La laisse et sa passante
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La laisse et sa passante
Samedi matin, au marché, je vis une belle femme au tailleur fleuri. Elle passait, tirant une bête au bout d’une sombre laisse. Elle trainait ces poils comme un poids.
Dans la rue en soleil, elle tape ses pas pressés et pointe l’horizon de sa tête haute.
Déterminée, elle avance, feignant l’ignorance dans l’agitation des visages, des voix et des rires. A l’extrémité de son corps, sa corde noire, un animal qui s’arrête pour humer les vomissures vieillies, les urines fleuries et les assiettes gourmandes. La queue dansant, le museau érigé et la langue énervée sentent, lapent ce pavé vivace. La gueule sourit, ivre de chair.
Les trottoirs sont des rives en jachère qui dénouent leur pudeur sous les pattes voraces.
Mais d’un coup, la corde se tend.
Au délice perçu, un cou pendu.
Contraint, il suit sa maîtresse telle une ombre, un double méprisé.
Au loin, le regard canin déguste encore ces jouissances éphémères, perdues.
Tête tournée et marche arrière, dernier plaisir aux serres malines.
Les jambes, les pas qui clochent ont fui sans détour ni dissonance.
La passante rentre dans son salon perlé, immaculé, son sein familier à la clarté forcée, éteinte. Morte douceur entretenue comme une pierre précieuse, preuve d’une vie saine, civilisée.
Un poil sur la moquette beige. Elle saisit un cordon aspirant et avale l’impureté animale.
Elle s’assoit délicatement dans son fauteuil, un cuir blanc. Le chien toiletté monte sur ses genoux. Elle accepte son propre et éduqué compagnon.
Ses narines humides reniflent alors l’orifice caché.
Il la lèche, la boit, la dévore.
Sans laisse, elle s’abandonne et reçoit les caresses embaumantes. Derrière les fenêtres fermées, elle se laisse sucer puis croquer comme un bonbon à la menthe.
La voilà entourée, serrée par ce fil, cette ficelle sombre.
Ses narines ressentent enfin le délice caché.
Elle sort.
Elle ouvre la porte tenant son chien contre son tailleur fleuri.
Elle le porte comme un sac rempli de ses désirs, ses violences, son âme.
En silence, il sécrète les humeurs secrètes de la main pressée qui serre le fil noir.
Dans la rue en soleil, elle tape ses pas pressés et pointe l’horizon de sa tête haute.
Déterminée, elle avance, feignant l’ignorance dans l’agitation des visages, des voix et des rires. A l’extrémité de son corps, sa corde noire, un animal qui s’arrête pour humer les vomissures vieillies, les urines fleuries et les assiettes gourmandes. La queue dansant, le museau érigé et la langue énervée sentent, lapent ce pavé vivace. La gueule sourit, ivre de chair.
Les trottoirs sont des rives en jachère qui dénouent leur pudeur sous les pattes voraces.
Mais d’un coup, la corde se tend.
Au délice perçu, un cou pendu.
Contraint, il suit sa maîtresse telle une ombre, un double méprisé.
Au loin, le regard canin déguste encore ces jouissances éphémères, perdues.
Tête tournée et marche arrière, dernier plaisir aux serres malines.
Les jambes, les pas qui clochent ont fui sans détour ni dissonance.
La passante rentre dans son salon perlé, immaculé, son sein familier à la clarté forcée, éteinte. Morte douceur entretenue comme une pierre précieuse, preuve d’une vie saine, civilisée.
Un poil sur la moquette beige. Elle saisit un cordon aspirant et avale l’impureté animale.
Elle s’assoit délicatement dans son fauteuil, un cuir blanc. Le chien toiletté monte sur ses genoux. Elle accepte son propre et éduqué compagnon.
Ses narines humides reniflent alors l’orifice caché.
Il la lèche, la boit, la dévore.
Sans laisse, elle s’abandonne et reçoit les caresses embaumantes. Derrière les fenêtres fermées, elle se laisse sucer puis croquer comme un bonbon à la menthe.
