Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
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Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Yes kaz' le zaz' ^^kazar a écrit:Mon chak' le chak' !
Dépêche-toi d'écrire que je lise un peu !
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
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Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
- Vétérinaire
- Guignol
- onomatopées
Je suis vétérinaire et j’en vois passer des guignols. Mais un comme celui-là… un comme celui-là c’était vraiment aussi fou que toutes les premières fois de la vie d’un homme. Il était entré dans mon cabinet la veille, son chien sur une petite civière assortie au manteau, lui-même assorti au chaussons pompons qu’il portait. Je me demandais bien comment ça pouvait trottiner, un chien, avec des chaussons pompons, comment ça pouvait se rouler bouler dans la boue, ou même comment il faisait pour lever la patte à une hauteur raisonnable, quand il disait bonjour aux arbres. Ça devait les faire rire les arbres, alignés militairement sur le trottoir, au creux de leurs barres de fer, de voir arriver un chien qui se trainait des gros pompons, des rouges, des bleus, qui faisaient bien son poids poils inclus.
Bref, le client-patient était arrivé totalement désespéré, me hurlant qu’il était arrivé quelque chose à Grelot, qu’il fallait sauver Grelot, que la vie n’a plus de sens sans Grelot. Je me suis sentie dans la peau d’un héros une demi-seconde. J’ai tenté de le calmer, ai posé la civière sur la table d’auscultation, et lui aie demandé de m’expliquer calmement ce qui s’était passé.
- C’est mon Grelot… je l’emmenais faire pipi aux tuileries (j’aimerais bien, moi, faire pipi aux tuileries) quand il nous a fallu descendre un escalier escarpé.
- Oui ?
- Eh bien, je ne sais pas ce qui s’est passé, tout a été si vite, mais je crois que le pompon N°1 s’est pris dans le pompon N°3, que la patte avant gauche est l’arrière droite ont été coincées, se sont repliées, et mon Grelot a fait des tonneaux jusqu’en bas
- Des tonneaux, vraiment
- Ah oui docteur, vous auriez du voir
- Bon, on va examiner tout ça
- Je peux lui tenir la patte docteur
- Euh… oui
Alors j’ai examiné le chien, mais déjà il n’y avait plus de bruit dans Grelot. J’ai levé les yeux vers le désespoir de son propriétaire, puis les ai rabaissé, gagnant quelques instants avant de soutenir son regard.
- Monsieur… c’est fini pour Grelot
- Fini ?
- Oui le cœur ne bat plus
On aurait dit que le monde s’écroulait.
- C’était quand, cette chute ? Je dis pour briser le silence de chagrin.
- Eh bien, ce matin, le temps de passer à la maison récupérer la civière, pour ne pas qu’il soit trop secouer dans la voiture, vous savez, elle est rembourrée, il y a du coton dedans, et je l’ai parfumé aux croquettes, elle a toujours été prête, au cas où, on n’est jamais à l’abri d’un accident, ça non, regardez où nous en sommes maintenant, on ne sait jamais quand ça nous tombe dessus, et là, c’était trop tôt, oui bien trop tôt, si j’avais su
- Je sais monsieur, c’est difficile, les animaux, on s’y attache
- Et qu’est-ce que je vais dire à ma femme ? Qu’est-ce que je vais dire à ma femme ?
- C’est un moment délicat mais dites-vous qu’il était heureux et choyé avec vous
- Je ne sais pas du tout comment je vais annoncer ça à ma femme
- Je comprends
- Vous vendez des cercueils ?
- … non, je n’ai pas ça monsieur
Il est sorti du cabinet, avec son chien assassiné par de violents pompons, d’une mine dépité, il me faisait de la peine, et peur aussi.J’ai regardé la civière écossaise s’éloigner par la porte vitrée puis je suis retournée à mes occupations.
Le lendemain matin, le propriétaire passe de nouveau le pas de la porte. Il avait le visage pâle et fatigué.
- Vous allez bien monsieur ? comment cela s’est passé avec votre femme ? ça n’a pas été trop dur ?
- Elle ne parle plus.
- Comment ça elle ne parle plus ?
- Eh bien, quand je lui ai dit, elle a réagi en hurlant, pleurant, avec des « aïe » comme si on lui avait porté un grand coup
- Ah oui ? et maintenant ça ne va pas un peu mieux, une fois le choc passé ?
- Maintenant elle ne répond plus que par waf waf. Avec des tonnes de nuances, mais rien d’autres que des ouaf ouaf. Je m’inquiète beaucoup pour elle
- Tu m’étonnes…
- Comment ?
- Non je disais : c’est terrible
- Oui. Alors j’ai eu une idée, pour lui remonter le moral
- Ah ?
- Je pensais… vous savez, c’est bientôt son anniversaire
- …
- Je me demandais si on pouvait faire quelque chose d’un peu spécial
- Ah oui c’est le bon moment !
- Non mais je veux dire, avec le chien
- Avec le chien mort ?
- Oui, une sorte d’hommage. Je me disais que peut-être vous pourriez l’empailler, et, on pourrait le faire comme en rond, comme ça, on pourrait insérer un gâteau d’anniversaire, et y planter des bougies
- Avec le chien mort ?
- Ce serait une belle manière de lui dire au revoir vous ne pensez pas, elle ferait un vœu, ça ferait penser à un éloge funèbre, d’ailleurs c’est pas pour rien qu’il y a des bougies à l’église hein !? C’est bien parce qu’on veut adresser de bonnes choses aux gens qu’on aime
- …
- ?
- Mais monsieur… je ne fais pas dans l’empaillement moi. Je soigne simplement les animaux.
- Mais vous devez bien avoir quelque chose, des sprays pour conserver, comme ce qu’on met, là, pour protéger les meubles
- C’est pas tout à fait la même technique monsieur, il faut d’abord le vider de ses organes, sinon ça va pourrir, vous ne le garderez pas en l’état, et puis vous aller vous retrouver avec des mouches, des vers, qui arriveront comme des charognards
- Mais si on le laisse au frais quand on s’en sert plus ?
- … non je crois pas que ça fonctionne comme ça
- Si on le laisse dans la cave ?
- A moins de le congeler monsieur, je ne pense pas
- Et vous vous vendez des petits congélateurs ? des rouge et bleus ?
- Non, pas encore
- Je peux trouver ça où ?
- Chez Darty peut-être, chez l’empailleur je ne sais pas
- Ah… vous me rendez mon grelot ?
- Oui monsieur, je vais tout de suite vous chercher ça
- Vous êtes bien aimable
- Tenez ! et mes condoléances encore
- Merci… allez mon Grelot, on y va. Tu as bien tous tes chaussons pompons ? il fait froid dehors, très froid.
- Guignol
- onomatopées
Je suis vétérinaire et j’en vois passer des guignols. Mais un comme celui-là… un comme celui-là c’était vraiment aussi fou que toutes les premières fois de la vie d’un homme. Il était entré dans mon cabinet la veille, son chien sur une petite civière assortie au manteau, lui-même assorti au chaussons pompons qu’il portait. Je me demandais bien comment ça pouvait trottiner, un chien, avec des chaussons pompons, comment ça pouvait se rouler bouler dans la boue, ou même comment il faisait pour lever la patte à une hauteur raisonnable, quand il disait bonjour aux arbres. Ça devait les faire rire les arbres, alignés militairement sur le trottoir, au creux de leurs barres de fer, de voir arriver un chien qui se trainait des gros pompons, des rouges, des bleus, qui faisaient bien son poids poils inclus.
Bref, le client-patient était arrivé totalement désespéré, me hurlant qu’il était arrivé quelque chose à Grelot, qu’il fallait sauver Grelot, que la vie n’a plus de sens sans Grelot. Je me suis sentie dans la peau d’un héros une demi-seconde. J’ai tenté de le calmer, ai posé la civière sur la table d’auscultation, et lui aie demandé de m’expliquer calmement ce qui s’était passé.
- C’est mon Grelot… je l’emmenais faire pipi aux tuileries (j’aimerais bien, moi, faire pipi aux tuileries) quand il nous a fallu descendre un escalier escarpé.
- Oui ?
- Eh bien, je ne sais pas ce qui s’est passé, tout a été si vite, mais je crois que le pompon N°1 s’est pris dans le pompon N°3, que la patte avant gauche est l’arrière droite ont été coincées, se sont repliées, et mon Grelot a fait des tonneaux jusqu’en bas
- Des tonneaux, vraiment
- Ah oui docteur, vous auriez du voir
- Bon, on va examiner tout ça
- Je peux lui tenir la patte docteur
- Euh… oui
Alors j’ai examiné le chien, mais déjà il n’y avait plus de bruit dans Grelot. J’ai levé les yeux vers le désespoir de son propriétaire, puis les ai rabaissé, gagnant quelques instants avant de soutenir son regard.
- Monsieur… c’est fini pour Grelot
- Fini ?
- Oui le cœur ne bat plus
On aurait dit que le monde s’écroulait.
- C’était quand, cette chute ? Je dis pour briser le silence de chagrin.
- Eh bien, ce matin, le temps de passer à la maison récupérer la civière, pour ne pas qu’il soit trop secouer dans la voiture, vous savez, elle est rembourrée, il y a du coton dedans, et je l’ai parfumé aux croquettes, elle a toujours été prête, au cas où, on n’est jamais à l’abri d’un accident, ça non, regardez où nous en sommes maintenant, on ne sait jamais quand ça nous tombe dessus, et là, c’était trop tôt, oui bien trop tôt, si j’avais su
- Je sais monsieur, c’est difficile, les animaux, on s’y attache
- Et qu’est-ce que je vais dire à ma femme ? Qu’est-ce que je vais dire à ma femme ?
- C’est un moment délicat mais dites-vous qu’il était heureux et choyé avec vous
- Je ne sais pas du tout comment je vais annoncer ça à ma femme
- Je comprends
- Vous vendez des cercueils ?
- … non, je n’ai pas ça monsieur
Il est sorti du cabinet, avec son chien assassiné par de violents pompons, d’une mine dépité, il me faisait de la peine, et peur aussi.J’ai regardé la civière écossaise s’éloigner par la porte vitrée puis je suis retournée à mes occupations.
Le lendemain matin, le propriétaire passe de nouveau le pas de la porte. Il avait le visage pâle et fatigué.
- Vous allez bien monsieur ? comment cela s’est passé avec votre femme ? ça n’a pas été trop dur ?
- Elle ne parle plus.
- Comment ça elle ne parle plus ?
- Eh bien, quand je lui ai dit, elle a réagi en hurlant, pleurant, avec des « aïe » comme si on lui avait porté un grand coup
- Ah oui ? et maintenant ça ne va pas un peu mieux, une fois le choc passé ?
- Maintenant elle ne répond plus que par waf waf. Avec des tonnes de nuances, mais rien d’autres que des ouaf ouaf. Je m’inquiète beaucoup pour elle
- Tu m’étonnes…
- Comment ?
- Non je disais : c’est terrible
- Oui. Alors j’ai eu une idée, pour lui remonter le moral
- Ah ?
- Je pensais… vous savez, c’est bientôt son anniversaire
- …
- Je me demandais si on pouvait faire quelque chose d’un peu spécial
- Ah oui c’est le bon moment !
- Non mais je veux dire, avec le chien
- Avec le chien mort ?
- Oui, une sorte d’hommage. Je me disais que peut-être vous pourriez l’empailler, et, on pourrait le faire comme en rond, comme ça, on pourrait insérer un gâteau d’anniversaire, et y planter des bougies
- Avec le chien mort ?
- Ce serait une belle manière de lui dire au revoir vous ne pensez pas, elle ferait un vœu, ça ferait penser à un éloge funèbre, d’ailleurs c’est pas pour rien qu’il y a des bougies à l’église hein !? C’est bien parce qu’on veut adresser de bonnes choses aux gens qu’on aime
- …
- ?
- Mais monsieur… je ne fais pas dans l’empaillement moi. Je soigne simplement les animaux.
- Mais vous devez bien avoir quelque chose, des sprays pour conserver, comme ce qu’on met, là, pour protéger les meubles
- C’est pas tout à fait la même technique monsieur, il faut d’abord le vider de ses organes, sinon ça va pourrir, vous ne le garderez pas en l’état, et puis vous aller vous retrouver avec des mouches, des vers, qui arriveront comme des charognards
- Mais si on le laisse au frais quand on s’en sert plus ?
- … non je crois pas que ça fonctionne comme ça
- Si on le laisse dans la cave ?
- A moins de le congeler monsieur, je ne pense pas
- Et vous vous vendez des petits congélateurs ? des rouge et bleus ?
- Non, pas encore
- Je peux trouver ça où ?
- Chez Darty peut-être, chez l’empailleur je ne sais pas
- Ah… vous me rendez mon grelot ?
- Oui monsieur, je vais tout de suite vous chercher ça
- Vous êtes bien aimable
- Tenez ! et mes condoléances encore
- Merci… allez mon Grelot, on y va. Tu as bien tous tes chaussons pompons ? il fait froid dehors, très froid.
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Guignol et Grelot : je suis fan !!!! Ignoblissimement drôle ! Ah j'ai kiffé ! Ah oui j'ai kiffé !
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
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Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Scène I - Mardi - 14h25 - Un immeuble genevois
- 'Tain ! C'est quoi c'bordel de truc tout gluant dans l'escalier ? J'parie que c'est encore l'Espagnole et son sale clébard de m...! Encore un peu et j'me casse la gu... ! Faut l'faire piquer ce chien !
Ça, c'est la frisottée rose du cinquième étage, celle qui claque les portes à quatres heures du mat', fume du canna sur le balcon à l'heure où les gens s'endorment et lance ses poubelles dans la cage d'escalier parce que c'est plus rapide. Plus facile aussi, sans doute.
- Allons bon, qu'est-ce qui se passe encore ici ?
Lui, c'est Son Excellence. Ambassadeur aux Etats-Unis, puis à Taïwan et je sais plus où. Enfin ambassadeur honoraire pour tout dire mais bon, ça le fait quand même. Et quand je le croise, j'aime bien lui dire Excellence. Il aime bien aussi. Enfin je crois. Sa femme, en tout cas, elle aime ça.
- Z'avez pas vu la merde qui tapisse l'escalier ? Tout gluant j'vous dis ! Vert pomme en plus, sais pas c'qu'il a dû manger le clébard. Ptêt de la paëlla...
Elle est finaude la frisottée. D'abord, pour elle, un Espagnol ça bouffe de la paëlla. Et la paëlla, c'est bien connu, c'est vert.
Son Excellence observe d'un air perplexe la tache verte qui recouvre une partie de la deuxième marche menant du troisième au second. On est loin du tapissage d'escalier. Tout au plus une réparation locale et encore.
- Ça ne ressemble pas à de la paëlla...
