Séjour à la campagne
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Séjour à la campagne
SEJOUR A LA CAMPAGNE
Une odeur de violette saisissait en entrant. Des objets hérissés de fil de fer décoraient les murs et chaque recoin. Jusque tard dans la nuit la femme avait nettoyé les vitres. Deux transats étaient dépliés dehors devant la porte. Dans la chambre, au-dessus du lit, un tableau sombre représentait une planète terreuse. De celle-ci quelqu’un avait disparu. Les miroirs permettaient de se regarder sur toutes les faces dans la salle de bain. Le grenier était au premier étage. Un rideau cachait l’escalier bancal qui y conduisait. Il était alors hasardeux de le prendre. Sur le meuble un massif taureau en bois sculpté. La peinture de la porte qui donnait sur le cellier avait été grossièrement décapée, sans être repeinte. Au chevet du lit, dans la chambre, l’odeur de violette était encore plus saisissante. Des tiges de raphia rose, en faisceau, empanachaient les tentacules des luminaires au plafond.
Derrière les portes coulissantes, une penderie. Dans la penderie la garde-robe complète d’une femme. Sur les étagères, une réserve pharamineuse de médicaments. Sur les portes coulissantes une peinture grandeur nature évoquait des créatures mi-humaines mi-monstres, avec griffes, chevelure féminine et squelette apparent. Le chat galopait dans le grenier. Sans doute jouait-il avec un compagnon invisible. Dans les wc, des petits poèmes scatologiques étaient affichés. Des ouvrages en ferraille décoraient l’endroit. Le panneau au-dessus de l’évier de la cuisine masquait la maçonnerie brute du mur. Le panneau tombait régulièrement, comme si quelqu’un derrière le poussait opiniâtrement. Dans le deuxième frigo restaient un paquet de beurre, un melon, une bouteille de vin, et des produits surgelés dans le congélateur. Un invité était attendu. Mais lequel ?
Des catalogues et cartes touristiques étaient à disposition sur la table dans le coin. De nombreuses ornementations en fil de fer entouraient les tableaux et autres objets d’agrément dans la maison. Quand le chat descendait du grenier, il miaulait longuement derrière la porte. Il se jetait rageusement de tout son poids contre la porte fermée. Dans ces occasions l’animal est humain. C’étaient les diffuseurs électriques anti-moustiques dans chaque pièce qui empestaient l’odeur de violette. Il fallut débrancher les diffuseurs et les flanquer au fond d’un tiroir. Cette odeur de violette était aussi forte que le parfum d’un mort. La porte-fenêtre de la chambre ouvrait sur une cour intérieure clôturée par une palissade construite maladroitement. Autour de la table de jardin, les fauteuils en plastique avaient été placés inclinés à cause de la pluie. Le soir, par-delà la grossière palissade de bois, des cris d’enfants retentissaient ainsi que des conversations violentes entre adultes.
Dans une pièce attenante à celles de la maison d’habitation étaient entreposés des meubles, des outils, des matériaux de construction. A travers les portes vitrées on voyait une pénombre étrange baignant le local. Il était indéniable que quelqu’un ici pouvait se cacher. Au pied de la palissade, cailloux et pierres colmataient les trous. Le matin, dans la cuisine, le chat se prélassait sur les chaises de style Louis XV. Son pelage noir prenait des teintes fauves dans le soleil. L’animal savait qu’il vivait là ses meilleurs derniers instants. Le canapé de cuir était disposé face au téléviseur à écran plat. Le téléviseur était intégré à un meuble-bibliothèque. Dans le meuble-bibliothèque il y avait une chaine hi-fi. Sur les étagères de la bibliothèque, cassettes vidéo, cd et livres étaient méticuleusement rangés. Dans les tiroirs, une collection de disques vinyle. Le défunt était un mélomane averti.
En haut du meuble-bibliothèque, deux énormes sculptures de fer se dressaient. L’éclairage gradable du lampadaire adoucissait l’ambiance le soir. Sur une déserte rustique, un bouquet de fleurs séchées. Des bouteilles d’alcool et des assortiments à apéritif y étaient déposés, pour accueillir peut-être quelqu’un qui pouvait arriver à l’improviste. Par terre, des bûches avec un panier. Des têtes de chimères avaient été peintes sur le cadre en céramique de la cheminée. Les têtes étaient inachevées. Dans le grenier le chat vomissait, entre les vieux meubles, les caisses, les cartons et les piles de journaux. Il s’avérait que grimper au grenier maintenant était une entreprise impossible. Toutes les portes demeuraient fermées au rez-de-chaussée pour que le chat ne se sauve pas. Avant de se coucher, il fallut changer la literie qui sentait très mauvais. Les serviettes et gants de toilette aussi dans la salle de bain étaient sales.
