Exo en direct le dimanche 18 décembre 2011 à 20h

coline. CO-LI-NE !!!!… Arf, quelle inspiration, 10 filles, mon Dieu, tu vois grand ! Tu m’as bien fait rire, canaille !

elea : c’est drôle, notre inspiration est proche. Touchant et élégamment écrit, à ton habitude. Avec des traits d’humour, comme : « Je sais qu’il vit encore » : beaucoup aimé. Bravo !

Ah, et sinon, une coquille dans mon texte :
« Le cinéma m’a donné tout donné. » lire : « Le cinéma m’a tout donné. »

Bonne nuit à tous, à demain pour la suite des lectures !

Thème : un/une coiffeur(euse) au Maroc


Le village m’appelle la petite fille aux tournesols.
J’arpente les champs jaunes d’or en chantant à tue-tête.
Mon cœur possède autant de pétales que la plante du même nom.
C’est ce que dit Joseph que ses parents appellent Youssef.
Joseph fait filer ma vie plus vite que le vent ; sa langue est aussi épicée que les plats de sa mère et sa peau sent les voyages, la Méditerranée, le jaune et le safran.
Le jaune c’est ma couleur préférée.
J’ai seize ans.
Le soleil, les odeurs, les fleurs contiennent l’essentiel de ma jeune vie.
Je ne veux pas être paysanne comme mes parents, je veux voler sur les ailes du désir, je veux voir de mes yeux la maison d’où vient ce vent chaud qui affole mes cuisses et mes reins.
La mise en garde des miens me jette encore plus fort dans ce qu’ils appelleront plus tard : au bonheur des ogres. Ils avaient lu les contes qu’ils m’avaient scellés durant ma petite enfance.

Maintenant que l’âge me permet de parler de mes souvenirs, j’ai encore peur de ce jour d’automne où mes champs de tournesols sont devenus une ronde noire et que j’ai décidé de suivre la valise de Youssef.
Ses parents avaient déjà pris un aller simple Marseille/ Casablanca pour nous quatre.
La traversée maritime n’a duré que quelques heures. Suffisantes pour découvrir que j’étais enceinte et que je partais vers un pays que j’avais à peine désiré avec un homme qui avait perdu son parfum de vent et d’épices.

J’ai laissé mon ventre s’arrondir tout en souhaitant la mort de l’enfant qu’il contenait.
Mes vœux ne furent pas exaucés, j’ai accouché d’un fils mais surtout j’ai rencontré la première épouse de Youssef.
Sa détermination et ses yeux noirs m’ont conduite jusqu’à Marrakech.
Coiffeuse, oui, je suis devenue coiffeuse, toutes ces brunes frisées teintes au henné ne rêvaient que d’être blondes aux cheveux lisses. Ma vie est un miracle, je retrouve mes champs de tournesols en leur floraison sur des tiges brunes et robustes. Femmes du Maroc dans leur splendeur orientale et leurs envies de voyages et de liberté. Que de confidences échangées dans cette maison consacrée à la beauté et aux cheveux.
Insoutenable légèreté de l’être me direz-vous… sûrement oui ! Mais il y a le mot oxygène dans l’eau oxygénée et les femmes que j’ai rencontrés n’ont pas été sensibles qu’à l’apparence de leur chevelure. En cela ce voyage fut une réussite.
C’est un conte de fillette devenue adulte sans ménagements ni aménagements.
D’une fleur qui suit le soleil sans discernement j’ai créé une femme qui a ancré la lumière dans sa vie.

Très chouette ta vengeance de l’ogresse Coline, même si je ne te dis pas merci pour la chanson qui tourne en boucle dans ma tête maintenant ! :-)
Bien aimé tout le passage sur les travaux publics, c'est sûr qu'allaiter dix ogrillonnes c'est pas une sinécure !

Joli Lizzie ! J’aime beaucoup la mélancolie qui se dégage de ton texte. Un court-métrage parfaitement réalisé, émouvant et juste.

Toute une histoire, toute une vie teintée de poésie, belle comme un voyage personnel, initiatique. Réussi Croisic ! Et plein de petites trouvailles imagées et subtiles, j’aime beaucoup.

MC Elea je te remercie pour cette soirée réussie et pour l'occasion que tu m'as donnée de me réconcilier avec mon encrier et ma plume.

« Putain, dire que je voulais m’envoler sur les ailes du désir et qu’ils m’ont envoyé gésir ici dans ce trou du cul du monde, où il n’y a pas plus d’elles que d‘ils -sauf votre respect, mais vous ressemblez à tout sauf à un humain- sur cette ile déserte ou quasi, et condamné à cent ans de solitude.

C’est la nouvelle loi réprimant le tourisme sexuel à Pattaya, savez-vous ? Hum, bien sur, vous n’êtes plus au courant de ce qui se trame dans le monde des vivants.

Pattaya, quand j’y pense, mon cœur en bande de nostalgie. « Au bonheur des ogres » nous l’appelions entre nous, cette jolie station balnéaire, où nous allions en bandes précisément, innombrables, chercher pitance et après nous le déluge !

Mais nous ne voulions que faire l’amour pas la guerre ! Certes nous pêchions en eaux troubles , seul le menu fretin nous intéressait, p’tites sardines aguicheuses, petits poissons à sang froid, petites sirènes qui se les caillent, p’tites lolitas et p’tites racailles qu’en savaient long sur la mécanique des cœurs et la méga nique des corps. Le big fish avarié, morues dessalées et maquereaux argentés, nous le rejetions à la mer, et n’avions du reste pas à attendre trop longtemps, little fish nous était offert par la mère, et c’était un festin de fesses au teint exotique, de petits minois extatiques, de peaux lisses et douces, de tétins évanescents…Nous mesurions à l’aune de nos filets l’insoutenable légèreté de l’être que nous avions prélevé et nous partagions, avides , l’incommensurable volupté qu’il savait nous dispenser.

Moi, c’est la petite fille aux tournesols qui eut ma préférence. Sur le procès-verbal de ma condamnation, j’ai insisté pour qu’on inscrive que je pense avoir autant ensoleillé sa vie qu'elle la mienne. »

Voilà ce que me révéla Vendredi quand il fut débarqué sur l’ile où je m’étais échoué volontairement 28 ans auparavant, fuyant la folie des homme, leurs désirs de possession et de domination, désirant à toute force échapper à la ronde noire des instincts serviles qui nous transforment à tout jamais en esclave et en dealer du malheur.