Air de plus en plus dubitatif. Il s'approche, s'accroupit, renifle un peu
- Parce que vous y connaissez en paëlla, vous ?
La frisottée, elle fait la maligne, y a qu'elle qui sait mais devant Son Excellence, elle en mène pas si large que ça même si elle aime bien faire semblant.
- Dans la paëlla, il y a du riz
Ton posé, concis, précis et efficace. Haaa que je l'aime bien cet Excellence.
- Et ?
En-dessous du rose, ça doit être blond....
- Pas de riz ici, donc pas de paëlla
Agatha Christie, rhabille-toi !
- Ha...
Hé hé, ça lui a clapé le nez à la frisottée !
Scène II - Mardi - 14h59 - Le même immeuble genevois
- Hmmmm
Elle, c'est la vieille dame du deuxième qui remonte avec ses courses. Souvent, elle se trompe et monte jusqu'au troisième avant de comprendre et de redescendre.
- Hoooooo
Ça, c'est ce qu'elle dit quand elle a compris et qu'elle se penche par-dessus la rampe pour retrouver son appartement
- Ffffffff
Et ça, c'est quand elle arrive chez elle avec ses courses. Jamais entendu le moindre mot, juste des sons bizarres. Paraît que pendant la guerre, on lui a fait des expériences bizarres et depuis, elle cause plus vraiment. Enfin bon, je crois que c'est ça. De toutes façons, j'étais pas née pendant la guerre.
- Hé ! Mémé ?! Elle est toujours là la merde du clébard espagnol ?
La frisottée, le retour.
- Han ?
La frisottée trépigne
- Ha ouais c'est vrai, elle cause pas la vioque, tu parles d'une compagnie.
La frisottée est vraiment subtile...
- Groumf
La vieille dame rentre chez elle. La frisottée aussi. Non sans avoir jeté son mégot dans l'escalier. Tant qu'à faire. Et claqué sa porte à toute volée. Tant qu'à faire aussi.
Scène III - Mardi - 16h42 - Même adresse
- Ben alors, la spanish, elle nettoie pas les m... de son chien ?
Plus besoin de vous la présenter je crois...
- Puisque je vous dis que ce n'est pas le chien qui...
Son Excellence ! Rhaaaaaaa.....
- Z'avez dit que c'était pas de la paëlla mais pas que c'était pas de la crotte de clébard. L'a dû manger un autre truc espagnol, des tapas ou je ne sais quoi. Y a bien des plats sans riz en Espagne, non ?
Elle a dû faire assistante de Jean-Pierre Coffe dans une autre vie, elle.
- Et vert, ça pourrait être des olives, non ?
Ben dis donc, j'voudrais pas être son chien hein.... des olives !
Son Excellence soupire. Prend son téléphone, appelle le concierge, lui demande de venir nettoyer parce que bon, ça fait désordre et....
- Et plus vite que ça !
La frisottée hurle dans le téléphone de Son Excellence. Ça, il doit pas aimer. J'aimerais pas non plus.
Quelques minutes plus tard, le concierge arrive. Armé d'un seau et d'une serpillère.
La frisottée surveille. Son Excellence ne dit rien. Il s'apprête à rentrer dans son appartement.
- En tout cas, c'est pas le chien de Madame Consuelo
Le concierge se remet à siffloter tout en décollant le gluant verdâtre de la marche d'escalier
- Qu'est-ce que vous en savez, hein ?
C'est peut-être sa couleur de cheveux qui la rend comme ça, non ?
- Il est mort il y a deux jours. Ecrasé par un bus au coin de la rue. Sale histoire. Pauvre Madame Consuelo
Son Excellence murmure quelque chose. Je crois bien qu'il ira dire quelques mots gentils à Madame Consuelo.
- Bien fait pour lui ! L'avait qu'à pas chier tout vert dans l'escalier ! Encore un peu et je me tuais !
La frisottée décidément très futée remonte les marches quatre à quatre, claque à nouveau la porte. Quelques minutes plus tard, la musique envahit la cage d'escalier. Genre transe pour débile profond un soir de pleine lune.
Son Excellence rentre chez lui.
Le concierge aussi.
Vivement demain. La frisottée, épisode deux.
J'ai bien fait d'emménager ici...
PS: tout est vrai dans cette histoire. Sauf que le chien ne s'est pas fait écraser. Et que ce n'est pas lui a qui tapissé l'escalier, comme dit la frisottée. C'est le peintre du premier qui a apporté un truc au voisin du troisième et a laissé tomber un produit dont je ne connais pas le nom, sans le voir, sinon il aurait nettoyé parce que tout le monde connaît la frisottée. Et aussi la maniaquerie du peintre. Je l'aime bien ce peintre. Il est comique, il rit tout le temps. Et il peint des trucs naïfs qui font du bien à la tête. Il aime bien boire un coup, chouette. Et lui aussi il est Espagnol, d'ailleurs.
Elle serait raciste la frisottée ?
- 'Tain ! C'est quoi c'bordel de truc tout gluant dans l'escalier ? J'parie que c'est encore l'Espagnole et son sale clébard de m...! Encore un peu et j'me casse la gu... ! Faut l'faire piquer ce chien !
Ça, c'est la frisottée rose du cinquième étage, celle qui claque les portes à quatres heures du mat', fume du canna sur le balcon à l'heure où les gens s'endorment et lance ses poubelles dans la cage d'escalier parce que c'est plus rapide. Plus facile aussi, sans doute.
- Allons bon, qu'est-ce qui se passe encore ici ?
Lui, c'est Son Excellence. Ambassadeur aux Etats-Unis, puis à Taïwan et je sais plus où. Enfin ambassadeur honoraire pour tout dire mais bon, ça le fait quand même. Et quand je le croise, j'aime bien lui dire Excellence. Il aime bien aussi. Enfin je crois. Sa femme, en tout cas, elle aime ça.
- Z'avez pas vu la merde qui tapisse l'escalier ? Tout gluant j'vous dis ! Vert pomme en plus, sais pas c'qu'il a dû manger le clébard. Ptêt de la paëlla...
Elle est finaude la frisottée. D'abord, pour elle, un Espagnol ça bouffe de la paëlla. Et la paëlla, c'est bien connu, c'est vert.
Son Excellence observe d'un air perplexe la tache verte qui recouvre une partie de la deuxième marche menant du troisième au second. On est loin du tapissage d'escalier. Tout au plus une réparation locale et encore.
- Ça ne ressemble pas à de la paëlla...
Air de plus en plus dubitatif. Il s'approche, s'accroupit, renifle un peu
- Parce que vous y connaissez en paëlla, vous ?
La frisottée, elle fait la maligne, y a qu'elle qui sait mais devant Son Excellence, elle en mène pas si large que ça même si elle aime bien faire semblant.
- Dans la paëlla, il y a du riz
Ton posé, concis, précis et efficace. Haaa que je l'aime bien cet Excellence.
- Et ?
En-dessous du rose, ça doit être blond....
- Pas de riz ici, donc pas de paëlla
Agatha Christie, rhabille-toi !
- Ha...
Hé hé, ça lui a clapé le nez à la frisottée !
Scène II - Mardi - 14h59 - Le même immeuble genevois
- Hmmmm
Elle, c'est la vieille dame du deuxième qui remonte avec ses courses. Souvent, elle se trompe et monte jusqu'au troisième avant de comprendre et de redescendre.
- Hoooooo
Ça, c'est ce qu'elle dit quand elle a compris et qu'elle se penche par-dessus la rampe pour retrouver son appartement
- Ffffffff
Et ça, c'est quand elle arrive chez elle avec ses courses. Jamais entendu le moindre mot, juste des sons bizarres. Paraît que pendant la guerre, on lui a fait des expériences bizarres et depuis, elle cause plus vraiment. Enfin bon, je crois que c'est ça. De toutes façons, j'étais pas née pendant la guerre.
- Hé ! Mémé ?! Elle est toujours là la merde du clébard espagnol ?
La frisottée, le retour.
- Han ?
La frisottée trépigne
- Ha ouais c'est vrai, elle cause pas la vioque, tu parles d'une compagnie.
La frisottée est vraiment subtile...
- Groumf
La vieille dame rentre chez elle. La frisottée aussi. Non sans avoir jeté son mégot dans l'escalier. Tant qu'à faire. Et claqué sa porte à toute volée. Tant qu'à faire aussi.
Scène III - Mardi - 16h42 - Même adresse
- Ben alors, la spanish, elle nettoie pas les m... de son chien ?
Plus besoin de vous la présenter je crois...
- Puisque je vous dis que ce n'est pas le chien qui...
Son Excellence ! Rhaaaaaaa.....
- Z'avez dit que c'était pas de la paëlla mais pas que c'était pas de la crotte de clébard. L'a dû manger un autre truc espagnol, des tapas ou je ne sais quoi. Y a bien des plats sans riz en Espagne, non ?
Elle a dû faire assistante de Jean-Pierre Coffe dans une autre vie, elle.
- Et vert, ça pourrait être des olives, non ?
Ben dis donc, j'voudrais pas être son chien hein.... des olives !
Son Excellence soupire. Prend son téléphone, appelle le concierge, lui demande de venir nettoyer parce que bon, ça fait désordre et....
- Et plus vite que ça !
La frisottée hurle dans le téléphone de Son Excellence. Ça, il doit pas aimer. J'aimerais pas non plus.
Quelques minutes plus tard, le concierge arrive. Armé d'un seau et d'une serpillère.
La frisottée surveille. Son Excellence ne dit rien. Il s'apprête à rentrer dans son appartement.
- En tout cas, c'est pas le chien de Madame Consuelo
Le concierge se remet à siffloter tout en décollant le gluant verdâtre de la marche d'escalier
- Qu'est-ce que vous en savez, hein ?
C'est peut-être sa couleur de cheveux qui la rend comme ça, non ?
- Il est mort il y a deux jours. Ecrasé par un bus au coin de la rue. Sale histoire. Pauvre Madame Consuelo
Son Excellence murmure quelque chose. Je crois bien qu'il ira dire quelques mots gentils à Madame Consuelo.
- Bien fait pour lui ! L'avait qu'à pas chier tout vert dans l'escalier ! Encore un peu et je me tuais !
La frisottée décidément très futée remonte les marches quatre à quatre, claque à nouveau la porte. Quelques minutes plus tard, la musique envahit la cage d'escalier. Genre transe pour débile profond un soir de pleine lune.
Son Excellence rentre chez lui.
Le concierge aussi.
Vivement demain. La frisottée, épisode deux.
J'ai bien fait d'emménager ici...
PS: tout est vrai dans cette histoire. Sauf que le chien ne s'est pas fait écraser. Et que ce n'est pas lui a qui tapissé l'escalier, comme dit la frisottée. C'est le peintre du premier qui a apporté un truc au voisin du troisième et a laissé tomber un produit dont je ne connais pas le nom, sans le voir, sinon il aurait nettoyé parce que tout le monde connaît la frisottée. Et aussi la maniaquerie du peintre. Je l'aime bien ce peintre. Il est comique, il rit tout le temps. Et il peint des trucs naïfs qui font du bien à la tête. Il aime bien boire un coup, chouette. Et lui aussi il est Espagnol, d'ailleurs.
Elle serait raciste la frisottée ?
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Mot moche : pestilentiel
Personnage : concierge
« Ça y est, la nouvelle année arrive, et mes étrennes avec » pense Gladys en se frottant les mains. Elle ne sait pas encore que d’ici moins d’une heure elle se frottera les yeux.
Gladys aime bien son immeuble de la rue de Sèvres, dans le 7éme, pas loin du Bon Marché et surtout de la Grande épicerie. D’habitude elle ne va pas trop faire ses courses là-bas, bien trop cher pour elle, mais chaque début d’année, une fois les billets mis dans le giron, elle y court se faire des petits plaisirs. Gladys est une gourmande.
Elle aime encore plus, en revenant, s’assoir sur un banc du square qui fait l’angle, sortir un des macarons de son papier d’emballage et le déguster à minuscules bouchées. En poussant de petits soupirs de satisfaction, à peine audibles mais bien visibles aux buées de plaisir chaud qui s’échappent de sa bouche pleine et entrouverte.
Car Gladys mange la bouche ouverte, c’était un fait qui agaçait profondément sa mère. Entendre les bruits de mastication de sa fille lui était devenu tellement insupportable qu’elle avait fini par ne plus prendre ses repas avec elle. Pensez si Gladys est donc coutumière du fait de manger seule.
Et de vivre seule aussi, malgré tous les colocataires de son immeuble. Sa mère lui a laissé la loge de concierge, elle doit avouer qu’elle s’y trouve bien plus à l’aise ainsi. Elle n’a même jamais songé à se trouver un compagnon. Y’en a jamais eu à la maison, son père ayant réalisé, peu après sa naissance, son propre rêve de toute une vie : mettre les voiles. Au sens propre puisqu’il parait qu’il est devenu marin, ça devait le démanger, à la manière d’un Marius mais sans doute pas pour les mêmes raisons.
C’est vrai que vivre à l’année avec une sèche aux yeux de merlan doit donner des envies de grand large. De temps en temps elle regrette qu’il ne l’ait pas emmenée avec lui, elle se serait fait mouette pour le suivre dans ses voyages. Mais après tout c’est une femme de terre ferme et d’escaliers. Monter, descendre et faire reluire, voilà une occupation d’honnête femme. Et dieu sait que Gladys y met toute son huile de coude, et quelques gouttes de sueur en prime. Moins évident à soixante ans passés.
Et puis elle n’est pas vraiment seule, non. La plupart des habitants de l’immeuble la connait depuis toujours, et réciproquement. Elle a grandi avec les enfants des précédents occupants, qui sont restés en majorité. Ils ont vécu les ravalements de façade et les réfections de toiture ensemble, ça crée des liens. Et beaucoup sont très généreux avec elle pour les étrennes. Pas tous. Le pingre du troisième gauche ne sait pas quoi inventer tous les ans pour échapper au liquide. Une fois ce fut une médaille de son ancienne carrière de sportif amateur, même pas en or ou en argent, rien à fondre. Une autre, il lui a offert un paillasson neuf, pas compliqué pour un ancien marchand de tapis, il aurait au moins pu se fendre d’un Kilim ! L’année dernière c’était une étole, un peu mitée et ne sentant pas le frais, sans doute un héritage qui avait végété au fond d’une armoire en attendant de trouver sa destination. Cette année Gladys se demande bien ce qu’il va encore inventer.
Mais pour l’heure, elle est en train d’accrocher la banderole sur la porte de la loge. Un magnifique « bonne et heureuse année 2011 » qui décorera le chambranle tout le mois de janvier et rappellera aux plus étourdis qu’ils ont un devoir à accomplir. Si possible en espèces sonnantes et trébuchantes. Ou froissables.
