ELECTIONS : Le jour où Sarko...

Le jour où Sarko se prit mon pied au cul et un coup de vieux à l'ego

- C'est quoi ce truc?
- Le titre de mon nouveau roman
- C'est de la merde
- Qu'est-ce t'en sais? J'ai encore rien écrit
- Je parle du titre
- Pourquoi merdique?
- Parce que tu sais même pas qui va gagner et si ça se trouve, le coup de pied au cul, ce sera pour les chômeurs, les homos, les étrangers, les vieux, les handicapés, les associations culturelles, les noirs et la banlieue...
- C'est un roman d'anticipation
- Ça va faire un peu juste pour écrire, éditer et diffuser ton roman avant le 6 mai, tu crois pas?

Gilles referme son carnet à spirales d'un geste rageur. Il sait que Maud a raison. Maud a toujours raison. Mais Gilles aimerait apporter sa pierre à l'édifice, faire bouger les choses, révolutionner la France.
Oui mais voilà, Gilles aime se lever tard, regarder Amour Gloire et Beauté à la télé, manger des raviolis en boîte et se fumer une petite clope en zyeutant depuis le balcon la vieille d'en face se gratter dans le nez et les oreilles. Sans parler des billets Tac-o-Tac à gratter et des grilles sudoku du journal à noircir. Tout ça, ça prend du temps. Les autres, ils se rendent pas compte de ça, le temps que tous ces petits riens peuvent prendre. Et les petits riens, c'est ce qui fait la vie. C'est du vide bien rempli.
C'est qui encore qui disait:

"Mieux vaut n'penser à rien
Que n'pas penser du tout
Rien c'est déjà
Rien c'est déjà beaucoup
On se souvient de rien
Et puisqu'on oublie tout
Rien c'est bien mieux
Rien c'est bien mieux que tout" *

Gilles s'en veut. Parce que ce que Maud ne sait pas et ne doit jamais savoir, c'est que le 22 avril, il n'a pas voté. Il s'y est pris comme un manche, il a dormi, il a flâné, il a picolé aussi. Ho juste un peu, presque rien, de quoi oublier quel jour on était, que c'était le jour du vote et qu'il fallait y aller. Gilles a dormi, a essayé d'écrire, a lu des bédés. Et a oublié de voter Schivardi. Gilles est depuis persuadé que plein de gens ont fait comme lui, oublier de voter Gérard Schivardi. Sinon, Sarko aurait pas fait premier.

Depuis, dix jours ont passé, Gilles a écrit quinze lignes et fumé dix-sept paquets de clopes. Plus que quatre fois dormir avant dimanche. Ça laisse le temps de rêver un peu...

* C'est Serge Gainsbourg en 1964

C'est terrilble !
Génial ! clapclap
En tout cas j'éspère bien que le titre deviendra réalité...

Ahah ! Sahkti, bien vu , bien tourné. Fiction ou hyperréalisme ?

Utopie.

Très drôle Sahkti, bravo ! Voilà donc pourquoi Schivardi a réuni si peu de voix, ah ces gens qui se lèvent pas tôt !
Bon, et puis après coup ça fait tout bizarre ce texte.
En tout cas j'aime te lire.
Je trouve que tu devrais écrire plus souvent :-)))

Un roman avec un titre pareil : j’achète ! :-)
Plein d’humour dans ces lignes. Ton personnage frôle souvent la caricature mais il donne à ton texte une dimension divertissante qui rend la lecture agréable.

Drôle, une répétition malheureuse Sahkti « gratter » qui heurte un peu ou est-ce là, l’une des contraintes stylistiques ? Dans tous les cas ça fait sourire, un peu de bonne humeur dans ce monde de nain.

Tu as raison pour "gratter", il se suit de très près en plus! Pas volontaire, non.

De l'humour oui, ça se lit très facilement, un ton plaisant, j'aime bien la manière dont tu dècris le personnage de Gilles

C'est drôle et très réussi, surtout grace à ce personnage bien sympathique de glandeur, et le tout qui ne se prend pas trop au sérieux.

J'aime beaucoup ton personnage, Sahkti. Et les mots de Gainsbourg collent très bien à l'ambiance du texte.
Un style qui coule vraiment, et un ensemble vraiment bien tourné.

héhé, souriant et sympa...