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Poésie d'hier, nous serons oubliés

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Poésie d'hier, nous serons oubliés - Page 2 Empty Claude de Burine (1931-2005)

Message  Frédéric Prunier Sam 24 Aoû 2013 - 8:02

SUR LES MARCHES DE VELOURS

Sur les marches de velours du tapis rouge
Qui montent à l'autel des mystères et des grâces
Où brille l'étoile des mages et des incohérences
Où se séparent les routes,
S'accomplissent les miracles
Dans la chaleur des vertiges,
Prendre ta main et te conduire.
Te ramener à la maison de terre
Où les hommes ont les épaules fortes,
La poitrine que lentement on dénude
Avec l'odeur de tabac, de lavande et d'alcool
Des soirs au complet noir,
Dans les bals où l'on suce
Les pastilles de lumière et de lune,
Les cuisses longues et douces
Et plus haut, là où tout se passe.

extrait du recueil Les médiateurs, La Bartavelle édition, Charlieu 2002.
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Message  Invité Sam 24 Aoû 2013 - 8:32

Dis-moi, Frédéric, La Bartavelle travaille à compte d'auteur, non ? C'était le cas avant, mais ils avaient aussi des contrats 501/50...

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Message  Invité Sam 24 Aoû 2013 - 8:41

Oups ! Lire : 50/50...

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Message  Frédéric Prunier Sam 24 Aoû 2013 - 8:57

dusha,
dans mon cas, c'est plutôt un 50/50.
ma boutique (quai favières antiquités Montluçon) est mon principale distributeur ... !!! )))
donc je bénéficie du tarif !!!
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Poésie d'hier, nous serons oubliés - Page 2 Empty Antoine-Léonard THOMAS (1732-1785)

Message  Frédéric Prunier Mar 17 Sep 2013 - 10:07

... petite curiosité, surtout pour le premier vers de la dernière strophe...
et le premier qui dit qu'il a copier sur la Martine, il m'apprend tout le poème par coeur ! )))


Antoine-Léonard THOMAS   (1732-1785)

Ode sur le temps

Le compas d'Uranie a mesuré l'espace.
Ô Temps, être inconnu que l'âme seule embrasse,
Invisible torrent des siècles et des jours,
Tandis que ton pouvoir m'entraîne dans la tombe,
J'ose, avant que j'y tombe,
M'arrêter un moment pour contempler ton cours.

Qui me dévoilera l'instant qui t'a vu naître ?
Quel oeil peut remonter aux sources de ton être ?
Sans doute ton berceau touche à l'éternité.
Quand rien n'était encore, enseveli dans l'ombre
De cet abîme sombre,
Ton germe y reposait, mais sans activité.

Du chaos tout à coup les portes s'ébranlèrent ;
Des soleils allumés les feux étincelèrent ;
Tu naquis ; l'Éternel te prescrivit ta loi.
Il dit au mouvement : "Du Temps sois la mesure."
Il dit à la nature :
"Le Temps sera pour vous, l'Éternité pour moi."

Dieu, telle est ton essence : oui, l'océan des âges
Roule au-dessous de toi sur tes frêles ouvrages,
Mais il n'approche pas de ton trône immortel.
Des millions de jours qui l'un l'autre s'effacent,
Des siècles qui s'entassent
Sont comme le néant aux yeux de l'Éternel !

Mais moi, sur cet amas de fange et de poussière
En vain contre le Temps je cherche une barrière ;
Son vol impétueux me presse et me poursuit.
Je n'occupe qu'un point de la vaste étendue
Et mon âme éperdue
Sous mes pas chancelants voit ce point qui s'enfuit.

De la destruction tout m'offre des images.
Mon oeil épouvanté ne voit que des ravages ;
Ici, de vieux tombeaux que la mousse a couverts ;
Là, des murs abattus, des colonnes brisées,
Des villes embrasées ;
Partout les pas du Temps empreints sur l'univers.

Cieux, terres, éléments, tout est sous sa puissance.
Mais tandis que sa main, dans la nuit du silence,
Du fragile univers sape les fondements ;
Sur des ailes de feu, loin du monde élancée,
Mon active pensée
Plane sur les débris entassés par le Temps.

Siècles qui n'êtes plus, et vous qui devez naître,
J'ose vous appeler ; hâtez-vous de paraître,
Au moment où je suis, venez vous réunir.
Je parcours tous les points de l'immense durée
D'une marche assurée :
J'enchaîne le présent, je vis dans l'avenir.

Le soleil épuisé dans sa brûlante course,
De ses feux par degrés verra tarir la source,
Et des mondes vieillis les ressorts s'useront.
Ainsi que des rochers qui du haut des montagnes
Roulent sur les campagnes,
Les astres l'un sur l'autre un jour s'écrouleront.

