Oui-Oui contre la World Toy Company: Episode 3

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Oui-Oui contre la World Toy Company: "Episode 3 - Les jouets entrent en guerre"


(— Ta décision, Oui-Oui!?)

Ma décision, ma décision ! Ils en avaient de bonnes ! Bon, ok, moi aussi, ils me faisaient chier les siliconés, les fondants au soleil, mais bon, j’avais déjà fait ma part du boulot, non ? En plus, à en croire les rumeurs, le stock d’armes d’Action Man avait été dévalisé le lendemain de notre règlement de compte (c’est Dame Chatounette qui me l’avait dit, sans révéler ses sources). Et on ignorait ce qu’il contenait vraiment… Missiles téléguidés, têtes nucléaires, armes de destruction massive, tout était possible ! Mais personne n’avait osé aller fouiller chez Action Man jusque là…

- Oui-Oui, tu es mouillé jusqu’au cou, on le sait par Potiron, et les autres ont confiance en toi ! Il nous faut un leader, un porte-drapeau ! Tu n’as plus vraiment le choix…

Potiron, celui-là ! Ah, si je le tenais !

Mais ce n’était pas ça, le vrai problème, non ! Je regardais autour de moi, et j’en voyais peu capables de se frotter à nos ennemis ! Rien que des civils et les quelques soldats de plomb qui n’avaient pas encore déserté. Qui allait damer le pion aux Power Rangers et à Bioman ? Personne ici n’avait jamais pris de cours d’arts martiaux… Sans parler de Batman, Spiderman et Superman ! Qui allait pouvoir les poursuivre sur le toit des immeubles ? Culbuto ? Lui qui n’avait même pas de membres inférieurs ? (Bon, il en avait bien un, fort entraîné celui-là, mais fallait honnêtement se demander à quoi ça pouvait bien servir dans cette heure de crise !). Les tortues Ninjas avaient créé, parait-il, un réseau infiltré dans les égouts de la ville et, depuis que Musclor s’était enfin débarrassé de Squelettor, il avait sombré dans l’alcool et était à l’origine de 90% des bagarres dans les bars du coin. Il était devenu irascible et incontrôlable, mais toujours aussi costaud ! Sans parler de tous les autres : Albator, Goldorak (qui avait passé haut la main le dernier contrôle technique !), Denver le Dinosaure, les 4 fantastiques,… et toute l’armée des Legos ! Bon Dieu, même les Schtroumpfs étaient de leur côté !

Non, vraiment, je ne voyais pas tout ça d’un bon œil. Nous étions trop peu nombreux et pas assez entraînés.

- Jumbo, j’admire votre courage à tous, mais c’est du délire ! On ne fera jamais le poids !

- Oui-Oui, t'es qu'une mauviette !

Celui qui venait de parler sortit des rangs. J’étais prêt à lui foutre mon grelot dans l’œil ! Et devinez qui ! Nestor, le raté, le cocu ! Je lui aurais bien rabattu le caquet en lui racontant mon escapade dans les coquelicots, mais ce n’était pas le moment.

- Tais-toi, Nestor ! tonna Jumbo. C’est normal que Oui-Oui soit réticent, il ne connaît rien de tous nos plans, encore. Il n’a pas toutes les cartes en mains pour juger…

Je levai le sourcil, intrigué, et plus un bruit ne se fit, si ce n’est le tintement déclinant de mon grelot…

Chapitre 7

- Quel plan ? demandai-je. Quelles cartes ??

Jumbo repoussa les quelques membres du C.A.C.A. et s’avança vers une sorte de grande tenture en velours, tendue à un angle du hangar. Il tira sur un cordon et la tenture tomba au sol. J’admirai le côté théâtral de l’instant. Et à vrai dire, je restai bouche baie. Derrière la tenture s’était tenu caché jusque là un véritable arsenal ! Et je compris qui avait dévalisé le stock d’Action Man….

Des casques, des bottes en cuir, des gilets pare-balle, des tenues de camouflage, deux 4x4, des mitraillettes, des lance-roquettes, du matériel d’escalade, une moto tout terrain, des cordes, des couteaux crantés, des lance-flammes, des sabres lasers (À qui Action Man les avait-il piqués ?!) et un nombre incroyable de munitions !!!

