Poursuivre l'inattendu
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Poursuivre l'inattendu
Un texte que je pense peut être continuer s'il en vaut la peine, encore en cours de réflexion.
Il faut faire s'enfuir un peu de lassitude, en pestant et discutant sur le monde. S’extasier de discussions infondées ne concluant sur rien, si ce n'est des fadaises. Voilà l'état dans lequel nous en étions réduits. Bien sûr, certains avaient la force d'y croire. En quoi ? Nous ne savions guère ; mais ils marchaient, la tête drue et fière, comme si la misère du monde ne les englobait pas. Nous, elle nous pourchassaient, vivace et alerte. A chaque coin de rue, au détour des ruelles, dans la lumière âcre des lampadaires et dans la moiteur des maisons. Allumer son holographe n'apportait aucun réconfort si ce n'est de discourir sur un monde qui ne tournait plus rond.
Après tout avait-il tourné rond ?
Moi j'y croyais pas. On avait beau me bassiner de la belle histoire de l'humanité, j'en éprouvais pas le sens. Parfois des remords me prenaient, pas bien longtemps certes, mais ils me questionnaient au corps et à l'âme. J'aurai aimé garder espoir en l'Homme, en l'humanisme, trouver la foi en la grandeur de nos penseurs ; mais ça me dépassait. Pourtant j'avais aimé « lire », plus que ça, j'avais transféré en moi des ouvrages entiers. Tous ceux qui me passait sous la main : les plus niais comme les plus illustres. Les grands auteurs n'avaient guère de secret pour moi. Leurs écrits enivrants m'apportaient du réconfort. Ils me faisaient voyager dans les limbes de leurs esprits si brillants. Jaloux. J'avais été jaloux de leur talent, moi aussi j'aurai aimé su écrire si parfaitement. Ah ! Qu'ils avaient du s'évader en rédigeant de telles prouesses, de tels actes de foi dans l'humanisme, dans le monde, dans l'imagination de l'Homme : infinie... Humanistes, ils l'étaient, indéniablement. Ils œuvraient pour nous le bas peuple, ils partageaient un peu de leur voyage intellectuel. Mais le travail n'était pas accompli. Nous retombions après cet extase éphémère dans notre basse conscience étouffante. Une réalité prégnante, nauséabonde, qui remontait aux narines.
Assis devant mon café, je pensais à tout ça en regardant passer les gens. Une transhumance sans fin qui courait à sa perte, qui se rapprochait un peu plus de son trépas au rythme de ses grandes avancées dans le brouillard hivernal. Le brouillard envahissait les cœurs depuis longtemps. Plus personne n'y faisait attention. On vivait c'est tout. Las de discourir sur le sens de la vie, on s'y plongeait, on s'y noyait, jusqu'à ne plus respirer et à oublier pourquoi on avait voulu nager. Dehors, l'ennui et le brouillard ne faisaient qu'un. L'ennui était devenu le maux qui guidait le monde. Les menus plaisirs des Hommes devinrent vain. Manger, dormir, baiser, jouir, on s'en était lassé.
Bien sûr, au début c'était excitant ! Après la Grande Crise et la Grande découverte une joie immense envahit la Terre. « L'humanité ne serait plus jamais pareil » que les médias annonçaient. Oui, ils avaient raison. Le monde avait changé. On s'était dit que le bonheur inonderait cette bonne vieille Terre, que plus aucun humain ne serait malheureux ; et c'était le cas ! Mais d'humain heureux ou malheureux il n'y en avait plus. Devenu insignifiant, des larves bercées d'ennuis, on regardait passer la vie comme un film quelconque. L'ennui avait tout bouffé, omniscient il conquit les moindres petites pulsions, les moindres petites excitations, détruit les idéaux et les passions, tout avait sombré dans une lugubre utopie.
Depuis l'implantation de la prescience dans les embryons, chacun connaissait son destin, les moindres parcelles de sa vie et les événements à venir. Les actualités n'existaient plus. Le clonage animal et végétal supprima toutes formes de carence en besoin primaires. Les besoins secondaires furent rapidement sustentés. L'Humanité sombra dans une large paresse. Les Travailleurs, des cyborgs sans réelle conscience, contrôlaient le processus de prescience embryonnaire. Parfois, je les jalousai, étais-je le seul ?
Face à la stabilité du système, après les morts de la Grande Crise de 2250, personne n'émettait l'idée de revenir en arrière. Et pourtant, certains marchaient droit, ne ressentaient pas la misère de l'ennui...