Là, de l'éternité commencera l'empire ;
Et dans cet océan, où tout va se détruire,
Le Temps s'engloutira, comme un faible ruisseau.
Mais mon âme immortelle, aux siècles échappée,
Ne sera point frappée,
Et des mondes brisés foulera le tombeau.

Des vastes mers, grand Dieu, tu fixas les limites,
C'est ainsi que du Temps les bornes sont prescrites.
Quel sera ce moment de l'éternelle nuit ?
Toi seul tu le connais, tu lui diras d'éclore :
Mais l'univers l'ignore ;
Ce n'est qu'en périssant qu'il en doit être instruit.

Quand l'airain frémissant autour de vos demeures,
Mortels, vous avertit de la fuite des heures,
Que ce signal terrible épouvante vos sens.
A ce bruit, tout à coup, mon âme se réveille,
Elle prête l'oreille
Et croit de la mort même entendre les accents.

Trop aveugles humains, quelle erreur vous enivre !
Vous n'avez qu'un instant pour penser et pour vivre,
Et cet instant qui fuit est pour vous un fardeau !
Avare de ses biens, prodigue de son être,
Dès qu'il peut se connaître,
L'homme appelle la mort et creuse son tombeau.

L'un, courbé sous cent ans, est mort dès sa naissance ;
L'autre engage à prix d'or sa vénale existence ;
Celui-ci la tourmente à de pénibles jeux ;
Le riche se délivre, au prix de sa fortune,
Du Temps qui l'importune ;
C'est en ne vivant pas que l'on croit vivre heureux.

Abjurez, ô mortels, cette erreur insensée !
L'homme vit par son âme, et l'âme est la pensée.
C'est elle qui pour vous doit mesurer le Temps !
Cultivez la sagesse ; apprenez l'art suprême
De vivre avec soi-même ;
Vous pourrez sans effroi compter tous vos instants.

Si je devais un jour pour de viles richesses
Vendre ma liberté, descendre à des bassesses,
Si mon coeur par mes sens devait être amolli,
O Temps ! je te dirais : "Préviens ma dernière heure,
Hâte-toi que je meure ;
J'aime mieux n'être pas que de vivre avili."

Mais si de la vertu les généreuses flammes
Peuvent de mes écrits passer dans quelques âmes ;
Si je peux d'un ami soulager les douleurs ;
S'il est des malheureux dont l'obscure innocence
Languisse sans défense,
Et dont ma faible main doive essuyer les pleurs,

Ô Temps, suspends ton vol, respecte ma jeunesse ;
Que ma mère, longtemps témoin de ma tendresse,
Reçoive mes tributs de respect et d'amour ;
Et vous, Gloire, Vertu, déesses immortelles,
Que vos brillantes ailes
Sur mes cheveux blanchis se reposent un jour.
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Message  Invité Mar 17 Sep 2013 - 15:29

Héhé l'ami Fred,
vise un peu ce que le grand philosophe JDLM nous dit ;



Le temps ne passe pas les amis, cessons de confondre l'objet et sa fonction.
La fonction du temps consiste à faire passer la réalité, le temps lui même ne passe pas. C'est comme si vous disiez qu'un chemin chemine ou qu'un cahier à musique chante ...
Pareil, attention aux métaphores. Le temps comparé au fleuve est une image déjà présente chez Héraclite et rien n'a changé. Comparer le temps au fleuve c'est penser implicitement que le temps à une vitesse, or c'est impossible (la vitesse est calculée par rapport au temps), le temps ne passe pas plus vite. Pour mesurer l'écoulement d'un fleuve il faut nécessairement supposer que le fleuve a un lit dans lequel il s'écoule ; si le temps est semblable au fleuve dans quoi s'écoule-t-il ? A la limite le temps ressemble davantage au lit qu'au fleuve lui-même.
Le temps n'existe peut-être vraiment que par son substantif. Le fait est que toutes les déterminations, métaphores ou expressions que nous utilisons au quotidien, et que tout un chacun comprend parfaitement, définissent une vision implicite du temps qui est généralement absurde.
So ... remettons les pendules à l'heure (ahaha)



héhé

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Message  Frédéric Prunier Mer 18 Sep 2013 - 15:21

mon petit pandadamour,

heureux les imperfectionnistes du langage

on voit le temps défiler comme au cinéma
et tranquillou, on oublie de faire ses besoins à l'entre-acte...


amitié


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Message  Frédéric Prunier Dim 6 Oct 2013 - 19:01

l’amour m’a frappé d’un grand coup de hache
et m’a plongé dans un torrent
enflé par l’hiver

Anacréon, 570-488 avant Jean-Claude
Frédéric Prunier
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Poésie d'hier, nous serons oubliés - Page 2 Empty Fernando Pessoa ( 1888-1935)

