Poussière
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Poussière
Poussière. Tout n’était que poussière quand elle entra dans la petite maison d'Adèle. Elle eut vite fait de faire le tour du propriétaire : un salon au mobilier suranné, deux chambres pâlies sous le poids des années, une salle d’eau à la propreté douteuse, une cuisine ternie et sentant le moisi.
Dans un premier temps, elle s’avachit dans un fauteuil grinçant ; ses ressorts ne devaient pas être loin de crever l’aimable tissu aux motifs floraux assortis aux rideaux effilochés. Ils encadraient une fenêtre fatiguée, par laquelle s’offrait à son regard ,fatigué lui aussi, le voyage l’avait achevée, un jardin en friche qu’elle trouva laid et une piscine vide recouverte cependant d’ un épais matelas de feuilles. L’épais nuage qu’elle dégagea ce faisant la fit tousser et c’est avec découragement qu’elle observa l’aquarium rond placé sur le buffet , embué lui aussi de cette neige grise qui recouvrait un faux rocher et ce qu’on devinait être quelques kitchissimes plantes aquatiques de plastique
Puis elle se secoua; une vague déferla, d’énergie pure et inaltérable, qui lui fit saisir papier et stylo et noter l’ensemble des travaux qu’il allait falloir entreprendre pour transformer ce lieu sinistre en intérieur, et extérieur, cosy, voire mieux si affinités. Cette maison représentait son futur et elle allait s'y investir pour lui redonner une âme.
Demain, elle irait en ville chercher le matériel nécessaire pour lessiver les murs, aspirer les sols, encaustiquer les parquets, récurer les carrelages, nettoyer les tissus et puis sans renâcler, elle s’attaquerait aux friches. Ce serait déjà bien assez pour la première étape.
Ce soir là, elle alla se coucher sans manger, trop écoeurée de l’état de vétusté avancée de la cuisine pour imaginer s’y préparer un repas, mais ravie des transformations auquelles elle avait songé. Elle se félicita d’avoir emmené draps, linge de toilette et torchons pour assurer sa survie dans des conditions de décence et d’hygiène minimales et n’osa pas s’avouer toutefois qu’elle ne s’attendait pas à trouver la maison aussi décatie. Elle eut une pensée pour Adèle et puis elle s’endormit d’un sommeil agité .
Elle fit d’étranges rêves durant cette nuit, dans lesquels elle allait, arrachant des lambeaux de sa propre peau comme on décolle du papier peint , aspergeant de white spirit ses chairs à vif, retapissant les parois de son cerveau fissuré, enfonçant avec dextérité des clous de tapissier tout autour d’un cortex délabré , puis se dirigeant au ralenti vers le miroir de la salle d’eau pour s’y regarder , elle put y voir ses yeux se vider comme de l’eau par la bonde d’un lavabo et sans transition elle se retrouva, aveugle, en train de passer l’aspirateur à poisson rouge au fond de la piscine.
Quand elle se réveilla, un halo de poussière, traversé par une lueur matinale plutôt blafarde, errait en suspension au dessus de son lit. Elle se leva comme un automate, et se prépara un café , dans lequel elle tourna longuement sa petite cuillère, fixant le mouvement giratoire du métal entrainant le liquide , observant la ronde de ses pensées en train de s’y noyer , et constatant qu’elle n’aurait pas la force d’accomplir ce jour les missions qu’elle s’était fixée, elle retourna s’affaler dans le vieux fauteuil inconfortable.
Toutes ses forces l’avaient quitté, c’était comme si la maison opposait sa force d’inertie à sa volonté de transformation. Mais elle se dit que, plus raisonnablement, le voyage d’hier l’avait épuisée plus qu’elle ne croyait.
Elle passa sa matinée à regarder la poussière danser, à contempler celle qui s’était accumulée ci et là, puis elle alla faire une sieste sur le lit végétal au fond de la piscine, non sans emporter le recueil de photos d’Adèle qu’elle se promettait de feuilleter au réveil.