Dieu est un pote à moi mais là il m’envoyait une épreuve qui était au-delà de mes forces. J’avais tout connu, la faim, la soif, la peur, l’épuisement, le doute, l’ennui, la solitude bien sur, et j’avais tout surmonté jour après jour, et je me croyais devenu invulnérable.
J’avoue que le sentiment qui me saisit n’était pas joli joli, et parmi quelques uns des cent regrets que j’avais pu concevoir dans mon existence, il se pouvait que celui d’avoir tué ne vint s’ajouter à la liste que sous la forme d’un remords vite digéré ou vite dégueulé tant le dégoût me prit à son récit.
Mon île que j’avais nommé Désespoir, un jour de grande déréliction, n’avait jamais mérité aussi bien son nom. Fuir, il me fallait fuir à nouveau, avant que d’autres condamnés de la pire engeance ne soient livrés à ma vengeance,et que les tourments qui s’en suivraient ne me rendent fou, ce que j’avais réussi à éviter jusqu’ici, mais où fuir ? Les bateaux qui accosteraient ici viendraient de Pattaya et y retourneraient.

OK .Message reçu cinq sur cinq. J’irai donc là, en enfer, merci mon pote !

Les requins comme les ogres ne perdraient rien pour attendre,moi aussi j’allais me mettre à la pêche au filet et au harpon s’il le fallait, je repeuplerais Désespoir, et elle me maudirait mais j’imaginais déjà des petites filles aux tournesols et en pensée je leur disais : Robinson va vous rendre votre ile aux trésors, celle où s’ébattent vos rêves d’enfants, où la vie est un miracle, et la semaine des quatre jeudis quand nul n’a peur de Vendredi.



Consignes: Robinson Crusoé -Pattaya

cent ans de solitude, Cyrano de Bergerac, la ronde noire, la petite fille aux tournesols, l’insoutenable légèreté de l’être, la vie est un miracle, Pierrot le fou, dieu est un pote à moi, les souvenirs, la vengeance de la pelouse, quelques uns des cent regrets, la mécanique du cœur, les ailes du désir, au bonheur des ogres, le procès-verbal, le déluge, big fish, guerre et paix

Merci M.C. Eléa, j'ai passé une très agréable soirée. Je vais vous lire ce soir mais comme d'hab, trop naze, je risque de ne vous commenter que demain.
Bises à tout le monde.

Fais un Vœu

« Mais quand est-ce que tu cesseras de faire trente-six choses dans la foulée ? » me répète-t-on dans mon entourage.
Evi , c’est ma petite protégée. Avec ses cheveux d’or et ses yeux sombres, j’ai décidé de l’appeler la petite fille aux tournesols Je me suis portée bénévole pour l’accompagner au Canada, assister à un concert de son artiste préférée, la chanteuse trapéziste Djéké. Depuis qu’elle a été choisie pour ce programme Fais un vœu, pour Evi la petit leucémique la vie est un miracle. Nous venons de repasser en boucle presque tous les spectacles de son idole. Je ne me lasse pas de la voir qui jubile. Quand Djéké arrive en scène, c’est comme une gazelle qui se lance dans l’arène. Féline, elle électrise aussitôt son public. Et quand la corde la soulève de terre, qu’elle s’envole dans des lâchers-croisés aériens, elle illustre l’insoutenable légèreté de l’être.
Mais allez savoir ce qui a pris la petite tout à l’heure de me demander à cor et à cri une gourde. Quelle idée m’a prise de m’exécuter et de courir acheter cette gourde ? Gourde moi-même ! Me voilà coincée dans un embouteillage monstre. Et la climatisation qui bat de l’aile. Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à klaxonner ? Encore un peu et je vais tourner de l’œil. Tourner… tourner…même pas moyen de faire demi-tour. Et les deux-roues qui se faufilent. Mais qu’est-ce qui lui prend à celui-là de me rentrer dans le rétroviseur ? Et en plus, il reste la planté, l’œil vissé sur la gourde sur la banquette arrière. Quel imbécile ! Bon on se range sur le trottoir pour dresser le procès-verbal. Il enlève son casque et me sourit. C’est un peu fort, quand même! On dirait Pierrot le Fou.
Mais quand est-ce que je cesserai de faire trente-six choses dans la foulée ?

Contraintes: la chanteuse trapéziste, le Canada.
Titres:la petite fille aux tournesols, la vie est un miracle, l’insoutenable légèreté de l’être, Le proces-verbal, Pierrot le Fou.

Bien revisité le mythe de Robinson, luxe, calme et volupté, surtout la dernière ! J’ai adoré le passage de la pêche en eau trouble, ça foisonne de mots « à la Rebecca », savoureux et un poil déjanté comme j’aime.

La boucle est bouclée, dans la foulée. J’ai aimé la description d’Evi, jolie petite fille aux tournesols et l’élévation de la trapéziste, belle image aérienne. Le texte qui s’emballe à la fin, l’accélération, sont parfaits pour illustrer les 36 choses à la fois !

A demain, pour prendre le temps de tout lire...

Une coquille dans mon texte :
"Moi, c’est la petite fille aux tournesols qui eut ma préférence. Sur le procès-verbal de ma condamnation, j’ai insisté pour qu’on inscrive que je pense avoir autant ensoleillé sa vie que moi la sienne"
Lire:" je pense avoir autant ensoleillé sa vie qu'elle la mienne"
:-)

J'avais traduit :-)
Mais c'était drôle aussi comme ça !

Je vous abandonne, je viendrais lire demain les textes de la nuit ou du petit matin.
Merci pour vos participations, tournée de bisous.

Il reste le n°6 si quelqu’un veut jouer à retardement. Panda ?

Chako, si tu veux bien m’envoyer un mail pour que j’ai ton adresse (la mienne est dans mon profil), j’ai un renseignement à te demander. Rien d’obligé.

Bonne nuit !

Contraintes : Raspoutine / Tibet

Titres utilisés : Cent ans de solitude - Pierrot le fou - La mécanique du coeur - Dieu est un pote à moi - L'insoutenable légèreté de l'être - Le déluge.


18 décembre 2011, c’est l’heure du réveil après cent ans de solitude. C’est ma septième vie. Mon corps ne ressemble plus à rien, il faut dire que je suis déjà mort six fois et pas en douceur, ça non : empoisonné au cyanure, assassiné de cinq tirs de revolver à bout portant, noyé dans la Nova gelée, pendu dans le désert, lapidé, et enfin dynamité à la manière de Pierrot le fou.

