La lettre de rupture

Cher Collègue,

J’ai bien aimé toute l’attention que vous me portiez lorsque vous saviez que le matin j’étais là de bonne heure pour palier à votre retard. Vous étiez plein de qualificatif généreux. Je vais rompre cette habitude. Dorénavant, J’arriverai comme il me plaira. Comme vous, Je serais en retard lorsque mon réveil n’aura pas sonné. Comme vous, je serais navrée que la machine à laver ait débordée ou que l’enfant adoré ait eu besoin d’un réconfort. J’ai besoin de ce réconfort ! Vous allez sentir que votre tour est arrivé. Je pourrais, de même, vous qualifier de mots débordant de bonté : « vous êtes indispensable ». En un mot, l’homme de ma situation pour répondre au téléphone aimablement.

Oui, je vais rompre ce rituel et arriver comme bon me semble avec des mots de miel que vous saviez si bien encoller. Vous sentirez, sans doute, une rupture si cassante que les mots ne pourront plus s’envoler aussi facilement, puisque lorsque vous ouvrirez la porte du bureau, vous pourrez constater que la pièce est vide. A ce moment précis, je serais comme vous par le passé, occupée à éponger mille catastrophes que vous saurai gré de bien vouloir m’en excuser.
Je vous souhaite, très Cher Collègue, bon courage en m’attendant. N’oubliez pas de faire le café. Je l’aime bien chaud et si possible avec un croissant.