Quand elle rouvrit les yeux, Adèle était là, on aurait dit son portrait, bien qu'étirant des lèvres craquelées sur des dents invisibles. Elle était posée sur une chaise toute écaillée, et les photos mélangées avec les feuilles d’automne voletaient au vent et la traversaient sans même qu’elle ne tressaille. Son sourire s’évanouit en premier et quand sa robe se déchiqueta, elle retomba en poussière.
Effrayée, la jeune femme sortit de la piscine et s’enfuit au fond du jardin.
Le soir, elle alluma toutes les bougies, ouvrit toutes les fenêtres et dansa à en perdre haleine sur une musique qu’elle seule entendait. Elle tournait, virevoltait , passant de pièce en pièce, tournoyant dans les jupons qu’elle avait pour l’occasion sortis de la naphtaline, et laissait un peu de son âme dans chaque endroit , et cela faisait de jolis moutons qui paissaient tranquillement aux pieds des chaises, au détour des canapés, sous les lits, en tous lieux .
Quelques mois ou quelques années plus tard, l’agent immobilier, arpentant en permanence le secteur à la recherche d’une bonne affaire, franchit la porte qui battait et attisait sa curiosité.
Poussière, tout n’était que poussière quand il entra.
Dans un premier temps, elle s’avachit dans un fauteuil grinçant ; ses ressorts ne devaient pas être loin de crever l’aimable tissu aux motifs floraux assortis aux rideaux effilochés. Ils encadraient une fenêtre fatiguée, par laquelle s’offrait à son regard ,fatigué lui aussi, le voyage l’avait achevée, un jardin en friche qu’elle trouva laid et une piscine vide recouverte cependant d’ un épais matelas de feuilles. L’épais nuage qu’elle dégagea ce faisant la fit tousser et c’est avec découragement qu’elle observa l’aquarium rond placé sur le buffet , embué lui aussi de cette neige grise qui recouvrait un faux rocher et ce qu’on devinait être quelques kitchissimes plantes aquatiques de plastique
Puis elle se secoua; une vague déferla, d’énergie pure et inaltérable, qui lui fit saisir papier et stylo et noter l’ensemble des travaux qu’il allait falloir entreprendre pour transformer ce lieu sinistre en intérieur, et extérieur, cosy, voire mieux si affinités. Cette maison représentait son futur et elle allait s'y investir pour lui redonner une âme.
Demain, elle irait en ville chercher le matériel nécessaire pour lessiver les murs, aspirer les sols, encaustiquer les parquets, récurer les carrelages, nettoyer les tissus et puis sans renâcler, elle s’attaquerait aux friches. Ce serait déjà bien assez pour la première étape.
Ce soir là, elle alla se coucher sans manger, trop écoeurée de l’état de vétusté avancée de la cuisine pour imaginer s’y préparer un repas, mais ravie des transformations auquelles elle avait songé. Elle se félicita d’avoir emmené draps, linge de toilette et torchons pour assurer sa survie dans des conditions de décence et d’hygiène minimales et n’osa pas s’avouer toutefois qu’elle ne s’attendait pas à trouver la maison aussi décatie. Elle eut une pensée pour Adèle et puis elle s’endormit d’un sommeil agité .
Elle fit d’étranges rêves durant cette nuit, dans lesquels elle allait, arrachant des lambeaux de sa propre peau comme on décolle du papier peint , aspergeant de white spirit ses chairs à vif, retapissant les parois de son cerveau fissuré, enfonçant avec dextérité des clous de tapissier tout autour d’un cortex délabré , puis se dirigeant au ralenti vers le miroir de la salle d’eau pour s’y regarder , elle put y voir ses yeux se vider comme de l’eau par la bonde d’un lavabo et sans transition elle se retrouva, aveugle, en train de passer l’aspirateur à poisson rouge au fond de la piscine.
