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Itinéraire désuet

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Itinéraire désuet - Page 2 Empty Re: Itinéraire désuet

Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 16:21

Je ne suis jamais entré dans ce texte, que je prenais pour un éxo tardif "intinéraires ordinaires" post-combustion. Pardon Silène, au moins quelques de mes âneries t'ont épargnées. Je m'y collerai dès que.

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Itinéraire désuet - Page 2 Empty Re: Itinéraire désuet

Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 16:22

Bien, c'est aisé, ça avance.

Remarques, hé oui, que veux-tu :
"Le lendemain." : la précision ne me paraît pas utile
"A soixante-six ans"
"on ne bâtissait qu'avec suffisamment de terrain autour pour qu'on puisse respirer" : un poil lourd je trouve
"les propriétés de plusieurs hectares n'étaient pas rares, (pourquoi cette virgule ?) sur cette colline verdoyante, plantée des oliviers que la légende locale attribuaient à la soldatesque de François 1er qui, (je trouve que le suite des deux relatives se voit) désœuvrée,"
"pleins de boursouflures (le génie de la langue te donne sans doute quitus, mais le TLFi dit : un seul "f" à "boursouflure")"
"la balustrade (et non "balustrades", Phiphi, tout à la générosité de ton style tu fous des "s" là que y en a pas ?) faite de claustras rustiques"
"Appelle-moi Gabrielle"
"― Bon, où il est notre grand homme?
― Dans l'atelier du bas; il dit que le matin, c'est la lumière qu'il lui faut; l'après-midi, il aime bien être au jardin...
Bon, nous y allons"

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Itinéraire désuet - Page 2 Empty Re: Itinéraire désuet

Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 16:26

L'argent circulait peu, bien que le travail du père, maçon de son état, en amenât.
pas joli.

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Itinéraire désuet - Page 2 Empty Re: Itinéraire désuet

Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 16:28

Pour le reste, légumes à profusion, lapins, poules, une petite vigne même, hormis la treille qui courait le long de la maison, et donnait un raisin dit framboise, d'un goût prononcé de fruits rouges, qu'on ne transformait pas en vin, du fait du caractère trop marqué de son arôme
quelque chose ne va pas à l'intérieur de la phrase.

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Itinéraire désuet - Page 2 Empty Re: Itinéraire désuet

Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 16:46

Le travail ne manquait jamais: les premières années du 20ème siècle étaient une éclosion, dans cette région bénie, de toute une prospérité (pourquoi pas simplement : de la prospérité) liée à un tourisme en plein développement, à des transports de plus en plus faciles permettant l'envoi de productions conditionnées à peu près partout non seulement en France, mais au-delà, pour peu qu'on prît la peine de les emballer correctement.
la fin de la phrase me parrait un peu ratatouille. Y'avait moyen de simplifier cette histoire de packaging.

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Itinéraire désuet - Page 2 Empty Re: Itinéraire désuet

Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 16:48

sentant les grandes directions qui allaient se dessiner
à venir : tout simplement : on ne sent pas un dessin , on le voit.

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Itinéraire désuet - Page 2 Empty Re: Itinéraire désuet

Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 16:52

La stabilité monétaire était remarquable: le désastre de 1870 était loin, la vitalité de l'Empire colonial avait grandement contribué à éponger la considérable dette de guerre imposée au pays, qui l'avait néanmoins acquittée en un temps record.
la juxtaposition des deux adjectif en "able" est préjudiciable au style.

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Itinéraire désuet - Page 2 Empty Re: Itinéraire désuet

Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 16:56

La femme et la presque jeune fille -10 ans, bientôt nubile donc, le sang du sud bouillant tôt dans les artères, et amenant cet écoulement intempestif tant fêté dans les contrées où il a sens de mise sur le marché d'un champ propre à être ensemencé, et d'une manière plus réservée aux endroits où les femmes, conscientes de l'esclavage infrangible que la noria des naissances va imposer, se réjouissent certes de ce que la pubère soit admise dans la communauté des femmes, mais sans jouer du cor, descendirent ensemble vers la petite parcelle herbeuse où elles coupaient chaque jour l'herbe fraîche -mais non mouillée, que les lapins ils attrapent la cagade, sinon- à distribuer aux infatigables rongeurs dans leurs cages grillagées.
un très beau morceau, puis plus loin, de la dialectique paysanne : quelle phrase !

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Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 16:57

il faudrait une interligne après record.

