Oui-Oui contre la World Toy Company

Chapitre 1

Quelle époque ! Enid Blyton avait-il imaginé un tel foin en créant le pays des jouets ? Non, évidemment non… Depuis le débarquement de l’ère de la consommation chez nous, c’était le foutoir. Heureusement, le centre-ville avait été épargné, il restait quasiment le même ; Mélissa continuait à tenir son échoppe, Monsieur Lapompe réparait vélos et machines diverses, Potiron vendait ses potions magiques… Ouais, là on s’y retrouvait comme au premier jour…
Mais avec l’arrivée des Barbies, G.I. Joe et autres Playmobil, une banlieue infecte était née en périphérie de notre bon vieux bourg. Désormais, le danger rodait aux pays des jouets. Et ce n’était pas de la blague Carambar comme les coups tordus des Lutins. Non, c’était règlements de compte à OK Coral. A chaque coin de rue pouvait surgir un Pokemon vous farcissant la tronche avec des boules d’éclairs. Des égouts, sortaient des saloperies de tortues mutantes, des Ninja qui vous fracassaient à coups de sabre en polyéthylène. Sans compter les Power Rangers, des guignols habillés de latex qui vous perçaient la barbaque de leurs flingues au laser !
Franchement, le pays des jouets devenait la zone.
Certains y trouvaient quand même à faire leur beurre. Monsieur le Gendarme avait multiplié ses effectifs. Dans son équipe, des figurines Batman et SpiderMan faisaient les rondes de nuit. Monsieur Lapompe n’en finissait plus de remplir son garage de caisses nouveau modèle : Majorette, Hotwheels ou Burago. Le salon de thé de Dame Chatounette s’était métamorphosé en un pub branché. ActionMan et G.I. Joe discutaient bout de gras, un verre à la main... Les raclures de Maîtres de l’Univers y jouaient au Monopoly... Les haut-parleurs crachaient des musiques destroy : Chantal Goya ou Dorothée. Dans ce tripot mal famé, les effluves nauséeux de sucreries et pâtisseries vous brûlaient les narines.
Malgré ça, je restais fidèle à ce lieu. Ce soir-ci, après ma tournée de taxi, je me rendis chez elle comme d’habitude.
Je poussai la porte. Quelques bonshommes Lego s’étripaient devant une partie de Nintendo. Les bruits et musiques de Mario Bros hurlaient à déchirer les tympans. Une foultitude d’autres figurines « made in Taïwan » se rafraîchissait le gosier. Au milieu de la foule, j’aperçus Dame Chatounette, belle et gracieuse. Elle vint à ma rencontre.
— Salut Oui-oui, dit-elle avec sa voix de miel. Je te sers ta boisson ?
— Comme toujours.
— Une menthe à l’eau, alors...
— On the rock !
— Bien sûr ! dit-elle en clignant d’un œil taquin.
Elle s’enquit alors de ma commande et s’éclipsa derrière le bar. Je bousculai un bonhomme Fisher Price pour trouver une table. Ce dernier me lança un regard hostile et dédaigneux. Il n’était pas content ? Alors qu’il dégage du pays du jouet ! Je feignis l’indifférence et me dirigeai vers le fond.
Une voix m’interpella :
— Hé ! Oui-oui ! Tu viens te joindre à moi ?
Je me retournai. Monsieur Culbuto, campé sur son cul rond et plombé, se dandinait et oscillait. C’était un des doyens : un personnage rondouillard, taillé dans une pièce de bois comme moi. Je lui souris et aquiesçai :
— Avec joie, mon pote !
On se tapa cinq doigts. Je tirai une chaise et m’attablai face à lui.
— Ca roule le business ? me demanda-t-il.
Il sortit un sucre d’orge. Un modèle barreau de chaise, qu’il se cala dans la bouche. Je le suivis en extirpant un bâton de réglisse d’un paquet de vingt.
— Pas aussi bien qu’avant, soupirai-je. La concurrence est rude. Y’a Ken, le mec de Barbie, qui se la pète taxi avec sa Porsche rose bonbon !
— Ah la Barbie… dit Monsieur Culbuto avec un air rêveur.
— Tu es amoureux?
— Amoureux ? Non, bien sûr que non ! Je la trouve bien roulée... Et je lui ferais bien un de mes tours.
Dame Chatounette arriva avec ma menthe forte. Je la remerciai d’un hochement de tête qui fit tinter mon grelot de bonnet.
— On fantasme sur les poupées de plastique ? demanda-t-elle.
— Et comment ! s’exclama Monsieur Culbuto.
— Ah les mecs ! De toute façon elle est régulière, fidèle à Ken…
— Mon cul ! s’écria-t-il.
— Ton cul ? C’est un demi-melon plein de ferraille !
— Dis-donc Chatounette, s’indigna Culbuto, il était plutôt à ton goût y’a pas si longtemps !
Sur ces mots, elle fit un geste de lassitude et se barra en cuisine.
— Tu t’es tapé Dame Chatounette ? demandai-je avec étonnement.
— Ben oui ! D’après toi, pourquoi on m’appelle Culbuto ?
— Parce que t’es un culbuto, pardi !
— Que dalle ! Parce que je suis le roi de la culbute. Je l’ai culbutée, oui, comme je culbuterai la Barbie !
— Tu parais certain de toi.
— Je sais qu’elle découche.
J’écrasai mon mégot de réglisse dans le cendrier. J’enfournai une gorgée de menthe. C’était le breuvage des braves, un liquide fort qui arrache. Pas le genre pour fillettes, comme le milkshake que se descendait les personnages Lego…
— Tu sais avec qui ? demandai-je.
— Ouais, avec ActionMan. Je crois que je vais avoir du mal à rivaliser…
— Putain, mais ça pourrait faire mon affaire !
— Toi, Oui-oui, t’as une idée derrière le citron.
— Réfléchis deux secondes. Toi tu veux Barbie, moi je veux virer Ken.
— OK, mais en virant Ken, il reste toujours ActionMan.
— Pas forcément, dis-je avec un sourire malicieux.
— Continue, tu me plais gamin !
— Je vois Ken, je lui fais la causette. Dans l’histoire, je lui balance que sa gonzesse se siphonner l’abricot par ActionMan. Il va mal le prendre. Fleur bleu comme il est, il va vouloir se venger et jouer au chevalier blanc. Là, il refroidit ton ActionMan.
— Admettons qu’il réussisse, il faudrait raidir Ken après coup.
— Pas la peine, on le dénonce. Monsieur le Gendarme ou Batman le collera en taule pour meurtre.
— Pas mal, pas mal… Mais ActionMan est bardé de pétards. Il est aussi expert en arts martiaux. C’est pas une fiote comme Ken qui clamsera ActionMan, non.
— Ca m’étonnerait qu’ActionMan porte ses calibres au pieu. Il faut savoir où il va baiser Barbie, là il sera vulnérable.
— J’en fais mon affaire ! ActionMan et Ken en moins, ça va faire du grand nettoyage au pays des jouets !
— A moi le monopole des taxis, et à toi la Barbie.
— Ca roule, Oui-Oui. Mais toi… T’es pas intéressé par la Barbie?
— Pas mon genre… J’aime pas les jouets en plastique. Mon genre ce serait plutôt les peluches.
— La Chatounette est libre. D’expérience, je sais qu’elle est pas contre les bites en bois.
— Elle est canon, certes. Mais j’ai une nana dans la peau.
— Pas Madame Ouistiti ?
— Je suis déjà sorti avec… Elle bouge bien, mais c’était une erreur.
— Pas pratique la levrette avec sa queue de singe qui valdingue, hein ?
— Tu l’as culbutée aussi ?
— Réveille-toi ! J’ai culbuté presque tout le pays des jouets ! Foi de Monsieur Culbuto.
— Mélissa aussi ?
— Dans le train électrique. Pas une nitouche, je lui ai défoncé le petit.
— Les poupées russes ?
— Toutes en même temps ! Je les ai bien emboîtées.
— Et Mirou ?
— L’ourse en peluche ? Non, elle est toujours avec Nestor l’ours en peluche…
— Hélas, soupirai-je.
— Alors c’est elle ? T’es croc de Mirou?
— Je l’ai dans la peau, ouais.
— T’as pas de peau ! T’es un pantin de bois, Oui-oui !
— Mais comme les arbres, j’ai un cœur.