Elle ne doute pas que comme toujours la petite locataire du sixième droit débutera les festivités. Elle est d’une ponctualité presque maladive cette petite. Tenez, pour son accouchement, c’était prévu le 6 novembre, eh bien le 6 au matin, elle a pondu son petit mâle. Un vrai métronome. Gladys est certaine que dans moins d’une heure elle va toquer à sa loge pour lui glisser un billet, en rougissant, tout en la gratifiant de ses bons vœux. Ça n’y coupe pas, tous les premiers janvier avant 18 heures. Pourtant depuis un mois Gladys lui trouve la mine défaite, les yeux cernés d’un vilain noir et la silhouette un peu trop vite amaigrie pour une toute jeune maman. Il faut dire que plus personne ne vient la voir, même pas le grand escogriffe qui passait régulièrement la nuit chez elle. C’est pas que Gladys surveille les allées et venues, mais pensez, c’est quand même un peu sa charge de savoir tout ce qui se passe chez elle.
Ben oui, cet immeuble c’est chez elle. Elle y est née, elle y mourra. Entre les deux elle aura vu la valse des propriétaires et des locataires sans jamais être invitée au bal. Alors elle regarde le spectacle de sa loge, comme au théâtre.
Et en attendant la petite Cyrielle, elle va se faire un bon chocolat chaud et se couper une tranche de cet opéra qui lui a tenu compagnie à minuit hier soir. D’ici une petite semaine, elle pourra s’en acheter un vrai, pas un congelé. Le chocolat c’est son péché mignon, sa marotte, sa passion. Au point que, prise dans les délices d’une bouchée et les oreilles pleines de ses bruits de déglutition, elle n’a pas entendu les discrets coups frappés à la porte, ni les bruits de pas en fuite dans le couloir et la porte de l’immeuble qui claquait.
Une fois son goûter englouti, Gladys a perçu un bruit étrange venant du pas de sa porte qui, une fois ouverte, a révélé un bien étrange tableau : un bébé se tenait là, dans son couffin, un billet accroché à sa grenouillère. Quelques mots griffonnés souhaitaient une bonne année, s’excusaient de lui confier Maël (c’est son nom à cette chose ?) et disaient un mal de vivre insupportable et une entière confiance en Gladys pour s’occuper à merveille du petit. C’est en se frottant les yeux, ne croyant pas à cette étrenne pour le moins originale déposée devant chez elle, que Gladys senti avec force le fumet pestilentiel s’en dégageant.
Personnage : concierge
Bon an, mal an.
« Ça y est, la nouvelle année arrive, et mes étrennes avec » pense Gladys en se frottant les mains. Elle ne sait pas encore que d’ici moins d’une heure elle se frottera les yeux.
Gladys aime bien son immeuble de la rue de Sèvres, dans le 7éme, pas loin du Bon Marché et surtout de la Grande épicerie. D’habitude elle ne va pas trop faire ses courses là-bas, bien trop cher pour elle, mais chaque début d’année, une fois les billets mis dans le giron, elle y court se faire des petits plaisirs. Gladys est une gourmande.
Elle aime encore plus, en revenant, s’assoir sur un banc du square qui fait l’angle, sortir un des macarons de son papier d’emballage et le déguster à minuscules bouchées. En poussant de petits soupirs de satisfaction, à peine audibles mais bien visibles aux buées de plaisir chaud qui s’échappent de sa bouche pleine et entrouverte.
Car Gladys mange la bouche ouverte, c’était un fait qui agaçait profondément sa mère. Entendre les bruits de mastication de sa fille lui était devenu tellement insupportable qu’elle avait fini par ne plus prendre ses repas avec elle. Pensez si Gladys est donc coutumière du fait de manger seule.
Et de vivre seule aussi, malgré tous les colocataires de son immeuble. Sa mère lui a laissé la loge de concierge, elle doit avouer qu’elle s’y trouve bien plus à l’aise ainsi. Elle n’a même jamais songé à se trouver un compagnon. Y’en a jamais eu à la maison, son père ayant réalisé, peu après sa naissance, son propre rêve de toute une vie : mettre les voiles. Au sens propre puisqu’il parait qu’il est devenu marin, ça devait le démanger, à la manière d’un Marius mais sans doute pas pour les mêmes raisons.
C’est vrai que vivre à l’année avec une sèche aux yeux de merlan doit donner des envies de grand large. De temps en temps elle regrette qu’il ne l’ait pas emmenée avec lui, elle se serait fait mouette pour le suivre dans ses voyages. Mais après tout c’est une femme de terre ferme et d’escaliers. Monter, descendre et faire reluire, voilà une occupation d’honnête femme. Et dieu sait que Gladys y met toute son huile de coude, et quelques gouttes de sueur en prime. Moins évident à soixante ans passés.
Et puis elle n’est pas vraiment seule, non. La plupart des habitants de l’immeuble la connait depuis toujours, et réciproquement. Elle a grandi avec les enfants des précédents occupants, qui sont restés en majorité. Ils ont vécu les ravalements de façade et les réfections de toiture ensemble, ça crée des liens. Et beaucoup sont très généreux avec elle pour les étrennes. Pas tous. Le pingre du troisième gauche ne sait pas quoi inventer tous les ans pour échapper au liquide. Une fois ce fut une médaille de son ancienne carrière de sportif amateur, même pas en or ou en argent, rien à fondre. Une autre, il lui a offert un paillasson neuf, pas compliqué pour un ancien marchand de tapis, il aurait au moins pu se fendre d’un Kilim ! L’année dernière c’était une étole, un peu mitée et ne sentant pas le frais, sans doute un héritage qui avait végété au fond d’une armoire en attendant de trouver sa destination. Cette année Gladys se demande bien ce qu’il va encore inventer.
Mais pour l’heure, elle est en train d’accrocher la banderole sur la porte de la loge. Un magnifique « bonne et heureuse année 2011 » qui décorera le chambranle tout le mois de janvier et rappellera aux plus étourdis qu’ils ont un devoir à accomplir. Si possible en espèces sonnantes et trébuchantes. Ou froissables.
Elle ne doute pas que comme toujours la petite locataire du sixième droit débutera les festivités. Elle est d’une ponctualité presque maladive cette petite. Tenez, pour son accouchement, c’était prévu le 6 novembre, eh bien le 6 au matin, elle a pondu son petit mâle. Un vrai métronome. Gladys est certaine que dans moins d’une heure elle va toquer à sa loge pour lui glisser un billet, en rougissant, tout en la gratifiant de ses bons vœux. Ça n’y coupe pas, tous les premiers janvier avant 18 heures. Pourtant depuis un mois Gladys lui trouve la mine défaite, les yeux cernés d’un vilain noir et la silhouette un peu trop vite amaigrie pour une toute jeune maman. Il faut dire que plus personne ne vient la voir, même pas le grand escogriffe qui passait régulièrement la nuit chez elle. C’est pas que Gladys surveille les allées et venues, mais pensez, c’est quand même un peu sa charge de savoir tout ce qui se passe chez elle.
Ben oui, cet immeuble c’est chez elle. Elle y est née, elle y mourra. Entre les deux elle aura vu la valse des propriétaires et des locataires sans jamais être invitée au bal. Alors elle regarde le spectacle de sa loge, comme au théâtre.
Et en attendant la petite Cyrielle, elle va se faire un bon chocolat chaud et se couper une tranche de cet opéra qui lui a tenu compagnie à minuit hier soir. D’ici une petite semaine, elle pourra s’en acheter un vrai, pas un congelé. Le chocolat c’est son péché mignon, sa marotte, sa passion. Au point que, prise dans les délices d’une bouchée et les oreilles pleines de ses bruits de déglutition, elle n’a pas entendu les discrets coups frappés à la porte, ni les bruits de pas en fuite dans le couloir et la porte de l’immeuble qui claquait.
Une fois son goûter englouti, Gladys a perçu un bruit étrange venant du pas de sa porte qui, une fois ouverte, a révélé un bien étrange tableau : un bébé se tenait là, dans son couffin, un billet accroché à sa grenouillère. Quelques mots griffonnés souhaitaient une bonne année, s’excusaient de lui confier Maël (c’est son nom à cette chose ?) et disaient un mal de vivre insupportable et une entière confiance en Gladys pour s’occuper à merveille du petit. C’est en se frottant les yeux, ne croyant pas à cette étrenne pour le moins originale déposée devant chez elle, que Gladys senti avec force le fumet pestilentiel s’en dégageant.
elea- Nombre de messages : 4894
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Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Oups, j'ai oublié de préciser mes contraintes: gluant et ambassadeur
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Fistule, Chloé, un personnage ne parle qu'en onomatopées.
...Chloé n’en revient pas.
C’est pas qu’elle est précieuse, loin de là ; c’est juste que cette fois, c’en est trop. Elle en a vu pourtant.
...- Té, elle peste.
...C’est vrai ça. A sa place j’aurais pas dit mieux.
...- Té de té, elle répète en appuyant sur le té.
...Elle souffle sur la mèche qui lui chatouille le coin de l’œil. Et avec le dos du bras, elle se gratte le nez.
J’adore son nez. Il est rond, il est fin, il est parfait. Et puis, il a des taches de rousseur sur le dessus. J’adore les taches de rousseur. Quand j’en vois chez une autre, je pense à Chloé.
...Et j’adore Chloé.
...Elle fronce les sourcils. Très fort. Ca lui fait une cicatrice toute blanche sur le front.
...Elle relève les yeux et me demande, d’un coup de tête, de bouger la lumière. Alors je dis :
...- La lumière ?
...Et elle répond :
...- Mmmh.
...Alors je bouge la lumière comme il faut.
...Et mieux éclairé, tout a l’air encore plus moche qu’au début.
...Je regarde de plus près et me demande comment Diable un truc comme ça est possible. Franchement, j’aurais pas dit mieux que té.
...Quand elle y met le doigt, le gars hurle un Aouch ! d’école avant de se mordre le bras.
...Merde, j’aimerais pas être à sa place. Au gars, je veux dire. Quoiqu’à celle de Chloé non plus. Et je commence à me dire que la mienne est aussi, toutes choses égales par ailleurs, relativement désagréable.
...Je ne peux pas m’en empêcher. Je demande :
...- Qu’est-ce que vous avez fait ?
...Mais le gars ne répond pas. Il grogne.
...Chloé, d’habitude si belle, dit en gonflant les joues :
...- Pffff…
...J’ai de la peine pour elle.
...Le gars, lui, eh bien, tant pis. Fallait bien que ça tombe sur quelqu’un. Mais Chloé, elle, c’était pas obligé.
...- Sympa la garde, je murmure.
...- Arh, elle répond. Ou un truc comme ça.
...Elle n’aurait pas du bosser cette nuit. Mais Halim, l’autre chef, a eu un empêchement – une blonde à n’en pas douter – et a refilé cette foutue garde à ma belle Chloé.
...Je dis ma belle Chloé mais pas pour de vrai hein, c’est quand même ma supérieure hiérarchique directe. A elle, je lui dis juste Chloé tu. Ce qui n’est déjà pas si mal.
...- Doucement, demande le gars.
...- Roooh, elle lui retourne.
...Tous les internes du monde aimeraient avoir une chef comme Chloé. Sérieux. Elle est brune, d’accord, mais je crois que c’est la plus belle de toutes. J’ai déjà parlé de son nez. Mais ses yeux, c’est encore mieux. Plus que ça même, c’est au-delà de tout. Au-delà du monde. Ils ne sont pas particulièrement beaux, juste tout noirs, tout brillants, tout plissés quand elle sourit, tout colère quand j’ai oublié le bilan d’un patient. Et des fois, ils sont de côté, dans un coin, au-dessus d’une épaule, d’un petit sourire, et ils me promettent des trucs inavouables. Enfin je crois. Je n’ose pas lui demander.
...- Té, elle recommence.
...Ca fait des bruits bizarres. Pourtant j’en ai entendu, ça fait déjà trois ans que je suis interne. Je croyais avoir fait le tour… Bah, faut croire que non. Le pus réussit toujours à me surprendre.
...Elle se tourne vers moi, l’air de celle qui vient de voir je ne sais quoi, et me dit :
...- Eh bé !
...- Ouais, je lui réponds.
...Le gars est tout rouge et sur son front, les gouttes sont grosses comme la pluie.
...Elle a maintenant presque toute la main dans le bazar. Faut le voir pour le croire. Elle fouille. Je crois qu’elle a une idée derrière la tête. Elle tire la langue, un tout petit peu, le regard au plafond, concentrée. Le gars se tortille. Il grogne toujours, mais plus fort.
...J’aimerais pas être à sa place. Déjà des hémorroïdes…
...Il est trois heures du mat’ et j’ai mal pour lui.
...Vu le bordel, il va passer au bloc. Ca lui apprendra à se raser le bouzin. Un abcès est si vite arrivé.
...Chloé a fini. Elle a trouvé ce qu’elle cherchait.
...Pendant qu’elle jette tout, qu’elle enlève ses gants, qu’elle refait son chignon, j’explique à Monsieur F ce qu’il va désormais se passer, le bilan, la perfusion, la radio, le bloc, la chambre au troisième et la douleur, oui, c’est possible, mais on fera tout pour la contrôler.
...Chloé va dire aux urgentistes qu’on prend le patient, et tout de suite.
...Monsieur F me pose tout un tas de questions débiles en pleurnichant. Moi, je lui réponds bien sûr, mais un peu de travers parce que, je dois bien l’avouer, j’ai l’esprit à Chloé et les yeux sur sa nuque.
...- Purée, je dis, parce que ça fait presque trois mois que j’espère une garde tranquille avec elle.
...Ce ne sera pas pour ce soir.
...Je dis au gars qu’on se retrouve au bloc.
...Je ferme les deux derniers boutons de ma blouse, mets les mains dans les poches et claque des sabots.
...Quand je tourne à droite dans le couloir, le gars crie :
...- Et docteur, c’est quoi une fistule ?
...Chloé n’en revient pas.
C’est pas qu’elle est précieuse, loin de là ; c’est juste que cette fois, c’en est trop. Elle en a vu pourtant.
...- Té, elle peste.
...C’est vrai ça. A sa place j’aurais pas dit mieux.
...- Té de té, elle répète en appuyant sur le té.
...Elle souffle sur la mèche qui lui chatouille le coin de l’œil. Et avec le dos du bras, elle se gratte le nez.
J’adore son nez. Il est rond, il est fin, il est parfait. Et puis, il a des taches de rousseur sur le dessus. J’adore les taches de rousseur. Quand j’en vois chez une autre, je pense à Chloé.
...Et j’adore Chloé.
...Elle fronce les sourcils. Très fort. Ca lui fait une cicatrice toute blanche sur le front.
...Elle relève les yeux et me demande, d’un coup de tête, de bouger la lumière. Alors je dis :
...- La lumière ?
