Exo « Comme une photo mentale » : Noir c'est noir
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Exo « Comme une photo mentale » : Noir c'est noir
Depuis quarante ans, régulièrement, je venais me poser à cet endroit, juste devant les rochers gris qui bordaient l’étendue de la plage.
J’étais à présent comme fondue dans le décor, une masse minérale, monolithique, impassible et immobile, comme les rochers, mais les rochers ont-ils une mémoire ? Ont- ils des rêves déchiquetés, des amours mortes, des espoirs avortés, ont-ils froid en été ?
Ils m’avaient connu petite fille timide et enjouée à la fois, redoutant les mouvements de marée qui faisaient s’écrouler mes châteaux de sable, puis jeune fille aventureuse, fascinée par l’océan, et son immensité, ils m’avaient connu, jeune femme, guerrière face à l’adversité, aux tempêtes de sable, inflexible sous les vents violents,et les pluies transperçantes, ils m’avaient connu baignée de lumière de soleil ou de sommeil.
Ces rochers étaient déjà là lorsque accompagnée de mes grands parents, parents amis, amants ou enfants, nous riions ensemble d’une vague qui nous renversait, d’un reflux de marée qui nous mouillait soudainement les pieds et le bas de la serviette, d’un ballon envoyé malencontreusement sur une tête ou du sable échappé d’une serviette secouée avec un peu trop d’insouciance.
En gardaient ils le moindre souvenir alors qu’aujourd’hui ils étaient les seuls garants de mon passé et peut-être bien de mon avenir ?
Alors que la plupart des gens s’installaient le plus près possible de l’eau, j’avais toujours préféré rester à leur contact. Assise sur eux, adossée à eux, immuables à travers les années qui passaient, je pouvais observer en paix l’Atlantique, la Pointe de Grave, le spectacle des saisons, les grandes marées, les va et vient des promeneurs, les familles en goguette, les acrobaties des surfers, mais aussi les courses des serveurs orchestrant les valses des plateaux et les tournées de Coca cola et d’ Orangina sur la terrasse du petit café qui jouxtait cette partie de la plage.
Rien ne m’échappait non plus si je le souhaitais du spectacle de la rue. Ainsi j’assistais au défilé des voitures, des vélos, des scooters Boulevard de l’Océan et puis aussi des skate boarders, des poussettes, des patinettes sur le trottoir. Tout en suivant avec constance les évolutions des petits avions publicitaires, le manège des dragueurs, la fuite des nuages, les déambulations de la marchande de beignets, la ronde des années, les minauderies des midinettes, les déambulations prudentes des petits vieux, et les apparitions et disparitions comiques d’enfants silencieux, suspendus en l’air furtivement par l’action d’un trampoline que me cachait la petite cabane en bois du club Mickey, je rêvais à d’autres horizons, je digérais le passé, j’envisageais le futur….
A présent , comme fondue dans le décor, minérale, monolithique, impassible et immobile, comme les rochers, je me demande à quoi me sert ma mémoire. Mes rêves déchiquetés, mes amours mortes, mes espoirs avortés . Je me demande pourquoi j’ai maintenant si froid en été.
Je suis la dame en maillot noir posée là bas prés d’un rocher, celle à qui nul ne prête attention, tant elle est absente, invisible. Roulée en boule, je contemple planquée derrière mes lunettes noires, un paysage gris, glacé, figé, désert et désolé, plus aucun son ne me parvient de l’extérieur.
Dans ma tête une vieille chanson : « Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir, gris c’est gris et tout est fini »
Je l’attends patiemment.
Je la guette et je l’attends. L’immense vague qui va venir, qui va grossir, qui va rugir, et puis frapper dans un bruit de tonnerre, déferler et me déchiqueter sur mes rochers. Je l’attends, je l’espère, et je n’ai plus peur.
Soudain un choc violent me fait trembler. Un ballon, je ne le crois pas ! Je viens de me prendre un ballon en pleine tête !
- Oh désolé, désolé, je suis confus c’est ma fille ! Elle est incapable de viser correctement !
- Oh, le menteur, dis donc papa assume ta maladresse s’il te plait !
- Vous avez toute la plage pour jouer au ballon et il faut que vous jouiez à côté de moi ! Je déteste les emmerdeurs de plage !
