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Projet d'édition 1 - A l'attention des jeunes parents

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Message  Chako Noir Lun 7 Déc 2009 - 16:21

A l’attention des jeunes parents


— Papa, tu me racontes une histoire ?
— Heu… ben…
Stop.
Qui ne s’est jamais retrouvé devant cette situation ? Allez, sans mentir…
C’est bien ce que je pensais.
Et bien aujourd’hui, ce ne sera pas le cas. En effet j’ai décidé de partager mon rôle, et ensemble nous allons concocter une belle histoire que vous pourrez raconter à vos enfants avant dodo.
Et comme cela je donne tout son sens à mon titre.
Sur ce.
Il faut avant tout un personnage. Pourquoi pas un chevalier ? Alors bien sûr, les aventures de cape et d’épée, avec des héros bodybuildés et des top models captives d’un affreux tout pas beau, c’est du déjà cuisiné, réchauffé et micro-ondé. Tant pis, on fera avec.
Tout d’abord, son nom : Leandro, Romuald, Jean-Paul… disons Jim ?
Adjugé.
Adonc, Jim, par un beau matin ensoleillé comme tous les matins dans le royaume de Diergekraak – ça en jette, non ? – chevauchait gaiement dans la plaine verdoyante. Trottant sur un tempo jazzy, il se rendait au château du roi, un roi plutôt sympa mais vraisemblablement peu soucieux du statut marital de sa fille : en effet il avait décidé de prendre pour gendre le premier qui la délivrerait du donjon maudit dans laquelle elle avait été enfermée à cause de divers complexes dus, entre autre, à l'acné et autres troubles juvéniles qui incommodaient fortement la Cour. Bref on s’en balance.
Quoiqu’il en soit, Jim, intrépide aventurier, avait décidé de tenter sa chance, et de gagner la route du donjon.
Déjà, plusieurs interrogations cruciales s’imposent…
Mais avant toute chose, pause café pour moi.

Okay. Premièrement, qu'est-ce qui peut bien garder le donjon ? Un dragon ? Une armée de trolls mutants ? Une chanteuse d'opéra scandinave ?
Autre interrogation – je relis parce que je ne sais déjà plus en j’en suis – est-ce que Jim voyage seul ?
Oui parce que s’il est tout seul, éventuellement il peut chanter pour se donner du courage, allumer son baladeur s’il a la voix cassée ou encore lire, mais en chevauchant
ce n’est pas très pratique.
Non, mieux vaut un camarade, un valet. Et autant le prince est beau, autant lui, il va être moche. Faut que ça tranche. Petit, moche, mais en revanche très bavard, et surtout approximativement drôle. Son nom: Trouffi. Vêtu de vieilles nippes et d’un chapeau bizarre, il aime fumer la pipe, et boit comme un trou noir. Entre autres.
Dialogue ?
Jim et Trouffi, cheminant sur la route qui menait au donjon, faisaient la causette pour passer le temps.
« J’ai soif », disait Trouffi.
« J’ai faim », disait encore Trouffi.
« J’ai sommeil », disait toujours Trouffi.
« Si tu ne fermes pas ton immonde clapet dans la seconde, je te ligote les mollets, t’enduis de miel et te balance sur une fourmilière », répondait Jim.
Bien que tout les séparât, une grande amitié liait les deux compagnons.
— Dis, honnêtement, t’y vas pour la gloire, pour l’or, ou pour la fille?
— Aaah, coquin de valet, tu n’y connais rien en chevalerie ! L’honneur seul dicte ma conduite, mais le coeur d’une belle est un objet bien doux, et l’amour, tortueux délice,
est toujours prompt à prendre le plus honnête des hommes, lorsque la plus jolie des perles se trouve au fond du filet.
— Paraît que ses problèmes d’acné sont assez épouvantables. J’ai apporté de la crème, au cas où.
— Insolent cuistre, butor sans esprit, comment oses-tu injurier ainsi ma future dulcinée ? Des excuses, ou c’est le bâton !
— Holà mon bon Monsieur ! Il ne faut point vous fâcher, je ne fais que tripatouiller piteusement mon verbiage, et comme dit si bien l’adage, mieux vaut lécher une botte que se la prendre dans le derrière.
— Il y a un adage qui dit cela ?
— Je n’en sais rien, mais à tout prendre, je jette dessus mon dévolu, et souhaite que votre pied se satisfasse de mon babillage et n’aille pas vouloir s’élancer dans mon sillage.
— Et ta langue de bois ! ne crains-je point d’écharde ?
— Votre pied est mon roi, j’ai peur qu’il me canarde.
— Me voilà rassuré, j’avais un petit doute. Taïaut piètre valet, poursuivons notre route.
— J’ai quand même pris de la crème au cas où.
Jim et Trouffi, faisant la causette pour passer le temps, cheminèrent sur la route qui menait au donjon.
Vous voyez, c’était facile.
Un cappuccino, pour fêter ça.

