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Tous mes voeux de bonheur...

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Message  chris Dim 5 Fév 2012 - 17:36

Tous mes voeux de bonheur...

I

De l’aube, le soleil fleurissait depuis l’horizon. Les rayons bienfaiteurs nourrissaient d’opulence les palmiers qui sublimaient la place centrale. Peu à peu, Morphée s'envolait, les habitants s'extirpaient de leurs rêves. Accompagnés de sifflements d’oiseaux, ils s’éveillaient dans une joie béate, sereins devant la journée qui s’annonçait.
Délicatement, Sao Carlos s’apprêtait à sortir de ses songes nocturnes.
Arrivée depuis deux mois de sa Corrèze natale, Bérengère se délectait de cette ville si angélique. Elle aimait cet endroit plus que tout autre au monde. Sitôt le lit délaissé, elle contemplait de sa fenêtre ce si beau pays sage. Certes, ni mer enivrante, ni montagne arrogante ne s’étalaient devant elle, mais l’air était si pur et les rues si calmes. Il émanait de cette simplicité une pureté immaculée, une joie de sourdine touchante. Elle avait enfin découvert son havre de paix, ce lieu tant espéré, ce petit paradis dans lequel l’enfant qu'elle portait depuis trois mois déjà, allait découvrir la lumière du jour.
Épanouie, un sourire d’ivoire brillait de mille éclats. Il illuminait son visage dont trente-cinq printemps n’avaient pas laissé de trace. Elle aimait le reflet du miroir : vierge de rides, sa peau était lisse et ses joues pleines. Des grains de beautés parsemés çà et là apportaient une jeunesse que seuls des yeux sombres et dénués d’étincelle ne contenaient pas. Son regard n’était pas triste. Il était juste un peu fade, éteint, comme en quête d’expression. Cela ne l'importait guère, elle était heureuse et dans un demi-cycle terrestre de cela, elle le serait davantage.
Elle quitta la salle de bain et retourna dans la chambre. Elle s’y habilla de vêtements amples, agréables à porter. Ce jour là, outre des cours à dispenser, elle devait accueillir un nouveau collaborateur en fin de la journée. En prévoyance de la fraîcheur des soirées, elle se munit d'un pull bleu-cyan, tricoté par sa grand-mère, qu'elle fourra dans son sac.
Sitôt hors de chez elle, elle prit le chemin de l'Institut. Comme agréable lui était cette promenade matinale. Sous un ciel bleu et dégagé, une petite brise douce et grisante rafraichissait l'atmosphère. Les gens se déplaçaient d'un pas dynamique et joyeux. Ils se saluaient amicalement d'un signe de main, les pépiements d'oiseaux apportaient une touche bucolique dans cette petite ville. Le cœur léger et empli d'allégresse, elle chantonnait un air de Louis Chedid, son compositeur préféré, flash-back, ainsi soit-il, tel est le nom du film, ta-ta-ta. Son esprit vagabondait d'un sujet à l'autre pour finalement se fixer sur Frank, son futur collaborateur.
Elle ne savait pas grand-chose à son égard, tout juste avait-elle survolé son curriculum. Il était suisse. Il avait tout d'abord suivi de longues études de sociologie, par la suite, son cursus devint plus chaotique avec de nombreux séjours au Brésil. Sûrement était-ce lui aussi un amoureux du Nouveau Monde, hésitant encore à quitter la morosité occidentale. Elle se remémorait la photo. Son visage était dur, ses traits rugueux. Ils avaient pourtant le même âge, mais le poids des années lui avait été bien moins clément. Ses yeux étaient verts, leurs contours s’affaissaient, comme fatigués par ce qu’ils avaient vu. Un sourire forcé laissait paraître des dents jaunies. Quant à sa chevelure, elle était sombre et foisonnante. Il avait tout « du bourlingueur », de l’aventurier, de l'être en quête d'idéal.
Elle s'imaginait déjà le prendre par la main, lui susurrer dans le creux de l'oreille « Tu es arrivé. Repose-toi à mes côtés et fondons ensemble un paisible foyer. Nous serons heureux ici. »
Cette idée fit son chemin, et c’est en sa compagnie que Bérengère poussa la porte d’entrée de l’Institut, heureuse d'avoir enfin choisi son époux.

