CM1 - Episode n°4
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CM1 - Episode n°4
Seule au milieu des cris, perdue au milieu d’un brouhaha intenable, Emma sent le vertige monter. Debout, un peu penchée sur le côté droit, elle ressemble aux chênes qui l’entourent. Avec moins de majesté, plus de fragilité. Elle n’ose pas bouger. Alors, inévitablement elle encaisse les heurts des gamins qui courent sans s’arrêter. Leurs rires lui paraissent menaçants ; elle croit percevoir un fond de raillerie. Ca ressemble aux moqueries des clients de l’animalerie…
« Maëva, viens me voir ! Maëva ! ». Emma ignore, fixe, roide. Son corps l’encombre. Elle ne sait pas comment l’utiliser. A peine le temps de l’observer. La peau brunie lui plaît bien, les cheveux crépus aussi. Mais tout ce poids, cette verticalité la paralysent. Pourtant, elle ne se débrouille pas trop mal : ça l’étonne elle-même. Emma n’écoute plus la femme qui l’appelle, elle mesure ses mouvements. Elle tâte cette peau au grain soyeux, sent cette odeur qui a toujours appartenu aux autres, aux humains. Les bras, le torse, les cuisses, les jambes, la nuque, parcourus rapidement des mains et des yeux. Jouant avec les muscles, elle agite un peu tous ces membres à apprivoiser. Quelqu’un s’approche. Un sursaut craintif la saisit. Un demi-tour et elle va se réfugier dans un coin d’ombre où un vent frais souffle tout doucement. Elle la connaît cette brise. Mais avant, plus proche du sol, elle ne la sentait pas de la même manière. Le vent sur le visage qu’elle parcourt alors. Sans miroir, elle s’imagine à partir des fulgurances aperçues dans un de ceux de la maison. Des sensations étranges émergent. C’est donc ça être humain. En elle, un vertige se creuse. Elle ne sait que faire d’elle, que faire de ce cerveau, de ces sensations. Et que penser de toute son expérience de hamster, de tout son savoir, de ses pensées, de son âme d’hamster projetée en compagnie de sa mémoire dans ce cerveau.
Là, révélation : une seule solution. Elle délire, ou elle est morte. Pourtant, comment un délire peut-il être aussi long, aussi concret ? Alors, elle est morte. Voilà la vérité : le hamster se réincarne. Il ne reste plus qu’à savoir si c’est un progrès ou une régression dans la chaîne des réincarnations. Une seule solution s’offre à elle : trouver le Grand Maître, le seul susceptible de lui répondre.
Stridence dans les oreilles : la cloche retentit. Elle revient à elle, regarde autour d’elle, angoissée. Ses yeux grands ouverts elle regarde les petits d’hommes s’aligner, qui sagement, qui turbulent. Peu sûre des comportements à adopter, elle s’approche et les suit.
Une frange de nuage lèche le soleil. A elle qui ne voit jamais de telle façon le ciel, lui vient l’envie de s’allonger là, sur le dos, pour humer l’air et le temps. Et ce petit quelque chose que les humains ne doivent pas comprendre.
La femme agite ses bras, sourit. Un sourire, un réconfort. Et les petits d’homme avancent à la queue leu leu. Un blondinet bouscule son voisin. Un autre tire les tresses d’une fillette. Emma suit, enregistre. Ca rentre dans sa tête, deuxième mémoire.
La classe, ses rangées de tables bien alignées, la stature du tableau blanc se présentent à elle. Les humains aiment l’ordre, la netteté, la propreté. Pourquoi pas ?
A la suite des autres, elle assoit son corps, seule, où il n’y a personne. Une vie en cage n’empêche pas d’apprendre la prudence et la méfiance. Devant elle, la femme parle et Emma écoute, s’instruit, observe, enregistre. Dans son cerveau désorienté, ça se bouscule. Alors Emma ferme un peu les yeux, stoppe le bruit pénétrant ses oreilles. Silence gelé. Puis ça repart. Emma, tout hamster qu’elle soit sait qu’il faut se représenter. Alors elle joue le rôle qu’elle doit tenir. Sans voir la surprise redoublée de la maîtresse et son inquiétude sur l’état de la fillette. « ça va, Maëva ? Tu n’as pas l’air bien ! » Demande-t-elle justement, en s’approchant un peu trop près au goût d’Emma. Elle hoche la tête avec toute la sincérité qu’elle peut trouver : « si, ça va ça va ». L’autre la fixe, droit dans les yeux. Gênée, Emma, détourne les siens qui s’accrochent à la surface de la table. Pas convaincue, la femme. Emma l’entend dire : « bon, ce midi, si ça ne va pas mieux, tu rentreras chez toi. J’appellerai ta maman ». Sursaut dans le regard, sursaut dans le corps. Tout Maëva dans Emma hurle « non ». Non, non et re-non. Sans savoir pour autant comment « aller mieux ». Elle n’y peut rien : nouveau corps, nouvelles sensations, nouvelles perceptions, nouveau fonctionnement. Sans notice. Et puis le vertige rôde toujours ; au moindre mouvement, il la tance à nouveau.
