Paté tout court
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Maryse
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Krebs
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Paté tout court
Je suis fier de connaitre des anges, avec dans le vert des yeux de quoi effeuiller les plus droits, une touffe araignée cueillant dans les blancs la rosée d’ici là et pour les songes tanin, un tapin peau d’olive ; celui qui dans la coupe d’un roi désaltère l’amertume de n’être que ça ; de ces papillons aux ailes vénéneuses aux paroles poisons, qui courent malades fondre ma gorge et la plainte d’un cœur bas… et puis..
Et puis, voilà 33 ans que je suis séropo, sé-ro-po tu vois ! 33 ans que mon corps s’accueille au Formule 1, 37€ douche à l’étage, télé miteuse au nord du front, 33 ans que j’héberge un aspic pétanque, un truc que tu échanges ou pas. Moi, je ne l’ai appris qu’hier, à cause d’elle, parce que c’était sérieux. Par hasard, le cochonnet c’est moi et personne, nan personne n’a soufflé entre moi. Nous sommes restés mon jeu et moi, rangés dans une mallette sans risque d’esquinter un boulodrome malchanceux. C’est juste un connard d’insecte qui m’a dardé avec une pâquerette, de ces pâquerettes au gout vanille au out va-là.
Et puis, chaque matin, je le revois dans mon miroir, anonyme meurtrier inventaire au savon. Et puis, et puis j’me dis « Rien que tout pour moi ! » Alors Fatigue a ce parfum de tabac froid, naseaux vieillis et mon poitrail de son filet qui ne remonte plus d’écailles. Sagesse en fouet ne sait plus taire cette brulure vertèbre et cuir de fond d’entrailles.
Et puis miroir, ça te fascine mon papier qui n’en peut plus de s’humecter, qui n’en peut plus de buvarder en bord de gueule ses saloperies.
Et puis si on sortait prendre une clé en enfermant en cercles presque vagues toute la merde du dedans, que ton œil maquereaux puisse tisser le long du noir toutes ces petites qu’il n’a pas eu, toutes ces passantes, comme dirait l’autre, ça te fascinerait qu’au gré des courbes l’enfance se refasse, qu’en terrain de cross la simple blatte puisse enfin tout tracter con. De toute façon, ton iris nous la dessine ta maigre femme, d’un trait, d’une ligne. Mon miroir attendre, rejouer la colonie pénitencière avec de l’herbe sèche entre les pores, écrire au vert toutes les fourmis pour trois petites lettres, attendre que le bitume frise les peuples, que les pigeons concassent les urnes. Alors nous graverions nos âmes et tu m’oublierais, je serais galop, ce troupeau ivre, la violence, la vitesse, le râle.
Et puis… 33 ans déjà.
Moi je n’aime plus l’odeur d’attendre comme on pisse toutes ces asperges, ce retour en nausées volatiles. L’odeur de l’attente, c’est le cri de ma mère, dans la merde, dans le sang, lesecret de l’histoire en creux de fenouille, ces cadavres rouge gorges mités vermines. Et je n’aime pas t’attendre, j’adore ça !
Alors j’écrase quelques punaises sur la mort d’un printemps : !
ma vie
Et puis, voilà 33 ans que je suis séropo, sé-ro-po tu vois ! 33 ans que mon corps s’accueille au Formule 1, 37€ douche à l’étage, télé miteuse au nord du front, 33 ans que j’héberge un aspic pétanque, un truc que tu échanges ou pas. Moi, je ne l’ai appris qu’hier, à cause d’elle, parce que c’était sérieux. Par hasard, le cochonnet c’est moi et personne, nan personne n’a soufflé entre moi. Nous sommes restés mon jeu et moi, rangés dans une mallette sans risque d’esquinter un boulodrome malchanceux. C’est juste un connard d’insecte qui m’a dardé avec une pâquerette, de ces pâquerettes au gout vanille au out va-là.
Et puis, chaque matin, je le revois dans mon miroir, anonyme meurtrier inventaire au savon. Et puis, et puis j’me dis « Rien que tout pour moi ! » Alors Fatigue a ce parfum de tabac froid, naseaux vieillis et mon poitrail de son filet qui ne remonte plus d’écailles. Sagesse en fouet ne sait plus taire cette brulure vertèbre et cuir de fond d’entrailles.
Et puis miroir, ça te fascine mon papier qui n’en peut plus de s’humecter, qui n’en peut plus de buvarder en bord de gueule ses saloperies.
Et puis si on sortait prendre une clé en enfermant en cercles presque vagues toute la merde du dedans, que ton œil maquereaux puisse tisser le long du noir toutes ces petites qu’il n’a pas eu, toutes ces passantes, comme dirait l’autre, ça te fascinerait qu’au gré des courbes l’enfance se refasse, qu’en terrain de cross la simple blatte puisse enfin tout tracter con. De toute façon, ton iris nous la dessine ta maigre femme, d’un trait, d’une ligne. Mon miroir attendre, rejouer la colonie pénitencière avec de l’herbe sèche entre les pores, écrire au vert toutes les fourmis pour trois petites lettres, attendre que le bitume frise les peuples, que les pigeons concassent les urnes. Alors nous graverions nos âmes et tu m’oublierais, je serais galop, ce troupeau ivre, la violence, la vitesse, le râle.