Des accessoires intimes et personnels encombraient les étagères. Au-dessus de la baignoire d’angle, sur les carreaux de céramique, avait été dessinée maladroitement une silhouette d’homme. C’était le dessin pathétique d’une veuve. Seulement une minuscule fenêtre permettait d’aérer la salle de bain. Dans les miroirs on pouvait se voir de dos, comme si soudain une autre personne que soi-même nous surveillait. Les chaussures de marche, espadrilles, sabots, bottines étaient rassemblés par terre en vrac, dans un coin du vestibule, sous les porte-manteaux où une veste d’homme encore était accrochée. Au grenier, la clarté, par le vasistas, faisait scintiller les toiles d’araignées. Les chaises autour de la table en ciment, étaient en position inclinée pour laisser couler la pluie. Dans les buissons et les massifs, des photophores de jardin s’allumaient automatiquement à la tombée de la nuit. Tout semblait organiser pour aider les revenants.
Deux chevaux piaffaient dans la prairie. Un jour, par un trou en haut du mur de la cuisine, la tête du chat était apparue subitement. Son œil nous épiait, nous reprochant déjà une chose dont nous n’avions pas conscience. Dehors, sur tout le long de la maison, s’étalait un bric-à-brac de pierres, de tuiles, de planches, de sacs de ciment, de morceaux de tôle et des bâches que soulevait le vent. Dans l’herbe envahissante trainaient des tuyaux de toutes sortes. Le trou d’un puits, au sol, était béant, le couvercle de béton ayant été enlevé. Un trou à l’odeur putride et glaciale où n’importe quel promeneur distrait pouvait disparaître. De l’autre côté du chemin, un muret constitué de pierres et autres objets de récupération, ferrailles, pneus, délimitait un espace entre celui de la maison et la prairie aux deux chevaux. Cet espace se voulait convivial, pour inviter des amis, au temps où les amis venaient.
Dans les hautes cimes des chênes, le soir, s’y perchaient les oiseaux. La lune se montrait parcimonieusement. La trajectoire des avions se confondait avec celle des étoiles. Les corneilles criaillaient, une chouette répondait. Autour de la table pliante, sur le perron, la nuit venue, on s’asseyait pour déguster un cornet de glace. C’était le seul moment où l’angoisse était supportable. Dès midi, la chaleur devenait suffocante. Sur le chemin, passait parfois le propriétaire des chevaux, dans une fourgonnette Sprinter 209. Après le déjeuner on lisait un roman, dans le transat, à l’ombre des saules. Des insectes venaient piqueter les corps. Le silence n’était jamais parfait. Hennissements, ébrouements, bourdonnement perpétuel d’une ville lointaine. L’allée qui menait à la maison était sommairement pavée de pierres plates. Sous un sycomore la voiture était garée en pente. La voiture était notre seule chance de fuir si le défunt s’avisait de revenir dans sa maison.
Deux poteries cassées marquaient l’entrée du terrain privatif. Les massifs mal entretenus étaient bordés de gros galets. Une lampe tempête avait été plantée dans l’un d’eux. Devant la façade, un barbecue bricolé et une bouteille de gaz. On exposait sur le barbecue nos baskets que l’orage avait mouillées. Une nuit le chat avait tué une souris. Il l’avait apporté sur le tapis du salon. Nous avions beaucoup ri. Après midi, il fallait fermer toutes les persiennes. Le sac poubelle derrière le volet de la porte dégageait une odeur désagréable. C’était une ancienne ferme achetée par un couple de citadins. Leur habitation principale qu’il restaurait à grand peine. Mais lui avait été rattrapé par la maladie. Les vitres portaient encore les traces d’un nettoyage hâtif. Les tiroirs étaient remplis de papiers personnels, des dossiers, des photos. Sur les murs de la chambre quelques dessins naïfs d’enfants.
Autour de la demeure, au-dessus des bosquets s’élevait une tour de guet, pour détecter les incendies de forêt. Le propriétaire des chevaux logeait dans une maisonnette modeste mais d’aspect agréable, au bout du chemin. Le propriétaire était un homme de belle allure. Le matin et le soir il dressait ses chevaux, les faisant courir en cercle dans la prairie, il leur parlait doucement. Une cabane tenait lieu d’écurie. Le paysage forestier s’étendait jusqu’à l’horizon. Les connexions Internet n’étaient jamais satisfaisantes. Une biche et son faon un jour avaient surgi du taillis voisin. Sur les rebords de fenêtres, il y avaient quelques pots de géranium. Le tuyau d’arrosage serpentait dans l’herbe et les cailloux. Après la pluie, la coque des chaises était pleine d’eau. Le parasol de la table en ciment était rarement ouvert.