Chapitre 2

Le lendemain matin, je décidai de trouver Ken. La nouvelle mode Mattel était l’exotisme, alors j’étais sûr de le choper sur une plage en train de surfer. Sortant de chez moi, je montai dans ma caisse. Ma caisse… C’était une authentique Dinky Toy avec essieux en fer et châssis en acier galvanisé. Comme bagnole, on n’avait jamais fait mieux !
Assis au volant, j’en étais fier. Je remontai les rues du pays des jouets, doublant les Majorettes à deux balles, klaxonnant les Burago branlantes. Après quelques minutes à travers champs, j’atteignis la plage. Je ne m’étais pas planté. Au loin, glissant sur l’eau, je vis mon homme. Ken faisait le mariolle sur une planche de surf, affichant un agaçant sourire Colgate. Je lui aurais bien fait avaler ses chicots pour calmer sa joie de « Monsieur Parfait ».
En descendant de mon taxi, je fis mine de me balader tranquillement. Foulant le sable de la plage, je m’approchai négligemment. Alors Ken m’aperçut et vint me saluer. Il semblait heureux de me voir. On entama la conversation sur nos taxis. Il me raconta des trucs soûlants sur sa Porsche : il avait trafiqué son moulin, la peinture rose était métallisée, son autoradio crachait 300 Watts... Il me gavait sévère, mais je fis mine de m’intéresser à ses bobards de macho féru de mécanique.
Puis, dans la discussion je lâchai une allusion à Barbie. Il embraya direct et sans transition sur des élans amoureux, mièvres et ridicules. Je feignis l’étonnement :
— Je croyais que Barbie et vous, c’était de l’histoire ancienne.
— Pardon ? Non, on file le parfait amour ! D’ailleurs Mattel nous a dit qu’on aurait une petite fille, en plus du yorkshire.
— Alors Barbie a rompu avec ActionMan…
— Oui-oui, de quoi parles-tu ?
La voix de Ken se mit à trembler. Son visage se transforma en un masque blanc et livide. Je savais que j’avais marqué un point, il me fallait l’achever :
— Pas plus tard que mardi, j’ai vu ta femme copuler avec ActionMan. Elle y allait de bon cœur !
Là, je sentis qu’un mélange de chagrin et de colère freinait toute réflexion dans la caboche de Ken. Il avait le cœur brisé. Il avait le ciboulot en marmelade.
Les dents serrées, les yeux gonflés de larmes, il s’écroula genoux au sol. Voir ce petit prétentieux anéanti par moi — Oui-oui petit pantin de bois — me fit sourire intérieurement.
Je lui donnai une tape sur l’épaule, faussement compatissante. Ken me raconta des salades à gober : « Oui-oui, t ‘es un vrai pote », « Oui-oui, merci d’être là ! ». Mais il pouvait bien chialer ! Ce petit con hautain me prenait le massepain de la bouche, je n’allais pas me laisser entuber.
En se relevant, il essaya de formuler une phrase. Mais il avait le cerveau embrumé, ses idées se mélangeaient. Incapable de réfléchir, il balbutia :
— Oui-oui, que dois-je faire ?
Alors je lui dis ce que j’attendais de lui. Qu’il aille buter ActionMan.