II

De son côté, Frank n'avait pas les mêmes préoccupations. Une aspirine et une cigarette auraient amplement comblé son bonheur. Comme coincé dans un étau, son crâne cognait, hurlait et amplifiait le tohu-bohu du bus. Défiguré par la fatigue, ses yeux étaient injectés de sang et leur contour se gonflait de sommeil. Sa chevelure était hirsute, son teint livide, dans ses veines, coulaient encore les nuits précédentes, et de sa sueur qui abondait, s'y mêlaient relents d'alcool, de chair et de cocaïne.
À ses côtés, un jeune cadre dynamique avait pris place. Malgré la chaleur étouffante, il portait un costume trois pièces. La raie appliquée, les lunettes sur le nez et légèrement boutonneux, pas une minute à perdre, il s’affairait sur un ordinateur portable.
Étonné de tant de promiscuité avec un « vencedor » du troisième millénaire, il se leva et jeta un coup d’œil autour de lui. Frank se retrouvait cerné de sourires mièvres tout aussi ahuris les uns que les autres : il partait pour Premier-de-la-classe-city.
Une angoisse lui serra les tripes. Bien des années auparavant, effrayé de rejoindre ce troupeau bovin, il avait mis tous les kilomètres possibles pour s'éloigner : destination le Brésil. Il s'était alors lancé dans l'import-export. Il prenait un vol depuis Belo Horizonte pour Amsterdam, son sac empli d'émeraudes. À son arrivée, il les échangeait contre de la monnaie sonnante et trébuchante qu'il déposait par la suite dans une banque à Zurich. Puis il retournait au Brésil, son véritable lieu de résidence. Sa petite entreprise était florissante et sa vie, exclusivement nocturne, baignait dans l'alcool, la drogue et bien évidemment le sexe.
Faut dire qu’il s’y connaissait en femmes. Rien que durant ce séjour, soit trois mois, il avait déjà baisé quatorze filles et une dizaine de putes. Mais attention, il les avait toutes fait jouir. Bon, presque. Mais c'était la faute à l'alcool, pas la sienne. Il les respectait et faisait çà dans les règles. Elles avaient beau faire leurs mijaurées, ce qu’elles aimaient ? Un bon cunnilingus comme entrée en matière agréable, puis une grande séance de tap-tap, bien profond dans un rythme effréné. Pour finir, une bonne petite levrette claquée et le tour était joué ; elles étaient aux anges et lui, il avait amplement mérité sa cigarette.

Tout allait pour le mieux jusqu'au jour où le destin le fit croiser une balance.
Un matin, vers les treize heures, il pénétra dans une pharmacie, son stock de préservatifs atteignant un point critique. Quatre à cinq personnes le précédaient. Il fallait attendre, il s'ennuyait. Lui vint alors la stupide idée de se peser, une manière comme une autre de passer le temps pensait-il. Il n'en crut pas ses yeux, il avait perdu une douzaine de kilos. À prendre trop de blanche, il avait oublié de manger et de dormir. Or, comme il était saoul du soir au matin, il ne s'en était pas rendu compte. Effaré, il sortit brusquement sans même effectuer ses emplettes pour se précipiter vers le premier bar venu. Assis devant une bouteille de Brhama, entouré de cachaceiros qui contemplaient d'un œil absent leurs verres de liqueur, il se décida. Il fallait se calmer, arrêter de baiser sans réfléchir et faire un break avec la coke, voir même l'alcool. Il devait se transformer, pour un temps.

Il quitta la ville le lendemain et se mit en quête d’une carte postale, un lieu dans lequel tout était fixe et immobile. Il aperçut cette annonce « …Institut Pluridisciplinaire de Sao Carlos recherche professeur de français natif…ville paisible et agréable à l’intérieur de l’état de Sao Paulo… »
Le bus entrait en ville. Sao Carlos lui paraissait être le lieu idéal pour se refaire une santé.

