l'amer du nord
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l'amer du nord
Et le ciel et la plage dans le soir de de Haan étaient gris et humides. Romaric et Tilda marchaient main dans la main. Ils s’étaient encore dit deux ou trois âneries, des choses du genre éternelles qui les perdaient déjà depuis quelques années dans l’illusion de la maîtrise. Du temps.
Joos derrière sa moustache cachait son cœur trop tendre. La cinquantaine bedonnante, le blond de chevelure qui se confond sans gêne aux traces de ses fumées et la couperose heureuse, il menait les touristes depuis bientôt trente ans dans sa belle carriole. Uylenspiegel et Steen, ses deux vieux étalons, semblables à lui, menaient une vie sans anicroches. Du point de départ jusqu’à la plus grosse bite (d’amarrage !). Et chemin de retour. Ils cheminaient depuis trente ans, avec pour seule jauge de leur fausse liberté le vent dans leur trois crinières folles.
Tilda jetait la fin de sa portion de frites ( car elle en avait trop ! ) aux drôles d’oiseaux qui rôdent le long de la plage grise. « Comme des genre de vautour du nord » elle avait dit, ils avaient ri. Romaric lui avait offert une portion, sauce andalouse, et il s’était moqué d’elle quand elle en avait plein les doigts. Elle était plutôt belle, mais elle était belle comme la Flandre, plus belle encore quand il fait gris. « C’est beau quand c’est triste » il se disait, en lui léchant ses doigts, orangés par la sauce. C’est dur à définir, mais on dirait qu’ils s’aiment.
Joos encaisse son pourboire, il fait semblant de ne pas avoir le change, et 3 euros de plus pour une course de quinze minutes, ce n‘est pas si mal joué. Ils parlent en espagnol ! Ils ont la mer, peut être, ils ont les peintres aussi, mais ils n’ont pas notre gris. Et il s’en réjouit car les affaires tourneront.
Romaric est comme un enfant, il vient de tomber sur des galets. Il choisit le plus beau, roule des mécaniques, il fait un sourire a Tilda, mais du genre si chou qu’on ne résiste pas. Il se laisse tant aller que jusque dans son corps elle ressent comme elle l’aime. Ses membres, ses jambes, son cœur, tout ça tremble pour lui, à le voir comme un enfant fier qui fait semblant de se laisser aller et veux qu’on le regarde, elle rit. A pleine gorge.
Joos roule une cigarette ; son métier est fascinant, mais il est à son gout un peu trop tributaire des touristes. Il s’ennuie depuis un moment, s’occupe de ses chevaux, il les aime. Sur son 3210 il envoie un message à sa femme, il hésite à faire une dernière course ou retourner la rejoindre. Il l’aime. Enfin, moins qu’avant, mais il le lui dit quand même, et puis, il l’aime toujours, s’il n’y pense pas trop.
« Exceptionnelle », se dit Romaric. Il regarde Tilda qui non contente de danser à tout va, rejoue toutes les scènes des films de bord de mer(de), de chabada etcaetera et elle lefait rire. Elle est belle, drôle, intelligente et il a envie d’elle. Oui, de la pénétrer, mais surtout d’occuper ses pensées comme elle occupe les siennes. Ils passent devant un stand ou un vieux type qui écrit un vieux sms sur un vieux téléphone propose un tour en carriole, sur la plage. Une petite demi-heure. Deux chevaux, trente euros et sans doute un pourboire. Romaric lui propose un tour, elle est déjà partie, courir après un cerf-volant irrattrapable.
Joos envoie son texto, comme il dit, car il est vieux. « Encore deux sales amoureux qui regardent les prix, et qui ne viendront pas. ». En plus, c’est ridicule, il aurait pu les avoir, mais visiblement elle préfère rejoindre les cerfs-volants, qui inondent la plage de tous leurs arc-en-ciel et font la vie plus belle et le ciel bien moins gris et ramènent à l’enfance. Et pourquoi ne pas rentrer, Joss retrouverait bien sa petite famille. Allez, ces deux tourlos, la dernière charge qu’il se dit, et après il rentrera chez lui.
Romaric regarde Tilda courir vite sur la plage, et sa robe en bonbon flotte dans la brise grise, elle est belle comme personne, pour lui en tout cas, il la photographie. Plusieurs fois, elle est belle. Pour lui. En tout cas. Soudain dans le viseur apparait un chariot, rapide, inattendu. Romaric se redresse.