Chapitre 3

Le soir même, je retrouvai Monsieur Culbuto. Entre temps, on avait refilé un tuyau de première à Ken : Barbie et ActionMan faisaient de la voltige dans le quartier Mécano, un quartier en construction. Mais on voulait être certain de notre coup. On avait alors fourgué à Ken un pistolet laser, chouravé à un Power Rangers trouvé ivre mort chez Dame Chatounette. On décida aussi de l’espionner. Il nous fallait regarder comment notre poulain allait refroidir ActionMan.
Avant de partir, on alla donc voir Potiron. Je n’étais pas complètement confiant. On aurait peut-être besoin de quelques potions…
Dans une ruelle obscure, derrière le pub, Potiron faisait le planton sous la lumière faiblarde d’un lampadaire. Coiffé d’un bonnet rouge, flanqué d’une grande barbe broussailleuse, ça lui donnait une allure sombre et mystérieuse.
En nous apercevant, il m’interpella sèchement :
— Hé Oui-oui, c’est pas un endroit pour les gamins ! J’espère que t’as de l’oseille ! Heureusement que Monsieur Culbuto fait la nounou !
La voix grave et éraillée de Potiron résonnait entre les murs. J’attendis qu’il me lance une dernière vanne, comme il en avait l’habitude. Alors je lui expliquai notre affaire : liquider deux jouets de plastique.
— ActionMan et Ken ? dit-il. Ouais, j’en suis !
— T’aurais pas une fiole ou deux qui pourrait nous être utile ? hasardai-je.
— Les potions classiques : Lévitation, feu, philtre d’amour, passe-muraille... Mais j’ai aussi deux nouveautés, du top !
— Vas-y accouche, faut pas qu’on loupe notre rendez-vous !
— Invisibilité et télékinésie.
— Je te prends passe-muraille et invisibilité. Ca va nous être utile pour mater le boulot.
— Ca te fait 300 pièces en chocolat. Mais comme c’est pour la bonne cause, je te les fais à 200 pièces.
— T’es qu’un putain de rapace, Potiron !
— Allez, 200 pièces ! Et je te file la télékinésie en bonus !
— Rien à foutre de ta télékinésie !
— A prendre ou à laisser, dit nonchalamment Potiron.
Je grommelai de rage. Puis je fouillai dans mon short un sac de 200 pièces. Je lui lançai le blé à la gueule.
— Merci Oui-oui, dit-il ironiquement. C’est toujours un plaisir de faire affaire avec toi, gamin !
— Va te faire mettre en rayon à Toys’R’Us ! lui lançai-je.
Sur ces mots, j’arrachai les trois fioles que me tendais Potiron. Puis, Culbuto et moi regagnâmes mon taxi.

* * *

Une heure plus tard, on arriva aux abords du quartier Mécano. La frontière n’était pas très clairement établie. Les grandes entreprises de travaux publics, Mécano, Lego et Megablocks se battaient pour marquer leurs territoires. On était à la frontière Lego-Mécano : un No Man’s Land composé d’éléments de construction hétéroclites.
Je parquai ma caisse dans une maison Lego en cours de montage. A cette heure tardive, les ouvriers avaient quitté le chantier. On continua notre chemin à pied. Les buildings Mécano étaient massifs, imposants. On avait l’impression d’être regardé de haut par ces tours de tôles et de boulons. Mais le problème avec ces immeubles en kit, c’était qu’ils n’étaient jamais finis. Conclusion de l’affaire, personne n’habitait le quartier. ActionMan avait bien choisi son baisodrome ; à la tombée de la nuit, le coin était désert.
Arrivant devant une bicoque aux couleurs criardes (murs jaune citron, toit rouge grenadine), Culbuto murmura :
— C’est la garçonnière d’ActionMan !
Je l’aurais deviné. Une jeep militaire, équipée de vingt ou trente canons, trônait devant la cahute.
— Ils sont déjà là, dis-je en désignant la caisse d’Action Man. Utilisons les potions de Potiron pour rentrer.
Ni une, ni deux, nous bûmes le liquide âcre d’invisibilité, ainsi que le sirop amer de passe-muraille. On s’observa l’un l’autre. Nos corps devinrent translucides, puis transparents. En trois secondes, nous étions incapables de nous voir. J’entendis juste Culbuto qui chuchotait.
— Oui-oui, allez viens !
Alors je pénétrai dans la piaule, glissant à travers les murs telle une lame dans du beurre.
Là, on découvrit Action Man. Je pourrais dire « en pleine action », si ce n’était un pléonasme. Le gars bodybuildé, allongé sur un lit métallique, se faisait fougueusement chevaucher par la Barbie. Elle tortillait de la croupe avec autant de désir que moi en demandant une menthe forte. Aux couinements simulés de Barbie, s’accompagnaient les couinements du frottement de leurs deux corps de plastique.
Au pied du plumard, gisaient les vêtements, un austère treillis militaire et une robe de princesse à franges multiples.
Aucune sensualité. Un plaisir artificiel, grotesque. Je me demandai ce qu’ils trouvaient à leurs ébats... Peut-être le goût de l’adrénaline ? Peut-être l’excitation de l’interdit ?
Je n’eus pas le temps de me choisir une réponse. Un fracas se fit entendre. La porte de tôle péta hors de ses gonds. Ken, encore habillé de ses habits de plage, entra avec son calibre à la main.
— Tu… Tu vas crever... dit-il angoissé.
Voilà ce que je craignais. Ken, le joli cœur, aurait à peine les couilles de sauver sa dignité. J’avais envie de lui crier : « Hé ! Lopette ! Ta gonzesse te fait cocu sous tes yeux, et t’es à peine capable de l’injurier comme un homme ! »
Par contre, Action Man ne se laissa pas démonter. Il fit signe à Barbie d’arrêter son manège d’esbroufe. La poupée se couvrit de sa robe avec une pudeur feinte. ActionMan enfila son futal, et il boucla sa ceinture bourrée de pétards.
— Allons, minable, tire ! hurla-t-il. Tu vas apprécier descendre un type qui a les paluches vides !
Action Man frotta ses mains et montra ses paumes désarmées.
— Tire, gros nul ! reprit-il. Incapable de satisfaire ta femme, t’es aussi incapable de satisfaire ton égo ! T’es pas réglo… T’es qu’un lâche ! Viens t’expliquer dans la rue !
Ken se fit bousculer sans ménagement, pourtant il ne broncha pas. Il accepta même un combat à la régulière. Notre coup était mal barré, bien mal barré…
Trois minutes plus tard, les deux figurines de gomme se retrouvaient dans la rue. ActionMan se débarrassa de son flingue, Ken l’imita comme un débile.
Alors, caché grâce à la potion d’invisibilité, je matais la scène aux côtés de Barbie. Adossée à un mur, elle semblait se désintéresser de l’issue de ce pathétique combat de coqs. Ou alors elle devinait que son amant allait bouler son mari en moins de deux.
C’était ce qui se passa ; en un coup de rangers, ActionMan dévissa la tête de Ken. Celle-ci alla rouler jusqu’aux pieds de Barbie qui tourna de l’œil et s’écroula sans connaissance.
J’avais eu ce que je voulais. A moi le monopole des taxis aux pays des jouets ! Mais un événement inattendu survint. Culbuto et moi redevenions visibles. ActionMan, en nous remarquant, courut ramasser son pistolet.
A ce moment, j’eus un réflexe. J’avalai la potion de télékinésie, cul sec. Un phénomène étrange se produisit. J’avais l’impression de faire un avec les objets qui m’entouraient. Je pouvais les contrôler comme si j’étais reliés à eux par des fils invisibles.
Alors, par la force de mon esprit, je fis démarrer la Porsche rose de Ken. Le moteur se mit à vrombir. La bagnole écrabouilla ActionMan tandis qu’il essayait de ramasser sa pétoire.
Mais le choc n’avait pas été pas assez rude. Le baraqué, bien qu’un peu sonné, se redressa lentement. Il se tourna vers moi et me lança une menace :
— Je vais te faire la peau !
— De la peau, il paraît que j’en ai pas ! Je suis en bois !
— Je vais te transformer en sciure, et j’en ferai de litière pour Dame Chatounette !
— Touche du bois, d’abord… Parce que c’est pas ton jour de chance !
Je démarrai une nouvelle fois la Porsche. ActionMan se retourna. Aveuglé par les phares, il vit avec effroi la caisse foncer sur lui. Cette fois-ci, la figurine explosa à l’impact. Les morceaux de l’ActionMan démembré voltigèrent à travers le quartier.
Ainsi finirent les deux playboys à la gomme. C’était la première fois que je cassais un jouet, et pourtant ça ne me faisait ni chaud ni froid. Même une tournée de taxi me donnait plus d’émotions...