La nuit le chat rôdait. C’était son royaume. Il venait aussi dormir à l’extrémité du lit. Après plusieurs jours, sa présence se faisait plus rare. Il maigrissait à vue d’œil à force de vomir. Les vieilles briques apparaissaient dans le mur décrépi, sous les surfaces inégales cimentées. Tuiles dépareillées et tôles ondulées recouvraient le toit. Dans la partie inhabitée les ouvertures sans fenêtre avaient la noirceur d’un gouffre. Quelqu’un marchait dans le grenier. Ce ne pouvait plus être le chat. La porte de notre chambre était ouverte. Quelqu’un entra et vint s’asseoir au bord du lit. Il nous regarda longuement dans l’obscurité. Son râle avait le bruit chantant d’un miaulement. C’était lui, le mort, le mari de la défunte. Il avait joué avec le chat, quand le chat encore vivait.
Une odeur de violette saisissait en entrant. Des objets hérissés de fil de fer décoraient les murs et chaque recoin. Jusque tard dans la nuit la femme avait nettoyé les vitres. Deux transats étaient dépliés dehors devant la porte. Dans la chambre, au-dessus du lit, un tableau sombre représentait une planète terreuse. De celle-ci quelqu’un avait disparu. Les miroirs permettaient de se regarder sur toutes les faces dans la salle de bain. Le grenier était au premier étage. Un rideau cachait l’escalier bancal qui y conduisait. Il était alors hasardeux de le prendre. Sur le meuble un massif taureau en bois sculpté. La peinture de la porte qui donnait sur le cellier avait été grossièrement décapée, sans être repeinte. Au chevet du lit, dans la chambre, l’odeur de violette était encore plus saisissante. Des tiges de raphia rose, en faisceau, empanachaient les tentacules des luminaires au plafond.
Derrière les portes coulissantes, une penderie. Dans la penderie la garde-robe complète d’une femme. Sur les étagères, une réserve pharamineuse de médicaments. Sur les portes coulissantes une peinture grandeur nature évoquait des créatures mi-humaines mi-monstres, avec griffes, chevelure féminine et squelette apparent. Le chat galopait dans le grenier. Sans doute jouait-il avec un compagnon invisible. Dans les wc, des petits poèmes scatologiques étaient affichés. Des ouvrages en ferraille décoraient l’endroit. Le panneau au-dessus de l’évier de la cuisine masquait la maçonnerie brute du mur. Le panneau tombait régulièrement, comme si quelqu’un derrière le poussait opiniâtrement. Dans le deuxième frigo restaient un paquet de beurre, un melon, une bouteille de vin, et des produits surgelés dans le congélateur. Un invité était attendu. Mais lequel ?
Des catalogues et cartes touristiques étaient à disposition sur la table dans le coin. De nombreuses ornementations en fil de fer entouraient les tableaux et autres objets d’agrément dans la maison. Quand le chat descendait du grenier, il miaulait longuement derrière la porte. Il se jetait rageusement de tout son poids contre la porte fermée. Dans ces occasions l’animal est humain. C’étaient les diffuseurs électriques anti-moustiques dans chaque pièce qui empestaient l’odeur de violette. Il fallut débrancher les diffuseurs et les flanquer au fond d’un tiroir. Cette odeur de violette était aussi forte que le parfum d’un mort. La porte-fenêtre de la chambre ouvrait sur une cour intérieure clôturée par une palissade construite maladroitement. Autour de la table de jardin, les fauteuils en plastique avaient été placés inclinés à cause de la pluie. Le soir, par-delà la grossière palissade de bois, des cris d’enfants retentissaient ainsi que des conversations violentes entre adultes.
Dans une pièce attenante à celles de la maison d’habitation étaient entreposés des meubles, des outils, des matériaux de construction. A travers les portes vitrées on voyait une pénombre étrange baignant le local. Il était indéniable que quelqu’un ici pouvait se cacher. Au pied de la palissade, cailloux et pierres colmataient les trous. Le matin, dans la cuisine, le chat se prélassait sur les chaises de style Louis XV. Son pelage noir prenait des teintes fauves dans le soleil. L’animal savait qu’il vivait là ses meilleurs derniers instants. Le canapé de cuir était disposé face au téléviseur à écran plat. Le téléviseur était intégré à un meuble-bibliothèque. Dans le meuble-bibliothèque il y avait une chaine hi-fi. Sur les étagères de la bibliothèque, cassettes vidéo, cd et livres étaient méticuleusement rangés. Dans les tiroirs, une collection de disques vinyle. Le défunt était un mélomane averti.
