Par delà le deuil, au cimetière.
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Par delà le deuil, au cimetière.
Les yeux gonflés comme deux bulles d’air qui fuient et laisse pénétrer l’eau, les paupières trop lourdes, le blanc de l’œil droit laissant apparaitre une veine rouge sang, éclatée, elle fixe droit devant elle, le tunnel du métro.
La musique, rencardée aux écoutilles, lui donne des frissons tels qu’elle
commence à trembloter, discrètement, sous son épaisse couche de mal de vivre, comme sous un soleil d’hiver trop froid, trop loin pour laisser passer la chaleur de ses rayons argentés ... Elle attend désormais de voir le ciel bleu légèrement doré par une réelle clarté chaude d’été.
Changer de saison ne pourrait-il pas rimer avec changer de vie, changer d’âge, changer d’âme ?
Elle est née en été, en plein mois d’aout, sous les toits, dans une petite clinique privée, rue Nollet, non loin de ses quartiers actuels.
C’est une fille de musique, une muse de la mer, une femme qui rêve à la liberté de voguer vers l’horizon.
Le corps léger, le cœur desserré, les mains tendues vers l’éternel, elle partirait accomplir le voyage de sa vie à travers les saisons, les âges.
Elle change de fréquence, met un son plus actuel, plus sensuel, aux notes dansantes invitant le corps à exulter sur une plage, les pieds nus jouant avec le sable doux et fin, d’un endroit trop exotique pour être accessible.
Bientôt 8 heures, bientôt 10 ans. Le trajet est encore long.
Elle est toujours dans l’urgence, déjà fanée avant d’avoir commencé.
En cet instant, elle sait le temps, l’évidence jusqu’alors refoulée.
Elle regarde, contemple, savoure ces expressions de vie, et, redonne liberté à son être, dans la délectation du présent, avec son temps.
Par ses lectures, elle a pourtant appris des heureux de ce monde qui, attachés à la misère humaine, transforme par leurs écrits la tristesse et le désarroi en de magnifiques poèmes élégiaques.
Jusqu’à maintenant, elle se refusait à visiter le passé, à fouiller le moins beau.
Dans ce tumulte bruyant d’hommes et de femmes aliénés par le stress de devoir partager un instant ensemble, dans ce wagon qu’ils ne contrôlent pas mais qui pourtant, les amènera à bon port, ils font confiance à leur pasteur.
Elle, aussi, sait qu’elle doit apprendre des autres mais elle comprend, enfin, qu’elle ne peut plus se laisser diriger par ceux-ci car qui ils ne sont pas, tous, de bons et loyaux orateurs.
Elle doit lâcher prise, et laisser ses propres pulsions de vie revenir à la surface tout en ayant fait le deuil des précédentes.
Ainsi comme une révélation, devenue obligatoire, dont le seul but est la résurrection, elle prend un stylo dans son sac, ferme les yeux un assez long moment, respire à pleins poumons et décide d’écrire à son premier amour, cruellement fauché par une voiture, il y a déjà quelques années de cela. Par la retranscription matérialiste de ses souvenirs enterrés, elle cherche à se libérer de ce poids mort qui incarne la culpabilité d’être, elle, vivante, et non enfouie sous un amas de tissu rongé par les termites en soif d’os décharnés.
Mais à quoi bon écrire, si ce n’est pour être lue.
Ainsi, comme une necessité de se vider :
Il y a 10 ans, tu t’apprêtais à montrer le bout de ton nez.
Il y a 10 ans, tu étais encore là. Pas prêt à être père, mais, le cœur battant.
Il y a 10 ans, tu étais encore dans mon ventre. Tu l’habitais et un sens, à ma vie, tu lui donnais.
Il y a 10 ans, tu devais commencer à te préparer à son arrivée qui allait dévaster notre couple, malheureusement.
Il y a 10 ans et neuf mois, tu n’imaginais pas ce qui allait nous arriver. Tu m’as fait l’amour avec amour.