Chapitre 4

Après une paisible nuit de sommeil, j’étais attablé chez Dame Chatounette. Je prenais tranquillement mon petit-déj : chocolat au lait et bonbons à la pistache. Enfin, presque tranquillement…
Monsieur le Gendarme entra en trombe dans le pub. Il jeta un coup d’œil circulaire dans la salle. Il me repéra et vint s’installer face à moi.
— Salut Oui-oui ! Je peux m’asseoir ? demanda-t-il.
— Vous l’êtes déjà, dis-je en suçant un bombec.
— T’es un drôle, gamin. Mais des trucs drôles, j’en ai eu ma pelle hier.
— Alors allez-y. Faites-moi rire.
— C’est l’histoire d’un gars cocu jusqu’à l’os. Alors il est pas d’humeur…
— Ca se comprend, non ?
— Ouais, et comment ! Alors il veut descendre le mec qui se tape sa femme. Il va voir sa putain se faire troncher par le guignol. Pour ça, il emporte un flingue. Curieusement, il ne s’en sert pas. Il préfère se battre à mains nues. Résultat, il se fait arracher le caisson.
— Y’a rien de drôle. Mais continue, ça meuble mon repas.
— C’est là que ça vient. La nana tombe dans les pommes. L’amant se fait détruire par une bagnole sans chauffeur, la bagnole du cocu !
— Peut-être que sa bagnole avait des états d’âme. Ou alors, peut-être qu’il est magique son char !
— Exact. Sur les lieux, j’ai découvert des stupéfiants, des potions magiques. Certainement de Potiron. Et, il paraît que tu fréquentes ce type.
Le Gendarme balaya mes bonbons pour faire place net. Il aligna fièrement trois flacons vides sur ma table. J’en pris un. Je l’observai pour faire croire qu’il m’intriguait, puis je le reposai.
— Je me drogue pas, répondis-je froidement. Je suis clean, je prends pas de potions magiques. Si vous voulez m’accuser, allez-y.
— Je vais te dire un truc. La première victime est Ken, la deuxième est ActionMan. Ce qui fait que, maintenant, t’es le seul taxi au pays des jouets ! Ca devrait te faire sauter de joie, hein ?
— Je me suis jamais plaint de Ken. Et puis, ça tient pas votre baratin. ActionMan n’était pas taxi.
— C’est vrai, c’est vrai… Mais t’inquiète pas ! S’il y a un lien, je le trouverai ! Bonne journée, Oui-oui !
Il se leva et réajusta son casque. Moi, je ne relevai pas la tête, je ne le saluai pas. Je continuai à siroter mon chocolat. Ses manœuvres d’intimidation ne m’inquiétaient guère. Ce n’étaient pas deux ou trois fioles qui constitueraient des preuves. Quant à Potiron, s’il parlait, j’en savais assez sur lui pour l’envoyer au trou jusqu’à ce que Noël soit rayé des calendriers.
Non, le Gendarme ne me troublait pas…
Par contre, l’ourse Mirou…

Lorsque je sortis du pub, je la vis au loin. Elle traversait la rue pour, vraisemblablement, s’occuper de son jardin. Comment pouvait-on résister aux charmes d’une ourse peluche ? Son corps rond et molletonné me donnait une irrésistible envie de la serrer contre moi. Je m’imaginais plonger dans la chaleur moelleuse de son ventre, rebondi à souhait tel un coussin duveteux. Ses poils soyeux berçaient mon regard de reflets changeants ; brun chocolat et roux caramel. Son visage angélique était constellé de deux billes noires, frappés d’une étincelle à chaque fois qu’elle regardait le soleil.
Je crois que je l’avais suivie du regard sans m’en apercevoir. Car lorsque Mirou me dit « bonjour », elle était face à moi. Perdu dans cette vision féerique, je ne m’étais pas rendu compte qu’elle s’était approché de moi.
— Bonjour Oui-Oui ! répéta Mirou.
— Euh, pardon Mirou… Bonjour ! dis-je maladroitement en retour.
Une impression désagréable me courut dans la tête, celle que Mirou puisse lire mes pensées et deviner mon attirance pour elle. Je me sentis rougir. J’aurais voulu tirer mon bonnet jusqu’au cou pour me cacher.
— Tu sembles fatigué, Oui-Oui, me dit-elle.
J’étais absent, certes. Mais ça venait seulement pour un quart de la fatigue. Pour les trois autres quarts, ça venait de sa présence enchanteresse. Si j’étais capable de rouler sans scrupules sur le corps d’un jouet, cette petite ourse en peluche me faisait perdre tous mes moyens.
— Un peu, oui… répondis-je.
— J’espère que tu peux quand même m’emmener à la campagne.
— A la campagne ? demandai-je surpris.
— Tu es toujours taxi, Oui-Oui ? Réveille-toi, j’ai besoin d’un chauffeur !
Bien sûr. Etais-je bête ? L’espace d’un instant, j’avais cru à des avances. Je me voyais déjà assis dans l’herbe à ses côtés.
— C’est d’accord. Je vais chercher ma Dinky Toy, lui dis-je.
— Mais… Ce n’est pas ta voiture que je vois ici ?
Mirou me faisait perdre l’esprit. Oui, mon taxi était juste devant moi. Je n’étais tout de même pas venu à pied !