III

Sitôt les marches descendues, il s’alluma une cigarette et regarda autour de lui. Il eut une révélation : le monde merveilleux de Candy existait bel et bien. Gais comme des pinsons, les gens étaient courtois à l'extrême. Personne ne criait, personne ne se bousculait. Au milieu de ce décor, il ne mit pas longtemps à deviner son contact, elle vint droit devant à sa rencontre.
― Frank je suppose, lui dit-elle en lui tendant la main.
Certes, habillée d’un sac de jute aux couleurs de l’arc-en-ciel, elle ne dépeignait pas dans tout ce paysage de sucre vanillé, mais elle était utilisable. Finalement il allait peut-être se plaire ici.
― Oui, c’est moi, mais belle comme vous êtes, on va se faire la bise.
― Bon d'accord, ajouta-t-elle d’un sourire gêné. Merci pour le compliment. Je m’appelle Bérengère. Nous allons prendre un taxi pour nous rendre dans ton appartement. Il est mitoyen au mien. Et si tu veux, lorsque tu te seras installé et bien reposé, je viendrai te chercher, on mangera un bout en ville.
― ça me va, je récupère mon sac et je vous suis.

De l’emballer fut d’une facilité déconcertante ; elle lâcha prise dans le restaurant. Un colporteur entra des roses à la main. Frank lui fit signe et en offrit une à l’autre. Devant tant de romantisme, elle se laissa embrasser d’un petit baiser, puis d’un autre plus langoureux. Malgré ses airs de sainte nitouche, elle était comme les autres, la coquine.
Et de quinze.

Ils allèrent chez elle et se dirigèrent vers la chambre. C’est dans celle-ci qu’il s’inquiéta. Accrochée au mur, trônait une affiche dédicacée de Louis Chédid. Outre la santé intellectuelle de sa compagne, il se demanda s'il allait réussir à ériger son totem, observé de la sorte par un moustachu à la calvitie galopante.
― Je vais dans la salle de bain et je reviens mon chéri, lui déclara-t-elle d’une voix langoureuse.
Qu’est-ce qu’elle allait foutre dans la salle de bain ? Chercher ses canards de bain ? Il hésita un quart de seconde. Qu’allait-il pouvoir lui dire le lendemain matin, puis le suivant, l’autre encore ? Finalement, il se déshabilla malgré la présence de Louis Chédid. Comme partenaire de trio, sa présence ne lui avait jamais frôlé l’esprit. Elle revint en robe de chambre une serviette de toilette à la main et tourna l’interrupteur.