En haut du meuble-bibliothèque, deux énormes sculptures de fer se dressaient. L’éclairage gradable du lampadaire adoucissait l’ambiance le soir. Sur une déserte rustique, un bouquet de fleurs séchées. Des bouteilles d’alcool et des assortiments à apéritif y étaient déposés, pour accueillir peut-être quelqu’un qui pouvait arriver à l’improviste. Par terre, des bûches avec un panier. Des têtes de chimères avaient été peintes sur le cadre en céramique de la cheminée. Les têtes étaient inachevées. Dans le grenier le chat vomissait, entre les vieux meubles, les caisses, les cartons et les piles de journaux. Il s’avérait que grimper au grenier maintenant était une entreprise impossible. Toutes les portes demeuraient fermées au rez-de-chaussée pour que le chat ne se sauve pas. Avant de se coucher, il fallut changer la literie qui sentait très mauvais. Les serviettes et gants de toilette aussi dans la salle de bain étaient sales.
Des accessoires intimes et personnels encombraient les étagères. Au-dessus de la baignoire d’angle, sur les carreaux de céramique, avait été dessinée maladroitement une silhouette d’homme. C’était le dessin pathétique d’une veuve. Seulement une minuscule fenêtre permettait d’aérer la salle de bain. Dans les miroirs on pouvait se voir de dos, comme si soudain une autre personne que soi-même nous surveillait. Les chaussures de marche, espadrilles, sabots, bottines étaient rassemblés par terre en vrac, dans un coin du vestibule, sous les porte-manteaux où une veste d’homme encore était accrochée. Au grenier, la clarté, par le vasistas, faisait scintiller les toiles d’araignées. Les chaises autour de la table en ciment, étaient en position inclinée pour laisser couler la pluie. Dans les buissons et les massifs, des photophores de jardin s’allumaient automatiquement à la tombée de la nuit. Tout semblait organiser pour aider les revenants.
Deux chevaux piaffaient dans la prairie. Un jour, par un trou en haut du mur de la cuisine, la tête du chat était apparue subitement. Son œil nous épiait, nous reprochant déjà une chose dont nous n’avions pas conscience. Dehors, sur tout le long de la maison, s’étalait un bric-à-brac de pierres, de tuiles, de planches, de sacs de ciment, de morceaux de tôle et des bâches que soulevait le vent. Dans l’herbe envahissante trainaient des tuyaux de toutes sortes. Le trou d’un puits, au sol, était béant, le couvercle de béton ayant été enlevé. Un trou à l’odeur putride et glaciale où n’importe quel promeneur distrait pouvait disparaître. De l’autre côté du chemin, un muret constitué de pierres et autres objets de récupération, ferrailles, pneus, délimitait un espace entre celui de la maison et la prairie aux deux chevaux. Cet espace se voulait convivial, pour inviter des amis, au temps où les amis venaient.
Dans les hautes cimes des chênes, le soir, s’y perchaient les oiseaux. La lune se montrait parcimonieusement. La trajectoire des avions se confondait avec celle des étoiles. Les corneilles criaillaient, une chouette répondait. Autour de la table pliante, sur le perron, la nuit venue, on s’asseyait pour déguster un cornet de glace. C’était le seul moment où l’angoisse était supportable. Dès midi, la chaleur devenait suffocante. Sur le chemin, passait parfois le propriétaire des chevaux, dans une fourgonnette Sprinter 209. Après le déjeuner on lisait un roman, dans le transat, à l’ombre des saules. Des insectes venaient piqueter les corps. Le silence n’était jamais parfait. Hennissements, ébrouements, bourdonnement perpétuel d’une ville lointaine. L’allée qui menait à la maison était sommairement pavée de pierres plates. Sous un sycomore la voiture était garée en pente. La voiture était notre seule chance de fuir si le défunt s’avisait de revenir dans sa maison.
