Les voeux retour
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Les voeux retour
Maman a tort. Maman a tort parce que je n’avais pas le temps à l’époque de penser à autre chose. J’étais réduit à un quotidien fermé, sans lumière, et abrité par la chaleur un peu laide de la puissance paternelle. Lorsque je traversais l’éminence qui cachait l’école, je la saluais comme un renoncement. J’étais probablement d’une nature angoissée, ça ne m’a pas quitté depuis.
Je suis François et j’ai un nom qui abrite des statues de pierre. Mon père avait toujours jeté des regards sur moi, il n’avait fait que ça, il était souvent absent et m’avait peu instruit. Des sortes de lichen lui donnaient parfois un peu de couleur, mais quand il parlait ce n’était que des mots sur une statue de pierre, des représentations de la réalité qui ne touchent pas la surface du réel. En fait, c’étaient de purs morceaux de moisi qui m’emmerdent, jonchés de toutes les vanités humaines, et de l’interminable souffle que l’on donne à son pêché.
Des génies morts, des traditions, faciles et étranges. Au fond j’aimerais peut-être que la vie s’ennuie finalement, que le sens efface la forme et que mon daron aille au fin fond des secrets terrestres, rongé par les vers et chassé par le vent. Je voudrais qu’il crève et que son silence soit la promesse de l’aube, le léger remous qui réveille le marin de sa torpeur affreuse. Voilà la métaphore qu’il me manquait, je suis un corsaire et j’attends l’aube comme un rat voit déjà la charpente. Alors quand je navigue, ce n’est pas dans mon intérêt que les autres comprennent où je vais, je suis déjà seul dans l’océan, et c’est assez pour vouloir choisir ma destination. Vous souhaitez savoir si je suis affecté, alors voici :
Quand j’ai mis mes mains sur son cou, deux choses m’ont marqué. Il était doux comme un enfant, et ses vêtements n’atteignaient pas les plis de son dos.
Voici désormais que j’entends, alors que sur les flots plus rien ne s’écoutait distinctement, les sourires, les accolades, et les chaleureux pardons. C’est cet espoir qui guide encore ma proue, non de le revoir, mais de chérir l’optimisme du pardon.
Je suis François et j’ai un nom qui abrite des statues de pierre. Mon père avait toujours jeté des regards sur moi, il n’avait fait que ça, il était souvent absent et m’avait peu instruit. Des sortes de lichen lui donnaient parfois un peu de couleur, mais quand il parlait ce n’était que des mots sur une statue de pierre, des représentations de la réalité qui ne touchent pas la surface du réel. En fait, c’étaient de purs morceaux de moisi qui m’emmerdent, jonchés de toutes les vanités humaines, et de l’interminable souffle que l’on donne à son pêché.
Des génies morts, des traditions, faciles et étranges. Au fond j’aimerais peut-être que la vie s’ennuie finalement, que le sens efface la forme et que mon daron aille au fin fond des secrets terrestres, rongé par les vers et chassé par le vent. Je voudrais qu’il crève et que son silence soit la promesse de l’aube, le léger remous qui réveille le marin de sa torpeur affreuse. Voilà la métaphore qu’il me manquait, je suis un corsaire et j’attends l’aube comme un rat voit déjà la charpente. Alors quand je navigue, ce n’est pas dans mon intérêt que les autres comprennent où je vais, je suis déjà seul dans l’océan, et c’est assez pour vouloir choisir ma destination. Vous souhaitez savoir si je suis affecté, alors voici :
Quand j’ai mis mes mains sur son cou, deux choses m’ont marqué. Il était doux comme un enfant, et ses vêtements n’atteignaient pas les plis de son dos.
Voici désormais que j’entends, alors que sur les flots plus rien ne s’écoutait distinctement, les sourires, les accolades, et les chaleureux pardons. C’est cet espoir qui guide encore ma proue, non de le revoir, mais de chérir l’optimisme du pardon.
Jand- Nombre de messages : 297
Age : 27
Date d'inscription : 05/04/2016
Re: Les voeux retour
J'aime beaucoup. D'abord le style subtilement décousu qui sert pourtant la cohérence du texte. Ensuite les notations justes, originales : abrité par la chaleur un peu laide de la puissance paternelle...et que son silence soit la promesse de l’aube, le léger remous qui réveille le marin de sa torpeur affreuse...les sortes de lichens qui se transforment en purs morceaux de moisi qui m'emmerdent.
Enfin le flou qui nimbe l'ensemble .
Il y a une certaine virtuosité de l'écriture, et parfois le sens s'y perd (enfin, moi j'y comprends rien : Au fond j’aimerais peut-être que la vie s’ennuie finalement, que le sens efface la forme ...ou bien
ses vêtements n’atteignaient pas les plis de son dos... ). Et puis surtout : il l'a tué ou pas ? Les motifs semblent un peu légers.
ce n'est pas pêché mais péché je crois
Enfin le flou qui nimbe l'ensemble .
Il y a une certaine virtuosité de l'écriture, et parfois le sens s'y perd (enfin, moi j'y comprends rien : Au fond j’aimerais peut-être que la vie s’ennuie finalement, que le sens efface la forme ...ou bien
ses vêtements n’atteignaient pas les plis de son dos... ). Et puis surtout : il l'a tué ou pas ? Les motifs semblent un peu légers.
ce n'est pas pêché mais péché je crois
Re: Les voeux retour
Bonjour Jand,
Je me souviens avoir lu votre texte lorsque, nouvel arrivé vous l'avez posté.
Il m'avait vraiment impressionnée, je le relis ce matin et l'effet est le même.
Déjà, cette section "prose" me semblait ne contenir que des nouvelles, des récits d'histoire, avec scénario.
Mais comme vous n'aviez posté que ce texte, qu'il était court, je l'ai lu.
Je le classerai dans la catégorie "sueurs froides". Avec à mon avis, un fort potentiel poétique. Je ne suis en rien littéraire, aussi je n'ai pas de technique de "critique".
Globalement, votre texte fonctionne terriblement bien, grâce
au détachement du narrateur
au mystère qui plane : qui est le personnage, un homme, un ado, une plante, un arbre, le sort ?
J'en redemande, merci .
Je me souviens avoir lu votre texte lorsque, nouvel arrivé vous l'avez posté.
Il m'avait vraiment impressionnée, je le relis ce matin et l'effet est le même.
Déjà, cette section "prose" me semblait ne contenir que des nouvelles, des récits d'histoire, avec scénario.
Mais comme vous n'aviez posté que ce texte, qu'il était court, je l'ai lu.
Je le classerai dans la catégorie "sueurs froides". Avec à mon avis, un fort potentiel poétique. Je ne suis en rien littéraire, aussi je n'ai pas de technique de "critique".
Globalement, votre texte fonctionne terriblement bien, grâce
au détachement du narrateur
au mystère qui plane : qui est le personnage, un homme, un ado, une plante, un arbre, le sort ?
J'en redemande, merci .
Invité- Invité
Re
Effectivement il y a une certaine virtuosité. La dernière phrase me laisse pourtant une déception ... peut-être la déception que le texte soit terminé. Elle clôt brutalement le texte. En même temps c'est ce qui fait la force de ce texte, mélange de lyrisme et de brutalité.
gaelle- Nombre de messages : 23
Age : 29
Date d'inscription : 05/05/2017
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