Chapitre 5

En chemin, elle me raconta des histoires bucoliques. Elle égrainait des mots savants, les noms de fleurs qu’elle avait répertoriées : pâquerettes, tulipes, roses… Sur le bord de la route, un champ entier de fleurs rouges ondulait au vent. Il s’étalait à perte de vue, tel un océan de grenadine gagnant l’horizon. Quelques fois, des pétales s’en détachaient et se mettaient à voler en arabesques légères et erratiques.
— Et celles-ci ? demandai-je à Mirou. Comment s’appellent ces fleurs ?
— Ce sont des coquelicots, Oui-Oui.
— Je les trouve magnifiques ! On a l’impression qu’elles flottent. On dirait des plumes teintées d’un coulis de fraise!
— Je vais aller en cueillir. Pourrais-tu t’arrêter et m’attendre ?
J’acquiesçai d’un hochement de tête. Mon grelot fit « gling-gling » comme d’habitude. Puis je garai mon automobile sur le bas-côté. Je sortis ouvrir la portière à Mirou. Elle glissa lentement du fauteuil et sa jupe se releva un instant. Subrepticement, elle dévoila ses pattes fines, gracieuses. Je fus tout émoustillé par cette petite seconde de bonheur !
Elle commença à pénétrer dans le champ de coquelicots. Et, elle se tourna vers moi.
— Oui-Oui ? Voudrais-tu m’aider à faire mes bouquets ?
— Bien sûr ! lançai-je avec enthousiasme.
Je hochai de nouveau la tête, et fit « gling-gling ».

Nous promenant à travers cette marée de fleurs, elle reprit la conversation.
— Nous vivons dans un beau pays, n’est-ce pas ?
— Oui. Dommage que les jouets de plastique nous colonisent. Ils nous bousillent tout !
— Hélas oui ! soupira Mirou. Je suis d’accord avec toi. Je me demande ce qu’un Pokemon a de plus qu’un ours en peluche.
— Ou qu’un pantin de bois.
— En plus ils sont violents ! Monsieur le Gendarme m’a dit qu’Action Man et Ken s’étaient entretués ! Remarque… Bon débarras !
Je me penchai pour couper quelques tiges de coquelicots. A priori, elle ne portait pas les nouveaux jouets dans son cœur. Je me demandai donc comment elle me jugerait en apprenant ma combine... J’avais tout de même cassé deux jouets ! Et ça, ce n’était pas rien…
— Mirou, dis-je timidement. Il faut que je t’avoue le début de l’histoire…
— Toi, tu es mêlé à tout ça ! Je le vois sur ton visage !
Il était trop tard pour reculer. Je lui déballai mon affaire en omettant aucun détail. Mirou se montrait tout ouïe, par moments la surprise ou l’intérêt se lisait sur sa frimousse. Aucunement je ne perçus le dégoût dans son attitude. Lorsque j’eus fini de sortir mon baratin, elle me donna son avis :
— Oui-Oui, tu as osé faire ce que tout le monde veut.
— Tu ne trouves donc pas que je suis un monstre ?
— Non. S’il y avait plus d’anciens jouets comme toi, on organiserait une résistance contre la colonisation du plastique !
— Ce que j’ai fait est pourtant abominable !
— Non, c’était courageux ! Regarde les choses en face ! Monsieur le Gendarme, il se pavane devant Batman. Dame Chatounette, elle ne supporte pas qu’on ait transformé son salon de thé en tripot sordide. Nestor, il a peur de dire merde à un bonhomme Lego !
— Ton ours a les chocottes face aux Lego ?
— Nestor, mon ours ? lança-t-elle avec dédain. On sort ensemble pour sauver les apparences. Mais ce n’est qu’un lâche, un raté !
De rage, elle secoua la tête. Son chapeau se détacha. Il s’envola au loin emporté par une violente bourrasque. J’entrepris de me mettre en course pour le récupérer. Mais Mirou me retint par le bras.
D’un signe, elle me dit de le laisser s’échapper. Je croisai son regard. Dans ses yeux, la rage avait fait place à une tendresse, profonde, pénétrante. Je me sentis comme happé, englouti par la chaleur dardée de ses deux iris noirs. Chaque battement de cil se transforma alors en un signal, un mot que je déchiffrai sans faille.
Mes mains, comme esclaves du désir, glissèrent à la taille de Mirou. Je m’approchai d’elle, lentement, jusqu’à ce que nos corps se serrent. Alors en un baiser nous fondîmes l’un en l’autre. Je découvris le goût feutré de ses lèvres, le goût du paradis. Mes doigts baladeurs dégrafèrent la jupe. Mirou s’écarta de moi pour jouer de ses charmes. Elle se dévoila, offrant sa jupe au vent, offrant sa nudité à mes yeux.
En trois mouvements, elle retira ma chemise et mon short. Elle s’allongea lascivement sur un matelas de coquelicots. Fleur parmi les fleurs, qu’elle était belle ! Je m’agenouillai et me mis à caresser son corps doux et pelucheux. Ses poils frémissaient, vibraient à chacun de ses soupirs…
Perdus au milieu de la nature, nous fîmes l’amour toute la matinée. Et lorsque le soleil fut au zénith, Mirou se blottit contre moi. Je la vis doucement s’endormir enroulée dans mon bras. Un divin sourire se dessinait sur son museau. Alors, pendant des heures, je gardai mes doigts enchevêtrés dans sa fourrure. Et je l’observai.... Non, je l’admirai.