Deux poteries cassées marquaient l’entrée du terrain privatif. Les massifs mal entretenus étaient bordés de gros galets. Une lampe tempête avait été plantée dans l’un d’eux. Devant la façade, un barbecue bricolé et une bouteille de gaz. On exposait sur le barbecue nos baskets que l’orage avait mouillées. Une nuit le chat avait tué une souris. Il l’avait apporté sur le tapis du salon. Nous avions beaucoup ri. Après midi, il fallait fermer toutes les persiennes. Le sac poubelle derrière le volet de la porte dégageait une odeur désagréable. C’était une ancienne ferme achetée par un couple de citadins. Leur habitation principale qu’il restaurait à grand peine. Mais lui avait été rattrapé par la maladie. Les vitres portaient encore les traces d’un nettoyage hâtif. Les tiroirs étaient remplis de papiers personnels, des dossiers, des photos. Sur les murs de la chambre quelques dessins naïfs d’enfants.
Autour de la demeure, au-dessus des bosquets s’élevait une tour de guet, pour détecter les incendies de forêt. Le propriétaire des chevaux logeait dans une maisonnette modeste mais d’aspect agréable, au bout du chemin. Le propriétaire était un homme de belle allure. Le matin et le soir il dressait ses chevaux, les faisant courir en cercle dans la prairie, il leur parlait doucement. Une cabane tenait lieu d’écurie. Le paysage forestier s’étendait jusqu’à l’horizon. Les connexions Internet n’étaient jamais satisfaisantes. Une biche et son faon un jour avaient surgi du taillis voisin. Sur les rebords de fenêtres, il y avaient quelques pots de géranium. Le tuyau d’arrosage serpentait dans l’herbe et les cailloux. Après la pluie, la coque des chaises était pleine d’eau. Le parasol de la table en ciment était rarement ouvert.
La nuit le chat rôdait. C’était son royaume. Il venait aussi dormir à l’extrémité du lit. Après plusieurs jours, sa présence se faisait plus rare. Il maigrissait à vue d’œil à force de vomir. Les vieilles briques apparaissaient dans le mur décrépi, sous les surfaces inégales cimentées. Tuiles dépareillées et tôles ondulées recouvraient le toit. Dans la partie inhabitée les ouvertures sans fenêtre avaient la noirceur d’un gouffre. Quelqu’un marchait dans le grenier. Ce ne pouvait plus être le chat. La porte de notre chambre était ouverte. Quelqu’un entra et vint s’asseoir au bord du lit. Il nous regarda longuement dans l’obscurité. Son râle avait le bruit chantant d’un miaulement. C’était lui, le mort, le mari de la défunte. Il avait joué avec le chat, quand le chat encore vivait.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Séjour à la campagne
Raoul, si la véritable catastrophe est que je vienne encore parler ici,
l'autre catastrophe est de lire ce texte qui n'égale en rien ce que vous avez déjà produit avant.
On dirait que vous y mettez tous les ingrédients pour que ça le fasse, sauf que ça ne le fait pas,
mais alors pas du tout.
C'est bâclé, on n'y croit pas un seul instant.
À aucun paragraphe : les conclusions sont toujours une cata, à la fin.
Mais vous le faites exprès, ou quoi...!?
l'autre catastrophe est de lire ce texte qui n'égale en rien ce que vous avez déjà produit avant.
On dirait que vous y mettez tous les ingrédients pour que ça le fasse, sauf que ça ne le fait pas,
mais alors pas du tout.
C'est bâclé, on n'y croit pas un seul instant.
À aucun paragraphe : les conclusions sont toujours une cata, à la fin.
Mais vous le faites exprès, ou quoi...!?
minuit- Nombre de messages : 420
Age : 66
Date d'inscription : 24/05/2014
Re: Séjour à la campagne
Il a raison, minuit, on a peine à croire que c'est de toi, tant c'est loin de ton style dense et intense habituel.
Le procédé de description méthodique semble trop long pour apporter un suspense ou une tension, que ce pauvre chat prend bien mal en charge . (Les chats n'acceptent pas n'importe quel job, la preuve!)
L'idée est pourtant riche; mais pourquoi flinguer la chute en donnant " si le défunt s'avisait de revenir dans sa maison" ?
Le procédé de description méthodique semble trop long pour apporter un suspense ou une tension, que ce pauvre chat prend bien mal en charge . (Les chats n'acceptent pas n'importe quel job, la preuve!)
L'idée est pourtant riche; mais pourquoi flinguer la chute en donnant " si le défunt s'avisait de revenir dans sa maison" ?