L’égrènement des minutes suivantes se passe dans une activité étrange : le dessin. Crayons en main, Emma se trouve perdue et dépourvue d’idée. Comment faire ? Qu’est ce que dessiner ? Quelques coups d’oeils lancés à la cantonade l’éclairent très peu : des formes de toutes les couleurs. Alors qu’elle, découvre à peine ce que sont les couleurs, ces couleurs des humains.
Etourdissement. Elle ferme les yeux, pique du nez. Illico, la femme revient. Elle devait être aux aguets. Surprise, Emma, lève un bras comme pour se protéger, et fait mine de se lever, sous l’œil stupéfait de la maîtresse. « Enfant battue » pense celle-ci automatiquement : ça a fait un déclic, elle connaît ce genre de cas. Pendant ce temps, Emma s’entend demander : « Je peux sortir, maîtresse ? je vais à l’infirmerie. » Bonne idée l’infirmerie : Emma connaît ça. Que de mauvais souvenirs elle garde de celle proche de l’animalerie.
Entre la classe et l’infirmerie, Emma, une fois n’est pas coutume, se fait la belle… trouver le Grand Maître, tel est son leitmotiv.
« Maëva, viens me voir ! Maëva ! ». Emma ignore, fixe, roide. Son corps l’encombre. Elle ne sait pas comment l’utiliser. A peine le temps de l’observer. La peau brunie lui plaît bien, les cheveux crépus aussi. Mais tout ce poids, cette verticalité la paralysent. Pourtant, elle ne se débrouille pas trop mal : ça l’étonne elle-même. Emma n’écoute plus la femme qui l’appelle, elle mesure ses mouvements. Elle tâte cette peau au grain soyeux, sent cette odeur qui a toujours appartenu aux autres, aux humains. Les bras, le torse, les cuisses, les jambes, la nuque, parcourus rapidement des mains et des yeux. Jouant avec les muscles, elle agite un peu tous ces membres à apprivoiser. Quelqu’un s’approche. Un sursaut craintif la saisit. Un demi-tour et elle va se réfugier dans un coin d’ombre où un vent frais souffle tout doucement. Elle la connaît cette brise. Mais avant, plus proche du sol, elle ne la sentait pas de la même manière. Le vent sur le visage qu’elle parcourt alors. Sans miroir, elle s’imagine à partir des fulgurances aperçues dans un de ceux de la maison. Des sensations étranges émergent. C’est donc ça être humain. En elle, un vertige se creuse. Elle ne sait que faire d’elle, que faire de ce cerveau, de ces sensations. Et que penser de toute son expérience de hamster, de tout son savoir, de ses pensées, de son âme d’hamster projetée en compagnie de sa mémoire dans ce cerveau.
Là, révélation : une seule solution. Elle délire, ou elle est morte. Pourtant, comment un délire peut-il être aussi long, aussi concret ? Alors, elle est morte. Voilà la vérité : le hamster se réincarne. Il ne reste plus qu’à savoir si c’est un progrès ou une régression dans la chaîne des réincarnations. Une seule solution s’offre à elle : trouver le Grand Maître, le seul susceptible de lui répondre.
Stridence dans les oreilles : la cloche retentit. Elle revient à elle, regarde autour d’elle, angoissée. Ses yeux grands ouverts elle regarde les petits d’hommes s’aligner, qui sagement, qui turbulent. Peu sûre des comportements à adopter, elle s’approche et les suit.
Une frange de nuage lèche le soleil. A elle qui ne voit jamais de telle façon le ciel, lui vient l’envie de s’allonger là, sur le dos, pour humer l’air et le temps. Et ce petit quelque chose que les humains ne doivent pas comprendre.
La femme agite ses bras, sourit. Un sourire, un réconfort. Et les petits d’homme avancent à la queue leu leu. Un blondinet bouscule son voisin. Un autre tire les tresses d’une fillette. Emma suit, enregistre. Ca rentre dans sa tête, deuxième mémoire.