Chapitre 6

Durant la journée, je ne pensais qu’aux délices de cette matinée passée dans les bras de Mirou. J’étais aux anges, ivre des souvenirs exquis qui se bousculaient dans ma tête. Mes mains qui foulaient la peluche. Ses baisers sucrés et fondants comme des Chupa-Chups. Je ne vivais plus que pour retrouver la volupté de notre prochain rendez-vous, comptant chaque seconde qui me séparait de son heure.
Mais cette journée avait trop bien commencé. Alors que j’arpentais le trottoir, direction le pub, une voix criarde m’interpella.
— Oui-oui ! J’ai deux mots à te dire !
Derrière moi se tenait G.I. Joe… Plus menaçant que jamais.




A suivre ???

Pour toi Sahkti, je t'avais dit que je te ferais un texte Oui-Ouiesque... J'ai pas eu le temps de finir, mais y'a le début...

Merci Olivier!! J'imprime et je lis.

Comment "à suivre??"??? Bien sûr que A SUIVRE!! C'est passionnant Olivier! J'adore.
Bn, au début je me suis dit "t'es modo, va falloir sévir...". Ben oui, quoi:
"se faire syphonner l'abricot", "emboiter les poupées russes" et toutes en même temps!, non mais!
Et puis j'ai tellement aimé le langage, la vivacité du récit, la drôlerie des certaines trouvailles comme l'entretien de Oui-Oui avec Culbuto et la façon qu'ils ont de sortir leurs friandises comme on allume cigare et clopes, que j'ai continué à lire en apnée.
C'est super Olivier. Tu parviens à raconter dans un langage fleuri et avec des personnages récurents qui encombrent le pied des sapins de Noël une histoire policière dont tu as le secret.
Tiens, au passage, j'ai bien aimé aussi l'image du "quartier Mécano en construction"!
Bref, tu as compris, j'ai beaucoup apprécié et j'espère que tu auras d'autres critiques car ce texte est tombé bien vite en bas de page!
LA SUIIIIIIIIIIIITE!!!! ;-)

Allez allez, qui se colle la suite?? faut pas laisser tomber l'histoire!

Olivier, j'ai bien ri. Ce monde des jouets qui prend vie sous nos yeux, c'est très vivant et assez drôle tout en étant complètement plongé dans le monde des adultes pervertis. Par moments une réserve sur le vocabulaire employé et quelques passages trop longs, comme celui au bistrot entre Culbuto et Oui-Oui. Mais cette manière de parler, une fois passée la surprise de découvrir un Oui-Oui plus mauvais qu'il n'y paraît, apporte une note particulière au texte et aux personnages.

Sahkti a écrit:Allez allez, qui se colle la suite?? faut pas laisser tomber l'histoire!

Qui se colle la suite? Si quelqu'un veut la faire, moi je veux bien... C'est pas que j'ai pas la suite en tête, mais le temps est mon foutu ennemi ;-)

Mentooooooooorrr, ça te branche pas d'écrire la suite?

Sahkti a écrit:Mentooooooooorrr, ça te branche pas d'écrire la suite?

Ouuhh, je sens comme une pression là... Oui-oui ça me dirait, mais le talent évident d'Olivier dans ce domaine me ferait craindre le pire pour mon ego... et puis, pfiou! entre l'exo du 23 janvier, les exos live du mercredi (+ du samedi?), le CM1 à démarrer, bouh!
Mais je veux bien! J'aime les challenges sous la contrainte! Peux pas revenir sur mes récents propos à ce sujet... ;-)
Faudrait peut-être que Olivier me dise en gros, comment il voyait la suite du scénario. Tu connais mon mail Olivier.

mentor a écrit:
Faudrait peut-être que Olivier me dise en gros, comment il voyait la suite du scénario. Tu connais mon mail Olivier.

Absolument pas, je ne connais pas ton mail

Ceci étant... Pourquoi pas le mettre en tant que premier épisode du CM1 ?

Olivier Michael Kim a écrit:Ceci étant... Pourquoi pas le mettre en tant que premier épisode du CM1 ?

Ha ha ha ça serait drôle mais pas sûr que ça inspire tout le monde! Ce qui n'empêche pas de faire un second CM avec Oui-Oui!

Pardon Mentor :)))

J'ai ton e-mail ! J'ai retrouvé un message de toi datant de juin 2005 ! Mea culpa.

Olivier Michael Kim a écrit:Pardon Mentor :)))
J'ai ton e-mail ! J'ai retrouvé un message de toi datant de juin 2005 ! Mea culpa.

Pour la peine, crâne d'oeuf, pardon, c'est à cause de l'avatar! -))), je supprime le doublon de message!
Oui pourquoi pas en démarrage du CM1. On fait un sondage? ;-)
(je sais pas lancer un sondage.... honte)

mentor a écrit:
Oui pourquoi pas en démarrage du CM1. On fait un sondage? ;-)
(je sais pas lancer un sondage.... honte)

A toi de voir... Mais le sondage n'est pas autorisé sur ce forum pour les utilisateurs lambda (comme moi)... et puis c'est toi le GO du CM1 sur VE

Olivier Michael Kim a écrit:

mentor a écrit:
Oui pourquoi pas en démarrage du CM1. On fait un sondage? ;-)
(je sais pas lancer un sondage.... honte)

A toi de voir... Mais le sondage n'est pas autorisé sur ce forum pour les utilisateurs lambda (comme moi)... et puis c'est toi le GO du CM1 sur VE

Ah?? Ce n'est pas toi qui as initialisé ce sondage là?:
https://vosecrits.1fr1.net/viewtopic.forum?t=71

mentor a écrit:

Olivier Michael Kim a écrit:

mentor a écrit:
Oui pourquoi pas en démarrage du CM1. On fait un sondage? ;-)
(je sais pas lancer un sondage.... honte)

A toi de voir... Mais le sondage n'est pas autorisé sur ce forum pour les utilisateurs lambda (comme moi)... et puis c'est toi le GO du CM1 sur VE

Ah?? Ce n'est pas toi qui as initialisé ce sondage là?:
https://vosecrits.1fr1.net/viewtopic.forum?t=71

Oui, mais à l'origine, c'était pas dans le forum "vos écrits". Les sondages sont désactivés sur ce forum...