...Et elle répond :
...- Mmmh.
...Alors je bouge la lumière comme il faut.
...Et mieux éclairé, tout a l’air encore plus moche qu’au début.
...Je regarde de plus près et me demande comment Diable un truc comme ça est possible. Franchement, j’aurais pas dit mieux que té.
...Quand elle y met le doigt, le gars hurle un Aouch ! d’école avant de se mordre le bras.
...Merde, j’aimerais pas être à sa place. Au gars, je veux dire. Quoiqu’à celle de Chloé non plus. Et je commence à me dire que la mienne est aussi, toutes choses égales par ailleurs, relativement désagréable.
...Je ne peux pas m’en empêcher. Je demande :
...- Qu’est-ce que vous avez fait ?
...Mais le gars ne répond pas. Il grogne.
...Chloé, d’habitude si belle, dit en gonflant les joues :
...- Pffff…
...J’ai de la peine pour elle.
...Le gars, lui, eh bien, tant pis. Fallait bien que ça tombe sur quelqu’un. Mais Chloé, elle, c’était pas obligé.
...- Sympa la garde, je murmure.
...- Arh, elle répond. Ou un truc comme ça.
...Elle n’aurait pas du bosser cette nuit. Mais Halim, l’autre chef, a eu un empêchement – une blonde à n’en pas douter – et a refilé cette foutue garde à ma belle Chloé.
...Je dis ma belle Chloé mais pas pour de vrai hein, c’est quand même ma supérieure hiérarchique directe. A elle, je lui dis juste Chloé tu. Ce qui n’est déjà pas si mal.
...- Doucement, demande le gars.
...- Roooh, elle lui retourne.
...Tous les internes du monde aimeraient avoir une chef comme Chloé. Sérieux. Elle est brune, d’accord, mais je crois que c’est la plus belle de toutes. J’ai déjà parlé de son nez. Mais ses yeux, c’est encore mieux. Plus que ça même, c’est au-delà de tout. Au-delà du monde. Ils ne sont pas particulièrement beaux, juste tout noirs, tout brillants, tout plissés quand elle sourit, tout colère quand j’ai oublié le bilan d’un patient. Et des fois, ils sont de côté, dans un coin, au-dessus d’une épaule, d’un petit sourire, et ils me promettent des trucs inavouables. Enfin je crois. Je n’ose pas lui demander.
...- Té, elle recommence.
...Ca fait des bruits bizarres. Pourtant j’en ai entendu, ça fait déjà trois ans que je suis interne. Je croyais avoir fait le tour… Bah, faut croire que non. Le pus réussit toujours à me surprendre.
...Elle se tourne vers moi, l’air de celle qui vient de voir je ne sais quoi, et me dit :
...- Eh bé !
...- Ouais, je lui réponds.
...Le gars est tout rouge et sur son front, les gouttes sont grosses comme la pluie.
...Elle a maintenant presque toute la main dans le bazar. Faut le voir pour le croire. Elle fouille. Je crois qu’elle a une idée derrière la tête. Elle tire la langue, un tout petit peu, le regard au plafond, concentrée. Le gars se tortille. Il grogne toujours, mais plus fort.
...J’aimerais pas être à sa place. Déjà des hémorroïdes…
...Il est trois heures du mat’ et j’ai mal pour lui.
...Vu le bordel, il va passer au bloc. Ca lui apprendra à se raser le bouzin. Un abcès est si vite arrivé.
...Chloé a fini. Elle a trouvé ce qu’elle cherchait.
...Pendant qu’elle jette tout, qu’elle enlève ses gants, qu’elle refait son chignon, j’explique à Monsieur F ce qu’il va désormais se passer, le bilan, la perfusion, la radio, le bloc, la chambre au troisième et la douleur, oui, c’est possible, mais on fera tout pour la contrôler.
...Chloé va dire aux urgentistes qu’on prend le patient, et tout de suite.
...Monsieur F me pose tout un tas de questions débiles en pleurnichant. Moi, je lui réponds bien sûr, mais un peu de travers parce que, je dois bien l’avouer, j’ai l’esprit à Chloé et les yeux sur sa nuque.
...- Purée, je dis, parce que ça fait presque trois mois que j’espère une garde tranquille avec elle.
...Ce ne sera pas pour ce soir.
...Je dis au gars qu’on se retrouve au bloc.
...Je ferme les deux derniers boutons de ma blouse, mets les mains dans les poches et claque des sabots.
...Quand je tourne à droite dans le couloir, le gars crie :
...- Et docteur, c’est quoi une fistule ?
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
(je reviens aussi)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Pfou, je suis partie dans un drôle de truc, en fait de drôle de cadeau…
Bon, j’ai un peu détourné la première contrainte, le mot moche (dévaloriser) à caser dans la première phrase. J’ai pris le personnage du garçon de café stylé. Pas pris la contrainte facultative, trop compliqué.
Chaque matin, j’entre dans le café des valeurs irisées à huit heures, huit heures cinq. Jamais avant, les baies sont encore closes. Jamais plus tard. Lorsque Georges est de service, il déverrouille la porte vitrée dès qu’il m’aperçoit. La petite serveuse, elle, m’ignore. Je l’épie en patientant jusqu’à l’ouverture: elle ne joue même pas à l’affairée, elle déballe tranquillement ses croissants, parfois son regard vole dans la rue, me traverse sans un tressaillement. Je ne l’aime pas. Trop récente ici, cette Camille.
Chaque matin, j’avance et je salue poliment :
- Bonjour, Georges !
Il est d’un autre temps, Georges. Peut être même d’un autre siècle. Il porte encore une vraie tenue de garçon de café, avec un pantalon noir trop ajusté, un gilet dans les poches duquel il glisse les pourboires et un tablier blanc. Il me sourit. Je crois qu’il m’aime bien.
Evidemment, lorsque Camille est là, je ne dis rien. Un simple hochement de tête auquel elle ne répond même pas.
Je suis seule, le plus souvent, à cette heure matinale. Tant mieux. Je n’aime pas traverser la grande salle, l’espace vide m’effraie. Vous me direz, pourquoi ne pas m’installer à l’entrée, à la première table de libre ? Je ne sais pas. Je suis une femme d’habitudes. La table de l’angle sous le ficus a toujours été ma table. Inutile d’aller contre le destin…
Je glisse en évitant les miroirs et je me pose, discrète, sur le petit fauteuil garni de velours grenat. Avant, ils étaient verts, ces sièges, et puis changement de propriétaire, le vert a cédé la place au grenat. Peu importe, le café est resté. Si la banque avait eu l’emplacement, que serais-je devenue ?
Georges vient vers moi, sur son plateau un expresso serré, un verre d’eau et un minuscule chocolat plié dans du papier doré. Immuable. Je ne passe plus la commande, c’est devenu inutile.
Je sucre mon café, je me sens bien, à part peut être une sourde angoisse, un léger mal de tête. Comme tous les matins, désormais. Vague à l’âme, maux de l’esprit.
Quelqu’un entre bruyamment. C’est l’homme des permis de construire, à la Mairie. Un habitué, lui aussi, même si nous nous ignorons. Il préfère Camille à Georges, c’est évident. Pas besoin d’expliquer pourquoi, il suffit de les voir, tous les deux, lui se penchant par-dessus le comptoir, elle glissant la tasse, la main un peu trop lente à se retirer de la soucoupe alors qu’il frôle ses doigts.
Puis vient l’heure des deux copines. Elles m’amusent, elles sont si vivantes. Plongées dans leurs histoires d’écoles, de maris, de collègues et de petits hauts en soldes. Elles sont dans leur univers, papotent sans se soucier de ma présence. Je les envie. Oui, je les envie.
Ce matin, elles sont là, d’ailleurs, à rire des bévues de leur responsable. Pourtant, leur babillage ne comble pas mon malaise. Aujourd’hui, quelque chose me cloue au fauteuil. Ma migraine est revenue, lancinante, une pulsation désordonnée, une chamade, là, au dessus du sourcil gauche, douloureuse.
Je dois avoir mauvaise mine, Georges s’approche.
- Ça ne va pas, Madame ?
Je hoche la tête, aucun mot ne sort. Je pense à tout ce qu’il me reste à faire aujourd’hui, le dossier Bloch le pressing le rendez-vous chez Chombard la demande de stage pour Marie. Marie et ses quinze ans, Marie et l’adolescence, compliquée. Je n’arrive plus à la comprendre. J’aimerais lui parler, simplement, lui parler et que ça rentre dans sa petite tête de moineau. Georges devine mon désarroi, il se penche vers moi, chuchote :
-Tenez, Madame, cadeau de la maison.
Il s’efface et je la vois, Marie, ma Marie, avec sa meilleure amie, Tiphaine ou Solène, je ne sais plus vraiment. Ses yeux se posent sur moi, je suis si soulagée de la voir, de l’entendre, alors qu’elle murmure :
- Voilà, c’est là. Maman a fait son AVC ici, il y a un an jour pour jour.
Bon, j’ai un peu détourné la première contrainte, le mot moche (dévaloriser) à caser dans la première phrase. J’ai pris le personnage du garçon de café stylé. Pas pris la contrainte facultative, trop compliqué.
***
Chaque matin, j’entre dans le café des valeurs irisées à huit heures, huit heures cinq. Jamais avant, les baies sont encore closes. Jamais plus tard. Lorsque Georges est de service, il déverrouille la porte vitrée dès qu’il m’aperçoit. La petite serveuse, elle, m’ignore. Je l’épie en patientant jusqu’à l’ouverture: elle ne joue même pas à l’affairée, elle déballe tranquillement ses croissants, parfois son regard vole dans la rue, me traverse sans un tressaillement. Je ne l’aime pas. Trop récente ici, cette Camille.
Chaque matin, j’avance et je salue poliment :
- Bonjour, Georges !
Il est d’un autre temps, Georges. Peut être même d’un autre siècle. Il porte encore une vraie tenue de garçon de café, avec un pantalon noir trop ajusté, un gilet dans les poches duquel il glisse les pourboires et un tablier blanc. Il me sourit. Je crois qu’il m’aime bien.
Evidemment, lorsque Camille est là, je ne dis rien. Un simple hochement de tête auquel elle ne répond même pas.
Je suis seule, le plus souvent, à cette heure matinale. Tant mieux. Je n’aime pas traverser la grande salle, l’espace vide m’effraie. Vous me direz, pourquoi ne pas m’installer à l’entrée, à la première table de libre ? Je ne sais pas. Je suis une femme d’habitudes. La table de l’angle sous le ficus a toujours été ma table. Inutile d’aller contre le destin…
Je glisse en évitant les miroirs et je me pose, discrète, sur le petit fauteuil garni de velours grenat. Avant, ils étaient verts, ces sièges, et puis changement de propriétaire, le vert a cédé la place au grenat. Peu importe, le café est resté. Si la banque avait eu l’emplacement, que serais-je devenue ?
Georges vient vers moi, sur son plateau un expresso serré, un verre d’eau et un minuscule chocolat plié dans du papier doré. Immuable. Je ne passe plus la commande, c’est devenu inutile.
Je sucre mon café, je me sens bien, à part peut être une sourde angoisse, un léger mal de tête. Comme tous les matins, désormais. Vague à l’âme, maux de l’esprit.
Quelqu’un entre bruyamment. C’est l’homme des permis de construire, à la Mairie. Un habitué, lui aussi, même si nous nous ignorons. Il préfère Camille à Georges, c’est évident. Pas besoin d’expliquer pourquoi, il suffit de les voir, tous les deux, lui se penchant par-dessus le comptoir, elle glissant la tasse, la main un peu trop lente à se retirer de la soucoupe alors qu’il frôle ses doigts.
Puis vient l’heure des deux copines. Elles m’amusent, elles sont si vivantes. Plongées dans leurs histoires d’écoles, de maris, de collègues et de petits hauts en soldes. Elles sont dans leur univers, papotent sans se soucier de ma présence. Je les envie. Oui, je les envie.
Ce matin, elles sont là, d’ailleurs, à rire des bévues de leur responsable. Pourtant, leur babillage ne comble pas mon malaise. Aujourd’hui, quelque chose me cloue au fauteuil. Ma migraine est revenue, lancinante, une pulsation désordonnée, une chamade, là, au dessus du sourcil gauche, douloureuse.
Je dois avoir mauvaise mine, Georges s’approche.
- Ça ne va pas, Madame ?
Je hoche la tête, aucun mot ne sort. Je pense à tout ce qu’il me reste à faire aujourd’hui, le dossier Bloch le pressing le rendez-vous chez Chombard la demande de stage pour Marie. Marie et ses quinze ans, Marie et l’adolescence, compliquée. Je n’arrive plus à la comprendre. J’aimerais lui parler, simplement, lui parler et que ça rentre dans sa petite tête de moineau. Georges devine mon désarroi, il se penche vers moi, chuchote :
-Tenez, Madame, cadeau de la maison.
Il s’efface et je la vois, Marie, ma Marie, avec sa meilleure amie, Tiphaine ou Solène, je ne sais plus vraiment. Ses yeux se posent sur moi, je suis si soulagée de la voir, de l’entendre, alors qu’elle murmure :
- Voilà, c’est là. Maman a fait son AVC ici, il y a un an jour pour jour.
Lizzie- Nombre de messages : 1162
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Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
coucou tout le monde...désolée ...je viens de rentrer ...imprévu familial...
mais je vous lirai avec plaisir....
mais je vous lirai avec plaisir....
Rebecca- Nombre de messages : 12502
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Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Noël
Voilà qu'arrive Noël, cette improbable fête du discount où lipophiles pestilentiels et autres fistules chafouines plus improbables les unes que les autres commémorent dans cette fête idoine et dévalorisée l'avènement récurrent de l'argent moche et gluant : mes mollets douloureux me voyaient arpenter une nouvelle fois le marché du centre ville à la vitesse d'un poney cacochyme, et tandis que mon regard embrassait pères Noëls et autres guignols de passage, les fragrances mêlées du vin cuit bio et des Bretzels industriels venaient me chatouiller les narines et soulever mon estomac.
Donald Duck serait sans aucun doute possible le parfait ambassadeur de ce nouvel état de Noël, un Raspoutine bouffi et gras de sa suffisance crasse qui aurait entendu telle Jeanne d'Arc des voix angéliques descendre du ciel pour lui souffler « consomme, achète et bois ». Même un Alfred Jarry n'aurait su peindre l'exact portrait d'une si pitoyable condition.
Il faut sans doute un certain âge, un sel de désillusion et une once de résignation pour accepter que chaque année n'apporte que bien peu de changements en regard de celle qui la précède. Tout n'est qu'infimes variations sur le lit d'une lente dégradation.
