Tous ces gens… Et toi aussi
+4
Frédéric Prunier
Polixène
Arielle
CROISIC
8 participants
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Re: Tous ces gens… Et toi aussi
oui, moi aussi.
la seule chose, si je puis me permettre, Iris :
"Et qu'on ne s'y puisse mêler ?"
une formulation plus simple ne servirait-elle pas mieux le propos...?
par exemple,
Et qu'on ne puisse s'y mêler
je dis ça, je ne dis rien...
la seule chose, si je puis me permettre, Iris :
"Et qu'on ne s'y puisse mêler ?"
une formulation plus simple ne servirait-elle pas mieux le propos...?
par exemple,
Et qu'on ne puisse s'y mêler
je dis ça, je ne dis rien...
Invité- Invité
Re: Tous ces gens… Et toi aussi
Merci à toutes les deux. Tu as raison, Igloo. De plus, c'était ma première version.
Tu sais
Le dernier chemin que tu as pris ? J'y use mes souliers chaque jour. Chaque jour par tous les temps.
Tout le temps.
Et toi ?
Que fais-tu, que vis-tu de ta non-vie, toi qui me vois là,
Seule
A te chercher partout ?
Je les sens près de moi ce soir, tous ceux qui sont partis
Tous ces gens
Et toi aussi
Pourquoi faut-il
Que ma main ne puisse les toucher ?
Pourquoi faut-il qu'ils soient si près
Et qu'on ne puisse s'y mêler ?
Tu sais
Le dernier chemin que tu as pris ? J'y use mes souliers chaque jour. Chaque jour par tous les temps.
Tout le temps.
Et toi ?
Que fais-tu, que vis-tu de ta non-vie, toi qui me vois là,
Seule
A te chercher partout ?
Je les sens près de moi ce soir, tous ceux qui sont partis
Tous ces gens
Et toi aussi
Pourquoi faut-il
Que ma main ne puisse les toucher ?
Pourquoi faut-il qu'ils soient si près
Et qu'on ne puisse s'y mêler ?
Invité- Invité
Re: Tous ces gens… Et toi aussi
La première strophe ouvre toutes les hypothèses
Mais "non-vie" met la puce à l'oreille et la troisième strophe dissipe toute ambiguïté
J'aime la simplicité de l'écriture et cette fausse distanciation qui ne rend le poème que plus émouvant.
Invité- Invité
Re: Tous ces gens… Et toi aussi
Comme Tizef j'aime beaucoup la progression avec laquelle tu nous amènes délicatement à lever toute ambiguïté concernant cette promenade à deux. Le langage très simple, très prosaïque ajoute à l'émotion un questionnement presque enfantin mais tellement humain.
Re: Tous ces gens… Et toi aussi
Tu as bien fait de reprendre ton idée première : ce sujet réclame la simplicité, le malheur n'est alambiqué que lorsqu'il fait semblant...
Invité- Invité
Re: Tous ces gens… Et toi aussi
C'est magnifique!
Tant de pudeur et de délicatesse dans ces mots si simples, tant d'amour et de détresse partagés, et quelle humilité...
Tant de pudeur et de délicatesse dans ces mots si simples, tant d'amour et de détresse partagés, et quelle humilité...
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Tous ces gens… Et toi aussi
je préfère l'équilibre phonique de la première version du dernier vers
quand je lis : Et qu'on ne s'y puisse mêler ?, ma voix reste soutenue, à la même hauteur, à la même vitesse, à la même intonation, sans se relâcher
quand je lis : Et qu'on ne puisse s'y mêler ?, je ressens un endroit couper, un vide où je pourrais chuter... àprès le mot.... puisse... parce que je dois de nouveau appuyer sur la manette des gaz... pour attaquer le ....s'y de s'y mêler ?
et donc je me retrouve avec un effet de 4 + 2... et qu'on ne puisse s'y mêler .
Ce n'est pas une respiration, c'est le redoublement du S, à cet endroit, qui me déséquilibre la lecture...
à mon goûtje bien sûr !!!
amicalement toije !
quand je lis : Et qu'on ne s'y puisse mêler ?, ma voix reste soutenue, à la même hauteur, à la même vitesse, à la même intonation, sans se relâcher
quand je lis : Et qu'on ne puisse s'y mêler ?, je ressens un endroit couper, un vide où je pourrais chuter... àprès le mot.... puisse... parce que je dois de nouveau appuyer sur la manette des gaz... pour attaquer le ....s'y de s'y mêler ?
et donc je me retrouve avec un effet de 4 + 2... et qu'on ne puisse s'y mêler .
Ce n'est pas une respiration, c'est le redoublement du S, à cet endroit, qui me déséquilibre la lecture...
à mon goûtje bien sûr !!!
amicalement toije !
Re: Tous ces gens… Et toi aussi
j'aime,
très beau,
je préfère la première version avec : Et qu'on ne s'y puisse mêler ?
fort dans construction, à la fois sens et musique.
très beau,
je préfère la première version avec : Et qu'on ne s'y puisse mêler ?
fort dans construction, à la fois sens et musique.