- Nous aussi on déteste les emmerdeurs de plage en fait ! On s’est installés par ici parce qu’il n’y a personne, à part vous, ils sont tous au bord de l’eau , et vous n’avez pas l’air d’une emmerdeuse de plage !
- Qu’est ce que vous en savez ?
Je regarde songeuse le sourire qui vient de m’échapper et de s’envoler en tourbillonnant lentement.
- Ecoutez pour me faire pardonner laissez moi vous inviter à prendre un verre au Café de la Plage et faisons connaissance je verrai bien quelle genre d’emmerdeuse vous êtes. Mais je me présente : Pierre Rocher. Ma fille Jade 12 ans, est aussi orfèvre en la matière… Je veux dire dans le genre emmerdeuse et pas que de plage.
-Alors là, papa, comme tu dis toi-même les chiens ne font pas des chats !
Interloquée, je jette un œil à Jade resplendissante dans toute l’insolence de sa juvénilité éclatante puis l’autre à son père qui prend un air à la fois penaud et approbateur.
Une vague se forme au loin, court un court instant, grossit et puis déborde .Tous les trois nous éclatons de rire, une sorte de fou rire prompt à faire éclater toutes les digues de la raison et de la déraison, à briser les amarres, un rire qui reflue ensuite doucement comme un petit vent de folie capable de faire se plier en deux et les vieux chênes et les jeunes roseaux mais sans les rompre, le silence revient, il semble habité.
Quelques minutes plus tard, assise sous un parasol sur la terrasse du Café de la Plage, en compagnie de Jade et de son père, je sens fondre l’iceberg sur lequel je dérivais, le soleil me réchauffe d’un coup et j’entends à nouveau les rires des enfants du club Mickey, sautant sur le trampoline.
- Tu veux boire quoi Jade ? Un Perrier histoire de buller un peu plus ?
L’homme au cœur de Pierre me lance un clin d’œil que j’attrape au vol.
L’air pétille, les couleurs réapparaissent, les gens s’animent autour de moi, je commande un Martini on the rocks, Raoul le serveur me lance: « ça roule ma poule et je dirai même plus ça raoule».
Ainsi va ma vie. Rock and roll.
J’étais à présent comme fondue dans le décor, une masse minérale, monolithique, impassible et immobile, comme les rochers, mais les rochers ont-ils une mémoire ? Ont- ils des rêves déchiquetés, des amours mortes, des espoirs avortés, ont-ils froid en été ?
Ils m’avaient connu petite fille timide et enjouée à la fois, redoutant les mouvements de marée qui faisaient s’écrouler mes châteaux de sable, puis jeune fille aventureuse, fascinée par l’océan, et son immensité, ils m’avaient connu, jeune femme, guerrière face à l’adversité, aux tempêtes de sable, inflexible sous les vents violents,et les pluies transperçantes, ils m’avaient connu baignée de lumière de soleil ou de sommeil.
Ces rochers étaient déjà là lorsque accompagnée de mes grands parents, parents amis, amants ou enfants, nous riions ensemble d’une vague qui nous renversait, d’un reflux de marée qui nous mouillait soudainement les pieds et le bas de la serviette, d’un ballon envoyé malencontreusement sur une tête ou du sable échappé d’une serviette secouée avec un peu trop d’insouciance.
En gardaient ils le moindre souvenir alors qu’aujourd’hui ils étaient les seuls garants de mon passé et peut-être bien de mon avenir ?
Alors que la plupart des gens s’installaient le plus près possible de l’eau, j’avais toujours préféré rester à leur contact. Assise sur eux, adossée à eux, immuables à travers les années qui passaient, je pouvais observer en paix l’Atlantique, la Pointe de Grave, le spectacle des saisons, les grandes marées, les va et vient des promeneurs, les familles en goguette, les acrobaties des surfers, mais aussi les courses des serveurs orchestrant les valses des plateaux et les tournées de Coca cola et d’ Orangina sur la terrasse du petit café qui jouxtait cette partie de la plage.
