ANONYME : Jacques et les ballons (Pandaworks)

Jacques écrit sur du papier simple des bouts de son passé simple.

Il eut, oui, il crut, il vit , il sut, maintenant il sue. Si seulement il pouvait essuyer tout ça. C'est fini, il a bouclé le prochain. Il est mélancolique, est heureux, disons qu'il est satisfait. Sciemment, il avait essayé d'asseoir une esquisse de sourire. Un diamant rare. Sourire seul c'est se moquer de soi ou bien? Si sot, il avait cité les saints.Encore plutôt, il avait sucé des seins.Enfin ça, c'était au tout début. Quand le futur était tellement devant qu'il n'était pas encore apprit. Qu'a donc le nouveau-né à faire du lendemain? Chaque éveil de sieste est juste la faim. C'était si loin ça. Ce temps-ci.

Jacques est vieux, très vieux. S'il avait voulu, il se serrait envolé, larvé dans une volute de sa vie. Un parfum qu'il aurait volé dans le volcan de ses souvenirs virevoltants. Mais il était là, lové, à véhiculer des voeux voués aux autres. Encore. Et toujours vers l'avant. C'est comme si sa vie ne se dévoilerait qu'à l'aveu du vécu.Comme si la honte récitée seule à soi-même n'avait plus de poids. C'était comme si le beau admiré par lui seul n'était que négoce entre l'accepté et le rejeté. Il se refuse à mourir.Ou la mort se refuse à lui. Juste une nuance dans la perspective. Au choix.




Jacques parcourt la distance qui sépare l'homme né et l'homme sage. Sagesse-vieillesse.Il n'en pense plus rien qui ne vaille la peine de se le répéter une nouvelle fois. Il ne rappelle rien qui ne vaille la peine de se retrouver une nouvelle foi. Seulement qu'il aimait. Alors il l'écrit. Son bout de texte préféré c'est: "je ne t'ai jamais dit je t'aime, mais je t'aimais, n'en verse larme car je t'aimerai" mais il en a des variantes infinies. Il les dépose à coté de la bouteille d'hélium. Celle des ballons. L'hélium pour les ballons. C'est sont nécessaire à bouteilles à la mer aériennes.Du papier simple, du passé simple, de l'hélium, des ballons de baudruche, des sachet plastiques étanches et une bobine de nylon. Du trente centième.Le "kit" du centenaire si vous voulez. Même pas besoin du vent. Une fois par jour à dix-sept heure trente-quatre Jacques lâche un ballon. Après il se chauffe un potage. Ou un pot pour bébés. Le dimanche, il se prépare un litre de lait premier-âge. Il en rit toujours. Puis il dort. A poings fermés. Il n'y a rien qu'il rêve qui soit notable. La vie suspendue à un fil se promène ailleurs que dans sa tête.




Il n'y a pas d'adresse sur le papier.. Pas de nom non plus. Il n'y aura donc pas l'ivresse d'une réponse, l'éclat d'un courrier, la luminosité d'un "qui êtes-vous?".Le semblant d'un "pourquoi?" non plus. Jacques n'attend plus le retour de l'amour ni ceux de manivelles. Aux Ormeaux, on l'aime bien de toute façon. Pensionnaires et personnel soignant. Là, il a ses quartiers, un peu à part des autres, et quelques privilèges. Même quand le vent balaye la terre et rend les autres fous, on lui fait confiance. Il sait tous des alizés, des simouns, des moussons.Des mistral,des vent d'Oc et des cumulonimbus. Son objet préferé? Un tapis volant, dont il regrette qu'il n'en n'ai jamais vu un pour de vrai. Claudine le consulte pour la météo à 3 jours, il la renseigne avec le plus grand plaisir. Il sait qu'il est Jacques, c'est déjà ça. Dès fois , les autres le taquinent, on le surnomme "Monsieur Météo" mais au bout du compte il en est fier.