Message  Frédéric Prunier Jeu 17 Oct 2013 - 9:31

Spoiler:

En fièvre et regardant les moteurs comme une Nature tropicale -
Immenses tropiques humains de fer, de feu, de force -
Je chante, et je chante le présent, et aussi le passé et le futur,
Car le présent c’est tout le passé et tout le futur
Et il y a Platon et Virgile dans les machines et les lumières électriques
Rien que parce que jadis il y a eu et c’étaient des humains Virgile et Platon
Et des morceaux de l’Alexandre le Grand d’un possible Cinquantième siècle,
Des atomes qui devront aller s’enfiévrer dans le cerveau de l’Eschyle du centième siècle,
Parcourent ces courroies de transmission et ces pistons et ces rouages,
En rugissant, crissant, vrombissant, glapissant, ferraillant,
Me faisant un trop-plein de caresses au corps dans une seule caresse à l’âme.

Ah ! Pouvoir m’exprimer tout entier comme un moteur s’exprime !
Être complet comme une machine !
Pouvoir s’avancer dans la vie aussi triomphant qu’une automobile dernier modèle !
Pouvoir au moins me pénétrer physiquement de tout cela,
Me déchirer tout entier, m’ouvrir complètement, me faire pour eux
À tous les parfums d’huiles et de chaleurs et de charbons
De cette flore stupéfiante, de cette flore noire, artificielle et insatiable !
Frédéric Prunier
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Message  seyne Ven 10 Jan 2014 - 11:24

Je découvre ce fil, belle idée.

D'un jeune poète hélas disparu : Ludovic Kaspar



Accords Néons



Je cours à reculons devant ce bus noir
Un accordéon souffle l'air d'une mélodie gitane
Ce con de chauffeur m'appelle de phares
Le soleil achève sa vie d'astre sacré au-dessus du Pérou
Ca ne l'est pas, le Pérou
C'est une aube d'artifices tristes.
Ici.

Ici la meute des fumées grouille le corps des rues
Un chien très beau, racé, arrose un réverbère.
Ses crocs blancs sous ses babines m'aveuglent

Court-circuit.
Guitares métalliques, jours de pots cataclyques
Loupiotes de néons fatigués par le jour sur mes cernes

Je suis un poisson fluorescent prisonnier d'un filet en tungstène
Mise à prix : un centime la livre
Plongé dans les quartiers de la ville bouchère

Je marche nulle part le moon-walker
En chuchotant les pas de ma ballade

Bifurcation rue des Abesses
N'y vois qu'une ombre bossue sur le trottoir
Je sens la pluie s'inventer de mes paupières à mes cils
Sur mon cauchemar d'arc-en-ciel

Une femme me demande l'heure
Je lui verse un sourire ruisselant au fond des yeux
Ma montre n'a pas d'aiguilles, madame !

J'emmerde Rimbaud, je crois.
La chaleur d'un gouffre de métro
Je suis un homme qui a besoin d'être réchauffé
Je descends donc vers la station Pigalle


(il y a un grand nombre de ses poèmes ici et là sur le net....et quelques livres.)
seyne
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http://www.angle-vivant.net/claireceira/

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Poésie d'hier, nous serons oubliés - Page 2 Empty Charles-Timoléon de Beauxoncles 1560 - 1611

Message  Pussicat Dim 30 Mar 2014 - 15:19

Spoiler:
LE GAUDE MICHI

L’on m’a dit que, le plus souvent,
L’amour vous contraint en dormant,
De faire à l’envers la grenouille ;
La nuit sous vos ardants regrets,
Et les doux mystères secrets
De votre doigt qui vous chatouille.

Mais je me plains que tout le jour,
Fuyant le même nom d’Amour,
Vous contrefaictes la doucette,
Cependant que, toute la nuit,
Vous prenez un nouveau déduit
Avec un manche d’espoussette.

Mais un clou qui se détacha,
L’autre des nuits, vous écorcha,
Dont vous faites si triste mine
Que vous allez tout dédaignant
Et ne pouvez plus maintenant,
Tenir le cours de votre urine.

Une autrefois, il faut choisir
Le temps, le lieu, et le plaisir
De vous caresser à votre aise ;
Usant de ces bâtons polis
Dont l’on rehausse les gros plis
Et les bouillons de votre fraise.

Ceux de velours ne coullent pas,
Ceux de satin deviennent gras,
Et sont rudes à la couture ;
Ceux de verre, par un malheur,
S’ils se cassaient, en la chaleur,
Vous pourroient gaster la nature.

Il vaudroit bien mieux pratiquer
L’amour même, sans se moquer,
Sans aimer l’ombre de son ombre,
Et sans un esbat tout nouveau,
Vous jouer de quelque naveau
Ou d’un avorton de concombre.

