Chant

En cet état le temps, cendres, basalte et lave.
Absente, sans alarme, elle, page après page
s'efface dans l'Atlas des cratères en cendres.

Basalte! Ample fracas des gammes altérées!
Bas, la lave s'enflamme en fragments écarlates
le chant plane effaré, rare fa les rêva.
Basalte! Flagellant le vaste temps des arbres!
Par le cadre delà la glace, en avalanche
la lave entre hachée, halètement de cendres.

Tant de lave a navré l'ange, la bête et l'herbe
tel le basalte, salve à l'égard de l'enfant
telles les cendres à travers l'espace, temps.

Je suis un peu dérouté, j'avoue, dans cette évocation volcanique qui me paraît vouloir entrer en fusion pour ne pas s’éteindre dans une clé du sol.
Dérouté par Bas, la lave... et par les vers suivants, dont je ne saisis pas très bien le sens:
Par le cadre delà la glace, en avalanche
la lave entre hachée, halètement de cendres.

J'aurais bien vu miroir à la place de glace qui m'a en 1° lecture transporté dans l'ère glaciaire où les volcans n'étaient pas nés (je crois).
Dans le tercet final le basalte me paraît meurtrier et les cendres universelles et éternelles, comme si le réveil n'était plus possible dans le cheminement inexorable de la vieillesse ver la mort.
Je me trompe peut-être ?

A la nue accablante tu
Basse de basaltes et de laves
A même les échos esclaves
Par une trompe sans vertu
Stephane Mallarmé


quelques clés, à votre texte, me manquent, ou me sont trop abstraites, ou ne m'emmènent pas en chemins de rêves:

...Absente, sans alarme, elle, page après page

...le chant plane effaré, rare fa les rêva

....tel le basalte, salve à l'égard de l'enfant


....

ces ombres ne désaimantent pas l'ensemble, mais...

cordialement,

Annie, j'aime beaucoup, mais je suis curieuse : me manquent quelques éclaircissements. RV sur le fil idoine ...

au fait,
je viens relire parce que j'aime

Oui Frédéric, ce chant m'est inspiré par les vers de Mallarmé que vous citez.

Ceci dit , ce n'est qu'une musique, je ne prétends ni pasticher Mallarmé, ni l'expliquer. Il s'agit d'une tentative de description (certains diraient un délire!) des images que me suggèrent ces vers: une espèce de chaos cosmique, d'où émergeraient l'espace et le temps dans une gigantesque éruption.

Elle? la terre, la déesse mère, Isis primordiale?
Fa? parce que la basse et le basalte -orgues de basalte- évoquent un motif musical. Denis l'a vu, qui parle d'une clé du sol.
Salve à l'égard de l'enfant? le caractère inhospitalier de ce monde. Mais peut être aurais je dû écrire enfance. Il n'y a pas d'être humain, je le marque explicitement.

Annie,

pour la salve c'est surtout la salve à l'égard que j'ai du mal à me "visualiser" ou à "m'inventer"


juste pour le fun
lisez mon texte "tu"
moi c'est la vague que j'ai suivi ...

amitié

Ah, j'avais bien perçu un chant mallarméen dans ton poème, Annie !
Ici surtout : le chant plane effaré, rare fa les rêva...
Mais Mallarmé m'est parfois bien obscur, même si ses mots chantent joliment en ma gorge.

Les orgues basaltiques, une merveille naturelle !

PS : quand la ponctuation comporte 2 signes comme "! ? : ;", il est convenu de séparer le signe du mot précédent...
Salve à l'égard de l'enfant? = Salve à l'égard de l'enfant ?

pour ma part, moije, (comme dirait FP !) aime la poésie un peu plus nue, moins dense, ou alors, si dense, plus brute, abrupte. C'est fort joli, mais j'étouffe un peu dans trop de mots, trop d'adjectifs et d'images, et de ponctuation qui souligne.

Un chant, sur lequel je me suis laissée capturer par la musique lancinante des sons (A-AN, quelques é, è, ni I ni U) et les images grandioses de ces orgues minérales.
Le poème de Mallarmé, parle d'un naufrage, je crois. Ici le paysage est terriblement sec et brûlant, il vibre dans une brume de chaleur. Fascinant !

En effet Arielle, ni I, ni O, ni U. Bien vu, bien lu, merci.

Les mots de Mallarmé "Basse de basalte et de lave", son nom même ne contiennent que les voyelles A et E, j'ai donc décidé de me restreindre à celles-ci, comme une espèce de signature.
Je me suis permis de négliger la rime, puisque l'abstinence de voyelles impose déjà une consonnance.
Pour le thème j'ai repris ma liberté, Mallarmé parle d'un naufrage, et même d'une sirène "le flanc enfant d'une sirène" (quel vers magnifique!) j'ai joué avec l'enfant, avec la naissance.