Qui l'a conduit ici, à deux pas de l'océan et à des lieues d'où il venait? Il ne se souvient plus.Non plus. L'amnésie de l'âge ou la passion des ballons, qui sait ?. Il aime bien les ballons dirigeables aussi, ceux que l'on remplit d'air chaud et qui s'élèvent sans bruit , écoutés du sol. Et oui c'est bien les souvenir qui le lui rappellent, un jour il avait volé ! C'était en ville, à la foire.il y avait un stand où une petite Montgolfiert emmenait voir la haut pour quelques minutes à quoi ressemble le monde dans les yeux d'un piaf. C'était il y a si longtemps que la génération montante des oiseaux de l'époque était éteinte aujourd'hui.

Son amour aussi est manquant, alors il choisit la couleur de ses ballons avec soin.. Lundi serra le tour d'une baudruche bleue, mardi une rouge et mercredi pas décidé encore. Un jour c'est sur il suivra de près son dernier ballon! Qu'il le veuille ou non. Il suivra à l'écart mais surveillera d'un œil bienveillant le parcours libre et léger de l' assemblage. Il le verra s'élever, jouer avec les courants ascensionnels, se diriger vers où bon le vent lui semble, puis perdre de sa vigueur.Baisser en pression et se poser doucement dans des mains incrédules. la lettre sera lue par des yeux inconnus.Ce dernier je t'aime ne sera plus qu'un point final pour Jacques, l'être anonyme qui envoie des messages d'amours passés au futur, de la cour des Ormeaux, vous souvenez-vous? Cette petite bâtisse à l'écart de la ville et du temps. les gens qui y meurent y vivent un peu avant. Sauf Jacques, bien entendu, avec ses ballons, qui tarde.




Le soleil parcourt la grille d'entrée d' Est en Ouest du soir au matin, essentiellement les jours sans pluie, et c'est tout.

Grand sourire devant toutes ces allitérations, ce jeu de sonorités, bravo pour ça c'est très bien construit =). J'ai apprécié aussi le parallèle entre enfance et amnésie, assez connu mais tellement bien vu. Globalement un texte qui me plaît, et j'ai une petite idée de son auteur mais je ne vais peut-être pas donner mon avis tout de suite...

Des allitérations, des rimes internes, ok pour ça et pour le boulot que ça représente, oui, mais, qu’en est-il du texte, de sa trame, de la façon dont il fonctionne ? Admettons que j’ai sous les yeux le moteur d’un avion, la possibilité d’un voyage, ok, me manque le voyage même si les turbines ont de la gueule.
Je dis P.W.

je commente plus tard mais je dis "pas PW" ;-)

Bravo pour l'écriture on sent la maitrise, peut-être trop, car à force de jouer avec les mots, le style, le verbe on perd le sens du texte. C'est l'impression que ça m'a donné.

du mal à me laisser emporter par le texte. M'a semblé voir quelques maladresses et une narration un peu hésitante, manquant de construction dans sa progression. Pas trop fan.

Je dirai, vague idée, Numériplume

DE LA PART DE MENTOR:

« Jacques est vieux, très vieux. S'il avait voulu, il se serrait envolé, larvé dans une volute de sa vie. Un parfum qu'il aurait volé dans le volcan de ses souvenirs virevoltants. Mais il était là, lové, à véhiculer des vœux voués aux autres. Encore. Et toujours vers l'avant. C'est comme si sa vie ne se dévoilerait qu'à l'aveu du vécu » Que de sons en V ! Une phrase à l’image de tout le texte : ViVante. Malgré le fond qui traite de la vieillesse. Mais sans poncifs, sans lourdeurs, sans tristesse. C’est carrément beau en plus d’être touchant. Ton Jacques ne me semble pas si anonyme, au contraire, il se démarque tant des autres pensionnaires.
Beau texte, Panda. Et c’est pas seulement la ponctuation qui te trahit ! ;-)

Aucune distance ne sépare l'homme sage de l'homme né. Mais seul le sage le sait. Et tout le monde a un jour - ou nuit, qui sait - l'irrépressible envie de se larver dans une volute de sa vie. même si c'est une chienne de vie. Ouah ouah.

