Tom : "Je lui aurais mordu la cuisse"
5 participants
Page 1 sur 1
Tom : "Je lui aurais mordu la cuisse"
Bien après Tegucigalpa.
Siham s'était laissée séduire par les histoires de Said, un plongeur espagnol, passionné par la Chine. Je la désirais. Je lui courrais après.
« Siham ?… »
La palestinienne ne s’arrêta pas. Elle dit juste, sans se retourner : « Pourquoi me cours-tu après ? Voila qui n’est pas innocent… »
« Tu croyais que je te courais après pour te proposer un… (Je lâchai un sourire) un rendez-vous ? Non. Vraiment. Je ne suis pas comme ça… »
« Tu n’es pas comment ? »
« Je ne suis pas comme… » Je mentis : « Ecoute Siham, tu as juste oublié de donner ton numéro de téléphone à… Said, c’est le prénom de ce garçon, n’est-ce pas ? Il devait finir quelque chose sur le bateau alors il m’a demandé de te rattraper. » Je tendis la main.
« Il m’a donné le sien. Répondit-elle en reculant. J’ai son numéro. Je ne comprends pas tes histoires. » La Palestinienne reprit son chemin et moi, ma main. « Tu connais les hommes. Répliquai-je tout de même. Il n’a pas osé te demander le tien mais il préfère être sûr. Il te fait confiance mais deux numéros valent mieux qu’un. »
Elle s’arrêta : « J’y retourne alors. » Je m’affolai : « Tu y retournes ? Mais où ça ? » « Et bien au bateau… » Je m’insurgeai : « C’est idiot comme réaction ! Donne moi ton numéro, Said est sur mon chemin. Tu ne vas pas retourner au bateau alors que tu habites de l’autre coté de l’Anse. »
Elle fit vibrer ses narines poupines. « Tu ne sais pas où j’habite. » Elle commençait à redescendre vers le ponton. J’avais l’impression de débouler maladroitement à ses cotés. Je lui aurais mordu la cuisse comme un chien pour qu’elle prête attention à mes grimaces. « Ecoute Siham, tu n’as qu’à me confier une petite enveloppe cachetée comme à l’époque des… » « Des chevaliers ? » « Oui, voilà, des chevaliers. Une enveloppe cachetée avec ton sceau et puis ton numéro à l’intérieur, une enveloppe que je remettrais au Disgra… à Said. C’est assez romantique, non ? » J’étais fier de ma boutade. « Tu veux mon numéro, Tom ? » Je mentis une seconde fois : « Non. Tu veux le mien ? » Que croyait-elle ? J’irais la dévorer, elle et ses jolis pieds. Je ne mendierai pas son numéro. Pas la peine. Elle me le concédera, gracieusement agrémenté d’un incommensurable sourire aigre-doux et d’une haute intensité de désir sexuel dans les yeux.
« Honnêtement, Siham, crois-tu vraiment les histoires de Said sur la Chine ? Ce sont de tristes prétextes. Ne penses-tu pas ?… La Chine est surement une belle destination mais, pour ma part, je préfère… La Palestine ! (Je gardai le torse gonflé et forçai un sourire disproportionné.) Et puis… il faut bien le dire, ce pauvre Said ne ressemble vraiment à rien. Je ne lui en tiens pas rigueur, il n’en est pas responsable, mais… »
Elle me coupa assez sèchement: « Et toi, à quoi ressembles-tu ? » A nouveau désemparé, je répondis : « Je… Je pense que je ne suis pas laid… » Elle me jaugea un instant de haut en bas puis haussa les épaules. « Je ne suis pas moche, voyons ! » Répétai-je plus vigoureusement. « Je ne sais pas… Je ne te connais pas. » « Mais tu n’as pas besoin de me connaître pour juger… De toute façon, ça n’est pas important tout cela ! Il faut être honnête, ce qui est important, c’est ce à quoi ressemble celle que je promènerais à mes bras ! »
J’enchaînai sur une théorie de la laideur plutôt singulière, puisée dans l’écume de mes aventures scélérates, une théorie qui trouvait peu d’écho dans mon entourage : Imaginons que je fusse laid, c’est là une chose qui me serait aisément pardonnée en société si ma femme, mon épouse, ma maîtresse, elle, était belle. Car, en vérité, ce que l’on reproche aux personnes disgracieuses ce n’est pas vraiment leur physique dont on ne saurait leur tenir rigueur vu qu’ils n’en sont pas responsables (bien que certaines laideurs naissent de la négligence) mais les conséquences de leur triste physique. Qu’on les retrouve au bras d’un laideron et aussitôt le reproche leur sera fait d’avoir mauvais goût, on les trouvera soudainement vraiment moche non pas parce qu’ils le sont réellement mais bien parce qu’ils en subissent les conséquences usuelles. Alors qu’un laid aux bras d’une belle femme deviendra soudainement moins laid, on lui supposera des charmes camouflés, on trouvera des excuses à la disgrâce de ses traits.
