ANONYME : Petit chevalier (Ninananère)

« - C’est fini ? »
« - Est-ce que c’est fini ? »
« - Ça chatouille… »
Hubert fit les gros yeux. Il savait que ça marchait. Ça marchait à tous les coups. Et s’il pinçait en plus ses lèvres et grossissait ses narines, l’effet était encore plus fort. C’est ce qu’il fit. Dylan cessa immédiatement de gesticuler dans tous les sens.
Il était impatient de voir sa nouvelle coiffure. Maman refusait de lui couper les cheveux. Elle trouvait ses petites boucles blondes tellement belles…
C’est sûr qu’elle ferait une drôle de tête, quand elle le verrait à midi.
C’était Mamé qui gardait Dylan, le mercredi. Et tous les autres jours d’ailleurs. Maman travaillait dans les cafés, elle servait à table, jusque tard le soir. Et Dylan n’avait plus de Papa.
Ce n’est pas que Mamé était vieille. Mais s’occuper de Dylan toute la journée, c’était épuisant. Elle faisait de son mieux, mais ce n’était pas son fils, après tout.
Alors parfois, le mercredi, Mamé prenait le bus avec Dylan jusqu’au Centre Commercial. Et dans le Grand Magasin, elle l’installait au rayon des livres. Comme ça, elle pouvait faire une petite promenade, un moment pour elle, toute seule.

Dylan, n’avait pas le droit de bouger. C’était interdit.
Mamé choisissait suffisamment de livres pour l’occuper jusqu’à son retour. Il avait le temps d’en lire trois ou quatre. Ceux qu’il préférait, étaient les livres de chevaliers. Il regardait attentivement les détails de chaque image. Il avait trouvé son métier pour plus tard, il serait Chevalier.

C’était là qu’Hubert était venu le chercher. Dylan avait trouvé l’idée tellement géniale. Pour une fois qu’une grande personne s’intéressait à lui et qu’il pouvait faire une activité sans Mamé.
Finalement Hubert était gentil, même s’il parlait peu et faisait souvent les gros yeux méchants d’Ogre. Et son atelier était vraiment génial. Ça allait être une super surprise pour Maman et Mamé.
Il avait hâte qu’Hubert finisse. Même s’il avait désobéi à Mamé, Dylan savait qu’elle ne le punirait pas.

« - C’est fini ? »
Hubert lui épousseta la nuque.
Dylan se regarda dans la glace. Ça lui faisait bizarre de se voir comme ça. Maintenant, il voyait ses oreilles et presque le dessus de son crane. Et surtout, il avait froid à la tête. Hubert lui passa une cagoule. C’était presque parfait. Il changea sa tenue de jogging par un pantalon marron et un polo vert foncé. Il enleva aussi ses baskets, et chaussa à la place des chaussures en toiles noires. Maintenant, c’était parfait. Il ressemblait vraiment à un chevalier.

Dylan aurait bien aimé s’observer encore une fois dans la glace, mais il fallait se dépêcher. Ça avait pris beaucoup plus de temps que prévu de se déguiser. Dylan avait encore du mal à s’habiller tout seul. Heureusement, Hubert était gentil, il l’avait aidé.

Le temps pressait. Mamé avait probablement dû rentrer à la maison. Peut-être était-elle même en colère, de voir que Dylan n’était plus au rayon des livres. Peut-être Maman allait-elle disputer Mamé, d’avoir laisser Dylan tout seul. Elle ne savait pas qu’il arrivait à Mamé de faire des petites promenades, sans Dylan, dans le Centre Commercial.

Heureusement qu’Hubert avait une petite camionnette.

Tous les deux sortirent des toilettes pour hommes, en ce tenant par la main. Comme ça, Hubert aidait Dylan à marcher plus vite.
Rapidement ils se dirigèrent vers le marchand de tabac, Porte 14, où était garer la camionnette d’Hubert. A ce moment-là, Dylan remarqua que le scratch de sa chaussure s’était défait. Il se baissa pour le recoller.
Au même instant, Mamé payait ses deux paquets de cigarette, au tabac, Porte 14. C’est alors, qu’elle aperçut un petit garçon déguiser en chevalier, qui rattachait sa chaussure. Elle rangea rapidement son porte-monnaie et les cigarettes dans son sac à main. Elle pressa le pas, pour chercher son petit-fils, laissé vingt bonnes minutes plutôt au rayon livres, du Grand Magasin.

Sur le parking, Dylan se faisait une joie de rentrer chez lui en camionnette. C’était plus amusant que le bus. Mais il était encore trop petit pour s’assoire devant, à côté d’Hubert. Alors, il monta à l’arrière. C’était moins drôle. Ça sentait mauvais et Dylan ne pouvait pas voir au dehors, il n’y avait pas de fenêtre.

Il était bientôt onze heures et demi.
Hubert démarra la camionnette et quitta le parking rapidement. Il s’engagea sur la bretelle d’accélération de l’autoroute. Il ne fallait pas faire attendre Maman et Mamé. Elles pouvaient s’inquiéter. Et la surprise ne pouvait plus attendre.

Alors qu’Hubert lisait midi moins le quart sur la pendule de la camionnette, il passa la quatrième vitesse.
Et Dylan gloussa en pensant à sa surprise vraiment extraordinaire.
Au même instant, Maman se précipita vers l’arrêt de bus, en direction du Centre Commercial. Quant à Mamé, entourée de deux policiers, elle s’effondra sur un banc en bois, du service de sécurité du Grand Magasin.
Et au même moment, un homme d’entretient trouva de belles boucles blondes, sur le sol des toilettes pour homme, du Centre Commercial.