Certains cherchent indéfiniment la clé de la mécanique du coeur, je peux me targuer de l’avoir trouvée, sans vraiment le vouloir. C’est juste que Dieu est un pote à moi et forcément ça aide, la vie devient un miracle ! Il m’a fait naître après la mort de mes six frères et soeurs dans une famille portant le nom de Raspoutine (certains en cherchent encore la signification, j'ai choisi celle de "la croisée des chemins"). A ma naissance un déluge s’abattit brutalement alors qu’un météore traversait le ciel au-dessus de notre village, ce qui révélait un destin exceptionnel. Et il le fut. Sept vies, Je me sais au bout du chemin.

18 décembre 2011, Corto Maltese s’approche de moi.
“Vous êtes dans un sale état mon ami, je peux vous aider ?
- C’est pas de refus.
- Mon bateau est à quai, je vous emmène, vous avez besoin de soins.
- Comment s’appelle votre bateau ?
- Le déluge”

Je voyais là un signe et ne pouvais qu'accepter sa proposition
“Vers quelle destination vous préparez-vous à partir ?
- Le Tibet, ça vous va ?
- Qu’allez-vous faire là-bas ?
- Enquêter sur l’insoutenable légèreté de l’être".


****

Merci Elea pour cet exercice qui m'a donné quelques difficultés, mais j'ai tenté de relever le défi sans me poser trop de questions. Et attention ! Je suis à présent incollable sur Raspoutine, qui est également un compagnon de route de Corto Maltese. Ce fut ma découverte du jour, je ne m'en souvenais pas du tout alors que j'en ai lu un certain nombre dans mon adolescence.

Je lirai vos textes demain, bonne nuit à tout le monde.

elea a écrit:Chako, si tu veux bien m’envoyer un mail pour que j’ai ton adresse (la mienne est dans mon profil), j’ai un renseignement à te demander.

Fait.
J'ai commencé à lire quelques textes avant d'avoir fini le mien (je galère nom de tchu..) y a de sacré nom de belles choses!

J'ai oublié une correction : il faut lire "Je me sais au bout du chemin".


< Ok >

Désolé, les affaires, tout ça... ;-)


Thème et contraintes :

- Babar au pays des soviets - Afghanistan
 
- Placer au moins 5 des titres suivants :
Cent ans de solitude, Cyrano de Bergerac, La ronde noire, La petite fille aux tournesols, L’insoutenable légèreté de l’être, La vie est un miracle, Pierrot le fou, Dieu est un pote à moi, Les souvenirs, La vengeance de la pelouse, Quelques uns des cent regrets, La mécanique du cœur, Les ailes du désir, Au bonheur des ogres, Le procès-verbal, Le déluge, Big fish, Guerre et paix



Bernard, on l'a toujours appelé Babar. Toujours. Parce qu'il a toujours été comme ça. Que voulez-vous, quand on pèse 8 kg à la naissance et qu'on a du mal à émerger tant à cause de la taille des oreilles que d'un nez à la Cyrano de Bergerac, difficile de passer inaperçu. Le gros bébé a évolué sans surprise. Aujourd'hui, si son corps d'adulte avec ses deux pavillons toujours en mouvement et sa trompe cachant sa bouche provoquent souvent un début de sourire, celui-ci s'efface très vite à son approche.
Pourtant l'ami Babar est placide. Semble placide. Ce calme apparent, ces gestes mesurés, ce regard bienveillant, tout cela cache en réalité un tempérament tout à fait inattendu.
Babar, après des études qui ne l'ont pas poursuivi longtemps, s'est engagé dans la Légion. Peut-être après avoir vu la couverture de Guerre et Paix, allez savoir. Les deux mètres de hauteur et le mètre de largeur se sont alors étoffés d'une musculature dont nul n'aurait souhaité tester les effets.
Après cette période bénéfique à son développement tant physique qu'intellectuel, se voyant mal gratte-papier dans une obscure mairie de province, Babar trouva un emploi dans les ateliers où sont montés les A380, hangars à sa mesure.
La mécanique c'est bien. Mais la mécanique du coeur a ses raisons que celle-ci ignore, aussi se mit-il un jour à songer que cent ans de solitude ne lui conviendraient pas. Il se lança donc à la recherche de l'âme soeur. Il se voyait déjà éléphant volant se pavanant autour de l'être aimé, agitant avec frénésie les ailes du désir, surmontant l'insoutenable légèreté de l'être.
On le sait, la vie est un miracle. Permanent. Elle ne l'oublia pas.
Le hasard lui fit rencontrer Tatiana, soudeuse à l'atelier 4. Une rondelette et appétissante moscovite. Et vite vite les amoureux s'installèrent là bas, loin, boulevard Tolstoï. Une boucle se bouclait.
Une autre s'ouvrit lorsque Tatiana apprit à Babar qu'elle travaillait pour le FSB et qu'ils avaient besoin d'un homme comme lui...
Le procès verbal signé, Babar obtenait sa première mission secrète. Il y était question de Kaboul, de champs de pavots, de terroristes encavés et autres motifs de distraction tout aussi passionnants.
« Dieu est un pote à moi » se dit Babar, « il me fera revenir ». Il enfilait déjà la tenue de camouflage attribuée par sa section et appelée « La petite fille aux tournesols » avant de s'engouffrer dans un Iliouchine 96-400 hors d'âge.
Le trajet fut court. La porte arrière de la soute s'ouvrit en plein vol et 3 caisses de 48 tonnes de matériel glissèrent vers la sortie ainsi que Babar et trois collègues entrainés de force par la déclivité soudaine de l'avion.
Tous les parachutes s'ouvrirent d'eux-mêmes et Babar arriva au sol en même temps que les caisses tandis que ses co-missionnaires (ben oui) planaient encore à 1500 mètres.
Il eut donc le temps de déballer le contenu de tous les colis et de préparer les équipements pour la mission.
Un surrané SU-100 était là, opérationnel, plein fait, chenilles dans les startings-blocks. L'équipe prit aussitôt le départ, direction les montagnes en vue, plein est.
Le bruit du char ne permettait pas d'entendre quoi que ce soit venant de l'extérieur, mais l'un des hommes veillait et signala un chasseur en altitude, visiblement en approche. A peine l'écoutille fermée, une violente explosion secoua l'engin roulant. Les 75 mm de blindage protégeaient les hommes. Le chauffeur stoppa dans un nuage de poussière rouge, orienta le canon de 100 vers l'appareil qui reprenait de l'altitude et lâcha un pruneau au jugé. Le FRANK KI-84 explosa dans une superbe gerbe de feu et le SU-100 reprit sa route.
Arrivé au pied de la chaîne montagneuse, Babar s'extirpa du char avec son AK47 en bandoulière et un casque fabriqué sur mesure à cause de...
Pris aussitôt sous le déluge de feu d'armes automatiques, l'homme zigzagua avec grâce tout en gravissant la pente tandis que le canon pointait sur l'ouverture d'une grotte à flanc de rocher. Un coup suffit, les tirs stoppèrent et Babar pénétra dans l'antre convoitée envahie d'une poussière grise à l'odeur de poudre. Des cadavres gisaient là par dizaines. Il sortit de l'une de ses poches un boitier en inox qu'il ouvrit et posa au sol. C'était le dernier gadget du FSB, le TIA, testeur instantané d'ADN. Prélevant rapidement sur chaque corps quelques gouttes de sang, il les déposa dans des petites cases sur la vitre de l'engin qui fit « bip ! » à la 17ème analyse.
Le 17ème tué fut chargé aussitôt sur une épaule de notre homme qui descendit vers le char et fit signe au chauffeur de redémarrer plein ouest.
Quelques échanges radio plus tard, les quatre hommes et leur mort furent hissés par treuil à l'intérieur d'un hélico MIL MI626 qui les ramena sans anicroches jusqu'à Moscou.
Le lendemain, la presse mondiale montrait les images de Ben Laden découvert et tué par l'armée US, montage video impeccable payé 50 millions de dollars au FSB en échange du silence des Russes sur les bavures américaines à Tripoli.
Babar reçut 1000 roubles de prime exceptionnelle, ce qui permit à Tatiana et lui de se faire un festin de pelminis au fast food de la place Pouchkine. Oublié, son rêve furtif d'ouvrir un restaurant qu'il aurait appelé « Au bonheur des ogres » ou « Big Fish ».
Le bonheur, c'est simple comme un tir de canon de 100.