« En grandissant, m’interrompit Siham, on réalise la fragilité des beautés héritées. Adolescent, on croit qu’elles sont les seules qui comptent, les seules qui existent. Adulte, on reconnaît enfin qu’elles ne sont rien face aux beautés acquises, façonnées par la vie. La laideur ou la beauté n’est pas une qualité, Tom, elle est un jugement et puis une histoire. »
« Facile à dire quand on est naturellement belle… »
« Said est beau. Je pense à ses joues… »
Je cédai : « Donne-moi donc ton numéro, Siham... » « Je vais le donner à Said. » « Said l’a déjà. Je te le demande pour moi. » La Palestinienne me fixa dans les yeux, ses cheveux noirs cachaient la moitié de son visage poupon. Son œil visible ne brillait pas encore comme celui de la sucrerie arabe que je ne tarderais pas à suçoter. Elle hésita : « Et tu en feras quoi de ce numéro ? » « Je t’appellerais. Nous choisirons une plage tous les deux et j’y installerais un hamac. »
« Un hamac ? »
« Un grand hamac. »
« Pour quoi faire ?! »
Ses petites vagues tatouées au bas du ventre se mettaient à vivre au flux et reflux de sa voix sereine et douce. « J’aimerais bien revoir ton sourire, Siham… Et puis ce que tu disais tout à l’heure sur la Chine… J’avoue c’est un pays que je ne connais pas beaucoup mais tu en parles avec une émotion touchante. Nous pourrions aller dîner dans un de ces restaurants chinois qui fleurissent depuis peu sur l’île ! Qu’en penses-tu ? » Siham fronça les sourcils et secoua la tête. Elle pensa que j’étais idiot.
Cela la toucherait peut-être.
(...)
Siham s'était laissée séduire par les histoires de Said, un plongeur espagnol, passionné par la Chine. Je la désirais. Je lui courrais après.
« Siham ?… »
La palestinienne ne s’arrêta pas. Elle dit juste, sans se retourner : « Pourquoi me cours-tu après ? Voila qui n’est pas innocent… »
« Tu croyais que je te courais après pour te proposer un… (Je lâchai un sourire) un rendez-vous ? Non. Vraiment. Je ne suis pas comme ça… »
« Tu n’es pas comment ? »
« Je ne suis pas comme… » Je mentis : « Ecoute Siham, tu as juste oublié de donner ton numéro de téléphone à… Said, c’est le prénom de ce garçon, n’est-ce pas ? Il devait finir quelque chose sur le bateau alors il m’a demandé de te rattraper. » Je tendis la main.
« Il m’a donné le sien. Répondit-elle en reculant. J’ai son numéro. Je ne comprends pas tes histoires. » La Palestinienne reprit son chemin et moi, ma main. « Tu connais les hommes. Répliquai-je tout de même. Il n’a pas osé te demander le tien mais il préfère être sûr. Il te fait confiance mais deux numéros valent mieux qu’un. »
Elle s’arrêta : « J’y retourne alors. » Je m’affolai : « Tu y retournes ? Mais où ça ? » « Et bien au bateau… » Je m’insurgeai : « C’est idiot comme réaction ! Donne moi ton numéro, Said est sur mon chemin. Tu ne vas pas retourner au bateau alors que tu habites de l’autre coté de l’Anse. »
Elle fit vibrer ses narines poupines. « Tu ne sais pas où j’habite. » Elle commençait à redescendre vers le ponton. J’avais l’impression de débouler maladroitement à ses cotés. Je lui aurais mordu la cuisse comme un chien pour qu’elle prête attention à mes grimaces. « Ecoute Siham, tu n’as qu’à me confier une petite enveloppe cachetée comme à l’époque des… » « Des chevaliers ? » « Oui, voilà, des chevaliers. Une enveloppe cachetée avec ton sceau et puis ton numéro à l’intérieur, une enveloppe que je remettrais au Disgra… à Said. C’est assez romantique, non ? » J’étais fier de ma boutade. « Tu veux mon numéro, Tom ? » Je mentis une seconde fois : « Non. Tu veux le mien ? » Que croyait-elle ? J’irais la dévorer, elle et ses jolis pieds. Je ne mendierai pas son numéro. Pas la peine. Elle me le concédera, gracieusement agrémenté d’un incommensurable sourire aigre-doux et d’une haute intensité de désir sexuel dans les yeux.