Il y a 10 et neuf mois, j’ai senti que tu étais là. J’ai alors vécu l’angoisse du Bonheur, moi, qui suis incapable de me laisser porter par la vie, l’imprévu.
Il y a 10 et neuf mois, je t’ai annoncé que j’étais enceinte. Tu étais fou. Non pas de joie mais de peur. Tu n’en voulais pas, ce fut la fin de notre amour.
Il y a 10 ans et neuf mois, au plus profond de moi, j’ai su.
Tu es née le dimanche de pâques de l’année 2003, un petit poupon pas bien gros, le visage tout griffé, tu semblais déjà très énervée.
Je ne t’oublie pas, toi, le père de notre enfant.
Je ne viens pas te voir. Pardonne-moi ! Je pense que je vais devoir y remédier car cela me taraude chaque jour, venant alimenter ce sentiment de honte de t’avoir délaissé.
Je n’aime pas les cimetières, trop glauques, trop froids, trop empreints de mort et de tristesse, de fleurs fanées, de stèles en marbre aux prénoms gravés à l’or fin essayant de redonner existence à des êtres déchus, ramenés trop vite au simple statut de poussière. Tous ces cadavres, qui mangent les pissenlits par la racine, allée des allongés, me donnent la nausée.
Poussière d’étoiles tu es et poussière d’étoiles tu resteras, désormais.
Tu es là, dans mon âme, dans mes souvenirs, dans mes rêves parfois.
Dans 10 jours, notre fille aura 10 ans. Sans toi, je ne l’aurai pas auprès de moi et donc une partie de toi.
A notre histoire d’amour de jeunes adultes de 19 ans à qui tout souriait.
A notre rencontre à La Loco sur une chanson de Noir Désir.
A nos danses endiablées sur Santana.
A nos Despérados trop vite consommées.
A notre histoire d’amour de jeunes adultes de 19 ans à qui tout souriait.
Vite, elle risque d’être en retard. Le temps reprend sa course folle mais moins dans l’urgence. Un pas est fait.
La musique, rencardée aux écoutilles, lui donne des frissons tels qu’elle
commence à trembloter, discrètement, sous son épaisse couche de mal de vivre, comme sous un soleil d’hiver trop froid, trop loin pour laisser passer la chaleur de ses rayons argentés ... Elle attend désormais de voir le ciel bleu légèrement doré par une réelle clarté chaude d’été.
Changer de saison ne pourrait-il pas rimer avec changer de vie, changer d’âge, changer d’âme ?
Elle est née en été, en plein mois d’aout, sous les toits, dans une petite clinique privée, rue Nollet, non loin de ses quartiers actuels.
C’est une fille de musique, une muse de la mer, une femme qui rêve à la liberté de voguer vers l’horizon.
Le corps léger, le cœur desserré, les mains tendues vers l’éternel, elle partirait accomplir le voyage de sa vie à travers les saisons, les âges.
Elle change de fréquence, met un son plus actuel, plus sensuel, aux notes dansantes invitant le corps à exulter sur une plage, les pieds nus jouant avec le sable doux et fin, d’un endroit trop exotique pour être accessible.
Bientôt 8 heures, bientôt 10 ans. Le trajet est encore long.
Elle est toujours dans l’urgence, déjà fanée avant d’avoir commencé.
En cet instant, elle sait le temps, l’évidence jusqu’alors refoulée.
Elle regarde, contemple, savoure ces expressions de vie, et, redonne liberté à son être, dans la délectation du présent, avec son temps.
Par ses lectures, elle a pourtant appris des heureux de ce monde qui, attachés à la misère humaine, transforme par leurs écrits la tristesse et le désarroi en de magnifiques poèmes élégiaques.
Jusqu’à maintenant, elle se refusait à visiter le passé, à fouiller le moins beau.
Dans ce tumulte bruyant d’hommes et de femmes aliénés par le stress de devoir partager un instant ensemble, dans ce wagon qu’ils ne contrôlent pas mais qui pourtant, les amènera à bon port, ils font confiance à leur pasteur.