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Itinéraire désuet - Page 2 Empty Re: Itinéraire désuet

Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 16:59

à demi-mot
ou à demi-mots ?
je suis persuadé de la seconde à moitié.

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Itinéraire désuet - Page 2 Empty Re: Itinéraire désuet

Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 17:02

il faut mettre cette phrase entre double incise :
Aspect annexe du renforcement bien connu des sens restants lorsque l'un d'entre eux est diminué ou absent; ce qui n'implique pas nécessairement qu'il soit judicieux d'énucléer des nouveaux-nés pour renforcer leurs futurs dons musicaux, comme une lecture rapide des principes de la taille agricole pourrait le laisser penser.
elle est grammaticalement incomplète.

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Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 17:08

Bon , je m'accroche : ça me plait. J'aurais souhaité plus de clarté dans la mise en page, surtout quand tu passes d'une dialectique à une autre, tu me fait tourner la tête avec les revirement de style (je parle bien entendu du premier de tes post) j'ai bien aimé la direction du texte , qui comment dire, zoom progressivement pour se fixer sur les deux personnages.

C'est tout de même une écriture à ne pas lâcher d'une semelle, avec tes digressions et des phrases à tiroir. Je continuerai demain, je suis en manque de concentration, là. Et bravo pour ce deuxième projet.

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Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 17:43

tandis qu'elle surveillait la cafetière et le lait au coin du feu.
t'ain c'est un boulot sur mesure pour moi : on embauche ou pas ?

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Itinéraire désuet - Page 2 Empty Re: Itinéraire désuet

Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 17:45

Les deux femmes œuvraient ensemble, dans une entente détendue, préoccupées l'une de l'autre, la mère s'efforçant de s'acquitter de tout ce qu'elle pouvait faire sans sa fille, et la petite essayant d'alléger sa tâche le plus possible, sans qu'elle le voit. Il lui arrivait de se lever très tôt, réveillée d'un coup, lucide immédiatement, et de filer repasser une pleine corbeille de linge avec le fer à braises, tandis qu'elle surveillait la cafetière et le lait au coin du feu. Elle dissimulait ensuite son travail de telle façon que sa mère ne s'en apercevait qu'au moment de ranger les vêtements dans les commodes et la grande armoire, et que réalisant d'un coup ce que le geste signifiait, en avait les larmes aux yeux. Pas de grandes déclarations, de mamours langoureux, d'embrassades: selon une disposition assez fréquente dans les territoires du sud, une certaine froideur apparente accompagnait les échanges.
c'est quoi ce truc ? Je suis mort de rire, ça me rappelle le dessin animé "Candy" :-))))

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Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 17:50

Le père vivait donc la vie classique des journaliers du bâtiment
au contraire, j'ai trouvé une modernité de l'expression qui fait figure d'anachronisme léger. Maintiens-moi dans ce début de siècle.

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Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 17:54

Mais pour être accepté comme aspirant, qui n'était qu'un préalable, il fallait un niveau technique largement supérieur au CAP, surtout ceux délivrés en nos temps de laxisme et de demande de main d'œuvre faiblement qualifiée.
encore un bond en avant, je ne suis plus sur d'être " en ce temps là ".

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Message  Invité Ven 2 Oct 2009 - 17:58

Phiphi tu me dis si mes annotations te sont utiles ou non, car je suis bougrement en retard par rapport à l'avancée du texte, elles sont peut-être absolument inutiles ?

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Message  silene82 Sam 3 Oct 2009 - 11:53

Easter(Island) a écrit:
En ces temps, on ne bâtissait qu'avec suffisamment de terrain autour pour qu'on puisse respirer: les propriétés de plusieurs hectares n'étaient pas rares, sur cette colline verdoyante,
n'y a-t-il pas contradiction ? (je sais silene, je n'ai probablement rien compris, une fois encore :-))

Comme précédemment, la seule mention de "le lendemain" me semble bien sèche.
Mais j'aime bien la substance qu'apporte à ce passage le paragraphe inséré entre les dialogues. Informatif et de la bonne longueur.
Contradiction? Peste, et où? ll fallait un terrain conséquent pour pouvoir bâtir, au moins un hectare; plus si possible.
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Message  Invité Sam 3 Oct 2009 - 20:38

la restriction introduite par le "que" me gêne (on ne bâtissait qu'avec). Je comprends maintenant le sens mais sur le coup j'ai compris qu'on ne bâtissait que sur des petits terrains. J'ai l'esprit tordu ?