« Honnêtement, Siham, crois-tu vraiment les histoires de Said sur la Chine ? Ce sont de tristes prétextes. Ne penses-tu pas ?… La Chine est surement une belle destination mais, pour ma part, je préfère… La Palestine ! (Je gardai le torse gonflé et forçai un sourire disproportionné.) Et puis… il faut bien le dire, ce pauvre Said ne ressemble vraiment à rien. Je ne lui en tiens pas rigueur, il n’en est pas responsable, mais… »
Elle me coupa assez sèchement: « Et toi, à quoi ressembles-tu ? » A nouveau désemparé, je répondis : « Je… Je pense que je ne suis pas laid… » Elle me jaugea un instant de haut en bas puis haussa les épaules. « Je ne suis pas moche, voyons ! » Répétai-je plus vigoureusement. « Je ne sais pas… Je ne te connais pas. » « Mais tu n’as pas besoin de me connaître pour juger… De toute façon, ça n’est pas important tout cela ! Il faut être honnête, ce qui est important, c’est ce à quoi ressemble celle que je promènerais à mes bras ! »
J’enchaînai sur une théorie de la laideur plutôt singulière, puisée dans l’écume de mes aventures scélérates, une théorie qui trouvait peu d’écho dans mon entourage : Imaginons que je fusse laid, c’est là une chose qui me serait aisément pardonnée en société si ma femme, mon épouse, ma maîtresse, elle, était belle. Car, en vérité, ce que l’on reproche aux personnes disgracieuses ce n’est pas vraiment leur physique dont on ne saurait leur tenir rigueur vu qu’ils n’en sont pas responsables (bien que certaines laideurs naissent de la négligence) mais les conséquences de leur triste physique. Qu’on les retrouve au bras d’un laideron et aussitôt le reproche leur sera fait d’avoir mauvais goût, on les trouvera soudainement vraiment moche non pas parce qu’ils le sont réellement mais bien parce qu’ils en subissent les conséquences usuelles. Alors qu’un laid aux bras d’une belle femme deviendra soudainement moins laid, on lui supposera des charmes camouflés, on trouvera des excuses à la disgrâce de ses traits.
« En grandissant, m’interrompit Siham, on réalise la fragilité des beautés héritées. Adolescent, on croit qu’elles sont les seules qui comptent, les seules qui existent. Adulte, on reconnaît enfin qu’elles ne sont rien face aux beautés acquises, façonnées par la vie. La laideur ou la beauté n’est pas une qualité, Tom, elle est un jugement et puis une histoire. »
« Facile à dire quand on est naturellement belle… »
« Said est beau. Je pense à ses joues… »
Je cédai : « Donne-moi donc ton numéro, Siham... » « Je vais le donner à Said. » « Said l’a déjà. Je te le demande pour moi. » La Palestinienne me fixa dans les yeux, ses cheveux noirs cachaient la moitié de son visage poupon. Son œil visible ne brillait pas encore comme celui de la sucrerie arabe que je ne tarderais pas à suçoter. Elle hésita : « Et tu en feras quoi de ce numéro ? » « Je t’appellerais. Nous choisirons une plage tous les deux et j’y installerais un hamac. »
« Un hamac ? »
« Un grand hamac. »
« Pour quoi faire ?! »
Ses petites vagues tatouées au bas du ventre se mettaient à vivre au flux et reflux de sa voix sereine et douce. « J’aimerais bien revoir ton sourire, Siham… Et puis ce que tu disais tout à l’heure sur la Chine… J’avoue c’est un pays que je ne connais pas beaucoup mais tu en parles avec une émotion touchante. Nous pourrions aller dîner dans un de ces restaurants chinois qui fleurissent depuis peu sur l’île ! Qu’en penses-tu ? » Siham fronça les sourcils et secoua la tête. Elle pensa que j’étais idiot.