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
re : Séjour à la campagne
Merci Polyxène d'être un peu plus explicite que Minuit. Ta remarque sur l'annonce "téléphonée" du retour du défunt est juste. Ce texte est dans le prolongement de mes deux trois derniers textes publiés sur ce site. Même veine, même démarche, mais avec des nuances, certaines donc semblent plus efficaces que d'autres. Ici, les incises dans la description sont très peu personnalisées ; le "je" d'un narrateur éventuel ne permet pas de les identifier facilement. Le texte est conjugué au passé ! Le thème descriptif évidemment est glauque ; une maison imprégnée par la disparition du défunt et le trauma de sa veuve ! Tout y est resté en plan, les travaux, la vie... Mes textes précédents, de même démarche, avaient un ressort narratif "érotique", ici, ce n'est pas le cas. Pourtant, là, l'importance de la description me semble nécessaire, c'est de son ampleur, ses récurrences, qu'une dramatisation doit surgir. (Par contre une erreur de ma part, finale ; il faut lire " c'était lui, le mort, le mari de la VEUVE"). Je vous remercie pour vos lectures ; à partir de vos commentaires, je cherche à comprendre ce qui fait défaut. J'insiste, car cette démarche d'écriture me tient à coeur, elle me semble avoir un potentiel, et témoigner d'un rapport avec le réel que je ressens assez juste pour ma part... Le monde, ses objets, ses choses, ses faits, et nous, (moi), notre perception fragmentée, avec des mots, qui essait d'en rendre compte. Merci.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Séjour à la campagne
J'aurais pu être plus explicite.
Encore faut-il être motivé !
C'est comme avec l'art conceptuel : ça doit fonctionner direct, ou c'est mort.
J'ai bien pensé que l'ennui procuré par cette lecture voulait faire écho à la situation,
mais je persiste et signe : là, ça ne fonctionne pas du tout, c'est raté, ça s'écrase sur soi même.
Et donc : pas motivé pour faire le moindre effort.
(d'autant que vous m'avez déjà piqué des choses, qui à moi n'ont pas échappé !)
Alors, no comment.
Encore faut-il être motivé !
C'est comme avec l'art conceptuel : ça doit fonctionner direct, ou c'est mort.
J'ai bien pensé que l'ennui procuré par cette lecture voulait faire écho à la situation,
mais je persiste et signe : là, ça ne fonctionne pas du tout, c'est raté, ça s'écrase sur soi même.
Et donc : pas motivé pour faire le moindre effort.
(d'autant que vous m'avez déjà piqué des choses, qui à moi n'ont pas échappé !)
Alors, no comment.
minuit- Nombre de messages : 420
Age : 66
Date d'inscription : 24/05/2014
Séjour à la campagne (réécriture)
Séjour à la campagne (réécriture)
Une odeur de violette saisissait en entrant. Des objets hérissés de fil de fer décoraient les murs et chaque recoin. Jusque tard dans la nuit la femme avait nettoyé les vitres. Deux transats étaient dépliés dehors devant la porte. Dans la chambre, au-dessus du lit, un tableau sombre représentait une planète terreuse. De celle-ci un être avait disparu. Les miroirs permettaient de se regarder sur toutes les faces dans la salle de bain. Le grenier était au premier étage. Un rideau cachait l’escalier bancal qui y conduisait. Il était alors hasardeux de le prendre. Sur le meuble un massif taureau en bois sculpté. La peinture de la porte qui donnait sur le cellier avait été succinctement décapée, sans être repeinte. Au chevet du lit, dans la chambre, l’odeur de violette était encore plus saisissante. Des tiges de raphia rose, en faisceau, empanachaient les tentacules des luminaires au plafond.
Derrière les portes coulissantes, une penderie. Dans la penderie la garde-robe complète de la femme, une veuve. Sur les étagères, une réserve pharamineuse de médicaments qu’elle consommait. Sur les portes coulissantes la femme s’était exercée à peindre des créatures mi-humaines mi-monstres, avec des griffes, une chevelure féminine et le squelette apparent. Le chat galopait dans le grenier. Sans doute jouait-il avec un compagnon invisible. Dans les wc, des petits poèmes scatologiques étaient affichés. Des ouvrages en ferraille décoraient l’endroit. Le panneau au-dessus de l’évier de la cuisine masquait la maçonnerie brute du mur. Le panneau tombait régulièrement, comme si quelqu’un derrière le poussait avec entêtement. Dans le deuxième frigo restaient un paquet de beurre, un melon, une bouteille de vin, et des produits surgelés dans le congélateur. Des gens étaient donc attendus.
