Un vieux disque
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Un vieux disque
Jamais je n’ai voulu te rayer de ma vie, te jeter à la benne. D’aucuns disent que plus rien n’a de sens entre nous, que tout ça est illogique, que nous ferions mieux de nous taire une bonne fois pour toutes ! À quoi bon s’acharner à dévaler cette pente alors que nous n’avons plus rien à nous donner, à nous apprendre ? On s’écoute, on s’écoute mais on ne s’écoute plus. La tendresse et l’exaltation sont devenus mépris et dégoût. Je ne peux plus t’entendre. Toi tu m’épies et tu me pistes comme un jaloux qui tourne en rond. Mais la piste est dangereuse, tu le sais bien pourtant… qu’importe, tu déambules et tu déboules.
Jamais je n’aurais voulu te rayer de ma vie, te jeter à la benne. Dix queues, c’est ce qu’il a fallut pour voir poindre l’illusion de noyer ma peine. Oh, sûr qu’elles étaient belles, somptueuses même ! Aucune, pourtant, ne me faisait chanter comme la tienne. J’ai beau prétendre que ça n’est pas moral, que ca n’est pas bien… t’abandonner ainsi, comme un magnétoscope, juste parce que tu prends trop de place. Les phonographes ont une certaine noblesse, eux. Tes soupirs sont mes angoisses. Tu ressasses tes sempiternels refrains et alors j’ai envie de te briser en deux. En mille !
Veux-tu trouver autre chose à dire ? Je t’en conjure, fais-moi vibrer encore. Raconte-moi de nouvelles histoires sur de nouveaux airs. Ou alors boucle-là !
Finissons-en.
Je t’ai aimé comme une folle. Quand tu me fredonnais ta variet’, c’était comme si j’entendais pour la première fois. Oui, c’est vrai, j’ai tressaillis chaque fois que tu m’enrobais de toute ta douceur et de tout ton entrain. Oui, mes jambes se dérobaient sous moi lorsque tes souffles subtils me caressaient dans chaque recoin. Oui, ma poitrine tambourinait quand dans ma fente chaude je t’introduisais.
Je t’aurais aimé comme une folle. Aujourd’hui je ne peux plus t’entendre. Note, quand même, que si le sol veut bien m’attendre, je m’y effondrerais sans doute…là, sur le dos, affalée… si sol mi ré la do fa.
Pour une fois, c’est toi qui vas m’écouter. Pour te garder, il fallut que je continuasse à t’adorer, cependant que, de toute part, des musiciens en boîte me sifflotaient des airs modernes. Comment, alors, ne pas me détacher de tes sillons, si microscopiques soient-ils ?
J’en ai assez de te céder.
Jamais je n’aurais voulu te rayer de ma vie, te jeter à la benne. Dix queues, c’est ce qu’il a fallut pour voir poindre l’illusion de noyer ma peine. Oh, sûr qu’elles étaient belles, somptueuses même ! Aucune, pourtant, ne me faisait chanter comme la tienne. J’ai beau prétendre que ça n’est pas moral, que ca n’est pas bien… t’abandonner ainsi, comme un magnétoscope, juste parce que tu prends trop de place. Les phonographes ont une certaine noblesse, eux. Tes soupirs sont mes angoisses. Tu ressasses tes sempiternels refrains et alors j’ai envie de te briser en deux. En mille !
Veux-tu trouver autre chose à dire ? Je t’en conjure, fais-moi vibrer encore. Raconte-moi de nouvelles histoires sur de nouveaux airs. Ou alors boucle-là !
Finissons-en.
Je t’ai aimé comme une folle. Quand tu me fredonnais ta variet’, c’était comme si j’entendais pour la première fois. Oui, c’est vrai, j’ai tressaillis chaque fois que tu m’enrobais de toute ta douceur et de tout ton entrain. Oui, mes jambes se dérobaient sous moi lorsque tes souffles subtils me caressaient dans chaque recoin. Oui, ma poitrine tambourinait quand dans ma fente chaude je t’introduisais.
Je t’aurais aimé comme une folle. Aujourd’hui je ne peux plus t’entendre. Note, quand même, que si le sol veut bien m’attendre, je m’y effondrerais sans doute…là, sur le dos, affalée… si sol mi ré la do fa.