La classe, ses rangées de tables bien alignées, la stature du tableau blanc se présentent à elle. Les humains aiment l’ordre, la netteté, la propreté. Pourquoi pas ?
A la suite des autres, elle assoit son corps, seule, où il n’y a personne. Une vie en cage n’empêche pas d’apprendre la prudence et la méfiance. Devant elle, la femme parle et Emma écoute, s’instruit, observe, enregistre. Dans son cerveau désorienté, ça se bouscule. Alors Emma ferme un peu les yeux, stoppe le bruit pénétrant ses oreilles. Silence gelé. Puis ça repart. Emma, tout hamster qu’elle soit sait qu’il faut se représenter. Alors elle joue le rôle qu’elle doit tenir. Sans voir la surprise redoublée de la maîtresse et son inquiétude sur l’état de la fillette. « ça va, Maëva ? Tu n’as pas l’air bien ! » Demande-t-elle justement, en s’approchant un peu trop près au goût d’Emma. Elle hoche la tête avec toute la sincérité qu’elle peut trouver : « si, ça va ça va ». L’autre la fixe, droit dans les yeux. Gênée, Emma, détourne les siens qui s’accrochent à la surface de la table. Pas convaincue, la femme. Emma l’entend dire : « bon, ce midi, si ça ne va pas mieux, tu rentreras chez toi. J’appellerai ta maman ». Sursaut dans le regard, sursaut dans le corps. Tout Maëva dans Emma hurle « non ». Non, non et re-non. Sans savoir pour autant comment « aller mieux ». Elle n’y peut rien : nouveau corps, nouvelles sensations, nouvelles perceptions, nouveau fonctionnement. Sans notice. Et puis le vertige rôde toujours ; au moindre mouvement, il la tance à nouveau.
L’égrènement des minutes suivantes se passe dans une activité étrange : le dessin. Crayons en main, Emma se trouve perdue et dépourvue d’idée. Comment faire ? Qu’est ce que dessiner ? Quelques coups d’oeils lancés à la cantonade l’éclairent très peu : des formes de toutes les couleurs. Alors qu’elle, découvre à peine ce que sont les couleurs, ces couleurs des humains.
Etourdissement. Elle ferme les yeux, pique du nez. Illico, la femme revient. Elle devait être aux aguets. Surprise, Emma, lève un bras comme pour se protéger, et fait mine de se lever, sous l’œil stupéfait de la maîtresse. « Enfant battue » pense celle-ci automatiquement : ça a fait un déclic, elle connaît ce genre de cas. Pendant ce temps, Emma s’entend demander : « Je peux sortir, maîtresse ? je vais à l’infirmerie. » Bonne idée l’infirmerie : Emma connaît ça. Que de mauvais souvenirs elle garde de celle proche de l’animalerie.
Entre la classe et l’infirmerie, Emma, une fois n’est pas coutume, se fait la belle… trouver le Grand Maître, tel est son leitmotiv.
Re: CM1 - Episode n°4
J'aime beaucoup cette introspection. Tu as très bien rendu les sensations nouvelles et les pensées disparates de cette fillette qui se découvre et voit le monde, peu à peu, d'une autre façon.
J'ai un peu regretté l'absence du petit frère. Où il est passé celui-là? On verra sans doute plus tard.
L'idée de la réincarnation est bien trouvée aussi, ça me plaît d'autant plus que c'est une chose à laquelle je crois peu ou prou...
Et cela ouvre des horizons pour la suite avec la recherche du "Grand Maître".
Belle écriture, toujours. Merci Aegis.
Tu as été très rapide aussi, et maintenant on risque fort d'attendre un peu Kicilou qui avait prévenu "dans la mesure de mes possibilités"...
Je vais la contacter par mail pour voir ce qu'elle en dit. A moins qu'elle ne vienne ici dans les prochaines 72 heures.
J'ai un peu regretté l'absence du petit frère. Où il est passé celui-là? On verra sans doute plus tard.
L'idée de la réincarnation est bien trouvée aussi, ça me plaît d'autant plus que c'est une chose à laquelle je crois peu ou prou...
Et cela ouvre des horizons pour la suite avec la recherche du "Grand Maître".
Belle écriture, toujours. Merci Aegis.
Tu as été très rapide aussi, et maintenant on risque fort d'attendre un peu Kicilou qui avait prévenu "dans la mesure de mes possibilités"...
Je vais la contacter par mail pour voir ce qu'elle en dit. A moins qu'elle ne vienne ici dans les prochaines 72 heures.