Est-ce la mienne ? Est-ce cela vieillir ? Ou le monde devient-il graduellement, lentement, plus moche d'année en année ? Les nouveaux apôtres des prisunics ont bien leur Trissotin, nouvelle trinité de fats et d'imbéciles en la personne des banquiers, médias et politiques relayant en vers ou en chansons le saint message de la vertueuse consommation.
Je n'ai rien contre la joie de l'ivrogne gavé de vin chaud, les rires hystériques des enfants avec leur chef couvert de bonnets clignotants ou le ventre satisfait de l'amateur de cochonneries frites : je ne suis pas de ces hommes qui se rêveraient marionnettistes d'un monde où chaque personnage se devrait d'avancer silencieusement à un pas répondant à chaque inflexion de sa volonté.
Alors que le garçon de café stylé m'apporte mon café avec la grâce et la dextérité dont il est coutumier, je me fais au contraire la triste réflexion que ce spectacle, cette procession que je vois défiler par les vitres de l'établissement ressemble à une suite de pantins dépourvus de joie. Chaque homme et chaque enfant, de ma concierge à mon amie Chloé, semble se mêler à ce rassemblement avec un air plus sombre, convenu, d'année en année.
Naguère fête consacrant la victoire de l'église sur la volonté de tous, Noël était devenue païenne et consumériste, cela ne datait pas d'hier.
Cela m'écœurait un tantinet mais n'interdisait pas le plaisir, les rires et la gaité.
Que s'est-il passé ? Sommes-nous simplement en train de changer de marionnettiste ?
Y aura-t-il un nouveau Louis Delgrès pour nous libérer de cet esclavage que je ne comprends pas ?
Sans doute ne sommes-nous que des animaux éternellement malades d'une peste qui d'année en année change de visage mais demeure à jamais la même.
Nous avons attendu un sauveur puis un médecin, mais sans doute nous faudrait-il un vétérinaire avisé pour nous redonner joie et santé, nous indiquer de verts pâturages à défaut d'une terre promise.
Malheureusement, je ne suis qu'un homme errant quotidiennement dans une médiathèque, entre les revues et les disques : je ne suis ni Jen, chanteuse de Superbus , ni le maire de ma ville.
Je n'y peux rien si, chaque année, le conte de Noël m'est raconté par une folle hystérique, pleine de fureur, et qui ne signifie plus rien.
boc21fr- Nombre de messages : 4770
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Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Bon, moi je suis une lente.. alors forcément mon exo est court !!!
Les contraintes : chafouin et le maire
Albert Martin était un de ces êtres méprisants, la mine chafouine, qui semblait lire dans vos pensées et connaître, avant même votre passage dans l'isoloir, le choix de votre bulletin de vote.
Il gérait d'une main de fer la petite commune dont il était le maire. Une tradition familiale depuis plus de trois générations.
Catholique pratiquant et paysan dans l'âme, il abhorrait les communistes, les socialistes et tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à un danger pour ses quelques hectares de terre et son "château", une grosse bâtisse qu'il avait fait, à grands frais, rehausser d'une tourelle. Profitant de la désertification, il avait habilement racheté des terres qu'il planta puis déplanta de vignes et finit par mettre en jachères au frais de la communauté économique européenne.
Albert Martin avait épousé Jeanne, une fille du pays, dont il avait eu un fils, Pierre, lequel à son grand regret, avait fait des études à la ville, s'y était établi et ne montrait aucune aptitude à la reprise de l'exploitation, ni même de la mairie.
Pour son soixantième anniversaire, qui tombait fort à propos le jour de la fête nationale, la municipalité organisa les festivités. Toutes les âmes du village y furent conviées.
Pierre rechignait à ce genre de manifestations mais, cédant aux supplications de sa mère, il avait promis de s'y rendre.
Le bal de clôture battait son plein quand il fit son apparition.
Albert, un peu ivre, le serra longuement dans ses bras :
- Mon fils, tu es là !
- Je ne suis pas seul, papa ! Je te présente Jean-Claude, mon compagnon.
Les contraintes : chafouin et le maire
Albert Martin était un de ces êtres méprisants, la mine chafouine, qui semblait lire dans vos pensées et connaître, avant même votre passage dans l'isoloir, le choix de votre bulletin de vote.
Il gérait d'une main de fer la petite commune dont il était le maire. Une tradition familiale depuis plus de trois générations.
Catholique pratiquant et paysan dans l'âme, il abhorrait les communistes, les socialistes et tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à un danger pour ses quelques hectares de terre et son "château", une grosse bâtisse qu'il avait fait, à grands frais, rehausser d'une tourelle. Profitant de la désertification, il avait habilement racheté des terres qu'il planta puis déplanta de vignes et finit par mettre en jachères au frais de la communauté économique européenne.
Albert Martin avait épousé Jeanne, une fille du pays, dont il avait eu un fils, Pierre, lequel à son grand regret, avait fait des études à la ville, s'y était établi et ne montrait aucune aptitude à la reprise de l'exploitation, ni même de la mairie.
Pour son soixantième anniversaire, qui tombait fort à propos le jour de la fête nationale, la municipalité organisa les festivités. Toutes les âmes du village y furent conviées.
Pierre rechignait à ce genre de manifestations mais, cédant aux supplications de sa mère, il avait promis de s'y rendre.
Le bal de clôture battait son plein quand il fit son apparition.
Albert, un peu ivre, le serra longuement dans ses bras :
- Mon fils, tu es là !
- Je ne suis pas seul, papa ! Je te présente Jean-Claude, mon compagnon.
Clarisse- Nombre de messages : 227
Age : 72
Date d'inscription : 10/03/2011
Impasse des petits Fossés
Je n’aurais pas aimé être à ma place ! Et pourtant …
C’était une de ces journées épuisantes où le sentiment d’une urgence vous saisit dès la première cigarette. Où l’on est déçu d’avance. Il pourrait tomber des coccinelles, neiger bleu, rien n’est suffisant pour édulcorer cette idée fixe : qu’est-ce que je fous là ?
L’inanité de votre vie vous étreint sitôt le pied posé à terre, et ce n’est pas la vue du bordel environnant qui risque de vous remettre le moral en place : des tas de fringues froissées, une culture d’intéressantes moisissures qui se développe dans une casserole de pâtes oubliées, un chemin de récipients variés balisant le parcours du lit aux chiottes, en une pitoyable tentative pour endiguer la marée de mégots baladeurs. L’odeur fantôme de beurre rance. L’odeur tenace de fumées froides.
« Mon âme est un paysage choisi… »
Quand je regarde par la fenêtre, je vois le mur qui ferme l’impasse, tagué de vert, de rouge et de noir, un bout d’arbre étique qui fait pleuvoir ses feuilles rabougries sur le bitume fissuré.
J’aimais bien cette idée d’habiter dans une impasse ; y a moins de circulation.
L’immeuble n’est pas très haut, quatre étages, deux ou trois appart’ par palier, un escalier branlant. Murs violet, portes vertes ; on dirait que le couloir a la varicelle, Hundertwasser a dû copier !
Et mon père qui est persuadé que je m’éclate, qui m’écrit « profite de ta vie d’étudiant, on n’est jeune qu’une fois » !
Je vais quand même pas lui dire que je me sens trop mal ici, sans personne à qui parler, que les bois me manquent, que j’ai horreur de cette ville puante et vénale…
Purcell : « O solitude ».
Pas fichu d’entrer en contact avec les autres. J’ai commencé à apprivoiser le rouge-gorge qui habite l’arbre. Faut faire quoi pour apprivoiser les gens ? Tendre la main avec des miettes ?
Depuis trois mois, j’ai encore croisé que trois personnes ici : une femme bizarre qui sourit beaucoup mais ne répond jamais à mon bonjour. Elle marmonne « Amour ? Enfant ? » et s’enferme vite derrière sa porte verte (la seule à se distinguer : en plein milieu, il y a une main-marteau rose !) Je crois qu’elle est un peu cinglée.
Une vieille qui zyeute sans arrêt dans l’entrebaîllement de volets, au rez de chaussée, avec un air chafouin et qui rouspète quand on laisse oublie de refermer l’entrée.
Et une jolie fée toujours pressée, qui ne me regarde pas et dont le « bonjour » m’atteint alors qu’elle est déjà à l’étage au-dessus.
Mes contacts se limitaient à ces échanges… enrichissants !
Pas de quoi me distraire de mon cafard !
En essayant de faire un peu d’ordre, j’avais marché sur un bout de verre, et ça saignait horriblement. Pas un putain de mouchoir propre dans ma porcherie !
Avec un peu de chance, la pharmacie ne serait pas encore fermée. Je claudiquerais lamentablement jusqu’au carrefour !
Le rai de lumière qui balafrait le palier du premier s’élargit à mon passage : « Amour ? Cadeau ? » me chuchota la femme pleine de sollicitude.
Je bafouillai : « Je me suis fait mal, il faut que j’aille vite à la pharmacie. Merci, bonsoir ! »
L’air pollué me piquait les yeux.
Avant de remonter chez moi, muni de mon viatique, j’ouvris machinalement la boite à lettres.
Une grande enveloppe Kraft arborait des cœurs maladroitement dessinés au crayon de couleur et ces seuls mots : « cado écritur ».
Dans l’enveloppe, un carnet d’adresses, appartenant à Noémie Vereze, 6 impasse des Petits Fossés.
La boite à lettres de la jolie fée, juste au dessus de la mienne.
Et − ça, c’est pas un cadeau − : ma connerie congénitale me fait glisser le carnet dans la fente idoine….
C’était une de ces journées épuisantes où le sentiment d’une urgence vous saisit dès la première cigarette. Où l’on est déçu d’avance. Il pourrait tomber des coccinelles, neiger bleu, rien n’est suffisant pour édulcorer cette idée fixe : qu’est-ce que je fous là ?
L’inanité de votre vie vous étreint sitôt le pied posé à terre, et ce n’est pas la vue du bordel environnant qui risque de vous remettre le moral en place : des tas de fringues froissées, une culture d’intéressantes moisissures qui se développe dans une casserole de pâtes oubliées, un chemin de récipients variés balisant le parcours du lit aux chiottes, en une pitoyable tentative pour endiguer la marée de mégots baladeurs. L’odeur fantôme de beurre rance. L’odeur tenace de fumées froides.
« Mon âme est un paysage choisi… »
Quand je regarde par la fenêtre, je vois le mur qui ferme l’impasse, tagué de vert, de rouge et de noir, un bout d’arbre étique qui fait pleuvoir ses feuilles rabougries sur le bitume fissuré.
J’aimais bien cette idée d’habiter dans une impasse ; y a moins de circulation.
L’immeuble n’est pas très haut, quatre étages, deux ou trois appart’ par palier, un escalier branlant. Murs violet, portes vertes ; on dirait que le couloir a la varicelle, Hundertwasser a dû copier !
Et mon père qui est persuadé que je m’éclate, qui m’écrit « profite de ta vie d’étudiant, on n’est jeune qu’une fois » !
Je vais quand même pas lui dire que je me sens trop mal ici, sans personne à qui parler, que les bois me manquent, que j’ai horreur de cette ville puante et vénale…
Purcell : « O solitude ».
Pas fichu d’entrer en contact avec les autres. J’ai commencé à apprivoiser le rouge-gorge qui habite l’arbre. Faut faire quoi pour apprivoiser les gens ? Tendre la main avec des miettes ?
Depuis trois mois, j’ai encore croisé que trois personnes ici : une femme bizarre qui sourit beaucoup mais ne répond jamais à mon bonjour. Elle marmonne « Amour ? Enfant ? » et s’enferme vite derrière sa porte verte (la seule à se distinguer : en plein milieu, il y a une main-marteau rose !) Je crois qu’elle est un peu cinglée.
Une vieille qui zyeute sans arrêt dans l’entrebaîllement de volets, au rez de chaussée, avec un air chafouin et qui rouspète quand on laisse oublie de refermer l’entrée.
Et une jolie fée toujours pressée, qui ne me regarde pas et dont le « bonjour » m’atteint alors qu’elle est déjà à l’étage au-dessus.
Mes contacts se limitaient à ces échanges… enrichissants !
Pas de quoi me distraire de mon cafard !
En essayant de faire un peu d’ordre, j’avais marché sur un bout de verre, et ça saignait horriblement. Pas un putain de mouchoir propre dans ma porcherie !
Avec un peu de chance, la pharmacie ne serait pas encore fermée. Je claudiquerais lamentablement jusqu’au carrefour !
Le rai de lumière qui balafrait le palier du premier s’élargit à mon passage : « Amour ? Cadeau ? » me chuchota la femme pleine de sollicitude.
Je bafouillai : « Je me suis fait mal, il faut que j’aille vite à la pharmacie. Merci, bonsoir ! »
L’air pollué me piquait les yeux.
Avant de remonter chez moi, muni de mon viatique, j’ouvris machinalement la boite à lettres.
Une grande enveloppe Kraft arborait des cœurs maladroitement dessinés au crayon de couleur et ces seuls mots : « cado écritur ».
Dans l’enveloppe, un carnet d’adresses, appartenant à Noémie Vereze, 6 impasse des Petits Fossés.
La boite à lettres de la jolie fée, juste au dessus de la mienne.
Et − ça, c’est pas un cadeau − : ma connerie congénitale me fait glisser le carnet dans la fente idoine….
Invité- Invité
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Chak' le chak' : dans quel état es-tu my friend ? C'est complètement barré, le rythme est soutenu, les phrases font mouche et l'humour est fin. Ca finit par se mordre un peu la queue de canard (au début il savoure, mais à la fin il savoure en grognant ?) mais c'était un bon moment. Franchement chapeau, mises à part quelques maladresses, la longueur des phrases est maîtrisée et toujours carrée.
Lyra : T'es fâchée avec la ponctuation ou quoi ? ;-) C'est très théâtre, ton petit texte. C'est long pour un live et, ceci expliquant cela, je trouve un peu hâtif. Pas aussi léché que ce à quoi tu m'as habitué. Cependant, l'absurde, j'aime bien. Tout particulièrement l'histoire du gâteau. Mais d'où vous sortez des trucs comme ça ??
(la suite demain, désolé, contre-temps organisationnel majeur)
Lyra : T'es fâchée avec la ponctuation ou quoi ? ;-) C'est très théâtre, ton petit texte. C'est long pour un live et, ceci expliquant cela, je trouve un peu hâtif. Pas aussi léché que ce à quoi tu m'as habitué. Cependant, l'absurde, j'aime bien. Tout particulièrement l'histoire du gâteau. Mais d'où vous sortez des trucs comme ça ??
(la suite demain, désolé, contre-temps organisationnel majeur)
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Bonjour j'arrive, j'ai lu les consignes, je m'y colle-in'
merci, coline !
