Un instant de bonheur
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Un instant de bonheur
cambriolage matinal
je fus réveillé par ton absence
te cherchai du regard – où étais tu ?
le soleil – héros invisible –
avait inondé la maison
il effaçait les dernières traces
j’enfilai mes vêtements de la veille
pliai la chambre
et sortis
(l’inconnu
était alors familier
le miracle quotidien
le temps infini
et la ville quelqu’un)
je suivis nonchalamment
les pas conduisant
au Square des Batignolles
sur la route je t’ai croisée par hasard
et nos ombres ont continué pieds nus
– la balade partit en promenade
ioannis dimitriadis
Notes:
1. Poème traduit du grec.
2. Titre inspiré du livre "33 moments de bonheur" de Ingo Schultze (Allemagne) paru aux éditions Fayard.
Voici ma première participation!
je fus réveillé par ton absence
te cherchai du regard – où étais tu ?
le soleil – héros invisible –
avait inondé la maison
il effaçait les dernières traces
j’enfilai mes vêtements de la veille
pliai la chambre
et sortis
(l’inconnu
était alors familier
le miracle quotidien
le temps infini
et la ville quelqu’un)
je suivis nonchalamment
les pas conduisant
au Square des Batignolles
sur la route je t’ai croisée par hasard
et nos ombres ont continué pieds nus
– la balade partit en promenade
ioannis dimitriadis
Notes:
1. Poème traduit du grec.
2. Titre inspiré du livre "33 moments de bonheur" de Ingo Schultze (Allemagne) paru aux éditions Fayard.
Voici ma première participation!
Re: Un instant de bonheur
Bienvenu alors. Bou diou, passer toute une journée depuis 7 H du mat sans même un commentaire alors que bien des niaiseries en récoltent à seau, ça doit faire partie de la cure grecque actuelle... Pourtant il n'est pas mal du tout ce texte, déjà qu'il commence par
je fus réveillé par ton absence
et plus loin (après il est vrai une petite longueur énumérative où la poésie à mon sens se perd)
on a droit à ce morceau de choix:
l’inconnu était ...
et la ville quelqu’un
pour finir par un joli
et nos ombres ont continué pieds nus (même si le pluriel à pied nu est plutôt insolite en l'absence de les)
En revanche j'ai moins aimé "– la balade partit en promenade" d'une part le tiré, mouais, et puis le vers fait trop jeu de mot sans développement aucun.
Voilà j'ai mis fin à cette journée de solitude poétique (qui grecquement commençait à relever de l'ostracisme). Je le confie à vos bons soins.
je fus réveillé par ton absence
et plus loin (après il est vrai une petite longueur énumérative où la poésie à mon sens se perd)
on a droit à ce morceau de choix:
l’inconnu était ...
et la ville quelqu’un
pour finir par un joli
et nos ombres ont continué pieds nus (même si le pluriel à pied nu est plutôt insolite en l'absence de les)
En revanche j'ai moins aimé "– la balade partit en promenade" d'une part le tiré, mouais, et puis le vers fait trop jeu de mot sans développement aucun.
Voilà j'ai mis fin à cette journée de solitude poétique (qui grecquement commençait à relever de l'ostracisme). Je le confie à vos bons soins.
Re: Un instant de bonheur
Vraiment bien cette première participation. j'aurais pour ma part stoppé à ... pieds nus.
Invité- Invité
Re: Un instant de bonheur
Merci Marjevols pour ce riche commentaire de bienvenue ! Et Vertigo pour avoir pareillement soulevé ce quelque chose qui cloche dans le dernier vers en version française. Ce retour m’intéresse. Ce vers est à la source du poème, c’est lui qui a ouvert la danse de l’écriture (d’ailleurs, entre nous, pour citer un auteur grec plus connu, j’ai le sentiment que plusieurs poèmes de Kiki Dimoula sont nés ainsi, en commençant par la fin). Je me vois mal le retirer, mais je vais sans doute retoucher sa traduction.
En grec, c’est une sorte de jeu de mot manqué. Le vers est en mot à mot : « la ballade devint promenade ». Selon moi, cela fait penser à « devenir fumée » (partir en fumée, justement), jeu de mots indirect car imaginé. En même temps, je n’utilise pas le verbe juste, en grec, pour une autre expression, qui se laisse lire volontiers : « aller en promenade » qui signifierait « c’est cuit », autrement dit que la balade s’en est allée, qu’elle a été envoyée balader. Cela reste encore un jeu de mot imaginé, en suspens.
Cependant ce n’est pas tant le jeu de mot qu’il importe de préserver, c'est, avant tout, cette tautologie (balade-promenade).
Lu tout seul, ce vers ne veut pas dire grand-chose, en effet . La tautologie semble vide (et comment!). Chargé du développement qui le précède, il condense l’expérience du poème, qui introduit subtilement le magique dans le réel (l’absence qui réveille, le soleil-amour qui inonde la pièce, plier la chambre, le hasard ‘merveilleux’ et si naturel – luck is probability taken personally –, ainsi que le commentaire entre parenthèses et bien sur nos ombres pieds nus). Cette tautologie serait alors muée en un tour de magie, en un changement subtil de sens. Ce qui était un tour en solitaire, est désormais une promenade à deux, vécue comme le passage de l’eau à la terre ferme pour un amphibien…
Après ces explications, serait-ce plus réussi de retirer tout simplement le jeu de mots et d’opter pour : «la ballade devint promenade » ou «une balade devenue promenade» ?
