Idéale

Je t’ai vue place Saint Marc ou Djema el F’na, qu’importe puisque c’était au soleil. Tu portais un foulard dans les cheveux et d’immenses lunettes aux verres fumés qui me cachaient tes yeux. Mais je savais leur pouvoir. Des gamins t’entouraient, les mains tendues mais ton public était ailleurs. La place entière haletait, succombait sous les épées du Soleil. Tu distribuais des piécettes en riant et j’aurais voulu avoir onze ans. J’aurais peut-être ainsi touché ta main ou ton cœur. Tu aurais pris la mienne et j’aurais maudit les années qui nous séparent.

Je t’imagine sur une plage à Cabourg, ou Deauville, qu’importe. Tu portes un chapeau à large bord, avec un ruban bleu et le vent t’oblige à de grands gestes gracieux. Eole joue avec ta jupe et se fait mon complice. Cambrée face à la mer, tu lis le ciel et ses messages frivoles, une main sur ton chapeau. De temps en temps, tu hèles une petite fille qui joue avec les vagues en riant. Et un gros labrador noir. Tu marches sur la grève, pieds nus, tes sandales à la main. Le chien courre de la gamine à toi, de toi à la mer. La petite rit, le cabot jappe et saute, tu rends les gens heureux.

Demain tu seras sur la colline, Fourvière où Rio qu’importe puisqu’il y aura un temple. Tu porteras cette robe bleue, celle dont j’ai rêvé froisser les plis un soir d’été. Tes cheveux défaits caresseront tes épaules laissées nues. Un livre à la main, tu diras les mots secrets et ils seront miens. Parce que ton autre main tiendra la mienne et nous serons un. Dans tes yeux turquoise un sourire, un espoir. Celui d’un monde en bleu, rempli d’enfants et de chiens qui jouent. Le soir, sur une plage à Cabourg ou Deauville qu’importe puisque nous y serons deux.

C'est un texte!!! Comment dire! Qui apaise et donne de l'espoir.

Bonjour à tous, et à vous en particulier, mon unique intervenante.

La forme de ce texte a du déplaire. Je n'ai pas de retour la dessus.
Ce " poème " a pour but d'entretenir un espoir...

Merci Maryse, d'avoir pris le temps.

Marchevêque.

.......Je ne réagis pas en raison de votre post, j'en avais tout à fait l'intention en raison de la qualité de votre texte. Je ne crois pas vous avoir jamais commenté. Il me semble que vous êtes plus familier de la section prose, mais pas absent en poésie. De surcroit, de Marvejols à Marchevêque cela devait arriver...
.......Votre texte est empreint d'une grande tendresse, aux aspects parfois cinématographiques. La forme ne me pose pas problème. Au contraire. Elle pose comme trois tableaux qui, comme trois strophes, comportent une structure semblable et des éléments répétés, le tout formant comme une assonance de fond. D'abord un cadrage large, panoramique, puis un zoom lent et amoureux sur Elle, exprimée par un Tu. L'ensemble se double d'un jeu temporel (passé, présent, futur : je t'ai vue, Je t'imagine, Demain...). Que ce texte par ailleurs assez original ne relève pas de la poésie est pour moi une question qui ne se pose pas.
.......Un bémol de pinailleur...: je regrette (du point de vue de la structure d'ensemble et du rythme du texte) qu'en début de seconde strophe "Je t’imagine sur une plage à Cabourg, ou Deauville, qu’importe."manque le PUISQUE qui scande les 2 autres.

Triptyque agréble à lire, le phrasé est bien ajusté au sentiment de paix, d'amour, la composante visuelle est fondamentale. Photo pour moi plus que cinéma, en effet il n'y a pas de narration (ceci n'est pas un blâme, au contraire).
J'ai seulement regretté que les sites choisis soient tellement conventionnels, tellement commerciaux, puisque j'ai parlé photo, il s'agirait d'un
dépliant touristique pour une agence de voyage. Passe encore pour Venise, c'est un topos de la poésie amoureuse, mais Marrakech, Cabourg, etc.. Finalement ce choix appauvrit le rêve.
Enfin je ne comprends pas le retour à Cabourg en dernière ligne.