Elle, aussi, sait qu’elle doit apprendre des autres mais elle comprend, enfin, qu’elle ne peut plus se laisser diriger par ceux-ci car qui ils ne sont pas, tous, de bons et loyaux orateurs.
Elle doit lâcher prise, et laisser ses propres pulsions de vie revenir à la surface tout en ayant fait le deuil des précédentes.
Ainsi comme une révélation, devenue obligatoire, dont le seul but est la résurrection, elle prend un stylo dans son sac, ferme les yeux un assez long moment, respire à pleins poumons et décide d’écrire à son premier amour, cruellement fauché par une voiture, il y a déjà quelques années de cela. Par la retranscription matérialiste de ses souvenirs enterrés, elle cherche à se libérer de ce poids mort qui incarne la culpabilité d’être, elle, vivante, et non enfouie sous un amas de tissu rongé par les termites en soif d’os décharnés.
Mais à quoi bon écrire, si ce n’est pour être lue.
Ainsi, comme une necessité de se vider :
Il y a 10 ans, tu t’apprêtais à montrer le bout de ton nez.
Il y a 10 ans, tu étais encore là. Pas prêt à être père, mais, le cœur battant.
Il y a 10 ans, tu étais encore dans mon ventre. Tu l’habitais et un sens, à ma vie, tu lui donnais.
Il y a 10 ans, tu devais commencer à te préparer à son arrivée qui allait dévaster notre couple, malheureusement.
Il y a 10 ans et neuf mois, tu n’imaginais pas ce qui allait nous arriver. Tu m’as fait l’amour avec amour.
Il y a 10 et neuf mois, j’ai senti que tu étais là. J’ai alors vécu l’angoisse du Bonheur, moi, qui suis incapable de me laisser porter par la vie, l’imprévu.
Il y a 10 et neuf mois, je t’ai annoncé que j’étais enceinte. Tu étais fou. Non pas de joie mais de peur. Tu n’en voulais pas, ce fut la fin de notre amour.
Il y a 10 ans et neuf mois, au plus profond de moi, j’ai su.
Tu es née le dimanche de pâques de l’année 2003, un petit poupon pas bien gros, le visage tout griffé, tu semblais déjà très énervée.
Je ne t’oublie pas, toi, le père de notre enfant.
Je ne viens pas te voir. Pardonne-moi ! Je pense que je vais devoir y remédier car cela me taraude chaque jour, venant alimenter ce sentiment de honte de t’avoir délaissé.
Je n’aime pas les cimetières, trop glauques, trop froids, trop empreints de mort et de tristesse, de fleurs fanées, de stèles en marbre aux prénoms gravés à l’or fin essayant de redonner existence à des êtres déchus, ramenés trop vite au simple statut de poussière. Tous ces cadavres, qui mangent les pissenlits par la racine, allée des allongés, me donnent la nausée.
Poussière d’étoiles tu es et poussière d’étoiles tu resteras, désormais.
Tu es là, dans mon âme, dans mes souvenirs, dans mes rêves parfois.
Dans 10 jours, notre fille aura 10 ans. Sans toi, je ne l’aurai pas auprès de moi et donc une partie de toi.
A notre histoire d’amour de jeunes adultes de 19 ans à qui tout souriait.
A notre rencontre à La Loco sur une chanson de Noir Désir.
A nos danses endiablées sur Santana.
A nos Despérados trop vite consommées.
A notre histoire d’amour de jeunes adultes de 19 ans à qui tout souriait.
Vite, elle risque d’être en retard. Le temps reprend sa course folle mais moins dans l’urgence. Un pas est fait.
Madeleine Adèle- Nombre de messages : 38
Age : 44
Date d'inscription : 11/04/2014
Re: Par delà le deuil, au cimetière.
