Réécriture Italo Calvino : absence
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Réécriture Italo Calvino : absence
Texte original :
En partant de là et en allant trois jours vers le levant, l'homme se trouve à Diomira, une ville avec soixante coupoles d'argent, des statues en bronze de tous les dieux, des rues pavées d'étain, un théâtre en cristal, un coq en or qui chante chaque matin sur une tour. Toutes ces beautés, le voyageur les connaît déjà pour les avoir vues aussi dans d'autres villes. Mais le propre de celle-ci est que si l'on y arrive un soir de septembre, quand les jours raccourcissent et que les lampes multicolores s'allument toutes ensemble aux portes des friteries, et que d'une terrasse une voix de femme crie : hou !, on en vient à envier ceux qui à l'heure présente pensent qu'ils ont déjà vécu une soirée pareille et qu'ils ont été cette fois-là heureux.
— Waow ! C’est beau, c’est quoi ?
— Eh bien, c’est censé représenter un voyage, son rêve de cette nuit. C’est une ville. Il lui a donné ton prénom : Diomira.
— Je déteste mon prénom. Il le sait. Depuis toujours, on m’appelle Jo. Lui, il a toujours dit…prétendu… que je me cache derrière. Derrière Jo, je veux dire. Mais lui, hein,derrière quoi il se cache? Un masque de… de… folie.
— Jo ! Il pourrait t’entendre !
— Tu m’as dit qu’il dormait.
— Oui, mais on ne sait jamais. Il y a travaillé toute la journée, tu sais. Regarde. Il dit qu’il est parti de là et qu’il a marché trois jours vers le levant… « Trois jours et elle était là, m’a-t-il dit, La ville, une splendeur : Diomira ! » Tu aurais dû voir ces yeux, Jo, quand il parlait.. des yeux de… de…
— De fou, oui, je sais.
— Jo ! Il dit que la ville resplendissait sous le soleil. Qu’il n’avait jamais rien vu de plus beau. Soixante coupoles d’argent ! Et il les a toutes dessinées ! Et les statues de bronze, tu vois ?
— Oh oui ! Oh ! Elles nous représentent… la famille, toutes les personnes qu’il connaît.
— Non, pas toutes, Jo… seulement les gens qu’il aime.
— Qui n’y est pas ?
— Maman.
— …
— Il ne lui a jamais pardonné.
— Mais si !
— Non, Jo, et la preuve est là… La preuve par l’absence.
— Mais si ! Regarde bien ! Regarde les petites gargotes là, en bas avec leurs guirlandes lumineuses… il y a cette femme à la terrasse… c’est elle, c’est maman !
— Tu as raison… et… qu’y a-t-il d’écrit là, dans le phylactère ?
— Hou !
— ...
— Tu vois, c’est bien maman qui fait « Hou ! »
Elles rient
.
En partant de là et en allant trois jours vers le levant, l'homme se trouve à Diomira, une ville avec soixante coupoles d'argent, des statues en bronze de tous les dieux, des rues pavées d'étain, un théâtre en cristal, un coq en or qui chante chaque matin sur une tour. Toutes ces beautés, le voyageur les connaît déjà pour les avoir vues aussi dans d'autres villes. Mais le propre de celle-ci est que si l'on y arrive un soir de septembre, quand les jours raccourcissent et que les lampes multicolores s'allument toutes ensemble aux portes des friteries, et que d'une terrasse une voix de femme crie : hou !, on en vient à envier ceux qui à l'heure présente pensent qu'ils ont déjà vécu une soirée pareille et qu'ils ont été cette fois-là heureux.
absence
— Waow ! C’est beau, c’est quoi ?
— Eh bien, c’est censé représenter un voyage, son rêve de cette nuit. C’est une ville. Il lui a donné ton prénom : Diomira.
— Je déteste mon prénom. Il le sait. Depuis toujours, on m’appelle Jo. Lui, il a toujours dit…prétendu… que je me cache derrière. Derrière Jo, je veux dire. Mais lui, hein,derrière quoi il se cache? Un masque de… de… folie.
— Jo ! Il pourrait t’entendre !
— Tu m’as dit qu’il dormait.
— Oui, mais on ne sait jamais. Il y a travaillé toute la journée, tu sais. Regarde. Il dit qu’il est parti de là et qu’il a marché trois jours vers le levant… « Trois jours et elle était là, m’a-t-il dit, La ville, une splendeur : Diomira ! » Tu aurais dû voir ces yeux, Jo, quand il parlait.. des yeux de… de…
— De fou, oui, je sais.
— Jo ! Il dit que la ville resplendissait sous le soleil. Qu’il n’avait jamais rien vu de plus beau. Soixante coupoles d’argent ! Et il les a toutes dessinées ! Et les statues de bronze, tu vois ?
— Oh oui ! Oh ! Elles nous représentent… la famille, toutes les personnes qu’il connaît.
— Non, pas toutes, Jo… seulement les gens qu’il aime.
— Qui n’y est pas ?
— Maman.
— …
— Il ne lui a jamais pardonné.
— Mais si !
— Non, Jo, et la preuve est là… La preuve par l’absence.
— Mais si ! Regarde bien ! Regarde les petites gargotes là, en bas avec leurs guirlandes lumineuses… il y a cette femme à la terrasse… c’est elle, c’est maman !
— Tu as raison… et… qu’y a-t-il d’écrit là, dans le phylactère ?
— Hou !
— ...
— Tu vois, c’est bien maman qui fait « Hou ! »
Elles rient
.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Réécriture Italo Calvino : absence
Zut! Oublié de mettre le texte de Calvino.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Réécriture Italo Calvino : absence
mais non ! :-)))kilis a écrit:Zut! Oublié de mettre le texte de Calvino.