Cataclop, catastrophe, Tilda est sur la route. Cataclop, cataclysme elle est en mille morceaux. Ellle riait, il y a deux secondes, elle riait je le jure et la voila charpie. Elle meurt et agonise, Romaric la regarde. Joos est effrayé. Elle ne peut pas mourir si vite. Elle mangeait des frites. Sa tête est découpée mais toujours aussi belle. Elle est morte sous es yeux naïfs, bêtement, pleine d’amour, sur cette plage du nord du nord et dans l’’anonymat mais l’amour de cet homme. Dans les sanglots eternels de Romaric qui l’oubliera dans d’autres bras, et de Joss qui quatre mois plus tard s’est, quant à lui, suicidé.
C’est la mer, c’est le Nord, et c’est la mer du Nord.
Vive la vie.
Joos derrière sa moustache cachait son cœur trop tendre. La cinquantaine bedonnante, le blond de chevelure qui se confond sans gêne aux traces de ses fumées et la couperose heureuse, il menait les touristes depuis bientôt trente ans dans sa belle carriole. Uylenspiegel et Steen, ses deux vieux étalons, semblables à lui, menaient une vie sans anicroches. Du point de départ jusqu’à la plus grosse bite (d’amarrage !). Et chemin de retour. Ils cheminaient depuis trente ans, avec pour seule jauge de leur fausse liberté le vent dans leur trois crinières folles.
Tilda jetait la fin de sa portion de frites ( car elle en avait trop ! ) aux drôles d’oiseaux qui rôdent le long de la plage grise. « Comme des genre de vautour du nord » elle avait dit, ils avaient ri. Romaric lui avait offert une portion, sauce andalouse, et il s’était moqué d’elle quand elle en avait plein les doigts. Elle était plutôt belle, mais elle était belle comme la Flandre, plus belle encore quand il fait gris. « C’est beau quand c’est triste » il se disait, en lui léchant ses doigts, orangés par la sauce. C’est dur à définir, mais on dirait qu’ils s’aiment.
Joos encaisse son pourboire, il fait semblant de ne pas avoir le change, et 3 euros de plus pour une course de quinze minutes, ce n‘est pas si mal joué. Ils parlent en espagnol ! Ils ont la mer, peut être, ils ont les peintres aussi, mais ils n’ont pas notre gris. Et il s’en réjouit car les affaires tourneront.
Romaric est comme un enfant, il vient de tomber sur des galets. Il choisit le plus beau, roule des mécaniques, il fait un sourire a Tilda, mais du genre si chou qu’on ne résiste pas. Il se laisse tant aller que jusque dans son corps elle ressent comme elle l’aime. Ses membres, ses jambes, son cœur, tout ça tremble pour lui, à le voir comme un enfant fier qui fait semblant de se laisser aller et veux qu’on le regarde, elle rit. A pleine gorge.
Joos roule une cigarette ; son métier est fascinant, mais il est à son gout un peu trop tributaire des touristes. Il s’ennuie depuis un moment, s’occupe de ses chevaux, il les aime. Sur son 3210 il envoie un message à sa femme, il hésite à faire une dernière course ou retourner la rejoindre. Il l’aime. Enfin, moins qu’avant, mais il le lui dit quand même, et puis, il l’aime toujours, s’il n’y pense pas trop.
« Exceptionnelle », se dit Romaric. Il regarde Tilda qui non contente de danser à tout va, rejoue toutes les scènes des films de bord de mer(de), de chabada etcaetera et elle lefait rire. Elle est belle, drôle, intelligente et il a envie d’elle. Oui, de la pénétrer, mais surtout d’occuper ses pensées comme elle occupe les siennes. Ils passent devant un stand ou un vieux type qui écrit un vieux sms sur un vieux téléphone propose un tour en carriole, sur la plage. Une petite demi-heure. Deux chevaux, trente euros et sans doute un pourboire. Romaric lui propose un tour, elle est déjà partie, courir après un cerf-volant irrattrapable.
Joos envoie son texto, comme il dit, car il est vieux. « Encore deux sales amoureux qui regardent les prix, et qui ne viendront pas. ». En plus, c’est ridicule, il aurait pu les avoir, mais visiblement elle préfère rejoindre les cerfs-volants, qui inondent la plage de tous leurs arc-en-ciel et font la vie plus belle et le ciel bien moins gris et ramènent à l’enfance. Et pourquoi ne pas rentrer, Joss retrouverait bien sa petite famille. Allez, ces deux tourlos, la dernière charge qu’il se dit, et après il rentrera chez lui.
Romaric regarde Tilda courir vite sur la plage, et sa robe en bonbon flotte dans la brise grise, elle est belle comme personne, pour lui en tout cas, il la photographie. Plusieurs fois, elle est belle. Pour lui. En tout cas. Soudain dans le viseur apparait un chariot, rapide, inattendu. Romaric se redresse.