Le pas est fait...
dommage, cette petite musique légère du passé est étouffée...
les deux blocs anaphores comme deux piliers repères semblent écraser le texte alors qu'ils devraient le soutenir...
et entre ces deux blocs, un texte un peu trop descriptif à retravailler peut-être... dans ses expressions... ses images... formatées... qui arrivent comme une évidence... ou un peu lourd ou déjà vu comme :
"Ainsi comme une révélation, devenue obligatoire, dont le seul but est la résurrection, elle prend un stylo dans son sac, ferme les yeux un assez long moment, respire à pleins poumons et décide d’écrire à son premier amour, cruellement fauché par une voiture, il y a déjà quelques années de cela. Par la retranscription matérialiste de ses souvenirs enterrés, elle cherche à se libérer de ce poids mort qui incarne la culpabilité d’être, elle, vivante, et non enfouie sous un amas de tissu rongé par les termites en soif d’os décharnés."
j'aurais aimé que vous me racontiez cette histoire sans m'en dire tant... par touches légères... que je lève le voile...
bienvenue et à bientôt de vous lire,
dommage, cette petite musique légère du passé est étouffée...
les deux blocs anaphores comme deux piliers repères semblent écraser le texte alors qu'ils devraient le soutenir...
et entre ces deux blocs, un texte un peu trop descriptif à retravailler peut-être... dans ses expressions... ses images... formatées... qui arrivent comme une évidence... ou un peu lourd ou déjà vu comme :
"Ainsi comme une révélation, devenue obligatoire, dont le seul but est la résurrection, elle prend un stylo dans son sac, ferme les yeux un assez long moment, respire à pleins poumons et décide d’écrire à son premier amour, cruellement fauché par une voiture, il y a déjà quelques années de cela. Par la retranscription matérialiste de ses souvenirs enterrés, elle cherche à se libérer de ce poids mort qui incarne la culpabilité d’être, elle, vivante, et non enfouie sous un amas de tissu rongé par les termites en soif d’os décharnés."
j'aurais aimé que vous me racontiez cette histoire sans m'en dire tant... par touches légères... que je lève le voile...
bienvenue et à bientôt de vous lire,
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Par delà le deuil, au cimetière.
Bonjour Pussicat,
Merci pour votre retour. C'est un réel plaisir de pouvoir échanger sur mes textes.
Si je comprends bien, donc, j'ai été trop 'bavarde' ...
Vous auriez aimé lever le voile...léger...
C'est une piste à laquelle je vais réfléchir.
Je ferai probablement une autre version.
J'ai également écrit un autre texte 'papillon de nuit' disponible sur le forum ...
Merci et excellente journée.
Madeleine, merci de ne pas répondre à chaque commentaire dans le fil de votre texte et d'attendre qu'il y en ait plusieurs avant de le faire. Utilisez plutôt ce fil pour les échanges, il est ouvert à toute conversation, merci: http://www.vosecrits.com/t14138-discussions-autour-de-nos-textes
Merci pour votre retour. C'est un réel plaisir de pouvoir échanger sur mes textes.
Si je comprends bien, donc, j'ai été trop 'bavarde' ...
Vous auriez aimé lever le voile...léger...
C'est une piste à laquelle je vais réfléchir.
Je ferai probablement une autre version.
J'ai également écrit un autre texte 'papillon de nuit' disponible sur le forum ...
Merci et excellente journée.
Madeleine, merci de ne pas répondre à chaque commentaire dans le fil de votre texte et d'attendre qu'il y en ait plusieurs avant de le faire. Utilisez plutôt ce fil pour les échanges, il est ouvert à toute conversation, merci: http://www.vosecrits.com/t14138-discussions-autour-de-nos-textes
Madeleine Adèle- Nombre de messages : 38
Age : 44
Date d'inscription : 11/04/2014
Re: Par delà le deuil, au cimetière.
Je suis assez d'accord avec ce qui a été dit, c'est assez bavard, mais ce n'est pas ce qui me gêne le plus. C'est plutôt une impression de nombrilisme et de plainte lancinante qui colore le texte du début à la fin. La narration prend l'autre comme prétexte pour en réalité parler d'elle-même et uniquement d'elle, à travers les autres ou directement. et ça, à la longue, ça lasse et le texte s'essouffle, je ne ressens aucune empathie pour le personne qui prend trop de place et se met en avant envers et contre tout, dommage.