Sa peau était douce et sucrée. Il commença à laper ses seins de pomme, puis descendait progressivement vers le Saint des Saints. Lorsqu’il arriva aux portes du sanctuaire il tomba nez à poil devant une toison amplement fournie. Il avait l’amazone à portée de langue lorsqu’à sa grande surprise, elle lui défendit l’entrée. Au contraire, elle voulait bouche contre bouche, une copulation dans les règles de l’art catholique. Un missionnaire bien sage et profond. Elle susurrait des mon chéri, oh oui…, fais moi l’amour et toutes ces conneries. Il plongea alors sa main dans la poche, en sortit un préservatif, et l’enfila avant d’en faire de même de sa compagne.
Tout compte fait, ce n’était pas si mal comme ça, fourrageant d’un rythme langoureux. Il allait et venait, jouant de ses reins par des mouvements amples et gracieux. Il devait être esthétique à admirer, tout en douceur, en retenue. Dommage qu’il n’y ait eu de miroir. De son côté, elle finit par se taire et entama des gémissements d’entre ses dents serrées. Ses mains lui caressaient le dos, le frôlant à peine. Elles étaient légères et chaviraient de ses épaules à son cul. Il aimait de plus en plus cette expérience si lointaine. Il faisait chaud dehors et dans son corps. Il se laissait aller. Cette étreinte d’apparence fade lui procurait plaisir et oubli. Il était Icare dans son envol. Remuant son derrière de battements souples et déliés, il s’échappait peu à peu à la gravité. Il ne lui restait plus qu’à accentuer la cadence pour déjouer sa condition d’homme lorsqu'il sentit non pas une main sur son torse, mais une surface rêche et anonyme. La serviette ! Elle épongeait sa transpiration. Devant tant de sensualité, ses ailes calcinèrent, il éjacula et s’effondra.
Elle le serrait fort dans ses bras. De son côté, après cinq minutes ainsi, il se dégagea et fouilla dans ses poches pour en sortir une cigarette qu'il n’eut pas le temps d’incendier.
― Frank, s’il te plait, ne gâche pas ce moment magique.
― Je veux bien. Mais là, tu vois, en ce qui me concerne, ce serait inoubliable avec une bonne bouffée de tabac.
― C’est que, heu... c’est que j’ai oublié de te dire, ce n’est pas bon pour moi. Voilà, je vais être directe. Je suis enceinte.
― Ah quand même…Tu veux dire que je cognais la tête de ton rejeton lorsque je te prenais ? Tu crois qu'il a aimé ? Il a pris son biberon ton môme tu sais...
― Oh Frank ! Ce que tu peux être grossier ! Nous avons fait l'amour, voilà tout. L'amour est beau, il est pur et chatoyant. Par contre la nicotine...
― Bon, je vais me chatoyer une tige dehors et je reviens.
― Je préfère, mais tu vas croire que je suis une enquiquineuse.
― Mais non voyons…
Il se vêtit de son short et sortit sur la terrasse. Tout en fumant, il craignait la prochaine surprise, et, même si la séance de jambes au l'air ne fut pas déplaisante, il se demandait s’il n’avait pas commis une erreur. Puis, le sourire aux lèvres, une idée en chassa une autre. Le loup venait de s'introduire dans la bergerie. Maitresses, trafics et consorts. Tout un commerce en perspective dans cette ville de crétins...

IV

Le soleil était magnifique, les prairies vertes et infinies. Il courrait nu dans cet Éden et aperçut au loin un gigantesque lapin rose. Il s’approcha de lui en douceur, sans faire de bruit, et posa ses mains sur ce séant énorme et musclé. Sentant cette pression sur son derrière, le coquin animal secoua la tête laissant virevolter ses gigantesques oreilles. Il se retourna, fit jouer de ses mandibules, cligna d’un œil et écarta ses cuisses. Frank se mit à le fourrager, le lapin aimait beaucoup mais le téléphone le sortit de son songe.

Il était dans une autre pièce, trop loin, il ne s’arrêta qu'une longue minute plus tard. Il laissa alors son sexe tranquille et regarda autour de lui. Il était seul dans un lieu qu’il ne reconnaissait pas. Puis, son regard croisa celui de Louis Chedid. Maintenant, il se souvenait. Sa partenaire, un truc proche de bergère, était déjà partie. Il se leva. Il vit sur le bureau un petit billet doux :

Mon amour, je n’ai pas voulu te réveiller, tu étais si beau dans ton sommeil, on aurait dit un ange. Aujourd’hui, tu as la visite médicale et la vaccination. Je t’ai fait un plan sur le dos. On se verra par la suite. Tu as du café et des tartines toutes prêtes sur la table.
Je t’aime, Bérengère.


Tout compte fait, sodomiser un lapin n’était pas si mal ; il se termina dans les prairies interminables et alla se doucher.