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Message  silene82 Sam 3 Oct 2009 - 20:46

You said so.
En fait, j'explique que cet endroit résidentiel n'est occupé que par des gens ayant sinon fait fortune, du moins acquis une certaine aisance au loin, assez généralement (localement, c'est connu comme le quartier des coloniaux) et même si les règlements d'urbanisme sont souples en ces temps, la municipalité n'encourage la construction que de villas avec un minimum d'un hectare autour.
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Message  silene82 Sam 3 Oct 2009 - 21:10

socque a écrit:Bien, c'est aisé, ça avance.

Remarques, hé oui, que veux-tu :
"Le lendemain." : la précision ne me paraît pas utile
"A soixante-six ans"
"on ne bâtissait qu'avec suffisamment de terrain autour pour qu'on puisse respirer" : un poil lourd je trouve
"les propriétés de plusieurs hectares n'étaient pas rares, (pourquoi cette virgule ?) sur cette colline verdoyante, plantée des oliviers que la légende locale attribuaient à la soldatesque de François 1er qui, (je trouve que le suite des deux relatives se voit) désœuvrée,"
"pleins de boursouflures (le génie de la langue te donne sans doute quitus, mais le TLFi dit : un seul "f" à "boursouflure")"
"la balustrade (et non "balustrades", Phiphi, tout à la générosité de ton style tu fous des "s" là que y en a pas ?) faite de claustras rustiques"
"Appelle-moi Gabrielle"
"― Bon, où il est notre grand homme?
― Dans l'atelier du bas; il dit que le matin, c'est la lumière qu'il lui faut; l'après-midi, il aime bien être au jardin...
Bon, nous y allons"
Papesse de l'orthodoxie linguistique, tu ouvres une vraie question qui me fait souci et, dirais-je, pour reparler mon franco-méridional, me porte peine.
Cela m'ennuie un peu, à dire le vrai, de travestir le discours ordinaire; je sais bien qu'au cinéma, les héros sont bien coiffés, fussent-ils échutés -elle t'a plu celle-là?- d'un quatrième sans ascenseur. Mais moi, le cours redondant et maladroit du discours ordinaire ne me gêne pas outre mesure; répétitions, et autres choses? Ecoutons parler les gens: ils redondent, madame, ils répépient, comme des vieilles, ils remâchent ce qu'ils veulent exprimer, ils le répètent dix et vingt fois, et plus quand ils l'ont sur le coeur. Je dirais même plus (ô mânes de Dupont-Dupont, je vous salue) les tics de langage, les départs de discours sur des mots-démarreurs sont tout à fait réalistes et observables: Daninos, dans ses bonnes heures, avait excellemment écrit sur le "allez", qui permet de n'aller nulle part, et maintient au chaud une bonne petite conversation. Je pense dans les Carnets.
Mais j'entends bien la réserve, et ne suis pas encore trop au clair sur ce que je veux vraiment.
Ah, et j'entends que le génie de la langue, d'un murmure mallarméen, me souffle un nouveau vocable: miss sounia, la mersifleuse. Un prêté pour un quitus.
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Message  silene82 Sam 3 Oct 2009 - 21:12

pandaworks a écrit:
L'argent circulait peu, bien que le travail du père, maçon de son état, en amenât.
pas joli.
Comment, pas joli? Et à quoi ça sert, alors, que Tonin y se décarcasse?
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Message  silene82 Sam 3 Oct 2009 - 21:13

pandaworks a écrit:
Pour le reste, légumes à profusion, lapins, poules, une petite vigne même, hormis la treille qui courait le long de la maison, et donnait un raisin dit framboise, d'un goût prononcé de fruits rouges, qu'on ne transformait pas en vin, du fait du caractère trop marqué de son arôme
quelque chose ne va pas à l'intérieur de la phrase.
Pourtant le raisin n'est pas sulfaté: elle ne devrait pas avoir de soucis de ce genre
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Message  silene82 Sam 3 Oct 2009 - 21:18

pandaworks a écrit:il faut mettre cette phrase entre double incise :
Aspect annexe du renforcement bien connu des sens restants lorsque l'un d'entre eux est diminué ou absent; ce qui n'implique pas nécessairement qu'il soit judicieux d'énucléer des nouveaux-nés pour renforcer leurs futurs dons musicaux, comme une lecture rapide des principes de la taille agricole pourrait le laisser penser.
elle est grammaticalement incomplète.