Agaçant de lucidité. Et d'une noire luminosité. Va comprendre...

Il est beau ce texte, tendre, poétique, mélodramatique aussi, mais pas trop, juste ce qu'il faut. Le bonhomme est attachant. J'ai apprécié que la tendresse ne tourne pas à guimauve, que l'écriture soit retenue, contenue.
Il y a une touche nostalgique qui me plaît, un petit soupir poussé à la fin, parce que c'est bon.

J'ai craint que le texte ne vire à l'exercice de style mais non. Parce que finalement les sons et le sens se mèlent, les images nous touchent. Au fil des lignes on s'attache au personnage que ta plume nous peint avec justesse.
Manque juste une relecture à ce texte et si je passe sur les quelques maladresses de frappe, j'adhère !

Charles a écrit:du mal à me laisser emporter par le texte. M'a semblé voir quelques maladresses et une narration un peu hésitante, manquant de construction dans sa progression. Pas trop fan.

Je dirai, vague idée, Numériplume

Bonjour la réputation! :-(

Numériplume a écrit:

Charles a écrit:du mal à me laisser emporter par le texte. M'a semblé voir quelques maladresses et une narration un peu hésitante, manquant de construction dans sa progression. Pas trop fan.

Je dirai, vague idée, Numériplume

Bonjour la réputation! :-(

Ben non ! je disais pas Numériplume pour les maladresses ... je disais Numériplume parce que me semblait que ce qui était raconté pouvait peut être se rapprocher du peu que je connais de ton univers ! ;-)

Charles a écrit:

Numériplume a écrit:Bonjour la réputation! :-(

Ben non ! je disais pas Numériplume pour les maladresses ... je disais Numériplume parce que me semblait que ce qui était raconté pouvait peut être se rapprocher du peu que je connais de ton univers ! ;-)

Comme tu connais un peu mon univers, tu vas trouver facilement mon texte. ;-)

Oui, il y a beaucoup de tendresse. Mais par moment, je me suis tout de même un petit peu perdue (mais moins que d'habitude). Oui, peut-être une relcture pour alleger...

Une ambiance certes mais parfois un peu confuse à moins que ce ne soit pour mieux décrire l'état de Jacques....Suis restée un peu sur le bord.

Assez d'accord avec Yali, un texte qui démontre une grande potentialité ! (un texte gonflé si je voulais faire un jeu de mot).

C'est un texte très "joueur", des inventions de mots, des figures de styles, des idées. Chaque jeu ou presque je le trouve réussi, je prends donc beaucoup de plaisir. Il y a plus "des styles" qu'un style, et une anarchie de directions, une densité de propos, la tête nous tourne un peu. C'est bien, mais plus maîtrisé, ça peut devenir grand. Comme cette phrase de fin :

Le soleil parcourt la grille d'entrée d' Est en Ouest du soir au matin, essentiellement les jours sans pluie, et c'est tout.

Détail technique typo : un espace après les points.

C'est comme si sa vie ne se dévoilerait
euh... y a qu'à mes oreilles que ça fait très mal ?

Sinon j'ai eu du mal à entrer dans le texte, pourtant y a des jeux de sens et de sons, mais je ne sais pas, pas accroché... même si j'aime beaucoup l'idée des ballons

Ah oui, je dirais PW ;0)

"Il n'y a pas d'adresse sur le papier.. Pas de nom non plus."

Je n'ai commencé à apprécier qu'à partir de là. Avant le style est trop lourd à mon goût, je rejoins je commentaire de Yali sur l'avion ^^.

Il y a ce côté très travaillé avec l'histoire en second plan !

Je dirais aussi PW, mais pas certaine.

Commentaire : des souvenirs manquant à ceux plus présents, la mémoire inscrite sur des papiers volants n'est pas le fait d'une personne agée. L'idéal de la vieillesse s'oublie avec l'âge. J'accorde peu de crédibilité à cette histoire pleine de poésie.