La voilà entourée, serrée par ce fil, cette ficelle sombre.
Ses narines ressentent enfin le délice caché.
Elle sort.
Elle ouvre la porte tenant son chien contre son tailleur fleuri.
Elle le porte comme un sac rempli de ses désirs, ses violences, son âme.
En silence, il sécrète les humeurs secrètes de la main pressée qui serre le fil noir.
post scriptum- Nombre de messages : 252
Age : 43
Date d'inscription : 18/11/2011
Re: La laisse et sa passante
C'est tout simplement superbe, je ne trouve rien à redire.
L'écriture est élégante, emplie de douceur et aussi de sensibilité pour évoquer tout en pudeur la vie dans ce qu'elle peut avoir de beau, de triste et de cruel. La scène est là, esquissée sous nos yeux, prenant vie dans chaque mot. Vraiment beau, merci !!
L'écriture est élégante, emplie de douceur et aussi de sensibilité pour évoquer tout en pudeur la vie dans ce qu'elle peut avoir de beau, de triste et de cruel. La scène est là, esquissée sous nos yeux, prenant vie dans chaque mot. Vraiment beau, merci !!
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: La laisse et sa passante
Votre commentaire est très agréable à lire Sahkti, merci !
J'ai un peu retouché ce texte :
Un samedi matin à Auch, rue Dessoles, le marché s’agite.
Je vis sur cette rue pavée une belle femme au tailleur fleuri quitter les étals d’étoffes et de fruits. Elle passait, tirant une bête au bout d’une sombre laisse, elle traînait ces poils comme un poids.
Dans la rue en soleil, tapent ses pas pressés et sa tête haute pointe l’horizon.
Déterminée, elle avance, feignant l’ignorance dans l’éclat des visages, des voix et des rires.
A l’extrémité de son corps, sa corde noire, un animal qui s’arrête. Il hume les vomissures vieillies, les urines fleuries et les assiettes gourmandes. Sa queue dansant, son museau érigé et sa langue énervée sentent, lapent ce pavé vivace. Sa gueule sourit, ivre de chair.
Les trottoirs sont des rives en jachère qui dénouent leur pudeur sous les pattes voraces.
D’un coup, se tend la corde. Au délice perçu, perdu un cou pendu.
Contraint, l’animal suit sa maîtresse telle une ombre dénigrée, un double méprisé.
Au loin, le regard canin déguste encore les jouissances étirées au bonheur éphémère.
Tête tournée et marche arrière, dernier plaisir aux serres malines.
Les jambes aux aiguilles-talons clochent, fuient sans détour ni dissonance.
La passante rentre dans son salon perlé, immaculé, son sein familier à la clarté forcée, éteinte. C’est une morte douceur entretenue, une pierre précieuse, preuve d’une vie saine, civilisée.
Un poil sur ma moquette beige ? Elle saisit un cordon aspirant et avale l’impureté sauvage.
Elle s’assoit délicatement dans son fauteuil, un cuir blanc. Le chien toiletté monte sur ses genoux. Elle accepte son propre et éduqué compagnon.
Courbe chaleur au creux des fleurs.
La truffe aux narines humides renifle alors l’orifice caché. La bête la lèche, la boit, la dévore.
Sans laisse, elle s’abandonne et reçoit ses caresses embaumantes. Derrière les fenêtres et les persiennes closes, elle se laisse sucer puis croquer comme un bonbon à la menthe.
La voilà entourée, serrée par ce fil, cette ficelle sombre.
Ses narines ressentent enfin le délice caché aux plaisirs encerclés.
Jouissance.
Un poil sur ma peau blanche ?
Elle sort.
Elle ouvre la porte tenant son chien contre son tailleur fleuri, le balançant comme un sac rempli de ses désirs, ses violences, son âme.
Il sécrète en silence les humeurs secrètes de la main pressée qui serre le fil noir.
J'ai un peu retouché ce texte :
Un samedi matin à Auch, rue Dessoles, le marché s’agite.