Et puis… 33 ans déjà.
Moi je n’aime plus l’odeur d’attendre comme on pisse toutes ces asperges, ce retour en nausées volatiles. L’odeur de l’attente, c’est le cri de ma mère, dans la merde, dans le sang, lesecret de l’histoire en creux de fenouille, ces cadavres rouge gorges mités vermines. Et je n’aime pas t’attendre, j’adore ça !
Alors j’écrase quelques punaises sur la mort d’un printemps : !
ma vie
Krebs- Nombre de messages : 22
Age : 79
Date d'inscription : 12/11/2010
Re: Paté tout court
C'est vraiment de la poésie ou bien c'est pour pas poster 3 textes le même jour en PROSE ?
(D'ailleurs 2, c'est 1 de trop).
Mes excuses pour le procès d'intention si ce n'en est pas une, et pour mon côté béotien en poésie...
(D'ailleurs 2, c'est 1 de trop).
Mes excuses pour le procès d'intention si ce n'en est pas une, et pour mon côté béotien en poésie...
Re: Paté tout court
J'ai beaucoup aimé.
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 80
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
Re: Paté tout court
"Alors Fatigue a ce parfum de tabac froid, naseaux vieillis et mon poitrail de son filet qui ne remonte plus d’écailles"
"Alors nous graverions nos âmes et tu m’oublierais, je serais galop, ce troupeau ivre, la violence, la vitesse, le râle."
"Et je n’aime pas t’attendre, j’adore ça !"
Hop! Je remonte ce poème injustement boudé des critiques.
Voilà.
Ca, mesdames et messieurs, c'est de la poésie. Sisi de la vraie. Avec une vraie matière sonore, une vraie recherche sur la langue, sur le panel des émotions, sur l'intensité du ton. On ne sort pas si facilement de ce poème. C'est beau et sale à la fois. Ca en jette. C'est l'un des tous meilleurs poèmes que j'aie pu lire ici.
Grand bravos.
Tiens au fait, krebs, voudrais-tu m'envoyer ton mail? le mien est affiché... J'aimerais te proposer un truc.
"Alors nous graverions nos âmes et tu m’oublierais, je serais galop, ce troupeau ivre, la violence, la vitesse, le râle."
"Et je n’aime pas t’attendre, j’adore ça !"
Hop! Je remonte ce poème injustement boudé des critiques.
Voilà.
Ca, mesdames et messieurs, c'est de la poésie. Sisi de la vraie. Avec une vraie matière sonore, une vraie recherche sur la langue, sur le panel des émotions, sur l'intensité du ton. On ne sort pas si facilement de ce poème. C'est beau et sale à la fois. Ca en jette. C'est l'un des tous meilleurs poèmes que j'aie pu lire ici.
Grand bravos.
Tiens au fait, krebs, voudrais-tu m'envoyer ton mail? le mien est affiché... J'aimerais te proposer un truc.
Re: Paté tout court
Non mais sans dèc! Oh putain! j'en ai les larmes aux yeux! Faut ABSOLUMENT que tu me m'écrives!
Re: Paté tout court
"Je suis fier de connaitre des anges, avec dans le vert des yeux de quoi effeuiller les plus droits,"
En effet, ce texte ne mérite pas de disparaître tout de suite.
En effet, ce texte ne mérite pas de disparaître tout de suite.
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Paté tout court
Un texte comme ça enterre tous les autres.
Et sa violence, sa tendresse me prend aux tripes, c'est bouleversant...
Et sa violence, sa tendresse me prend aux tripes, c'est bouleversant...
Invité- Invité
Re: Paté tout court
L'écriture est assez nébuleuse, je trouve, pour qu'on y entre sans vraiment y prêter attention. Mais alors le sujet se prête s'y bien à la forme que l'on s'accroche, fort, très fort.
on ne repart pas indemne de ce poème en prose, merci.
on ne repart pas indemne de ce poème en prose, merci.
Invité- Invité
Re: Paté tout court
Effectivement, on ne ressort pas indemme. Mais personnellement, cette écriture parfois trop nébuleuse m'a parfois forcé à m'accrocher.