Cela la toucherait peut-être.
(...)
kristophe- Nombre de messages : 5
Age : 50
Localisation : SDF
Date d'inscription : 03/06/2012
Re: Tom : "Je lui aurais mordu la cuisse"
Que dire. Les dialogues ne coulent pas de sources, ne font pas réaliste, on ne connait pas les relations entre ces deux personnes, mais elle est patiente.
En tant que narrateur, on trouve une différence entre la narration et le dialogue, c'est étrange.
On sait pas où on va également, il manque une fin pour pouvoir apprécier la composition du texte.
enfin c'est que mon avis.
En tant que narrateur, on trouve une différence entre la narration et le dialogue, c'est étrange.
On sait pas où on va également, il manque une fin pour pouvoir apprécier la composition du texte.
enfin c'est que mon avis.
Re: Tom : "Je lui aurais mordu la cuisse"
Encore cette impression d'un texte extrait d'un récit, donc difficile de se prononcer sur le fond.
Sinon, le rythme est vif, j'aime bien, ça va à toute allure, il y a un équilibre entre les parties dialoguées et narrées. Bien aimé aussi la réflexion sur la façon dont la laideur(/beauté) est perçue par autrui. En gros, ça ne me déplaît pas, mais je ne sais pas trop à quoi m'accrocher pour commenter.
Ah, et puis, il y a des problèmes de temps (confusion conditionnel présent/futur simple et passé simple/imparfait). A ce sujet, la dernière phrase est maladroite et ponctue mal le texte, cela tient à mon avis au choix du temps.
Sinon, le rythme est vif, j'aime bien, ça va à toute allure, il y a un équilibre entre les parties dialoguées et narrées. Bien aimé aussi la réflexion sur la façon dont la laideur(/beauté) est perçue par autrui. En gros, ça ne me déplaît pas, mais je ne sais pas trop à quoi m'accrocher pour commenter.
Ah, et puis, il y a des problèmes de temps (confusion conditionnel présent/futur simple et passé simple/imparfait). A ce sujet, la dernière phrase est maladroite et ponctue mal le texte, cela tient à mon avis au choix du temps.
Invité- Invité
Re: Tom : "Je lui aurais mordu la cuisse"
en effet ça ressemble à un extrait, il manque des clefs
mais c'est plutôt plaisant et enlevé
à l'inverse d'Alek, je trouve le dialogue réussi il s'imbrique bien dans le récit, et inversement
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
re : Tom, je lui aurai mordu la cuisse
Ca manque de contexte. Pourquoi une Palestinienne ? Ces choix ne peuvent être gratuits. Parfois ça ressemble gauchement à du Rhomer, revisité. Marivaudage. Digression sur la laideur. Soit ! Une histoire relationnelle dont on ne comprend pas les aboutissants. Dommage. Pour la rythme, ça swingue, c'est déjà bien.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Tom : "Je lui aurais mordu la cuisse"
Lecture plus sur le style et la forme puisque l'extrait ne constitue pas une entité qui puisse exister en tant que texte autonome.
ça se lit bien, c'est plutôt bien écrit. La remarque d'Alek sur les dialogues s'explique peut-être par le niveau de langage très soutenu (surtout dans la discussion beauté/laideur) qui reste peu courant dans la réalité.
Une remarque sur l'emploi de "poupines" et "poupon" : les deux mots, très similaires (et assez peu usités donc plus facilement remarqués), me paraissent un peu rapprochés à mon goût.
ça se lit bien, c'est plutôt bien écrit. La remarque d'Alek sur les dialogues s'explique peut-être par le niveau de langage très soutenu (surtout dans la discussion beauté/laideur) qui reste peu courant dans la réalité.
Une remarque sur l'emploi de "poupines" et "poupon" : les deux mots, très similaires (et assez peu usités donc plus facilement remarqués), me paraissent un peu rapprochés à mon goût.
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 64
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
Sujets similaires
» EXO SPECIAL YALI en direct jeudi 19 avril 2012 à 20 h 15
» L'aile et la cuisse
» Mordu
» J'aurais voulu rester
» Exo cinéma : je ne suis pas un animal
» L'aile et la cuisse
» Mordu
» J'aurais voulu rester
» Exo cinéma : je ne suis pas un animal
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum