Te souviens-tu de ces corbeaux ?

Te souviens-tu de ces corbeaux ? Chaque automne, nous ne voyions qu’eux, occupants lugubres des toits du quartier. Depuis notre lit, sous la mansarde, le ciel gris, leurs silhouettes noirâtres et le vent de novembre ne pouvaient rien. Parfois la pluie frappait les vieilles tuiles rouges et des nuits entières, emplissait la petite chambre de son bruit irrégulier, tentant, naïve, de nous gâcher la vie. Le soleil nous emportait dans d’interminables promenades amoureuses, les joues rougies de froid, les mains chaudes de s’enlacer. La pluie nous laissait de longues heures alanguis sous la chaleur des couvertures et d’hiver en été, tu promettais de m’aimer. Le bonheur n’est pas affaire de météo, ni de lieu.

Je me souviens de tout, je crois, de ton rire à tes yeux, de ta peau, de tes mots.

Je me souviens de ton dos ruisselant que j’aimais à regarder. La porte de la salle de bains ne fermait pas bien, ton dos ne le savait pas.

Je me souviens de notre mépris et de notre indifférence à tout ce qui n’était pas nous, je me souviens de tout, c’est sûr.

Mais j’ai beau romancer mes souvenirs, je ne comprends pas plus. Je me souviens aussi du vide et du silence, je me souviens de l’écho de tes pleurs qui résonne encore aujourd’hui. Je me souviens de cette pluie qui frappe toujours sur les tuiles. Finalement, pas si naïve. Je les vois les corbeaux, ils sont là, sont restés. Peut être pas les mêmes qu’à l’époque ? Combien de temps ça peut vivre un corbeau ? Peut être plus longtemps que nos beaux jours, surement plus longtemps.

Allez hop, une petite dose de "clichés" :-))

c'est vraiment beau ...

C'est vrai, le thème fait "cliché"... Mais j'aime comme tu lui donnes ta touche personnelle. Tu places des images, des idées à toi :
"Je me souviens de ton dos ruisselant que j’aimais à regarder. La porte de la salle de bains ne fermait pas bien, ton dos ne le savait pas."
Par contre j'ai l'impression que ce texte a été écrit vite, que tout n'est pas travaillé, et que tout n'est pas exprimé. La fin sur les corbeaux par exemple, pourrait être mieux amenée je pense.
Mais globalement j'aime bien

Exact KP: c'est une petite perle:

La porte de la salle de bains ne fermait pas bien, ton dos ne le savait pas.

J'aime bien l'ambiance de ce texte et les images qu'il suggère. Un bon moment de lecture (surtout que ce n'est pas ma tasse de thé).

très beau texte Charles

à mon avis c'est un exo d'entraînement à cause de l'appel à texte anonyme :-)))

je sors

mentor a écrit:très beau texte Charles

à mon avis c'est un exo d'entraînement à cause de l'appel à texte anonyme :-)))

je sors

ouais, c'est Mogendrio-loupbleutien sur les bords...

Vivi très joli Charles.
Il y a des phrases, des textes comme ça pris d'une envie de sortir et qu'on peut pas retenir.

Concernant les corbeaux, fais-tu référence à la mythologie scandinave?

J'avoue que c'est vraiment pas mal. Bien écrit.
La phrase qui m'a fait décrocher
La pluie nous laissait de longues heures alanguis sous la chaleur des couvertures et d’hiver en été, tu promettais de m’aimer.
Je trouve que ça fait trop. A part ça un texte d'une qualité certaine (non pas d'une certaine qualité)

Au plaisir!

Tristan a écrit:Concernant les corbeaux, fais-tu référence à la mythologie scandinave?

euh ... si tu veux ! Après tout, je n'interdis rien au lecteur :-)))

Les corbeaux scandinaves, les corps beaux ... ce que tu veux ;-)

Non, parce que ça m'avait fait penser aux deux corbeaux d'Odinn, Huginn et Muninn (Pensée et Souvenir)

C'est nostalgique et pour ma part avec espor...
Joli texte....

Joli texte. J'aime bien cet enchainement:

Depuis notre lit, sous la mansarde, le ciel gris, leurs silhouettes noirâtres et le vent de novembre ne pouvaient rien.