Pour une fois, c’est toi qui vas m’écouter. Pour te garder, il fallut que je continuasse à t’adorer, cependant que, de toute part, des musiciens en boîte me sifflotaient des airs modernes. Comment, alors, ne pas me détacher de tes sillons, si microscopiques soient-ils ?
J’en ai assez de te céder.
Zoorit- Nombre de messages : 6
Age : 36
Date d'inscription : 07/03/2015
Re: Un vieux disque
bonjour zoorit,
sympa cette première lecture,
surtout que l'équilibre entre les deux lectures possibles n'est pas évident à réaliser
petite remarque : les dix queues, dans la version électrophone, c'est le bras de lecture ?
pareil pour la fente, c'est une version juke-box ou monnayeur ?
(dans ce cas, perso, j'aurais peut-être enrobé autour... :-)
merci pour cette lecture
bienvenue parmi nous,
frédéric
sympa cette première lecture,
surtout que l'équilibre entre les deux lectures possibles n'est pas évident à réaliser
petite remarque : les dix queues, dans la version électrophone, c'est le bras de lecture ?
pareil pour la fente, c'est une version juke-box ou monnayeur ?
(dans ce cas, perso, j'aurais peut-être enrobé autour... :-)
merci pour cette lecture
bienvenue parmi nous,
frédéric
Re: Un vieux disque
Bonjour Zoorit, et bienvenue sur VE !
Très joli texte ... très amusante lecture entre le premier et le second degré, sans s'interroger sur lequel doit être lequel !
Ce texte m'a d'autant plus touché que je me suis retrouvé ce week-end même au fond de ma cave devant ma platine vinyle Akaï plus que trentenaire, complètement désarticulée, et devant un carton tout moisi de vieux microsillons.
La platine a fini à la déchetterie avec plusieurs autres appareils électiques hors d'usage mais les disques sont restés, j'ai seulement changé le carton. Pourquoi ? Sans platine ! Pour les pochettes ? Pour la fermeture éclair de la braguette du jean de Mike Jagger sur la pochette de Sticky Fingers, notamment !
Amicalement,
midnightrambler (les Stones encore ...)
Très joli texte ... très amusante lecture entre le premier et le second degré, sans s'interroger sur lequel doit être lequel !
Ce texte m'a d'autant plus touché que je me suis retrouvé ce week-end même au fond de ma cave devant ma platine vinyle Akaï plus que trentenaire, complètement désarticulée, et devant un carton tout moisi de vieux microsillons.
La platine a fini à la déchetterie avec plusieurs autres appareils électiques hors d'usage mais les disques sont restés, j'ai seulement changé le carton. Pourquoi ? Sans platine ! Pour les pochettes ? Pour la fermeture éclair de la braguette du jean de Mike Jagger sur la pochette de Sticky Fingers, notamment !
Amicalement,
midnightrambler (les Stones encore ...)
midnightrambler- Nombre de messages : 2606
Age : 71
Localisation : Alpes de Haute-Provence laclefdeschamps66@hotmail.fr
Date d'inscription : 10/01/2010
Le Vieux Lille a ses poussières
Bonsoir Zoorit,
"Le Vieux Lille a ses poussières ", une histoire de fromage me suis-je dit !
Mais non !
Ce texte a pourtant la puissance de ce fromage local !
Il s'en dégage une odeur forte qui contraste toujours avec une saveur complexe douce-amère dans laquelle l'amour des lieux se mêle à la dérision de ce que leurs occupants en ont fait.
Une aristocratie de l'écriture, merci !
Amicalement,
midnightrambler (Les mains d'un homme sur mon corps ... Section PROSE au bas de la page 5)
"Le Vieux Lille a ses poussières ", une histoire de fromage me suis-je dit !
Mais non !
Ce texte a pourtant la puissance de ce fromage local !
Il s'en dégage une odeur forte qui contraste toujours avec une saveur complexe douce-amère dans laquelle l'amour des lieux se mêle à la dérision de ce que leurs occupants en ont fait.
Une aristocratie de l'écriture, merci !
Amicalement,
midnightrambler (Les mains d'un homme sur mon corps ... Section PROSE au bas de la page 5)
midnightrambler- Nombre de messages : 2606
Age : 71
Localisation : Alpes de Haute-Provence laclefdeschamps66@hotmail.fr
Date d'inscription : 10/01/2010
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