Fatigue

Pénible à toi de marcher jusqu'à Gravelines
où le jour bègue enfièvre.
Empêché, que dis-tu ?
Que le nuage effiloché, prisme vide, jubile
qu'une flache parjure vêt tes membres gourds.

Brèche opaque, déjà clivé le temps se fend...

Force, enjambe,
cinq, dix, cent
grèves, archipels
plus las - vingt fois, qu'Ajax chambardant à mort.

Enfiévrer, sauf emploi pronominal est nécessairement transitif.
"vêt"... Euh... Et le subjonctif ?

Du "sens", je ne dirai rien, n'ayant rien compris, je dois en être responsable.

Te fatigue pas
Le vent peut satisfaire ton envie de voler
Ami sincère, t’épaulant dans cette épopée
Avec lui ton imaginaire te fera voyager
Et quand l’instant de te poser viendra
Doucement comme un ange il t’accompagnera

j'ai essayé d'imaginer

Lu sous, ou dans, un coton nuageux pyrénéen. Langueur installée, posée par ces mots fatigués.

Merci pour la sensation partagée Annie.

C’est très bien. Abscons voire poussif, mais en fin de compte, l’effort déployé pour la compréhension n’est-il pas l’expression formelle de la fatigue dont s’agit, un moyen de nous la faire sentir ? Bravo ; en peu de lignes on a l’impression de gravir une montagne. Ces lignes-là sont denses comme le roc.

Des circonstances météorologiques particulièrement défavorables contrarient la progression de l'allocutaire / l'allocutrice ou de la locutrice s'adressant à elle-même ("toi", "tu", "tes") vers le lieu préalablement envisagé. Cette situation, imprévue, qui transfigure tout à coup l'ordinaire des jours, engage le poème dans le souffle de l'épopée, l'immerge dans une tonalité épique. De nombreux indices accréditent le processus généralisé d'amplification à l'oeuvre dans le texte...

- des personnifications particulièrement vigoureuses ("le jour bègue enfièvre", "le nuage... jubile", "une flache parjure... vêt tes membres", "le temps … / ... enjambe")
- un effet de grossissement, de gradation, généré par l'enchaînement, sans ponctuation, de deux subordonnées interrogatives indirectes conjuguées au présent de l'indicatif ("Que le nuage jubile...", "qu'une flache vêt")
- des gradations hyperboliques ("se fend... / Force, enjambe", "cinq, dix, cent / grèves, archipels")
- des hyperboles ("vingt fois", "à mort")
- le recours au comparatif  ("plus... que")
- la mention d'un héros ("Ajax")
- la thématique spécifique liée à une situation de rugosité, d'assaut, de violence, de combat, de guerre ("flache", "Brèche", "se fend", "Force", "chambardant", "à mort").
- une construction syntaxique en tenaille ("déjà clivé le temps se fend") figurant l'écrasement et favorisant l'irruption violente, inévitable, de l'orage, sous l'égide de la gradation en italique.

Ainsi le titre, "Fatigue", manifeste-t-il un rapport de force disproportionné, souverain, entre les forces de la nature et l'être humain.

Merci pour ce partage !

Merci à tous pour vos réponses.

joe-joe : réponse rapportée au style indirect "que dis-tu ?" (tu dis) "que le nuage... que la flache.."

jfmoods : toujours un plaisir de lire vos (tes?) commentaires, on se sent grandi ! en écrivant je pensais à quelqu'un qui fuit, une condition, une adversité, une situation intolérable (pas précisément l'orage) et qui s'épuise au point de perdre tout repère tant spatial que temporel.

Je comprends mieux, en effet, pour "vêt"- mais enfièvre ?

heureux qui comme lu lys se laisse flotter sur un continent de mots