désolé, je trouve mon truc un peu n'importe nawak, faudra être indulgents
:-(

Oups ! Deuxième erreur et pas des moindres. Il faudrait corriger la phrase qui introduit le dernier paragraphe :

"Je voyais là un signe et ne pouvais qu'accepter sa proposition"

Je ne sais pas si la modération passera par là, mais ce serait sympa de faire la modification, si c'est possible, merci.


< Ok >

Contente que tu n’aies pas abandonné Phylisse.
Chouette texte avec les contraintes et tout. J’aime beaucoup la liste des morts cruelles et surtout l’enquête finale, très jolie utilisation du titre.

mentor a écrit:désolé, je trouve mon truc un peu n'importe nawak, faudra être indulgents
:-(

Je me sens moins seule... :-)

Merci Elea ! La chute est venue beaucoup plus facilement que le reste, et j'ai trouvé que ça collait bien. Bonne fin de soirée, et à demain.

Bon je suis de retour, je m'y recolle un peu à froid là...
Je vous poste ça dans la nuit (enfin... je vais pas trop trainer!) et lis vos contributions ensuite.
A demain

Vous voulez pas que je me couche en fait ?
Ok, y'aura une seconde tournée de bisous !

Merci Chako.

Mentor vu ton personnage je comprends, m'en vais lire ça !

elea a écrit:Mentor vu ton personnage je comprends, m'en vais lire ça !

Merci de lire :-)))

et surtout merci d'avoir assumé le rôle de MC !

T’es dur avec toi Mentor, tu l’as super bien troussé ton Babar, la chute est excellente, je ne l’avais pas vue venir et j’ai appris plein de termes d’arsenal ! Sans compter la tendresse pour le personnage et sa belle russe. Par moment j’avais l’impression d’être dans un film d’espionnage à la James Bond, c’est très bien rendu. Chapeau !

merci 1000 fois elea, comme quoi c'est vraiment très difficile d'arriver à se juger, jauger soi-même
j'avais vraiment l'impression de partir dans du n'importe quoi avec un truc espionnage-politique foireux...
Tant mieux alors !
;-)

Aïe Aïe Aïe... J'avais un sujet simple mais je me suis complètement embrouillé (j'ai tout recommencé en voyant que mon ogre triste ne m'amenait nul part).
Résultat : texte plutôt naze et très court mais...
MAIS TEXTE QUAND MEME ! (c'est déjà une victoire!)


Au bonheur des ogres


Sous le ciel de Stockholm, Barbe Bleue avançait son pas perdu.
Les yeux cernés, le visage creusé au burin, il errait dans la nuit, picolant pour se réchauffer quelques cannettes d’Amsterdamer qui, même s’il n’avait pas pesé cent-vingt kilos, ne l’aurait pas foutu par terre : le bonhomme tenait l’alcool.
Pourtant, le pauvre ogre aurait vendu femmes et enfants (s’il ne les avait pas déjà tués…) rien que pour connaitre une bonne gueule de bois ; mais non : la bière ne lui faisait strictement rien. D’ailleurs, rien ne lui faisait strictement rien : ni l’héroïne, ni le LSD, ni même les champignons, la cocaïne ou le dépoussiérant pour ordinateur. Il avait tout essayé, et c’était comme ça. Rien à rajouter. Que dalle. Jamais il n’éprouverait le moindre tout petit début d’effet, il le savait ; et s’il continuait quand même à boire, c’était surtout pour ne pas perdre la face devant les autres ogres qui, eux, ne se doutaient de rien.

C’est que c’était terrible d’être un ogre au XXIe siècle : les pauvres n’effrayaient plus personne; et même pire, ils inspiraient une espèce de sympathie toute paternelle à leur entourage. On le sait, la mécanique du cœur est pleine de paradoxe : pour Barbe Bleue (qui était d’ailleurs particulièrement tendance ces jours-ci), toute cette bienveillance à son égard était proprement insupportable.
Il en venait même à regretter ces cents ans de solitude où, laissé pour mort dans son château, il avait vu passivement le siècle traverser, entre guerre et paix, les drames qui font l’histoire. Cents ans ! Cents ans à attendre de redevenir le cauchemar de ses beaux jours…

… pour en arriver là ! Un gentil monstre bleu à qui on aurait vissé une bière à la main, tout au plus. Sans compter que ses tentatives pour assombrir son image étaient toujours des échecs…
Qu’il se fasse une crête et des percings : « Oh c’est mignon BB ! »
Même son autobiographie « Comment j’ai kiffé tuer ma femme » avait été applaudie par le grand public comme « le martyr d’une autre vie».
Rien à faire. Entre un ogre et un procès-verbal, c’est le procès-verbal qui fait le plus flipper ce siècle...
Certains de ces collègues ne s’en sortaient pas trop mal en suivant la mouvance Gainsbarre, mais lui…

Mais tout ça, c’était finit ! Il savait ce qu’il allait faire maintenant.
Il y avait beaucoup pensé. Et puis d’ailleurs c’était facile : il l’avait déjà fait.
Cette fois juste, il pensera bien à se planquer après...
Pourquoi pas revenir à son ancienne vie ? Retrouver son château ?
Oui, décidément, ça lui semblait être une bonne idée.