Je pense - simple avis perso - que le texte y gagnerait aussi, sans doute, en étant allégé de quelques précisions pas forcément utiles, de ces explications sur le lent déroulement des choses. Il faut laisser au lecteur le pouvoir de se créer aussi sa propre histoire à travers ce récit.
Je pense - simple avis perso - que le texte y gagnerait aussi, sans doute, en étant allégé de quelques précisions pas forcément utiles, de ces explications sur le lent déroulement des choses. Il faut laisser au lecteur le pouvoir de se créer aussi sa propre histoire à travers ce récit.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Par delà le deuil, au cimetière.
Au vue de vos remarques justifiées, j'ai essayé une correction ....
Espérant que vous aurez le temps de lire.
A bientôt de vous lire !
Le même trajet, la même direction, le quotidien banal de tous ces parisiens, les yeux gonflés comme deux bulles d’air, le blanc de l’œil droit laissant apparaitre une veine rouge sang, elle fixe droit devant elle, le tunnel du métro. Animale, diabolisée, elle semble comme possédée. Elle a un petit air mutin qui laisse lire en elle la colère qu’elle porte. Contre quoi ? Qui ? C’est une question à laquelle elle tente chaque jour de répondre, face au mur blanc de sa salle de cure, le dos à sa confidente.
La musique rencardée aux écoutilles lui donne des frissons tels qu’elle commence à trembloter. Elle aime à se faire mal en se laissant saisir par des chansons pleureuses. Facile, vous diriez, elle chercher à se rendre intéressante et à attirer les complaisances. Simple reflexe, elle vous rétorquera. Car être bien, elle ne sait pas faire.
Discrètement, sous son épaisse couche de mal de vivre, comme sous un soleil d’hiver trop froid, trop loin pour laisser passer la chaleur de ses rayons argentés, elle grelotte comme un mort. Elle semble déjà fanée avant d’avoir poussé. La moue boudeuse d’une enfant malheureuse, les yeux tristes délavés à force de torrent, l’expression corporelle trahissant un besoin de se recroqueviller comme pour se protéger ; elle en deviendrait pathétique.
Elle attend désormais de voir le ciel bleu légèrement doré par une réelle clarté chaude d’été.
Le corps léger, le cœur desserré, les mains tendues vers l’éternel, elle partirait accomplir le
voyage de sa vie à travers les saisons, les âges.
Elle se demande parfois si changer de saison ne pourrait-il pas rimer avec changer de vie,
changer d’âge, changer d’âme ? Mais pour le moment, la fuite n’est pas au programme. Trop de choses à gérer.
Elle est née en été, en plein mois d’aout, sous les toits, dans une petite clinique privée, rue
Nollet, non loin de ses quartiers actuels. Joli bébé potelé, ses parents hésitaient pour le prénom. Adélaïde pour le père, Madeleine, pour la mère. Elle finira par s’appeler Adèle, doux compromis entre deux parents déjà en instance de conflit. La première arrivée d’une fratrie de trois, elle a eu le premier rôle. Celui qu’on ne peut pas refuser car gonfle l’égo, celui qu’on ne peut pas contester car il est à considérer comme un cadeau.
Elle regarde l’heure ; bientôt 8 heures ; bientôt 10 ans.
Le trajet est encore long et chaque station en amplifie le ton.
Comme à chacun, Adèle a un passé mais pour elle il en devient trop lourd et chaque souvenir en amplifie le fardeau. Si seulement elle pouvait s’en détacher, faire fi des remontrances insolvables et avancer. Malheureusement, elle voit les pétales de ces années tombaient les uns après les autres. Ils se figent en glaçon. Elle reste en hiver, Adèle. Elle se conjugue au passé.
Par manque d’enchantement dirons-certains, elle reste dans le sombre et se donne couleur à coup de traits de crayon, de fard et de rouge. Par manque d’affection, elle vous répondra, elle ne sait pas comment faire autrement. Pourtant, la belle Adèle aimerait savoir contempler, savourer l’actuel, et, redonner liberté à son être, dans la délectation du présent, avec son temps.