J'ai pas compris la fin de la phrase dans cette phrase:
[i]Le soleil nous emportait dans d’interminables promenades amoureuses, les joues rougies de froid, les mains chaudes de s’enlacer.[/i]

En tout cas trés agréable à lire.

Numériplume a écrit:Joli texte. J'aime bien cet enchainement:

Depuis notre lit, sous la mansarde, le ciel gris, leurs silhouettes noirâtres et le vent de novembre ne pouvaient rien.

J'ai pas compris la fin de la phrase dans cette phrase:
[i]Le soleil nous emportait dans d’interminables promenades amoureuses, les joues rougies de froid, les mains chaudes de s’enlacer.[/i]

En tout cas trés agréable à lire.

juste deux mains qui se tiennent lors d'une promenade, s'évitant la morsure du froid en partageant un peu de leur chaleur mutuelle ;-)



Et Merci à tous de m'avoir lu et commenté ;-)

Charles a écrit:

juste deux mains qui se tiennent lors d'une promenade, s'évitant la morsure du froid en partageant un peu de leur chaleur mutuelle ;-)

J'avoue je ne suis pas très clair : j'avais compris le sens mais c'est juste la formulation qui me gênait dans cette phrase :
"les mains chaudes de s’enlacer" pourquoi pas "qui s'enlacé"
Si je titille tu le dis ? ;-)

Numériplume a écrit:

Charles a écrit:

juste deux mains qui se tiennent lors d'une promenade, s'évitant la morsure du froid en partageant un peu de leur chaleur mutuelle ;-)

J'avoue je ne suis pas très clair : j'avais compris le sens mais c'est juste la formulation qui me gênait dans cette phrase :
"les mains chaudes de s’enlacer" pourquoi pas "qui s'enlacé"
Si je titille tu le dis ? ;-)

pas de soucis ;-)))


les mains chaudes de s'enlacer
ou
les mains chaudes qui s'enlaçaient

Pourquoi pas ... Je trouvais la 1ère plus musicale à mon oreille mais sauf erreur, les deux sont correctes.

les mains chaudes de s'enlacer
les corps impatients de se retrouver ...

J'adore le début, moins la fin, dont je n'aime pas le ton en fait. Mais c'est tout à fait personnel ! Et il y a beaucoup de qualité dans ton texte !

Combien de temps ça peut vivre un corbeau ? Peut être plus longtemps que nos beaux jours, surement plus longtemps.

Je suis comme Faustine... je trouve le début très beau, mais la fin moins subtile, moins prenante. Sauf la dernière phrase qui est très belle

Tu frôles le "chabadabada", l'évite de justesse par quelques tournures de phrases habiles et des images intéressantes (la pluie, encore que la personnification me semble ici un peu maladroite, les corbeaux...).
Je ne suis pas totalement convaincue par ce texte qui ne me paraît pas abouti. J'ai l'impression que tu nous livres une esquisse et j'aurais aimé tu creuses un peu: ce dos, ces silences et ces corbeaux...

J'ai bien aimé le côté très imagé du texte, ça vit, pas de problème là-dessus! Ce que j'ai un peu moins aimé c'est le côté tendre presque niais, c'est beau pour certains, en ce qui me concerne je suis un peu allergique... celà dit je sais que c'est tentant de les écrire ces mots, je le fais aussi!

Charles a écrit:Allez hop, une petite dose de "clichés" :-))

Le cliché disparaît quand c'est écrit aussi intelligemment. C'est poétique, nostalgique, tout plein de tendresse et de tristesse.

Juste une petite chose, et là je crois que c'est un caprice perso que tu pourras ignorer à ta guise... ceci : "tentant, naïve, de nous gâcher la vie." Je n'aime pas le "de nous gâcher la vie"... sais pas pourquoi, je trouve que ça ne colle pas avec le reste. Je crois que ça en dit trop. On comprend sans ça.

Sinon, très beau texte, Charles!

Charles, j'aime énormément comme tu rebondis à la fin. Comme tu décortiques le mythe des souvenirs romantiques pour en faire quelque chose de tristement réaliste, presque pathétique. Cela donne beaucoup de force à ton texte qui commence d'une manière romanesque interpellante, on se demande où tu veux en venir (et j'étais dubitative devant le côté guimauve des premières lignes).