Il y avait aussi trois packs de bière dont un entamé (je vis bien à l’air mécontent de Jumbo que ce n’était pas lui qui les avait planqués là) et quelques mégots de joints…

Je devais encore avoir la bouche ouverte quand Jumbo grogna :

- Allons Oui-Oui, comprends-tu enfin ! Nous sommes équipés, cette fois ! Nous avons de quoi les bouter hors de chez nous, ces imposteurs ! Et puis nous devons recevoir une importante livraison de dissolvant, c’est Maya l’abeille qui gère le stock ! Avec ça, nous avons une arme infaillible !
- C’est vrai, Jumbo, côté matos, vous avez fait fort… Mais quand même ! Jamais nous ne serons assez nombreux ! Tu te vois enrôler Dame Chatounette, Mirou ou Mélissa dans cette aventure ?
- Mélissa travaille déjà pour nous, elle bosse dans l’infiltration…
- Quoi ??!
- Oui, on a une taupe dans l’autre camp. Les Barbapapa… Toute la famille est de notre côté, mais vu qu’ils ont une nouvelle collection en caoutchouc, les autres ne s’en méfient pas. Et Mélissa fait le lien, tu vois…
- Mais qui va aller à l’assaut ? Il nous faut une armée ! Pas une milice de deux poncés, trois tondus !

Jumbo se tut. Il se racla la gorge et interrogea Nestor :

- Il est revenu ?
- Oui, patron, et il a réussi sa mission !
- De qui parlez-vous ? demandai-je.
- De Colargol.
- Colargol !
- Oui, grâce à lui, plus rien ne pourra contrecarrer nos projets, Oui-Oui. Grâce à lui, tu ne pourras plus refuser de rejoindre nos rangs !

Jumbo ignorait à quel point il avait raison. Dans quelques minutes, j’aurais rejoint la résistance, le C.A.C.A., dans ce foutu merdier qu’était la lutte contre les guignols en plastoche. Mais peut-être pas pour les raisons qu’il imaginait…

- Alors, Nestor, dit Jumbo, c’est le moment. Qu’on aille les chercher !

Et Nestor sortit en courant du hangar.

- Chercher qui ?
- Notre armée, Oui-Oui !

Je cessai de poser toute question quand j’entendis une sorte de « plop » résonner au loin. Il fut suivi d’un autre « plop », puis d’un autre et encore un autre ! Je n’y comprenais rien… Les « plop » furent bientôt accompagnés d’un bruit de marche et de voix qui chantaient un refrain encore impossible à saisir.

Je commençais à m’impatienter. Et à vrai dire, je m’attendais au pire…
La porte du hangar s’ouvrit en trombe, et Nestor revint, suivi de près par Colargol, qui sifflotait. J’avais toujours trouvé qu’il avait un air nunuche, celui-là ! Avec sa frange de fille et ses oreilles en boules, il ressemblait à la princesse Leia.

- Les voilà ! chantonna Colargol.

On entendit encore quelques « plop » et enfin apparurent les troupes. Je n’en croyais pas mes yeux ! Notre armée, c’était donc ça ! C’était…

Les Popples, les Popples
Les Popples sont là pour sourire
Les Popples, les Popples
Si ils viennent c'est pour rire

Les enfants et même les plus grands
Tout le monde aime les Popples

Les Popples, les Popples

Les Popples, les Popples

Les Popples, les Popples
Les Popples sont là pour sourire
Les Popples, les Popples
Si ils viennent c'est pour rire

Les enfants et même les plus grands
Tout le monde aime les Popples

Venus juste pour vous*


LES POPPLES ! Voilà qui allait tenir les mitraillettes et les lance-flammes ?! Non, c’était une vraie blague !
A peine eus-je le temps de me remettre du choc qu’une seconde troupe entrait dans l’édifice. Encore plus dangereuse que la première !

Oui je veux être un bisou
Oh j'en veux plein dans le cou, un nounours
Oh doux comme de la mousse, un Bisounours
Aimer comme tous les Bisounours

Oh oui, je veux être un Bisounours, c'est tout !

C'est tout ?

Je serai sans pareil pour faire lever le soleil
De derrière la Grande Ourse
Du haut de mon petit nuage, je recevrai des messages
Des Bisounours a la rescousse

Rien ne rendra plus tendre un caillou
Peut-être un Bisounours, un nounours
Peser comme de la mousse, un Bisounours
Qui fait sourire toutes les frimousses, frimousses

Je ne veux pas être pilote ou sapeur-pompier
ni même pirate de l'espace ou grand cuisinier
Je veux être un Bisounours, c'est tout !

Oh oui, je veux être un Bisounours, c'est tout !