Thème : Mon frère (ou le vôtre) en Islande

Purée, je suis parti super loin... Avec des clins d'oeil à aux moins trois Véliennes. ;-)


Les presque aventuriers du Vatnajökull

1.
- Et donc ? Qui avait raison ?
- Très bien, je m’incline. Vous aviez raison.
- Satisfait, j’entrepris de me lécher les lèvres, encore toutes humides de cognac.

2.
- Au secours !
- Ne crains rien, on va s’en sortir !
- J’ai peur !
- Dieu tout puissant !

* * *

Mais comment, par quel diable, me suis-je retrouvé dans cette galère ? En quelques minutes, j’ai l’impression d’avoir vécu cent ans de solitude, et qu’on va me retrouver congelé dans glace comme cette femme dans La Nuit des Temps. Pour peu que la mécanique du cœur fonctionne encore, et si ça marche alors la vie est un miracle. Remettons les souvenirs en place.

* * *

3.
La petite Lizzie regardait par-dessus le hublot. Les glaces du Vatnajökull s’étendaient à présent sous la buée de son souffle et les traces de ses doigts.

- Ne nous fâchons pas, Marisa. C’était mon frère, ou le vôtre.
- Ç’aurait dû être le mien. Vous me déçûtes, mon cher.
- Mon choix vous aurait-il à ce point déplu ?
- Vous êtes dans le vrai. Mais brisons sur ce sujet, voulez-vous ? La lecture de ce magazine féminin de bas-étage a pour moi des charmes insoupçonnés, et je vous saurais gré de me laisser en paix durant son déchiffrage ô combien passionnant.

Jamais Marisa ne m’était autant insupportable que lorsqu’elle prenait ses mines hypocrites et ce ton ampoulé. De quoi se plaignait-elle ? Elle avait obtenu qu’on parte pour l’Islande, et plus l’avion se rapprochait de Keflavík, plus son humeur semblait perdre en altitude. Quant à la dispute à propos de nos frères respectifs, je ne vois pas comment elle pouvait encore critiquer mon choix, pourtant légitime : il avait d’abord été convenu que nous ne partirions que tous les trois, la petite, elle et moi, comme une famille normale. Hors, Madame ayant des atomes crochus – un peu trop à mon goût – avec le monde de l’exploration, il fallait quelqu’un pour garder la petite qu’il était hors de question d’emmener lors d’une expédition sur le Grímsvötn, par exemple.

- Mon père, c’est là qu’on va, n’est-ce pas ?
- Oui, Lizzie chérie, c’est bien là. Tiens, regarde : la plus haute montagne, là, c’est l’Öræfajökull. Un dangereux volcan, ne tombe jamais dedans.
- Aucun risque, avait sèchement aboyé Marisa.

Elle replongea furieusement la tête dans son magazine, sans prononcer un mot. Elle ne me pardonnerait décidément pas la présence de mon jeune frère, endormi comme un loir la tête contre la partie du hublot que les mains de Lizzie ne recouvraient pas. Parce que, quitte à aller en Islande, je voulais moi aussi prendre part aux expéditions aventureuses et, pour ne pas que Lizzie se retrouve seule, nous avions d’un commun accord décidé qu’une tierce personne nous accompagnerait, et qu’on se relayerait, lui et moi, auprès de la petite. Chacun proposa un frère. Elle le sien, moi le mien. Je trouvais qu’emmener Stou’ serait une bonne idée, vu qu’il n’avait presque jamais voyagé, et qu’il s’entendait à merveille avec Lizzie. Mais Marisa préférait son frère à elle, qui avait déjà été à nos côtés en Patagonie, et serait par conséquent à l’aise dans les glaciers islandais. Et me reléguerai donc au rôle de nounou exclusive, au final. La victoire, finalement, se fit au porte-monnaie : son frère, qui menait une vie de Bohême, n’avait pas de quoi s’offrir le billet, et moi, j’avais largement de quoi payer celui de Stou’. Stou’ qui, à présent, dormait au milieu de ses cheveux longs et de la musique de Sigur Rós qui continuait à s’échapper de ses écouteurs, posés de part et d’autre de la barbe naissante qu’il avait tenu à laisser pousser pour « mieux résister au froid là-bas ».

- Père, on fera des batailles de neige au bord des lacs ?
- Avec plaisir, Lizzie chérie.
- Marisa n’avait rien trouvé rien à redire. Ça ne partait pas si mal, finalement.

* * *

- Vous saviez que Reykjavik veut dire « baie des fumées » en islandais ? C’est poétique ! Et c’est là qu’Ingólfur Anarson, le premier colon, est arrivé en 874. Aujourd’hui, Reykjavik regroupe plus de la moitié de la population islandaise !
- Content de voir que tu t’intéresses au pays, Stou’ !
Stou’ avait le nez plongé dans son guide illustré pendant que Lizzie piaffait d’impatience en attendant d’aller voir les « gizaires », surtout le Strokkur qui crache son eau à vingt mètres de haut. Seule Marisa s’assombrissait, comme un volcan entouré de la fumée annonciatrice de l’éruption proche. Je pris le parti de ne rien dire jusqu’à ce qu’on arrive à l’hôtel.
- Attends, je vais saluer le type à l’accueil : « gódan dag, hvernig gengur ? » formula Stou’ avec enthousiasme. Yeah, t’as vu ça, Lizzie ?
Lizzie approuva avec un grand sourire d’admiration. L’hôte répondit par une phrase que Stou’ ne comprit pas.
- Heu… heu… « ég skil ekki », dit-il après avoir trouvé dans son guide la phrase signifiant « je ne comprends pas. »
L’hôte rit de bon cœur, Lizzie se moqua de son oncle, et Marisa se chargea de régler les affaires courantes en anglais. Elle m’apprit peu après que la première expédition était programmée pour le surlendemain, avec l’accompagnement d’un certain Sturlusson.

* * *

- Aide-moi, je vais tomber !
- Oui, attrape ma main.
- Je la tiens !
- Non, attention où tu mets ton pied !
- Aïe !

4.
Ce fut difficile de calmer les pleurs de Lizzie quand elle apprit qu’elle ne nous accompagnerait pas aux lacs glacés du Vatnajökull. Je faillis même me fâcher avec Stou’ qui, bien plus heureux ici que dans son studio d’étudiant, se sentait l’âme d’un conquérant et n’entendait pas rester confiné en ville, bien qu’il y ait à Reykjavik largement de quoi s’occuper. Quoiqu’il en soit Marisa ne semblait guère s’en soucier et, à l’heure du départ, son sac et le mien étaient prêts.