Rien ne m’échappait non plus si je le souhaitais du spectacle de la rue. Ainsi j’assistais au défilé des voitures, des vélos, des scooters Boulevard de l’Océan et puis aussi des skate boarders, des poussettes, des patinettes sur le trottoir. Tout en suivant avec constance les évolutions des petits avions publicitaires, le manège des dragueurs, la fuite des nuages, les déambulations de la marchande de beignets, la ronde des années, les minauderies des midinettes, les déambulations prudentes des petits vieux, et les apparitions et disparitions comiques d’enfants silencieux, suspendus en l’air furtivement par l’action d’un trampoline que me cachait la petite cabane en bois du club Mickey, je rêvais à d’autres horizons, je digérais le passé, j’envisageais le futur….
A présent , comme fondue dans le décor, minérale, monolithique, impassible et immobile, comme les rochers, je me demande à quoi me sert ma mémoire. Mes rêves déchiquetés, mes amours mortes, mes espoirs avortés . Je me demande pourquoi j’ai maintenant si froid en été.
Je suis la dame en maillot noir posée là bas prés d’un rocher, celle à qui nul ne prête attention, tant elle est absente, invisible. Roulée en boule, je contemple planquée derrière mes lunettes noires, un paysage gris, glacé, figé, désert et désolé, plus aucun son ne me parvient de l’extérieur.
Dans ma tête une vieille chanson : « Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir, gris c’est gris et tout est fini »
Je l’attends patiemment.
Je la guette et je l’attends. L’immense vague qui va venir, qui va grossir, qui va rugir, et puis frapper dans un bruit de tonnerre, déferler et me déchiqueter sur mes rochers. Je l’attends, je l’espère, et je n’ai plus peur.
Soudain un choc violent me fait trembler. Un ballon, je ne le crois pas ! Je viens de me prendre un ballon en pleine tête !
- Oh désolé, désolé, je suis confus c’est ma fille ! Elle est incapable de viser correctement !
- Oh, le menteur, dis donc papa assume ta maladresse s’il te plait !
- Vous avez toute la plage pour jouer au ballon et il faut que vous jouiez à côté de moi ! Je déteste les emmerdeurs de plage !
- Nous aussi on déteste les emmerdeurs de plage en fait ! On s’est installés par ici parce qu’il n’y a personne, à part vous, ils sont tous au bord de l’eau , et vous n’avez pas l’air d’une emmerdeuse de plage !
- Qu’est ce que vous en savez ?
Je regarde songeuse le sourire qui vient de m’échapper et de s’envoler en tourbillonnant lentement.
- Ecoutez pour me faire pardonner laissez moi vous inviter à prendre un verre au Café de la Plage et faisons connaissance je verrai bien quelle genre d’emmerdeuse vous êtes. Mais je me présente : Pierre Rocher. Ma fille Jade 12 ans, est aussi orfèvre en la matière… Je veux dire dans le genre emmerdeuse et pas que de plage.
-Alors là, papa, comme tu dis toi-même les chiens ne font pas des chats !
Interloquée, je jette un œil à Jade resplendissante dans toute l’insolence de sa juvénilité éclatante puis l’autre à son père qui prend un air à la fois penaud et approbateur.
Une vague se forme au loin, court un court instant, grossit et puis déborde .Tous les trois nous éclatons de rire, une sorte de fou rire prompt à faire éclater toutes les digues de la raison et de la déraison, à briser les amarres, un rire qui reflue ensuite doucement comme un petit vent de folie capable de faire se plier en deux et les vieux chênes et les jeunes roseaux mais sans les rompre, le silence revient, il semble habité.
Quelques minutes plus tard, assise sous un parasol sur la terrasse du Café de la Plage, en compagnie de Jade et de son père, je sens fondre l’iceberg sur lequel je dérivais, le soleil me réchauffe d’un coup et j’entends à nouveau les rires des enfants du club Mickey, sautant sur le trampoline.
- Tu veux boire quoi Jade ? Un Perrier histoire de buller un peu plus ?
L’homme au cœur de Pierre me lance un clin d’œil que j’attrape au vol.
L’air pétille, les couleurs réapparaissent, les gens s’animent autour de moi, je commande un Martini on the rocks, Raoul le serveur me lance: « ça roule ma poule et je dirai même plus ça raoule».
Ainsi va ma vie. Rock and roll.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exo « Comme une photo mentale » : Noir c'est noir
Un beau texte qui m' a ému. Des mots simples, quelques images discrètes et beaucoup de subtilité, de sensibilité. Même quand on croit être tout au bout du "rouleau", il suffit d'un petit rien pour que la vie reprenne des couleurs.