Histoire sympathique d'un enfant innocent qui cherche à s'exprimer, expression fluide et idées enfantines pour retranscrire la démarche de l'enfant. Tout ça est bien mené donc, mais laisse quand même un goût d'inachevé. Peut-être qu'une suite est prévue... Petit soupçon sur l'identité de l'auteur =)

Dur, très dur … pas sûr d'avoir eu la même lecture que Klash qui l'a trouvé "sympathique" ?! ou alors j'ai pas tout compris ... Bien écrit, bien mené et construit, le but est atteint mais ça me fout le bourdon …

Je dirai Nina

DE LA PART DE MENTOR:

Le coup de l’enlèvement je l’ai pressenti très vite, dommage, ça m’a un peu gâché tout le reste. Mais c’est si bien mené et écrit que ça passe. J’aurais bien vu quelques petits dialogues intégrés au texte, histoire de rendre encore plus vif, plus vivant, notamment le mystérieux Hubert.
J’hésite beaucoup quant à l’auteur. Faut que je relise. Peut-être Zou.

Ha dis donc, l'horreur racontée avec tendresse et humour, voire même une certaine gaieté! J'ai aimé, malgré quelques toutes petites maladresses de style, comme l'auteur amène la progression, le déroulement de la scène. Comment les choses se mettent en place aussi dans la tête du petit garçon. Vu de l'autre côté de la barrière, ça n'en rend pas l'enlèvement moins moche mais ça lui donne un aspect différent, presque humain (et ça, c'est terrible!)
Un texte bien vu!

il est mignon ce texte, malgré quelques maladresses ci et là.
Je dis Nina

Un texte lu sans heurt, si ce n'est la répétition des prénoms qui m'a un peu génée. Certes elle est là pour appuyer le langage enfantin mais le procédé est un peu artificiel et lasse.
Pour le reste, une trame pas mal construite, mais qui file tout droit vers sa fin, sans digresser, sans bousculer le temps, sans creuser davantage ces petits morceaux de vie qu'on croise. C'est dommage.

Des mots simples pour écrire un évènement terrible...
j'ai trouvé que l'on comprenait vite qu'il s'agissait d'un enlèvement. Je ne sais pas s'il y avait l'idée de faire durer un suspense... ?
Peut-être la fin arrive-t-elle trop vite ? C'est dommage.

Vachement grinçant. La chute est prévisible mais n'empêche, le lecteur est tenu malgré tout en haleine espérant sans doute que non, ça va pas arriver, que quelqu'un va sauver l'enfant. Un moment de lecture assez prenant.

Je trouve que c'est une histoire qui est plus racontée pour des enfants que par un enfant. Soi-disant racontée pour des enfants, car il y a le niveau de narration "adulte". Dans ce sens, je trouve que c'est plutôt bien réalisé. L'histoire est bien menée, on comprend vite (en adulte !)... De petites maladresses, pas tellement.

Je ne suis pas fan du genre, mais j'ai trouvé que le texte tenait bien.

petite histoire bien menée.
un sombre sujet joliment traité, j'aime assez l'idée.
mais cela manque peut être un peu de longueur, le texte aurait pu être plus étoffé, fouillé au niveau des sentiments.
globalement j'aime

L'énumération puis la répétition des noms et prénoms me tuent, comme d'habitude. Je rêve que les gens ne portent plus de noms.
la qualité du texte est cependant là, on ressent une impatience à découvrie ce qui se trame enfin.
je donne une bonne moyenne à ce texte, car il a accroché mon interet malgré son handicap de départ.

J'ai beaucoup aimé !
Je trouve la fin bien trouvée, la mamé entourée de deux policiers et les boucles blondes pour suggérer l'enlèvement
Intéressant aussi cette grand-mère qui laisse son petit fils seul pour aller faire un tour, elle est bien croquée
Mais le petit garçon semble connaitre ce Hubert ? j'aurais bien aimé savoir moi aussi !
C'est bien de voir la scène à travers les yeux de l'enfant qui pense que c'est un jeu
Un texte bien fait que j'ai eu beaucoup de plaisir à lire!

C'est vrai que l'enlèvement n'est pas une surprise. Au niveau du scénario, c'est très prévisible et même le coup de la porte 14 ne surprend pas, on sait que c'est pour mettre du suspense. Donc au niveau scénario, je dirais que ce n'était pas ma tasse de thé.

En revanche j'ai trouvé l'écriture très touchante, très juste. Malgré le fait que ça soit prévisible il y quand même émotion grâce à la façon dont tu le racontes.

"Il avait trouvé son métier pour plus tard, il serait Chevalier."

Celle-là, j'adore (pour l'avoir de nombreuses fois entendue...).

Je n'ai pas accroché. Peut-être parce que c'est puéril dans la narration et dans ce genre d'histoire je préfère le côté tendue, course contre-la-montre, cache-cache, glauque.
Par contre c'est très bien écrit

Oui c'est bien une histoire terrible, racontée sur un ton faussement désabusé. L'attraction qu'exerce cet Hubert sur l'enfant n'est cependant pas très explicite, et sa personnalité aurait gagné à être développée. Le ton vacille entre la fantaisie enfantine et la sécheresse du compte-rendu criminologique. C'est sans doute ce qui m'a empêché de rentrer à fond dans ce récit pourtant ambitieux et bien construit.

Commentaire : le scénario est réalisable mise à part quelques défauts “de jeunesse”. La mise en confiance du gamin aurait besoin d'être travaillé, tout comme le départ précipité. La tournure de la dernière scène laisse une vaste palette des “possibles” à imaginer. J'aime l'ensemble.

Bon, sans grande surprise pour certains d'entre vous, oui, c'est moi.