Il faut faire s'enfuir un peu de lassitude, en pestant et discutant sur le monde. S’extasier de discussions infondées ne concluant sur rien, si ce n'est des fadaises. Voilà l'état dans lequel nous en étions réduits. Bien sûr, certains avaient la force d'y croire. En quoi ? Nous ne savions guère ; mais ils marchaient, la tête drue et fière, comme si la misère du monde ne les englobait pas. Nous, elle nous pourchassaient, vivace et alerte. A chaque coin de rue, au détour des ruelles, dans la lumière âcre des lampadaires et dans la moiteur des maisons. Allumer son holographe n'apportait aucun réconfort si ce n'est de discourir sur un monde qui ne tournait plus rond.
Après tout avait-il tourné rond ?
Moi j'y croyais pas. On avait beau me bassiner de la belle histoire de l'humanité, j'en éprouvais pas le sens. Parfois des remords me prenaient, pas bien longtemps certes, mais ils me questionnaient au corps et à l'âme. J'aurai aimé garder espoir en l'Homme, en l'humanisme, trouver la foi en la grandeur de nos penseurs ; mais ça me dépassait. Pourtant j'avais aimé « lire », plus que ça, j'avais transféré en moi des ouvrages entiers. Tous ceux qui me passait sous la main : les plus niais comme les plus illustres. Les grands auteurs n'avaient guère de secret pour moi. Leurs écrits enivrants m'apportaient du réconfort. Ils me faisaient voyager dans les limbes de leurs esprits si brillants. Jaloux. J'avais été jaloux de leur talent, moi aussi j'aurai aimé su écrire si parfaitement. Ah ! Qu'ils avaient du s'évader en rédigeant de telles prouesses, de tels actes de foi dans l'humanisme, dans le monde, dans l'imagination de l'Homme : infinie... Humanistes, ils l'étaient, indéniablement. Ils œuvraient pour nous le bas peuple, ils partageaient un peu de leur voyage intellectuel. Mais le travail n'était pas accompli. Nous retombions après cet extase éphémère dans notre basse conscience étouffante. Une réalité prégnante, nauséabonde, qui remontait aux narines.
Assis devant mon café, je pensais à tout ça en regardant passer les gens. Une transhumance sans fin qui courait à sa perte, qui se rapprochait un peu plus de son trépas au rythme de ses grandes avancées dans le brouillard hivernal. Le brouillard envahissait les cœurs depuis longtemps. Plus personne n'y faisait attention. On vivait c'est tout. Las de discourir sur le sens de la vie, on s'y plongeait, on s'y noyait, jusqu'à ne plus respirer et à oublier pourquoi on avait voulu nager. Dehors, l'ennui et le brouillard ne faisaient qu'un. L'ennui était devenu le maux qui guidait le monde. Les menus plaisirs des Hommes devinrent vain. Manger, dormir, baiser, jouir, on s'en était lassé.
Bien sûr, au début c'était excitant ! Après la Grande Crise et la Grande découverte une joie immense envahit la Terre. « L'humanité ne serait plus jamais pareil » que les médias annonçaient. Oui, ils avaient raison. Le monde avait changé. On s'était dit que le bonheur inonderait cette bonne vieille Terre, que plus aucun humain ne serait malheureux ; et c'était le cas ! Mais d'humain heureux ou malheureux il n'y en avait plus. Devenu insignifiant, des larves bercées d'ennuis, on regardait passer la vie comme un film quelconque. L'ennui avait tout bouffé, omniscient il conquit les moindres petites pulsions, les moindres petites excitations, détruit les idéaux et les passions, tout avait sombré dans une lugubre utopie.
Depuis l'implantation de la prescience dans les embryons, chacun connaissait son destin, les moindres parcelles de sa vie et les événements à venir. Les actualités n'existaient plus. Le clonage animal et végétal supprima toutes formes de carence en besoin primaires. Les besoins secondaires furent rapidement sustentés. L'Humanité sombra dans une large paresse. Les Travailleurs, des cyborgs sans réelle conscience, contrôlaient le processus de prescience embryonnaire. Parfois, je les jalousai, étais-je le seul ?
