Entre deux lunes

Entre deux lunes. Entre deux Prune... j'ai rencontré les passagers d'un bateau ivre qui naviguait, vague que vague, sur la toilée cirée de ma cuisine, mon océan, ma mer à moi.
Et le jour, et la nuit, je les ai regardé ; j'avais les yeux d'un enfant attiré par le mystère.
Ils passent tout leur temps à écrire, à lire, à jouer, ils s'inventent des joutes interminables dont le fruit m'échappe.
Ils s'envoient des mots, des lettres, des boules froissées, des avions poème origame, des boîtes en vers forgés d'où s'envolent des chants curieux. Un jour, peut-être, saurai-je ce qu'elles contiennent, ces boîtes...
Sur le pont arrière verdoyant gambadaient des animaux dont j'ignorais jusqu'ici l'existence. Une nuit, un petit faon à tête d'éléphant me regarda fixement. Serait-ce une de ses fermes flottantes transgéniques qui nourrissent la rumeur ?
Tu délires, tu divagues, tu dérives... entre deux lunes, entre deux Prune...
Pour le moment, ils me ravissent, ils me consolent, pansent mes plaies.
Mais je suis si fatiguée...
Epuisée dans ces courses répétées, passagères.
Trahie par des amours que je pensais sincères.
Tous ces dessins,
tristes figures,
mâles desseins,
pâle envergure me traversent de part en part ; et mon futur clair : l'Aconit m'appelle.
Mon jus groseille en verre tisane était fin prêt quand l'un de ces pirates sans âge traversa la toile.
Un ange ! Etes-vous le Capitaine de cet étrange navire ?
Non madame, je suis un simple aventurier de la langue. Qu'alliez-vous faire de ce verre ?
Le boire et ne plus souffrir.
Ne faites pas cela, Dieu vous regarde. Pourquoi blesser ceux qui vous aiment ?
Parents, amis, je n'en ai plus, quant à la vie...
Allez de la poupe à la proue, ouvrez une porte et lisez, encore, encore, encore...
Entre deux lunes. Entre deux Prune... j'ai rencontré les passagers d'un bateau ivre qui naviguait, vague que vague, sur la toilée cirée de ma cuisine, mon océan, ma mer à moi. Et dans un élan de pur folie, j'ai saisi la ficelle et suis partie, jambes frêles, tête en feu, à l'abordage du « Vos Ecrits »... aaaaaaaah ! Badaboum... Aïe !

Espèce de Pussicat des caraïbes.
^^

Un joli texte, léger, grave,
Bonne navigation Poussicat

Je n'aime d'habitude pas trop les poèmes évoquant le lieu où l'on se trouve (VÉ, ici).
Poésie, dérision, humour, tendresse aussi. Bref, réussi pour ce sujet. (ce pourrait-être un sujet d'exo, non ?)

votre plume s'affermit, et vogue l'écriture ...

Je me disais bien que dans les yeux de cette belle rousse au cou penché je voyais deux lunes couleur de prune. C'est confirmé et je m'en réjouis. Nous avons notre chat du bord dans ce navire et il se nomme Pussicat !

Joli texte Pussicat!

Drôle d'endroit pour mettre son ordi, m'enfin...
Un investissement affectif très tendre pour la poésie toilée, puisse-t-elle te le rendre dérisoirement.

Un régal de lecture que ce style un peu enfantin et naïf. J'ai surtout aimé les 3 mots de la fin