Sur une table, des catalogues et cartes touristiques étaient à disposition des locataires. De nombreuses ornementations en fil de fer entouraient les tableaux et autres objets d’agrément dans la maison. Quand le chat descendait du grenier, il miaulait longuement derrière la porte. Il se jetait rageusement de tout son poids contre la porte fermée. Dans ces occasions un animal est un être humain. C’étaient les diffuseurs électriques anti-moustiques dans chaque pièce qui empestaient l’odeur de violette. La veuve avait cru bien agir en les répandant dans toute la maison, pour faire oublier l’odeur de la mort peut-être. Mais les locataires arrivant débranchèrent les diffuseurs et les flanquèrent au fond d’un tiroir. La porte-fenêtre de la chambre ouvrait sur une cour intérieure clôturée par une palissade construite maladroitement.. Autour de la table de jardin, les fauteuils en plastique avaient été placés inclinés à cause de la pluie.
Le soir, par-delà la grossière palissade de bois, des cris d’enfants retentissaient ainsi que des conversations violentes entre adultes. Ces disputes nuisaient régulièrement à la tranquillité du lieu.
Dans une pièce attenante à celles de la maison d’habitation étaient entreposés des meubles, des outils, des matériaux de construction. A travers les portes vitrées on voyait une pénombre étrange baignant le local. Il n’était pas exclus que quelqu’un ici pouvait se cacher sans difficulté. Au pied de la palissade, cailloux et pierres colmataient les trous. Le matin, dans la cuisine, le chat se prélassait sur les chaises de style Louis XV. Son pelage noir prenait des teintes fauves dans le soleil. L’animal savait qu’il vivait là ses meilleurs derniers moments. Le canapé de cuir était disposé face au téléviseur à écran plat. Le téléviseur était intégré à un meuble-bibliothèque. Dans le meuble-bibliothèque il y avait une chaine hi-fi. Sur les étagères de la bibliothèque, cassettes vidéo, cd et livres étaient méticuleusement rangés. Dans les tiroirs, une collection de disques vinyles. « Mon mari aimait beaucoup la grande musique » répétait la veuve quand elle rendait visite à ses locataires.
En haut du meuble-bibliothèque, deux importantes sculptures de fer se dressaient. C’était encore une création hallucinante de l’épouse éplorée. L’éclairage gradable du lampadaire adoucissait l’ambiance le soir. Sur une déserte rustique, un bouquet de fleurs séchées. Des bouteilles d’alcool et des assortiments à apéritif y étaient déposés, pour accueillir les amis. Par terre, des bûches avec un panier. Des têtes de chimères avaient été peintes sur le cadre en céramique de la cheminée. Les têtes étaient inachevées. Dans le grenier le chat vomissait, entre les vieux meubles, les caisses, les cartons et les piles de journaux. Il s’avérait que grimper au grenier maintenant était déconseillé. Toutes les portes demeuraient fermées au rez-de-chaussée pour que le chat ne se sauve pas. Avant de se coucher, les locataires durent changer la literie de la veuve qui sentait mauvais. Les serviettes et gants de toilette aussi dans la salle de bain étaient sales.
Des accessoires intimes et personnels de la pauvre femme encombraient les étagères. Au-dessus de la baignoire d’angle, sur les carreaux de céramique, avait été dessinée gauchement une silhouette d’homme. C’était le dessin pathétique d’une femme déboussolée. Seulement une minuscule fenêtre permettait hélas d’aérer la salle de bain. Dans les miroirs on pouvait se voir de dos, comme si soudain une autre personne que soi-même vous surveillait. Les chaussures de marche, espadrilles, sabots, bottines étaient rassemblés par terre en vrac, dans un coin du vestibule, sous les porte-manteaux où une veste d’homme raidement encore était accrochée. Au grenier, la clarté, par le vasistas, faisait scintiller les toiles d’araignées. Les chaises autour de la table en ciment, étaient en position inclinée pour laisser couler la pluie. Dans les buissons et les massifs, des photophores de jardin s’allumaient automatiquement à la tombée de la nuit. Tout semblait organiser pour guider les probables amis que les locataires attendaient le soir.
Deux chevaux piaffaient dans la prairie. Un jour, par un trou en haut du mur de la cuisine, la tête du chat était apparue subitement. Son œil épiait les locataires en train de dîner, les prévenant peut-être d’un évènement dont ils n’avaient pas conscience. Dehors, sur tout le long de la maison, s’étalait un bric-à-brac de pierres, de tuiles, de planches, de sacs de ciment, de morceaux de tôle et des bâches que soulevait le vent. Dans l’herbe envahissante trainaient des tuyaux de toutes sortes. Le trou d’un puits, au sol, était béant, le couvercle de béton ayant été enlevé. Un trou glacial à l’odeur putride où n’importe quel promeneur distrait pouvait disparaître. De l’autre côté du chemin, un muret constitué de pierres et autres objets de récupération, vieilles brocantes, ferrailles, pneus, délimitait un espace entre celui de la maison et la prairie aux deux chevaux. Cet espace se voulait convivial.
