Dans les yeux plein d'eau noyée

dans les yeux plein d'eau noyée
la tristesse en est allée
dans les yeux de vie brouillée
en trop plein s'est écoulée

au silence du chagrin
et après après demain
au silence d'importance
et après après plus rien

comme en regardant un fleuve
qui charrie tant d'eau boueuse
je regarde quelle épreuve
et choisis la vie heureuse

J'aime beaucoup les deux premières strophes. Il y a une atmosphère, un parfum qui n'existe plus dans la troisième. De plus cette dernière me paraît bancale. Peut-être l'eau boueuse !

la tristesse en est allée

J'avais lu s'en est allée, un oubli ?

Maître Prunier s'adonne au noyé
Et l'on voit l'on entend de quel bois
Il nous chauffe à des eaux
Perlant plus d'une larme.
Deux quatrains rimés
Et le milieu de même quasi chanté
Voilà qui me plaît
En silence il a fourbi son arme:
L'heptamètre rare
Qui vous mesure en votre art.

Pour la tristesse en allée il y a déjà le S pour s'en, Prunier étant partisan de l'ellision, pour faire sept et non huit qui lui nuit il élague et préfère le fluide à la vague.

moi j'aime bien
Ça résonne bien dans la caboche

L'eau noyée, ça surprend, c'est enfantin mais ça fait plus mouillé.
Jolie trouvaille donc.
Le dernier vers détonne un brin. Un peu prosaïque part rapport au texte.

j'aime le thème, Frédéric, mais je n'ai pas beaucoup aimé "la poétique", comme tu dis. Elle me laisse un goût un peu fade dans la bouche.
J'ai aimé les 4 "après", laissant penser qu'après, c'est loin. Comme Tizef, je bute un peu sur l'eau noyée: plein de larmes noyés (les yeux) ? Et je n'aime pas du tout les 2 derniers vers trop téléphonés.
Je préfère ton style bien particulier, beaucoup plus imagé, beaucoup plus spirituel, beaucoup plus embarquant sur le fleuve tranquille de la joie de vivre.

Le dernier vers gâche ce semblant de poésie qui me semblait émerger un peu. La chute est décisive. Et son inconsistance est regrettable pour le reste du poème qui, s'il ne m'a pas enchanté, ne m'a pas non plus foncièrement déplu. Dommage, donc.

ma recherche ici... une "musique" de phrases...
des rimes tons sur tons
avec une rime sans rime, mais présente dans le quatrain

et la fin heureuse et disgracieuse, qui ne vous a pas touchée
est pour moi comme une hésitation du suicidaire sur un pont
elle me sonne avec un petit fêle musical, cette finalité en poncif

(je lis aussi mon texte comme regardant le corps d'un noyé, d'où ma fin heureuse qui ne passe pas à l'acte)

merci de vos commentaires,

Frédéric, vous vous précipicez aux commentaires. Dommage. J'ai moi aussi tiqué sur l'heureuse finale. J'ai trituré ma méninge en de vaines solutions: la vie scieuse, la vie trieuse, la vie chieuse (les 3 avec Diyérèsis), la vie Meuse, la vie gueuse, la vie trimeuse. Ah! comme vous nous torturez...

Il aurait pu choisir "cette épreuve" avant de sentir la "vie heureuse".

Mais c'est très impoli de réécrire un texte. En plus je l'aime bien.

Damy a écrit:Je préfère ton style bien particulier, beaucoup plus imagé, beaucoup plus spirituel, beaucoup plus embarquant sur le fleuve tranquille de la joie de vivre.

Damy n'a pas tort, on préfère... Mais je je dissuaderais pas pour ma part le Prunier qui taquine la rime, le vers court, l'hétéromètrie, l'absence de règles. Et je dirais qu'à "voir" le présent texte je l'y encouragerais volontiers.

J'ai lu vos réponses au commentaires, aussi, je lis différemment ce poème. Très musical et aux termes bien choisis, trouvés pour le thème du poème.
La fin ne me plait pas trop. Pour deux raisons, elle est un peu simpliste, je trouve, et assez loin de la réalité. La vie, oui, mais heureuse ?
Mais doit-on être raisonnable en poésie ?

"La tristesse en est allée" est mieux que "s'en est allée" ; de plus c'est cohérent.

Le poète, stoïque, choisit l'hédonisme à la fin. Il semble même que, réconcilié avec la vie et avec lui-même, et maniant une douce ironie amère, il se régalera de cette omelette d' "yeux de vie brouillée".

Petit poème sans intérêt qui me rappelle ceux que mes filles

apprenaient à l'école primaire : aussi vite lu qu'oublié.

Cordialement

calijo

Cette fois-ci je dis "non" :0)

Un peu trop de lieux communs et d'"épanchement" mais dans ce qu'il a de moins intéressant pour moi, enfin ça ne trouve pas d'écho.
je retiens le "après après" qui donne un rythme qui me plait bien !