Quatrains pour un nuage

Bonsoir Cythéria, dans la mesure où j'ai l'impression que vous avez voulu écrire en alexandrins classiques, je me permets de vous signaler ci-dessous les vers qu'on ne peut scander en douze syllabes selon les règles de la prosodie française.
Selon ces règles, toutes les syllabes comptent, même celles muettes oralement, sauf :
- les syllabes muettes oralement situées en fin de vers ;
- en cours de vers, les syllabes muettes oralement qui sont les dernières d'un mot se terminant par la lettre "e", à condition que le mot suivant du vers commence par une voyelle ou un "h" muet.

Occupée à relever les vers qui ne comportaient pas douze syllabes, j'avoue que le fond du texte m'a échappé, mais il m'a donné une impression générale de pompeux.

Sauf avis contraire, les vers ci-dessous comportent treize syllabes :
Où-tant-de-trans-pa-ren-ces-ont-bro-yé-les-nu-ages
Sous-les-cen-dres-lé-gè-res-de-ssi-nant-mon-nau-frage
Co-mme-des-sol-dats-de-te-rre e-ffri-tés-de-mi-rages
Qui-fi-ni-ssent-en-pou-dre-sous-leur-ven-tre-bleu-i
De-sou-dai-nes-co-ro-lles-où-se-froi-sse-l’é-ther
J’en-tends-sour-dre-l’e-ffroi-co-mme-to-ni-true-la-guerre
J’en-tends-mon-ter-l’é-cu-me-vers-la-grè-ve-nou-euse
Puis-le-cha-grin-me-di-re-que-j’ai-per-du-l’a-mour
Lor-sque-la-mer-en-cer-cle-la-dé-men-ce-du-jour
Qui-pen-dait-les-men-son-ges-aux-pou-lies-de-mon-âme (et puis une âme qui a des poulies, franchement, j’ai du mal, je trouve l’image burlesque)
Né-ce-ssai-re é-ga-le-ment-à-l’a-llon-ge-du-Temps
En-fi-gu-res-o-bscu-res-qui-tra-ver-sent-nos-vies
Co-mme-ces-ports-rou-illés-par-le-sel-des-vents : 11 syllabes
Je-vois-pa-sser-des-mon-des-pla-car-dés-de-so-lei
Dans-les-lé-zar-des-blan-ches-qui-a-ssè-chent-mon-corps
Je-vois-des-ma-ppe-mon-des-fi-ssu-rées-de-ri-vières

Bonjour Socque,

Je connais les règles classiques que vous énoncez mais votre commentaire a permis de mieux souligner les libertés que je prends par rapport à elles...
J'aurais aimé que mes vers soient assez beaux pour pouvoir vous emporter sur leurs ailes et vous faire oublier ce mélange de poésie classique et libre. Mais cela n'a pas été le cas!:)
Merci encore pour vos remarques et je publie à la suite une autre version de ce poème, beaucoup moins chargée en image mais plus accrochée au sens.
Bonne continuation à vous:)

En tout cas c'est nettement plus agréable à lire, trouve-je. Bravo pour le remaniement. Sinon, étant très mauvais réciteur d'alexandrins, je ne peux pas commenter.

Cythèria,

Mon propos va peut-être vous irriter et je vous en demande par avance pardon :

On perçoit dans votre texte une indéniable force poétique s’épanouissant en images parfois magnifiques et pourtant, me semble-t-il, l'ensemble ne fonctionne pas très bien.

Cela vient d'un excès de recherche qui confine au maniérisme, comme si vous aviez voulu que chaque vers contienne son pesant d'or et métaphores. Du coup, voilà, à mes yeux, un poème en surcharge pondérale, d'un baroque décadent et pâtissier.

J'en veux pour illustration le premier vers :

" J’ai vaqué dans les nues aux armes d’un délire "

Certes, les sonorités sont belles, mais la pertinence de la formule reste obscure. J'avoue avoir échoué à comprendre ce que signifie ou suggère
" vaquer aux armes d'un délire " et, pour ne rien vous cacher, je trouve l'expression creuse et tape-à-l' œil.

Je suis vraiment navré de vous dire cela, car d'un autre côté, je mesure le travail que représente une telle écriture et je me dis que vous avez assurément un vrai talent poétique.

Si je pouvais m'enhardir à vous conseiller, je vous recommanderais de conserver cette vigueur tout en recherchant une écriture un soupçon plus épurée.

Je ne saurais pas dire mieux qu'Hellian pour exprimer mon ressenti à l'égard de ce poème dont j'admire chaque détail, presque chaque vers pour sa musicalité mais qui me fait l'effet d'une beauté trop maquillée, trop apprêtée.
J'aurais envie de la débarbouiller un peu pour voir, comprendre ce qu'elle cache sous ses fastueuses peintures.

Merci beaucoup Hellian et Arielle pour vos commentaires précieux!:)

Voici une nouvelle version de ce poème qui ne peut plus s'appeler "Quatrains pour un nuage" car ces derniers ont volé en éclats...:)

*


J’ai vu s’ouvrir
Les nues
Sous l’aile d’un
Délire

Ma propre transparence
Jouant dans les nuages

J’avais imaginé
Que résonne ta Lyre

Sous les cendres
Légères
Dessinant mon naufrage
…

Lorsque la mer
Encercle

La démence du jour

Pour épouser le ciel
De ses vagues furieuses

J’entends bruire l’écume
Sur la grève noueuse

Et son sel creuser
Mon impossible
Amour


Je vois passer des mondes
Placardés
De soleil

Sur mes désirs cloués
Aux margelles
Des lames

Si des lézardes blanches
Accroissant le sommeil

Effritent
Sur les dunes
Le sel de mon âme


J’aperçois des mirages
Effondrés
En poussières

Tiraillant l’atmosphère
D’ombres
Evanouies

Lorsque l’espoir
S’enfuit
Vers des lointains de ciel

Et s’estompe
D’un coup

Sous leur ventre bleui.


Je sais tant de mensonges

Fissurés
De chimères

Suspendus aux poulies
De mes rêves blessés

Que le monde
Se plie
Dans une marge de terre

Pour gréer
L’horizon
De confins en papier
...


Sous l’allonge du Temps
Comme des pantins
En larmes

Nous traversons nos vies
A l’orée
Des jetées

Comme ces ports rouillés
Par le vent
Qui s’enflamme

Laissent l’infini
Mourir
Sous le cri des voiliers


*

Cythéria a écrit:Voici une nouvelle version de ce poème qui ne peut plus s'appeler "Quatrains pour un nuage" car ces derniers ont volé en éclats...:)

Alors il vaudrait mieux poster à part cette nouvelle version, si différente, et lui donner un autre titre

A propos de la dernière version, découpage et blancs ne me plaisent guère, je trouve qu'ils apportent peu au texte, si ce n'est un éparpillement.

Ceci mis à part, j'ai apprécié l'ensemble pour tout ce qu'il évoque, pour ces silences qui se cachent derrière les mots. Attention ceci dit à l'usage trop appuyé du JE/J' dans le texte, ça prend beaucoup de place.

Pour le reste, rien à dire si ce n'est que j'ai aimé.