Nature
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Nature
Alors là, j'y suis. En plein dedans. Si du moins elle existe, c'est de ça qu'il doit s'agir.
La nature.
J'y suis pas mal. L'air poivré me picote le ventre, mais ça fait partie du kit.
Je distingue une ombre jaune à travers mes sourcils mouillés de transpiration. C'est le soleil, haut perché, scotché au plafond, qui me nargue. Je suis superbe, mais ne t'avise pas de le vérifier, si tu me regardes tu deviens aveugle aussi sec semble-t-il me dire. Pas de problème, je connais la règle. La frustration fait partie de la vie.
Je continuerai à faire comme tout le monde : ne pas regarder le soleil dans le fond des yeux, le laisser voir sans être vu dans ces régions où il ne fait pas les choses à moitié : soit il phagocyte tout, soit il s'esquive et enténèbre le coeur des humains.
Je jouirais davantage de la fraîcheur du sable entre mes orteils si je parvenais à oublier que ce sol meuble freine ma progression. Et des progrès, il faut que j'en fasse : encore 200 kilomètres, et ma gourde à moitié vide. Je me jette hardiment (que faire
d'autre) dans le silence du désert, rempli jusqu'à la gueule de craquements, de bruissements, de cris, de souffles, et de mélancolie.
Mes yeux s'intéressent malgré moi au paysage. Ces contrées me sembleraient propices à l'érection d'un baobab. ça habillerait un peu l'horizon, ça en équilibrerait les lignes et les formes.
Le sable nu a son charme aussi. Décoré de reflets rouges et dorés, il m'indique facétieusement le chemin. Tout droit. A droite. A gauche. Partout. Nulle part. La perspective est vaste. L'espoir d'en sortir vivant est limité.
N'importe, mes os feront bien dans le tableau. Ils décoreront les dunes roses de leurs protubérances noueuses et blanches, et lorsqu'un coppens de passage les découvrira, il sera déçu par leur jeunesse et ému par leurs formes, et donnera à feu leur propriétaire un surnom quelconque, Matthew, Michaël, ou Midas, si c'est une année en M, Noé, Nathan, ou Nicolas si c'est une année en N, puis il les laissera poursuivre leur lente et féconde fusion avec les racines, les buissons, et les sables africains.
Cette promesse dépose un sourire fugace sur mon visage usé. En attendant je jouis une dernière fois de la brise méridienne et m'enfonce un peu plus dans la mer de dunes qui s'ouvre à mes pieds.
La nature.
J'y suis pas mal. L'air poivré me picote le ventre, mais ça fait partie du kit.
Je distingue une ombre jaune à travers mes sourcils mouillés de transpiration. C'est le soleil, haut perché, scotché au plafond, qui me nargue. Je suis superbe, mais ne t'avise pas de le vérifier, si tu me regardes tu deviens aveugle aussi sec semble-t-il me dire. Pas de problème, je connais la règle. La frustration fait partie de la vie.
Je continuerai à faire comme tout le monde : ne pas regarder le soleil dans le fond des yeux, le laisser voir sans être vu dans ces régions où il ne fait pas les choses à moitié : soit il phagocyte tout, soit il s'esquive et enténèbre le coeur des humains.
Je jouirais davantage de la fraîcheur du sable entre mes orteils si je parvenais à oublier que ce sol meuble freine ma progression. Et des progrès, il faut que j'en fasse : encore 200 kilomètres, et ma gourde à moitié vide. Je me jette hardiment (que faire
d'autre) dans le silence du désert, rempli jusqu'à la gueule de craquements, de bruissements, de cris, de souffles, et de mélancolie.
Mes yeux s'intéressent malgré moi au paysage. Ces contrées me sembleraient propices à l'érection d'un baobab. ça habillerait un peu l'horizon, ça en équilibrerait les lignes et les formes.
Le sable nu a son charme aussi. Décoré de reflets rouges et dorés, il m'indique facétieusement le chemin. Tout droit. A droite. A gauche. Partout. Nulle part. La perspective est vaste. L'espoir d'en sortir vivant est limité.
N'importe, mes os feront bien dans le tableau. Ils décoreront les dunes roses de leurs protubérances noueuses et blanches, et lorsqu'un coppens de passage les découvrira, il sera déçu par leur jeunesse et ému par leurs formes, et donnera à feu leur propriétaire un surnom quelconque, Matthew, Michaël, ou Midas, si c'est une année en M, Noé, Nathan, ou Nicolas si c'est une année en N, puis il les laissera poursuivre leur lente et féconde fusion avec les racines, les buissons, et les sables africains.
Cette promesse dépose un sourire fugace sur mon visage usé. En attendant je jouis une dernière fois de la brise méridienne et m'enfonce un peu plus dans la mer de dunes qui s'ouvre à mes pieds.