Touché coulé :o)
Touché coulé :o)
Legone- Nombre de messages : 1121
Age : 51
Date d'inscription : 02/07/2012
Re: Exo « Comme une photo mentale » : Noir c'est noir
Je viens de relire l'exposé des contraintes : tu es parfaitement dans le ton de l'exercice.
Legone- Nombre de messages : 1121
Age : 51
Date d'inscription : 02/07/2012
Re: Exo « Comme une photo mentale » : Noir c'est noir
Bien, félicitations ! Et en avance, avec ça ! Je te dis qu'il va falloir que je me remue le popotin et pas qu'un peu.
Tu places la barre plutôt haut, Rebecca. Ça donne envie de "lire" davantage de photos comme celle-là.
Tu places la barre plutôt haut, Rebecca. Ça donne envie de "lire" davantage de photos comme celle-là.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Exo « Comme une photo mentale » : Noir c'est noir
Un texte très émouvant, d’autant que d’un point de vue tout à fait personnel, j’ai vu le décor et revécu mon enfance, tu as su si bien décrire ce coin de plage, tu m’y a transportée le temps de la lecture, c’était doux et nostalgique à la fois, merci.
Pour ce qui est du texte, j’ai aimé les pensées intimes, la vague à l’âme, parfaitement rendues. Mais moins les dialogues qui ne m'ont pas semblé naturels, notamment ceux de Jade et le jeu de mot final de Pierre Rocher. Je ne parle pas de celui de Raoul, à mon humble avis, en trop.
Je crois que j'aurais aimé que ça s'arrête là : Quelques minutes plus tard, assise sous un parasol sur la terrasse du Café de la Plage, en compagnie de Jade et de son père, je sens fondre l’iceberg sur lequel je dérivais, le soleil me réchauffe d’un coup et j’entends à nouveau les rires des enfants du club Mickey, sautant sur le trampoline.
Cette intrusion brusque d'un humour léger est pour moi en total décalage avec la profondeur de ce qui précède, j'ai tenté de le voir comme le nouvel état d'esprit de la narratrice mais ça ne passe pas, l'iceberg qui fond et le soleil qui illumine la scène suffisent amplement pour moi.
Excepté ce bémol, bel exo et lecture agréable.
Pour ce qui est du texte, j’ai aimé les pensées intimes, la vague à l’âme, parfaitement rendues. Mais moins les dialogues qui ne m'ont pas semblé naturels, notamment ceux de Jade et le jeu de mot final de Pierre Rocher. Je ne parle pas de celui de Raoul, à mon humble avis, en trop.
Je crois que j'aurais aimé que ça s'arrête là : Quelques minutes plus tard, assise sous un parasol sur la terrasse du Café de la Plage, en compagnie de Jade et de son père, je sens fondre l’iceberg sur lequel je dérivais, le soleil me réchauffe d’un coup et j’entends à nouveau les rires des enfants du club Mickey, sautant sur le trampoline.
Cette intrusion brusque d'un humour léger est pour moi en total décalage avec la profondeur de ce qui précède, j'ai tenté de le voir comme le nouvel état d'esprit de la narratrice mais ça ne passe pas, l'iceberg qui fond et le soleil qui illumine la scène suffisent amplement pour moi.
Excepté ce bémol, bel exo et lecture agréable.
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Exo « Comme une photo mentale » : Noir c'est noir
Tu avais, toi aussi, devancé l'appel du 17 février!
La scène est bien campée, ça tient la route, enfin, le vent!
J'ai préféré la première moitié du texte, plus intense.
La scène est bien campée, ça tient la route, enfin, le vent!
J'ai préféré la première moitié du texte, plus intense.
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Exo « Comme une photo mentale » : Noir c'est noir
Un beau texte, Reb, empli de sensibilité et de douceur. Et puis j'aime que ça se termine bien, en forme de promesse, alors que les histoires d'amour naissantes en cours et à venir, c'est en général pas du tout mon truc mais il y a ici une intimité, un partage dans les pensées de la narratrice qui font que l'envie de lui voir de bonnes choses tomber sur sa tête est là.
J'aime également la réserve dans le ton que tu emploies, cette sobriété pour décrire les événements sans trop en faire; c'est en harmonie avec le contenu.