Je n'arrive pas à voir en quoi; deux points auraient pu faire, explicatifs; mais le point virgule amène un détachement philosophique qui sied bien au propos, selon moi.
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Message  silene82 Sam 3 Oct 2009 - 21:48

pandaworks a écrit:
La stabilité monétaire était remarquable: le désastre de 1870 était loin, la vitalité de l'Empire colonial avait grandement contribué à éponger la considérable dette de guerre imposée au pays, qui l'avait néanmoins acquittée en un temps record.
la juxtaposition des deux adjectif en "able" est préjudiciable au style.
Ah bon, et en quoi?
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Message  silene82 Sam 3 Oct 2009 - 21:51

pandaworks a écrit:Phiphi tu me dis si mes annotations te sont utiles ou non, car je suis bougrement en retard par rapport à l'avancée du texte, elles sont peut-être absolument inutiles ?
Elles sont toujours utiles, t'inquiète; par contre, les anachronismes que tu pointes n'en sont pas: je suis tout le monde à la fois, y compris le narrateur, bien de maintenant, qui commente donc à la lumière de ce qu'il connaît ici et maintenant.
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Message  Invité Dim 4 Oct 2009 - 9:28

silene82 a écrit:
Easter(Island) a écrit:la restriction introduite par le "que" me gêne (on ne bâtissait qu'avec). Je comprends maintenant le sens mais sur le coup j'ai compris qu'on ne bâtissait que sur des petits terrains. J'ai l'esprit tordu ?
You said so.
En fait, j'explique que cet endroit résidentiel n'est occupé que par des gens ayant sinon fait fortune, du moins acquis une certaine aisance au loin, assez généralement (localement, c'est connu comme le quartier des coloniaux) et même si les règlements d'urbanisme sont souples en ces temps, la municipalité n'encourage la construction que de villas avec un minimum d'un hectare autour.
I did.
n'empêche que la syntaxe pèche, dis-je ...

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Message  silene82 Lun 5 Oct 2009 - 9:33

L'atelier du bas. Une grande pièce, extrêmement lumineuse, du fait du mur du sud, face à la pente descendante de la colline et ses oliviers, entièrement vitré; certes dans le nord on sait que la bonne lumière, pour les peintres, comme pour les artisans d'art -Renoir débuta comme petite main en peignant des fleurettes sur porcelaine, à la chaîne-, est zénithale, c'est pourquoi les ébénistes du faubourg St Antoine, marqueteurs et vernisseurs, travaillaient le plus souvent à l'étage de ces grands ateliers à verrières, maintenant réhabilités en lofts, mais l'implacable rayonnement du sud pénètre partout et éclaire tout. Plutôt que l'attirer, on doit plutôt calmer ses ardeurs: des stores de bambou refendu, qui se manœuvraient avec des poulies, permettaient de régler la luminosité selon le souhait du maître. Celui-ci peignait à l'atelier les petites finitions, après avoir ébauché les grandes masses en extérieur; au sommet de son art, malgré les attaques d'arthrite déformante qui commençaient à le persécuter, il épurait sa palette; il est probable que sa vue baissait, aussi, car on commençait à voir une espèce de flou dans ses tableaux, un genre de halo, un peu comme si la terrible et implacable lumière du midi, qui fait se détacher les reliefs avec une telle violence, avait calciné son œil. De ses
grandes toiles qui avaient eu tant de succès, Le Moulin de la Galette ou les Canotiers, peintes trente ans plus tôt, il avait gardé le sens de la composition et le goût de la couleur; mais les grandes fresques ne l'intéressaient plus, sans doute du fait des limitations physiques qui commençaient à apparaître: les formats ordinaires qu'il exécutait étaient moyens, et mettaient en scène beaucoup de nature et peu d'humains; et les humaines qui y apparaissaient faisaient de plus en plus penser à d'antiques divinités, nimbées de soleil qui leur faisait des taches de lumière sur la peau, rebondies, nourricières, splendides.