Par ses lectures, elle a, pourtant, appris des heureux de ce monde qui, attachés à ceux aux passé douloureux, transforment par leurs écrits la tristesse et le désarroi en de magnifiques poèmes. Adolescente elle s’est frottée à la plume. Quelle légèreté une fois les maux posés en vers, en complainte ou en berceuse aux étoiles ! Elle y reviendra probablement.
Malgré ces années passées, elle reste incapable de prendre du recul. Les pieds toujours dans l’en-dessous, elle fouille ce qu’elle voit comme moins beau sans parvenir à le rendre plus magique. Aucune comptine, aucune odeur de pain perdu, aucune larme de miel sur ces tartines grillées. Elle n’avait besoin de rien Adèle. Elle avait tout pour être heureuse. Il n’était pas nécessaire d’en rajouter par des subtilités d’ordre inutiles. Deux parents, deux petits derrière, des vacances, une chambre pour elle toute seule, des amies, de bonnes notes … Banal cadre, un portrait qui pourrait paraitre enchanteur tant qu’on ne s’attarde pas sous le maquillage.
Elle crie au désespoir d’être libérée de son enfance. Pardonnera-t-elle à ce ventre rond, chaud et nourricier ?
A force de penser, les minutes ont défilé. Elle sort de sa rengaine. Cela ne lui sert à rien.
Elle revient parmi ce tumulte bruyant d’hommes et de femmes aliénés par le stress de devoir partager un voyage ensemble.
Dans ce wagon qu’ils ne contrôlent pas, mais qui pourtant les amènera à bon port, ils font confiance à leur pasteur. C’est ainsi.
Espérant que vous aurez le temps de lire.
A bientôt de vous lire !
Le même trajet, la même direction, le quotidien banal de tous ces parisiens, les yeux gonflés comme deux bulles d’air, le blanc de l’œil droit laissant apparaitre une veine rouge sang, elle fixe droit devant elle, le tunnel du métro. Animale, diabolisée, elle semble comme possédée. Elle a un petit air mutin qui laisse lire en elle la colère qu’elle porte. Contre quoi ? Qui ? C’est une question à laquelle elle tente chaque jour de répondre, face au mur blanc de sa salle de cure, le dos à sa confidente.
La musique rencardée aux écoutilles lui donne des frissons tels qu’elle commence à trembloter. Elle aime à se faire mal en se laissant saisir par des chansons pleureuses. Facile, vous diriez, elle chercher à se rendre intéressante et à attirer les complaisances. Simple reflexe, elle vous rétorquera. Car être bien, elle ne sait pas faire.
Discrètement, sous son épaisse couche de mal de vivre, comme sous un soleil d’hiver trop froid, trop loin pour laisser passer la chaleur de ses rayons argentés, elle grelotte comme un mort. Elle semble déjà fanée avant d’avoir poussé. La moue boudeuse d’une enfant malheureuse, les yeux tristes délavés à force de torrent, l’expression corporelle trahissant un besoin de se recroqueviller comme pour se protéger ; elle en deviendrait pathétique.
Elle attend désormais de voir le ciel bleu légèrement doré par une réelle clarté chaude d’été.
Le corps léger, le cœur desserré, les mains tendues vers l’éternel, elle partirait accomplir le
voyage de sa vie à travers les saisons, les âges.
Elle se demande parfois si changer de saison ne pourrait-il pas rimer avec changer de vie,
changer d’âge, changer d’âme ? Mais pour le moment, la fuite n’est pas au programme. Trop de choses à gérer.
Elle est née en été, en plein mois d’aout, sous les toits, dans une petite clinique privée, rue
Nollet, non loin de ses quartiers actuels. Joli bébé potelé, ses parents hésitaient pour le prénom. Adélaïde pour le père, Madeleine, pour la mère. Elle finira par s’appeler Adèle, doux compromis entre deux parents déjà en instance de conflit. La première arrivée d’une fratrie de trois, elle a eu le premier rôle. Celui qu’on ne peut pas refuser car gonfle l’égo, celui qu’on ne peut pas contester car il est à considérer comme un cadeau.