Re: Paté tout court
....Lorsque je lis ce texte fort, parsemé de beautés telles que "Je suis fier de connaitre des anges, avec dans le vert des yeux de quoi effeuiller les plus droits," je me demande si c'est bien de la poésie. En même temps ce n'est pas vraiment une nouvelle. Je le qualifierais plutôt de "tableau", mais est-ce que le tableau est un genre ? je l'ignore. J'entends ceux qui vont dire "pinaillage, au diable les classifications" mais la question demeure. Elle n'est toutefois pas, pas tout de suite, essentielle. Car je me repais des beautés encloses dans ce texte. En voici une autre, tant qu'à picorer, "qu’au gré des courbes l’enfance se refasse" ou encore "Et je n’aime pas t’attendre, j’adore ça " ou bien "qui dans la coupe d’un roi désaltère l’amertume de n’être que ça". Je m'interroge au passage sur 33 ans, l'âge du Christ lorsqu'il fut cloué, mais aussi le tiers de 100, ou un 33 tours des années 70...
....En revanche je trouve que le texte hésite entre deux lignes de styles, celle très poétique affirmée dès le début, dès le "Je suis fier de connaitre des anges, avec dans le vert des yeux de quoi effeuiller les plus droits,", et celle du crade, célinienne en quelque sorte, de la merde, des tripes etc. Cette ligne -qui est vraisemblablement le moteur de l'écriture- tend à submerger l'autre et à étouffer la poétique du texte en le tirant vers le témoignage. Par ailleurs le texte souffre à mon avis d'un artifice ou d'une tentation peut-être, celle de l'insertion de fragments, de greffes ou d'écriture artificielle. Tel que par exemple :pour les songes tanin, un tapin peau d’olive / mon poitrail de son filet qui ne remonte plus d’écailles / Sagesse en fouet / qu’en terrain de cross la simple blatte puisse enfin tout tracter con. Ces surcharges confèrent du nébuleux qui a été signalé. Je pense néanmoins que réside dans ces passages tout un ressort poétique du texte: il s'éloigne alors du témoignage et part dans le désir, l'inatteint, l'inassouvi, l'onirique mais souffre sans doute d'une formulation trop abrupte, trop brute. Trop proche de la souffrance ? Enfin je peux me tromper.
....En revanche je trouve que le texte hésite entre deux lignes de styles, celle très poétique affirmée dès le début, dès le "Je suis fier de connaitre des anges, avec dans le vert des yeux de quoi effeuiller les plus droits,", et celle du crade, célinienne en quelque sorte, de la merde, des tripes etc. Cette ligne -qui est vraisemblablement le moteur de l'écriture- tend à submerger l'autre et à étouffer la poétique du texte en le tirant vers le témoignage. Par ailleurs le texte souffre à mon avis d'un artifice ou d'une tentation peut-être, celle de l'insertion de fragments, de greffes ou d'écriture artificielle. Tel que par exemple :pour les songes tanin, un tapin peau d’olive / mon poitrail de son filet qui ne remonte plus d’écailles / Sagesse en fouet / qu’en terrain de cross la simple blatte puisse enfin tout tracter con. Ces surcharges confèrent du nébuleux qui a été signalé. Je pense néanmoins que réside dans ces passages tout un ressort poétique du texte: il s'éloigne alors du témoignage et part dans le désir, l'inatteint, l'inassouvi, l'onirique mais souffre sans doute d'une formulation trop abrupte, trop brute. Trop proche de la souffrance ? Enfin je peux me tromper.
Re: Paté tout court
Intéressante analyse de Marjevols. Vraiment.
Maintenant je ne suis pas tout à fait du même avis sur certains points: Je trouve au contraire toujours intéressant - lorsque c'est bien mené - de mêler le crade le plus intime et la beauté presque symbolique. Ca crée du contraste. Le sale révèle l'immaculé.
Et puis comme il le dit lui-même dans le texte: il a en lui un "aspic pétanque" (j'adore l'expression!) dans le corps. Et ça le tâche. Et forcément que la violence est là, qui vient comme une résignation mal digérée.
Après au niveau des incongruités grammaticales, je ne suis moi-même pas toujours fan de ces procédés. Car c'est souvent mal fait, et de façon artificielle. Or là l'omission de certains mots, la création de formules donnent à l'ensemble un côté très brut, nécessaire, comme un effet de syncope. Une grande matière sonore également, puisqu' enrichie d'un vocabulaire inattendu.
Non non je ne me lasse pas de relire ce poème.
Maintenant je ne suis pas tout à fait du même avis sur certains points: Je trouve au contraire toujours intéressant - lorsque c'est bien mené - de mêler le crade le plus intime et la beauté presque symbolique. Ca crée du contraste. Le sale révèle l'immaculé.
Et puis comme il le dit lui-même dans le texte: il a en lui un "aspic pétanque" (j'adore l'expression!) dans le corps. Et ça le tâche. Et forcément que la violence est là, qui vient comme une résignation mal digérée.
Après au niveau des incongruités grammaticales, je ne suis moi-même pas toujours fan de ces procédés. Car c'est souvent mal fait, et de façon artificielle. Or là l'omission de certains mots, la création de formules donnent à l'ensemble un côté très brut, nécessaire, comme un effet de syncope. Une grande matière sonore également, puisqu' enrichie d'un vocabulaire inattendu.
Non non je ne me lasse pas de relire ce poème.
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