Re: Réécriture Italo Calvino : absence
Merci, Mentor, toujours plein d'attentions !
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Réécriture Italo Calvino : absence
Bonjour, je n'arrive pas a trouver la contrainte de ton texte :-(
PW
PW
Invité- Invité
Re: Réécriture Italo Calvino : absence
Panda, qu'est-ce que t'as à chercher des contraintes partout ?
Y en a pas.
Me suis juste appuyée sur le texte de Calvino pour écrire mon dialogue, c'est tout.
Contraintes ! Contraintes ! Tu serais pas un peu maso, voire obsessionnel. Les deux ?
:-)
Y en a pas.
Me suis juste appuyée sur le texte de Calvino pour écrire mon dialogue, c'est tout.
Contraintes ! Contraintes ! Tu serais pas un peu maso, voire obsessionnel. Les deux ?
:-)
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Réécriture Italo Calvino : absence
si je suis un grand malade qui regroupe nombres de pathologies, notamment
neuro-psychologiques.
Je pensais seulement qu'au moins une était indispensable pour rendre un éxo
juste. désolé d'apprendre...
neuro-psychologiques.
Je pensais seulement qu'au moins une était indispensable pour rendre un éxo
juste. désolé d'apprendre...
Invité- Invité
Re: Réécriture Italo Calvino : absence
Mentor, si tu passes par là...
Il ya un truc qui manque à mon texte, tout en bas, cela devrait finir comme ceci:
— Hou !
— ...
— Tu vois, c'est bien maman qui fai "Hou!"
Elles rient
Donc, c'est le "— ..." qui manque.
Il ya un truc qui manque à mon texte, tout en bas, cela devrait finir comme ceci:
— Hou !
— ...
— Tu vois, c'est bien maman qui fai "Hou!"
Elles rient
Donc, c'est le "— ..." qui manque.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Réécriture Italo Calvino : absence
J'ai corrigé ton "hou" Kilis :-)
Ben réécrire dans son propre style, c'est aussi une "contrainte" de style, je dirais même oulipienne, rapport aux exercices de style de Queneau ! Il y a aussi, si on veut bien chercher, la contrainte de faire un texte entièrement dialogué :-)
J'aime beaucoup ! Réappropriation complète de l'histoire, joli dialogue, et j'aime bien la fin.
Ben réécrire dans son propre style, c'est aussi une "contrainte" de style, je dirais même oulipienne, rapport aux exercices de style de Queneau ! Il y a aussi, si on veut bien chercher, la contrainte de faire un texte entièrement dialogué :-)
J'aime beaucoup ! Réappropriation complète de l'histoire, joli dialogue, et j'aime bien la fin.
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Réécriture Italo Calvino : absence
Ah, les hstoires de familles...
Reprendre le texte en peinture, moi, je trouve l'idée chouette...
Reprendre le texte en peinture, moi, je trouve l'idée chouette...
ninananere- Nombre de messages : 1010
Age : 49
Localisation : A droite en haut des marches
Date d'inscription : 14/03/2007
Re: Réécriture Italo Calvino : absence
Réécrire à sa façon, c'est déjà une très belle contrainte! Non mais...
J'aime bien ton texte Kilis, tu as réussi à insuffler beaucoup de vie là où Calvino la masquait. Il y a aussi ces non-dits et cette suggestion que tu maîtrises bien, comme souvent avec toi, ça me plaît, ça.
J'aime bien ton texte Kilis, tu as réussi à insuffler beaucoup de vie là où Calvino la masquait. Il y a aussi ces non-dits et cette suggestion que tu maîtrises bien, comme souvent avec toi, ça me plaît, ça.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Réécriture Italo Calvino : absence
Absence
— Waow ! C’est beau, c’est quoi ?
— Eh bien, c’est censé représenter un voyage, son rêve de cette nuit. C’est une ville. Il lui a donné ton prénom : Diomira.
— Je déteste mon prénom. Il le sait. Depuis toujours, on m’appelle Jo. Lui, il a toujours dit… prétendu… que je me cache derrière. Derrière Jo, je veux dire. Mais lui, hein, derrière quoi il se cache? Un masque de… de folie.
— Jo ! Il pourrait t’entendre !
— Tu m’as dit qu’il dormait.
— Oui, mais on ne sait jamais. Il y a travaillé toute la journée, tu sais. Regarde. Il dit qu’il est parti de là et qu’il a marché trois jours vers le levant… « Trois jours et elle était là, m’a-t-il dit, La ville, une splendeur : Diomira ! » Tu aurais dû voir ses yeux, Jo, quand il parlait.. des yeux de… de…
— De fou, oui, je sais.
— Jo ! Il dit que la ville resplendissait sous le soleil. Qu’il n’avait jamais rien vu de plus beau. Soixante coupoles d’argent ! Et il les a toutes dessinées ! Et les statues de bronze, tu vois ?
— Oh oui ! Oh ! Elles nous représentent… la famille, toutes les personnes qu’il connaît.
— Non, pas toutes, Jo… seulement les gens qu’il aime.
— Qui n’y est pas ?
— Maman.
— …
— Il ne lui a jamais pardonné.
— Mais si !
— Non, Jo, et la preuve est là. La preuve par l’absence.
— Mais si ! Regarde bien ! Regarde les petites gargotes là, en bas avec leurs guirlandes lumineuses… il y a cette femme à la terrasse… c’est elle, c’est maman !
— Tu as raison… et… qu’y a-t-il d’écrit dans le phylactère ?
— Hou !
— ...
— Tu vois, c’est bien maman qui fait « Hou ! »
Elles rient.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
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