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Tous ces gens… Et toi aussi
La première formulation est à retenir.
Un lexique simple pour ces pas solitaires qui appellent les présences du passé.
Les variations de longueur des vers donnent l'impression que les pensées se bousculent.
Un questionnement insistant devant une frontière invisible et muette.
Pas de réponses mais une grande authenticité.
Un lexique simple pour ces pas solitaires qui appellent les présences du passé.
Les variations de longueur des vers donnent l'impression que les pensées se bousculent.
Un questionnement insistant devant une frontière invisible et muette.
Pas de réponses mais une grande authenticité.
Carmen P.- Nombre de messages : 537
Age : 70
Localisation : Ouest
Date d'inscription : 23/04/2010
Re: Tous ces gens… Et toi aussi
Ce poème est particulièrement émouvant.
Les interrogations totales ("Tu sais / Le dernier chemin que tu as pris ?"), partielles, imbriquées ("Que fais-tu", "que dis-tu") ou non ("Pourquoi faut-il..." x 2) et la question rhétorique ("Et toi ?") illustrent l'extrême perplexité d'une pensée aux prises avec l'inexplicable, avec le sentiment d'absurdité que renvoie l'absence de l'autre ("vis-tu" / "non-vie"). L'évocation de la mort s'élargit, par effet de contagion, au reste des proches disparus ("Tous ces gens"). Le passé composé ("as pris", "sont partis") marque l'impossibilité d'une coupure, d'une mise à distance, d'une séparation définitive. La radicalité de la quête du lien est totale, à la fois dans le temps ("use mes souliers", anaphore de "chaque jour", "Tout le temps") et dans l'espace ("partout"). Elle ne souffre pas de pauses. La présence forte de déictiques est assez symptomatique d'un discours qui ne parvient pas à se décentrer du coeur de sa préoccupation. Ainsi, les pronoms personnels ("tu" x 4, "toi" x 3, "ta", "me", "moi", "ma"), l'indice spatio-temporel ("qui me vois là") et l'indice de monstration ("ce soir") signalent-ils cette insurmontable difficulté. Deux procédés de mise en relief jouent à plein ici pour exprimer cette proximité impossible à combler avec les défunts. C'est, d'abord, la construction segmentée ("Je les sens près de moi ce soir, tous ceux"). C'est, ensuite, une tournure impersonnelle, ici présentée sous sa forme interrogative ("faut-il" x 2). Le subjonctif ("puisse les toucher", "soient si près") et les deux négations rendent compte de l'impuissance fondamentale à établir une communication. La "main" de la locutrice se trouve irrémédiablement retenue à la porte d'un monde inaccessible.
Les interrogations totales ("Tu sais / Le dernier chemin que tu as pris ?"), partielles, imbriquées ("Que fais-tu", "que dis-tu") ou non ("Pourquoi faut-il..." x 2) et la question rhétorique ("Et toi ?") illustrent l'extrême perplexité d'une pensée aux prises avec l'inexplicable, avec le sentiment d'absurdité que renvoie l'absence de l'autre ("vis-tu" / "non-vie"). L'évocation de la mort s'élargit, par effet de contagion, au reste des proches disparus ("Tous ces gens"). Le passé composé ("as pris", "sont partis") marque l'impossibilité d'une coupure, d'une mise à distance, d'une séparation définitive. La radicalité de la quête du lien est totale, à la fois dans le temps ("use mes souliers", anaphore de "chaque jour", "Tout le temps") et dans l'espace ("partout"). Elle ne souffre pas de pauses. La présence forte de déictiques est assez symptomatique d'un discours qui ne parvient pas à se décentrer du coeur de sa préoccupation. Ainsi, les pronoms personnels ("tu" x 4, "toi" x 3, "ta", "me", "moi", "ma"), l'indice spatio-temporel ("qui me vois là") et l'indice de monstration ("ce soir") signalent-ils cette insurmontable difficulté. Deux procédés de mise en relief jouent à plein ici pour exprimer cette proximité impossible à combler avec les défunts. C'est, d'abord, la construction segmentée ("Je les sens près de moi ce soir, tous ceux"). C'est, ensuite, une tournure impersonnelle, ici présentée sous sa forme interrogative ("faut-il" x 2). Le subjonctif ("puisse les toucher", "soient si près") et les deux négations rendent compte de l'impuissance fondamentale à établir une communication. La "main" de la locutrice se trouve irrémédiablement retenue à la porte d'un monde inaccessible.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Tous ces gens… Et toi aussi
Un poème pudique et délicat quand ce qui a été est encore tellement tout autour de nous...
Petit instant de vie hors du temps, joliment partagé.
Merci
Sweet Heart
Petit instant de vie hors du temps, joliment partagé.
Merci
Sweet Heart
Sweet Heart- Nombre de messages : 98
Age : 46
Date d'inscription : 11/09/2011
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