Quand elle se réveilla, un halo de poussière, traversé par une lueur matinale plutôt blafarde, errait en suspension au dessus de son lit. Elle se leva comme un automate, et se prépara un café , dans lequel elle tourna longuement sa petite cuillère, fixant le mouvement giratoire du métal entrainant le liquide , observant la ronde de ses pensées en train de s’y noyer , et constatant qu’elle n’aurait pas la force d’accomplir ce jour les missions qu’elle s’était fixée, elle retourna s’affaler dans le vieux fauteuil inconfortable.
Toutes ses forces l’avaient quitté, c’était comme si la maison opposait sa force d’inertie à sa volonté de transformation. Mais elle se dit que, plus raisonnablement, le voyage d’hier l’avait épuisée plus qu’elle ne croyait.
Elle passa sa matinée à regarder la poussière danser, à contempler celle qui s’était accumulée ci et là, puis elle alla faire une sieste sur le lit végétal au fond de la piscine, non sans emporter le recueil de photos d’Adèle qu’elle se promettait de feuilleter au réveil.
Quand elle rouvrit les yeux, Adèle était là, on aurait dit son portrait, bien qu'étirant des lèvres craquelées sur des dents invisibles. Elle était posée sur une chaise toute écaillée, et les photos mélangées avec les feuilles d’automne voletaient au vent et la traversaient sans même qu’elle ne tressaille. Son sourire s’évanouit en premier et quand sa robe se déchiqueta, elle retomba en poussière.
Effrayée, la jeune femme sortit de la piscine et s’enfuit au fond du jardin.
Le soir, elle alluma toutes les bougies, ouvrit toutes les fenêtres et dansa à en perdre haleine sur une musique qu’elle seule entendait. Elle tournait, virevoltait , passant de pièce en pièce, tournoyant dans les jupons qu’elle avait pour l’occasion sortis de la naphtaline, et laissait un peu de son âme dans chaque endroit , et cela faisait de jolis moutons qui paissaient tranquillement aux pieds des chaises, au détour des canapés, sous les lits, en tous lieux .
Quelques mois ou quelques années plus tard, l’agent immobilier, arpentant en permanence le secteur à la recherche d’une bonne affaire, franchit la porte qui battait et attisait sa curiosité.
Poussière, tout n’était que poussière quand il entra.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Poussière
Curieux texte, vraiment.
Ecrit dans un style que je trouve inhabituel par rapport aux jeux de mots dont tu raffoles.
Là c'est du lourd.
Ecriture maitrisée, posée, précise.
Les lieux, le personnage vivant, et Adèle, tout est tangible.
J'ai beaucoup aimé ce moment de lecture.
Et je m'interroge. Sachant que je n'aurai jamais la réponse.
Ecrit dans un style que je trouve inhabituel par rapport aux jeux de mots dont tu raffoles.
Là c'est du lourd.
Ecriture maitrisée, posée, précise.
Les lieux, le personnage vivant, et Adèle, tout est tangible.
J'ai beaucoup aimé ce moment de lecture.
Et je m'interroge. Sachant que je n'aurai jamais la réponse.
Re: Poussière
Une étonnante sobriété de ta part, Rebecca ! J'ai beaucoup aimé ce texte désabusé, qui révèle une écriture que je ne te connaissais pas.
Quelques remarques essentiellement typographiques – c'est dire leur utilité ! – :
- « à son regard ,fatigué » : pas d'espace avant la virgule, espace après la virgule ;
- « d’ un épais » : pas d'espace après l'apostrophe ;
- « sur le buffet , » : pas d'espace avant la virgule ;
- « plantes aquatiques de plastique » : point ;
- « Puis elle se secoua; » : espace avant le point-virgule ;
- « Ce soir là » : « soir-là » (trait d'union) ;
- « trop écoeurée de l’état » : « écœurée » ;
- « ravie des transformations auquelles elle avait songé » : « auxquelles » ;
- « d’un sommeil agité . » : pas d'espace avant le point ;
- « comme on décolle du papier peint , » : pas d'espace avant la virgule ;
- « autour d’un cortex délabré , » : idem ;
- « pour s’y regarder , » : idem ;
- « au dessus de son lit. » : « au-dessus » (trait d'union) ;
- « se prépara un café , » : pas d'espace avant la virgule ;
- « du métal entrainant » : « entraînant » (orthographe traditionnelle) ;
- « entrainant le liquide ; » : pas d'espace avant la virgule ;
- « en train de s’y noyer , » : idem ;
- « les missions qu’elle s’était fixée » : « fixées » ;
- « Toutes ses forces l’avaient quitté » : « quittée » ;
- « une chaise toute écaillée » : « tout étonnée mais toute surprise » ; « tout écaillée », donc ;
- « virevoltait , » : pas d'espace avant la virgule ;
- « dans chaque endroit , » : idem ;
- « en tous lieux . » : pas d'espace avant le point.