Cataclop, catastrophe, Tilda est sur la route. Cataclop, cataclysme elle est en mille morceaux. Ellle riait, il y a deux secondes, elle riait je le jure et la voila charpie. Elle meurt et agonise, Romaric la regarde. Joos est effrayé. Elle ne peut pas mourir si vite. Elle mangeait des frites. Sa tête est découpée mais toujours aussi belle. Elle est morte sous es yeux naïfs, bêtement, pleine d’amour, sur cette plage du nord du nord et dans l’’anonymat mais l’amour de cet homme. Dans les sanglots eternels de Romaric qui l’oubliera dans d’autres bras, et de Joss qui quatre mois plus tard s’est, quant à lui, suicidé.
C’est la mer, c’est le Nord, et c’est la mer du Nord.
Vive la vie.
levaran82- Nombre de messages : 145
Age : 42
Localisation : belgique
Date d'inscription : 26/01/2010
Re: l'amer du nord
À mon avis la fin est inutilement mélodramatique, il n'y avait pas besoin de cette surenchère pour rendre l'histoire intéressante. En plus ça lui ôte toute crédibilité.
Sinon j'ai bien aimé cette ambiance de Mer du Nord, romantique, ces prénoms à consonance belge. Plutôt bien écrit hormis quelques légères maladresses que j'ai la flemme de relever.
Sinon j'ai bien aimé cette ambiance de Mer du Nord, romantique, ces prénoms à consonance belge. Plutôt bien écrit hormis quelques légères maladresses que j'ai la flemme de relever.
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 55
Date d'inscription : 06/01/2009
Re: l'amer du nord
ouais.
très versatile, avec beaucoup de contrepieds sur la forme, le sens, et les affects . pas mon truc.
très versatile, avec beaucoup de contrepieds sur la forme, le sens, et les affects . pas mon truc.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Re: l'amer du nord
c'est quoi un contrepied?
levaran82- Nombre de messages : 145
Age : 42
Localisation : belgique
Date d'inscription : 26/01/2010
Re: l'amer du nord
Je verrais bien la même histoire traitée en dialogue, par les deux vieux canassons par exemple. Eux, ils en ont vu de l'humain, ils pourraient assumer cette attitude goguenarde sans polluer. Mais Joos a" trop de cœur", il ne peut même pas raconter lui-même!
(Ce qui cloche c'est que le point de vue du narrateur n'est peut-être pas le meilleur ici, il fait de l'humour mais on ne sait pas pourquoi ni comment il est partie prenante de l'histoire. Cet humour discret, comme mal assumé, laisse planer un doute: n'est-il pas mal à l'aise?
(Ce qui cloche c'est que le point de vue du narrateur n'est peut-être pas le meilleur ici, il fait de l'humour mais on ne sait pas pourquoi ni comment il est partie prenante de l'histoire. Cet humour discret, comme mal assumé, laisse planer un doute: n'est-il pas mal à l'aise?
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: l'amer du nord
jusqu’à la plus grosse bite (d’amarrage !)... pas très finaud, la précision, dommage.
jetait la fin de sa portion de frites ( car elle en avait trop ! )... pareil ici, on s'en doute bien ou alors pas forcément besoin de préciser. Ces "erreurs" cassent l'ambiance je trouve, dommage car celle-ci est pourtant bien rendue... et Le Coq mérite mieux que ces détails :-)
L'aspect prononcé du drame de fin ne me paraît pas non plus très subtil, on comprend aisément ce qui se passe, donc davantage de sobriété serait bienvneu, parce que c'est ça aussi, surtout, la Mer du Nord, c'est celle qui se regarde avec les yeux, pas les mots.
Cela mis à part, tu lui rends bien hommage, à la hauteur de ce qu'elle est, immensément belle.
jetait la fin de sa portion de frites ( car elle en avait trop ! )... pareil ici, on s'en doute bien ou alors pas forcément besoin de préciser. Ces "erreurs" cassent l'ambiance je trouve, dommage car celle-ci est pourtant bien rendue... et Le Coq mérite mieux que ces détails :-)
L'aspect prononcé du drame de fin ne me paraît pas non plus très subtil, on comprend aisément ce qui se passe, donc davantage de sobriété serait bienvneu, parce que c'est ça aussi, surtout, la Mer du Nord, c'est celle qui se regarde avec les yeux, pas les mots.
Cela mis à part, tu lui rends bien hommage, à la hauteur de ce qu'elle est, immensément belle.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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