- Très cher, avez-vous su faire entendre raison à notre fille ?
- Non.
- Tant pis pour elle. Et votre frère ?
- Pareil, il proteste.
- Je vous avais bien dit qu’il ne fallait pas l’emmener.

Le dénommé Sturlusson arriva à quatre heures précises dans son 4x4, on posa les sacs et nos derrières, on prit la route, de longues heures. Je pensais à Lizzie, me promis de l’envoyer en colonie de vacances sur la Côte d’Azur pour la prochaine fois.

* * *

- Ah, très cher, je me sens l’âme d’une Viking ! Quelle beauté que ces blanches étendues à perte de vue, ce ciel froid, ces nuages argentés.
- Ravi de vous voir enfin de bonne humeur, Marisa chérie.
Elle ne me répondit pas, enchantée par le baptême de ses nouvelles chaussures de randonnées au verglas islandais. Sturlusson dit quelque chose que je n’entendis pas, ils échangèrent quelques mots. C’est alors que cela se produisit.

* * *

Marisa avait juste eu le temps de me prévenir que nous allions subir un sérieux grain, sans m’en préciser la nature. En vérité, c’est plus qu’un grain : le sol se déroba littéralement sous mes pieds.
- Aarg !
J’entendis la voix de Marisa crier au loin. Peut-être qu’elle et son Sturlusson étaient dans la même situation que moi. Je levai les yeux : le ciel était à trois mètres au-dessus de moi, et le sol grondait. Je songeais à une surge glaciaire, quand j’entendis malgré le fracas la voix de l’Islandais crier « jökulhlaup ! Jökulhlaup ! ». Bien sûr, une débâcle glaciaire, la rupture par fusion du barrage de glace qui retient un réservoir d’eau. Qui dit rupture, dit crue : si je ne parvenais pas à sortir de ma crevasse, j’allais rapidement être submergé par des flots torrentiels. J’avais entendu parler de ce phénomène en Patagonie, lors de notre expédition au Campo de Hielo Sur : le frère de Marisa disait en avoir déjà vu un au Perito Moreno, mais que les plus violents avaient lieu… en Islande. Marisa devait me maudire à l’instant présent d’avoir refusé qu’il nous accompagne, ce frère qui connaissait le Champ de glace Sud de Patagonie comme peu d’Européens le connaissent. Mais enfin, me dis-je, ce Surlusson qu’elle avait contacté devient bien s’y connaître lui aussi en calotte glaciaire ? Un nouveau grondement coupa court à mes interrogations.

- Au secours ! hurla Marisa.
- Ne crains rien, on va s’en sortir, répondis-je sans trop y croire à cette voix que je ne pouvais voir.
- J’ai peur !
- Dieu tout puissant !
Je venais de le voir : le filet d’eau qui s’écoulait entre mes pieds, et un petit jet régulier qui perçait la paroi à quelques centimètres de moi.

* * *

5.
Mais comment, par quel diable, me suis-je retrouvé dans cette galère ? En quelques minutes, j’ai l’impression d’avoir vécu cent ans de solitude, et qu’on va me retrouver congelé dans glace comme cette femme dans La Nuit des Temps. Pour peu que la mécanique du cœur fonctionne encore, et si ça marche alors la vie est un miracle.

Je me sentais tel ce soldat dans Guerre et Paix qui, empêtré de neige russe et sentant la fin proche, choisissait à adresser une pensée aux êtres chers plutôt que de fouiller dans son sac à la recherche de quoi que ce soit d’utile. Sauf que, contrairement à lui, je n’étais pas blessé. Mais je ne pouvais pas m’empêcher de penser très fort à Lizzie. Tellement fort que j’entendais presque sa voix résonner à mes oreilles.
- Père ! Mon père !
Alors je criais « Lizzie ! » comme pour répondre à cette voix, en me disant qu’au bout d’un moment c’est un torrent de larmes qui me noierait et non celui du glacier.
- Mon père ! Où êtes-vous ?
« Perdu, perdu, au fond d’une crevasse », répondais-je, sentant l’eau me venir aux yeux, et submerger mes mollets.
- Je vous entends ! Où êtes-vous ?
Attends une minute.
- Lizzie ? j’ai crié à nouveau.
- Oui, père ! On est là, Stou’ et moi !
Par tous les saints !
- Lizzie ! Lizzie ! Par ici ! hurlai-je alors à pleins poumons.
- Père ! Je vous vois !
La petite tête blonde adorée venait en effet de surgir du haut de la crevasse.
- Stou’ ! Stou’ ! Viens vite, je l’ai trouvé !

Dix secondes après, l’oncle avait rejoint la fillette. Tout en criant des ordres que mes sens en alarme ne me permettaient d’entendre qu’à moitié, il me jeta une corde solide que j’attrapai sans poser de questions. J’eus tôt fait d’être en haut et d’essuyer la plus terrible avalanche de bisous de ma vie, œuvre d’une Lizzie hystérique, et je crois que j’aurais donné beaucoup pour que le temps s’arrête quelques secondes, histoire de savourer. Stou’, en revanche, ne perdit pas son sang-froid, et me demanda où se trouvait Marisa. Aussitôt je me défis de Lizzie, et bondit là où je l’avais vue pour la dernière fois. Elle était à un mètre au-dessous de moi, agrippée à une petite corniche, surplombant un fossé d’au moins cinq mètres.
- Aide-moi, je vais tomber ! cria-t-elle aussitôt qu’elle m’aperçut. Je fus très légèrement étonné qu’elle abandonnât son habituel vouvoiement, mais l’heure n’était pas à la plaisanterie, aussi me gardai-je de le lui faire remarquer.
- Oui, attrape ma main.
- Je la tiens !
- Non, attention où tu mets ton pied !
- Aïe ! vociféra Sturlusson, dont les doigts de la main droite se trouvaient sous le talon de Marisa.