― Qué pinta noustré boun mestré? (Que peint notre bon maître?) Bien qu'il ne fût pas originaire du midi, non plus que Renoir, au contact des gens du cru, Ferdinand Deconchy avait appris quelques mots de cagnenc, le patois local, variété dialectale issue du provençal, parfaitement compréhensible pour tout locuteur de la grande aire lexicale de la romanité; le nissart, des voisins niçois, était, lui, de l'italien abâtardi, à l'instar du corse, et ne suscitait que haussements d'épaules méprisants; d'ailleurs les provençaux se piquaient de comprendre tous les dialectes d'une mer à l'autre, jusqu'à l'Aquitaine donc, ce dont, soi-disant, les niçois étaient incapables.
― Avec ce beau soleil, mes articulations chantent: en ce moment, ça va Ferdinand; tu cours les patronages, à présent?
― J'ai pensé que cette petite ferait un bien joli modèle...
― Allons, Ferdinand, tu sais bien que tout est modèle, que je finirai peut-être par ne peindre plus que les jeux de lumière sur les feuilles des oliviers; tu as vu d'ailleurs cette ébauche, là: regarde, c'est juste l'arbre dans la lumière de 3 heures …
― Tu l'as habillé d'or...il a l'air...comment te dire...comme les saints des châsses
― Mais je le vois comme ça, dans une poussière d'or , avec les reflets changeant des feuilles et les cigales qui chantent; mais leur chant, malheureusement, je ne peux pas le mettre. Tu vois, il faudrait regarder ce tableau avec la musique de Claude dans l'oreille, tu sais, l'Après-midi d'un faune...
― Comme l'autre Claude...
― Tu sais qu'il avait tout compris, celui-là, avec ses cathédrales, et ses séries chromatiques: par moment, j'ai envie de faire une journée aux Collettes, une suite de vingt tableaux sur le même coin de parc, du petit matin à la nuit...
― Ça serait formidable...mais tu ne travailles pas comme ça...
― Tu sais qu'avec Claude, quand il était venu, on peignait côte à côte les mêmes sujets? Et ça n'avait rien à voir; il me disait
« Auguste, on ne voit pas pareil »
« Heureusement, je lui répondais, sinon personne ne nous achèterait nos tableaux, pour avoir deux fois le même...et trois si tu peignais avec nous... »
― Auguste, moi je suis avant tout un architecte; je peins gentiment, pas plus..
― Tu es trop modeste: tu as par moment une patte proche de celle de Claude; j'ai vu ta pinède, que tu as faite au Cap, Claude n'aurait pas fait mieux; mais où tu es fort, c'est sur les sous-bois et l'eau...
― Ah, j'aime ça, parbleu...
― Alors petite, tu as déjà posé? J'aime bien cette robe, là, avec ces petites fleurs, c'est toi qui lui a dit de la mettre?
― Je ne lui ai rien dit du tout: elle est belle comme un ange et dégourdie comme un ouistiti
― Non monsieur, jamais...
― C'est un peu fatigant, tu sais, mais j'essaierai de te faire poser dehors, de manière naturelle; ce sera plus facile pour toi...
― Vous savez, je suis dure au travail; ça ne me fait pas peur même si c'est un peu pénible...
― Alors écoute...comment tu t'appelles?
― Magali, monsieur...
― Pour aujourd'hui, je vais continuer ce que j'ai en route: j'ai deux collectionneuses qui doivent arriver d'un jour à l'autre, et je n'ai plus grand chose à leur montrer; mais demain, tu viens en début d'après-midi, et je commencerai quelque chose avec toi. Garde la même robe, elle me plait bien: avec ces fleurettes sur ce fond, là, ça va faire de belles tâches de couleur...
― Oh merci, monsieur Renoir...
― C'est moi qui devrais te remercier: sans modèle, comment veux-tu que je peigne?
― Mais vous avez madame Gabrielle...
― Madame Gabrielle, comme tu dis, j'aime beaucoup la peindre; mais quand même, je ne peux pas peindre qu'elle: d'ailleurs l'autre jour, un allemand, il a une galerie à Hambourg, il me disait
« ach meutzieu Renoir, douchour la même vame, douchour: cheu ne beu ba medre blusieurs tapleaux de la même tame tans mon galerie, pas pon, pas pon... »
alors tu vois...
― Vous êtes bien gentil; je viendrai donc demain, sans faute
― Tu restes déjeuner, Ferdinand?
― Il faut que je ramène Magali, sa mère voudra savoir; et j'ai à faire cet après-midi...
― Comme tu veux, tu sais que tu as ton couvert...
― Auguste, tu sais bien que j'aime tout chez toi, la chère, la peinture...ne t'inquiète pas, la petite est assez grande pour se débrouiller seule, je viendrai ces prochains jours passer la journée...
― Amène ton chevalet...
― Avec tous ceux que tu as?
― D'extérieur, non: je n'ai que celui-là...
― J'amènerai mon attirail, c'est dit: puisque on est chez le cordonnier...
― Allons, tu sais bien qu'on a nos manies: je garde mes palettes...
― Je sais bien, Auguste, allez, à bientôt....
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Message  Invité Lun 5 Oct 2009 - 9:54

Un peu étirée, je trouve, la scène, mais plaisante.