Nous arrivons à présent au donjon. En revenant sur la question du gardien de l’endroit, peut-être que moins Jim s’y attendra, plus ce sera corsé, qu’en dites-vous ?
Oui, le brave chevalier n’aura qu’à improviser ! Je vois d’ici le tableau : Jim au bord du gouffre, l’impitoyable sentinelle prête à l’embrocher et Trouffi qui pendant ce temps-là sauve la princesse et vient secourir son maître en lançant des noix de coco sur l’innommable cerbère. Alors celui-ci tombe dans le précipice, la princesse tombe amoureuse de Trouffi, le roi en le voyant frôle l’arrêt cardiaque, Jim pendant ce temps-là lève une armée pour se venger de son valet, et à la fin tout le monde meurt parce que c’est la vie. Une possibilité, comme ça.
Mais revenons à notre histoire là où nous l’avons laissée.
— Vache, c’est ça le donjon ?
— Réfléchis Trouffi. Une immense tour hérissée de piques, entourée par un gargantuesque fossé que seule traverse une passerelle épaisse comme un fétu de paille et bancale comme un éléphant sur une pile de morceaux de sucre, ajoute à cela les trois corbeaux nichant dans les meurtrières, sans compter le fait que la seule fenêtre allumée se trouve au dernier étage, oui, effectivement, c’est le donjon.
— Je ne serais pas contre faire volte-face.
— Et moi je t’ordonne de rester à ta place.
— Mais on va se faire ratatiner !
— Pas tant que ma main aura son épée !
— Ô sainte mère, pardonnez cet imprudent qui aura causé la perte de votre enfant !
— Cesse donc de dire des sottises, et aide-moi plutôt à enfoncer la porte !
— Il faudrait déjà traverser la passerelle…
— Allons, ce n’est qu’une vulgaire broutille, de quoi as-tu peur ?
— Le fétu de paille, vous vous souvenez ?
— Et bien, quoi ?
— J’ai le rhume des foins.
Libre à vous d’épargner ou non l’enrhumé d’un bon coup dans le train, toujours est-il que malgré les plaintes du valet les deux héros parviennent au seuil du donjon, et, avec l’aide du crâne solide de Trouffi, réussissent à dégonder la porte.
— Aïe, maître ! C’est du ciboulot que je travaille, moi !
— De quoi te plains-tu ? Ta tête fut une aide précieuse.
— Qui casse paie, j’attends ma solde.
— Silence, insolent ! Il faut trouver l’escalier qui mène chez la princesse.
Une tasse ?

