Le petit soleil

Samson tourne la meule à la place de l'âne,
Dans une grange obscure, empestant le fumier,
Lui, le héros d'hier, le voilà qui ahane
A tirer le long bras de la meule rouillé,
Samson tourne la meule, à la place de l'âne !
Oh, le petit soleil s'est tout évaporé !
Quelle aurore pourtant, le bel enfant promis !
Comment le vin nouveau s'est donc dénaturé ?
Dans une volupté, et dans le compromis,
Oh, le petit soleil s'est tout évaporé.
Il pleure maintenant de ses deux yeux éteints,
Il pleure son passé fait de force et de manne !
La ceinture de cuir lui a blessé les reins,
Et son coeur est semblable au blé mûr que l'on vanne,
Il pleure maintenant de ses deux yeux éteints.
Chantant sa vielle gloire et vantant ses exploits,
Comparant sa vigueur aux iris qui se fanent,
Un Philistin sournois l'insulte en son patois,
Et lui donne un soufflet, le toisant d'un air crâne,
Chantant sa vielle gloire et vantant ses exploits.
O Seigneur prend en peine un sort des plus cyniques !
Lui qui fut ton héros, ton héraut et ton bras !
Oublie ses noirs péchés ! Ses jugements iniques !
Appelle Samson à être et Samson sera !
O Seigneur prend en peine un sort des plus cyniques !
Et moi je suis semblable à ce Juge célèbre,
Je tourne en rond, perdu dans de vaines idées,
Indocile soleil filant ainsi qu'un zèbre
Que ni bride ni mors n'ont jamais su guider,
Et moi je suis semblable à ce Juge célèbre...

Sept 2011

Ah Zenou votre souffle vient qui m'ôte le mien
A genou je souffre à beau lire tant de bien.

Merci. Ça a quand même une autre gueule (et d'or et d'azur...). Lu d'une traite. Et relu. A relire.
J'éviterais toutefois la surcharge de points d' ! (des . me sembleraient d'ailleurs meilleurs, laissant le lecteur plus libre de son intonation. La dramaticité que je sens à ces premiers vers me semble d'ailleurs quelque peu biaisée par l'exclamation qui en fait un lamento, quasiment une vue par des femmes (pleureuses méditerranéennes).
J'aurais peut-être attendu une certaine paragraphisation. Ainsi après
le second évaporé,
après le second exploits
et après le second cyniques.
Ça donnerait une forme de ce genre:

Nathanaël Zenou a écrit:Samson tourne la meule à la place de l'âne,
Dans une grange obscure, empestant le fumier,
Lui, le héros d'hier, le voilà qui ahane
A tirer le long bras de la meule rouillé,
Samson tourne la meule, à la place de l'âne.
Oh, le petit soleil s'est tout évaporé.
Quelle aurore pourtant, le bel enfant promis
Comment le vin nouveau s'est donc dénaturé ?
Dans une volupté, et dans le compromis,
Oh, le petit soleil s'est tout évaporé.

Il pleure maintenant de ses deux yeux éteints,
Il pleure son passé fait de force et de manne.
La ceinture de cuir lui a blessé les reins,
Et son coeur est semblable au blé mûr que l'on vanne,
Il pleure maintenant de ses deux yeux éteints.
Chantant sa vielle gloire et vantant ses exploits,
Comparant sa vigueur aux iris qui se fanent,
Un Philistin sournois l'insulte en son patois,
Et lui donne un soufflet, le toisant d'un air crâne,
Chantant sa vielle gloire et vantant ses exploits.

O Seigneur prend en peine un sort des plus cyniques
Lui qui fut ton héros, ton héraut et ton bras.
Oublie ses noirs péchés, ses jugements iniques.
Appelle Samson à être et Samson sera.
O Seigneur prend en peine un sort des plus cyniques.
Et moi je suis semblable à ce Juge célèbre,
Je tourne en rond, perdu dans de vaines idées,
Indocile soleil filant ainsi qu'un zèbre
Que ni bride ni mors n'ont jamais su guider,
Et moi je suis semblable à ce Juge célèbre...

Pour les détails, j'ai toujours tendance à préférer "faner" à se fâner (difficile de se prononcer à lire le TLFi http://www.cnrtl.fr/definition/faner et j'ai du vérifier l'orthographe de ahaner : rien à redire (sauf peut-être que ni bride ni mors appellerait par hasard plutôt un n'a jamais su??)

Je reviens parce que je m'interroge sur Le Petit Soleil que vous avez d'ailleurs choisi comme titre, ce qui en souligne l'importance alors qu'il apparaît comme ça, au détour d'un vers. Petit Soleil cela semble être l'enfant mais c'est aussi un symbole vitaliste et théiste. Je suis ignorant de ces choses mais Samson a-t-il un rapport étroit avec le soleil? Sinon une recherche sur "petit soleil" aboutit d'une part à une association avec la notion de Bonheur et d'autre part donne des références d'ambiance hébraïque (une forme du "divin enfant"?) avec un roman pour enfants associant étoile jaune / enfant (redoublement?).
En tout cas je perçois l'opposition Samson = homme, adulte et Petit soleil = enfant, promesse ce que le mot "évaporé" qui en fait une sorte d'éther assimile aux choses fragiles et éphémères.

L'enfant du même auteur ayant eu hier un regain d'intérêt (là : [url=]http://www.vosecrits.com/t9887-lenfant[/url]) je remonte ce texte qui, supérieur à mon avis, n'a pas recueilli l'attention ou les commentaires qu'il mérite ou appelle. Je doute d'être seul à apprécier NZenou...

Marvejols a raison, Nathanael Zenou ,vos textes sont de qualité, et il a eu bien raison d'attirer l'attention sur eux.
Malheureusement je ne ressens , à mon grand dam, strictement aucune émotion à leur lecture.
Vous n'y êtes pour rien, c'est ainsi. Pourtant vos vers, que je lis toujours, ont des qualités musicales indéniables, le rythme, le son, le sens, tout y est mais pour moi , ça ne marche pas . C'est la raison pour laquelle je m'abstiens généralement de les commenter, doutant que ce genre de message puisse vous être utile en quoi que ce soit.
Après ça ne nous empêche pas de discuter...

J'ai lu avec plaisir ce poème en vers traditionnels, ce chant d'un autre temps.
Un vers toutefois m'a paru moins bien balancer que les autres :
"Appelle Samson à être et Samson sera".
Il présente pourtant les syllabes nécessaires et suffisantes, mais la césure est défaillante.

Bonjour

Franchement???
J'ai adoré!
Comme Marvejols j'aurais souhaité une mise en page plus aérée, mais c'est bien peu de chose devant la qualité de votre texte.

Amicalement

Philippe

désolé pour le long différé de ma réponse, Marvejols, "petit soleil" se traduit par Samson en hébreu,
pour le reste je vous rejoins totalement