Quelques remarques essentiellement typographiques – c'est dire leur utilité ! – :
- « à son regard ,fatigué » : pas d'espace avant la virgule, espace après la virgule ;
- « d’ un épais » : pas d'espace après l'apostrophe ;
- « sur le buffet , » : pas d'espace avant la virgule ;
- « plantes aquatiques de plastique » : point ;
- « Puis elle se secoua; » : espace avant le point-virgule ;
- « Ce soir là » : « soir-là » (trait d'union) ;
- « trop écoeurée de l’état » : « écœurée » ;
- « ravie des transformations auquelles elle avait songé » : « auxquelles » ;
- « d’un sommeil agité . » : pas d'espace avant le point ;
- « comme on décolle du papier peint , » : pas d'espace avant la virgule ;
- « autour d’un cortex délabré , » : idem ;
- « pour s’y regarder , » : idem ;
- « au dessus de son lit. » : « au-dessus » (trait d'union) ;
- « se prépara un café , » : pas d'espace avant la virgule ;
- « du métal entrainant » : « entraînant » (orthographe traditionnelle) ;
- « entrainant le liquide ; » : pas d'espace avant la virgule ;
- « en train de s’y noyer , » : idem ;
- « les missions qu’elle s’était fixée » : « fixées » ;
- « Toutes ses forces l’avaient quitté » : « quittée » ;
- « une chaise toute écaillée » : « tout étonnée mais toute surprise » ; « tout écaillée », donc ;
- « virevoltait , » : pas d'espace avant la virgule ;
- « dans chaque endroit , » : idem ;
- « en tous lieux . » : pas d'espace avant le point.
Invité- Invité
Re: Poussière
Une retenue perceptible dans l'expression même si on sent à une ou deux reprises que le clavier a trépigné de l'envie de se lâcher.
Sur le fond, la réponse est pour moi ici : c’était comme si la maison opposait sa force d’inertie à sa volonté de transformation.
Si les maisons ont une âme, pourquoi pas une volonté propre ? Peut-être même abritent-elles des fantômes très convaincants ?!
Je ne sais pas si tu connais la nouvelle de Faulkner intitulée A Rose for Emily, ce texte, m'y fait penser.
Sur le fond, la réponse est pour moi ici : c’était comme si la maison opposait sa force d’inertie à sa volonté de transformation.
Si les maisons ont une âme, pourquoi pas une volonté propre ? Peut-être même abritent-elles des fantômes très convaincants ?!
Je ne sais pas si tu connais la nouvelle de Faulkner intitulée A Rose for Emily, ce texte, m'y fait penser.
Invité- Invité
Re: Poussière
Je n'ai pas réussi pour ma part à entrer dans cette histoire. Je ne sais trop quelle en est la raison.
Peut-être les phrases trop longues parfois et lourdes d'adjectifs ou de compléments et de virgules, qui m'obligèrent à relire pour comprendre.
Peut-être aussi un certain regret qu'il y ait profusion de détails sur les objets, le lieu ou l'environnement et que ça manque du côté humain. Ce que je veux dire c'est que le personnage principal me paraît sans épaisseur, je ne ressens rien, ça manque d'émotions alors que le contexte de l'histoire s'y prêterait. Mais peut-être est-ce moi qui attend trop cette sensation, du coup je suis déçue.