Comme je n’ai pas envie de faire un plan, on va dire que c’est tout droit en entrant.
Mais ceux qui aiment les labyrinthes peuvent prendre une feuille et faire un dessin.
Quoi qu’il en soit, après les trois cent quatre-vingt-douze marches convenues, une ultime porte close barrait la route. Une petite porte toute simple, très sobre, en chêne,
avec une poignée et une grosse serrure.
— Non non non, je vois d’ici venir l’idée, mais le dévoué Trouffi va garder sa tête entre ses deux épaules et le maître va se débrouiller sans lui !
— Comment ? Tu oses discuter mes ordres ?
— Vous n’avez pas encore donné d’ordres…
— Justement, raison de plus pour ne pas les discuter !
— C’est que, voyez-vous, j’ai un naturel très préventif, et je sais l’affection que vous
portez à cet appendice que recouvrent mes cheveux.
— Je m’en vais te les arracher un par un, si tu ne m’obéis !
— Mais maître, ce n’est pas à vous de délivrer la princesse ?
— Je ne vois pas le rapport, une porte n’a rien à voir avec un pieux baiser !
— C’est pas bientôt fini, oui ?
Pendant qu’ils palabraient, la porte s’était ouverte, et une jolie rousse en robe verte les toisait furieusement.
— Euh… et bien… vous n’êtes pas blonde ?
— C’est la surprise de me voir ou la bêtise est une donnée naturelle chez lui ?
Stop, là ça ne démarre pas vraiment très bien. Si seulement Trouffi l’avait bouclée…
Allez, on annule tout, et on recommence.
Jim frappe à la porte. Cette dernière s’ouvre :
— Vous désirez ?
— Vous.
Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.
D’accord, c’est un peu rapide. Revenons sur la réplique de Jim :
— Trouffi, redescends faire le guet.
Aucun rapport avec la princesse, mais ainsi on éloigne le valet de la conversation, et après c’est plus simple pour comprendre qui dit quoi.
— Qu’est-ce qu’une aussi adorable créature fait dans un donjon aussi abominable ?
Le défi : trouver une alternative à la mièvrerie, sans pour autant que ça vire au politiquement incorrect…
— Bonjour.
— Bonjour.
Il y a un début à tout… On n’a qu’à dire qu’il sont un peu gênés.
— Vous êtes chevalier, c’est ça ?
— Oui, c’est tout à fait cela. Et vous princesse, je suppose ?
— En effet. Je crois que, professionnellement parlant, nous sommes faits pour nous entendre, n’est-ce pas ?
— Oui… professionnellement parlant ?
— C’est vrai, moi, l’innocente princesse captive dans une tour, vous, le preux chevalier qui monte en haut de la tour, je crois que…
— Descendre !
— Hein ?
— Nous devons descendre.
— Oui, c’est cela, professionnellement parlant, une princesse, un chevalier, en haut d’une tour, descendre.
— Oui, c’est cela, et même, si l’on peut, essayer, peut-être, d’échanger quelques propos galants, un madrigal sucré par exemple.
— Ou un sonnet flamboyant.
— Partager juste une sensation.
— Le parfum d’une rose.
— Le clapotis d’un ruisseau.
— La chaleur d’un feu de bois.
— La douceur d’un lit.
— La légèreté des draps.
— L’haleine de la nuit.
— Viens !
— Partons !
— Où tu voudras.
— Tout, n’importe où, avec toi.
— Euh…
— Je brûle !
— Il fait chaud…
— Je me consume comme une étoile filante !
— Il fait très chaud…
— Un brasier dantesque prend possession de chaque fibre de mon corps !
— Il fait vraiment très chaud…
— Ah mon coeur, mes poumons, ma tête, mes mains, mes cheveux, mes pieds, mes hanches, tout part en flammes, tout part en fumée !
Et Trouffi hurla : « Un dragon ! »
Café.

Le moment tant attendu, la grande scène héroïque de l’histoire, comment le chevalier Jim va triompher du dragon – oui parce que les trolls mutants, j’ai abandonné, ça ne faisait pas sérieux. Bref, comment va-t-il s’y prendre ? À vos méninges, brave lecteur, le plan de la victoire sera machiavélique !
Alors vous me direz, on est un peu passé à côté de la scène d’amour. Le madrigal, le madrigal… et bien ils l’inventeront, ils auront toute la vie pour le faire !
Pour l’heure, chacun ses priorités.
— Ah, vous voilà, c’est pas trop tôt ! Vous vouliez que je me fasse bouffer ou quoi ?
— Trouffi, la princesse est avec nous, surveille ton langage.
— Oh, mes excuses, vos seigneuries, je vous prie de me pardonner d’avoir pensé un poil plus haut que les bienséances ne l’exigent.
Alors là ça va être chaud, pas à cause du dragon mais parce qu’ils sont trois à dialoguer. Il va falloir mettre des « dit-elle » et des « fit-elle » et des « ajouta-t-elle » et peut-être même des « écouta-t-il ». À moins que… une idée ! Comme elle ne s’attendait pas à l’intrusion des deux loustics, elle n’a pas pris le soin de faire ses valises, et donc, pendant que Jim et Trouffi luttent vaillamment, elle range ses bijoux et ses vêtements.
— Mon valet, as-tu cogité quelque petit stratagème pour nous faire sortir d’ici ?
— Facile à dire, pendant que vous roucoulez, votre pauvre serviteur se fait attaquer !
— Mais tu as bien eu le temps de ruser un brin, sinon toi et moi nous sommes dans le pétrin !
Trouffi, paniqué, se lance dans un ballet de soubresauts et de galipettes agiles, puis glisse sur un os qui jonchait le parquet, et l’envoie tout droit dans le ventre du reptile.
Jim quant à lui se fend, esquive et rétrograde, pour faire don au dragon d’une estafilade.
— Bien joué maître, mais je crains fort que votre épée ne se soit contentée de chatouiller son nez.
— Ah, silence, maraud ! Il n’est point d’ennemi que je ne puis vaincre même à bras raccourci !
— Je souhaite pourtant qu’il soit le plus long du monde, pour écraser sans peine cette bête immonde. Ce fétide démon vomit un jet d’enfer, seuls nos corps calcinés pourront le satisfaire. Ah ! Par Sainte Nytouche, mon chapeau prend feu !
— Écarte-toi séant, que je crève ses yeux !
Jim, joignant aux mots un geste désespéré, avec force et courage lança son épée. Mais le dragon d’un souffle ardent se défendit, et avant de l’atteindre la lame fondit.
— Maître, cette fois-ci, c’est fichu, on est cuit.
— Alors il n’y a qu’une chose à faire : prie.
Thé à la menthe.