Face à la stabilité du système, après les morts de la Grande Crise de 2250, personne n'émettait l'idée de revenir en arrière. Et pourtant, certains marchaient droit, ne ressentaient pas la misère de l'ennui...
kwisatz- Nombre de messages : 24
Age : 35
Date d'inscription : 31/10/2012
Re: Poursuivre l'inattendu
J'étais déjà passée sur ce texte mais j'espérais que quelqu'un d'autre commencerait à commenter... comme ce n'est pas le cas, tant pis, je m'y colle !
Ce qui me frappe en premier, c'est un parfum moralisateur, ce qui n'est jamais bon pour démarrer un texte ( ni pour le continuer, d'ailleurs !) : il vaut toujours mieux laisser ce boulot au lecteur s'il en éprouve l'envie ! Je comprends bien que tu veux décrire un monde un peu veule, qui a perdu son sens, mais essaie de ne pas y introduire de jugement de valeur, ça donne envie de laisser tomber tout de suite : une histoire qui commence par " Il faut" a un côté prescripteur qui incite à aller voir si ailleurs il y aura plus de liberté !
Le deuxième reproche de taille concerne l'anarchie des temps employés, tu sautes allègrement de l'imparfait au passé simple, sans que ce soit motivé tu y ajoutes du présent, bref on ne s'y retrouve pas.
Tu détournes le sens de certains mots : la têtedrue et fière,
Ils me faisaient voyager dansles limbes de leurs esprits si brillants. ( "les limbes" pris dans le sens figuré ,désigne quelque chose de flou, ce qui ne correspond guère à l'idée d'appropriation d'une pensée brillante !)
Enfin, des phrases comme : moi aussi j'aurai aimé su écrire si parfaitement. marquent que tu ne t'es sans doute guère relu !
Alors, au boulot, si tu veux que ça ressemble à quelque chose !
Ce qui me frappe en premier, c'est un parfum moralisateur, ce qui n'est jamais bon pour démarrer un texte ( ni pour le continuer, d'ailleurs !) : il vaut toujours mieux laisser ce boulot au lecteur s'il en éprouve l'envie ! Je comprends bien que tu veux décrire un monde un peu veule, qui a perdu son sens, mais essaie de ne pas y introduire de jugement de valeur, ça donne envie de laisser tomber tout de suite : une histoire qui commence par " Il faut" a un côté prescripteur qui incite à aller voir si ailleurs il y aura plus de liberté !
Le deuxième reproche de taille concerne l'anarchie des temps employés, tu sautes allègrement de l'imparfait au passé simple, sans que ce soit motivé tu y ajoutes du présent, bref on ne s'y retrouve pas.
Tu détournes le sens de certains mots : la tête
Ils me faisaient voyager dans
Enfin, des phrases comme : moi aussi j'aurai aimé su écrire si parfaitement. marquent que tu ne t'es sans doute guère relu !
Alors, au boulot, si tu veux que ça ressemble à quelque chose !
Invité- Invité
Re: Poursuivre l'inattendu
kwisatz, je ne saurais trop t'encourager à lire le fil du roman en cours de vincent M, sur le même sujet, en plus développé et sous forme de (science-)fiction plutôt que de réflexion, de constat.
http://www.vosecrits.com/t13964-2222
Ça devrait t'intéresser.
Je ne sais pas si tu entends continuer ici mais je dirais que, avec les faiblesses relevées par Coline, ce premier jet fait néanmoins bien office de préambule à une plus longue histoire. Il ne faudrait pas que ça dure sur ce ton pour la suite, mais changer de piste, introduire des personnages, des évènements, des rebondissements, de la vie. De quoi donner au lecteur l'envie de poursuivre.
http://www.vosecrits.com/t13964-2222
Ça devrait t'intéresser.
Je ne sais pas si tu entends continuer ici mais je dirais que, avec les faiblesses relevées par Coline, ce premier jet fait néanmoins bien office de préambule à une plus longue histoire. Il ne faudrait pas que ça dure sur ce ton pour la suite, mais changer de piste, introduire des personnages, des évènements, des rebondissements, de la vie. De quoi donner au lecteur l'envie de poursuivre.
Invité- Invité
re : Poursuivre ? Hum...
Entièrement d'accord avec les remarques de Coline Dé et Easter. Trop indigeste ce déballage philo-moralisateur-je n'sais quoi... Mets davantage ton personnage dans une situation, action, en rapport avec un lieu, des sensations, d'autres personnages... Ce monde du dehors permettra de traverser les pensées de ton "je" et ainsi de le rendre plus crédible, vivant, fragile, perméable... Enfin, moi, c'est ce que je ferais !
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
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