Finalement, quelques minutes plus tard, tout le monde était tiré d’affaire, et on se hâta de changer de position géographique pour ne pas se retrouver pris dans la crue du jökulhlaup. Stou’ m’expliqua brièvement que Lizzie demeurait inconsolable après notre départ et que, lui-même se sentant frustré de ne pas partir à l’aventure, ils avaient pris un taxi dans le but de nous suivre. « J’avais bien regardé dans le guide illustré comment s’y prendre pour les explications, et on a réussi », avait-il dit, concluant par un théâtral « Rien ne peut empêcher un oiseau de voler quand il se sent pousser les ailes du désir ! »

* * *

6.
De retour à l’hôtel, je m’empressai de demander l’adresse du meilleur restaurant de la ville, pour terminer en beauté cette aventure tumultueuse. Et aussi, au service d’étage, qu’on apporte une bouteille d’un excellent cognac à la chambre que nous partagions, Marisa et moi. Tandis que Lizzie et Stou’ se préparaient pour le dernier, je servis deux verres, pour mon épouse et moi-même. Je lui tendis le sien avec un grand sourire, elle devina mon intention.
- Quelque chose de complètement extérieur à cette histoire vous réjouit beaucoup, n’est-ce pas ?
Je bus une gorgée comme pour lui prouver qu’elle avait raison.
- En effet, Marisa. A propos de nos frères. Si le vôtre était venu, il vous aurait accompagné au Vatnajökull, j’aurais passé la journée à Reykjavik avec Lizzie, et vous seriez restés bloqués dans cette crevasse. Tandis que, puisque Stou’ est venu…
- J’ai compris, j’ai compris. Je pense qu’il aura droit à un cadeau des plus coûteux à son prochain anniversaire, puisque je lui dois la vie, c’est bien ça ?
- Et donc ? Qui avait raison ?
- Très bien, je m’incline. Vous aviez raison.
Satisfait, j’entrepris de me lécher les lèvres, encore toutes humides de cognac.

Bonjour tous !
Lecture au petit matin (enfin, presque, vu l'heure)

Croisic : j’admire comment tu arrives à dresser le portrait d’une vie sur un format si court, sans jamais donner l’impression de « résumer ». Ton personnage est attachant, bravo.

Rebecca : ce qui m’a plu, en dehors des trouvailles de mots (tu excelles toujours, n’est-ce-pas ? on sent ta gourmandise…), c’est le retournement de narrateur. Ta construction est impeccable, c’est très rythmé et agréable à lire.

Chrystie12 : j’ai eu un peu de mal à te suivre dans le foisonnement de cette histoire : tu colles à ton thème, 36 chandelles, ça fuse de partout !

Phylisse : ah ! ben moi non plus je ne savais pas que Raspoutine connaissait Corto Maltese ! : ) Une chouette imagination pour des contraintes difficiles.

Mentor : heu, je n’ai pas vraiment accroché, faut pas m’en vouloir, les termes techniques me rebutent un peu. Mais ton écriture m’a bien plu, on aurait dit un enfant en train de jouer à GI Joe et de raconter l’histoire à voix haute.

Vicon : Sympa, ce portrait de BB désabusé. Tu peux le reprendre et aller plus loin, il y a matière. Creuse dans le jardin de Dame Coline, tu trouveras foule de cadavres d’ogres ! : )

… et… mon préféré :

Chako, c'est excellent ! Et je suis fière d'être Lizzie (oui, j'aime les "gizaires"). Sérieux, je suis scotchée par ta construction, l’aisance de ta narration, l’humour et la facilité que tout ceci dégage.
En-co-re !!!!!

Commentaires un peu lapidaires par manque de temps (manger, toujours manger, la maison des ogres c'est ici), mais ce fut un plaisir de lire tout ça.
J'espère n'avoir oublié personne !


Coline : drôle et réjouissant ! On ne pense pas assez à la femme de l'ogre.
Et les neiges du Kilimanjaro, super (j'ai vu le film, super film aussi)

Elea : j'adore la fin !

Lizzie : m'étonnerait pas que ton buster finisse comme mon lunaire assassin

Croisic : très touchant, et cette écriture par petits touches

Rebecca : drôle, enlevé et irrévérencieux, très agréable

Polixène : super, comment conjuguer légèreté et gravité

Phylisse : j'ai aimé aussi, et puis retrouver le beau corto...

mentor : n'importawak mais bien réjouissant. J'aime bien les anti héros

vicon : excellente transposition

chako : scotchée

Jolie participation Vicon pour une première ! Elle est bien ton histoire, y'a que la fin qui est un peu bancale pour moi. Ou trop rapide. Mais les contraintes sont très bien utilisées, se fondent dans l'histoire et, en vrac, j'aime beaucoup : le dépoussiérant pour ordinateur, BB, l'autobiographie. Toutes ces petites trouvailles amusantes.

J'ai l'impression que tu aurais pu continuer toute la nuit à nous faire voyager sur et sous les glaciers Islandais, Chako. Beaucoup aimé malgré (ou à cause de) la construction surprenante. Preuve que c'est bien mené. Et surtout tes personnages sont géniaux, les bisbilles, le vouvoiement ; ils ont de l'épaisseur et je les ai suivis avec grand plaisir dans ces aventures Islandaises. Très chouette ! D'autant que grace à toi j'ai maintenant l'impression de connaitre un peu ce pays, d'y avoir fait un tour.

Je te confirme Mentor, tu es parti dans du n'importe quoi :-) mais du n'importe quoi sympathique, bien construit et amusant.

Superbe Janis concernant la famille étendue que l'on découvre peu à peu et cette horreur évoquée sans sensationnalisme, presque pudiquement. Adoré le "que faire des corps après l'amour" et "les ailes du désir coupées".

Coline : c'est léger malgré le sujet, plein de références précises dites sur un ton désinvolte, la mama ogresse est même sympathique, un exploit ! Et surtout j'ai appris un mot : antépénultième ! Merci, faudra que je le place...;-)

elea : mais c'est poignant ! Un vrai conte de Noël à l'américaine pour tirer une larmichette aux nantis de tous bords. En tout cas c'est parfaitement bien écrit.

Lizzie : ben toi non plus t'es pas très drôle !;-) Heureusement, les images du film The Artist défilaient pendant ma lecture, donc je vois une fin joyeuse à ton histoire, quand même.

CROISIC : un joli voyage où tu nous entraînes là, même si teinté de regrets mais aussi d'une certaine nostalgie. En tout cas on sent les odeurs, on voir les couleurs.

Rebecca : encore un texte désabusé et qui arrache. Quelle vie ce Robinson, qui l'eût cru ! C'est truculent comme récit. Je voulais te signaler la petite erreur, mais j'ai vu que tu l'avais rectifiée toi-même. Et un nouveau mot, un ! « Déréliction ». Merci !

chrystie12 : c'est débridé et finit en queue de poisson, j'aurais aimé un peu plus long avec une « vraie fin », mais bon, je sais ce que c'est que le stress du temps qui passe durant ce genre d'exo !:-)

Phylisse : Ah la 7ème vie de Raspoutine au Tibet ! On n'en saura rien et c'est peut-être aussi bien, ça évitera d'autres drames et morts violentes ! Bravo d'avoir osé.