J'aime également la réserve dans le ton que tu emploies, cette sobriété pour décrire les événements sans trop en faire; c'est en harmonie avec le contenu.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo « Comme une photo mentale » : Noir c'est noir
J'aurais préféré que le texte s'arrête à " habité". Il aurait été beaucoup plus fort comme cela. Après c'est superflu me semble-t-il. "Pierre Rocher", peut-être que c'est trop aussi. Tout le reste sonne très juste, nostalgique mais avec une note pleine d'espoir.
Merci pour ce beau texte, Rebecca.
Merci pour ce beau texte, Rebecca.
obi- Nombre de messages : 575
Date d'inscription : 24/02/2013
Exo « Comme une photo mentale » : Noir c'est noir
Je le trouve plutôt pertinent, ce spectre qui va de l'introspection douloureuse au quotidien des blagues éculées. Telle est la vie.
Et puis ce "rock" est un nouvel écho au rocher. Roulez jeunesse !
Merci, Rebecca !
Et puis ce "rock" est un nouvel écho au rocher. Roulez jeunesse !
Merci, Rebecca !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Exo « Comme une photo mentale » : Noir c'est noir
Madame Rebecca.
Je vois que sur ce forum, comme sur d'autres que je connais, les gens disent beaucoup “merci“, un peu comme si l'on avait écrit un texte d'exercice rien que pour leur faire plaisir à eux personnellement. Ainsi, il masquent souvent le bâillement qu'ils cherchent à dissimuler, car au fond, ils sont gentils, mais surtout flemmards. Commenter c'est du boulot.
Personnellement, je n'aime pas beaucoup le côté masse minérale qui se tient en retrait depuis quarante ans. Je te le dis tout net. Ça ne m'émeut pas du tout les poses Lamartiniennes, les silhouettes renfrognées dans leur positions caractérielles devant la splendeur déliquescente des paysages (la Pointe de Grave, le spectacle des saisons, les grandes marées…). Je soupçonne immédiatement la caricature, le poncif, le cliché.
Mais, comme dans la deuxième partie, tu nous fais carrément comprendre qu'en fait c'est une pose (donc une attitude qui envoie un message codé : “je m'ennuie toute seule“), destinée à se faire draguer par un sémillant Monsieur, ce dernier n'hésitant d'ailleurs pas à utiliser le rire candide de sa fille pour parvenir à ses fins (je le vois en train de dire à la gamine, “envoie le ballon sur la tête de la dame là“), je trouve l'idée très amusante et parfaitement adaptée à l'exercice.
Je reprocherai seulement à l'ensemble de ne pas être assez tranché, puisque certains lecteurs sont “émus“ par l'apparente détresse de ton personnage (car ce n'est pas toi n'est-ce pas ?) et d'autres choqués de voir se révéler chez ce personnage —qu'ils avaient de prime abord pris pour une femme mure, désabusée et résignée à ne plus tenter de séduire qui que ce soit— une luronne rock & roll à la limite de la cougard, enquillant sans sourciller des martini on the Rock on ne peut plus symboliques. Voilà. Je pense que tu y gagnerai à forcer le trait afin de rendre crédible le passage de la désespérée à la délurée. Mais l'idée est excellente je trouve.
Si c'est l'idée que tu as eu : ce dont je ne suis pas totalement certain.
Je vois que sur ce forum, comme sur d'autres que je connais, les gens disent beaucoup “merci“, un peu comme si l'on avait écrit un texte d'exercice rien que pour leur faire plaisir à eux personnellement. Ainsi, il masquent souvent le bâillement qu'ils cherchent à dissimuler, car au fond, ils sont gentils, mais surtout flemmards. Commenter c'est du boulot.
Personnellement, je n'aime pas beaucoup le côté masse minérale qui se tient en retrait depuis quarante ans. Je te le dis tout net. Ça ne m'émeut pas du tout les poses Lamartiniennes, les silhouettes renfrognées dans leur positions caractérielles devant la splendeur déliquescente des paysages (la Pointe de Grave, le spectacle des saisons, les grandes marées…). Je soupçonne immédiatement la caricature, le poncif, le cliché.