Remarques :
"Une grande pièce, extrêmement lumineuse, du fait du mur du sud, face à la pente descendante de la colline et ses oliviers, entièrement vitré" : il n'y a rien d'incorrect dans ce bout de phrase, mais quelque chose me gêne dans sa construction ; je crois que le "entièrement vitré" pourrait être mieux placé, tout simplement
"elle me plaît bien: avec ces fleurettes sur ce fond, là, ça va faire de belles taches (est-ce à toi, Phiphi, que je vais apprendre qu'une tache est une souillure ou, comme ici, un aplat coloré, et une tâche un boulot à faire ?) de couleur"

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Message  silene82 Lun 5 Oct 2009 - 10:00

socque a écrit:Un peu étirée, je trouve, la scène, mais plaisante.

Remarques :
"Une grande pièce, extrêmement lumineuse, du fait du mur du sud, face à la pente descendante de la colline et ses oliviers, entièrement vitré" : il n'y a rien d'incorrect dans ce bout de phrase, mais quelque chose me gêne dans sa construction ; je crois que le "entièrement vitré" pourrait être mieux placé, tout simplement
"elle me plaît bien: avec ces fleurettes sur ce fond, là, ça va faire de belles taches (est-ce à toi, Phiphi, que je vais apprendre qu'une tache est une souillure ou, comme ici, un aplat coloré, et une tâche un boulot à faire ?) de couleur"

Tu as raison, j'ai encore des élégances de gamin: ça m'amusait de dérouter le lecteur en mettant le "entièrement vitré" après les oliviers, insolite, quoique correct syntaxiquement.
Pour la tache, c'est moi qui en suis une, c'est ça?
Bien noté en tout cas.
Merci Kountiss.
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Message  Invité Lun 5 Oct 2009 - 10:12

RAS, sauf peut-être une tendance à la préciosité dans l'échange entre les deux hommes (le passage sur Claude, notamment).

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Message  Invité Mar 6 Oct 2009 - 3:48

2
C'est des angles droits
Ce sont des angles droits ou ce n'est que des angles droits.

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Message  Invité Mar 6 Oct 2009 - 3:49

faux équerre
fausse équerre ?

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Message  Invité Mar 6 Oct 2009 - 3:51

les accueillir dans sa couche.
sur sa couche.

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Message  Invité Mar 6 Oct 2009 - 3:54

2 suite

— Bonjour madame, voilà, nous avons reçu ce coupon pour pouvoir prendre des livres...

Elle restait bras ballants, gauche, intimidée devant ces grandes étagères couvertes de livres, elle qui était si entreprenante dans son univers ordinaire

elle ne peux pas rester les bras ballants, elle tend les coupons à la dame.

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Message  Invité Mar 6 Oct 2009 - 3:59

Je ne sais pas si j'ai bien fait avec ça de la bibliothèque ../.. que des fois ils sont loin sur le chantier; ça fait que tu les as tout pou quand même.

ravissant, touchant, sensible, bravo. tout le passage.

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Message  Invité Mar 6 Oct 2009 - 4:05

Bon bah, même symptome que pour radoub, je n'ai plus trop envie de poursuivre une lecture technique, je me prend d'affection pour tes personnages, je vais les laisser aller jusqu'au bout. N'abandonne surtout pas et choisi une belle couverture.

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Message  silene82 Mar 6 Oct 2009 - 6:41

Quand c'est bouclé, tu peux l'avoir en PDF, quand même plus lisible. Comme tous mes textes, d'ailleurs.
Merci pour tous tes coms: je balance entre formalisme académique et langue populaire parlée et typée sudiste, par exemple en faux équerre, c'est comme ça qu'un maçon le dira dans le contexte. Je ne cherche pas à me dédouaner de tout, mais j'ai essayé de coller assez près de ce que j'ai dans l'oreille d'idiotismes et de formulations quasi dialectales.
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Message  silene82 Mar 6 Oct 2009 - 8:25

