Exo La Grande Rencontre : Nid d'escargots

2008
La question de mon éternité venait d’être reconsidérée.
Il n’était plus temps de laisser vieillir mon vin ni mes envies.

Parmi les nombreuses raisons qui motivent mon souhait de me réincarner en escargot ( pour mémoire : les deux sexes, mais pas autosuffisants − une maison légère sur le dos − des journées entières à se traîner sur le ventre en bavant − liste non exhaustive ) la trace fine et brillante qui signe leur passage n’est pas la moins importante.
Laisser une trace fine et brillante sans être escargot ?

Bref, je cherchais Dieu, je rencontrai Internet.
Où les sites d’écriture pullulent. Certains, roses et sucrés, abritent de minuscules invertébrés dont le langage s’apparente au glougloutement d’un lavabo à demi bouché.
D’autres cultivent à grande échelle la surprise : d’un coup d’œil, on peut embrasser leurs immenses champs de points d’exclamation. Parfois, on découvre un champs d’épandage. Ou une mare à grenouilles.
Ici, on rondejambe.
Là, on kalachnikofe.
On pontifie.
On ovationne.
On étale.
On répand.
Le 30 Août, un clic de fortune m’amena sur Vos Ecrits.
Le nom n’avait rien de particulièrement alléchant, mais le design sobre procurait déjà un soulagement.
Première rencontre : Panda. Incrédule, je lisais ses blablas, éprouvant pêle-mêle rire, réflexion, perplexité, émotion, poésie.
J’étais tombée sur un nid d’escargots ! Des traces fines et brillantes , partout, dans tous les sens, signées Krystelle, Pili, Killgrieg, Arielle, Gobu, Pierre-Henri…
Yali parlait d’art moderne d’une façon qui attisait ma curiosité.
Mentor accueillait les nouveaux avec des cris de bienvenue − pour peu qu’ils ne soient pas allergiques à Modestine.
Island enracinait, faisait croître.

J’étais foutue. C’était la première fois que ça m’arrivait : j’étais amoureuse collectivement !
Je voulais les séduire.
Mon éternité entamée ? Mon incapacité informatique ? Mes tares, mes affres, mes incertitudes ? Pfff, rien ne m’arrêterait ! Amoureuse, je vous dis !
J’ai bien dû me présenter trois ou quatre fois, à des endroits différents, je ne m’y retrouvais pas mais j’y trouvais des personnalités, des styles, une sorte de respiration plus riche.
Perdue, titubant dans les couloirs de Ve, éblouie, je découvrais mes dieux-escargots, et - merveille !- ils acceptaient qu’on bave ensemble !

Note en bas de page : Killgrieg a abandonné sa moitié guerrière sans perdre une once de charme, Pili est devenue Kilis, Island est plus Easter que jamais...

Ah, je l'attendais!
J'ai souri tout le long! J'adore les escargots!
Merci Coline pour ce texte :-))

Je l'attendais aussi,
C'est très amusant, très drôle
J'adore l'idée des fines traces brillantes, elle est excellente

L'argumentation, le style sont là ... mais c'est peut-être un peu court pour quelqu'un qui "sait faire".

de la bave d'escargot !
j'aime bien les escargots, surtout avec du beurre, du persil et de l'ail
joli et circonstancié

je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaîîître
Ve en ce temps làààà...

Coline, tu es ma voix, mes mots (en mieux !), mes souvenirs. Merci pour ce texte (et le reste :-))

Un peu surpris de cette comparaison avec les gastéropodes mais pourquoi pas ? Comme Rebecca tu regardes beaucoup en arrière, il y a pourtant plein de nouveaux talents qui alimentent l'intérêt de ce site.

J'ai l'esprit mal placé de ma génération ?

Bien hyperbolique tout cela, mais c'est marrant a lire, et on demande pas plus.

Tu nous parles d'un temps que les moins de ... ans ne peuvent pas connaître, mais dés lors qu'il est question de se réincarner en escargot je ne puis que saluer l'artiste*
* imprudente parce qu'entre les grives, les hérissons et les bipèdes façon Janis, les gastéropodes n'ont pas le temps de vieillir

Vraiment adorable, marrant, bien tourné !

J'en bave de rire

ça donne envie d'être toi ces quelques .... années en arrière pour vivre ces moments qui ont l'air bien précieux ! ça brille, ça luit, ça pègue, ça gastéropode drôlement bien :-)

Jolie déclaration d'amour Coline
Moi je me souviens de toi sous mon premier texte tu m'avais déclaré aimer les fées et les phrases tarabiscotées. J'avais enfin trouvé quelqu'un qui me comprenait.

Quand je regarde ton nouvel avatar, je me dis que vieillir c'est formidable !
Je t'ai lu en dégustant les cagouilles que j'avais cuisinées hier, je ne peux pas mieux rêver comme situation.
Mon PDG m'a interdit de parler du passé, je vais lui faire lire ton texte. Bon je raccourcis, c'est beau la vraie, la bonne nostalgie.