Le soleil l'insupportait. Il ôta ses verres pour jeter un œil sur l'itinéraire à suivre. Le plan, surchargé de cœurs et de « mon chéri », était bien simple. Il suffisait de longer l'avenue pour se retrouver devant son lieu de ttr, tra, travail. Encore assoupi, il se mit en route d'un pas trainant après avoir allumé une cigarette.
L'avenue n'en finissait pas. Il fallait marcher, marcher. La chaleur l'opportunait, la lumière lui tapait sur le système alors qu'une cacophonie de gazouillis d'oiseaux lui cassait les oreilles. Dire qu'il ne voyait pas même la queue d'un pigeon et encore moins la fiente. Quelque chose clochait dans le paysage. Trop propre, trop calme, trop. Toute la ville sentait le formol et le troisième âge avant l'heure. Les gens qu'il croisait portaient tous le sourire en cicatrice, leur démarche guillerette sonnait comme un pas militaire et tout le monde paraissait accroc au fer à repasser. Sérieux ! Pas un faux pli, pas de fausse note dans la sape, pardon à ce stade là, on dit la tenue vestimentaire. Les habitants, affables au possible, le saluaient, lui souhaitaient la bienvenue et une bonne journée.
Eux, lui ?
Comme il aurait souhaité un petit rail, ne serait-ce qu'une lichette, juste pour avoir l'énergie nécessaire. Et ce concerto de merles en frit qui n'en finissait pas ! Partout, tout le long du chemin, c'était la même musique. Mais là encore, il y avait un hic. C'était trop régulier, trop carré, avec par dessus tout comme un grésillement métallique. Il leva les yeux et scruta dans les arbres. Des hauts-parleurs ! Des putains de hauts-parleurs imitaient et remplaçaient la volaille. C'était une ville de psychopathes !

― Monsieur Dubois je suppose ?
― Hein ? Moi ? oui c'est ça.
Femme.
― Je suis venu à votre rencontre au cas où vous vous égareriez. Derrière un tailleur plutôt strict, une créature des plus appétissantes s'y trouvait. Des seins en obus tiraient sur le chemisier, ils mettaient à mal les coutures des boutons. Avec un peu de chance, l'un d'entre eux allait lâcher devant la pression de ses mamelles libertines. Vous savez, ici, à Sao Carlos, nous nous soucions réellement de nos nouveaux concitoyens. Vous verrez, d'ici quelques jours vous vous y sentirez comme chez vous.
― Tu m'en diras tant. Je vous crois sur parole. C'est quoi votre petit nom ?
― Monsieur Dubois. Oh, enfin, dit-elle d'une voix ingénue tout en rougissant des pommettes. Comme c'était mignon. Je m'appelle Ana-Maria. Si vous voulez bien me suivre. L'institut se trouve à deux pas.
Gauche, droite, gauche, droite. Le derrière était magnifique, splendide. Galbé et ferme, il captait toute l'attention de Franck, il lui inspirait un nouvel horizon : elle, debout, cambrée, les deux mains contre un mur.

L’immense édifice excitait moins l'imaginaire. Cubique et gris, il ressemblait davantage à un hôpital qu’à une école de langue. Une fois à l'intérieur, Frank, tout à sa contemplation, se laissa entraîner dans un dédale de couloirs interminable. Finalement, il entra dans un bureau. Un homme y était assis. Il avait la soixantaine, ses rares cheveux étaient blancs. Quant à son visage, il avait l'air d'un psychopathe échappé d'un asile.
― Docteur Strauss ?
― Oui Ana-Maria ?
― Voici Monsieur Dubois, le nouveau professeur de bonnes manières à la française.
― De quoi ? Demanda Frank, pas sûr d’avoir bien compris ce qu’il venait d’entendre.
Aucun des deux intervenants ne se soucia de sa remarque. Numéro seize disparut sans se retourner et le docteur prit la parole.
― Bonjour Monsieur Dubois. Allongez-vous ici. Je vais vous administrer un vaccin contre l'encéphalite galopante.
― Lancez quoi ?
― Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas douloureux, lui répondit-il armé d’une minuscule seringue.