C'est bourré d'inventivité et de perles, ce texte , Olivier mais un petit reproche, je le trouve un brin...vulgaire: oui, bon, p-e que je suis puritaine aussi, mais entre levrette, chatounette, et action-man qui 'baise' barbie, ça vire plus au comique mais au désenchantement de la magie de l'enfance. Et ça....forcément ça me plaît moins

"Chatounette" n'a aucune conotation : c'est un des personnages de la série Oui-oui... C'est une chatte en peluche rose qui tient un salon de thé. Je suis obligé d'être à jour dans mes connaissances du pays des jouets, ma gamin adore Oui-oui... :-)))

Après, je t'accorde que le texte n'est pas accessible aux mineurs ;-)

Olivier Michael Kim a écrit:Après, je t'accorde que le texte n'est pas accessible aux mineurs ;-)

Exact! Plutôt aux démineurs! ;-)

Le langage cru surprend au début mais finalement le décalage entre l'image des jouets et la manière dont ils s'expriment me plait bien. Ca donne à ce texte un coté à la fois décalé et pittoresque. C'est plein de vie et c'est drôle aussi mais tu es souvent au bord de l'excès, que ce soit du point de vue de l'humour ou du langage, j'ai l'impression que tu n'es jamais très loin du "trop".
Un bon moment de lecture qui s'est arrété d'une manière un peu abrupte. J'attends la suite... C'est Mentor qui prend la relève si j'ai bien compris?

Krystelle a écrit:Le langage cru surprend au début mais finalement le décalage entre l'image des jouets et la manière dont ils s'expriment me plait bien. Ca donne à ce texte un coté à la fois décalé et pittoresque. C'est plein de vie et c'est drôle aussi mais tu es souvent au bord de l'excès, que ce soit du point de vue de l'humour ou du langage, j'ai l'impression que tu n'es jamais très loin du "trop".
Un bon moment de lecture qui s'est arrété d'une manière un peu abrupte. J'attends la suite... C'est Mentor qui prend la relève si j'ai bien compris?

:"" ?? qu'est-ce que c'est que ce sourire en coin, hein? Ben oui..... tu as bien compris! :-(

mentor a écrit::"" ?? qu'est-ce que c'est que ce sourire en coin, hein? Ben oui..... tu as bien compris! :-(

C'était un sourire impatient plein d'encouragements Mentor. Me tarde de te lire.

.
Chapitre 6 (suite)

— Qu’est-ce que tu veux G.I. Joe? T’as un problème?
— Yeah boy, c’est toi mon problème. Mon pote ActionMan n’est plus qu’une crêpe et j’crois bien que t’y es pour beaucoup!
— Gaffe à ce que tu dis Joe! C’est pas parce que ton meilleur copain s’est fait déquiller et que ça me déplaît pas trop que tu dois te croire obligé de m’accuser, ok?
— Je suis sûr que c’est toi qu’as monté le coup! Tu vas le regretter putain de pantin!

Cet imbécile de pseudo-soldat US, bouche en cul de poule, était déjà prêt à me sulfater au p.m. lorsqu’un barrissement terrifiant retentit. Derrière lui déboulait Jumbo, toutes oreilles dehors.
G.I. Joe n’eut pas le temps de lui faire face : l’animal l’avait ceinturé de sa trompe et envoyé à 30 mètres de là d’un majestueux mouvement semi-circulaire.
Pas de bol, c’est une piquet métallique planté en terre dans un chantier qui l’accueillit, embrochant mon agresseur verticalement et le laissant dans une position que le plus adepte partisan de la jaquette rêve sans doute de tester un jour. La pointe de ferraille ressortait par la bouche, ne laissant subsister aucun doute quant à l’état de santé du beau militaire.
Jumbo ne me laissa pas le temps de le remercier. Il me saisit à mon tour et me déposa sur sa nuque en me recommandant de m’accrocher.

Nous parcourûmes plusieurs kilomètres au pas de course dans des rues heureusement désertes à cette heure là. Il contourna les endroits les plus fréquentés en direction des quartiers mal famés, loin là bas, dans la banlieue du pays des jouets. Là où même les plus fiers à bras des jouets modernes n’osaient s’aventurer.

Nous arrivâmes au fond d’une impasse douteuse et il me déposa enfin devant la porte métallique d’un immense hangar crasseux et délabré.
Un bruit de tôle se fit entendre et le battant s’ouvrit pour laisser entrer mon encombrant véhicule vivant.
Le lieu était sombre mais je pus rapidement m’apercevoir qu’il y avait du monde là dedans.
Jumbo me déposa délicatement sur le sol de terre battue et prit aussitôt la parole:

— Mes amis, vous connaissez tous Oui-Oui. Oui-Oui, tu connais presque tout le monde ici. Alors voilà : comme je vois bien que toi aussi tu supportes de plus en mal toute cette racaille de m’as-tu-vu en plastoc, j’ai pensé bien faire en t’amenant ici.

Le groupe des présents, qui buvaient les paroles du pachyderme, crurent bon d’applaudir à ces quelques mots.

Jumbo reprit :

— Nous avons constitué une société secrète. Le Comité d’Action Contre l’Anarchie, le C.A.C.A. Notre but est avant tout de résister aux envahisseurs puis de les détruire l’un après l’autre s’ils ne veulent pas partir d’eux-mêmes. Oui-Oui, je te demande solennellement de te joindre à nous!

Pffffffffff ! Mais ils m’emmerdaient ceux-là! J’avais pas envie moi! C’était juste pour moi que j’avais monté ce coup, pas pour le bien public! Je voulais être le seul taxi du pays et me taper Mirou quand j’avais envie, pas plus quoi! Me faisaient chier.

— Ta décision, Oui-Oui!?

……………………………………………

J'ai bien aimé Mentor. merci d'avoir pris la suite avec autant de talent.

Par contre, je crois que tu as un problème de concordance de temps avec le paragraphe suivant (présent, au lieu du passé)...

mentor a écrit:
Pffffffffff ! Mais ils m’emmerdent ceux-là! J’ai pas envie moi! C’est juste pour moi que j’ai monté ce coup, pas pour le bien public! Je veux être le seul taxi du pays et me taper Mirou quand j’ai envie, pas plus quoi! Font chier.

