bien en avant, nous voilà rassurés au deuxième (que j'aime particulièrement), l'auteur prend du recul, mais ensuite il revient, le bougre, la chute justifie cette manœuvre.
(certaines phrases sont moins agréables à l'oreille comme "le membre fantôme", le mot "partie" dans " parties d'amitié sous les néons" )
(certaines phrases sont moins agréables à l'oreille comme "le membre fantôme", le mot "partie" dans " parties d'amitié sous les néons" )
Invité- Invité
Re: Sans objet
Etrange et séduisant poème ( ?) qui me fait penser à une de mes nouvelles préférées dans Chroniques martiennes, un être sans contours, sans identité qui s'incarne sous la forme du désir de l'autre... Sauf qu'ici, il y a refus de cet autre.
Acéré.
Acéré.
Invité- Invité
Re: Sans objet
Honnêtement (ça m'arrive), je suis très heureux de recevoir vos commentaires. Ils me montrent parfois une autre facette de mes textes, un autre visage, un autre reflet. Donc merci. J'apprends.
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