Mais, comme dans la deuxième partie, tu nous fais carrément comprendre qu'en fait c'est une pose (donc une attitude qui envoie un message codé : “je m'ennuie toute seule“), destinée à se faire draguer par un sémillant Monsieur, ce dernier n'hésitant d'ailleurs pas à utiliser le rire candide de sa fille pour parvenir à ses fins (je le vois en train de dire à la gamine, “envoie le ballon sur la tête de la dame là“), je trouve l'idée très amusante et parfaitement adaptée à l'exercice.
Je reprocherai seulement à l'ensemble de ne pas être assez tranché, puisque certains lecteurs sont “émus“ par l'apparente détresse de ton personnage (car ce n'est pas toi n'est-ce pas ?) et d'autres choqués de voir se révéler chez ce personnage —qu'ils avaient de prime abord pris pour une femme mure, désabusée et résignée à ne plus tenter de séduire qui que ce soit— une luronne rock & roll à la limite de la cougard, enquillant sans sourciller des martini on the Rock on ne peut plus symboliques. Voilà. Je pense que tu y gagnerai à forcer le trait afin de rendre crédible le passage de la désespérée à la délurée. Mais l'idée est excellente je trouve.
Si c'est l'idée que tu as eu : ce dont je ne suis pas totalement certain.
gaspard- Nombre de messages : 132
Age : 107
Date d'inscription : 06/04/2014
Re: Exo « Comme une photo mentale » : Noir c'est noir
Une dernière chose : ce Pierre Rocher ne serait-il pas un avatar de Henri-Pierre Roché, l'auteur de Jules et Jim ? Ainsi ce Pierre devient le Jules de celle qui les aime “on the rock“. Amusant (j'y ai pensé après, mais tu y a peut-être pensé avant toi !
gaspard- Nombre de messages : 132
Age : 107
Date d'inscription : 06/04/2014
Re: Exo « Comme une photo mentale » : Noir c'est noir
"les silhouettes renfrognées dans leurs positions caractérielles devant la splendeur déliquescente des paysages " ceci m'a bien fait rire ... J'adore que l'on se moque de mes personnages avec une telle lucidité désabusée.
Quand on parle photo, mentale ou pas , il y a effectivement la notion de "cliché". Il y a celle de "contraste" aussi.
On choisit le noir et le blanc ou la couleur, l'angle de vue, la nature morte ou le pris sur le vif...
Pourquoi trancher et donc retrancher, j'aime bien l'idée que rien ni personne ne peut se résumer à un instantané, qu'on ne "capture" jamais qu'une des multiples facettes de la réalité , et qu'il ne faut pas toujours se fier aux appâts rances ...
Non je ne connaissais pas le patronyme de l'auteur de Jules et Jim mais l'idée que mon personnage puisse en être un avatar n'est pas pour me déplaire.
Et suis je gentille et flemmarde ? Oui.
Donc je remercie mes aimables lecteurs pour leurs commentaires même s'il ne s'agissait peut être que d'un comment taire leur ennui :-)))
Quand on parle photo, mentale ou pas , il y a effectivement la notion de "cliché". Il y a celle de "contraste" aussi.
On choisit le noir et le blanc ou la couleur, l'angle de vue, la nature morte ou le pris sur le vif...
Pourquoi trancher et donc retrancher, j'aime bien l'idée que rien ni personne ne peut se résumer à un instantané, qu'on ne "capture" jamais qu'une des multiples facettes de la réalité , et qu'il ne faut pas toujours se fier aux appâts rances ...
Non je ne connaissais pas le patronyme de l'auteur de Jules et Jim mais l'idée que mon personnage puisse en être un avatar n'est pas pour me déplaire.
Et suis je gentille et flemmarde ? Oui.
Donc je remercie mes aimables lecteurs pour leurs commentaires même s'il ne s'agissait peut être que d'un comment taire leur ennui :-)))
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exo « Comme une photo mentale » : Noir c'est noir
une romance de galets de plage en crinoline, les bras man tombes.
un détail m'a fait tiqué, à deux reprises: les galets ont ils froid en été.
quelle méconnaissance des galets..
aujourd'hui? au 22 ieme siècle? avec internet et tout? pfffff...
un détail m'a fait tiqué, à deux reprises: les galets ont ils froid en été.
quelle méconnaissance des galets..
aujourd'hui? au 22 ieme siècle? avec internet et tout? pfffff...
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
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