Chaque nuit j'ai compté les jours
5 participants
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Chaque nuit j'ai compté les jours
Le froid engourdit la pensée et le corps
Toute la nuit le vent s’est épuisé à gémir à nos portes
La neige a recouvert d’une gangue ouatée
Les alentours du camp qu’il faudra déblayer
Chaque nuit j’ai compté les jours
Pour ne pas oublier de vivre encore un peu
Les hommes se regroupent autour du samovar
Et boivent un thé brûlant avec des gestes lents
Chacun sait qu’il faudra dans la terre gelée
Creuser ce grand canal aux confins du pays
Et nos dos crucifiés à chaque pelletée
Chaque nuit j’ai compté les jours
Comme un mantra sordide, la prière des zeks
Ma chapka déchirée et mes lèvres gercées
L’air glacé qui nous grise et brûle nos poumons
Boris s’est effondré dans la neige bleutée
Et les cris du kapo, les morsures des chiens
N’ont pu le ramener aux portes de l’Enfer
Chaque nuit j’ai compté les jours
Rêvant son beau visage apaisé dans la mort
Le vent gronde, faisant vibrer nos carcasses
Ma mémoire fredonne ces vieilles chansons russes
Caché dans ma pelisse un pain noir dérobé
Du tabac à priser gagné hier soir aux dés
Vera ma douce, aux yeux brûlants de fièvre
Chaque nuit j’ai compté les jours
Depuis ce triste soir où ils m’ont amené
Ce soir la lune rousse illumine ma nuit
Les gisants en guenilles s’endorment épuisés
J’aurai voulu t’écrire un poème d’amour
Mais le courrier se meurt au bureau du censeur
Alors j’ai gravé dans le bois, une nouvelle encoche
Chaque nuit j’ai compté les jours
Qui me séparent encore de ton corps fatigué.
Toute la nuit le vent s’est épuisé à gémir à nos portes
La neige a recouvert d’une gangue ouatée
Les alentours du camp qu’il faudra déblayer
Chaque nuit j’ai compté les jours
Pour ne pas oublier de vivre encore un peu
Les hommes se regroupent autour du samovar
Et boivent un thé brûlant avec des gestes lents
Chacun sait qu’il faudra dans la terre gelée
Creuser ce grand canal aux confins du pays
Et nos dos crucifiés à chaque pelletée
Chaque nuit j’ai compté les jours
Comme un mantra sordide, la prière des zeks
Ma chapka déchirée et mes lèvres gercées
L’air glacé qui nous grise et brûle nos poumons
Boris s’est effondré dans la neige bleutée
Et les cris du kapo, les morsures des chiens
N’ont pu le ramener aux portes de l’Enfer
Chaque nuit j’ai compté les jours
Rêvant son beau visage apaisé dans la mort
Le vent gronde, faisant vibrer nos carcasses
Ma mémoire fredonne ces vieilles chansons russes
Caché dans ma pelisse un pain noir dérobé
Du tabac à priser gagné hier soir aux dés
Vera ma douce, aux yeux brûlants de fièvre
Chaque nuit j’ai compté les jours
Depuis ce triste soir où ils m’ont amené
Ce soir la lune rousse illumine ma nuit
Les gisants en guenilles s’endorment épuisés
J’aurai voulu t’écrire un poème d’amour
Mais le courrier se meurt au bureau du censeur
Alors j’ai gravé dans le bois, une nouvelle encoche
Chaque nuit j’ai compté les jours
Qui me séparent encore de ton corps fatigué.
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 63
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
zeks
beaucoup de force dans ce texte qui brûle de l'intérieur en dépit de l'atmosphère glacée et pénitentiaire
tu as du t'en farcir du soljenistyne pour être marqué comme ça!
tu as du t'en farcir du soljenistyne pour être marqué comme ça!
Re: Chaque nuit j'ai compté les jours
Impossible de ne pas se sentir touché par le sujet et par ce que ce texte dégage de souffrance mais aussi de force de vie. Je crois que la quasi absence de ponctuation contribue beaucoup à la sensation de martèlement du temps qui passe en dépit de tout, jusqu'àu dernier vers porteur d'espoir.
Mention spéciale pour :
Mention spéciale pour :
Mais le courrier se meurt au bureau du censeur
Invité- Invité
Re: Chaque nuit j'ai compté les jours
Etait-ce l'approche du 11 novembre qui t'a fait écrire ce texte. Je sais bien qu'il ne s'agit pas de la même chose ;-) mais l'horreur est la même.
J'ai ouvert ce texte parce que j'ai été attirée par le titre (très bien trouvé).
Je ne sais pas pourquoi, le fait d'écrite en vers donne encore plus de force à tes mots.
J'ai ouvert ce texte parce que j'ai été attirée par le titre (très bien trouvé).
Je ne sais pas pourquoi, le fait d'écrite en vers donne encore plus de force à tes mots.
Re: Chaque nuit j'ai compté les jours
Sombre et fort, j'ai aimé le leitmotiv créé par la répétition de Chaque nuit j’ai compté les jours. Il se dégage de ce texte une douceur dramatique dont j'apprécie les accents de solennité mais aussi l'élégance.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Chaque nuit j'ai compté les jours
Bon, y'a de la force, qui en douterait, et pas que ça, à l'évidence.
Je voulais juste, histoire de questionner, en revenir à cette typographie poétique qui, ici, me pose problème: tes vers sont longs, trop, parfois, pour qu'on puisse les proférer d'une traite... ce qui me coince, un peu, dans ma lecture.
Je voulais juste, histoire de questionner, en revenir à cette typographie poétique qui, ici, me pose problème: tes vers sont longs, trop, parfois, pour qu'on puisse les proférer d'une traite... ce qui me coince, un peu, dans ma lecture.
pierre-henri- Nombre de messages : 699
Age : 65
Localisation : Raiatea
Date d'inscription : 17/02/2008
Re: Chaque nuit j'ai compté les jours
pierre henri
ta remarque m'interpelle, pourtant c'est du 12 ou 13 pieds...allez 14 les jours de grand vent, j'ai du mal à comprednre pourquoi la récitation peut poser problème
éclaire moi
merci
ta remarque m'interpelle, pourtant c'est du 12 ou 13 pieds...allez 14 les jours de grand vent, j'ai du mal à comprednre pourquoi la récitation peut poser problème
éclaire moi
merci
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 63
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Chaque nuit j'ai compté les jours
là, le retour du "cor" me pèse;mitsouko a écrit:Le froid engourdit la pensée et le corps
Toute la nuit le vent s’est épuisé à gémir à nos portes 6 + 7 +3
Les hommes se regroupent autour du samovar
Et boivent un thé brûlant avec des gestes lents un vrai 13
Le vent gronde, faisant vibrer nos carcasses (drôle de rythme, non ?)
Alors j’ai gravé dans le bois, une nouvelle encoche 8+ 6
Qui me séparent encore de ton corps fatigué.
Tu as bien fait de me demander de relire, je t'en remercie, cette relecture emporte davantage mon adhésion.
La rupture en octo me gêne tjs, en revanche- et explique peut-être, à elle seule, mon malaise ? et mon impression première.
pierre-henri- Nombre de messages : 699
Age : 65
Localisation : Raiatea
Date d'inscription : 17/02/2008
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