Je veux être un Bisounours

J’étais désespéré, ahuri ! Les Bisounours ! J’en connaissais quelques uns pour les avoir une ou deux fois emmenés dans mon taxi. J’avais d’ailleurs une dent contre Grosjojo qui oubliait systématiquement de payer la course. Cela dit, ce n’était pas un mauvais bougre et on s’entendait bien, pareil avec Grosfarceur et Grosveinard. Cela dit, je les voyais mal portant la cagoule ou assommant l’Inspecteur Gadget !

Oui, j’étais désespéré et ahuri, et je me demandais bien comment j’allais pouvoir annoncer ma défection à Jumbo.

Mais c’est à ce moment que je la vis et que tout bascula. Un pelage ambre, doré. Une chute de reins à faire frémir le plus stoïque des soldats de plomb, un déhanchement d’une sensualité débridée. Sur sa poitrine palpitait un cœur en fourrure rouge auréolé de poils blancs immaculés. Et brutalement, Mirou sortit complètement de mes pensées.

Je déglutis avec peine. Quelqu’un me tapa l’épaule. C’était Colargol.

- Oui-Oui, Oui-Oui ! s’exclama-t-il. Ca va mon grand ? Alors, t’es des nôtres ?

Je restai silencieux.

- Que penses-tu de nos troupes ? Mission accomplie mais périlleuse ! Comme une fleur pour les Popples, mais Grognon m’a donné du fil à retordre chez les Bisounours ! Bon sang, heureusement que j’ai eu Grosbisous pour les convaincre ! Sinon, on était cuits !

Et il fit un clin d’œil à la beauté qui avait retourné tous mes sens. Elle s’approcha. A côté de Grosbisous, Mirou avait l’allure d’une peluche de campagne, raccommodée dix fois entre les générations.

- Bonjour, chuchota-t-elle lascivement.
- Bon… jour.

Je crois que je prononçai aussi mon nom mais elle ne dut pas bien l’entendre tellement je grelottais.

Jumbo allait entamer un discours mais il m’interrogea d’abord du regard, espérant m’avoir enfin convaincu. J’opinai du bonnet et il sembla ravi.

Moi aussi, je l’étais. Grosbisous…
J’étais décidé à tout faire pour la séduire.

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(*) je me suis permise de modifier le dernier mot de la chanson, j'espère que les puristes ne m'en voudront pas!

Waaaaaaaou Blue génial ton texte!Tu as achevé de brûler les idoles, ça fait plaisir, vraiment. Ton texte est excellent, marrant, bourré d'inventivité du début à la fin: les hymnes m'ont rappelé Charlie et la Chocolaterie et les chansons des petits bonhommes.
Ma phrase préférée, un peu de perversité dans ce monde de brutes:
"Bon, il en avait bien un, fort entraîné celui-là, mais fallait honnêtement se demander à quoi ça pouvait bien servir dans cette heure de crise !"

Je rejoins complètement l'avis de Giny... je suis séduit!!

Bravo Blue! Ca pétille, c'est drôle... il est plein de peps et bourré de clin d'oeils ton texte. Savoureux!

Dans la veine des précédents ! Toujours aussi drôle, tu vires dans le carrément dégenté. C'est vraiment super !
Et alors, le must ! L'arrivée des Bisounours ! (bon, parce que les Pooples je me souvenais pas trop mais les Bisounours par contre ! ;-) ). Les hymnes c'est les génériques des dessins animés? Je vois très bien les Bisounours avec des mitraillettes !!
Par contre Mirou n'a plus la cote. Pff ! Oui-oui il goûte puis il jète?!
;-))

Oui-Oui, t'es qu'une mauviette !
Hé hé!! :))

je vis bien à l’air mécontent de Jumbo que ce n’était pas lui qui les avait planqués là
Hé hé bis!

Ha ha ha Blue, on sent que tu t'es fait plaisir, dis donc!! C'est drôle, plein de références et puis une fameuse action qui se prépare!
Est-ce que Mentor n'avait pas dit qu'il en reprendrait bien volontiers une louche de ces suites "Oui-Oui"?

Sahkti a écrit:Est-ce que Mentor n'avait pas dit qu'il en reprendrait bien volontiers une louche de ces suites "Oui-Oui"?

oui, oui, j'avais dit ça, mais dans mon esprit ça voulait dire : en lire encore plein d'autres... pas que j'allais en pondre encore. Mais bon, je crois que je vais me laisser aller, c'est + facile que de jouer au casino ! ;-)

Mon dieu, les bêtes en peluche attaquent ? :-)) haha :-)

Sympa cette suite, je sens que ça remue beaucoup ua pays des jouets.

Pauvre Mirou... moi qui pensait que Oui-oui allait lui être fidèle :-)