Les déserts (2)

Je me souviens du premier épisode, et je lirai sûrement avec attention les 2 (?) suivants.

On pourrait longuement parler (en poésie, j'entends), de cet inégal face à face entre le désert et ce "nous".

Ce nous dont malgré tout tu sembles t'abstraire au fur et à mesure, pour enfin le limiter à une présence, comme une caméra qui s'éloigne.

Ne nous prive pas de tes déserts....

Confrontés au minéral nous tentons, une fois de plus, de l'apprivoiser en lui donnant une mémoire, un mystère que nous n'appréhendons qu'avec peine mais qui nous fascinent.
J'aime la façon dont tu peuples tes déserts farouches et souvent menaçants :
l'intrusion ici est une violation
Et peut avoir un prix.

J'aime lire en eux cette image du temps qui est bien au delà de notre mesure !
Les traces de nos pas ne font que l'effleurer...

Je trouve les images de ce texte magnifiques, on y entre comme dans un paysage qui nous envelopperait - au-delà de la simple évocation visuelle. J'ai été un peu freinée dans ma lecture au début en cherchant s'il fallait prononcer les "e" muets ou non. J'ai l'impression que tantôt oui, tantôt non. Je pense avoir une idée du rythme que tu entends faire passer cependant, ce qui m'a permis de choisir la prononciation.
Après cela, je me suis enivrée du tableau.

Bonsoir et merci à vous trois pour avoir laissé un com sur ce texte, c'est très appréciable d'avoir des retours sur ce que l'on poste.
Arielle c'est bien vrai que je ne peux ressentir les déserts comme simplement un immense tas de sable et de cailloux et je tente avec quelques mots de partager mes émotions.
Ariel je vais aussi marcher dans les immenses causses d’Aveyron ou de Lozère et les émotions ressenties à certains endroits sont bien proches de celles que je vais éprouver au fond du Namib ou du Sahara. En Lozère il m'est arrivé de trouver des hameaux abandonnés depuis de nombreuses décennies, parfois juste un bout de mur tient encore debout.
Sous un amas de roches une pierre d'évier creusée dans le calcaire raconte l'existence austère de ceux qui naissaient et mourraient à cet endroit sans jamais l'avoir quitté. Peu à peu la forêt récupère les lieux, enracine les pierres et la mémoire des gens s'effacera avec les dernières traces d'occupation, mais il faudra beaucoup de temps...
Bonjour Elvys, et bienvenue sur ce site où on rencontre un tas de gens prêts à lire tout ce que tu as à leur proposer et ravi que tu aies apprécié ce texte.

J'aime ce poème, notamment par le jeu de ses oppositions. Profusion et permanence d'un côté ("trop", "tout", "encore", "cent", "cent ans", "milliers"), rareté et fugacité de l'autre ("un", "quelques", "traces", "effleurer"). Calme ("désert", "silence", "harmonie") contre emportement ("voix").  Sauvegarde d'un côté ("sentinelle", "se fond", "prévenir", "refusent", "protègent"), agression de l'autre ("intrusion", "violation", "poursuivie", "déchirent").

Les alexandrins structurent agréablement la narration de l'ensemble.

Le message essentiel de ce poème semble se trouver dans ce vers qui déborde...

L'intime de son sable protège la mémoire de cette éternité

… jusqu'à son enjambement...

De montagnes fatiguées...

…, faisant même vaciller l'alexandrin qui suit vers un improbable 13 syllabes.

Les quatre hexamètres, en coupant le rythme général...

Et peut avoir un prix.

Sur laquelle nous marchons.

Ce désert est trop grand...

Beaucoup trop grand pour nous...

…, mettent bien en évidence l'avertissement, l'exigence absolue d'une prise de conscience de notre voracité et de notre fragilité.

Quant à ce...

Il faut voir...

…, qui surgit brusquement, il constitue bien le point d'appui de l'argumentation entière.

Dans ses lumières un rêve, dans ses ombres un mystère.

J'aime cette idée que la curiosité puisse rester curiosité, le désir demeurer désir, que notre imaginaire fasse le reste du chemin.

Très beau texte et bel écho à la première mouture !

"les montagnes fatiguées..." parmi tant de mots qui me plaisent. Un beau texte !

jfmoods, je suis toujours très reconnaissant envers ceux qui prennent le temps de décortiquer mes écrits, tellement mieux que je ne saurais le faire moi-même, qui savent y voir ce que je n'ai pas vu en écrivant. Merci vraiment !
dusha, Merci pour avoir sorti du texte les trois mots qui ont le sens le plus profond à mon avis."les montagnes fatiguées..." même si la phrase est sibylline.