Exo Une image, mille mots : Epopée sinistre et lamentable des brocolis se rêvant baobabs

(sortez vos mouchoirs)

A Massaoua* là-bas
au pays de Narbah
les rives de la mer
Rouge plissaient le front

Au son du balafon
cinq baobabs étiques
vieux sages palabraient
sur l'avenir amer
des contrées désertiques

A Massaoua la mer
chaque jour plus salée
menait à la famine
les pêcheurs d'Erythrée
dont les filets raclaient
les hauts fonds chimériques

Chèvres âpres au gain
ayant rongé leur tronc
criquets hallucinés
croqué leurs frondaisons
les vieux fûts ont offert
leurs tout derniers bourgeons
au brouet de Narbah
qui touille en son chaudron
leurs pousses dénudées
nageant dans le bouillon

Car le bougre n'a plus
pour nourrir ses petits
qu'un peu soupe rance
en un broc qu'au lit rêvent
les marmots affamés
de voir empli de fèves
de crabes et de choux

A Massaoua je crois
les brocolis feraient
mieux que des baobabs
saliver les bambins
mais ils n'ont pas le choix

Sur la toile cirée
des rives d'Erythrée
Narbah fait ce qu'il peut
et il m'a fait rêver


Massaoua petite ville d'Erythrée au bord de la Mer Rouge

oh la la mazette
qué talent

... Maitresse Arielle
j'en ai l'arme gratuite que belle poésie vous faîtes
et dans ce jour quelque peu chahuteur, nous asseyions autour
de votre pause d'image,
au festin des mirages

votre interprétation est très très jolie

Ne me trouve point rétif
Ce texte doucement narratif
Qui en ses rimes
Balance lentement
En aisance une famine.

Après telle strophe
A finir d'entendre
"Sur la toile cirée
des rives d'Erythrée
Narbah fait ce qu'il pleut
Et de navets fait rêver"
Je ne puis et sans nul apostrophe
Que m'incliner et me rendre.

Baobabs pour baobabs, avec leur souci humaniste, les vôtres sont nettement au-dessus des miens.

Respect.

On se laisse embarquer à plaisir sur les rives de la mer Rouge.

Quel voyage, Arielle, (sans biscuit mais non sans légumes !)
Est-ce exprès, cette absence de partitif

" qu'un peu soupe rance"

?

Ouahou ! J'ai pris l'air ! Quel bon vent, j'en suis encore ébouriffé

Il a bien de la chance, Narbah...

J'en suis baoba

(clap clap clap)

Une grande tragédie assaisonnée de dérision, le tout balancé comme une mélodie. Et cette technique des alexandrins revisités. Superbe.

Tout est parfait, merci Arielle.

Des hexasyllabes qui incluent l'auteur du forfait (celui qui a proposé l'image), bien trouvé, écrit et présenté.

Chère soeur de baobab, dès que je les ai vu j'ai su qu'ils étaient déguisés en brocolis.
Tu as été beaucoup plus courageuse que moi.