Très cher

[pierrot]

J'ai "pondu" ce texte pour un concours pour la ST valentin et ne l'ai pas envoyé, me considérant devenu en cours de route hors sujet ! Mais je ne regrette rien car j'ai eu le plaisir de l'écrire et il me reste à voir si le plaisir peut être un peu partagé à la lecture !

Très cher,

Tu me disais : « Je t’aime, je t’aime passionnément comme personne ne le pourra.
Tu es belle, belle à enflammer la convoitise des hommes, la jalousie des femmes, belle à porter en toi la fin des mondes. »
Tu vois, très cher, je me souviens encore de ta ritournelle délicieuse.
Le soir, devant le miroir de notre chambre, quand tu découvrais cette petite tache dans mon cou qui t’émerveillait tant, le galbe de mes seins arrogants qui aimantait tes mains ou l’éclat malicieux et tendre de mes yeux qui s’allumait et t’ensorcelait, tout de moi était si joliment adorable que j’étais ta vie et ton bonheur.
Très cher, j’étais ton amour, reflet de toi, toi moi infiniment.

Mais tes serments n’étaient que des mots et pour une candide inconnue, tu m’as quittée, insupportablement. Toi, mon enfer.
J’ai connu la déchirante absence du regard de l’autre, la froideur des draps, le silence des nuits, la compagnie de la Mort. Avec toi, j’avais perdu mon miroir et ne m’aimais plus.
Mais « La vie authentique commence au-delà du désespoir »* et la tristesse n’est qu’un éphémère. Comme lui me transformant, j’ai réappris mon bonheur. Très cher, puisque nous ne vieillirons pas ensemble, je vivrai moi infiniment.

Je m’aime, je m’aime passionnément comme personne ne le pourra.
Je suis belle, aujourd’hui pour moi-même, belle à porter en moi la fin des mondes.
Là, ce soir, le miroir n’est plus l’écho de toi et face à son reflet je m’attire et me désire, me chéris à fleur de peau d’une patience follement douce et dévastatrice.
Je connais tout de moi et j’en suis éprise de chaque atome. Je ne me quitte plus et ne saurai si peu me passer de moi un instant que l’amour d’un autre incarnerait une rivalité intolérable.
Miroir, reflet de moi, infiniment je t’aime. Je m’aime infiniment.

Adieu, très cher.

Moi

*SARTRE

[Invité]

Une écriture intéressante je trouve, bien adaptée au sujet qui hélas me laisse plutôt froide. Un bon texte à mon avis...

[Invité]

Ni le sujet ni le traitement ne sont novateurs, mais le texte se lit avec beaucoup de plaisir. La petite pointe de dérision est acide à souhait.

[lilicub]

les deux premières phrases m'ont fait peur : du sirupeux ?
eh bien non, c'est fort bien écrit (avec un goût marqué pour les adjectifs il me semble) et subtilement cruel.
le titre convient parfaitement.

[pierrot]

le sujet n'est certes pas nouveau. Mais est-il original de la part de la poste de prposer un concours sur le thème de la lettre d'amour, je vous le demande ! Comme je venais de suivre une conférence de philo sur le bonheur (et oui!) expliquant qu'il fallait savoir se reconstruire après une déception amoureuse et s'aimer, je me suis amusé à prendre les termes à la lettre.

[Sahkti]

Désolée, mais je suis en grande partie passée à côté de ce texte. Le propos m'a laissée de marbre, par son propos si convenu. D'accord, c'est le sujet "commandé" qui veut cela mais j'aurais aimé une insistance dans l'ironie, afin de démarquer quelque peu ce récit d'autres du même genre.
Ceci dit, il y a des choses plaisantes dans cette autodérision qui pointe le bout de son nez, ça vaudrait la peine d'être repris en mains, hors contraintes.

[pierrot]

Il ne faut pas être "désolé". La critique est juste et je suis venu la chercher. A qoime servirait de ne retenir que les louanges ? Le texte n'est pas très perso (beaucoup moins que "le cap des tempêtes" par exemple). Je suis même étonné qu'au contraire certains y adhèrent plus que moi. C'était aussi la première fois que je me plaçais dans la peau d'une femme...enfin que j'essayais. Oui avec un peu de recul je vois être resté à un exercice de style. Je reprendrai peut-être plus tard cette lettre...ou pas !

[Arielle]

C'était aussi la première fois que je me plaçais dans la peau d'une femme...enfin que j'essayais.

Je trouve la démarche un peu maladroite. S'il s'agit d'autodérision elle n'est pas assez évidente à mon avis et la narratrice flirte un peu trop avec le narcissisme pour être tout à fait crédible (méthode Coué ?)
Le style est alourdi par des adverbes tels que : passionnément, joliement, insupportablement, infiniment qui se répètent.
J'ai préféré, et de loin, le cap des tempêtes

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