En fait, le côté détaché me gène, ça me donne l'impression qu'il manque de la profondeur à ce récit.
En revanche, j'aime beaucoup la phrase notée par Easter, et que j'avais relevée également (pas Easter, la phrase... :-)), pensant même que le texte allait s'orienter différemment ensuite.
(Une faute qui a je crois échappé à Alex "des transformations auquelles elle avait songé")
Peut-être les phrases trop longues parfois et lourdes d'adjectifs ou de compléments et de virgules, qui m'obligèrent à relire pour comprendre.
Peut-être aussi un certain regret qu'il y ait profusion de détails sur les objets, le lieu ou l'environnement et que ça manque du côté humain. Ce que je veux dire c'est que le personnage principal me paraît sans épaisseur, je ne ressens rien, ça manque d'émotions alors que le contexte de l'histoire s'y prêterait. Mais peut-être est-ce moi qui attend trop cette sensation, du coup je suis déçue.
En fait, le côté détaché me gène, ça me donne l'impression qu'il manque de la profondeur à ce récit.
En revanche, j'aime beaucoup la phrase notée par Easter, et que j'avais relevée également (pas Easter, la phrase... :-)), pensant même que le texte allait s'orienter différemment ensuite.
(Une faute qui a je crois échappé à Alex "des transformations auquelles elle avait songé")
Phylisse- Nombre de messages : 963
Age : 62
Localisation : Provence
Date d'inscription : 05/05/2011
Re: Poussière
Ah non, Alex avait noté l'erreur, je n'ai rien dit...
Phylisse- Nombre de messages : 963
Age : 62
Localisation : Provence
Date d'inscription : 05/05/2011
Re: Poussière
ça :
ça me parle parce que vous parlez.
et puis ça :Elle fit d’étranges rêves durant cette nuit, dans lesquels elle allait, arrachant des lambeaux de sa propre peau comme on décolle du papier peint , aspergeant de white spirit ses chairs à vif, retapissant les parois de son cerveau fissuré, enfonçant avec dextérité des clous de tapissier tout autour d’un cortex délabré , puis se dirigeant au ralenti vers le miroir de la salle d’eau pour s’y regarder , elle put y voir ses yeux se vider comme de l’eau par la bonde d’un lavabo et sans transition elle se retrouva, aveugle, en train de passer l’aspirateur à poisson rouge au fond de la piscine.
c'est direct et sans concession, là au moins pas besoin de l'indirection d'une nageuse théorique sans-corps à envelopper.Elle tournait, virevoltait , passant de pièce en pièce, tournoyant dans les jupons qu’elle avait pour l’occasion sortis de la naphtaline, et laissait un peu de son âme dans chaque endroit , et cela faisait de jolis moutons qui paissaient tranquillement aux pieds des chaises, au détour des canapés, sous les lits, en tous lieux .
ça me parle parce que vous parlez.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Re: Poussière
Oh que j'aime cette veine légèrement fantastique que tu explores ici ! C'est parfait , juste effleuré, ça n'appuie sur rien, c'est intemporel, une petite merveille !
et laissait un peu de son âme dans chaque endroit , et cela faisait de jolis moutons qui paissaient tranquillement aux pieds des chaises, au détour des canapés, sous les lits, en tous lieux .
Invité- Invité
Re: Poussière
Texte joliment écrit. C'est léger, ni trop court, ni trop long.
On sent une véritable ambiance qui se dégage de cet écrit et lui donne ce côté intime et personnel.
J'ai juste une remarque supplémentaire à émettre, en plus de celles qui ont déjà été énoncées :
Rien d'autre à dire, belle fin qui laisse le mystère planer sur ce récit.
On sent une véritable ambiance qui se dégage de cet écrit et lui donne ce côté intime et personnel.