Ça me plaît, de tout sûr, ce genre de travail; que en vrai, c'est pas du travail, tu te rends compte, si il faut tu es assise, et tu parles tranquillement, et monsieur a les doigts engourdis, alors on s'arrête, on se promène un peu, que par contre sa colline c'est une vraie sauvagerie, demain je lui dis, té, que même je me porte la faucille, là, et que quand il se fume la cigarette, là, je coupe vite vite toute cette cagagne que c'est une pitié de voir. Il pourrait avoir des bêtes, que ça lui tiendrait propre, et après, à Pâques, tu es bien content de l'avoir dans le four, ton gigot bien plein d'ail et de thym et de romarin. Avec un peu de pebredaï, que ça les parisiens ils connaissent pas. Même ma mère elle y met deux trois feuilles de sauge, que moi j'aime pas trop. Petite, quand le père tuait les lapins, j'étais malade trois jours, j'en mangeais pas, pense, je les avais nourris, dès fois même au biberon: du plus loin qu'ils me voyaient, pecaïre, ils se dressaient dans la cage, avec leur petit nez qui aspire comme une pompe, une fête qu'ils me faisaient...Maintenant, té, les poules, c'est pas compliqué, un coup de hachoir, ta tête saute, je la lâche, elle court comme une perdue en battant des ailes, ça fait rire le petit frère aux larmes. Les lapins, j'ai un peu plus de mal, ça c'est vrai, je peux pas les regarder dans les yeux, que quand je les prends dans la cage, j'ai l'impression qu'ils me disent
« tu me fais ça? »
avec un espèce de reproche triste. Au début, pareil, je les tuais, pardi, on les élève pas pour les regarder, c'est sûr. Moi, je me crois que je serais bien riche riche, je me fais un grand terrain, là, bien clôturé que le renard y peut pas passer dessous, et je les installe comme des princes, que ils gambadent comme ils veulent et on les tue pas; ils meurent de vieillesse, et voilà.
Le pire c'est les agneaux. Que la première fois, quand j'avais dix ans, que le père m'a dit,
« tu viens m'aider »
si j'avais su les cauchemars que ça allait me faire, je serais pas été. Le pitchounet, il pleurait pareil comme un bébé, je disais au père
« mais tu vas pas le tuer, je veux pas »
et il me répondait
« tu penses qu'on l'a nourri pour quoi »
Les cris qu'il a mis quand il lui a ouvert la gorge...mais le pire, c'est que pendant qu'il se vidait de son sang, il avait plus qu'un souffle, j'avais l'impression qu'il me faisait
« Magali, Magali... » à chaque inspiration, je pleurais, je pleurais...
Pardi, maintenant, je me suis habituée; que ma mère, elle est venue me voir après que je m'étais cachée dans la remise, et elle me caressait le front, en me disant
« grande bécasse, c'est la vie, ma pitchoune, c'est bien que tu aies du cœur, j'aimerais pas que ça te fasse rien, mais tu sais, c'est comme ça que le monde il marche. Et tu sais, Magalineto, la vie des femmes, elle est pas tant drôle, tu sais, j'ai perdu deux petits avant d'avoir Raoul, perdus à 6 mois, que déjà je me les voyait, ils tapaient dans mon ventre, tellement ils étaient contents, j'en parle pas, parce que ça met ton père en colère, mais le jour que je les ai perdus, la date, chaque année, je mange pas de la journée, je fais des prières pour eux, je les fleuris. C'est un secret, tu sais, dans le coin, là-bas, pas loin du puits, dans ma tête c'est là qu'ils sont enterrés, j'ai pas mis une petite croix, que ton père il aurait pas aimé, mais je les fleuris, et leur jour, pardi, j'y vais et je leur parle... »
― J'avais bien vu que tu étais toute chose, c'est en juin, non?
― Tous les deux, le premier c'était le 7, le second le 13...mais c'est pour te dire qu'après, j'en ai encore perdu d'autres, après Raoul, après toi...ça m'a pas fait pareil...pour te dire qu'on s'habitue...
― Ça me semble pas qu'on peut s'habituer à des choses comme ça...
― Tu sais, tu verras, le travail, les enfants...tu as pas le temps d'y penser...et heureusement, que sinon tu pleures tout le temps, et ton homme il fout le camp au bistrot, qu'une femme qui pleure, personne reste...
― Ah oui, hein, alors c'est ça les hommes, il faut leur faire à manger, leur tenir la maison, et si on pleure quand on est triste ils s'en vont?
― Non, c'est pas comme ça, qu'est-ce que tu vas croire...ton père, il est brave, simplement c'est la vie, on ne peut pas rester plantée à se lamenter, que peut-être les belles dames qui n'ont rien à faire elles peuvent, mais les pauvres de nous, sûrement pas...pour dire que le petit agneau, pardi, bien sûr que ça fait pas rire, mais c'est la vie, ma chérie, c'est la vie...
