Exo live 29 janvier à 20h30

Nathan leva les yeux au plafond en soupirant. Le nez dans son bol de café, il repensait à la veille. Et à ce qui avait précédé cette veille. Les courses. A l'Auchan du coin. Fastoche, il avait la liste des emplettes à effectuer et des rêves plein la tête.
De la crème, des cotons, du savon… bon, ça, il avait bien compris pourquoi, rien de tel qu'un peu de douceur dans ce monde de brutes. Et puis Lola avait insisté sur un shampoing précis, à l'huile d'argan. Un truc un peu hors de prix mais vu la soirée qu'elle lui réservait, comment refuser.

Haaa Lola ! Il ne l'avait vue que deux fois mais il craquait à fond la caisse. Il faut dire que les heures de parlotte par Internet lui donnaient l'impression de la connaître depuis toujours.
Elle savait manier le verbe et le rendre fou et là, elle lui avait promis de passer un moment exceptionnel pour leur troisième rencontre. Elle n'avait pas voulu lui en dire plus, juste l'heure du rendez-vous et une liste d'achats. D'où l'Auchan.

Les céréales bébé, il avait trouvé ça étrange. Mais en même temps, quand les femmes sont au régime, elles mangent parfois n'importe quoi et sans doute que dans la nourriture pour bébé, y a pas de gras, pas de cholestérol, pas de triglycérides machin. Lola devait donc être au régime et les céréales, c'était au cas où la faim ferait son apparition entre deux… comment elle avait dit déjà ? Ha oui, expérience sensorielle inoubliable.
Les couches, en revanche, il n'avait pas bien compris. Il avait même commencé à craindre le truc scato mais pas possible, pas avec une fille qui se lave les cheveux à l'huile d'argan. Sans doute pour dépanner une voisine, ça devait être ça. Un simple service.

Au moment de régler les courses, la caissière avait eu un regard de sollicitude, presque émue. Excitée aussi. Nathan était sûr que si il avait insisté un brin, il aurait pu obtenir son numéro. Parce que son caddie, ça faisait jeune père pas vraiment paumé mais obligé d'avoir la liste en main. Et ça, à coup sûr, ça séduisait les filles, il l'avait remarqué de suite dans les rayons.
Mais pas le temps, pas l'envie, il y avait Lola et ses folles promesses nocturnes.

Nathan se servit un second bol de café. Avec trois sucres et deux soupirs.
Heureusement, c'était samedi, pas besoin d'aller bosser. Il pouvait penser. Méditer.
Se repasser la veille en boucle.

Lola était arrivée à 20 heures.
A peine entrée, elle lui avait bandé les yeux, l'avait assis dans le canapé, lui avait fait retirer son t-shirt pour éviter de le salir, lui avait demandé de patienter.
Il l'entendait faire du bruit dans le salon, ouvrir les flacons achetés quelques heures plus tôt, puis ressortir. Il n'en pouvait plus.
Elle revint, s'assit à côté de lui, effleura son bras gauche et lui demanda si il était prêt à vivre quelque chose de magique.
Evidemment.
C'est alors qu'elle prit sa main et la posa sur quelque chose de doux. Il frémit. C'était incroyablement soyeux. Poilu. Chaud. Et ronronnant. Ronronnant ?!

Nathan ôta le bandeau, laissant tomber ses yeux à hauteur de ses mains.
Un chat. Un chat d'un blanc immaculé qui le regardait, ventre en l'air, de ses yeux turquoise.
Un beau chat, oui, mais… un chat !
Lola lui expliqua que Félicité adorait qu'on la caresse longuement avant de lui laver le poil avec ce shampooing parfumé. Avant d'enduire ses coussinets de crème hydratante et les masser avec volupté. Et aussi les cotons pour…

Nathan stoppa net son retour en arrière. Il ne pouvait pas. Sinon il aurait été bon pour un troisième café.
Même les céréales bébé, c'était pour le chat, une petite gourmandise qui le faisait roucouler comme une tourterelle. Envoûtant, avait dit Lola.
Peut-être.
Il ne saurait jamais.
Ni pourquoi les couches.

Nathan retourna se coucher.
Après tout, c'était samedi matin.