Ce n’est pas ainsi qu’il vous faut
Contenter cet endroit si chaud
Qui d’une feinte ne s’abuse,
Et qui pourrait, en un instant,
Allumer, dans un régiment
Toutes les mêches d’Harquebuse ;

Ny se tromper de la façon
De celle qui, pour un garçon,
Embrassait souvent une femme,
Et qui mourant de trop aimer,
Ne trouva qu’au fond de la mer
Un remède à sa chaude flamme.

Vous n’attendez qu’un mari neuf,
Quelque veau pour devenir bœuf,
Vous ôte ce faux nom de fille,
En tenant clos votre vallon,
Craignant l’enflure du ballon,
Vous vous esbatez d’une quille.

Mais qui que ce soit, le sot né,
Votre mari prédestiné,
Bien qu’il ne soit qu’une bête,
Heureux il sera, le cocu,
Ouy bien, si vous avez le cu
Aussi leger comme la tête.
Pussicat
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Message  Jyde Lun 26 Mai 2014 - 18:27

Sur le net je me suis amusée à traquer les 'remake' de :

'El Desdichado' de ___Nerval -

Je suis le ténébreux, le veuf, l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encore du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.

Gérard de NERVAL, Les Chimères (1854)

Voici :

A la manière de Nerval-

Je suis la ténébreuse, la veuve, la cavalière
Mon âme est embrumée d’une grise hébétude
Mon âme est affligée, commandez une bière
Et bientôt mon cadavre dira vos turpitudes

J’avais cru un moment devant ce guacamole
En vos doux sentiments et en suis bien marrie
Ma raison s’est enfuie, je suis devenue folle
D’une élection funeste mon cœur est en glacis.

Suis-je pour vous ribaude ? Maniaque ? Ou trop facile ?
Mon front est rouge encor d’avoir de votre bouche
Dégusté le caviar de ces mots qui me touchent.

D’avoir plus d’une fois joué de mes grands cils..
Ah comme j’aimerais être un noir scolopendre
Et à vos souvenirs, tel un remord, me pendre....


__________________________________________________________________


La Taupe

Je suis la ténébreuse, une veuve isolée,
Princesse souterraine à la vue abolie,
Mon ouïe est quasi morte, et mon nez constellé*
Fouit sous le soleil noir de la mélancolie.

Dans la nuit du terreau, toi qui m'as strangulée,
Rends moi ma taupinière et ses cent galeries,
Le ver qui plaisait tant à mon goût refoulé,
Et la larve et l'insecte à qui mes dents s'allient.

Suis-je Enée ou Pluton ? Télémaque ou Cérès ?
Mon front est rouge encor d'avoir poussé la glaise.
J'ai rêvé dans la grotte où j'étais trop à l'aise...

Et j'ai plus d'une fois cru tomber dans l'Hadès,
Modulant tour à tour sur mes moustaches grises
Des chansons dans le noir et des cris de surprise.

_________________________________________________


Je suis le Tendronneux, le Boeuf, le steak-haché,
Le bovin d'Aquitaine à la viande amollie.
Ma seule étoupe est morte et mon corps tacheté
Porte le virion noir de la vache en folie.

Dans la nuit des abats, Toi qui m'as charcuté,
Rends-moi la Côtelette et le Plateau de Ris,
La chair qui plaisait tant à mon coeur sectionné,
Et le brunch où le pied à la langue s'allie.

Suis-je Apis ou Milka ? Madère ou Miroton ?
Ma hure est rouge encor des apprêts de Gouffé,
J'ai rôti dans le four où cuisent les soufflés,

Et j'ai deux fois saignant coloré les torchons
Modulant tour à tour sur la carte au restau
Les saveurs de l'assiette et les crûs du Bordeaux.

N-M-

________________et bien d'autres cachés dans la toile probablement.



Jyde

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Poésie d'hier, nous serons oubliés - Page 2 Empty Benjamin FONDANE (1898-1944)

Message  Frédéric Prunier Jeu 26 Fév 2015 - 15:00

N’est-il rien qui pût nous apaiser ?
un peu de neige aux lèvres des étoiles,
un peu de mort donnée en un baiser ?

Moi-même dans tout ça – Qui donc – moi-même ?
Fondane (Benjamin) Navigateur -
Il traverse à pied, pays, poèmes,

le tourbillon énorme d’hommes morts
penchés sur leur journal. La fin du monde
le retrouva, assis, dans le vieux port –
jouant aux sorts.

Regarde-toi, Fondane Benjamin –
dans une glace. Les paupières lourdes.
Un homme parmi d’autres. Mort de faim.

Benjamin Fondane
1943
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