Et c'est vrai qu'on s'habitue, maintenant, je dis pas que je suis contente de les tuer, bien sûr que non, mais ça me fait plus pareil. Ils bêlent, eh bé, ils bêlent, qu'est-ce que tu veux y faire. Si il faut, ça fait pareil pour tout, peut-être que quand tu te maries, au début tu fais rien que penser à ton mari, et tu te demandes où il est, et ce qu'il fait, et tu te languis qu'il rentre, et tu prépares tout bien bien pour l'accueillir, et tu lui sautes dans les bras; et peut-être que petit à petit, tu t'habitues, pardi, il rentre, eh, toi, tu es aux poules, et tu t'es pas changée, et il te trouve comme une pauvresse, avec les habits d'être au jardin, alors sûr, tu lui fais pas envie, et toi, tu te sens pas belle, tu as pas envie de l'embrasser, que tu es pas contente qu'il te voit comme ça. Ce qu'il faudrait, presque presque, c'est être marié comme si on était fiancé, que quand tu vas voir ton amour, tu te prépares, évidemment, tu vas de dimanche, toute fraîche, tu te parfumes, que le droguiste il a une eau de lavande formidable, et là, moi je me crois que ça peut durer longtemps. Té, même, il faudrait des maisons différentes, que quand tu as les choses des femmes, que des fois ça te rend toute nerveuse, tu le vois pas, et c'est très bien comme ça. En fait, avec de l'argent, ça serait des choses qui seraient possibles; moi je suis sûre que l'amour il durerait mieux et plus longtemps. La dame, c'est une peu des choses comme ça qu'elle dit dans son livre, que les femmes, elles doivent avoir les mêmes droits que les hommes, déjà qu'elles font pareil ou pire: là elle va fort, la dame, elle dit que les femmes elles prouvent qu'elle sont plus courageuses que les hommes rien que parce qu'elles accouchent. Même elle disait qu'à la Révolution, c'est elles qui ont fait le plus. Je sais pas si c'est vrai, mais elle, ils lui ont coupé la tête, alors qu'elle avait rien fait de mal. C'est sûr que dans ce moment, ils se la coupaient tous, tu as dit ça de moi? Tribunal, jugement, guillotine. Ça y allait fort, pardi, le procès, il était vite bouclé: tu as tort, ne discute pas.
J'ai quand même bien de la chance, si tu penses: hier je fais les fleurs, que ça paye pas lourd, les fleurs, avec toutes les filles qui voudraient bien le faire, ils te font travailler la matinée au début pour voir combien de bannettes tu prépares, eux ils savent combien ils veulent, tu fais pas assez, adieu petite, va te chercher le travail ailleurs; que le travail, le travail, il n'y en a pas tant que ça: pour nous autres, là, qu'on a pas été aux études, ma pauvre mère elle aurait voulu que j'y aille, je le sais, mais ça c'est pas fait, bon Raoul lui il est bien parti.
Ma mère je le sais bien qu'elle se rêverait pour moi que je serais fonctionnaire, là, demoiselle de la Poste, bien habillée, les vacances, le salaire qui tombe, la retraite au bout; mais moi, je lui dis pas, mais ça me fait pas envie. Que la sœur de Gisèle, là, elle m'a dit comment le receveur, là, celui pas beau avec le lorgnon, il lui faisait comprendre que sa place, elle l'avait pas encore, et qu'il valait mieux qu'elle soit gentille...
Sans rien faire, j'en reviens pas: monsieur le peintre qui me prend comme modèle, que nous on n'en sait rien, mais que si ça se trouve, le tableau, il part en Amérique...Tu te rends compte....
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Message  Invité Mar 6 Oct 2009 - 8:40

Superbe ! J'ai adoré. Le personnage de Magali s'affirme, et ce mélange de fragilité, de fatalisme mais aussi d'énergie m'enthousiasme. Chapeau bas.

Là :
"Ce qu'il faudrait, presque presque, c'est être marié comme si on était fiancé, que quand tu vas voir ton amour, tu te prépares, évidemment, tu vas de dimanche, toute fraîche, tu te parfumes, que le droguiste il a une eau de lavande formidable, et là, moi je me crois que ça peut durer longtemps. Té, même, il faudrait des maisons différentes, que quand tu as les choses des femmes, que des fois ça te rend toute nerveuse, tu le vois pas, et c'est très bien comme ça.",
j'ai pensé à Belle du Seigneur, non par le style, mais par l'idée. ("Une grande passion ne résiste pas à la perte de deux incisives", pardon, je cite de mémoire.)

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