Meilhac- Nombre de messages : 49
Age : 48
Date d'inscription : 25/09/2011
Re: Nature
Une fusion avec la nature, jusqu'à devenir soi-même grains de sable alimentant la dune. C'est plus tentant que de redevenir poussière.
J'ai aimé cette phrase : "dans le silence du désert, rempli jusqu'à la gueule de craquements, de bruissements, de cris, de souffles, et de mélancolie " qui traduit bien les mystères des lieux.
J'ai aimé cette phrase : "dans le silence du désert, rempli jusqu'à la gueule de craquements, de bruissements, de cris, de souffles, et de mélancolie " qui traduit bien les mystères des lieux.
Invité- Invité
Re: Nature
Je suis assez dubitatif...
Je ne sais pas s'il s'agit d'un compte-rendu d'un voyageur égaré (raid "extrême", rallye, accident d'avion -par exemple...-) ou d'une vision allégorique de notre monde et de son devenir (désertification de la planète...).
Un peu plus de clarté aurait été bienvenue... ou alors, c'est moi qui suis perdu !
Je ne sais pas s'il s'agit d'un compte-rendu d'un voyageur égaré (raid "extrême", rallye, accident d'avion -par exemple...-) ou d'une vision allégorique de notre monde et de son devenir (désertification de la planète...).
Un peu plus de clarté aurait été bienvenue... ou alors, c'est moi qui suis perdu !
Re: Nature
euh à vrai dire j'en sais rien non plus.GERWAL a écrit:Je suis assez dubitatif...
Je ne sais pas s'il s'agit d'un compte-rendu d'un voyageur égaré (raid "extrême", rallye, accident d'avion -par exemple...-) ou d'une vision allégorique de notre monde et de son devenir (désertification de la planète...).
(l'idée était de faire un petit texte sur la nature, évocation poétique de la nature, et je suis parti là dessus, sans me poser + de questions que ça). (par ailleurs, si on veut absolument que ça s'inscrive dans quelque chose du type de ce que tu suggères, ça peut être les deux à la fois).
enfin bref c'est une évocation de la nature, ça se veut agréable à lire. (j'ai tendance à considérer qu'un bon sujet, c'est un sujet qui permet d'écrire).
Meilhac- Nombre de messages : 49
Age : 48
Date d'inscription : 25/09/2011
Re: Nature
Je n'ai accroché à la première lecture qu'à partir du dernier paragraphe, sur les os, et du coup suis retournée lire avec plus d'attention et j'avoue être tombée sous un certain charme, quelque chose de flou qui me plaît bien. J'aime ne pas connaître vraiment les circonstances et en voyant le paysage - parce que le texte donne à voir s'il ne donne pas à savoir -, laisser voyager l'imagination. De plus, l'écriture ne me semble pas trop chargée, assez claire, avec une pincée de dérision, oui j'ai bien aimé.
Invité- Invité
Re: Nature
Bien aimé les pensées de l’humain plongé dans la nature et ce qu’elle peut avoir de dangereux pour lui, et de grandiose et beau malgré tout. Un texte court qui réussit à me placer dans le désert, à me mettre dans la peau du narrateur et ressentir avec lui le soleil, le sable et l’immensité.
Plutôt dépaysant et chouette.
Plutôt dépaysant et chouette.
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Nature
Il y a deux pistes divergentes, dans ce désert, me semble-t-il : au début, on a l'impression d'être dans un monde de science fiction où l'on peut obtenir un "kit de nature" comme on aurait une panoplie de cowboy. La suite fait plus penser à une tentative de survie après un accident d'avion ou something de semblable...
J'ai aimé aussi la fome d'humour qui pimente ce texte.
J'ai aimé aussi la fome d'humour qui pimente ce texte.
Invité- Invité
Re: Nature
J'ai marché un certain temps aux côtés de Tintin au pays de l'or noir puis j'ai cru apercevoir le Petit Prince qui aurait raté son aviateur (le baobab, sans doute) J'ai été un peu déçue de ne trouver ni l'un ni l'autre avant la fin du récit mais "La frustration fait partie de la vie." n'est ce pas ! Et puis la balade teintée d'humour ne m'a pas laissée insensible même si de la nature je n'ai vu que le côté minéral qui n'est peut-être pas le plus accueillant.
re : Nature
Enfin une relation avec la nature qui n'est pas mièvre. Pas d'embellissement fantasmatique. La nature est sauvage, hostile, sans sourire pour l'homme dont elle n'a que faire... Mais elle est souveraine, et ça on le sent dans ton évocation. Ta phrase suit la respiration du narrateur assujetti à l'élément. Justesse d'un moment plausible que tu transmets sans blabla. On te suit sur ce chemin là, celui de l'âpreté sans chimère...
RAOUL
RAOUL
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
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