J'ai juste une remarque supplémentaire à émettre, en plus de celles qui ont déjà été énoncées :
Je trouve cette formulation un peu lourde.Rebecca a écrit:Le soir, elle alluma toutes les bougies, ouvrit toutes les fenêtres et dansa à en perdre haleine sur une musique qu’elle seule entendait. Elle tournait, virevoltait , passant de pièce en pièce, tournoyant dans les jupons qu’elle avait pour l’occasion sortis de la naphtaline, et laissait un peu de son âme dans chaque endroit , et cela faisait de jolis moutons qui paissaient tranquillement aux pieds des chaises, au détour des canapés, sous les lits, en tous lieux .
Rien d'autre à dire, belle fin qui laisse le mystère planer sur ce récit.
PoX.- Nombre de messages : 18
Age : 33
Localisation : Tours
Date d'inscription : 10/12/2011
Re: Poussière
Ah, j’aime bien quand tu domptes ton exubérance naturelle. Je ne suis pas d’accord avec Phyllisse, tu t’y attardes sur le personnage principal… la maison.
J’aime les détails qui donnent sens, comme l’aquarium (vide) et le fauteuil (limite crevé). Et Coline l’a relevé, la pointe de fantastique : habiter une maison ou en être habitée… ce rêve interroge.
Ce que j’ai eu du mal à imaginer : la piscine couverte d’un épais nuage de feuilles, son idée de descendre s’y coucher. Le fantôme d’Adèle, inutile à mon sens. Elle est déjà très présente par ailleurs.
Ce que j’ai aimé : la progression dans la déliquescence de la narratrice, sa tentative de rationnaliser qui disparait progressivement : mêler des éléments modernes, concrets (le linge, les courses à faire) avec le « hors temps » de la maison. Aussi ta façon d’insérer la nature comme élément de fantastique (la poussière, mais surtout les feuilles mortes).
Une belle lecture, merci !
J’aime les détails qui donnent sens, comme l’aquarium (vide) et le fauteuil (limite crevé). Et Coline l’a relevé, la pointe de fantastique : habiter une maison ou en être habitée… ce rêve interroge.
Ce que j’ai eu du mal à imaginer : la piscine couverte d’un épais nuage de feuilles, son idée de descendre s’y coucher. Le fantôme d’Adèle, inutile à mon sens. Elle est déjà très présente par ailleurs.
Ce que j’ai aimé : la progression dans la déliquescence de la narratrice, sa tentative de rationnaliser qui disparait progressivement : mêler des éléments modernes, concrets (le linge, les courses à faire) avec le « hors temps » de la maison. Aussi ta façon d’insérer la nature comme élément de fantastique (la poussière, mais surtout les feuilles mortes).
Une belle lecture, merci !
Lizzie- Nombre de messages : 1162
Age : 58
Localisation : Face à vous, quelle question !
Date d'inscription : 30/01/2011
Re: Poussière
J'aime aussi sans limite cette autre façon, Rebecca.
le glissement progressif vers l'irrationnel, le souffle de l'écriture, la vie du personnage, le mystère, tout me plaît là dedans.
Et je te conseille aussi la lecture des nouvelles de faulkner !
le glissement progressif vers l'irrationnel, le souffle de l'écriture, la vie du personnage, le mystère, tout me plaît là dedans.
Et je te conseille aussi la lecture des nouvelles de faulkner !
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Poussière
Le paragraphe du fantôme d'Adèle plombe le texte. J'aime l'ambiance crée avec simplicité dans la description de cette maison, le personnage effacé dans (par) le décor, le fantastique qui surgit avec le passage onirique. Bravo pour cette sobriété dans l'écriture, même pas un petit jeu de mot Rebeccassien dans cette maison de la morte Adèle.
Jean Lê- Nombre de messages : 591
Age : 65
Localisation : Bretagne
Date d'inscription : 22/11/2010
Re: Poussière
Ainsi donc, la maison a refusé l'héritière d'Adèle ? Je ne peux que te croire Rebecca puisque j'habite la maison d'un mort qui m'a choisie malgré ses héritiers.
Comme Coline, j'apprécie beaucoup ce virage fantastique que tu as réussi. L'ambiance est là. A revisiter à souhait... l'ambiance, le ton du texte, pas cette maison là, une autre !