Dans les hautes cimes des chênes, le soir, s’y perchaient les oiseaux. La lune brillait parcimonieusement. La trajectoire des avions se confondait avec celle des étoiles. Les corneilles criaillaient, une chouette répondait. Autour de la table pliante, sur le perron, la nuit venue, les locataires s’asseyaient pour déguster un cornet de glace. C’était le seul moment où l’angoisse était supportable. Dès midi, la chaleur devenait suffocante. Sur le chemin, passait parfois le propriétaire des chevaux, dans une fourgonnette Sprinter 209. Après le déjeuner les locataires lisaient un roman, dans leur transat, à l’ombre des saules. Des insectes venaient piqueter leur corps. Le silence n’était jamais parfait. Hennissements, ébrouements, bourdonnement perpétuel de la ville lointaine, mais aussi des craquements inquiétants dans la maison troublaient le repos. L’allée qui menait au perron était sommairement pavée de pierres plates. Sous un sycomore la voiture était garée en pente.
Deux poteries cassées marquaient l’entrée du terrain privatif. Les massifs mal entretenus étaient bordés de gros galets. Une lampe tempête avait été plantée dans l’un d’eux. Devant la façade, un barbecue bricolé et une bouteille de gaz. Les baskets trempés par l’orage souvent y étaient exposées. Une nuit le chat avait tué une souris. Il l’avait apporté sur le tapis du salon. Tout le monde avait beaucoup ri. Après midi, il fallait fermer les persiennes. Le sac poubelle derrière le volet de la porte dégageait une odeur désagréable. C’était une ancienne ferme achetée par un couple de citadins qui voulait en faire leur habitation principale. A grand peine il rénovait la bâtisse, jusqu’au jour où la maladie foudroya brutalement le mari. Sa veuve en toute urgence dut louer la maison à des vacanciers pour subvenir à ses besoins. Les vitres portaient les traces d’un nettoyage hâtif. Les tiroirs étaient remplis de papiers personnels, des dossiers, des photos. Sur les murs de la chambre quelques dessins naïfs d’enfants.
Autour de la demeure, au-dessus des bosquets s’élevait une tour de guet, pour détecter les incendies de forêt. Le propriétaire des chevaux, lui, logeait dans une maisonnette modeste mais d’aspect confortable, au bout du chemin. Le propriétaire était encore un bel homme. Le matin et le soir il dressait ses chevaux, les faisant courir en cercle dans la prairie, il leur parlait doucement. Une cabane tenait lieu d’écurie. Le paysage forestier s’étendait jusqu’à l’horizon. La connexion Internet ici était rarement satisfaisante. Une biche et son faon un jour avaient surgi du taillis voisin. Sur les rebords de fenêtres, il y avaient quelques pots de géranium. Le tuyau d’arrosage serpentait dans l’herbe et les cailloux. Après la pluie, la coque des chaises était pleine d’eau. Le parasol de la table en ciment n’était que exceptionnellement ouvert.
La nuit le chat rôdait. C’était son royaume. Il venait aussi dormir à l’extrémité du lit. Après plusieurs jours, sa présence se faisait plus rare. Il maigrissait à vue d’œil à force de vomir. Les vieilles briques apparaissaient dans le mur décrépi, sous les surfaces inégales cimentées. Tuiles dépareillées et tôles ondulées recouvraient le toit. Dans la partie inhabitée les ouvertures sans fenêtre avaient la noirceur d’un gouffre. Les amis se faisaient attendre. Les locataires allèrent donc se coucher. Au-milieu de la nuit, seulement, ils entendirent des bruits de pas qui venaient du grenier. Ce ne pouvait pas être les amis. La porte de la chambre était ouverte. Sur leurs jambes, le couple de vacanciers sentit une ombre s’asseoir. La femme pensa que c’était le mort, le mari de la veuve, qui revenait. L’ombre avait des yeux brillant et son râle ressemblait au miaulement d’une bête. Le lendemain matin, les locataires prirent congé et s’enfuirent avec leur voiture garée sous le sycomore.
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(J'ai retravaillé ce texte en précisant la situation ; une veuve loue à des vacanciers son habitation principale. Les vacanciers attendent des amis qui tardent... J'ai conservé la description détaillée du lieu qui est primordiale. Le style demeure distancié avec le moins d'affect et commentaire possible)
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
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Date d'inscription : 24/06/2011
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