(je ne sais pas ce que les doigts ont décidé, surprise dans un moment...)
là je demande indulgence pour la "commentation".je ne me sens pas forcément à l'aise... !
merci, coline !
(je ne sais pas ce que les doigts ont décidé, surprise dans un moment...)
là je demande indulgence pour la "commentation".je ne me sens pas forcément à l'aise... !
Invité- Invité
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Déclic
Elle se rappelle très bien comment cela a commencé.
Ce jour-là, elle avait reçu par la poste un paquet. De qui cela pouvait-il provenir ? L’adresse était bel et bien libellée à son nom, d’une écriture élégante quoiqu’un brin échevelée mais qui ne lui disait rien. Une fois ôté l’emballage, elle découvrit un carnet noir cartonné, un Moleskine. Il y avait une carte à l’intérieur. La face imprimée de la carte présentait un portrait d’Emily Dickinson avec une citation imprimée : « Parfois, je prends un mot et je le regarde jusqu’à ce qu’il resplendisse ». Le dos de la carte était vierge. Rien d’autre. Pas un mot de son mystérieux expéditeur.
Des années ont passé, elle ne sait toujours pas. Elle est aujourd’hui une femme vieillissante et quand bien même heureuse. Elle estime que la vie l’a plutôt comblée.
Depuis ce jour du paquet, elle a suivi le conseil d’Emily. Chaque jour, elle choisit un mot, le contemple longuement jusqu’à ce qu’il lui parle. La magie se renouvelle à chaque fois. Elle vient de signer son dixième contrat d’édition.
Elle procède chaque matin de la manière suivante : ouvrant au hasard un livre ou une revue, elle y pointe le bout de son crayon à l’aveugle. Elle ne triche pas. Jamais.
Ah ! Ce matin… elle est tombée sur… « mollet »
Hmm…
L’idée vient de la traverser qu’un jour, bientôt peut-être, il faudra qu’elle songe à ranger sa plume.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Chako : « Tant qu'à délirer, autant se faire vraiment plaisir », c'est une de mes rares maximes. Tu y réussis extraordinairement bien dans ce détournement surréaliste de la souris et du canard made in USA.
Lyra : Alors là c'est le pompon : une chute précoce, un conte cruel et la contrainte des onomatopées brillamment insérée. Bien vu...je kiffe aussi.
Sahkti : Je n'arrive pas à croire qu'il soit possible d'écrire autant et si bien en si peu de temps. Vraiment très très drôle (j'aime bien le : « Plus besoin de vous la présenter je crois... » entre autre.
Effectivement les personnages sonnent à la fois improbables et vrais, ce qui fait que je viens à penser que tu as effectivement de drôles de voisins...
elea : « C’est vrai que vivre à l’année avec une sèche aux yeux de merlan doit donner des envies de grand large. » alors ça c'est du grand art...L'histoire est d'une écriture dense et riche, émaillée de perles dans le genre de celle précitée. En si peu de temps...Bravo !
Pour l'heure je dois filer mais si ma connexion le veut, je vous lit et commente cette nuit...
Lyra : Alors là c'est le pompon : une chute précoce, un conte cruel et la contrainte des onomatopées brillamment insérée. Bien vu...je kiffe aussi.
Sahkti : Je n'arrive pas à croire qu'il soit possible d'écrire autant et si bien en si peu de temps. Vraiment très très drôle (j'aime bien le : « Plus besoin de vous la présenter je crois... » entre autre.
Effectivement les personnages sonnent à la fois improbables et vrais, ce qui fait que je viens à penser que tu as effectivement de drôles de voisins...
elea : « C’est vrai que vivre à l’année avec une sèche aux yeux de merlan doit donner des envies de grand large. » alors ça c'est du grand art...L'histoire est d'une écriture dense et riche, émaillée de perles dans le genre de celle précitée. En si peu de temps...Bravo !
Pour l'heure je dois filer mais si ma connexion le veut, je vous lit et commente cette nuit...
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 54
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Je fais une petit passage pour voir à quoi ressemble un exo live; ça me plait bien tout ça ! Je n'ai pas tout lu faute de temps, mais le texte de kazar m'a énormément plu, notamment grâce à cet interne pour le moins atypique : fantasmer sur sa patronne qui perce un abcès, c'est comment dire ... intéressant !
J'espère être de la partie pour le prochain !
J'espère être de la partie pour le prochain !
LaBeletteMasquée- Nombre de messages : 21
Age : 31
Date d'inscription : 09/06/2011
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Sahkti – Savoureux. Au point que je ne sais pas si le post-scriptum ne sonne pas comme une redondance tellement on y croit déjà.
Elea – Pas souvent qu'on entre dans le quotidien d'une concierge, une tranche de vie à la couleur particulière. J'avoue que je ne m'attendais pas à cette chute, imaginant quelle surprise pourrait concocter le vieux pingre. Finalement, la surprise n'est que plus saisissante.
Kazar – Ah ça, l'ami, un truc qui commence à la Yali mais en hôpital : j'aime. Par contre, la fin un peu en queue de poisson m'a laissé un peu sur ma faim (et du coup j'ai du aller voir wikipedia pour savoir à peu près ce qu'était une fistule...) bon mais là t'as de quoi faire une série ! Courage au p'tit gars, tu l'auras ta Chloé ! :-)
Lizzie – Ce qui m'intrigue, en fait, ce sont les deux copines : elles causent « maris ». Alors que si tu les faisais causer simplement « mecs », elles pourraient être Marie et son amie. Et la nouvelle prend une toute autre tournure. Drôle de cadeau, en effet !
Boc'miaou – Eric, explique-moi pourquoi une telle utilisation des contraintes de ta part m'a tout sauf étonné ? ^^ et le pire, je vais te dire, c'est que j'ai trouvé cet improbable assemblage génial, la colle Noël tient bon.
Elea – Pas souvent qu'on entre dans le quotidien d'une concierge, une tranche de vie à la couleur particulière. J'avoue que je ne m'attendais pas à cette chute, imaginant quelle surprise pourrait concocter le vieux pingre. Finalement, la surprise n'est que plus saisissante.
Kazar – Ah ça, l'ami, un truc qui commence à la Yali mais en hôpital : j'aime. Par contre, la fin un peu en queue de poisson m'a laissé un peu sur ma faim (et du coup j'ai du aller voir wikipedia pour savoir à peu près ce qu'était une fistule...) bon mais là t'as de quoi faire une série ! Courage au p'tit gars, tu l'auras ta Chloé ! :-)
Lizzie – Ce qui m'intrigue, en fait, ce sont les deux copines : elles causent « maris ». Alors que si tu les faisais causer simplement « mecs », elles pourraient être Marie et son amie. Et la nouvelle prend une toute autre tournure. Drôle de cadeau, en effet !
Boc'miaou – Eric, explique-moi pourquoi une telle utilisation des contraintes de ta part m'a tout sauf étonné ? ^^ et le pire, je vais te dire, c'est que j'ai trouvé cet improbable assemblage génial, la colle Noël tient bon.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Je suis revenue aux BD de ma jeunesse Chako avec ton Donald revisité. Pauvre Mickey et pauvre Daisy, me suis bien marrée. Pour chipoter, magret eut été mieux que rôti non ?
Mais quelle horreur le chien mort mis au frais, bonne trouvaille Lyra, ça fonctionne bien, du nom aux chaussons en passant par le propriétaire fou.
J’adore Sahkti, les personnages bien sûr mais surtout les petites réflexions qui ponctuent leurs interventions, des scènes vives, drôles, enlevées. Je trouve juste dommage que l’explication de la tache gluante soit hors texte, car du coup, pour moi, il n’a pas de véritable chute.
J’aime beaucoup Kazar, dans la manière de décrire la scène et surtout Chloé, de jolies images, un texte attendrissant, et pourtant vu le contexte ce n’était pas gagné (du vécu ?). Et la phrase finale est parfaite.
J’ai beaucoup aimé, jusqu’à la fin Lizzie que je ne comprends pas bien. Mais la description du café, du garçon et des clients sonne juste, il y a une ambiance particulière, un ton qui m’ont bien accrochés.
Sacrée première phrase Boc, les contraintes n’étaient pas assez dures ? Et la suite est dans la même veine, caser comme ça, assez naturellement, tous les personnages, chapeau !
C’est vrai que c’est un peu court Clarisse mais ça n’empêche pas que le portrait du maire soit suffisamment brossé pour que la chute produise son effet et soit savoureuse.
L’état d’esprit est tellement bien retranscrit Coline que j’ai failli verser ma larme. Emouvant donc ce morceau de solitude. Entre autre, j’ai beaucoup aimé : Faut faire quoi pour apprivoiser les gens ? Tendre la main avec des miettes ?
Et merci pour cet exo.
Toute une vie et une histoire en quelques mots, j’adore Kilis. Et quelle belle idée que ce carnet anonyme et cette belle citation.
Mais quelle horreur le chien mort mis au frais, bonne trouvaille Lyra, ça fonctionne bien, du nom aux chaussons en passant par le propriétaire fou.
J’adore Sahkti, les personnages bien sûr mais surtout les petites réflexions qui ponctuent leurs interventions, des scènes vives, drôles, enlevées. Je trouve juste dommage que l’explication de la tache gluante soit hors texte, car du coup, pour moi, il n’a pas de véritable chute.
J’aime beaucoup Kazar, dans la manière de décrire la scène et surtout Chloé, de jolies images, un texte attendrissant, et pourtant vu le contexte ce n’était pas gagné (du vécu ?). Et la phrase finale est parfaite.
J’ai beaucoup aimé, jusqu’à la fin Lizzie que je ne comprends pas bien. Mais la description du café, du garçon et des clients sonne juste, il y a une ambiance particulière, un ton qui m’ont bien accrochés.
Sacrée première phrase Boc, les contraintes n’étaient pas assez dures ? Et la suite est dans la même veine, caser comme ça, assez naturellement, tous les personnages, chapeau !
C’est vrai que c’est un peu court Clarisse mais ça n’empêche pas que le portrait du maire soit suffisamment brossé pour que la chute produise son effet et soit savoureuse.
L’état d’esprit est tellement bien retranscrit Coline que j’ai failli verser ma larme. Emouvant donc ce morceau de solitude. Entre autre, j’ai beaucoup aimé : Faut faire quoi pour apprivoiser les gens ? Tendre la main avec des miettes ?
Et merci pour cet exo.
Toute une vie et une histoire en quelques mots, j’adore Kilis. Et quelle belle idée que ce carnet anonyme et cette belle citation.
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Exo live 13/06/02
Contraintes perso :
- Bio
- Garçon de café stylé
- Onomatopées
RIEN QUE DU B(i)O
Il paraît qu’ici, à Paris, on les appelle les bo-bos. Sont bos. N’ont jamais de bobos, en tout cas ça ne se voit pas. Et mangent b(i)o. Tel quel. Le serveur ne m’avait pas laissé le moindre doute sur la question. Ici, m’avait-il annoncé non sans solennité, nous ne servons que des produits 100% naturels à la traçabilité garantie. Le serveur parisien est volontiers emphatique, surtout en présence de consommateurs présumés peu regardants à la dépense. Ce qui avait l’air d’être le cas, si l’on en jugeait par la coupe irréprochable des costumes des messieurs et les décolletés audacieux des dames. Détail qui n’avait pas échappé à mon ami Jack, on s’en doute.
Je me trouvais dans la capitale française sur l’invitation de mon éditeur autochtone, désireux de me remettre publiquement, au nom de la profession entière, un prix pour le confortable succès de librairie de mon dernier livre. A en croire le libellé du chèque sur lequel j’avais jeté un furtif coup d’œil en quittant son bureau, je n’avais pas volé mon parchemin et la médaille en fer blanc qui va avec. J’ai l’habitude de caser ce genre de colifichet sur la cheminée du salon de ma cabane du Montana, entre les coupes de concours canins et les trophées de chasse à la bécasse ou de pêche à la truite.
Jack et moi aurions préféré célébrer l’événement entre fines gueules, dans un de ces restaurants parisiens discrets où les assiettes sont plus attrayantes que les tenues de la clientèle et la cuisine plus stylée que le personnel, mais comme on dit, l’auteur propose et l’éditeur dispose. C’est hélas aussi vrai aux Etats-Unis que partout ailleurs. Mon éditeur, un garçon charmant au demeurant, avait tenu à fêter mon succès – et le sien – dans un endroit plus couru, sorte de compromis pourri entre un hangar à bestiaux et le hall d’exposition d’un décorateur schizophrène. Traçabilité garantie si je puis dire.
Je ne sais pas si l’apéritif était b(i)o, mais il était bo tout court. Trop bo pour être bo(n) à vrai dire. J’ai renoncé à m’humecter au whisky avant le repas depuis que mon médecin m’avait averti que ce serait lui ou moi, mais j’avoue que j’aurais encore préféré m’envoyer un grand godet de bourbon plutôt que d’ingurgiter ce breuvage d’un vert fluo où flottaient d’indéfinissables adjuvants multicolores, servi dans des gobelets de terre cuite sans doute sensés nous rappeler notre attachement à la terre nourricière. J’ai poliment trempé mes lèvres dans le mien pour ne pas offusquer mon hôte qui guettait le moindre de mes mouvements de glotte ; Jack, qui a moins de scrupules, a vidé sans vergogne le sien dans une sorte de séquoia en pot destiné de toute évidence à marquer notre lien sacré avec la végétation originelle. Mes amis ojibwas ou lakotas auraient bien rigolé. J’espère que le malheureux végétal aura survécu au traitement. Jack, en tous cas, commençait à l’avoir mauvaise, d’autant plus qu’il était impossible de changer quoi que ce soit au menu. Le serveur avait été aussi urbain que formel sur ce coup. Le pire était à craindre.
Quand le pire est à craindre, il finit toujours par arriver. C’est mathématique. Après l’entrée –jardinière de (tout) petits légumes b(i)o à l’émulsion d’huile de colza vierge – le poisson – chiffonnade de surimi b(i)o à la crème sans matières grasses – le plat de résistance (!) – effiloché de veau maigre à la purée de scorsonaires b(i)o et le dessert – sorbet sans sucre au sureau b(i)o et son biscuit léger de gruau émulsionné – je voyais approcher avec terreur le moment où il me faudrait prendre la parole pour remercier dignement Paris de m’avoir reçu aussi avec tant d’opulence, mes lecteurs pour leur fidélité incompréhensible, et mon éditeur pour la générosité de son chèque, pas nécessairement dans cet ordre d’ailleurs. Je devais avoir la mine grisâtre de Louis XVI montant sur l’échafaud, et Jack, quand à lui, arborait la mimique la plus sinistre de Jack Torrence dans Shining, d’autant plus que le vin – b(i)o cela va sans dire – qu’on nous avait servi avec parcimonie ne titrait guère plus de 7°,5. Mais bon, comme disent mes lecteurs et néanmoins amis français, quand faut y aller faut y aller.
Sur la petite estrade ornée d’un entrelacs de fanions de nos deux grandes nations respectives, j’ai improvisé un discours de remerciements dans mon français approximatif de fils de fermiers du middle-west et tenté de répondre avec affabilité, sinon avec pertinence, aux questions d’un public d’autant plus affûté qu’il était quasiment à jeun. Cela donnait à peu près ceci :
- Monsieur H…peut-on dire que votre littérature exalte les valeurs profondes de l’Amérique post-rurale ?
- Bahooui…breunoon…
- Est-il vrai, cher Monsieur H…que votre approche de l’existence doit beaucoup à la cohabitation conflictuelle entre cultures antagonistes qui caractérise votre grande nation ?
- Meuuouais…béhaah…
- Pensez-vous que bonne chère et respect de la nature sont compatibles ?
- Fûûûfff…maaahiaééé
Et ainsi de suite. Le public, bonne pâte, applaudit l’artiste avec cette retenue cordiale qui caractérise ce genre d’assemblée, tandis que Jack, dont les yeux lançaient des décharges de shotgun, me tirait par la manche pour m’entraîner vers un endroit où nous pourrions enfin nous colmater avec du sérieux. Sous les deux espèces liquide et solide. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés, juste lui et moi, au Père Claude, chez l’ami Perraudin, qui ne tiqua nullement lorsque nous commandâmes des terrines maison, des écrevisses, deux poulets rôtis, des onglets à l’échalote, sans parler des fromages de chèvre frais et de la crème au chocolat à l’ancienne. Le tout abondamment arrosé de sancerre et de morgon. Traçabilité garantie, naturellement…
J.H.
C/o Gobu
Gobu- Nombre de messages : 2400
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Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
J'avoue adorer cet immeuble, mais je n'y vis qu'à mi-temps, ça doit aider :-))boc21fr a écrit:Effectivement les personnages sonnent à la fois improbables et vrais, ce qui fait que je viens à penser que tu as effectivement de drôles de voisins...
Bon, je termine mes corrections et je viens vous lire/commenter !
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Drôle de cadeau-hihi, court mon cadeau...
Mot : fragrances
Personnage : Chloé
Depuis trois plombes, Colin cherchait les murs de la chambre, un tableau à la main, à moins que ce ne fut la chambre qui cherchait Colin.
Pourtant dans l’ombre, une surface palpitait, cloison ? paravent ? Nul ne savait. D’ailleurs nul n’était là. Ou Nul était là. La ville bien présente s’appuyait à tous les réverbères pour entrer dans les interstices des vies assoupies sur les sofas et les banquettes.
Pourquoi Colin avait-il immortalisé Chloé (qu’il écrivait toujours Cloé, non qu’il fut illettré, mais que les H ne l’inspiraient point) sur une toile noire. Elle dont c’était la couleur fétiche, le Tout disait-elle, lorsqu’enfin elle parlait.
Ses amis l’entouraient inquiets de le voir se pâmer d’amour pour une ombre, dont le corps épousait trop bien rideaux et tentures, les idées le néant, et la vie le vide.
Cloé avait dû être fillette rieuse, riante, « aimeuse », aimante. Qui avait profité de ces élans ? Une rivière sans doute, un fleuve peut-être, ou même l’océan, de nuit, lorsque seules les vagues semblent vivantes, par le grondement qui s’échappe de l’écume- de « l’écume des jours ».
Colin s’enivrait d’iode en plein Paris, ou Rome ou Londres. Il espérait encore pouvoir présenter l’huile à peine sèche, que la térébenthine avait épargnée. Accrocher comme une auréole au-dessus du siège de celle qui sourirait alors.
Que vaut un sourire lorsque la bouche est absente ?
-« Chloé, Chloé ! Ton parfum voyage au ras du parquet comme les embruns au-dessus du Lac de Serre-Ponçon ».
On ne peut rêver, si l’objet du rêve s’enfuit toujours dans la pénombre, se cache sous le moindre escalier, se drape dans un linceul pour nouveau-né, ou se tapit sous la cendre après que le charbon fut consumé.
-« Chloé, Chloé !
Ne regarde pas la toile, tu ne verras que mon propre gouffre, avec nos peurs qui se tordent comme sorcière sur un bûcher ».
-« Cloé, Cloé ! Jamais plus je n’écrirais fragrances que je rêve se transformer en fragances, tellement plus doux à ta peau, à la mienne, à nos langues et nos tympans afin que nous dormions, calmes et rassurés au chevalet de nos couleurs retrouvées.
Mot : fragrances
Personnage : Chloé
Depuis trois plombes, Colin cherchait les murs de la chambre, un tableau à la main, à moins que ce ne fut la chambre qui cherchait Colin.
Pourtant dans l’ombre, une surface palpitait, cloison ? paravent ? Nul ne savait. D’ailleurs nul n’était là. Ou Nul était là. La ville bien présente s’appuyait à tous les réverbères pour entrer dans les interstices des vies assoupies sur les sofas et les banquettes.
Pourquoi Colin avait-il immortalisé Chloé (qu’il écrivait toujours Cloé, non qu’il fut illettré, mais que les H ne l’inspiraient point) sur une toile noire. Elle dont c’était la couleur fétiche, le Tout disait-elle, lorsqu’enfin elle parlait.
Ses amis l’entouraient inquiets de le voir se pâmer d’amour pour une ombre, dont le corps épousait trop bien rideaux et tentures, les idées le néant, et la vie le vide.
Cloé avait dû être fillette rieuse, riante, « aimeuse », aimante. Qui avait profité de ces élans ? Une rivière sans doute, un fleuve peut-être, ou même l’océan, de nuit, lorsque seules les vagues semblent vivantes, par le grondement qui s’échappe de l’écume- de « l’écume des jours ».
Colin s’enivrait d’iode en plein Paris, ou Rome ou Londres. Il espérait encore pouvoir présenter l’huile à peine sèche, que la térébenthine avait épargnée. Accrocher comme une auréole au-dessus du siège de celle qui sourirait alors.
Que vaut un sourire lorsque la bouche est absente ?
-« Chloé, Chloé ! Ton parfum voyage au ras du parquet comme les embruns au-dessus du Lac de Serre-Ponçon ».
On ne peut rêver, si l’objet du rêve s’enfuit toujours dans la pénombre, se cache sous le moindre escalier, se drape dans un linceul pour nouveau-né, ou se tapit sous la cendre après que le charbon fut consumé.
-« Chloé, Chloé !
Ne regarde pas la toile, tu ne verras que mon propre gouffre, avec nos peurs qui se tordent comme sorcière sur un bûcher ».
-« Cloé, Cloé ! Jamais plus je n’écrirais fragrances que je rêve se transformer en fragances, tellement plus doux à ta peau, à la mienne, à nos langues et nos tympans afin que nous dormions, calmes et rassurés au chevalet de nos couleurs retrouvées.
Invité- Invité
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Je vous lis domani :0)
Merci MC Coline !
Kazar... c'est vrai que les points sont un peu beaucoup passés à la trappe :0)
(maieuh c'est la faute à internet!)
Merci MC Coline !
Kazar... c'est vrai que les points sont un peu beaucoup passés à la trappe :0)
(maieuh c'est la faute à internet!)
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Je commenterai la suite plus tard, mes yeux se ferment.
Bonne nuit à tous et merci pour cette soirée Coline.
Bonne nuit à tous et merci pour cette soirée Coline.
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Chako : Drôle, bien sûr ! Un peu dans tous les sens aussi , avec des moments où ça patine … mais farfelingue et chute excellente ( heu, ça existe les femmes de chambre qui … ?)
Lyra : Grelot, je suis pas près de l’oublier ! Pauv’ klébard, c’est pas un cadeau, un maître comme ça !
Tu as peut−être un peu trop tiré sur la ficelle ( le coup de l’anniversaire, c’est too much !)
Mais sinon, j’ai vraiment beaucoup ri !
Sahkti : Dis donc, c’est la grande forme, toi ! Te reposer te réussit ! J’ai adoré ta tranche d’immeuble ( un peu disparate comme fréquentation, quand même, non ? La frisottée n’est pas au même étage que l’Excellence !)
J’ai admiré la désinvolture avec laquelle tu nous mets dans ta poche en fin d’histoire. Il est vrai que c’était amené tout schuss par les commentaires savoureux sur les personnages, comme des clins d’œil, tout au long des épisodes ! Drôle, vivant…Mais, heu… c’est la crotte de chien, le cadeau ou t’as zappé une consigne ?
Elea : Super description de la vie de Gladys, « femme de terre ferme et d’escaliers » ! J’aime la minutie des petits détails : En poussant de petits soupirs de satisfaction, à peine audibles mais bien visibles aux buées de plaisir chaud qui s’échappent de sa bouche pleine et entrouverte.(Ces buées de plaisir chaud m’ont ravie !) Dommage que la fin soit un peu rapide par rapport au reste.
Kazar : C’est la fistule, le drôle de cadeau ?
Ce qui m’épate, c’est que tu réussisses à faire de Chloé un personnage vrai et vivant alors qu’elle ne dit pas un mot articulé ! Et que tu arrives à nous faire passer cette horreur avec délicatesse entremêlée dans une histoire d’amour !
Et désolée, je finirai de commenter demain, grosse fatigue tout d'un coup ! ( [size=7]faute de calva, j'ai dû forcer un peu sur le thé à la bergamote
Mais félicitations à tous et merci de votre participation !
Lyra : Grelot, je suis pas près de l’oublier ! Pauv’ klébard, c’est pas un cadeau, un maître comme ça !
Tu as peut−être un peu trop tiré sur la ficelle ( le coup de l’anniversaire, c’est too much !)
Mais sinon, j’ai vraiment beaucoup ri !
Sahkti : Dis donc, c’est la grande forme, toi ! Te reposer te réussit ! J’ai adoré ta tranche d’immeuble ( un peu disparate comme fréquentation, quand même, non ? La frisottée n’est pas au même étage que l’Excellence !)
J’ai admiré la désinvolture avec laquelle tu nous mets dans ta poche en fin d’histoire. Il est vrai que c’était amené tout schuss par les commentaires savoureux sur les personnages, comme des clins d’œil, tout au long des épisodes ! Drôle, vivant…Mais, heu… c’est la crotte de chien, le cadeau ou t’as zappé une consigne ?
Elea : Super description de la vie de Gladys, « femme de terre ferme et d’escaliers » ! J’aime la minutie des petits détails : En poussant de petits soupirs de satisfaction, à peine audibles mais bien visibles aux buées de plaisir chaud qui s’échappent de sa bouche pleine et entrouverte.(Ces buées de plaisir chaud m’ont ravie !) Dommage que la fin soit un peu rapide par rapport au reste.
Kazar : C’est la fistule, le drôle de cadeau ?
Ce qui m’épate, c’est que tu réussisses à faire de Chloé un personnage vrai et vivant alors qu’elle ne dit pas un mot articulé ! Et que tu arrives à nous faire passer cette horreur avec délicatesse entremêlée dans une histoire d’amour !
Et désolée, je finirai de commenter demain, grosse fatigue tout d'un coup ! ( [size=7]faute de calva, j'ai dû forcer un peu sur le thé à la bergamote
Mais félicitations à tous et merci de votre participation !
Invité- Invité
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Zut, j'ai des problèmes de taille ! Modé, tu pourras arranger ça, steup ?
Invité- Invité
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
J'ai lu presque tous les textes. Il y a là-dedans, du plaisir, de la créativité, du talent.
Vous commente demain.
Merci MC coline pour ce bon moment. Tu feras de beaux rêves, tu verras comme c'est agréables avec des pieds bien propres ;-)
Et Bonne nuit tout le monde !
Vous commente demain.
Merci MC coline pour ce bon moment. Tu feras de beaux rêves, tu verras comme c'est agréables avec des pieds bien propres ;-)
Et Bonne nuit tout le monde !
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Clarisse – C'est pas la longueur qui me dérange, mais le personnage d'Albert, finalement, qui organise des festivités et serre son fils dans les bras, je n'arrive pas à le trouver détestable. Après, on se doute qu'il ne va pas apprécier la nouvelle vu la description du début, mais justement, sur la fin, il ne paraît pas un si mauvais bougre.
Coline – Pur hasard, y avait du Purcell sur ma chaîne hi-fi au moment de lire ton texte. Sinon... j'ai un peu de mal à commenter. Non pas que le tableau ne soit pas réussi, mais cette fin me laisse interdit. Cela dit : « Faut faire quoi pour apprivoiser les gens ? » ben oui, ça c'était beau. Merci pour cet exo.
Kilis – Je n'ose demander si c'est là histoire vraie. Superbe.
Gobu – Voilà, de quoi rassasier toute fine bouche, maintenant je savoure la digestion. Le triste menu et l'interview onomatopesque, j'ai particulièrement apprécié. Bravo maître, une fois de plus.
Éclaircie – éclaircie qui fait dans l'ombre. Hé hé. Non, trève de « hé hé » il y a de belles choses dans ce texte, mais je le relirai demain, je crois, commence à fatiguer le chak'...
Bravo à tous et merci Coline pour l'exo !
Ps : elea, très juste : du magret. Je change.
Coline – Pur hasard, y avait du Purcell sur ma chaîne hi-fi au moment de lire ton texte. Sinon... j'ai un peu de mal à commenter. Non pas que le tableau ne soit pas réussi, mais cette fin me laisse interdit. Cela dit : « Faut faire quoi pour apprivoiser les gens ? » ben oui, ça c'était beau. Merci pour cet exo.
Kilis – Je n'ose demander si c'est là histoire vraie. Superbe.
Gobu – Voilà, de quoi rassasier toute fine bouche, maintenant je savoure la digestion. Le triste menu et l'interview onomatopesque, j'ai particulièrement apprécié. Bravo maître, une fois de plus.
Éclaircie – éclaircie qui fait dans l'ombre. Hé hé. Non, trève de « hé hé » il y a de belles choses dans ce texte, mais je le relirai demain, je crois, commence à fatiguer le chak'...
Bravo à tous et merci Coline pour l'exo !
Ps : elea, très juste : du magret. Je change.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
contraintes perso : gamma Gt ; Gérard
Hubert gara l’Alfa devant la porte de la turne de Gérard et franchit le seuil.
_ Est-ce que Nelson Mande est là ?
_ Tiens mon Hubert, tu tombes bien.
_ Salut mon Gégé,
_ Kanivo Eric
_ mhhh !
Oui il a abusé du Suarez, et a déjà le maillot jaune.
_ Du Suarez ?
_ Ben ouais du Ricardo !
_ Sers m’en donc un petit
Gégé bascula la boutanche pour un beau flan au caramel
_ Mon Hubert tu tombes bien, je pensais justement à toi, tu pourrais pas me dépanner ?
_ Non Gégé j’ai pas une thune tu sais bien
_ Non c’est pas ça, j’aurais besoin de ta caisse pour aller au "Tilt"
_ Pourquoi faire, la dernière fois que je t’ai prêté une charrette elle a fini dans la rigole
_ Dans la rigole c’est là qu’on rigole le plus.
_ Et il a fallu réveiller un Yaknou pour qu’il la sorte de là.
_ Tu peux les traiter de Yaknou ils nous appellent bien les Tapâ.
_ Les Tapâ ?
_ Ben oui, quand on va les voir c’est toujours pour les taper : t’as pas une remorque pour virer ma jaille ? t’as pas un tracteur pour me sortir du fossé ? t’as pas un poste à souder ?
_ Et pourquoi au "Tilt" t’as un rencart ?
_ Une petite mignonne tu verrais ça !
_ Et bien il était temps tu commences à pencher en avant.
_ C’est sur ça me soulagerait bien alors tu me la prêtes ?
_ D’accord mais y’a quelque chose dans ton frigo j’ai la dalle !
_ Réchauffes-toi le frichti : poulet, riz.
_ Du riz pour la somalie du beurre pour la sodomie ! Tiens voilà les clés, vas-y mollo c’est une GT
_ GT comme mes gammas ?
_ Grand Tourisme c’est ce qu’il te faut, mais salopes pas mes sièges tissus et fais gaffe aux poulets.
_ Merci Hub c’est un beau cadeau je te revaudrai ça.
Gégé s’éclipsa dans le vrombissement du coupé Bertone.
Hubert dévora sa gamelle sous l’œil bovin de son voisin de table.
Ils enquillèrent encore quelques rouges puis s’écroulèrent dans le canapé devant la télé.
Un coup de fusil sorti d’une émission de chasse à la bécasse le ramena à la dure réalité d’une nouvelle gueule de bois.
Gégé ramenait déjà sa proie vers sa tanière. La petite caille avait rapidement succombé à son style de grand prédateur et au charme italien de l’automobile. Après un premier patin il fit patiné l’embrayage. Il poussa tous les rapports du bolide tout en savourant d’avance le prochain. Sa main quitta le levier de vitesse pour s'égarer sous la jupe. Dans la ligne droite il attira la belle contre lui pour l’embrasser. Mais la vie c’est pas comme au cinéma, tout à son embrassade Gérard ne calcula pas le virage de la pépinière. L’Alfa mordit l’accotement pour tortiller trente mètre de rails de sécurité. Après trois tonneaux elle termina sa course dans une pâture en contrebas.
Gérard allait bien mais il avait perdu sa connaissance, il paraît qu’elle courre encore en direction du « Tilt ». Bonjour gamma GT, adieu Alfa GT.
Hubert gara l’Alfa devant la porte de la turne de Gérard et franchit le seuil.
_ Est-ce que Nelson Mande est là ?
_ Tiens mon Hubert, tu tombes bien.
_ Salut mon Gégé,
_ Kanivo Eric
_ mhhh !
Oui il a abusé du Suarez, et a déjà le maillot jaune.
_ Du Suarez ?
_ Ben ouais du Ricardo !
_ Sers m’en donc un petit
Gégé bascula la boutanche pour un beau flan au caramel
_ Mon Hubert tu tombes bien, je pensais justement à toi, tu pourrais pas me dépanner ?
_ Non Gégé j’ai pas une thune tu sais bien
_ Non c’est pas ça, j’aurais besoin de ta caisse pour aller au "Tilt"
_ Pourquoi faire, la dernière fois que je t’ai prêté une charrette elle a fini dans la rigole
_ Dans la rigole c’est là qu’on rigole le plus.
_ Et il a fallu réveiller un Yaknou pour qu’il la sorte de là.
_ Tu peux les traiter de Yaknou ils nous appellent bien les Tapâ.
_ Les Tapâ ?
_ Ben oui, quand on va les voir c’est toujours pour les taper : t’as pas une remorque pour virer ma jaille ? t’as pas un tracteur pour me sortir du fossé ? t’as pas un poste à souder ?
_ Et pourquoi au "Tilt" t’as un rencart ?
_ Une petite mignonne tu verrais ça !
_ Et bien il était temps tu commences à pencher en avant.
_ C’est sur ça me soulagerait bien alors tu me la prêtes ?
_ D’accord mais y’a quelque chose dans ton frigo j’ai la dalle !
_ Réchauffes-toi le frichti : poulet, riz.
_ Du riz pour la somalie du beurre pour la sodomie ! Tiens voilà les clés, vas-y mollo c’est une GT
_ GT comme mes gammas ?
_ Grand Tourisme c’est ce qu’il te faut, mais salopes pas mes sièges tissus et fais gaffe aux poulets.
_ Merci Hub c’est un beau cadeau je te revaudrai ça.
Gégé s’éclipsa dans le vrombissement du coupé Bertone.
Hubert dévora sa gamelle sous l’œil bovin de son voisin de table.
Ils enquillèrent encore quelques rouges puis s’écroulèrent dans le canapé devant la télé.
Un coup de fusil sorti d’une émission de chasse à la bécasse le ramena à la dure réalité d’une nouvelle gueule de bois.
Gégé ramenait déjà sa proie vers sa tanière. La petite caille avait rapidement succombé à son style de grand prédateur et au charme italien de l’automobile. Après un premier patin il fit patiné l’embrayage. Il poussa tous les rapports du bolide tout en savourant d’avance le prochain. Sa main quitta le levier de vitesse pour s'égarer sous la jupe. Dans la ligne droite il attira la belle contre lui pour l’embrasser. Mais la vie c’est pas comme au cinéma, tout à son embrassade Gérard ne calcula pas le virage de la pépinière. L’Alfa mordit l’accotement pour tortiller trente mètre de rails de sécurité. Après trois tonneaux elle termina sa course dans une pâture en contrebas.
Gérard allait bien mais il avait perdu sa connaissance, il paraît qu’elle courre encore en direction du « Tilt ». Bonjour gamma GT, adieu Alfa GT.
Jean Lê- Nombre de messages : 591
Age : 65
Localisation : Bretagne
Date d'inscription : 22/11/2010
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Kazar : définitivement le docteur house de VE ;o). L'histoire est vraiment très très bien rendue, très bien écrite, le contraste entre le regard énamouré du personnage principal alors que l'objet de son affection a les mains dans...dans...(censuré) est vraiment réussi, et contre toute attente...
En me plaçant à sa place, dans une situation pareille, j'imagine à quel point je me raccrocherais à la beauté de ma "supérieure" pour éviter de voir ce que...(enfin tu vois).
Non c'est vraiment très bon...
La suite demain, désolé j'avais du boulot...
Ah oui toutes mes excuses pour avoir assassiné Shakespeare à la fin de mon texte...je n'en demande pas changement à la modération car cela fait partie du jeu (je n'avais qu'à prendre le temps de me relire).
En me plaçant à sa place, dans une situation pareille, j'imagine à quel point je me raccrocherais à la beauté de ma "supérieure" pour éviter de voir ce que...(enfin tu vois).
Non c'est vraiment très bon...
La suite demain, désolé j'avais du boulot...
Ah oui toutes mes excuses pour avoir assassiné Shakespeare à la fin de mon texte...je n'en demande pas changement à la modération car cela fait partie du jeu (je n'avais qu'à prendre le temps de me relire).
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 54
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Oula ! Faudrait que je m'y penche sérieusement.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
C'est avec un peu de retard que je viens .... j'ai une excellente excuse !
Mots moches : tous
Personnages : tous
Une chose tout à fait improbable m’est arrivée, je voudrais vous la narrer.
En me promenant dans mon quartier, j’ai marché sur un truc gluant qui représentait une figurine de Donald Duck.
Bien entendu, de cette chose émanaient des fragrances pestilentielles que j’ose même pas vous en causer !
Notre voisin, qui est ambassadeur du Boukistan, est sorti à cet instant avec sa fille aux boucles d’or, la petite Chloé qui ne s’exprime que par onomatopées ….
- Bin hi pa bo pa bobo bossieur oula oula caca caca toutou
J’ai compris qu’en fait de figurine, je venais de piétiner une merde d’un des clébards en garde chez notre vétérinaire et que sa secrétaire sort tous les soirs et tous les matins, une folle à l’air chafouin et la figure pleine de fistules.
Pas plus tard qu’hier, l’un de ses klebs a mordu le mollet du maire qui venait prendre des nouvelles de Jen (vous savez, la chanteuse de Superbus).
Ca a fait un de ces raffuts ! Je n’vous dis qu’ça !
On se serait cru dans une pièce de Molière à ciel ouvert, ma concierge s’en est mêlé, évidemment, elle ne rate jamais l’occasion de jouer les Trissotin dès qu’un évènement sortant un peu de l’ordinaire se passe dans la rue Raspoutine (notre rue).
En parlant de ma concierge qui est lypophile, il paraît, le bruit court dans le quartier, qu’elle se serait fait faire une liposuccion par le vétérinaire …. Mais, hein, je ne vous ai rien dit !
Pendant que le maire essayait de faire lâcher le pitbull, elle a pris à témoin le garçon de café (café Jeanne d’Arc), un garçon très stylé, au demeurant et lui a fait un cinéma pas possible pour qu’il aille chercher un bâton idoine afin de taper sur le chien …
Ca gueulait, vitupérait, saignait, baragouinait, s’étripait, se tirait les chignons ….. un véritable spectacle guignolesque.
Moi, bien entendu, je suis resté à l’écart de ce capharnaüm digne d’une nouvelle d’A. Jarry et pendant que ces marionnettes tourbillonnaient comme des bringue zingues, j’en ai profité pour entrer dans la banque retirer un peu d’argent auprès du chargé de clientèle.
Justement, il est lui-même marionnettistes et m’a invité à son prochain spectacle, une représentation de la vie de Delgrès.
- « Il y aura même un poney ». A-t-il cru bon de me préciser.
Il a ajouté :
- « et des sandwiches bio, je vous accorderai un petit discount si vous m’en achetez ! »
Voilà !
Ainsi se termine ce récit d’un moment dans mon quartier.
Venez quand vous voulez.
Personnages : tous
Une chose tout à fait improbable m’est arrivée, je voudrais vous la narrer.
En me promenant dans mon quartier, j’ai marché sur un truc gluant qui représentait une figurine de Donald Duck.
Bien entendu, de cette chose émanaient des fragrances pestilentielles que j’ose même pas vous en causer !
Notre voisin, qui est ambassadeur du Boukistan, est sorti à cet instant avec sa fille aux boucles d’or, la petite Chloé qui ne s’exprime que par onomatopées ….
- Bin hi pa bo pa bobo bossieur oula oula caca caca toutou
J’ai compris qu’en fait de figurine, je venais de piétiner une merde d’un des clébards en garde chez notre vétérinaire et que sa secrétaire sort tous les soirs et tous les matins, une folle à l’air chafouin et la figure pleine de fistules.
Pas plus tard qu’hier, l’un de ses klebs a mordu le mollet du maire qui venait prendre des nouvelles de Jen (vous savez, la chanteuse de Superbus).
Ca a fait un de ces raffuts ! Je n’vous dis qu’ça !
On se serait cru dans une pièce de Molière à ciel ouvert, ma concierge s’en est mêlé, évidemment, elle ne rate jamais l’occasion de jouer les Trissotin dès qu’un évènement sortant un peu de l’ordinaire se passe dans la rue Raspoutine (notre rue).
En parlant de ma concierge qui est lypophile, il paraît, le bruit court dans le quartier, qu’elle se serait fait faire une liposuccion par le vétérinaire …. Mais, hein, je ne vous ai rien dit !
Pendant que le maire essayait de faire lâcher le pitbull, elle a pris à témoin le garçon de café (café Jeanne d’Arc), un garçon très stylé, au demeurant et lui a fait un cinéma pas possible pour qu’il aille chercher un bâton idoine afin de taper sur le chien …
Ca gueulait, vitupérait, saignait, baragouinait, s’étripait, se tirait les chignons ….. un véritable spectacle guignolesque.
Moi, bien entendu, je suis resté à l’écart de ce capharnaüm digne d’une nouvelle d’A. Jarry et pendant que ces marionnettes tourbillonnaient comme des bringue zingues, j’en ai profité pour entrer dans la banque retirer un peu d’argent auprès du chargé de clientèle.
Justement, il est lui-même marionnettistes et m’a invité à son prochain spectacle, une représentation de la vie de Delgrès.
- « Il y aura même un poney ». A-t-il cru bon de me préciser.
Il a ajouté :
- « et des sandwiches bio, je vous accorderai un petit discount si vous m’en achetez ! »
Voilà !
Ainsi se termine ce récit d’un moment dans mon quartier.
Venez quand vous voulez.
Yfig- Nombre de messages : 72
Age : 75
Date d'inscription : 06/06/2011
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Yfig ( mi-raisin jusque là j'avais pas osé, mais après ce que je viens de lire, je me lâche ! tu reviens quand tu veux !
Tu peux serrer la cuillère de Boc qui a pris la même option que toi. Z'êtes des voraces, hein ? La prochaine fois, je vous concocte des consignes espéciales , mes loustics !
Tu peux serrer la cuillère de Boc qui a pris la même option que toi. Z'êtes des voraces, hein ? La prochaine fois, je vous concocte des consignes espéciales , mes loustics !
Invité- Invité
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Oui, j'ai pas voulu lire les autres avant d'avoir écrit le mien. J'ai lu plein de trucs super ..... ça ne manque pas d'imagination et de talents, ici !
J'ai vu aussi que j'ai loupé la notion de cadeau .....
Tu ne me demandes pas mon excuse ?
Ma belle-mère, sur les coups de 19h30 nous sort comme ça :" J'irai bien au restaurant, moi !"
Vous auriez fait quoi, vous ?
En tout cas, j'ai répondu "banco" !
Voilà (ça c'est pour Mentor !)
J'ai vu aussi que j'ai loupé la notion de cadeau .....
Tu ne me demandes pas mon excuse ?
Ma belle-mère, sur les coups de 19h30 nous sort comme ça :" J'irai bien au restaurant, moi !"
Vous auriez fait quoi, vous ?
En tout cas, j'ai répondu "banco" !
Voilà (ça c'est pour Mentor !)
Yfig- Nombre de messages : 72
Age : 75
Date d'inscription : 06/06/2011
Re: Exo live lundi 13 juin 2011 à 20h30
Mais ..............
C'est le drapeau des anarchistes, ça !!!!
Ni dieu ni maître !
C'est le drapeau des anarchistes, ça !!!!
Ni dieu ni maître !
Yfig- Nombre de messages : 72
Age : 75
Date d'inscription : 06/06/2011
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