Vicon : toi aussi, bravo d'avoir tenté. L'errance de BB au pays des buveurs de bière. On le plaindrait presque. Humour noir au rendez-vous, c'est pas mal pour un premier essai.

Chako : un peu décousu, j'ai trouvé, un peu de mal à accrocher, donc. Mais au fur et à mesure ça va mieux et la lecture est plus facile. Pas trop compris pourquoi un paragraphe du début est répété mot pour mot au début du n° 5.

Janis : ben dis donc, c'est Edgar Poe au temps des ordis ! Un pétage de plombs comme ça, quelle horreur. Le récit de l'auteur des (mé)faits sur ce ton anodin ajoute à la noirceur du tableau. Bonnes fêtes !;-)

Beaucoup aimé tous les textes que j'ai lu - particulièrement (ça vaut ce que ça vaut ahah) le long texte de chako qui m'a bien plu dans lequel je suis bien rentré. Bien accroché aussi au Robinson de Rebecca. Ah et aussi... non, je les ai tous bien aimé, mais ces deux là sont mes préférés.
Personnellement, je découvre avec ce genre d'exercice le plaisir du bricolage. Je suis pas du tout habitué à ces formes de récits et j'ai tendance à y avoir peur des mots : je me rends compte que c'est en fait idiot, qu'il faut juste en fait lancer sa phrase et puis ensuite l'assumer. Ne pas se poser de question, ne pas revenir en arrière (ce que j'ai fait) : le mieux est bien l'ennemi du bien!

Bonne expérience donc, j'attends le prochain de pied ferme !

Bravo à tous !

Coline : Un texte à ta manière quand tu fais dans l’humour décalé. « Guère épais » pour « Guerre et paix » forcément ça me parle et ça sourit. Culturé en plus, je n’avais pas compris le lien entre pelouse et Tardieu, jusqu’à ce que curieuse je ne trouve cet extrait d'un mot pour un autre : http://www.momes.net/education/oral/theatre/tardieu.html
Mais c’est chaussure ! Tout s’ensoleille dans ma bonbonnière !
Et alors Danel ! Avec son Killy mange Jha rhooo ! Une verve épantouflante !

Elea : Très touchante cette Lola, émouvante. Un beau portrait triste mais qui laisse une porte de sortie. J’espère qu’elle va le faire. Se tirer et retrouver son Georges. What else ? Bravo.

Lizzie : pareil, très émouvant, mais là pas d’échappatoire. La fin d’une époque et son chapelet de mélancolie. Beaucoup aimé. Du coup grâce à vous les filles je mets une fine couche de vernis sur ma culture en friche, j’ai relu un peu la vie de Keaton, ça m’a intéressée. Merci.

Croisic : un beau voyage que tu nous fais faire à la lumière et à l’ombre de ce destin. Du désir innocent à la tristesse désabusée jusqu’à cette embellie finale, ton héroïne m’a fait vibrer.
Par contre je ne pense pas que cette phrase soit correcte, en tout cas pas assez explicite : « Ils avaient lu les contes qu’ils m’avaient scellés durant ma petite enfance. »

Chrystie 12 : J’aime beaucoup la première partie, ce n’était pas simple d’introduire une chanteuse trapéziste dans une histoire ! Et là ça coule de source.
Par contre la deuxième partie, l’histoire de la gourde, je l’ai trouvée un peu forcée, trop farfelue par rapport au début, en décalage. Du coup je suis frustrée. L’histoire abandonne trop vite les deux personnages du début.

Phylisse : un texte court mais percutant, très plaisant, et c’était une gageure ces contraintes ! Chapeau !

Mentor : tu m’as beaucoup amusée avec ton Bernard Babar (que les études n’ont pas poursuivi hihi) et La légion « cette période bénéfique à son développement tant physique qu'intellectuel », pourquoi ça me fait rire, hein, on se demande, vraiment ! Et puis cet atterrissage ! Super Babar, si Belmondo l’avait connu il s’en serait inspiré ! Sinon 007 peut aller se rhabiller à mon avis. « Le bonheur, c'est simple comme un tir de canon de 100.» Je plussoie. Merveilleuse conclusion.
Franchement, t’étais pas gâté au départ, à l’arrivée ça semble du gâteau.

Vicon : Bravo pour cette première participation… Beaucoup d’humour dans ces errances désabusées d’un monstre perdu dans le siècle… Cependant je reste un peu sur ma faim… je trouve la fin hâtive, j’en aurais voulu un peu plus,… je sais je suis un peu ogresse à mes heures…

Chako Noir : Tudieu ! Quelle aventure ! Et quelle expédition ! Quasiment une nouvelle que tu nous offres là ! Avec tous les ingrédients qui font que l’on accroche, et qu’on glisse tout schuss le long du texte jusqu’à la chute finale qui nous laisse en apesanteur. Bel ordonnancement de souvenirs, belle orchestration.

Janis : pour moi, c’est excellent… tu as travaillé ton texte comme un travelling arrière très lent à partir d’un gros plan et puis qui devient panoramique, le genre qui transforme un moment banal en une scène à se faire dresser les poils des bras le tout dans un long et périlleux mouvement de caméra… autopsie du désastre… tu es la reine de la mise en scène…

oups, pourquoi ai-je confondu polixène et christie, docteur ?

Coline : Un souvenir cette chanson… et tu nous plantes une ogresse pleine de sentiments. Jouissif !

Elea : Le rôle du MC te va plutôt bien.
Comme tous tes portraits, Lola ne manque pas de relief. Apprécié certaines formulations, le dernier sapin doublé de satin entre autres. Le titre prédispose à l’espoir.

Lizzie : Nostalgie pour une époque. Bien évoqué cet homme qui ne rit jamais.

Croisic : Mes contraintes t’ont inspiré… un beau conte qui n’en finit pas de fleurir.

Rebecca : Quel régal ce Robinson nouvelle version.

Phylisse : Tu jongles avec les difficultés dans une grande dextérité.

mentor : Ton Babar vaut son pesant de pruneaux.

vicon : Tu as bien fait de te lancer. Il finirait par nous toucher ce Barbe-Bleue qui rêve… de la vie de château !

Chako : L’aventurier de l’écriture, c’est toi. Tu déroules toute une épopée en deux temps trois mouvements.

Janis : Tu sèmes bien l’atmosphère. Ça se boit comme un verre… de ciguë… Bien aimé le chant des sirènes.