Le chien courre : court
j’ai rêvé froisser les plis : j'ai bien examiné le cas, on trouve des exemples de rêver construit directement avec un substantif (j'ai rêvé mon prince charmant) mais je n'en ai pas trouvé avec un verbe à l'infinif.

Je ne l'avais pas lu non plus
J'aime le phrasé, et la profondeur un peu triste des sentiments ici
j'apprécie aussi la juste longueur, ni trop, ni trop peu

Trois paragraphes très visuels comme trois clips cinéma : plan large, plan américain, zoom, contrechamp, focus. Je verrais bien Lelouch derrière la caméra avec une actrice de rêve...
Bien réalisé, superbe mise en scène.

Allons y pour le cinéma, mézalor, pensons à Rohmer:
Annecy,
les Buttes Chaumont
Marne la Vallée
Granville
Clermont Ferrand
et même Cergy Pontoise ...

J'y reviens parce que ça me dérange profondément que l'imaginaire amoureux puisse ainsi se calquer sur la publicité.
En cette période ça me semble comparable aux désirs des petits enfants qui écrivent leur lettre au Père Noël en ayant en main les catalogues (au carrefour prenez la tangente et fuyez aux champs) etc...

Je ressens davantage la nostalgie que l'espoir dans ce texte.

Mais encore... Je n'ai pas vraiment accroché à cette histoire, hormis peut-être le premier épisode. Les trois temps utilisés donnent des visions différentes de cette "rencontre", cette idée m'a bien plu. Mais il y a trop de situations décrites, d'arrêts sur image en quelque sorte, pour que je puisse laisser aller mon imagination, même si parfois j'y ai noté de belles trouvailles comme Cambrée face à la mer, tu lis le ciel et ses messages frivoles ou succombait sous les épées du Soleil.

Deux trois maladresses à mon avis, comme "Tu portais un foulard dans les cheveux" qui ne me paraît pas très juste, j'aurais plutôt écrit quelque chose comme "Tes cheveux noués dans un foulard" - mais aussi "La petite rit, le cabot jappe et saute, tu rends les gens heureux", il me semble que c'est un peu court pour dire qu'elle rend les gens heureux, un peu simpliste en quelque sorte.

Et puis la fin m'est apparue un peu trop "fleur bleue", les deux dernières phrases notamment.

La forme ne me déplaît pas, au contraire...
Oui, c'est vrai que ce texte est très visuel. Quand je l'ai lu, j'ai eu plein d'images devant moi et j'ai voyagé.

Bonjour à tous et merci pour vos interventions.

MARVEJOLS:
Rien à dire, vous avez aimé, et cela me fait plaisir.
Vous avez raison pour le "bémol du pinailleur" (LOL), j'aurais du sans doute ajouter :" puisqu'il y a la mer..."
Merci encore pour votre commentaire qui me comble d'aise.

ANNIE:
Le choix des sites est bien entendu volontaire, le "qu'importe" qui suit fait comprendre au lecteur que le site n'a pas d'importance pour le narrateur, j'aurais peut être du mixer deux sites antagonistes quant à la notoriété, pour donner plus de poids au :"qu'importe" ( Je t'imagine sur une plage à Cabourg ou Mescher, qu'importe...)
Merci aussi pour la correction, quant à "J'ai rêvé froisser les plis", j'avoue que j'utilise parfois cette tournure sans savoir...A étudier donc.

JANIS:
Heureux de vous avoir plu.
Merci

JEAN LÊ:
Lelouch, c'est à cause de CABOURG ?
Merci à vous

PHYLISSE :
Désolé que tu n'ai point aimé.
Juste une explication pour " tu rends les gens heureux", avec des choses simples, elle arrive à rendre les gens heureux, n'est ce pas ....idéal?
Quant à mon côté "fleur bleue"...arf, un reste d'adolescence, peut être ?
Merci pour vos critiques constructives.

ANNE :
Si je vous ai fait voyager, alors mon but est atteint.
Un grand merci à vous.

la belle Abel.