Comme Coline, j'apprécie beaucoup ce virage fantastique que tu as réussi. L'ambiance est là. A revisiter à souhait... l'ambiance, le ton du texte, pas cette maison là, une autre !
Re: Poussière
Ce texte est psychologiquement très intriguant, et le fait de ne pas en savoir beaucoup sur les circonstances de l'arrivée du personnage dans cette maison permet d'envisager une infinité d'interprétations je pense. Ce qui me vient en premier, c'est l'impossibilité pour cette femme de violer l'intimité d'Adèle, vraisemblablement décédée. L'impossibilité de la spolier, de supprimer ce qui reste d'elle. Ce serait le déni d'un deuil.
"Le lendemain" passerait mieux.Demain, elle irait en ville
Re: Poussière
Je dirais plutôt que le personnage projette son refus sur la maison, en en faisant une entité qui a une volonté, une force. Pour moi, c'est en fait elle-même qui subit un conflit intérieur (s'approprier cette maison / piétiner l'intimité d'Adèle) et n'arrive pas à se l'expliciter. Mais c'est plus facile de penser que ça vient de l'extérieur, en l'occurrence de la maison...Easter a écrit:Sur le fond, la réponse est pour moi ici : c’était comme si la maison opposait sa force d’inertie à sa volonté de transformation.
Si les maisons ont une âme, pourquoi pas une volonté propre ? Peut-être même abritent-elles des fantômes très convaincants ?!
Re: Poussière
Comme tu es rationnel, Kash ! Je préfère me laisser aller à d'autres possibles.
Invité- Invité
Re: Poussière
Je suis plutôt entrée dans la 2ème partie, justement quand le rationnel est enfin sorti. Sous la poussière la plage de tous nos vides ;-)
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Poussière
Tout a été dit avant moi.
J’ai beaucoup aimé notamment les deux passages soulignés par Hi Wen. Pour ma part le passage sur le fantôme d’Adèle n’est pas de trop, il est très visuel, tu l’as très bien rendu.
J’ai eu un petit peu de mal à entrer dedans, au tout début d’où ces quelques remarques, ensuite j’étais embarquée dans l’histoire (ou dans la maison) et ne remarquais plus rien !
Un peu buté sur cette phrase à la lecture : Ils encadraient une fenêtre fatiguée, par laquelle s’offrait à son regard ,fatigué lui aussi, le voyage l’avait achevée, un jardin en friche qu’elle trouva laid. Mais c'est peut-être moi.
Juste après une répétition : épais matelas de feuilles. L’épais nuage qu’elle dégagea
Et ces quelques mots m’ont paru jurer avec le reste du style : voire mieux si affinités (ok je chipote).
J’ai beaucoup aimé notamment les deux passages soulignés par Hi Wen. Pour ma part le passage sur le fantôme d’Adèle n’est pas de trop, il est très visuel, tu l’as très bien rendu.
J’ai eu un petit peu de mal à entrer dedans, au tout début d’où ces quelques remarques, ensuite j’étais embarquée dans l’histoire (ou dans la maison) et ne remarquais plus rien !
Un peu buté sur cette phrase à la lecture : Ils encadraient une fenêtre fatiguée, par laquelle s’offrait à son regard ,fatigué lui aussi, le voyage l’avait achevée, un jardin en friche qu’elle trouva laid. Mais c'est peut-être moi.
Juste après une répétition : épais matelas de feuilles. L’épais nuage qu’elle dégagea
Et ces quelques mots m’ont paru jurer avec le reste du style : voire mieux si affinités (ok je chipote).
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Poussière
Mieux vaut tard que jamais... j'ai adoré ce texte et je ne trouve rien à lui redire. Coup de coeur pour cette sobriété qui se marie parfaitement à ce que tu évoques, à ce lieu, à ces souvenirs, à cette femme présente et invisible. J'apprécie que tu ne te sois pas égarée dans le démonstratif, les détails pour être sûre d'être comprise... non, juste l'évocation, très bien menée et un effet de suggestion qui me paraît impeccable. Bravo.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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