Je vis sur cette rue pavée une belle femme au tailleur fleuri quitter les étals d’étoffes et de fruits. Elle passait, tirant une bête au bout d’une sombre laisse, elle traînait ces poils comme un poids.
Dans la rue en soleil, tapent ses pas pressés et sa tête haute pointe l’horizon.
Déterminée, elle avance, feignant l’ignorance dans l’éclat des visages, des voix et des rires.
A l’extrémité de son corps, sa corde noire, un animal qui s’arrête. Il hume les vomissures vieillies, les urines fleuries et les assiettes gourmandes. Sa queue dansant, son museau érigé et sa langue énervée sentent, lapent ce pavé vivace. Sa gueule sourit, ivre de chair.
Les trottoirs sont des rives en jachère qui dénouent leur pudeur sous les pattes voraces.
D’un coup, se tend la corde. Au délice perçu, perdu un cou pendu.
Contraint, l’animal suit sa maîtresse telle une ombre dénigrée, un double méprisé.
Au loin, le regard canin déguste encore les jouissances étirées au bonheur éphémère.
Tête tournée et marche arrière, dernier plaisir aux serres malines.
Les jambes aux aiguilles-talons clochent, fuient sans détour ni dissonance.
La passante rentre dans son salon perlé, immaculé, son sein familier à la clarté forcée, éteinte. C’est une morte douceur entretenue, une pierre précieuse, preuve d’une vie saine, civilisée.
Un poil sur ma moquette beige ? Elle saisit un cordon aspirant et avale l’impureté sauvage.
Elle s’assoit délicatement dans son fauteuil, un cuir blanc. Le chien toiletté monte sur ses genoux. Elle accepte son propre et éduqué compagnon.
Courbe chaleur au creux des fleurs.
La truffe aux narines humides renifle alors l’orifice caché. La bête la lèche, la boit, la dévore.
Sans laisse, elle s’abandonne et reçoit ses caresses embaumantes. Derrière les fenêtres et les persiennes closes, elle se laisse sucer puis croquer comme un bonbon à la menthe.
La voilà entourée, serrée par ce fil, cette ficelle sombre.
Ses narines ressentent enfin le délice caché aux plaisirs encerclés.
Jouissance.
Un poil sur ma peau blanche ?
Elle sort.
Elle ouvre la porte tenant son chien contre son tailleur fleuri, le balançant comme un sac rempli de ses désirs, ses violences, son âme.
Il sécrète en silence les humeurs secrètes de la main pressée qui serre le fil noir.
post scriptum- Nombre de messages : 252
Age : 43
Date d'inscription : 18/11/2011
Re: La laisse et sa passante
Ah non, pas de localisation, ni Auch, ni rue Dessoles ! le marché suffit.
"Contraint, l’animal suit sa maîtresse telle une ombre dénigrée, un double méprisé."
"Au loin, le regard canin déguste encore les jouissances étirées au bonheur éphémère."
pas la peine d'en rajouter
Le conte au contraire gagne à la sécheresse.
"Contraint, l’animal suit sa maîtresse telle une ombre dénigrée, un double méprisé."
"Au loin, le regard canin déguste encore les jouissances étirées au bonheur éphémère."
pas la peine d'en rajouter
Le conte au contraire gagne à la sécheresse.
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 74
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: La laisse et sa passante
Merci pour ces bons conseils Annie.
J'ai aussi supprimé le "Jouissance" de la deuxième partie.
J'ai aussi supprimé le "Jouissance" de la deuxième partie.
post scriptum- Nombre de messages : 252
Age : 43
Date d'inscription : 18/11/2011
Re: La laisse et sa passante
Réussi - je ne parle que de la première version, en fait je ne parle que de l'idée. Ici la langue -si j'ose dire, avec facilité je sais je sais- importe moins que le scénario. D'accord sur "la sécheresse", sur la non-recherche nécessaire dans le choix des mots. J'ai bien cru qu'il allait la bouffer....
'toM- Nombre de messages : 289
Age : 68
Date d'inscription : 10/07/2014
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