Quelques secondes plus tard, il rejoignit les vertes prairies de la nuit précédente. Le docteur l'amena dans la salle d’opération. Bérengère s’y trouvait déjà, accompagnée de la directrice de l’institut.
― Comme il est beau ! Vous me comprenez maintenant Madame ?
― Oui. Enfin, une fois les cheveux coupés et ordonnés d'une belle raie sur le côté, il sera présentable. On va lui mettre des lunettes aussi, et il faudra lui prendre ses mesures pour refaire sa garde-robe. Vous allez être heureux tous les deux. Oh pardon, tous les trois, lui dit-elle, tout en posant sa main sur le ventre de Bérengère.
Un coup de scie circulaire, Frank était trépané. Le docteur connaissait son affaire, la quasi-majorité de la ville était passée sur le billard. Il jeta le cerveau dans la poubelle puis il se retourna vers la directrice.
― Alors Madame, que lui mettons-nous cette fois-ci à la place ?
― Aujourd’hui, je laisse le choix à notre collaboratrice. Bérengère, que veux-tu pour ton époux ?
― Oh merci Madame, je le voudrais tout comme moi : aux fruits de la passion.
― C’est comme si c’était fait ma petite dame.


< Texte effacé à la demande de l'auteur >
.

chris

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Message  Invité Dim 5 Fév 2012 - 18:58

Outre quelques nécessaires ajustements côté forme (orthographe, ponctuation, syntaxe), c'est du tout bon. Mené tambour battant mais bien dosé sur tous les plans, et cela alors même que l'écriture est très affirmée. Un cas inattendu et dépaysant de tel est pris qui croyait prendre.



Ci-dessous, deux problèmes syntaxiques :

"Il illuminait son visage dont trente-cinq printemps n’avaient pas laissé de trace." ("sur lequel")

"dans ses veines, coulaient encore les nuits précédentes, et de sa sueur qui abondait, s'y mêlaient relents d'alcool, de chair et de cocaïne. " ("à"/ "se")

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Message  Invité Lun 6 Fév 2012 - 21:05

La première phrase déjà m'a arrêtée.
C'est joli, mais grammaticalement bizarre.
De ci, de là, j'ai coincé sur des formulations incongrues. Mais j'avoue que le joyeux cynisme du texte m'a emportée allègrement jusqu'à la fin délectable !

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Message  elea Sam 11 Fév 2012 - 18:42

J’ai eu un peu de mal à entrer dedans mais ne regrette pas d’avoir persévéré jusqu’à la fin, assez inattendue et jouissive.
Beaucoup aimé aussi l’humour qui se dégage de l’ensemble.

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Message  Invité Sam 11 Fév 2012 - 19:15

Rien à dire, juste que je suis bluffée !!
J'ai d'une traite avec un sourire jusqu'aux oreilles tellement
le rythme est idéal, on ne s'ennuie jamais
et l'humour terrriblement efficace
Au fur et à mesure de la lecture je revoyais le film "The Truman Show"

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Message  chris Dim 12 Fév 2012 - 12:39

Merci à tous pour vos critiques. J'ai sorti ce texte d'un tiroir et l'ai dépoussiéré il y a quelques temps. Compte tenu de vos remarques, c'était une bonne idée. Par contre, il est nécessaire de l'améliorer et d'alléger certaines tournures plutôt indigestes.
Pour info, j'ai eu l'idée de ce texte alors que je regardais un film neo-zélandais nommé "the car who killed Paris" pendant que j'étais de passage à Sao Carlos.

Easter(Island) a écrit:Outre quelques nécessaires ajustements côté forme (orthographe, ponctuation, syntaxe), c'est du tout bon. Mené tambour battant mais bien dosé sur tous les plans, et cela alors même que l'écriture est très affirmée. Un cas inattendu et dépaysant de tel est pris qui croyait prendre.