J'adore !

Pas même un coquille dans ce texte...

On dit que la tortue emporte sa maison sur son dos, je ne m'étais jamais penchée en ce sens sur l'escargot et là ça me saute aux yeux. L'entrée dans ce nid telle qu'elle est écrite est réjouissante, Coline, et si c'est une maison que l'on emmène pas avec soi (quoi que... pas physiquement mais par la pensée sûrement), on sent qu'elle t'habite.

J'aime beaucoup "ils acceptaient qu’on bave ensemble ! ", et j'adore cette phrase "J’étais foutue. C’était la première fois que ça m’arrivait : j’étais amoureuse collectivement !", une superbe trouvaille !

Un bel hommage à quelques piliers du site.

Bien vue cette bavouille ! :-))

Ah, nostalgie quand tu nous tiens ! Moi, je n'en suis pas encore là avec mes trois mois d'ancienneté.
C'est vrai que ça doit être passionnant de vivre les débuts d'une telle aventure.
Tiens, ben justement, y a un nouveau forum nouvellement créé à côté de chez nous, par un mec de chez nous, avec des mecs de chez nous dedans (trois personnes et demi c'est toujours un début).

Il y en a même deux , PCP !

Et non, je n'ai pas participé aux débuts. Je le regrette, évidemment !

coline Dé a écrit:Et non, je n'ai pas participé aux débuts. Je le regrette, évidemment !

Bon, mais pas loin quand même.

"Je cherchais Dieu, j'ai rencontré Internet" :o)

VE est le seul forum littéraire où la bave de l'escargot atteint la blanche colombe. Et c'est tant mieux comme ça...

Comme d'habitude : de la sagacité, de la subtilité en peu de mots, une douceur infinie.

trouver un nid , le gite et le couvert, de passe temps, prendre son temps, car c'est de Bougogne evidemment, que je l'ai aime tant
ta découverte est une épopée, a la vitesse de ces gateropodes apodes

Bavons, moussons dans la même bassine, le passé c'est bien, mais l'avenir reste à tracer... hop ! hop ! plus vite petit escargot !
merci pour cette baveuse contribution coline Dé... elle me rappelle l'histoire vraie de cette femme passionnée d'escargots à laquelle j'avais rendu hommage dans un texte anonyme jusqu'ici :

La comtesse aux escargots ou la passion gastéropode

J'écoute la radio pendant que je ménage à tout va, et ce vendredi... une femme se raconte, raconte son histoire, sa rencontre avec les escargots et comment ils ont changé sa vie.

La comtesse Edmée n'a pas la télé, elle n'écoute pas la radio, elle lit le journal pour la météo, randonnée, randonneur...

Elle porte les cheveux coupés courts, revendique sa liberté d'être, et quand on évoque sa ressemblance avec Alexandra David-Néel, elle rit et se moque : Mais moi personne ne me finance !

Elle raconte son coup de foudre pour le 1er escargot découvert dans un bouquet de fleurs acheté chez le fleuriste, et son compagnonnage avec ses petites bêtes bossues, casquées qui se compte aujourd'hui en décennies, en kilomètres... Et chacun a sa personnalité !

Les vaillants grimpent aux murs quand les plus timides restent sur terre, sur la feuille

La comtesse raconte ses balades pédestres avec ses amis qu'elle transporte dans une boîte en carton

Lors d'une randonnée dans les Alpes, elle apprend que l'escargot est un animal à sang froid qui n'apprécie pas les températures qui descendent au dessous de zéro... elle en revient meurtrie

Elle trace dans l'univers urbain un horizon poétique, un chemin de traverse pour notre frère escargot, frère rampant, fragile animal dont la démarche glissante à la lenteur légendaire est un affront, une gifle à la course frénétique de notre société folle tendue vers l'absolu rendement

Convaincre les gourmets de ne plus manger d'escargots, c'était aussi son combat : la bave de l'escargot, c'est son cri d'angoisse, son cri de détresse

Elle partait sur les routes avec un sac à dos plein d'une quinzaine de kilos et dans ses bras une boîte à chaussures remplie d'escargots... c'était la dernière descendante de la couronne hongroise.
Son Altesse Sérénissime, la princesse Edmée de LANDAUER de SZILAGYI

Alors toi aussi je t'aime. Et depuis longtemps. 2008 dis-tu ? J'aurais dit plus. Mais tu as raison, j'ai vérifié ;-)
Tu proses comme personne et je suis heureux que tu aies posé tes valises ici,
Tu as un style, tu sais ça, et c'est pas rien. Pas donné à tout le monde.
Alors fais-nous encore profiter (un peu plus souvent peut-être ?) de TES écrits, je ne serai sans doute pas le seul à en être ravi.