Re: CM1 - Episode n°4
Lyra, Kicilou ayant divers problèmes à résoudre dans les prochains jours laisse son tour et revient dans une dizaine de jours. Ca te dit de faire l'épisode 5?
Re: CM1 - Episode n°4
Texte plus long que les autres, ce qui n'est pas un mal, parce que très agréable à lire. J'aime l'approche que tu as, ce monologue d'une fillette déshamsterisée qui découvre un autre monde et ressent de la crainte. J'avais peur que ça soit trop facile, qu'elle se glisse trop vite dans la peau de son nouveau personnage, mais non, pas du tout, tu introduis le doute et la peur, de belle manière. Le personnage prend de l'épaisseur, devient attachant et je ressens presque une envie de l'aider à fuir ce milieu qui lui paraît hostile. Bien vu.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: CM1 - Episode n°4
Bluewitch m'informe gentiment qu'elle va rédiger le prochain épisode dans les meilleurs délais.
Merci à elle.
Lyra et Kicilou, vous m'indiquerez vos disponibilités dès que possible, merci aussi!
;-)
Merci à elle.
Lyra et Kicilou, vous m'indiquerez vos disponibilités dès que possible, merci aussi!
;-)
Re: CM1 - Episode n°4
Un peu plus d'introspection, de sérieux et de bon sens. C'est vrai qu'un cerveau de Hamster dans un corps de fille, ça ne doit pas être si simple.;o)
Bravo en tout cas! Un texte dense et bien écrit!
Bravo en tout cas! Un texte dense et bien écrit!
Re: CM1 - Episode n°4
Cette suite est racontée avec beaucoup de sensibilité. Le ton choisi donne une nouvelle dimension à l'histoire. L'écriture est soignée, agréable et tu dessines quelques nouvelles pistes intéressantes.
Re: CM1 - Episode n°4
Tout autre style !! Joliment dis, on avance bien. Maeva est décrite, heuu enfin emma. Disons qu'on sait comment est le corps de maeva
J'ai bien aimé ma foi mais...qui est donc ce new personnage !!!
J'ai bien aimé ma foi mais...qui est donc ce new personnage !!!
evaetjean- Nombre de messages : 408
Age : 44
Localisation : Entre ici et nulle part...
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: CM1 - Episode n°4
bien écrit, une progression de l'intrigue dans la ligne des 1ers épisodes, un petit changement de style et de ton plutôt logique et justifié par rapport au contenu de l'épisode.
pour le grand maître de la fin, vois pas trop ce que Blue va en faire ... j'espère que l'intrigue ne va pas devenir trop complexe et emberlificotée dans les prochains épisodes
pour le grand maître de la fin, vois pas trop ce que Blue va en faire ... j'espère que l'intrigue ne va pas devenir trop complexe et emberlificotée dans les prochains épisodes
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 48
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: CM1 - Episode n°4
J'aime beaucoup cet épisode aussi, c'est bien de voir ça de manière un peu plus psychologique, et c'est intéressant de la regarder découvrir ses nouveaux sens !
Et la rentrée des classes, bien traitée le brouhaha tout ça, et cette histoire de grand maître... ! J'ai hâte de voir ce que ça va donner !
Un bel épisode en tout cas !
Et la rentrée des classes, bien traitée le brouhaha tout ça, et cette histoire de grand maître... ! J'ai hâte de voir ce que ça va donner !
Un bel épisode en tout cas !
Re: CM1 - Episode n°4
J'aime bien ! Je reconnais ton style Aegis, qui change par rapport aux précédents épisodes mais que tu fais coller avec ce que tu racontes, ça passe très bien. L'idée du grand maître, ça sent le nouveau délire, j'attends de voir ce que ça va donner ! J'aime bien cette introspection qui était nécessaire : elle ne maîtrise pas encore tout Emma. Mais justement la phrase: "est-ce que je peux aller à l'infirmerie" c'est un peu tiré par les cheveux... Comment une hamster sait-elle qu'il y a une infirmerie dans une école (ce qu'il y a très rarement d'ailleur) ? Mais je chipote là ! C'est tout de même un très bon épisode !
Kicilou- Nombre de messages : 290
Localisation : île de france
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: CM1 - Episode n°4
Kicilou, je reconnais la justesse de ta remarque sur l'infirmerie..... j'avoue que je n'avais pas pensé à ça...gloups
et pour le délire du grand maître, peut être que ça va t'inspirer?
et pour le délire du grand maître, peut être que ça va t'inspirer?
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