Ci-dessous, deux problèmes syntaxiques :

"Il illuminait son visage dont trente-cinq printemps n’avaient pas laissé de trace." ("sur lequel")

"dans ses veines, coulaient encore les nuits précédentes, et de sa sueur qui abondait, s'y mêlaient relents d'alcool, de chair et de cocaïne. " ("à"/ "se")
Merci pour tes remarques, je modifierai ces passages.

coline Dé a écrit:La première phrase déjà m'a arrêtée.
C'est joli, mais grammaticalement bizarre.
De ci, de là, j'ai coincé sur des formulations incongrues. Mais j'avoue que le joyeux cynisme du texte m'a emportée allègrement jusqu'à la fin délectable !
Pour cette phrase, l'idée était de d'utiliser un répère chronologique à la place d'un repère géographique en sous entendant un lieu géographique (l'horizon marqué par le lever de soleil, je ne sais pas si je suis clair)

elea a écrit:J’ai eu un peu de mal à entrer dedans mais ne regrette pas d’avoir persévéré jusqu’à la fin, assez inattendue et jouissive.
Beaucoup aimé aussi l’humour qui se dégage de l’ensemble.
Qu'est-ce-qui t'a géné pour entrer dans l'histoire ?

cilou a écrit:Rien à dire, juste que je suis bluffée !!
J'ai d'une traite avec un sourire jusqu'aux oreilles tellement
le rythme est idéal, on ne s'ennuie jamais
et l'humour terrriblement efficace
Au fur et à mesure de la lecture je revoyais le film "The Truman Show"
Merci

chris

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Message  Invité Mer 15 Fév 2012 - 16:00

En plus des deux remarques d'Easter(Island), voici les miennes :
– « Tous mes voeux » : attention à ne pas oublier les ligatures « œ » (Alt + 0156) ;
– « de bonheur... » : « … » (les vrais points de suspension, plus rapprochés, Alt + 0133) ;
– « ce petit paradis dans lequel l’enfant qu'elle portait depuis trois mois déjà, allait découvrir » : pas de virgule ou virgule supplémentaire après « enfant » ou « portait » ;
– « Des grains de beautés parsemés » : « grains de beauté » ;
– « Ce jour là » : « jour-là » (trait d'union) ;
– « se munit d'un pull bleu-cyan » : « bleu cyan » (pas de trait d'union) ;
– « brise douce et grisante rafraichissait » : « rafraîchissait » (orthographe traditionnelle) ;
– « son compositeur préféré, flash-back » : « flash-back » en italique ;
– « survolé son curriculum » : « curriculum » en italique, à première vue ;
– « Il était suisse » : « Suisse » (majuscule) ;
– « Il avait tout « du bourlingueur » » : l'article « du » n'a pas a été intégré dans les guillemets ;
– « avec un « vencedor » du troisième millénaire » : « vencedor » sans guillemets, en italique (mot espagnol, ou bien ?) ;
– « Il les respectait et faisait çà dans les règles » : « ça » (sans accent) ;
– « Quatre à cinq personnes le précédaient » : dans l'expression soignée, la préposition « à » ne doit être utilisée pour exprimer l'approximation que si les deux nombres qu'elle sépare ne se suivent pas (de dix à douze personnes) ou s'ils se rapportent à des quantités susceptibles d'être divisées. Sinon, c'est à la conjonction de coordination « ou » qu'il convient de recourir ;
– « une autre de passer le temps pensait-il » : virgule après « temps » ;
– « entouré de cachaceiros qui contemplaient » : « cachaceiros » en italique ;
– « natif…ville paisible » : espace après les points de suspension ;
– « de l’état de Sao Paulo » : « État » (majuscule) ;
– « Frank je suppose » : virgule après « Frank » ;
– « elle ne dépeignait pas dans tout ce paysage de sucre vanillé » : « dépeignait » ? Ne voulez-vous pas plutôt dire « détonnait » (sortait du ton) ? ;
– « ça me va » : « Ça » (majuscule, Alt + 0199) ;
– « De l’emballer fut d’une facilité » : je ne suis pas sûr de la nécessité du « De » initial ;
– « avant d’en faire de même de sa compagne » : « de sa compagne » ou « avec sa compagne » ? ;
– « C’est que, heu... » : « … » (Alt + 0133) ;
– « Ah quand même…Tu veux dire » : espace après les points de suspension ;
– « ton môme tu sais... » : virgule après « môme » et remplacement des faux points de suspension par les « vrais » « … » (Alt + 0133) ;
– « Par contre la nicotine... » : « … » ;
– « si la séance de jambes au l'air ne fut pas déplaisante » : « jambes en l'air » ;
– « Maitresses, trafics et consorts » : « Maîtresses » (orthographe traditionnelle) ;
– « dans cette ville de crétins... » : « … » ;
– « Mon amour, je n’ai pas voulu te réveiller, tu étais si beau dans ton sommeil, on aurait dit un ange. Aujourd’hui, tu as la visite médicale et la vaccination. Je t’ai fait un plan sur le dos. On se verra par la suite. Tu as du café et des tartines toutes prêtes sur la table.
Je t’aime, Bérengère. » : entre guillemets ? ;
– « en route d'un pas trainant » : « traînant » (orthographe traditionnelle) ;
– « tout le monde paraissait accroc au fer à repasser » : « accro » ;
– « pardon à ce stade là » : « stade-là » (trait d'union) et virgule après « pardon » ;
– « avec par dessus tout » : « par-dessus » (trait d'union) ;
– « Des hauts-parleurs » : « haut-parleurs » ;
– « Des putains de hauts-parleurs » : idem ;
– « Monsieur Dubois je suppose ? » : virgule après « Dubois » ;
– « oui c'est ça » : majuscule ;
– « De quoi ? Demanda Frank » : pas de majuscule à « demanda » ;
– « la directrice de l’institut » : majuscule ou pas à « institut » (vous ne cessez d'alterner dans le texte et je n'ai pas relevé jusqu'à présent) ? ;
– « Vous me comprenez maintenant Madame ? » : virgule après « maintenant » ;
– « C’est comme si c’était fait ma petite dame » : virgule possible après « fait ».