J’avoue, j’ai fait exprès de couper ici, vu que c’est le moment le plus terrible de toute l’histoire. Mais rassurez-vous, nos héros vivront :
— Hé, odieux lézard, attrape ça ! cria une voix haut perchée.
— Princesse !
La séquence passa comme un ralenti hollywoodien, le sèche-cheveux de la princesse virevolta, tournoya, vola presque, depuis le balcon sur lequel elle était perchée jusqu’à la gueule pleine de fureur du dragon. Lentement mais indéfectiblement, l’ustensile souffla, mugit tête-sec, et balaya le feu du saurien jusqu’au fin fond de ses entrailles.
Nulle onomatopée ne permettrait de décrire le festival de cris de joie qui s’en suivit.
Le dragon était mort, nos héros avaient eu chaud aux fesses. Pour ainsi dire.
— Bon, que reste-t-il à faire ? s’enquit Jim.
— On fouille le dragon ? proposa Trouffi.
— Je prends ma valise, et on rentre au pays, répondit Lisa.
Car la princesse, depuis sa naissance, s’appelait Lisa.
Décision tardive, je sais, j’avais oublié, mea culpa, et caetera.
Bref, je finis mon thé.
C’est ainsi que les trois compagnons victorieux quittèrent le donjon désormais vide de toute vie, et reprirent la marche en sens inverse.
Les jeunes gens purent ainsi faire plus ample connaissance, et sous les quolibets suggestifs du valet, un amour timide naissait.
— Tendre Lisa, vous êtes plus que fascinante.
— Si je suis cela, alors vous êtes plus que Lisa.
— Cher ange, je suis mille fois moins ; votre seule beauté éclipse toutes mes vertus.
— Toutes les miennes réunies ne valent pas la plus infime des vôtres.
— Cependant une chose m’échappe…
— Quoi donc ?
— Je croyais que vous aviez des problèmes d’acné.
— Oui, mais comme toutes les princesses j’ai une fée pour marraine ; elle a arrangé ça en moins de deux.
— Attendez, vous voulez dire qu’on vous a enfermée… pour rien ?
— Le rêve de petite fille d’être délivrée par un noble et preux chevalier. Il fallait un prétexte.
— C’est… c’est inique !
— Enfin quoi, vous auriez voulu que j’aie réellement le visage ravagé par d’immondes pustules ?
— Comment ! Vous me dites que j’ai grimpé jusqu’à ce donjon pour délivrer une prisonnière qui n’en était pas une ? Et le dragon, c’était un figurant ?
— Mais…
— Non non, on ne fonde pas une relation sur une tromperie aussi fourbe, moi je me tire. Adieu.
Et c’est ainsi que Jim laissa Lisa seule et désemparée. Trouffi se proposa bien pour prendre sa place, mais sa requête fut éconduite. La princesse était condamnée à rester célibataire ; le roi fut tout déconfit de l’apprendre. Mais Jim était parti, et son valet qui trouvait tout cela vraiment trop inique se lança dans les affaires et monta une entreprise de maréchal ferrand.
Voilà, le temps est venu pour les mots de la fin. Certes, cette histoire ne se termine pas exceptionnellement bien, mais si vous voulez élaborer une conclusion un peu meilleure, libre à vous d’imaginer une nouvelle aventure où la princesse se démènerait pour récupérer Jim et où Trouffi deviendrait milliardaire.
Sinon faites comme moi, référez-vous à tous ces contes qui commencent par il était une fois.
Chako Noir
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