Elle regarde l’heure ; bientôt 8 heures ; bientôt 10 ans.
Le trajet est encore long et chaque station en amplifie le ton.
Comme à chacun, Adèle a un passé mais pour elle il en devient trop lourd et chaque souvenir en amplifie le fardeau. Si seulement elle pouvait s’en détacher, faire fi des remontrances insolvables et avancer. Malheureusement, elle voit les pétales de ces années tombaient les uns après les autres. Ils se figent en glaçon. Elle reste en hiver, Adèle. Elle se conjugue au passé.
Par manque d’enchantement dirons-certains, elle reste dans le sombre et se donne couleur à coup de traits de crayon, de fard et de rouge. Par manque d’affection, elle vous répondra, elle ne sait pas comment faire autrement. Pourtant, la belle Adèle aimerait savoir contempler, savourer l’actuel, et, redonner liberté à son être, dans la délectation du présent, avec son temps.
Par ses lectures, elle a, pourtant, appris des heureux de ce monde qui, attachés à ceux aux passé douloureux, transforment par leurs écrits la tristesse et le désarroi en de magnifiques poèmes. Adolescente elle s’est frottée à la plume. Quelle légèreté une fois les maux posés en vers, en complainte ou en berceuse aux étoiles ! Elle y reviendra probablement.
Malgré ces années passées, elle reste incapable de prendre du recul. Les pieds toujours dans l’en-dessous, elle fouille ce qu’elle voit comme moins beau sans parvenir à le rendre plus magique. Aucune comptine, aucune odeur de pain perdu, aucune larme de miel sur ces tartines grillées. Elle n’avait besoin de rien Adèle. Elle avait tout pour être heureuse. Il n’était pas nécessaire d’en rajouter par des subtilités d’ordre inutiles. Deux parents, deux petits derrière, des vacances, une chambre pour elle toute seule, des amies, de bonnes notes … Banal cadre, un portrait qui pourrait paraitre enchanteur tant qu’on ne s’attarde pas sous le maquillage.
Elle crie au désespoir d’être libérée de son enfance. Pardonnera-t-elle à ce ventre rond, chaud et nourricier ?
A force de penser, les minutes ont défilé. Elle sort de sa rengaine. Cela ne lui sert à rien.
Elle revient parmi ce tumulte bruyant d’hommes et de femmes aliénés par le stress de devoir partager un voyage ensemble.
Dans ce wagon qu’ils ne contrôlent pas, mais qui pourtant les amènera à bon port, ils font confiance à leur pasteur. C’est ainsi.
Madeleine Adèle- Nombre de messages : 38
Age : 44
Date d'inscription : 11/04/2014
Re: Par delà le deuil, au cimetière.
Trop d'explications psychologiques à mon goût.
Et si tu les sabrais ?
"Comme (à)?? chacun, Adèle a un passé"
Et si tu les sabrais ?
"Comme (à)?? chacun, Adèle a un passé"
joe-joe- Nombre de messages : 441
Age : 42
Date d'inscription : 01/05/2013
Re: Par delà le deuil, au cimetière.
Bonjour Joe-Joe,
Qu'entends-tu par 'sabrer' ?....
Cela m'intrigue ...
Sur le reste trouves-tu interessant de perséverer ?....
Qu'entends-tu par 'sabrer' ?....
Cela m'intrigue ...
Sur le reste trouves-tu interessant de perséverer ?....
Madeleine Adèle- Nombre de messages : 38
Age : 44
Date d'inscription : 11/04/2014
Re: Par delà le deuil, au cimetière.
J'entendais "élaguer".
Laisse le lecteur penser.
Bien sûr que ça vaut le coup.
Laisse le lecteur penser.
Bien sûr que ça vaut le coup.
joe-joe- Nombre de messages : 441
Age : 42
Date d'inscription : 01/05/2013
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