Exo « À chacun son bonbon » : Le pain aux raisins du dimanche

Après la mort de maman, mon père nous a inscrit au catéchisme, ma sœur et moi, mais allez savoir pourquoi, j'étais le seul à aller à la messe le dimanche. J'entends encore la voix de ma soeur parler avec ses poupées pendant que je me préparais seul dans la chambre. Je portais toujours le même costume noir aux pantalons trop courts ; je grandissais, le tissus non, et lorsque je demandais à mon père si je pouvais porter une autre paire de pantalon, il me répondait invariablement :

- Non, il faut être bien habillé pour aller à l'Eglise.

Avant de partir, il me donnait toujours une pièce de un Franc pour brûler un cierge et faire une prière à maman. Je n'ai jamais su pourquoi il ne m'accompagnait pas, ni pourquoi nous n'y allions pas tous ensemble, en famille.

Mais ce qu'il n'a jamais su, mon père, c'est qu'avant de me rendre à l'Eglise je passais par la boulangerie m'acheter un beau gros pain aux raisins avec sa pièce de un Franc. Mais attention, rien à voir avec les pains aux raisins de maintenant. De toute façon, j'ai jamais aimé cette pâtisserie. Ce que j'adorais par-dessus tout, c'était les gros raisins moelleux au goût de vanille. Je les bouffais en chemin et je filais le reste de la brioche aux oiseaux, merles et autres pigeons qui squattaient les branches des arbres du parc de l'Eglise.

Savoureux (j'adore les pains aux raisins). J'ai bien ri à : je grandissais, le tissus non…

Alors là c'est marrant : je faisais la même chose avec les brioches au sucre ( gros grains ). Il ne me reste rien de cette période de spiritualité, je me prenais pour saint François à nourrir les piafs, une odeur de religiosité trainait derrière moi, l'évêque de Lyon m'avait signé, j'avais douze ans...Je voulais convertir autour de moi à tout-va. Purée, j'étais grave ! Merci de m'avoir fait ressouvenir de cette époque enfuie trop tôt...Où est le temps de ma première communion ?

Encore plus marrant : quand j'ai lu ton commentaire de ton exo. J'ai écrit ce texte en quelques minutes, même pas un quart d'heure, ça m'arrive pas souvent.

Je suis arrivée sur VE cet aprèm, j'ai lu, j'ai posté deux trois billevesées, une ou deux contrepèteries - me rappelle plus - quelques textes courts et puis je suis allée faire un tour sur le fil Exercices, pour voir....

j'ai vu la proposition de soussan qui m'a pas emballée au début... et puis, je me suis dit pourquoi pas la détourner, pas vraiment un bonbec mais un truc sucré qui évoque un souvenir...

une bonne partie du texte est du vécu, notamment la première fois que nous sommes allés à l'église tous les deux, avec mon cousin, je vivais chez mon oncle et ma tante à cette époque, et c'est elle qui lui filait le Franc... et quand il s'est acheté le pain aux raisins j'étais dégoûtée, je lui ai balancé : je vais tout dire à tata, je chialais à moitié... et lui, il a sorti l'arme de guerre : si tu dis un seul mot, je tue toutes tes poupées.
J'ai jamais rien dit.

ben moije allais jouer au baby-foot avec l'argent de la quète...

Et on voit comment ça a tourné tout ça... brocanteur-antiquaire-versificateur-poète-à-vapeur-et-du-vent-dans-les-voiles... et j'suis sûre qu't'es nul au baby-foot ! t'aurais dû faire curé Fred, t'as une belle tête de moine-poète...

chépa si chui bon mais en tout cas chui meilleur au baby qu'en anglais...!

Pussicat, merci de ne pas répondre sur votre fil après chaque commentaire mais d'utiliser le fil Discussions autour de nos textes pour cela, sur ce forum aussi.
Merci de votre coopération.

Jolie revanche

En quelques mots et sans t'attarder à expliquer, tu brosses le portrait d'une enfance

Accompagné du commentaire de Legone le texte prend tout de suite une autre dimension, une âme peut-être ... sans cela je le trouve un peu plat, un peu bâclé.

Oui, un peu écrit à la va-vite, et en même temps ça colle bien cette écriture spontanée, genre hop-là, comme le temps de prendre la décision de manger du raisin sec et nourrir les oiseaux plutôt que la tirelire des cierges. Des graines de raisin plutôt qu'un grain de raison, dirais-je même.
(après, inutile de s'énerver...)

Alors, Pussicat, c'est aujourd'hui dimanche. As-tu grignoté tes raisins secs, en souvenir ?

Ah le chenapan! La gourmandise est un vilain défaut... mais on ne peut que se sentir proche du personnage dont l'histoire est racontée dans un style oral selon moi qui rend la lecture aisée et agréable.
Un chouette texte.