C’est ce que je pense en tout cas!
PS : désolé pour la longueur du commentaire, j’espère qu’elle a son utilité.
En grec, c’est une sorte de jeu de mot manqué. Le vers est en mot à mot : « la ballade devint promenade ». Selon moi, cela fait penser à « devenir fumée » (partir en fumée, justement), jeu de mots indirect car imaginé. En même temps, je n’utilise pas le verbe juste, en grec, pour une autre expression, qui se laisse lire volontiers : « aller en promenade » qui signifierait « c’est cuit », autrement dit que la balade s’en est allée, qu’elle a été envoyée balader. Cela reste encore un jeu de mot imaginé, en suspens.
Cependant ce n’est pas tant le jeu de mot qu’il importe de préserver, c'est, avant tout, cette tautologie (balade-promenade).
Lu tout seul, ce vers ne veut pas dire grand-chose, en effet . La tautologie semble vide (et comment!). Chargé du développement qui le précède, il condense l’expérience du poème, qui introduit subtilement le magique dans le réel (l’absence qui réveille, le soleil-amour qui inonde la pièce, plier la chambre, le hasard ‘merveilleux’ et si naturel – luck is probability taken personally –, ainsi que le commentaire entre parenthèses et bien sur nos ombres pieds nus). Cette tautologie serait alors muée en un tour de magie, en un changement subtil de sens. Ce qui était un tour en solitaire, est désormais une promenade à deux, vécue comme le passage de l’eau à la terre ferme pour un amphibien…
Après ces explications, serait-ce plus réussi de retirer tout simplement le jeu de mots et d’opter pour : «la ballade devint promenade » ou «une balade devenue promenade» ?
C’est ce que je pense en tout cas!
PS : désolé pour la longueur du commentaire, j’espère qu’elle a son utilité.
Re: Un instant de bonheur
Intéressant, le poème comme l'explication.
Le dernier vers mérite que tu y réfléchisses. (parfois en laissant dormir l'idée, le vers exact s'impose de lui-même subitement)
Le dernier vers mérite que tu y réfléchisses. (parfois en laissant dormir l'idée, le vers exact s'impose de lui-même subitement)
Carmen P.- Nombre de messages : 537
Age : 70
Localisation : Ouest
Date d'inscription : 23/04/2010
Re: Un instant de bonheur
Pour quoi ne pas garder alors ce vers en titre ?, J'aime bien ce jeu sur la proximité entre balade et promenade, mais il est vrai que conclure par les pieds nus aurait plus de charme.
L'irruption du fantastique dans le quotidien ( plier la chambre) me parait convenir tout à fait à l'impression de magie qui nous emplit quand on est amoureux...
Bienvenue, redoublée par ce joli texte.
L'irruption du fantastique dans le quotidien ( plier la chambre) me parait convenir tout à fait à l'impression de magie qui nous emplit quand on est amoureux...
Bienvenue, redoublée par ce joli texte.
Invité- Invité
Re: Un instant de bonheur
Bonjour,
A la lecture de ce poème, j'ai été d'abord touchée par le fond. Je sentais qu'il y avait un truc qui me dérangeait dans la forme. Un manque de fluidité, pas à la hauteur de ce que, je savais être entre les lignes.
Et puis j'ai compris, en lisant que c'était une traduction.
Il est bien difficile de retranscrire l'émotion dans une autre langue.
Je lis souvent la poésie arabe, que je trouve merveilleuse. Un ami m'a dit un jour " Oui, elle l'est...mais dans sa langue d'origine sa beauté n'a pas de nom. "
Et je veux bien le croire.
Enfin, voilà...j'ai aimé sentir les prémices de cette beauté ici.
A la lecture de ce poème, j'ai été d'abord touchée par le fond. Je sentais qu'il y avait un truc qui me dérangeait dans la forme. Un manque de fluidité, pas à la hauteur de ce que, je savais être entre les lignes.
Et puis j'ai compris, en lisant que c'était une traduction.
Il est bien difficile de retranscrire l'émotion dans une autre langue.
Je lis souvent la poésie arabe, que je trouve merveilleuse. Un ami m'a dit un jour " Oui, elle l'est...mais dans sa langue d'origine sa beauté n'a pas de nom. "
Et je veux bien le croire.
Enfin, voilà...j'ai aimé sentir les prémices de cette beauté ici.
Iloa Mys- Nombre de messages : 167
Age : 54
Localisation : France
Date d'inscription : 06/06/2011
Re: Un instant de bonheur
C'est une grande chance de pouvoir s'exprimer dans deux ou plusieurs langues ! J'admire !
J'ai apprécié la belle simplicité de ce poème. Surtout :
"sur la route je t’ai croisée par hasard
et nos ombres ont continué pieds nus"
J'ai apprécié la belle simplicité de ce poème. Surtout :
"sur la route je t’ai croisée par hasard
et nos ombres ont continué pieds nus"
Invité- Invité
Re: Un instant de bonheur
Je trouve le texte en dents de scie. Le passage entre parenthèses m'a moins plus et m'a presque fait sortir du texte.
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