……………………………………………

Olivier Michael Kim a écrit:J'ai bien aimé Mentor. merci d'avoir pris la suite avec autant de talent.
Par contre, je crois que tu as un problème de concordance de temps avec le paragraphe suivant (présent, au lieu du passé)...

mentor a écrit:Pffffffffff ! Mais ils m’emmerdent ceux-là! J’ai pas envie moi! C’est juste pour moi que j’ai monté ce coup, pas pour le bien public! Je veux être le seul taxi du pays et me taper Mirou quand j’ai envie, pas plus quoi! Font chier.

Tu as raison, Olivier, j'ai corrigé. ;-) "Talent", c'est un peu gros... mais sympa.
(excuse-moi d'avoir anéanti GI Joe, ce n'était peut-être pas vraiment ton intention?! ;-)

Mentor, tu aurais dû créer un nouveau fil, j'avais pas vu que tu avais posté!

Tu nous proposes une suite dans le droit fil de l'histoire d'Olivier. Tu conserves le même ton, le même tempo. Le récit est vif et dynamique. Deux réserves, la première n'en est pas vraiment une: c'est un peu court!

La seconde concerne cette phrase que je trouve bof bof:

embrochant mon agresseur verticalement et le laissant dans une position que le plus adepte partisan de la jaquette rêve sans doute de tester un jour. La pointe de ferraille ressortait par la bouche...

En tout cas, bravo d'avoir relevé le défi!

Krystelle a écrit:La seconde concerne cette phrase que je trouve bof bof:

embrochant mon agresseur verticalement et le laissant dans une position que le plus adepte partisan de la jaquette rêve sans doute de tester un jour. La pointe de ferraille ressortait par la bouche...

zut, moi qui la trouvais justement magistrale cette phrase! :-( bof... ;-)

mentor a écrit:

Krystelle a écrit:La seconde concerne cette phrase que je trouve bof bof:

embrochant mon agresseur verticalement et le laissant dans une position que le plus adepte partisan de la jaquette rêve sans doute de tester un jour. La pointe de ferraille ressortait par la bouche...

zut, moi qui la trouvais justement magistrale cette phrase! :-( bof... ;-)

Ben, c'est vrai que j'ai trouvé l'image mal choisie, presque choquante mais suis peut-être trop "puritaine", je ne sais pas.
Mais pourquoi faut-il Mentor que tu relèves systématiquement ce que je n'ai pas aimé et jamais ce que j'ai apprécié?!

si, si, Krystelle, j'aime bien quand tu apprécies, mais comme on dit, on parle plus volontiers des trains en retard que des autres, les plus nombreux. ;-)

Alors, qui prend la suite, courageusement?

OLIVIER (Mentor je lis ta suite après !)

C'est excellent, vraiment excellent ! Un vrai plaisir de lire ces premiers chapitres, beaucoup d'humour, c'est trés bien écrit, des trouvailles et de l'originalité à chaque phrase, wouaaaaahouuuu !
Une sacrée imagination, je suis épatée et admire beaucoup ! Je trouve que ça ne s'éssoufle pas sur la longueur, et pour faire un texte marrant dans un univers délirant qui tienne la route, faut pouvoir en être capable !
Vraiment, une réussite, j'adore.
Y a tout plein de phrases que j'aimerais relever, mais justement y en a trop, mais un vrai délice à lire, tout, les expressions, le ton, tout est bien choisi et je ne changerais pas un mot !

Mentor ! Bien cette suite, tu restes dans la même veine, juste que Oui-Oui me paraissait plus romantique à l'égard de Mirou :0)
Sinon, j'ai trouvé ça drôle, toutes oreilles dehors m'a fait marrer, et puis aussi, putain de pantin, je trouve que ça sonne bien :0)

T'as bien fait de prendre la suite !

Au fait, c'est vrai! qui prend la suite??
(merci Lyra) ;-)

Bon, la suite est bien entamée... ;o)

1) Olivier, bravo pour ce début de saga!! C'est passionnant, amour, haîne, trahison, meurtres... tout y est!! Vraiment, chapeau! ;o) Et Mentor qui a pris la balle au bond à merveille, (j'avoue, je prends pas mal de plaisir à continuer l'histoire!)

2) Je poste la suite ici ou ne créerait-on pas un nouveau fuseau à chaque suite, histoire peut-être de dynamiser un peu et de ne pas en faire un fil de 15 km??

Qu'en dites-vous??

Allez, à plus pour la suite des aventures de Oui-Oui et ses amis!

Salut Blue et merci, c'est chouette de ta part de nous faire une suite ! ;-) Me réjouis de te lire.
Je serais pour séparer les épisodes en plusieurs fuseaux, mais là, c'est Loup qui peut le faire. Oui, ce serait plus clair.
On va lui demander.
En attendant tu peux poster sur un nouveau fuseau en intitulant avec le titre + épisode n° 3 par exemple. On verra après.
Et au tout début tu peux mettre le lien pour accéder au début de l'histoire.
Merci encore.

Je pensais bien mettre le lien de toute façon! Merci Mentor! :o)

J'ai lu le tout dans le train et je rigolais toute seule (les autres gens me regardaient bizarrement). Il faut maintenant que je redécoupe le texte.

Olivier c'est très bon, varié et hillarant sur toute la ligne !
Mentor tu prends très bien la suite vu que je n'ai pas trouvé la coupure en le lisant. Originale l'arrivée de Jumbo ! Niveau éléphant, j'aurais plutôt pensé Babar mais c'est vrai qu'il est toujours à la page.
Mais certaines fois, les jouets annoncés comme faisant partie des nouveaux me gènent un peu car pour moi, ils sont vieux (genre G.I. Joe ou Musclor), ce sont les jouets de mon enfance (ouais, ça leur fait que 15 ans mais pour moi c'est vieux !)
Mais la séparation plastique/autres matières donne un meilleur sens à la séparation.

Pff ! En fait je ne sais pas quoi dire dans le commentaire ! J'ai adoré, c'est tout !

Dommage que tu n'aies pas créé un fil spécial "Episode 2" Mentor, il y a p-e des gens qui sont passés à côté de ta suite. Une belle suite d'ailleurs, bien dans le ton, avec la gouaille déjà mise en place par Olivier. J'aime bien la piste que tu lances avec cette société secrète, ça donne pas mal d'idées. M'en vais lire Blue (en fait, je t'avais lu quand tu as posté, mais je vois que je n'avais point commenté, shame on me!)