Les ciseaux de la nuit courte les oiseaux

Je pense qu'il faudrait prendre un café


Non. il faut prendre la vitre
La blesser sur le sol
discuter deux trois minutes avec les oiseaux


Tiens ce matin
J'étais a la terrasse il y avait du soleil
Et cette voisine qui m'a présenté
Un homme que je suis

Des yeux depuis des années.


Il faudrait défenestrer les yeux

Et ce suraigu dans la voix
Qui tout de vol imploserait

La tasse de ton café


Discuter non
Disputer ce petit oiseau rapiécé
Qui est venu voler le biscuit que je n'ai même pas eu le temps de tremper dans mon café

Merci non
Je n'ai pas envie de faire du vélo jusqu'aux étangs

Merci je n'ai pas envie
de faire du vélo jusqu'à toi le sentier de tes bras


Merci tu as un goût de spéculoos volé
Dévoré

Par un petit oiseau rapiécé

Dispersé dans
le sucre de ses pattes
La folie de ses coups d'ailes
entre les feuilles entre les bras entre les branches a travers ma fenêtre
Je me sens affolée au carreau

Maintenant

Tu es dans l'oiseau
dans le cri dans le suraigu de son chant qui me fusille
à 5h demain matin


- Il est dans la nuit courte


Dans la nuit courte je voudrais deux ou trois minutes
te dire quelque chose.

C'est juste génial. Attention, j'ai repéré deux "a" qui devraient avoir des accents. Sinon, seul le mot spéculoos m'a gênée à la lecture : peut-être parce qu'il en dit trop, trop précisément, en plus d'avoir des sonorités un peu disgrâcieuses à mon goût qui viennent rompre le fil de la lecture.

Du coup, pas grand chose de constructif à dire de plus, sinon que ça marche.

Pas grand chose à dire
je suis ravie de te lire à nouveau
texte magnifique
je serais resté sur le "biscuit" plus neutre... même si j'adore les Spéculoos ))
J'aime !

Superbe.

Merci tu as un goût de spéculoos volé
Dévoré

Par un petit oiseau rapiécé

Dispersé dans
le sucre de ses pattes
La folie de ses coups d'ailes
entre les feuilles entre les bras entre les branches a travers ma fenêtre

J'aime beaucoup ce passage, il m'évoque une image très enfantine...d'un vieux dessin animé. ^^

Et ce suraigu dans la voix
Qui tout de vol imploserait

La tasse de ton café

J'ai aimé cet effet de style qui syntaxiquement rejette "la tasse de café", ça donne un effet plus brusque.

C'est le genre de poème qui transfigure un évènement du quotidien pour y faire naitre quelques fantaisies. On dirait un monologue intérieur qui recrée une entrevue, c'est une plongée dans un univers assez original.

Merci pour le partage.

j'aime bien, c'est plein d'espaces.

Auto-dérision et tendresse habilement mises en scène, du beau travail!

J'ai lu ce texte comme on regarderait les morceaux d'un carreau cassé,
chacun ayant gardé sa part de reflet. L'effet "dispersion", l'impression de désordre à la fois du décor et de la réflexion sont du coup très réussis.

(ça n'a rien à voir, mais j'ai pensé à la Castafiore, aux verres qui se brisent, à Tournesol, à la pie voleuse... )
- N'importe quoi

Mais j'aime bien, Tintin

Pour moi, ça ne fonctionne pas. Je sens la ficelle, le truc, pas la poésie.
Beaucoup de maniérisme (à la mode des années 70-80) du type "défenestrer les yeux", blesser la vitre...
Cela manque, à mes yeux- et mes oreilles- de rythme, de force, de simplicité.
Non. Désolé, je ne marche pas.

Je sais de plus en plus ce que j'aime en poésie, j'ai des auteurs fétiches, des manières d'écrire et des thèmes préférés.
Tu fais définitivement partie des personnes que j'aime lire. J'y retrouve un style qui m'étonne pourtant à chaque fois.
J'apprécie particulièrement les petites digressions quotidiennes dont tu ponctues tes textes, j'en suis incapable pour ma part.
Ce n'est pas très constructif mais bon ...

Bonjour Lyra Will,

Votre poème est un coup au cœur, je ne sais pas ce qui se cache réellement derrière ces mots mais j'aime son grain de folie. Quelque chose de sombre résonne:

"Non. il faut prendre la vitre
La blesser sur le sol
discuter deux trois minutes avec les oiseaux"

Et aussi:

"Il faudrait défenestrer les yeux

Et ce suraigu dans la voix
Qui tout de vol imploserait"

Une violence émane de votre poème derrière cette apparente innocence. Et malgré ce passage: "Tiens ce matin
J'étais a la terrasse il y avait du soleil" l'impression d'un enfermement. Et ce mystérieux petit oiseau rapiécé cité 2 fois...

Superbe poème, j'ai adoré.

ps: Désolée de poser la question ici mais pourquoi n'ai-je pas l'option "Editer"?

Parce qu'elle n'est pas en fonction et ne le sera pas prochainement, choix de la modération dès le départ du site, cela incite à la relecture avant de poster, merci.

Diffracter : dévier, disperser, capter, canaliser, accumuler.

Je reconnais ce style à la fois perché et intime,
et l'inaccessible à portée du coeur de la main de l'esprit.
Toutes ces choses diffractées, que les détails d'ici-maintenant rassemblent à coup sûr :
comme une excentricité qui sait grader raison.

(C'est juste un ressenti vis à vis de l'ensemble,
comme un proche salut exilé qui n'a pas
le goût d'un commentaire détaillé)

Bref quand tout est dans tout, et en tout même l'inverse,
on peut voir le charme ressortir du chaos :
on touche à l'esthétique, ce qui survit à la mêlée.

minuit a écrit:Bref quand tout est dans tout, et en tout même l'inverse,
on peut voir le charme ressortir du chaos :
on touche à l'esthétique, ce qui survit à la mêlée.

Je ne peux que rejoindre ce qui est dit ici.

Ce texte me touche beaucoup, par ces aspects que certains peuvent trouver précieux et qui me paraissent davantage être de la dentelle. Par la sensibilité des sentiments à fleur de peau que l'on ressent à travers chaque mot choisi, aussi.

Ça s'appelle de la dentelle brute.
Il ne serait pas étonnant que Lyra Will fasse dans l'art.
Si tel était le cas elle serait peut-être bien partie, et surtout alors il faudrait ne pas trop lui dire.
C'est pourquoi je n'ai finalement pas dit grand chose.

Ah oui !
Très, très intéressante cette manière de composer en décomposant, si j'ose dire…
De proposer et puis de diverger, d'y revenir et de rompre à nouveau…
Ça interpelle vraiment le lecteur et ça le rend acteur.
Vraiment bravo, Lyra.

Ouate?