Un texte très vif, écrit au cordeau. Bien vu.

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Message  Invité Mer 15 Fév 2012 - 17:44

Pas trop accroché par ce récit, sauf peut être par la première partie. Pas mal d'invraisemblances, dont celle qui consiste à prendre l'avion avec un sac empli d'émeraudes. Quant à la suite, elle est vulgaire (en fait, dès l'arrivée de Frank) ; mais c'est certainement dû au portrait qui est fait du personnage. Je ne suis pas arrivé au bout. Désolé.

De plus, le texte demande à être aéré pour un meilleur confort de lecture à l'écran.
Je rejoins coline Dé à propos des formulation incongrues. J'ai noté ((pour ce que j'en ai lu et en toute subjectivité) quelques points qui me "semblent" pouvoir être améliorés :

- mais l’air était si pur et les rues si calmes. Il émanait de cette simplicité une pureté immaculée : pur et plus loin pureté (netteté ?).
- Épanouie, un sourire d’ivoire brillait de mille éclats : curieux. Je n'ai pas trop saisi le sens de la phrase.
- Cela ne l'importait guère : idem (cela n'importait guère ?).
- Comme agréable lui était cette promenade matinale : idem (Combien ?).
- En prévoyance de la fraîcheur des soirées : lourd (Prévoyant la fraîcheur des soirées ?). Prévoyant la fraîcheur des soirées, elle se munit d'un pull bleu-cyan, – tricoté par sa grand-mère –, le fourra dans son sac.
- Il avait tout d'abord suivi de longues études de sociologie, par la suite, son cursus devint : après sociologie j'aurais mis un ";", la virgule ne me paraissant pas rythmer suffisamment la phrase.
- Elle s'imaginait déjà le prendre par la main, lui susurrer dans le creux de l'oreille « Tu es arrivé. Repose-toi à mes côtés et fondons ensemble un paisible foyer. Nous serons heureux ici. » : j'ai cru comprendre qu'il s'agissait d'un collaborateur. Je ne les savais pas déjà aussi intimes.
- Sa chevelure était hirsute, son teint livide, dans ses veines, coulaient encore les nuits précédentes, et de sa sueur qui abondait, s'y mêlaient relents d'alcool, de chair et de cocaïne : livide. Dans ses veines, etc.

Cordialement

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